Ah... Ca y est, c'est la fin (enfin... ^^;). Je dois avouer que 282 est la fic qui m'aura demander le plus de concentration... Je ne sais pas pourquoi, sûrement parce que je l'ai commencée sur un coup de tête... Toujours est-il que la voilà terminée. Plus de prostitution, plus de Kriss, plus de problèmes de famille et surtout, surtout, une vie tranquille et sereine... (oui, je spoile mon propre chapitre, de toute façon, tout le monde sait que je ne fais que des happy end lol)

Ne faîtes pas attention aux fautes s'il en reste, il est 01h00 du matin et je viens tout juste de la finir... Je relirai si l'envie de dit lol !

Je dis merci à toutes les personnes qui ont lues cette fic, merci+ à celles qui l'ont aimées et un hommage à Mickey... Tu l'avais commencée, tout ce que j'espère c'est que la fin t'aurait plu...

282, last chapter...

~ 27 ~

- A Long Path –

Evan tapa les dernières phrases du chapitre qu'il devait rendre à son éditeur. Restant devant l'écran, ses doigts posés sur le clavier, il soupira longuement. La nuit allait être longue, un autre chapitre devait être fini avant deux jours et le vide de son appartement avait une influence directe sur son travail. Jamais ses pages n'avaient eu un contenu aussi noir. Il était certain que l'éditeur allait lui demander de recommencer mais Evan était incapable d'écrire autre chose.

Se laissant tomber contre le dossier de son fauteuil en cuir, il soupira encore en passant une main sur son visage. La fatigue et le stress changeaient son visage, il n'ouvrait plus les rideaux, ne sortait pratiquement plus de chez lui et les seules personnes qu'il voyait était Ambre, M et Jen. Son téléphone près de lui, il hésita à composer le numéro de Yu. Le seul fait d'entendre sa voix aurait ravivé une trop grosse douleur et sous le coup de la peine, sa seule réaction aurait été d'engager une dispute. Il préféra s'abstenir.

Le lendemain, on sonna aux aurores chez lui. Il ne prit même pas la peine de se lever et se contenta de grogner en tournant dans ses draps. On insista sur la sonnette puis le verrou s'ouvrit et la porte claqua doucement. Evan ne s'inquiéta pas, les seules personnes à avoir la clé de chez lui étaient Yu et Ambre. Hors Yu était encore au Japon.

La porte de sa chambre s'ouvrit et une silhouette entra doucement. Evan sentit un poids sur le lit et une main se posa sur son épaule. Son cœur bondit. Il connaissait ce genre de caresse, il connaissait cette chaleur et ce parfum qui flottait doucement autour de lui. Il se retourna vivement et fixa l'ombre qui était penchée sur lui.

— Yu…

— Bonjour Evan…

L'écrivain ajusta sa vue à l'obscurité et fixa le jeune homme dans les yeux.

— Yuki…

— Il fallait que je te voie, je ne pouvais plus rester là-bas sans toi…

Yu se pencha sur son amant et l'embrassa tendrement.

— Yuki… c'est terminé ?

— Ah vrai dire… pas vraiment, non. Je ne suis pas de retour définitivement et… j'aimerais que tu reviennes là-bas avec moi.

— Quoi ?! Evan se redressa dans le lit. Je ne comprends pas…

— Ecoute, je suis là pour deux jours, le temps que Dai et Satô règlent deux ou trois petites choses. Mais ensuite, il faut que je retourne à Tôkyô.

Evan regarda Yu et le prit contre lui.

— Tu m'as manqué, Yu, je ne veux plus que tu partes.

— Evan, il faut que j'y retourne mais tu viendras avec moi cette fois. Il faut que tu sois présent.

— Je ne vois pas pourquoi.

— Nous allons parler à mon oncle, il y aura Dai et Satô aussi. Je veux que tu sois là, je veux que Makoto voie à quel point je t'aime. Il y aura d'autres membres de ma famille, des gens que je veux convaincre.

— Ils ont déjà leur opinion, je ne vois pas ce qu'un jeune homme comme toi va changer.

— Evan, c'est toi-même qui m'as appris à ne pas baisser les bras, à montrer que je peux surpasser tout ça. Et tu voudrais que j'abandonne ?

— Je ne veux pas que tu abandonnes, pour rien au monde je ne voudrais que tu baisses les bras, pour rien au monde je ne voudrais que tu perdes cette flamme qui t'anime. Je vois en toi plus de lumière que je ne l'aurais imaginé avant mais… Makoto a des idées bien arrêtées. Je ne pense pas que tu veuilles aggraver les choses.

— Ce n'est bien sûr pas mon but, non. Mais j'aimerais au moins qu'il entende ma version des faits. Et j'aimerais aussi qu'il entende Dai et Satô. Je ne vois pas pourquoi ils devraient se soumettre. Je comprends très bien que Dai doive le respect à son père mais son père n'a pas à le rejeter comme ça.

