Auteur : L'ange gardien

Disclaimer : Bé ça change pas d'une histoire à l'autre, quels qu'ils soient y sont à moi ! XD Si si, copyright et tout !

Genre : Yaoi, triste au début mais vous me connaissez maintenant…

Note : Vi, je sais, un tit OS alors que je suis overbookée de partout, mah elle me lâche pas ! Fallait que je l'écrive… #auteur martyre#

Dédicace : A un ami à moi qui la lira peut-être un jour, qui a fait une grosse erreur et qui la réparera j'espère un jour…

Me souriras-tu encore ?

Il fait froid, dehors. Et plus encore lorsque vous êtes debout les mains dans les poches, vêtu seulement d'un jean et d'un pull léger parce que vous êtes parti sur un coup de tête sans réfléchir. Un éclat de rire. ''Tu es vraiment inconscient ! Un vrai gosse !'' Et maintenant que vous êtes là, vous vous demandez ce que vous y faites. Seul. Dans le vent qui vous mord le visage, tentant de faire pleurer vos yeux. En vain. Il y a longtemps que vous ne pleurez plus. Ou plutôt que vous tentez d'ignorer les larmes qui voudraient couler… Une voix douce : ''Pleurer n'est pas un signe de faiblesse, tu sais. C'est plutôt une forme de courage…''

Devant vous, un peu en hauteur, une fenêtre entrouverte laisse s'échapper des rayons de lumière, de musique et de rire. Et vous n'en ressentez que plus votre solitude. Ils sont là, et vous êtes dehors. Ils rient et votre cœur saigne. Mais après tout, vous l'avez bien cherché. Puisque vous avez brisé les ailes d'un ange.

Just like I predicted, we're at the point of no return

We can't go backwards, and no corners have been turned

Une voix rieuse, encore : ''Moi, un ange ? On doit pas avoir la même définition d'ange, chaton…'' Malgré moi, je me sens sourire en entendant ta voix. Je peux presque revoir tes yeux. Presque. Le dernier souvenir que j'en ai les brouille de larmes, il prend le pas sur les autres. Je me souviens juste qu'ils étaient étranges. Différents… Des yeux vairons, je crois que ça s'appelle comme ça. Un noir et un bleu intense. Deux couleurs pour former un regard que l'on n'oublie jamais. Je disais d'ailleurs qu'on voyait les deux facettes de ton cœur dans tes yeux : l'ange et le démon. Un clin d'œil : ''Et mes ailes, elles sont comment ?''

I can't control it, if I sink or if I swim

'Cause I've chosen the waters that I'm in

Ce sont d'ailleurs eux qui m'ont attiré en premier. Eux, et ton sourire. Tu disais tant de choses en un sourire… Des sourires incrédules, des sourires moqueurs, des sourires heureux, des sourires courageux, des sourire de désir, des sourires d'amour… Tu m'avais appris à parler sans mots, juste d'un sourire silencieux… Un sourire qui parlait dans les yeux. Comme celui de ce jour-là…

Le jeune homme tournait distraitement sa cuillère dans sa tasse. Assis sur un haut tabouret et accoudé au bar, il regardait sans les voir les rides qu'il formait dans le liquide chaud. Il attendait patiemment. Très patiemment… Il en avait marre ! Okay, les filles faisaient un point d'honneur à toujours être en retard, c'était un fait. Mais pas quand elles avaient rendez-vous avec leur frère, bordel ! Il continua de fulminer dans sa barbe, inconscient du regard posé sur lui depuis de longues minutes…

-Le café ne vous plaît pas ? demanda une voix basse, le tirant de sa rêverie de vengeance.

Surpris, le jeune homme sursauta et releva la tête pour voir une main fine posée devant sa tasse. Ses yeux remontèrent rapidement vers le visage, prêt à lui offrir une grimace. Il était de mauvaise humeur, il ne fallait pas le réveiller !

