Auteur : Isa

Genre : réponse à un défi, yaoi, scientifique…

Base : original ^^

Merci beaucoup à Kisshun et Okko d'avoir été mes bêta lecteurs, je vous en suis très reconnaissante ^^

Défi : La folie dans la méthode, c'est ce qu'on appelle le génie.

Quand les phrases sont en arial, c'est qu'ils parlent en anglais ^^

FOLIE

Les larmes s'écoulaient le long de ses joues, sans qu'il puisse les retenir. Deux bras vinrent l'enlacer et il posa ses propres mains sur celle de son compagnon. Ils regardèrent ensembles l'écran du PC. Le résultat qu'il cherchait depuis presque cinq ans était là devant ses yeux embués, il avait encore du mal à le réaliser. La molécule clignotait sous le mot " Accepted correlation ". Deux mots simples, deux mots qui allaient changer toute sa vie, qui avait déjà changé toute sa vie. Ces deux mots et l'être à ses côtés, il les devait à un homme, un fou qui pourtant était un génie, il le savait et il le comprenait maintenant…

Après avoir passé avec succès un D.E.A. en médecine et sciences de la vie, et reçu des félicitations pour son ardeur et ses capacités, Soï hésitait quant à la suite de sa vie. Devait-il accepter ce travail de recherche au sein de cette grande entreprise privée ou devait-il continuer ses études par l'intermédiaire d'une thèse sous la tutelle de Mac Morth dit le 'fou'. Il n'avait jamais rencontré personnellement cet homme, mais en avait beaucoup entendu parler. Il était considéré par beaucoup de collègue comme un original un peu fou, qui avait toujours des idées stupides et irréalisables. Mais pourtant il avait obtenu un prix pour la découverte d'un vaccin contre la grippe qui fonctionnait dans tous les cas, et avait fait énormément avancer la science pour les maladies infantiles.

L'un de ses rêves était de rencontrer cet homme, et avec ce travail il pourrait en avoir l'occasion. Les principales personnes qu'il avait interrogées lui avaient conseillé de faire un stage chez Mac Morth avant de prendre sa décision finale. Il avait donc contacté le laboratoire du professeur et avec l'aide d'un de ses tuteurs avait obtenu un stage de recherche de deux mois. Il se retrouvait donc en Angleterre, dans une petite cité universitaire, abritant le plus grand laboratoire de recherche au monde. Et il allait enfin rencontrer cet homme. Il se rappelait encore la lettre qu'il avait reçue, les chercheurs anglais avaient accepté sans discuter sa demande, et parfois ce système l'écœurait, car il voyait autour de lui, le mal de chien qu'avait certain de ses amis à ne serait ce qu'obtenir un entretien. Il n'y pouvait rien, c'était comme ça que ça marchait et pas autrement, ses tuteurs le considéraient comme un génie alors ils faisaient tout pour lui ouvrir les portes, mais ses amis eux… Il savait que certains d'entre eux méritaient autant que lui cette aide, mais non… Ils avaient même réussi à lui obtenir une bourse lui permettant ainsi de louer un petit appartement dans la cité. Appartement qu'il venait juste d'atteindre.

Il déposa ses quelques affaires et s'effondra sur le divan au milieu de la pièce. Le voyage avait été long, il avait du attendre à l'aéroport trois bonnes heures, ne sachant même pas si son avion allait décoller ou pas. Il se demandait parfois si les gens de la compagnie étaient au courant qu'ils avaient des passagers et non des objets ou des animaux à transporter. Il est vrai qu'un être autre qu'humain se fichait pas mal d'être prévenu du pourquoi du retard. D'ailleurs il ne savait toujours pas pourquoi son avion n'était pas parti à l'heure…

Il soupira légèrement et s'étira comme un chat. Il décida de faire le tour de son nouveau domaine. Dans le salon où il se trouvait, il y avait une table basse et le divan où il s'était vautré. Deux portes se trouvaient sur les côtés. Il ouvrit la première pour se retrouver dans une petite cuisine propre et spacieuse.

" Hé, bien, on peut dire qu'il y a de la place… ".

Il se déplaça ensuite vers la deuxième porte. Celle-ci s'ouvrait sur un couloir avec trois nouvelles entrées. Les toilettes, la salle de bain et la chambre. Il s'approcha du lit et s'y assit délicatement.

" Hum…C'est tout mou, j'adore ".

Il se leva vivement et ouvrit les volets clos. Le paysage qui s'offrit à lui n'était pas très réjouissant, une multitude d'immeubles empêchait de voir au loin. Il examina l'extérieur encore un moment quand il entendit frapper.

" Ca doit être mes valises ".

" Bonjour, voilà vos bagages, monsieur ".

Il remercia l'homme puis décida de ranger ses affaires rapidement avant de se rendre au laboratoire.

Les regards s'attardaient souvent sur lui, et il pouvait apercevoir les femmes sourire entre elles et se parler à voix basse. Mais cela ne le dérangeait pas plus que ça. Il était habitué à ce qu'on l'observe, car non seulement il était intelligent, mais en plus il était beau garçon. " Kawaï " comme disaient certaines de ses amis. D'une taille moyenne, le visage bien dessiné et l'air sérieux surtout quand il portait ses petites lunettes fines. En ce moment, il avait les cheveux courts, des mèches brunes aux reflets bleus s'éparpillaient sur son front. Le bleu ? Il venait d'un pari qu'il avait lamentablement perdu, le résultat avait été la teinte de ses cheveux en bleu, heureusement pour lui, c'était un bleu assez sombre, un peu de la même couleur que ses yeux. Par moment il se demandait si ses amis ne s'étaient pas liguer contre lui pour le faire perdre. Aujourd'hui donc, il lui restait quelques reflets qui lui allaient à ravir.