Evan passa une main dans les cheveux de Yu et posa ses lèvres sur son front. Les faisant doucement glisser jusque sur celles de Yu. Il les captura délicatement et l'embrassa tendrement.

— Tu as appris beaucoup de chose, Yu, je suis content de voir que tout ce pour quoi je me suis battu avec toi a servi, lui murmura-t-il.

— J'ai toujours écouté ce que tu m'as dit, Evan, en fait, tu as pratiquement toujours eu raison.

— Pratiquement ? Mais j'ai toujours raison !

Yu lui sourit et l'embrassa à son tour.

— Alors ? Tu reviens avec moi au Japon ?

— Eh bien… Tu as dit que tu restais deux jours, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Alors laisse-moi encore un tout petit peu de temps. Je ne voudrais pas aller là-bas sans avoir envie de défendre notre cause. Enfin, non pas que je ne veuille pas, mais ce Makoto n'est pas une guimauve, ce n'est pas avec quelques larmes et notre bonne volonté que nous réussirons à le convaincre. Je n'ai pas envie de me battre contre du vent.

— D'accord, je te laisse ces deux jours pour y penser.

Le plus jeune s'étira et se leva du lit. Il défit la chemise qu'il portait, la posa sur une chaise non loin du lit, enleva ses chaussures, ses chaussettes puis se tourna vers Evan.

— Tu me fais une place ?

Evan lui sourit en écartant les draps et en tapotant sur le matelas.

— J'imagine que je n'aurais pas droit de te voir en tenue d'Adam…

— Tu commences à me connaître… mon cher Adam.

Yu fit un signe de la tête en montrant les parties intimes d'Evan dévoilées et sourit.

— Je vois qu'on ne change pas ses habitudes…

Il finit d'enlever son pantalon et se glissa doucement dans les draps chauds. Evan s'empressa de le prendre contre lui et d'enlacer ses jambes aux siennes. Il entreprit très vite de lui enlever le vêtement restant en glissant une main aventureuse à l'intérieur. Yu ne tenta pas de l'en empêcher et semblait même plutôt amusé de voir son amant aussi impatient.

— Tu m'as manqué, Evan, ça a été dur pour moi aussi.

— Ce qu'il y a c'est que dans l'histoire… c'est moi qui suis parti. Ce n'est pas toi qui es resté. Tu avais de bonnes raisons pour rester alors que moi… je crois qu'en fait j'ai un peu voulu échapper à quelque chose que je ne connais pas, les disputes de famille…

Evan se dressa sur ses avant-bras au dessus de Yu et le contempla. La lumière du matin entrait petit à petit dans la chambre par les rideaux la filtrant. Il passa une jambe entre celles de Yu et appuya son bassin contre le sien en se frottant doucement à lui d'avant en arrière. Et Yu soupira. Son amant sourit. Evan se pencha sur Yu et passa le bout de sa langue sur les lèvres de son jeune amant qui ne put s'empêcher de sourire.

— Qu'est-ce qui a ?

— Tu as bien dû t'ennuyer dans moi…

— Tu parles… J'ai écris les pages les plus noires de tous mes romans.

— Tant que ça ?

— Bien plus que ça, Yu…

— Je crois qu'en fait, nous avons tous les deux eu tort et raison. Rester là-bas n'a rien changer mais partir c'était comme fuir et je ne veux plus fuir.

— C'est vrai, j'ai un peu fui. Au fait, comment vont Dai et Satô ?

— Très bien. Satô a invité Dai à un restaurant il y a quelques jours.

— Une sortie en soirée, y'a rien de mieux.

— Mais ils n'ont pas fait que ça…

— Ah ?

— Satô avait prévu une petite soirée… qui allait tourner en une grande nuit.

— Oh… je vois… Et Dai ?

— Il était ravi, je ne l'avais jamais vu aussi radieux depuis que nous étions arrivés. Et surtout depuis que son père l'a mis dehors. Lui et Satô ont décidé de vivre ensemble, même si les choses s'arrangent avec mon oncle, Dai va habiter chez Satô.

— Je suis certain que ta situation lui a fait envie. Parce que nous habitons ensemble, nous sommes heureux tous les deux. A sa place, j'aurais été très envieux.

— Eh bien si c'est de nous qu'il s'inspire pour sa vie, j'espère que nous sommes un bon exemple.

— Nous le sommes, Yu, j'en suis persuadé.

L'écrivain se pencha sur son amant et l'embrassa tendrement. Yu le prit contre lui et caressa lascivement son dos, de la base de sa nuque jusque sur ses fesses qu'il caressa presque distraitement.

— Je t'aime Evan. J'ai eu peur que tu ne veuilles plus de moi après tout ça.

— Mais je constate que ça ne t'a pas empêché de rester là-bas.

— Il faut que je le fasse. Et je repartirai dans deux jours, même si tu ne me suis pas.

— Je te suivrai, mon amour, lui murmura Evan. Ton courage est admirable, Yu, tu mériterais vraiment de gagner l'estime de ta famille, ne serait-ce que pour ce courage dont tu fais preuve.