Mais toute pensée d'attaque déserta son esprit lorsqu'il croisa le regard posé sur lui. Un regard double, étrange et intense, qui se saisissait de votre âme et ne la lâchait pas. Un regard qui pourtant rassurait et souriait. Un regard qui vous faisait sourire sans même que vous ne vous en rendiez compte… Un regard qui réveille en vous quelque chose que vous ne sentez pas encore…

Ne jamais devoir choisir

Avoir raison ou tort

Je me souviens que tu as fait beaucoup de la conversation. Je ne suis pas facile d'abord, je le sais. J'ai parfois du mal, avec les autres. Mais avec toi c'était différent. J'avais une impression de légèreté en voyant ton sourire, l'étrange certitude que tu accepterais chacun de mes mots avec un sourire et sans me juger. C'était bête, hein ? On ne se connaissait pas… Et pourtant j'avais raison…

Au-delà de mes faiblesses

J'ai la force d'y croire encore

Je me souviens de ton rire, aussi. Un rire de musique, un rire que j'ai entendu la première fois lorsque tu m'as vu étrangler ma sœur à son arrivée. Un rire communicatif, qui donnait l'impression d'offrir un rayon de lumière lorsqu'il résonnait… Un sourire amusé : ''Mais c'est qu'il deviendrait poète !''

Oh pourtant tu n'étais pas juste un gentil petit garçon, loin de là ! J'ai appris que tu pouvais avoir un humour mordant, juste une petite phrase qui fusait droit au but. Que tu pouvais te mettre en colère quand tu estimais que ça en valait la peine, surtout face à de l'intolérance. Tu en devenais même impressionnant ! Tu étais plus petit que moi, moins imposant, mais lorsque tu parlais d'une voix glaciale je remerciais le ciel de ne pas être celui à qui tu destinais tes phrases… Et pourtant qu'ai-je fait ? Qu'ai-je fait…

There's no way

Je t'ai appris pas à pas, en revenant régulièrement dans ce café où tu travaillais. Tu te débrouillais toujours pour rester discuter un moment avec moi. Sinon c'était moi qui t'aidais à ranger pour finir notre conversation. Avant qu'on ne commence à se voir en-dehors, pour des occasions diverses et variées comme si cela avait toujours été. C'est drôle la vitesse à laquelle tu t'es imposé dans ma vie comme l'une de ses composantes normales… Je crois d'ailleurs que je n'ai pas trop réfléchi le jour où j'ai à nouveau poussé la porte. Je ne comprenais pas moi-même ce que je faisais là. Mais ton sourire en me voyant m'a donné l'impression d'être à ma place. En peu de temps j'ai gagné un ami. Plusieurs, même ! Puisque tes amis sont ensuite devenus les miens… Tous cinglés, mais tous adorables ! La première fois que je les ai rencontrés, tu as dû me retenir par le T-shirt pour ne pas que je m'enfuie… Un sourire rassurant : ''Meuh nan, t'inquiètes pas ! Ce sont juste des moi multiplié par cinq !'' ''Et c'est censé me rassurer ?!'' Un éclat de rire…

You're changing

Puis j'ai commencé à sentir quelque chose de différent, quelque chose qui changeait. Chez toi, d'abord. Des regards étranges, des sourires plus doux, des gestes parfois esquissés puis retenus sans que je sache où ils se dirigeaient… Des airs un peu douloureux parfois, des sourires un peu tristes… Je ne comprenais pas. Quand j'y repense, j'ai vraiment été aveugle… Un haussement d'épaule : ''T'es pas doué, t'es pas doué ! C'est pas ta faute, on sait que tu fais pas exprès…'' ''Fous-toi de ma gueule je te dirai rien…'' Un large sourire moqueur : ''Mais je n'avais pas besoin de ta permission, koi !''