Il s'approcha de la grande maison, dont l'adresse était indiquée sur son papier. Etonné, il examina la bâtisse qui ne ressemblait en rien à un laboratoire de recherche. Il revérifia le nom, mais, tout laissait à supposer qu'il ne s'était pas trompé. Hésitant il s'approcha de la porte d'entrée quand une voix l'interpella :

" Hey ! Qui es-tu ? ".

Il aperçut un jeune homme perché sur un arbre juste à droite de sa position. Il était vêtu d'un t-shirt blanc, et d'un short laissant voir ses longues jambes halées. Il devait être du même âge que lui, plus grand et musclé. Des cheveux assez longs étaient attachés dans son dos, et des mèches blondes se trouvaient devant ses yeux dont il n'arrivait pas à déterminer la couleur.

" Je cherche le laboratoire du professeur Mac Morth, je suis l'un de ses étudiants… ".

Il n'eut pas le temps de finir.

" L'un de ses étudiants ? Tiens c'est bizarre, je ne te connais pas, pourtant je croyais connaître tous ceux qui travaille pour lui ".

" C'est que je viens d'arriver, je dois faire un stage avec lui… "

" Quoi ! Ne me dit pas que c'est toi le génie ! ".

Soï vit avec consternation le jeune éclater de rire. * Mais pourquoi se moque-t-il de moi ? *. Irrité, il se détourna de l'arbre et se prépara à frapper.

" Attend ! ".

Il regarda le blond sauter avec prestance de l'arbre et s'approcher de lui, un sourire aux lèvres.

" Sorry je ne voulais pas me moquer de toi, c'est que tu as l'air différent de ce que je m'imaginai ".

" Mais, qui es-tu ? Tu sais qui je suis ? Tu travaille avec le professeur ?…".

Il se tut éberlué car une main venait de se poser sur ses cheveux et les caressait avec douceur. Il ouvrit de grands yeux surpris et se recula vivement :

" Mais, ça va pas ! ".

Le blond haussa les sourcils, Soï se rendit compte qu'il avait parler en français puis reparla en anglais :

" Pourquoi as-tu fait ça ? ".

" Hum ! A cause de cette couleur, on peut dire que c'est original. Peut-être as-tu une chance après tout ".

* Une chance ? Mais de quoi parle-t-il ? *. Le jeune s'avança à nouveau vers lui, toujours souriant, il se recula instinctivement.

" Hé ! Je ne mords pas ! Alors : Clay Mac Morth, Oui et non… ".

Soï le regarda avec stupeur et incompréhension. L'autre dut s'en rendre compte car son sourire s'élargit.

" J'ai juste répondu à tes questions ".

" Ah… ".

Ils se regardèrent. Comme il l'avait deviné le blond faisait bien deux têtes de plus que lui. Son corps mince et musclé lui faisait deviner qu'il devait pratiquer un sport. Il se sentit petit et chétif, sentiments d'infériorité qu'il n'avait plus éprouvés depuis bien longtemps. En fait depuis le jour où il s'était rendu compte qu'il pouvait épater les autres avec sa science.

Clay lui souriait toujours, et Soï se sentait mal à l'aise devant son regard moqueur. Il pouvait tout de même sentir derrière l'amusement, une lueur d'intérêt. Clay allait parler quand une voix s'éleva juste derrière lui :

" Encore en train de draguer ! Tu ne t'arrêteras donc jamais ! ".

Un jeune homme ressemblant étrangement à Clay venait de faire son apparition. Il portait une longue blouse blanche fermée. Des mèches courtes du même blond que Clay lui recouvraient les yeux. Il était aussi grand que l'autre mais paraissait moins musclé.

" Tu me connais ! Je ne peux pas m'en empêcher, tu sais qui c'est ? ".

Les deux blonds le regardèrent et Soï se sentit rougir sous le double regard identique. Le nouvel arrivant s'en aperçut et s'excusa vivement.

" Désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Et excuse cet énergumène il est toujours comme ça ! ".

Il frappa l'autre dans le ventre tout en parlant. Clay fit une grimace mélodramatique et Soï le vit tituber en arrière.

" Tu…Tu m'as tuéééé… ".

L'autre leva les yeux au ciel, puis retourna son attention sur le brun.

" Ne fait pas attention à lui. Alors tu es Soï Gret ? Je suis Julian Mac Morth, malheureusement le frère de cet imbécile ".

Le dit frère était maintenant par terre se tenant le ventre en gémissant lamentablement.

" Aidez-moi ! Je veux pas mourir ! ".

Soï ne bougeait plus ne sachant trop comment réagir devant le comportement infantile du grand blond. Julian prit les devants et l'attrapa par la main.

" Vient. Entrons. Quand il aura décidé de ne plus faire l'imbécile, il nous rejoindra ".