— Je ne sais pas si je mérite leur estime mais je veux être entendu. Je ne veux plus être victime.

Evan fit glisser ses mains le long du corps de Yu et lui enleva son boxer. Il le fit glisser le long de ses cuisses, le passa sur les chevilles et le jeta sur le sol avec un sourire que Yu connaissait bien. Ce dernier tendit les bras vers Evan qui se rallongea sur lui.

— Evan, après tout ça, on pourra vraiment vivre heureux.

Evan se contenta d'un baiser dans son cou, se redressa légèrement au dessus de Yu en lui soulevant légèrement les hanches et se glissa dans la chaleur humide de son corps. Ils valsèrent dans la lumière dorée du matin, ils renouèrent les liens invisibles et Evan oublia, pardonna tout à son jeune amant, sa décision passée était déjà oubliée, il ne restait plus que la magie du moment et la douceur de son corps.

Sous le corps exquis d'Evan, Yu luttait pour ne pas se laisser dériver trop vite, l'instant était trop parfait pour qu'il passe de l'autre côté du désir, il voulait vivre pleinement ce moment et ne rien laisser entre eux deux. Griffant le dos d'Evan alors que celui-ci s'enfonça plus loin en lui en habile coup de rein, il laissa un long gémissement sortir de sa gorge comme un filet de nectar exquis qui se glissa dans l'oreille de l'amant docile. Yu les fit tout deux rouler et il se retrouva sur Evan, menant tout à coup le jeu, totalement envoûté par la chaleur qui se propageait en lui. Pour rien au monde il n'aurait voulu que cet instant finisse. Il sentait Evan aller et venir doucement en lui, ce plaisir qu'ils s'offraient lui avait manqué, jamais ils n'étaient aussi proches que lorsqu'ils faisaient l'amour. Les mots devenaient alors inutiles et les sentiments de l'autre leur paraissaient évidents.

Soudain le réveil sonna faisant sursauter le plus jeune. Evan l'agrippa par la taille et se redressa un peu.

— C'est… il faut que je me lève, dit-il, essoufflé.

— Non…, décida Yu en rallongeant Evan fermement, les mains sur son torse.

Yu se laissa à nouveau tomber sur les hanches d'Evan qui ne put que se plier sous la volonté de son amant.

— Je t'aime, Evan…

Ce dernier se redressa et enlaça Yu. Mettant un terme exquis à leur union, ils se laissèrent tous deux tomber sur le matelas, essoufflés et brûlants. Yu tourna la tête vers Evan, parfois il lui semblait étranger, comme si cet homme près de lui n'était qu'un homme d'une nuit, une aventure chimérique qu'il ne reverrait jamais, qu'il ne revivrait jamais. Evan tourna lui aussi la tête vers lui. Non, ce n'était pas une chimère, encore moins une simple aventure. Le regard de son amant lui fit passer mille messages, et la caresse qui l'accompagna ne fit que raviver le sentiment de sécurité que Yu éprouvait aux côtés d'Evan.

Il roula sur le côté et enlaça l'écrivain. Sous la rosée de leurs corps, leurs mains voyageaient en suivant leurs courbes. Aucun mot ne troubla le silence sensuel de la pièce, pas une parole pour rendre ce moment compréhensible.

— Pourquoi ne pas avoir voulu voir M ?

— Je suis venu te chercher, Evan. Je ne voulais faire rien d'autre. Je verrai M lorsque nous en aurons fini avec cette histoire.

Evan haussa les épaules. Il laissa passer Yu devant lui et s'assit à la place à côté. L'avion allait décoller dix minutes plus tard. Yu semblait anxieux et le morceau de veste que ses doigts avaient capturé en faisait les frais. Evan le regarda un instant puis posa une main sur celles de Yu.

— Détends-toi, je suis certain que tout va bien se passer.

— J'ai peur, Evan, je ne sais pas ce qui s'est passé pendant mon absence.

— Dai et Satô sont intelligents, s'il s'est effectivement passé quelque chose, ils ont dû agir pour le mieux.

— J'espère…

Et l'avion décolla. Pendant le voyage, Yu eut tout le loisir de tourner et retourner les scénarios catastrophes dans sa tête, et ce malgré les mots réconfortants d'Evan.

Arrivés au Japon, il fut agréablement surpris de retrouver Daisuke et Satô tous souriants. Après les retrouvailles, ils se rendirent au petit appartement de Satô.

— Excusez-nous pour le désordre, dit Daisuke, mais nous déménageons.

— Déjà ?! s'étonna Yu.

— Nous avons trouvé un petit appartement un peu plus en dehors de la ville. Satô devra faire un peu plus de trajet pour aller à l'université mais l'appartement est bien, nous avons plus de place qu'ici.

— Mais et pour toi ? Le trajet sera alors aussi plus long pour aller en cours !

Daisuke regarda Satô.

— Je vais arrêter les études. Je vais travailler.

— Quoi ?!