Ensuite j'ai remarqué que tu évitais le contact avec moi. Oh, rien d'ostensible ! Juste une main qui s'éloignait, un corps qui se décalait, un visage qui se reculait… J'avais beau te poser des questions, tu n'y répondais pas ou bien tu les détournais. Et je n'insistais pas. Au fond, j'étais lâche…

Parce que je me sentais changer, moi aussi. Un sentiment de malaise persistant jusqu' à ce que je te vois, une envie d'être proche de toi lorsque tu étais loin, l'envie de rester simplement là, dans un coin, à te regarder virevolter partout dans la salle, distribuant commandes et sourires à la ronde. L'envie aussi parfois de ne t'avoir que pour moi, d'être le seul à pouvoir regarder tes yeux, profiter de ton sourire. J'ai refusé d'analyser ce que je ressentais. J'ai refusé d'y croire. Je trouvais cela absurde. Je me suis caché derrière un voile de déni pour ne pas affronter ma peur. Parce que je n'avais jamais été attiré par un homme. Parce que ce que je ressentais m'effrayait. J'ai voulu fuir, là aussi. J'ai toujours préféré fuir… Un sourire tendre : ''Tu ressembles tellement à un chaton effrayé…''

'Cause some things will just never be mine

Alors j'ai fermé les yeux. J'ai fait comme si ces sentiments n'existaient, j'ai fait taire mon coeur que je trouvais stupide. Et sans en avoir conscience, j'ai commencé à t'éviter à mon tour. A ne plus te frôler comme je m'étais surpris à le faire. A ne plus croiser ton regard. Surtout pas ton regard. Celui qui me torturait autant qu'il me ravissait. Ce regard que je cherchais toujours partout autour de moi…

On aurait pu continuer longtemps ce jeu de chassé-croisé. Je refusais de sentir la souffrance qu'il me causait. Je ne voyais pas la tienne. Je fermais les yeux sur cette ligne de verre qui nous blessait. Et étrangement, tu as commencé, j'ai continué… Je n'en reviens toujours pas ! Un ange a dû me donner un coup de pied aux fesses… Un sourire amusé autant que moqueur : ''Quoi, il t'a touché avant moi ?! Présente-le moi qu'on s'explique entre quat'zyeux !'' Des bras qui se tendent pour enlacer : ''Il m'a frappé pour me faire avancer, nuance ! Pis tu vas t'en plaindre, si ?'' Une grimace boudeuse tandis qu'un corps se blottit : ''Gna gna gna…''

Le jeune homme était à nouveau assis sur son tabouret, tournant une cuillère dans son café. Le menton appuyé dans sa main, il écoutait distraitement le babillage joyeux de la tornade qui tourbillonnait autour de lui, récupérant les dernières tasses qui traînaient. Une fois n'est pas coutume, il ne lui avait pas proposé de l'aider. Il préférait rester hors de portée. D'ailleurs, il ne comprenait pas vraiment ce qui l'avait poussé à venir ici. Il était constamment déchiré entre l'envie de rester et celle de partir en courant, entre sa raison qui refusait des sentiments et son cœur qui les lui hurlait, entre ses mains qui voulaient se tendre pour toucher le corps mouvant et son corps tout entier qui reculait à la moindre approche…

Il prit soudain conscience que la salle ne résonnait plus des pas légers et rapides ni de la voix claire et rieuse. Le silence les avait remplacés. Et une présence se tenait devant lui. Ni menaçante ni agressive, mais gênante pour son esprit perdu. Il refusa de lever les yeux et s'abîma dans la contemplation du liquide noir. Ça valait mieux.

-Tu m'évites, lâcha soudain une voix basse.

Ce n'était pas une question ni une accusation, une simple affirmation énoncée d'une voix douce et un peu triste.

-Mais non, qu'est-ce que tu… fit le jeune homme en continuant de fixer sa tasse.

-Tu m'évites, répéta la voix tandis que son propriétaire se baissait pour être à la hauteur de ses yeux.

Le jeune homme refusa le contact visuel demandé, détournant le regard vers ses mains.