Soï jeta un dernier coup d'œil vers Clay, et put ainsi voir une lueur dans ses yeux qu'il ne put déterminer. Le jeune toujours à terre lui fit un sourire et mima un baiser à son attention. Il haussa les épaules puis se laissa conduire dans la grande maison. Ils passèrent dans différents couloirs avant que le blond ne s'arrête devant une porte vitrée.

" Ici, c'est le labo, mais avant de pouvoir y pénétrer, tu va devoir d'abord passer par grand-père, malheureusement ".

* Malheureusement ? Mais pourquoi, ont-ils l'air de dire que cela va mal se passer ? Hum, donc ils sont ses petits-fils. Ils sont pourtant sympathiques, je ne comprends pas bien *. Perdu dans ses pensées, il continua à suivre Julian dans la grande demeure. Ils parvinrent enfin dans un bureau, où il put apercevoir un homme de dos, penché sur un microscope. De longs cheveux blancs lui arrivaient à la taille, et comme son petit-fils, il portait une blouse virant sur le jaune plutôt que le blanc.

" C'est toi, Julian ? Apporte-moi une tasse de thé, mon petit ".

" Grand-père ? Ton étudiant Soï Gret est arrivé, il me semble que tu devrais le recevoir ".

" Etudiant ? Qui ça ? ".

Soï sentit son cœur battre la chamade. * Il ne m'attendait pas ? Mais pourtant j'ai bien reçu la lettre, et Julian avait l'air de m'attendre *. Il se tourna vers le blond qui se tenait le front sur la main, il le vit soupirer, puis s'approcher du vieil homme.

" Grand-père ! Nous en avons déjà discuté, tu ne va pas recommencer ! ".

" Et moi je t'ai dit que je n'accepterai pas de prendre un nouvel étudiant qui ne m'intéresse pas ! ".

" Mais ! Tu ne le connais même pas ! Fait un effort et reçoit le tout de même ! Je te signale au passage qu'il a quand même fait un long voyage pour venir jusqu'ici ! Et… "

" Ca suffit ! Je n'ai pas envi de travailler avec un gamin imbu de lui-même et fier parce qu'il a reçu des félicitations pour son travail minable ! ".

" Et comment peux-tu savoir qu'il est ainsi ? Tu ne lui as même pas parlé ! Retourne-toi au moins ! ".

" Pheuf ! Je n'ai pas besoin de le voir, je sais déjà quelle tête il a, la même que tous ces idiots qui pensent qu'ils sont plus intelligents que tout le monde. La lettre de son tuteur était plus que précise. Il travaillera dans cet autre laboratoire comme je l'ai décidé, mais certainement pas avec moi ! ".

Soï sentit les larmes lui monter aux yeux, c'était bien la première fois qu'on lui parlait ainsi. Et cet homme n'hésitait pas à le juger, à le rabaisser sans même prendre quelques minutes pour le connaître. Alors c'était ça l'homme qu'il admirait ! Il se surprit à regretter d'avoir écouter sa meilleure amie qui lui avait conseillé ce voyage. Au moins il était fixé, il n'avait rien à faire ici. Tant pis, il accepterait donc de travailler pour cette compagnie privée, bien que cela ne l'enchante pas.

" Je suis désolé de vous avoir fait perdre votre temps, je vais vous laisser… ".

Il se retourna pour sortir quand une main se plaça sur son épaule.

" Une minute… ".

Clay qui venait de pénétrer dans la pièce le regarda intensément puis lui fit signe de patienter et se dirigea vers son grand-père.

" Je pense que tu as tort de ne pas lui donner sa chance, Gdad… "

" Voilà que tu t'y mets aussi ! Et dit moi pourquoi ? ".

" Hum…Je crois qu'il te plaira, contrairement à tout ce que tu peux t'imaginer ".

" Il me plaira ? Vraiment ? ".

Le vieil homme coupa l'alimentation de son microscope et se retourna vivement. Comme ses deux petits-fils, il avait les yeux clairs, un nez aquilin et une mèche de cheveux blancs sur son front. Il se tenait bien droit, et le fixait avec des yeux de loup qui le firent frissonner. Il le laissa le détailler sans rien dire, ne baissant pas le regard quand leurs yeux se rencontrèrent.

" Hum…Peut-être as-tu raison après tout…Je veux bien essayer. Laissez-nous ".

Soï regarda sortir les deux jumeaux puis fixa à nouveau son attention sur le professeur, celui-ci s'était assis à son bureau et lui fit signe de s'installer en face de lui.

" Bien… Tu t'appelle Soï, n'est pas ? ".

" Oui, monsieur ".

" Pourquoi veux-tu travailler avec moi ? ".

* Hum…Je ne me suis jamais vraiment posé la question… Peut-être parce que vous êtes un génie…*.

" Répond moi sans réfléchir ! ".

" Heu…Parce que je vous admire ".

Un sourire sarcastique naquit sur les lèvres de son vis à vis.

" Tu m'admire ? Et pourquoi as-tu choisi cette voie ? ".

" Je…J'aime la biologie et tous ce qu'elle peut apporter… ".

Le professeur ne le quittait pas du regard comme semblant le jauger, tenter d'apercevoir ce qu'il lui cachait. Soï se demanda même s'il savait…

" Bien, bien… Je vais te poser une question. Je te laisse une semaine pour trouver l'unique réponse. En attendant, tu travailleras avec le laboratoire de Grant, j'ai déjà prévu ce que tu devras y faire. Et je n'accepterai aucune objection, c'est compris ? ".