— Je crois que c'est mieux pour nous. Satô sera plus tranquille à l'université, il n'aura pas à faire attention à son comportement envers moi et puis avec ce qu'il s'est passé, il a déjà eu droit à des sous-entendus de la part de quelques collègues. Mon père est assez connu et… je ne sais pas comment ça s'est ébruité, mais certains savent que je suis avec Satô. Alors si je ne vais plus là-bas, les rumeurs s'arrêteront d'elles-mêmes, c'est préférable.

Satô soupira.

— Non, Satô, reprit Daisuke, tu sais très bien que c'est le meilleur choix. Tu es doué, tu feras un excellent professeur, je n'ai pas le droit de ruiner ta carrière.

— Tu ne l'aurais pas ruinée, Dai. Mais maintenant, c'est moi qui culpabilise. Tu n'auras jamais de diplôme.

— Je me fiche des diplômes ! Si je ne peux pas vivre avec toi alors à quoi bon ?

Yu et Evan se regardèrent. La conversation en japonais leur était totalement incompréhensible. Daisuke secoua doucement la tête.

— Je suis désolé. Yu, Evan, j'imagine que vous voudriez vous reposer un peu après ce long voyage. Nous… nous aimerions aller voir mon père demain. Satô est décidé, je le suis aussi. Si vous pensez que c'est trop tôt, nous pouvons repousser.

— Non. C'est parfait, dit Yu. Demain ça ira très bien. Je veux régler ça le plus vite possible.

Evan posa les bagages sur le sol. La chambre était petite, en fait, ce n'était même pas une véritable chambre, juste une petite pièce aménagée pour Yu.

— C'est ici que tu es resté ?

— Oui. L'appartement n'est pas très grand mais ils ont quand même réussi à installer quelque chose pour moi. Satô a vraiment le cœur sur la main.

— Oui. Makoto connaît bien mal son fils.

— Je crois aussi. Bien, je suis assez fatigué, je crois que je vais dormir un peu. Mais tu n'es pas obligé de rester si tu ne veux pas.

— Mm. Je vais peut-être aller parler un peu à Satô.

— D'accord.

Evan se pencha sur Yu et l'embrassa tendrement avant de sortir de la pièce. Fermant doucement la porte derrière lui, il entra dans le salon.

— Yu se repose, dit-il. Le voyage a été stressant pour lui, je crois qu'il appréhende beaucoup ce qui va se passer.

— Nous aussi, Evan, lui répondit Daisuke. J'ai peur d'aggraver la situation mais je ne veux pas baisser les bras sans m'être battu. C'est hors de question. J'ai appris beaucoup de choses en lisant vos livres, celui de Yu était rempli de souffrance et le tien d'espoir pour lui. En lisant les deux, je crois que j'ai compris qu'il fallait toujours se battre. Et puis j'ai la preuve que cela marche. Yu a une bonne situation maintenant.

— Oui, je suis fier de lui.

— Et l'orphelinat ? Comment ça se passe ? demanda Satô.

— Nous avons tout prévu, Yu manque beaucoup aux enfants mais il y a des choses qui se doivent d'être faites avant d'être en paix.

Satô invita Evan à s'asseoir à la table avant de servir le thé. Daisuke s'occupa de porter quelques petits gâteaux et le silence tomba. Chacun sembla méditer à ce qui allait se passer, chacun laissait ses inquiétudes fourmiller dans leurs têtes.

Au bout d'une dizaine de minutes, Yu fit son apparition dans la pièce principale.

— Tu ne dors pas ? demanda Evan.

— Je n'y arrive pas, j'ai trop de choses en tête.

Il s'assit à table avec les autres et Daisuke s'occupa de poser une tasse de thé devant lui.

— Bien, je propose que ce soir nous sortions pour nous détendre, dit le jeune japonais.

— Sortir ? Je crois que je serais bien incapable de m'amuser, dit Satô.

— Moi je suis partant, dit Yu avec le sourire. Un peu de détente ne serait pas de refus. Depuis que je suis parti d'ici pour chercher Evan j'ai la tête en ébullition, si je ne décompresse pas maintenant, je vais exploser !

— Je viens avec vous. J'ai besoin de sortir. Je n'ai pas posé un pied dehors depuis mon départ d'ici…, dit Evan en souriant.

— Idiot, ce n'était pas compliqué de ne pas t'en faire ! Tu savais que j'allais revenir ! lança Yu.

— Ah ! Eh bien excuse-moi de m'en faire pour nous alors !

— Mais je n'ai jamais dit que je voulais rester ici ! J'ai juste dit que j'avais des choses à régler.

— Hm, et ça va être de ma faute maintenant.

— Je n'ai jamais dit ça mais… Yu soupira. Bon, ok, on en reste là.

Evan sourit de plus belle et serra Yu contre lui.

— Je t'adore quand tu fais la tête !

— Je ne fais pas la tête, Evan, je n'ai juste pas envie qu'on se dispute, voilà tout.

— Alors ne nous disputons pas. Evan l'embrassa sur le front. Et toi, Satô ? Tu ne sors pas avec nous ?