Mais une main fine vint emprisonner son visage, l'obligeant à le relever, à rencontrer le regard double. Il frissonna. Tant du contact des doigts chauds sur sa peau que de celui des yeux étranges avec les siens. Ils étaient grands et peut-être un peu trop brillants. Ils étaient interrogateurs et douloureux. Mais aussi proches, trop proches. Il était incapable de s'en détacher, autant que de parler. Il sentait un souffle chaud sur ses lèvres, un tremblement léger dans la main qui tenait son visage. Mais l'autre ne bougeait pas. Il restait là, à le regarder. A emprisonner ses yeux des siens pour les obliger à leur faire face.

Et ce regard étrange, unique, balaya toute pensée de la tête du jeune homme. Le cœur et la raison avaient été réduits au silence pour l'inconscient. Et cet inconscient prenait naissance dans ses désirs refoulés. Dans l'envie soudaine et impérieuse de réduire l'espace qui séparait leurs visages. De goûter les lèvres pâles qui lui faisaient face… Avant de se rendre compte de ce qu'il faisait et sans voir les yeux agrandis de stupeur, il l'embrassait lentement. Et lorsqu'il comprit, une main posée sur sa nuque l'empêcha de se reculer. Indécis, tenaillé à nouveau, il ouvrit les yeux pour croiser ceux scintillants de l'autre. Des yeux qui souriaient comme les lèvres contre les siennes. Des yeux qui rassuraient et acceptaient. Des yeux qui se moquaient gentiment, des yeux qui voulaient plus…

Alors il envoya balader ses peurs et ses doutes, ses considérations stupides et se pencha un peu plus par-dessus le bar pour approfondir le baiser.

J'aurais voulu t'offrir le meilleur de tout mon être

Tu vois, je me souviens encore du goût de tes lèvres. De leur douceur, de tes mains qui glissaient sur mon visage, de tes mèches qui chatouillaient mes yeux… On a commencé quelque chose ce jour-là, ensemble. C'était étrange pour moi… Je te l'ai dit, je n'avais jamais été attiré par un homme. Tu étais le premier, et le seul. Je ne savais pas vraiment ce que je pouvais faire ou pas, je me faisais peur à moi-même… J'étais comme un enfant qui réapprend à marcher, trébuchant souvent. Mais tu étais là pour me retenir. Tu m'as appris à ne pas chercher les normes, à simplement être moi. Que je pouvais te toucher, t'enlacer, t'embrasser quand j'en avais envie. Que je devais oublier ma raison en retard sur mon cœur. J'aurais dû suivre ce conseil jusqu'au bout…

Au lieu de partir, entre nous tout faire renaître

Un sourire amusé dans un léger soupir : ''Et dire que c'est toi qui est censé être le moins à l'aise…'' Un sourire moqueur dans les caresses d'un baiser : ''Et c'est un problème ?'' Un œil qui s'ouvre, lueur bleue : ''Loin de là, au contraire !''

Je ne sais pas encore vraiment ce qui se passait en moi. Je crois que tu me faisais perdre un peu la tête. Au bout d'un moment c'est moi qui suis devenu le plus entreprenant de nous deux. Tu accueillais mes câlins et mes baisers avec un sourire étonné mais j'aimais tellement te sentir contre moi… J'avais enfin l'impression d'être en vie… C'était bête, hein ? Un peu cliché… Mais tellement vrai ! Avec toi je pouvais laisser libre court à mes envies, à mes désirs de tendresse, je pouvais me laisser aller dans tes bras, te laisser décider aussi… Tu ne m'a jamais forcé à quoique ce soit, tu semblais te satisfaire de ce que je t'offrais. Comme ça me manque aujourd'hui… J'y avais pensé un jour, tu sais… Je t'en avais parlé, mais tu dormais… Tu étais si beau…

Le jeune homme poussa un profond soupir sous la caresse du soleil. Allongé dans un canapé, face à la fenêtre grande ouverte qui lui offrait une vue plongeante sur la ville alentour, il avait tout simplement l'impression d'être au Paradis… Surtout avec un ange dans les bras… ''Je te raconte pas sa tête s'il t'entendait…'' Il eut un léger rire pour lui-même et baissa la tête pour contempler celui qui le prenait comme nounours. Les yeux fermés, la tête posée sur sa poitrine se soulevant au rythme d'une lente respiration, il était blotti contre lui le plus étroitement possible. Le jeune homme sentait les courbes de son corps épouser les siennes, lui apportant une chaleur qu'il avait eu l'impression de rechercher toute sa vie.