" Oui, monsieur… ".

Soï sortit de la pièce. Julian l'attendait. Il avait enlevé sa blouse et portait une chemise légère et un jeans. Il s'approcha de lui, une lueur d'interrogation dans les yeux. Il baissa la tête puis répondit à la question muette.

" Il…Il m'a posé une question et j'ai une semaine pour y répondre ".

Il entendit un soupir *de soulagement ? * venir du blond. Il releva les yeux pour l'examiner. Julian lui souriait.

" C'est bien ! S'il t'a posé une question, c'est qu'il veut bien voir en toi quelqu'un. C'est un bon point ! ".

" Hein ? Mais ! Il n'y a aucune réponse ! C'est ridicule ".

Soï sentit ses nerfs lâcher, il avait besoin d'être seul pour réfléchir. Le regard doux que lui rendit Julian le calma un peu, il refoula les larmes qui ne demandaient qu'à sortir et écouta le jeune face à lui.

" Je sais qu'il est parfois très cru avec ses mots, il dit ce qu'il pense, c'est sa façon à lui d'être, mais le fait qu'il ait accepté de te parler est déjà quelque chose. Tu sais, depuis trois ans, il n'a pris aucuns assistants ou stagiaires, alors je pense qu'il faut que tu saisisses ta chance et que tu te battes. Enfin, si tu veux vraiment travailler ici. Et il y a toujours une réponse à ses questions, même si elle est très difficile à trouver. Regarde Clay, cela fait presque deux ans que grand-père lui a posé sa question, et il ne lui a toujours pas répondu ".

* Deux ans ? C'est pour ça qu'il m'a dit qu'il ne bossait pas pour lui. Mais…Moi, je n'ai qu'une semaine pour lui répondre… *.

" Allez ! Je vais te faire visiter et te montrer l'autre labo… ".

Julian le prit par le bras et le tira vers la sortie. Un léger sourire effleura ses lèvres devant l'enthousiasme du blond. Après tout, il ne fallait pas qu'il flanche, il était à deux doigts de réaliser son rêve, alors ce n'était pas un fou qui allait l'empêcher de le concrétiser. * Mais je me demande vraiment quelle est la réponse…*.

Après avoir rencontré ses futurs collègues et discuté avec l'homme qui allait s'occuper de lui, Soï se sentit un peu mieux. Julian l'attendait à l'extérieur de la grande bâtisse appuyé avec négligence sur le muret entourant le labo. Soï se surprit à l'admirer. Son visage paisible, ses mèches blondes, son regard si clair. Il se secoua. * Mais qu'est-ce qui m'arrive ! Voilà que je me mets à regarder les hommes ! Je dois être vraiment en manque *. Sa dernière aventure remontait à loin, la jeune fille n'avait pas compris pourquoi ses études étaient si importantes pour lui. Il l'avait alors mise devant un ultimatum, et elle l'avait quitté. Depuis, il s'était renfermé dans ses recherches, sortant tout de même de temps en temps avec ses amis. Plus d'aventures, le vide total. Perdu dans ses pensées, il aperçut un visage se planter devant le sien. Surpris, il se recula vivement. Julian sourit puis s'excusa.

" Sorry ! Je ne voulais pas te surprendre ! Il me semble que tu réfléchis beaucoup, n'est-ce pas ? ".

" Ton grand-père m'a dit la même chose… ".

" Hum… C'est vrai qu'il aime les gens spontanés. Il dit que ceux qui réfléchissent trop, sont condamnés à mourir jeunes ! ".

" Mais…La réflexion fait partie du moyen de faire avancer les choses, non ? ".

Julian ne répondit pas, secouant simplement la tête. Ils avançaient lentement sur un terrain vague qui se trouvait derrière le labo. Il pouvait apercevoir au loin un terrain de basket où deux équipes évoluaient. Une foule de gens se trouvait là, sans doute supportant leur équipe.

" Je sais que ça peut paraître bizarre, mais c'est la manière dont il agit avec tout le monde. Pour lui, la réflexion est quelque chose de secondaire. Pour lui, faire avancer la science, c'est avoir de la spontanéité ".

" Hum…Je suis plutôt mal barré, alors. Je suis toujours entrain de peser le pour et le contre avant de prendre une décision ".

Il soupira. Une main légère se posa sur son épaule.

" Ne t'en fait pas. Je suis certain que tu y arriveras ! ".

Il lui pressa l'épaule puis lui fit signe de le suivre vers le terrain. Les cris des supporters parvenaient maintenant jusqu'à eux. Et un nom revenait souvent. Soï reconnut ce nom : Clay… Il observa plus attentivement les joueurs. Clay se distinguait facilement des autres, il était le plus grand, et ses longs cheveux blonds contrastaient avec les cheveux courts des autres. Il marquait avec aisance. On voyait parfaitement que son équipe menait le jeu. Ils s'approchèrent d'un groupe. Soï resta un peu en retrait alors que Julian se mit à discuter avec quelques personnes. Après un petit moment, plusieurs jeunes s'avancèrent vers lui.

" Hey ! Salut ! ".