— Oh, je n'en sais rien, tout ça me préoccupe tellement que je n'ai pas trop le cœur à m'amuser.

— Tu devrais pourtant, c'est bon pour le stress. On décompresse avant la bataille ! dit Yu.

Satô sourit. Le soir même, tous les quatre sortirent pour passer la soirée à traîner dans les rues animées de Tôkyô. Daisuke trouva un karaoke, Satô trouva un restaurant et Yu et Evan trouvèrent moyen de se perdre. Après quelques minutes d'errance, ils décidèrent de ne plus bouger de l'endroit où ils se trouvaient et attendirent. Ils s'assirent sur un banc et regardèrent les gens passer.

— Mince, Yu, je sais même pas où on est là.

— Je n'en sais pas plus que toi. Mais je suis certain que Dai et Satô vont vite nous retrouver.

Evan passa machinalement le bras autour des épaules de Yu. La foule était si dense qu'ils auraient été incapables de voir si Daisuke ou Satô venaient à passer dans les environs. Yu posa sa tête sur l'épaule d'Evan.

— On devrait peut-être bouger un peu, essayer de trouver le karaoke où Dai voulait qu'on aille, non ?

— Non, je ne pense pas. Si on bouge, on a moins de chance de se retrouver.

— Tu sais, Evan… tu n'étais pas obligé de revenir ici. Maintenant que j'y pense, je t'embarque dans mon combat. Ce n'est même pas ta famille.

— Mais c'est la tienne, et c'est important pour toi, alors ça l'est pour moi aussi. Tu as une chance incroyable de pouvoir retrouver ce que tous les enfants de l'orphelinat ont perdu, je ne pouvais pas te laisser te battre seul. Et puis je suis là pour te défendre contre le monstre Makoto ! On ne sait jamais, il pourrait se transformer en énorme dinosaure et t'avaler tout cru ! Et moi, pauvre petit écrivain, je passerai ma vie à écrire sur mon amant disparu…

Yu se mit à rire.

— Idiot, tu regardes trop la télé ! Alors si Makoto est un monstre, je suis un chevalier ! Tous les quatre nous sommes de beaux et braves chevaliers ! Nous combattrons le mal et nous vaincrons !

— Hm… tu es sûr que tu n'as pas trop lu de manga toi ?

— Je ne sais pas lire le japonais, Evan… mais j'en ai vu à la télé ! Je n'ai rien compris mais il y en avait un… Yu s'arrêta dans sa phrase. Il leva la tête vers Evan. Je t'aime, Evan. On réussira, hein ?

— Bien sûr qu'on réussira ! Il passa une main dans les cheveux droits de Yu et lui sourit. On réussira…

— J'ai l'impression d'encore être un gamin qui a besoin d'une main pour avancer…

— On a tous besoin d'aide.

Evan regarda sa montre. Le temps commençait à lui sembler long et la foule était de plus en plus dense. Les sorties de bureaux. Yu se redressa soudainement et sauta debout.

— Dai ! lança-t-il. On est là !

Le jeune japonais arrivait à leur rencontre.

— Je suis désolé, on vous a perdu dans la foule ! Tout va bien ?

— Oui, on va bien.

— Je crois que la sortie va devoir s'écourter, dit Daisuke d'un air grave. Un cousin de mon père m'a appelé. Grand-mère est malade, elle veut que j'aille la voir. Et elle veut que tu soies là aussi.

— Malade ? Mais… c'est grave ?

— Je n'en sais pas plus. Je veux y aller ce soir.

— Je te suis.

— Mais il va falloir affronter mon père pour ça. Tu crois que ça ira ?

— Ne t'en fais pas, je suis prêt.

Yu s'accrocha au bras d'Evan et leva le regard sur lui. L'angoisse montait en lui et son amant était le seul pilier contre lequel il pouvait se reposer.

Une heure plus tard, ils étaient devant le grand portail en bois de la demeure des Yamashita. Les quatre hommes attendaient, presque sur le point de faire demi-tour. Daisuke fit un pas en avant et soupira nerveusement. Fallait-il sonner ou entrer de lui-même ? On ne lui laissa pas le choix et la porte s'ouvrit.

— Daisuke, grand-mère t'attend, dit l'homme qui était venu ouvrir.

Il fit entre tout le monde et tous se dirigèrent vers la maison. Il y avait du monde, on entendait parler depuis l'extérieur, et cela laissa un goût amer dans la bouche de Yu. Il allait devoir faire face à tous ces gens, sa famille.

Daisuke lui jeta un coup d'œil.

— Yu, ne t'en fais pas, tant que grand-mère est là, ils ne peuvent rien contre nous. Même mon père ne fait pas le poids face à elle.

— Il ne s'est pas gêné, intervint Evan.

— Il a juste dit qu'il ne voulait plus me voir. Pour la conclusion de l'histoire, c'est grand-mère qui l'aura.

Ils entrèrent dans la maison. Un comité d'accueil était dans l'entrée. Des visages inconnus pour Yu, Evan et Satô. Daisuke, lui, les connaissait tous très bien. Il les salua et présenta ses trois amis.