Il posa sa main sur les cheveux qui lui chatouillaient le cou, glissant ses doigts dans les mèches douces. L'autre eut un petit soupir à ce geste, amenant un sourire sur ses lèvres. Il ressemblait tellement à un petit chaton, petit corps chaud empli de tendresse et abandonné dans ses bras.

-Je n'arrive pas encore vraiment à y croire, tu sais, murmura-t-il en lui caressant doucement les cheveux. Comment on en est arrivés là, combien de temps on le restera… Trop de questions, je sais, continua-t-il avec un sourire en se souvenant des mots de l'autre. Carpe diem, hein ? Tu as raison, koi, mais quand même… Si c'est un rêve, alors qu'on me laisse dormir pour l'éternité…

Plutôt que mentir

Malheureusement je n'ai pas dormi infiniment. J'ai fini par ouvrir les yeux. C'est stupide, hein ? Je m'en rends compte maintenant… Et pourtant tout allait si bien ! Tu riais souvent, pour tout et n'importe quoi, tu virevoltais sans arrêt, tu étais devenu avide de tout voir. J'avais constamment une petite flamme à mes côtés, une petite flamme dont la chaleur m'était devenue indispensable. Je me souviens d'ailleurs, j'ai failli me casser la figure lorsqu'une de tes –non, nos ! amies m'a remercié. Elle m'a dit qu'elle ne t'avait jamais vu si heureux, si vivant tout simplement. Que je t'avais rendu tes ailes. Parce que tu les avais perdues un jour ? Je ne le savais pas à l'époque. Tu ne m'en avais pas parlé. Et je m'en veux d'autant plus encore si c'est possible de t'avoir blessé à nouveau. Pourtant avant je réussissais à effacer la tristesse de ton regard… J'aurais fait n'importe quoi pour te voir sourire, t'entendre rire et voir tes yeux pétiller. Même si c'était de malice parce que tu allais me jouer un tour…

D'ailleurs je me souviens, c'est comme ça qu'on a franchi la barrière tous les deux, celle pour laquelle tu m'attendais patiemment, respectant mes peurs et mes doutes. Mais étrangement, encore une fois, c'est moi qui ai franchi le pas. Tu as commencé, j'ai continué. A croire que cet ange avait décidé de veiller sur nous…

Aborder nos différences

Le jeune homme battit ses cartes avec un profond soupir. Un rire amusé lui répondit, clair et léger, attirant à leur propriétaire un regard noir auquel il rétorqua par une langue joliment présentée. Il leva les yeux au ciel, adressant une muette supplique au ciel. D'accord, la bataille était un jeu de hasard, mais mine de rien cela faisait déjà six fois qu'il se faisait battre ! Ça en devenait vexant à la fin… Il jeta un œil à celui assis en tailleur sur sa chaise, un coude posé sur la table et son paquet de cartes dans la main. Il arborait un large sourire innocent démenti par la lueur pétillante qui brillait dans les yeux étranges.

-Je vais te battre ! prévint férocement le jeune homme.

-Mévi, chaton ! Essaye pour voir ! lui lança l'autre, moqueur.

Et il dut se rendre à l'évidence : en quelques passes de cartes, il avait perdu. Il regardait encore ses dernières cartes étalées sur la table d'un air incrédule tandis que l'autre riait.

-Si j'avais su que tu étais si nul aux cartes ! s'exclama-t-il. Heureusement qu'on ne jouait pas au poker ! Mais maintenant… ajouta-t-il avec un petit sourire en coin en se levant. Je réclame le prix du gagnant !