Ils se présentèrent tous. Soï en fut même étourdi, il bégaya quelques mots, ayant du mal à suivre l'anglais très rapide qu'utilisaient les jeunes face à lui. Tout d'un coup, une voix forte s'éleva et il sentit deux bras l'enlacer par derrière.

" Arrêtez de braillez comme ça ! Vous ne voyez pas qu'il ne comprend rien à vos jérémiades ! ".

Un silence s'installa, tous les regards braqués vers lui. Il put même voir le visage étonné de certaines des filles. Soï leva lentement les yeux vers son 'sauveur'. Clay lui souriait gentiment. Il se rendit compte qu'il était toujours dans ses bras, il rougit brutalement et se dégagea vivement.

" Merci. Heu, je veux dire merci ".

" Il n'y a pas de quoi. Le plaisir était pour moi ".

Clay lui avait chuchoté ces mots en s'avançant vers lui. Soï rougit de plus bel, se demandant si son visage était devenu aussi rouge qu'une tomate et si tout le monde pouvait voir sa gène. Mais en fait les regards et toutes les attentions étaient sur Clay et non sur lui. Celui-ci se trouvait maintenant au milieu d'un cercle formé de ses supporters. Soï soupira de soulagement, il ne vit pas le coup d'œil clair de Julian dans sa direction.

La semaine s'était rapidement écoulée, et il n'avait toujours pas de réponse à la question du professeur. Et il devait la donner demain…

" Tout va bien Soï ? ".

" Hum… ".

Daves le regardait assez inquiet, depuis une semaine qu'il était au labo, Soï avait déjà fait progresser les recherches. La capacité de ce jeune garçon l'épatait au plus haut point, il avait toujours d'excellentes suggestions et il était même parvenu à isoler une molécule sur laquelle l'équipe planchait depuis un petit moment. Mais là, il semblait ailleurs, toujours perdu dans ses pensées. Ils avaient commencé cette réunion depuis presque une heure, et Soï lui répondait évasivement et par monosyllabe.

" Daves ? Puis-je prendre mon après midi s'il te plaît ? ".

" Mais bien sur ! Tu as très bien travaillé cette semaine".

" Merci ".

Sans rien plus ajouter, Soï se leva et sortit de la pièce sous l'œil ébahi du jeune professeur.

" Mais…Mais, on n'avait pas fini cette réunion ! ".

Durant cette semaine, il avait vraiment fait connaissance avec les jumeaux Mac Morth. Les deux avaient suivi un cursus identique au sien, et ils étaient tous les deux en dernière année de thèse. Julian sous la tutelle de son grand-père, Clay lui, travaillant avec un autre professeur, n'étant pas parvenu à répondre à La question. Clay était pourtant très doué, autant que son frère, il en était persuadé. Ils étaient très différents l'un de l'autre. Si physiquement ils se ressemblaient, l'un était calme et sérieux, tandis que l'autre était extravagant et insouciant. Soï ne parvenait pas à comprendre pourquoi Clay ne travaillait pas avec son grand-père car, la spontanéité de Clay contrastait avec celle de son frère. Et pourtant cette spontanéité était ce que demandait le vieux professeur…

Encore perdu dans ses pensées, il sursauta quand deux mains chaudes se placèrent devant ses yeux et qu'un souffle léger lui murmura à l'oreille :

" Devine qui c'est ? ".

A la voix, il aurait été incapable de deviner lequel des deux jumeaux le tenait. Mais maintenant qu'ils les connaissaient seul l'un d'entre eux aurait osé faire ceci.

" Lâche-moi Clay ! Ce n'est pas drôle ! ".

" Hum…Mais je n'ai pas envie de te lâcher ! ".

Soï soupira et écarta les bras qui s'étaient posés sur ses hanches. Le blond se moquait toujours de lui, il le provoquait sans cesse, il lui avait même dit qu'il le trouvait 'à son goût'. Soï n'appréciait pas son comportement et il préférait de loin la compagnie calme et reposante de Julian. Lui au moins savait se tenir.

" Tu es vraiment impossible ! ".

Les yeux bleus luirent d'une étincelle que Soï ne comprit pas. Il se retourna et se remit en marche. Il sentit la présence de Clay derrière lui. Etrangement, celui-ci ne lui parla pas. Il jeta un coup d'œil, et le vit perdu dans ses pensées. Il s'arrêta surpris, c'était bien la première fois qu'il le voyait aussi sérieux. Clay stoppa aussi, ils se regardèrent, et Soï frissonna sous l'intensité de son regard.

" S'il te plaît, Clay, arrête de me regarder ainsi… ".

" Désolé. Je ne peux pas m'empêcher de t'admirer ".

" Hn… ".

" Alors ? As-tu ta réponse ? ".

Clay se voulut d'avoir posé la question pour détourner le sujet, le visage devant lui se décomposa, et il comprit que non, il ne l'avait pas. Soï s'éloigna plus rapidement et il dut courir pour le rattraper. Il posa sa main sur l'épaule du brun pour le faire arrêter. Le beau visage était inondé de larme.

" Oh ! Soï ! Ne pleure pas ! Je t'en prie ".

Il pressa contre son torse le jeune maintenant en pleur. Il ne pouvait malheureusement pas l'aider, lui-même cherchait sa réponse depuis plus de deux ans, et il ne l'avait pas trouvé. Ou peut-être que si maintenant, peut-être que si… Il lui caressa les cheveux tentant de le calmer. Au bout d'un moment, les frissons de Soï s'espacèrent et il ne bougea plus.