— Suivez-moi, dit-il, grand-mère est par là.

Ils traversèrent la maison et se retrouvèrent devant la porte d'une chambre. Entrouverte. On pouvait entendre deux personnes parler, un homme et une femme. Makoto était à l'intérieur. Daisuke hésita soudainement. Il se tourna vers Satô et plongea son regard dans le sien comme pour lui demander de l'aide.

— Dai, il faut entrer, si les choses doivent changer ce soir alors elles changeront.

Daisuke secoua doucement la tête. Il se mit sur la pointe des pieds, embrassa Satô et se tourna vers la porte. Il l'ouvrit.

A l'intérieur, il y avait effectivement Makoto. Assis près de la vieille femme, il regarda les quatre nouveaux venus entrer et s'agenouiller à deux mètres de lui.

— Grand-mère veut que je vous laisse seuls avec elle. Si jamais vous la faîtes souffrir, vous me le paierez !

— Papa, nous ne sommes pas venus là pour lui faire de la peine…

— Hm, on ne sait jamais avec vous.

Makoto se leva et sortit de la chambre sans un regard pour son fils. La vieille femme allongée tendit soudainement la main vers Daisuke qui s'approcha d'elle.

— Grand-mère, je ne veux pas que tu meures.

— Je ne vais pas mourir, mon petit ! Je suis juste un peu fatiguée, le temps ne m'a pas laissé toute ma vigueur.

— J'espère que tu seras près de moi encore longtemps…

Il prit la main de sa grand-mère dans les siennes et la serra plus fort.

— Daisuke-kun… Je vois que tu as choisi la voie que tu voulais suivre. Et le jeune homme qui accapare ton cœur a l'air de prendre bien soin de toi.

— Il est parfait, grand-mère. Je l'aime.

— Je sais… La grand-mère jeta un coup d'œil aux trois autres jeunes hommes. Il est mignon, ajouta-t-elle avec un sourire.

— Tu as toujours eu du goût, grand-mère !

— J'aimerais qu'il vienne plus près.

Satô se leva alors et vint s'asseoir près de Daisuke. Il salua la vieille femme avec le plus grand respect.

— Satô-san… Vous semblez être quelqu'un de bon. Je sais que Daisuke-kun n'aurait jamais choisi quelqu'un capable de faire du mal, et surtout pas capable de lui faire du mal. J'ose espérer qu'il ne s'est pas trompé.

— Je prendrai toujours soin de lui, madame, il mérite beaucoup, et je ne sais même pas si moi je le mérite.

— Ne dis pas n'importe quoi, Satô, dit Daisuke en lui jetant un regard.

— Vous allez vivre ensemble ? demanda la vieille femme.

— On a déjà tout prévu, oui, répondit Daisuke.

— Je peux subvenir à nos besoins, il n'aurait même pas à travailler, surtout si je passe titulaire, dit Satô.

— Alors Makoto-san se fait du souci pour peu de choses, conclut la grand-mère.

— Du souci ? s'exclama Daisuke. Grand-mère, il m'a rejeté, il ne se fait pas de souci !

— Il s'en fait, mon petit. Il t'aime plus que tout, tu es son seul fils, on ne rejette pas le fruit de son amour de cette manière.

— Mais grand-mère, je l'ai toujours entendu dire qu'il n'avait jamais voulu de deuxième enfant, je ne l'ai pas inventé !

— Mais tu es là, et tu le ravies. Il ne te l'avouera jamais, Daisuke-kun, mais il t'aime !

Daisuke baissa le regard et ferma les yeux comme pour se concentrer. Les paroles de sa grand-mère avaient l'air si vraies et tellement tentantes, Daisuke était donc aimé de son père ?

— Maintenant va le voir et explique-toi avec lui, dit la vieille femme. Fais-lui face et affronte tes sentiments. Il ne doit pas te faire peur, je sais qu'il a été dur mais il tient beaucoup à toi, et le fait que tu aimes un homme lui a fait peur, non pas parce que tu as choisi un homme, mais parce que ce choix de vie n'est pas le plus simple…

La grand-mère fit une pause puis reprit :

— Montre-lui que ta nouvelle vie avec ce jeune homme te rend plus heureux que n'importe quelle autre vie, prouve-lui qu'il a tort de s'en faire.

— Tu crois que ça marcherait ? Tu crois qu'il accepterait ce que je suis ?

— Je le crois, Daisuke_kun.

Le jeune homme se leva, Satô salua la vieille femme et se leva à son tour. Regardant Evan et Yu, ils sortirent tous deux de la pièce. Yu resta perplexe. Comment aillait-il se faire comprendre de sa grand-mère ? Comment allaient-ils communiquer ? La vieille femme tendit alors la main vers lui et il s'approcha d'elle.

— Yuki… ne t'en fais pas, je suis allée à l'école moi aussi !

Yu se mit à sourire en entendant sa grand-mère lui parler en anglais, avec un fort accent japonais, mais il la comprenait bien.