Avant d'avoir pu réagir, le jeune homme le vit s'approcher de lui et s'asseoir sans façon à califourchon sur ses genoux. Les yeux moqueurs se plongèrent dans les siens et il ne put conserver longtemps son air boudeur. Si c'était pour le voir ainsi, il était prêt à se faire humilier aux cartes tous les jours… Il regarda le visage fin s'approcher du sien, il sentit les lèvres frôler son oreille tandis qu'un chuchotement s'en échappait.

-Au fait, j'ai triché en distribuant…

Le jeune homme voulut s'indigner mais les lèvres glissèrent le long de sa mâchoire pour aller s'emparer des siennes, l'obligeant à fermer les yeux et oublier tout ce qui n'était pas lui. Lui dont les lèvres douces caressaient les siennes en un baiser connu mais toujours unique, lui dont la langue venait chercher la sienne pour l'entraîner dans sa danse, lui dont les mains descendaient lentement de ses épaules vers sa poitrine… Il ne sut pas trop comment tout dérapa, mais le baiser se fit soudain plus exigeant, plus passionné, embrasant en lui une étincelle qu'il avait toujours occultée. Par peur, encore. Par gêne, aussi. Par crainte de voir tout changer, de ne pas se montrer à la hauteur de ses attentes, de ne pas réussir à lui apporter ce qu'il désirait. Idiot ? Pas tant que ça, du moins à ses yeux…

Et pourtant là, sous les caresses des mains qui s'étaient glissées sur sa peau pour y dessiner mille arabesques, il ressentait le désir impérieux de serrer ce corps chaud contre le sien, d'embrasser chaque parcelle de la peau douce, de lui offrir ce qu'il s'était toujours refusé à prendre. Mais tout cessa aussi vite qu'il avait commencé. Les mains quittèrent sa poitrine sur laquelle s'ouvrait la chemise, les lèvres se retirèrent des siennes et le corps s'écarta, lui faisant ressentir un froid comme il n'en avait jamais connu. Non non non ! Ce n'était pas ainsi que ça devait être ! Il avait trop froid lorsqu'il était loin…

Il rouvrit les yeux pour voir un visage aux joues rouges, à la bouche entrouverte et à la respiration un peu erratique. Pour voir surtout les yeux voilés d'une manière qu'il ne leur connaissait pas. Les yeux qui ne quittaient pas les siens, témoins du combat violent qui semblait se jouer dans le cœur de l'autre. Il descendit lentement de ses genoux sans qu'il ne fasse un geste, encore perdu. Il baissa la tête, brisant le contact entre eux. Et le jeune homme eut encore plus froid.

-Je suis désolé, murmura l'autre d'une voix un peu triste. Je… Je ne voulais pas te brusquer.

Il eut un pâle sourire un peu tremblant avant de se reculer lentement.

-Tu m'en veux pas trop d'avoir triché ? ajouta-t-il avec un rire forcé en se retournant.. Après tout, je…

Mais le jeune homme n'écoutait pas. Il n'avait enregistré que les mains tremblantes, le sourire incertain, les yeux tristes et désolés, le corps qui s'éloignait, persuadé d'une culpabilité pourtant non fondée. Parce qu'il ne voulait pas qu'il s'éloigne ! Pas maintenant, alors que ses barrières venaient de s'effondrer ! Pas maintenant qu'il se sentait prêt ! Sa douleur lui faisait mal, ce désir qu'il sentait contenu et qui lui avait toujours fait peur. Ce désir qui le ravissait maintenant, ce désir auquel il se sentait enfin en mesure de répondre…

Il bondit de sa chaise et rattrapa celui qui s'éloignait, nouant ses bras autour de sa taille et l'empêchant de fuir loin de lui, l'attirant contre son torse. Il sentit sa surprise dans son corps crispé, il sentit sa peau frissonner lorsqu'il se pencha pour lui parler doucement.