" Merci… ".

" De rien. Je suis désolé… ".

Une légère pression dans son dos lui répondit. Soï resta encore un petit moment dans ses bras puis se dégagea doucement. Il passa une main sur ses yeux puis lui sourit.

" Tu dois croire que je suis un gamin à pleurer comme ça ".

" Pas du tout ! Je…Je sais que c'est toujours difficile de répondre à ses questions, regarde-moi… ".

" Oui, mais toi tu ne craques pas ".

" Hum…C'est parce que j'ai un excellent défouloir ! ".

" Ah ? ".

" Oui, et je vais même te le révéler, suis-moi ! ".

Contrairement à d'habitude, Soï le laissa prendre sa main pour le guider. Quelques instants plus tard, ils arrivèrent sur un terrain de basket.

" Et voilà ! ".

Il sortit un ballon de son sac de sport, puis le lança au brun.

" A toi l'honneur ".

Soï tourna le ballon dans tous les sens puis regarda vers Clay. Celui-ci lui faisait signe de commencer. Il se décida et se lança sur le terrain. Ils jouèrent durant des heures, ne voyant pas le temps passé. Soï n'avait jamais autant ri. Clay lui montrait la base des mouvements, l'encourageant et l'aidant de son mieux. Vers la fin ils en vinrent à la même conclusion : il n'était vraiment pas fait pour le basket. Riant ils s'effondrèrent par terre dos contre dos.

" Y vaut vraiment mieux pas que je m'y mette ce serait une catastrophe ".

" Il est vrai que je n'avais jamais vu quelqu'un jouer aussi mal ! ".

Eclatant de rire, Soï lui donna un coup de coude sans se retourner. Ils restèrent un petit moment l'un contre l'autre admirant le ciel nocturne.

" Merci, Clay… ".

" Hum… "

" J'ai pris beaucoup de plaisir à faire ceci, c'était la première fois que je jouais au basket ".

" Tant mieux, c'était le but… ".

Clay se releva et Soï se surprit à regretter la chaleur du blond contre lui. Une main tendue apparut devant lui. Il leva les yeux et l'attrapa. Clay le tira doucement vers lui et il se retrouva pour la deuxième fois de la journée entre les bras du grand sportif. Contre toute attente, il ne le repoussa pas, au contraire il plaça ses propres bras autour de la taille de son ami, et posa sa tête dans le creux de son épaule, en soupirant légèrement. Clay resserra son étreinte et posa sa propre tête dans son cou. Il se sentait si bien, tous ses soucis semblaient envolés et il ne pensait plus à rien, à rien sauf au contact de ce corps contre le sien. Il pouvait entendre des battements réguliers et le souffle de Clay lui chatouiller le cou. Il aurait voulu que ce moment dure une éternité, mais des voix se firent entendre et il se recula vivement. Repensant à ce qu'il venait de faire, il attrapa rapidement ses affaires et s'enfuit en courant du terrain sans parler ni regarder Clay. Arrivé devant la porte de son appartement, il avait toujours l'écho de l'appel de Clay dans la tête.

Il n'avait pratiquement pas dormi de la nuit. Des sentiments contradictoires le traversaient de part en part. Sa réaction vis à vis de Clay, La réponse qu'il n'avait pas trouvé… Ce matin là, il se leva et prit son déjeuner rapidement. C'est le cœur battant qu'il se présenta devant la demeure des Mac Morth. Il sonna puis attendit patiemment qu'on vienne lui ouvrir. Une tête aux courts cheveux blonds fit son apparition

" Soï, bonjour ! ".

" Bonjour Julian ".

Un léger sourire apparut sur les lèvres fines de son vis à vis et il se sentit rougir sous le regard de l'autre, se rappelant son comportement de la veille avec Clay. Si semblables et pourtant si différents…

" Grand-père t 'attend, suis-moi ".

Il le suivit comme le premier jour, mais cette fois ils s'arrêtèrent en face de la porte donnant dans le laboratoire. Ils pénétrèrent à l'intérieur et stoppèrent quand une porte s'ouvrit brutalement. La voix du professeur Mac Morth s'éleva froide et distante. Soï se crispa sous le ton mauvais.

" De toute façon, tu n'en feras jamais qu'à ta tête ! Hé bien continue de te conduire comme un imbécile et reste dans cette ignorance que tu sembles apprécier. J'avais misé beaucoup d'espoir en toi, mais il me semble que je me sois trompé ! ".

" Hunf…J'ai ma propre méthode de travail, et la tienne est dingue ! Tu es taré ! Je l'ai ta réponse ! Mais je trouve stupide de te la révéler, parce que cela ne regarde que moi, et personne d'autre !".

Un Clay furieux s'avançait vivement vers eux, se rendant enfin compte de leur présence, il s'arrêta. Ils se dévisagèrent tous les trois, Julian en colère et Soï stupéfait. Il observa un moment le visage du brun puis passa près d'eux sans commentaires. Soï se retourna pour voir la porte vitrée se fermer sur le grand blond. Un pincement au cœur, il se demanda ce qui avait pu se passer entre les deux hommes. En tous les cas, le vieux professeur semblait très en colère contre son petit-fils. * Mince et c'est mon tour maintenant…*. Il jeta un coup d'œil à Julian, celui ci haussa les épaules et lui fit un sourire d'encouragement.