— Grand-mère… Que dois-je faire ? Makoto ne m'acceptera jamais !

— Ton cousin vient de partir le voir. Makoto-san vous aime ton cousin et toi mais il est très maladroit pour le montrer. Tu es son neveu, n'oublie jamais les liens qui t'unissent à lui.

— Je le sais, mais lui semble ne pas vouloir avoir de liens avec moi. Alors tout ça… c'était pour quoi ? La façon dont il a traité Daisuke, dont il nous a traité Evan et moi ?

— De la maladresse. Je viens de dire à Daisuke-kun d'aller parler à son père, je crois qu'ils ont beaucoup de choses à se dire. Et Satô se doit d'être présent aussi.

— Grand-mère… Nous aussi nous allons devoir aller le voir ?

— Je le pense, oui.

— Mais on est venu parce que tu es malade !

— Eh bien faîtes-moi plaisir alors, et réglez ce malentendu. Je ne veux plus voir de discordes à la maison, nous avons perdu tes parents, ils étaient des membres de notre famille, peu importe ce que les uns et les autres pensaient. Et vous, Evan… Dès que j'ai lu votre livre, j'ai tout de suite voulu vous rencontrer. Vous avez offert à Yuki-kun tout ce que nous ne pouvions lui donner, l'amour et la chaleur humaine, une main tendue alors qu'il se croyait perdu.

— Je n'ai fait que laisser parler mes sentiments, madame, rien de plus. Au départ, je n'avais pas eu l'intention de lui créer une nouvelle famille, même si notre condition d'orphelins nous poussait inexorablement à en chercher une.

— Je comprends bien. Mais je tiens à vous remercier, Yuki-kun a toujours été cher à mon cœur, même si je ne me suis jamais manifestée. Makoto-san ne comprenait pas, vos livres et vos vies le dépassaient totalement…

La vieille femme soupira longuement, prise d'un coup de fatigue.

— Je suis désolée, j'ai besoin de me reposer. Mais avant que vous ne me quittiez, promettez-moi une chose, promettez-moi de ne pas quitter cette maison avant d'avoir éclairci les sentiments de Makoto-san, je veux que vous soyez certain qu'ils vous aiment, surtout toi, Yuki-kun.

— Mais grand-mère, on ne peut pas le forcer…

— Il ne s'agit pas de le forcer mais tout simplement de lui ouvrir le cœur.

Yu jeta un regard à Evan puis se releva.

— Merci, grand-mère. Je suis heureux de t'avoir retrouvée…

La vieille femme lui fit un sourire fatiguée mais empreint de douceur puis ferma les yeux. Les deux jeunes hommes sortirent de la chambre en silence. Ils firent quelques pas dans le couloir et furent arrêtés par des sanglots. Ils provenaient de la pièce principale, là où Daisuke, Satô et Makoto devaient s'entretenir. Yu inspira profondément et attendit. Il savait qu'après son cousin, c'était à son tour, et il ne savait pas ce qu'il allait pouvoir dire à son oncle.

— Diviser pour mieux régner…, dit Evan tout bas. Ils nous ont séparés, Yu, ils nous fragilisent. Dai et Satô d'un côté, puis nous deux d'un autre. Au départ, nous devions y aller tous les quatre.

— Arrête, Evan, je ne pense pas que ce soit ça. Je crois que grand-mère n'a pas menti, mon oncle nous aime peut-être vraiment…

— Etrange façon de le montrer, avoue…

— C'est vrai, mais de toute façon nous sommes venus pour régler tout ça, non ? Alors c'est ce que nous allons faire.

Près de dix minutes plus tard, un homme sortit de la pièce principale et fit signe à Evan et Yu d'entrer. Il n'y avait plus ni Daisuke ni Satô, seul Makoto trônait au milieu de la pièce. Yu s'arma de courage et s'assit en face de son oncle, le regard droit, tout comme Evan. Makoto avait la tête un peu baissée mais son regard perçait les deux américains.

— Je suppose que grand-mère se repose, dit-il d'une voix grave.

— Elle était fatiguée, répondit Yu d'une voix franche. Elle nous a demandé de venir ici.

— Bien.

— Mon oncle, j'aimerais tellement que les choses s'arrangent, que tout ce malentendu prenne fin et que…

— Et que ? Mon fils a choisi une mauvaise voie, je ne peux pas approuver !

— Alors finalement, vous tenez à lui si vous vous préoccupez tant de ses choix. Grand-mère avait raison quand elle disait que vous l'aimiez. Vous aimez votre fils, j'en suis certain.

Makoto le regarda un instant puis baissa le regard.

— Il ressemble beaucoup à sa mère… C'est mon fils, c'est un fait, mais je ne veux pas qu'il se trompe de chemin, il ne peut pas !

— Mais pourquoi ne pourrait-il pas faire les choix qu'il veut ?

— Parce que c'est mon fils ! J'ai confiance en lui ! Ses jugements et ses choix se doivent d'être parfaits !