" Hum…Ne t'inquiète pas, ils sont toujours entrain de se disputer mais en fait, ils s'adorent. Je vais dire à grand-père que tu es là ".

Soï acquiesça et tenta de maîtriser les battements frénétiques de son cœur. Julian ressortit rapidement et lui fit signe d'entrer, ce qu'il fit immédiatement…

Soï s'ennuyait. Le cours pouvait peut-être sembler passionnant aux étudiants présents, mais pour lui tout ce qui s'y racontait était totalement stupide. En trois ans de travaux acharnés sous la tutelle de Mac Morth, il avait appris que cette méthode enseignée par les plus grands savants de l'époque n'était qu'un ramassis de stupidité. Théorie, calculs, applications…

Il avait beaucoup changé. Avant, il aurait applaudi cette façon de penser et d'agir, mais maintenant il savait que ce n'était pas comme ça qu'il ferait avancer les choses. Le professeur Mac Morth lui avait fait comprendre le meilleur moyen pour continuer à évoluer. Au début il avait eu beaucoup de mal à s'y faire, jugeant la méthode folle et inconcevable, mais maintenant…Oui maintenant il savait qu'il était proche du résultat, qu'il se donnait encore deux ans pour y parvenir…Il avait déjà fait un grand pas dans sa vie, en s'acceptant tel quel, ne plus montrer le masque de jeune intellectuel, ne montrer que la vérité, se montrer lui. La méthode du professeur Mac Morth reposait sur la psychologie plus que sur la science. Pour lui, il ne suffisait pas d'avoir une idée, il fallait d'abord comprendre d'où venait cette idée, si on est capable de comprendre son soi, on est alors capable de tout comprendre. La réponse à sa question, il l'avait eu depuis le début, mais c'était grâce à Clay qu'il l'avait vraiment réaliser. Clay et son 'défouloir'.

Le professeur continuait à ânonner son discours. Soï jeta un rapide coup d'œil dans l'amphi. La plupart des étudiants écrivaient assidûment, ne perdant pas une miette de La méthode. Cela le fit sourire, bien sur ce moyen fonctionnait, il était utilisé par quatre-vingt dix neuf pour cents de la population scientifique. Mais contrairement à beaucoup de laboratoire, celui du professeur avait déjà déposé quatre brevets en l'espace de trois ans, dont il était à l'origine avec l'aide de Julian. Personne ne comprenait comment cela pouvait être possible. Certain avait même dit que c'était un coup de chance, que ce n'était absolument pas du à leur méthode de travail. D'ailleurs, il n'avait pas eu l'autorisation d'exposer la méthode, les grands 'pontes' la jugeant excessive et démente.

Il se rappelait encore la tête de son tuteur français quand il lui avait annoncé qu'il ferait sa thèse en Angleterre. Il s'était alors rendu compte qu'il ne l'avait envoyé là bas que pour le dégoutter de l'original Mac Morth, afin de mieux le récupérer. Raté !. Et de toute façon Soï n'aurait pas pu quitter l'Angleterre comme ça…

Le bruit des sièges se rabattant lui fit prendre conscience que la séance de torture était terminée. Il pourrait enfin rentrer à la maison, il était fatigué de tous ces cours obligatoires. Et aurait préférer passer plus de temps avec…

"Monsieur Gret ? ".

* Oh ! Non ! Pourquoi je me suis pas dépêché !*. Il se tourna en souriant vers l'homme qui venait de passer deux heures à se pavaner devant le tableau. Il ne se souvenait même plus de son nom.

" Je suis content que vous assistiez à mes cours, c'est un grand honneur de vous avoir… ".

* Crétin, si tu savais ce que je me fiche de tes cours *.

" Alors qu'en pensez-vous ? ".

* Alors là, mon pauvre tu vas regretter d'avoir poser cette question *.

" Etes-vous certain de vouloir me poser cette question ? ".

L'homme haussa les sourcils, apparemment étonné. La fierté qu'il affichait quelques instants auparavant disparut pour laisser place à une pâleur plus que visible. Quelques élèves s'étaient approchés d'eux et attendaient avec plaisir l'échange qui allait avoir lieu. Tout le monde savait que Gret n'avait pas la langue dans la poche et que lui demander son avis pouvait équivaloir à se remettre totalement en question.

" Je…Hum… ".

Il baissa la tête ne sachant que réponde. Il avait agi impulsivement sans se rendre compte que l'autre, déjà mondialement reconnu, se fichait pas mal de sa petite personne. La honte l'envahit. Il avait bien entendu connaissance du risque de parler avec ce génie, mais sur le coup toutes ces données avaient été oubliées…

Soï s'effondra sur le canapé, à la fois fatigué et heureux de la joute verbale qu'il avait eu un peu plus tôt. Le pauvre homme était au bord des larmes quand il l'avait quitté, et pourtant Soï n'avait pas été méchant avec lui, il ne lui avait posé qu'une seule question, à laquelle l'autre n'avait même pas ébauché un semblant de réponse. A la fin il lui avait simplement rétorqué qu'en effet sa méthode était plus que géniale.

" Hum…Tu m'as l'air content de toi ! Ce cours était bien ? ".

" C'est de l'ironie j'espère… ".