— Pour lui ils le sont. Vous ne pouvez pas juger ses choix, tout comme les miens. En venant au Japon, je pensais trouver une famille unie, mais je vois qu'il y a un énorme problème… Je suppose que vous n'avez jamais pris le temps de passer une journée avec Daisuke, jamais vous ne vous êtes penché sur ses goûts, son style de vie en dehors de la maison, ce qu'il aimait faire de son temps libre.

— Je n'ai pas besoin de connaître tout ça, je sais ce qui est bon pour lui.

— Vous aimez le voir pleurer ?

Makoto sembla interpellé.

— Mais… bien sûr que non !

— Alors pourquoi vous acharner sur lui ? Pourquoi ne pas tout simplement prendre le temps de voir les choses avec ses yeux, avec son cœur. Il aime Satô et Satô le lui rend bien ! Je suis certain que vous-même avez fait des choses alors que tout le monde était contre ! C'est dans la nature humaine de chercher sa place…

— Mais on ne parle pas de moi. Daisuke ne sait pas ce qu'il fait…

Yu esquissa un sourire.

— Je crois que vous aimez bien trop votre fils pour le lui avouer… Vous vous faîtes énormément de soucis pour lui, vous tentez de le protéger mais vous pensez avoir échoué. Vous vous trompez, mon oncle, vous avez vraiment réussi. Daisuke a trouvé sa voie, peu de jeunes peuvent en dire autant. Vous devriez être fier de lui. Et de vous.

Makoto avait une expression étrange, un mélange de crainte et de colère.

— Yu aurait-il touché le point sensible ? demanda Evan avec amusement.

L'oncle de Yu se contenta de se lever, de les saluer poliment et de sortir de la pièce. Evan regarda Yu en haussant des épaules et tous deux attendirent jusqu'à ce que Satô arrive dans la pièce. Son visage était détendu, un petit sourire y flottait même.

— Je ne sais pas ce que vous lui avez dit, dit-il en s'adressant à Yu et Evan, mais je crois… je crois que ça a marché.

— Où est Makoto ?

— Dans la chambre de Dai-kun. Tout à l'heure nous avons quitté son père sur des larmes mais… je crois que ça devrait s'arranger. Son père m'a fait sortir de sa chambre sur un ton autoritaire mais je crois qu'il n'avait pas voulu être méchant. En fait, je lui ai pris son fils, je ne peux pas lui en vouloir…

— Tu réponds aux sentiments de Dai-kun, tu es quelqu'un d'important, je pense…

Le soleil était absent ce jour-là, seuls les nuages habillaient le ciel de leurs couleurs pâles, presque transparentes. Yu était appuyé contre la baie vitrée donnant sur la terrasse, dans la chambre. Son front était posé contre le verre et il observait les nuages chevaucher doucement le vent au dessus des gratte-ciels. Il entendit soudainement quelques pas derrière lui et se redressa, accueillant par ce geste l'étreinte d'Evan. Ce dernier posa son visage au creux du cou de Yu et soupira lascivement tout en caressant les hanches de Yu.

— Tout va bien ?

— Oui, tout va bien. Je viens d'appeler Daisuke.

— Ah ? Alors, les nouvelles du Japon ?

— Elles sont mitigées. Daisuke et Satô vont bien, mon oncle aussi va bien mais grand-mère est de plus en plus malade. Daisuke dit qu'elle se languit de son mari et qu'elle aimerait le rejoindre. Je la comprends…

— Si tu venais à disparaître, je ne me laisserai pas vivre.

— Ne dis pas de bêtise, tu as trop de responsabilités et puis… si la vie ne s'arrête pas pour nous c'est qu'on se doit de continuer. J'ai envie de continuer pour tous ceux que j'ai connus et qui sont partis, je veux en profiter et penser à eux dans les moments de joie.

— Mmm… tu as raison… autant être heureux puisqu'on est là.

Evan baissa le regard sur ce que portait Yu dans ses bras, contre sa poitrine.

— Qu'est-ce que tu fais avec ça ?

— Je l'ai relu. Je sais, j'aurais pu relire mes propres notes mais j'avais envie de me mettre à la place de tous ceux qui l'ont lu tel qu'il était à la vente. C'est très impersonnel finalement.

— Pour avoir lu tes carnets, je suis d'accord. Lire ça avec ton écriture est bien plus poignant.

— En tout cas, je crois que ce livre m'aura fait plus de bien que je ne l'aurais pensé. J'ai retrouvé une famille, je ne vis plus dans le besoin et je peux aider ceux qui ont besoin d'aide. Je crois qu'aujourd'hui je peux dire que je suis réellement heureux, Evan.

— Je crois qu'on peut l'être, oui.

Evan déposa un baiser dans le cou de son jeune amant et fixa un instant le titre du livre.

— Alors, j'ai bien fait d'être venu te chercher…

— Je crois que tu as bien fait, oui.

Evan passa une main sur le titre du livre et suivit les courbes des lettres du bout des doigts. 282 — Vente à Domicile.

282 — Vente à Domicile

~ Fin ~