" A ton avis ? ".

Un corps chaud se posa près de lui vite suivi de deux lèvres sur les siennes. Il ferma les yeux appréciant le contact. Il passa ses bras autour de la taille de son compagnon. Rompant le baiser par manque d'air, il se bouina contre son torse.

" Alors ? ".

" Hum…Je lui ai juste demandé d'où il sortait le théorème sur la réplication de l'ADN et il a bégayé que ce théorème est démontré depuis belle lurette et n'a même pas été capable de me dire qui l'avait démontré. Quand je l'ai quitté, il était au bord des larmes ".

" Tu exagère ! Le pauvre ".

" Attends ! Quand on se sert d'une chose durant tout son cours et qu'on sait même pas d'où provient cette chose, excuse-moi, mais je ne trouve pas qu'il mérite de l'attention. Comment veux-tu qu'il fasse avancer les choses s'il ne considère pas… ".

Soï vit l'expression d'amusement de son vis à vis, et se tut. Bien sur, il se moquait encore de lui, comme d'habitude…

" Grand-père ! ".

Julian entra en trombe dans le bureau du professeur. Celui-ci étudiait les derniers résultats que le laboratoire venait d'obtenir. Il releva vivement la tête pour voir le blond essoufflé, et apparemment effrayé. Il fronça les sourcils.

" Quoi ? ".

" C'est Soï ! Je ne sais pas ce qui lui prend ! Je…J'ai l'impression qu'il a pété un plomb ! ".

Le vieil homme observa son petit-fils un instant surpris. Il ne parvenait pas à croire que 'le petit génie' puisse se laisser aller. A moins que…

" Allons voir… ".

Plusieurs béchers se trouvaient brisés à terre, des liquides de différentes teintes se mélangeaient sur les paillasses, les rendant aussi vives de couleurs qu'un arc-en-ciel. Les fenêtres habituellement fermées étaient toutes grandes ouvertes laissant entrer une légère brise qui faisait voler les papiers en tout sens. Si le professeur ne savait pas son système de sécurité fiable, il aurait pu penser qu'un voleur ou un ouragan était passé par-là. Et au centre de ce capharnaüm, penché à même le sol, Soï se balançait d'avant en arrière se tenant la tête entre ses bras. Il était de dos, et donc Mac Morth ne pouvait voir son visage. Un sourire illumina son visage sévère. Apparemment le petit avait trouvé comment réellement appliquer Sa méthode. Avait-il réussi ?. Il s'approcha doucement du jeune, ne voulant pas le déranger voire le déconcentrer. Il remarqua face à lui plusieurs morceaux de papier sur lesquels étaient dessinés des molécules de toutes sortes. Ce sur quoi ils travaillaient en ce moment. Tout d'un coup, Soï se leva vivement et courut vers son ordinateur, bousculant au passage son tuteur. Il pianota frénétiquement dessus puis le programme de modélisation se mit en route. Les deux Mac Morth s'approchèrent de l'écran, ne sachant pas trop ce que Soï avait imaginé. Le programme calculait, la barre de tâche avançait progressivement. 55%…78%…et enfin les 100% furent atteints. L'écran devint noir, puis le résultat s'afficha lentement. Les trois hommes se penchèrent alors sur l'écran. La molécule finale s'afficha puis les mots " Accepted correlation " se mirent à clignoter. Un cri de victoire s'échappa du plus petit des trois hommes.

" Ca y est ! Ca marche ! ".

Les deux autres haussèrent les sourcils dans un mouvement identique. Soï leur sourit brièvement puis se leva.

" J'ai encore quelques précisions à ajouter mais ma disquette se trouve à la maison, je finirai plus tard ".

" Attend ! Soï, tu es entrain de nous dire que tu as trouvé la bonne corrélation ? ".

Julian le regardait bouche bée, n'y croyant pas trop. Son esprit toujours pratique ne pouvait pas s'y résoudre. Cela ne faisait que quelques mois qu'ils bossaient sur cette nouvelle piste, et que Soï ait déjà réussi à trouver le résultat le sidérait. Celui-ci acquiesça sans rien ajouter. Son regard se perdit ensuite dans le bleu des yeux du vieil homme. Ils se dévisagèrent quelques instants puis se sourirent.

" Bien, bien ! Je crois que j'ai bien fait de te faire confiance 'petit génie'. Mais…Peux-tu me dire pourquoi le laboratoire est sans dessus dessous ".

Les trois hommes examinèrent les lieux. Puis Soï se pencha vers le professeur et lui souffla :

" Je n'ai fait qu'appliquer votre méthode, professeur Mac Morth… ".

Soï l'embrassa rapidement sur la joue puis s'enfuit rapidement du labo laissant l'un des hommes toujours ébahi, et l'autre au comble de l'extase…

" Alors, ça marche vraiment ? ".

Soï se retourna et fixa son amant dans les yeux, un sourire aux lèvres. Il hocha lentement la tête.

" Comment… ? ".

" Ton grand-père m'a posé la même question. J'ai tout simplement appliqué sa méthode ".

" Qui est ? ".

Soï élargit son sourire, il prit les mains de son compagnon et le rapprocha de lui. Il posa sa tête sur son corps et soupira légèrement.

" La même méthode qui fait qu'on est ensemble. Beaucoup de plaisir et un peu de folie… ".

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