-Reste… Ne t'en vas pas…

-Je ne peux pas, souffla l'autre. Si je reste maintenant, j'ai peur de faire une bêtise, et je ne veux pas te perdre pour avoir été incapable de mon contenir.

-Mais qui a dit que je voulais que tu te contiennes ?

Il sursauta, refusant d'y croire.

-Je ne veux pas que tu le fasses pour me faire plaisir alors que tu as des doutes, continua-t-il en luttant contre son envie de se blottir contre lui. C'est hors de question.

Il se sentit soudain plaqué contre un mur, bloqué par un corps chaud et puissant qui lui interdisait tout mouvement. Avant qu'il ait eu le temps de dire quoique ce soit ses lèvres lui furent ravies dans un baiser qui faillit lui faire perdre l'équilibre. Un baiser passionné et exigeant, un baiser comme ils n'en avaient jamais échangé, un baiser qu'il n'avait fait que rêver mais qu'il s'était toujours refusé à tenter tant que le jeune homme aurait cette lueur de crainte dans les yeux lorsqu'il dépassait certaines limites. Un baiser accompagné d'une main qui avait entrepris de soulever son T-shirt pour aller caresser son ventre, lui arrachant un gémissement.

-J'ai l'air d'avoir des doutes ? murmura le jeune homme lorsqu'ils se séparèrent.

L'autre ouvrit les yeux pour plonger dans un regard brûlant qui le consuma sur place. Les yeux assombris de désir, l'air plus décidé que jamais, il semblait si sûr de lui. Plus de peur ni de honte dans ses yeux, juste un océan de désir dans lequel dansaient des lueurs de tendresse. Juste un homme qui savait enfin ce qu'il voulait… Il lui adressa un large sourire que le jeune homme effaça dans un nouveau baiser, bien décidé à lui faire perdre la tête…

T'aimer autrement qu'à contresens

Tu sais, je crois que je ne m'étais jamais autant senti à ma place que cette nuit-là. Dans tes bras, contre toi, en toi, j'avais enfin trouvé l'endroit où je devais être. Je me souviens de chaque endroit sensible de ton corps, de chacun de tes gémissements qui étaient autant de musiques pour moi, de tes yeux assombris qui ne quittaient pas les miens, qui une fois de plus parlaient sans mots. Qui une fois de plus créaient entre nous un lien dont la force me faisait vaciller. Cette nuit-là j'ai enfin compris ce que signifiait ''faire l'amour'', loin de tout ce que j'avais cru. Nous le créions, nous le faisions naître dans chacune de nos étreintes, chacun de nos baisers, chacune de nos caresses…

J'ai été incapable de te lâcher ensuite. Je me suis endormi contre toi, et lorsque je me suis réveillé, c'est d'abord ta chaleur que j'ai sentie contre moi. C'est drôle tu sais, elle me semblait tellement naturelle que je me suis demandé comment j'avais pu vivre jusqu'ici sans grelotter de froid. Je sais maintenant que c'est simplement parce que je ne savais pas ce qui me manquait. On ne mesure la valeur des choses que lorsqu'on les perd, hein ? Comme tu avais raison… Un sourire en coin dans un visage sérieux : ''Mais j'ai TOUJOURS raison !'' Un sourcil haussé : ''Sauf quand t'as tort, c'est ça ?'' Un clin d'œil : ''Exactement !''

Je me souviens, je t'ai regardé dormir pendant des heures, blotti contre moi, ta tête nichée dans mon cou, des bras autour de moi, des jambes emmêlées aux miennes. Ton visage fin frôlé de mèches désordonnées, ton sourire léger et ton dos découvert que je ne me lassais pas de caresser du bout des doigts. J'avais presque envie de me pincer pour me persuader que ce n'était pas un rêve. Que l'être merveilleux que je tenais dans mes bras n'était pas une chimère qui me serait enlevée aux premières lueurs de l'aube. Que c'était bien moi que tu voulais, que je signifiais bien quelque chose pour quelqu'un. Que ma vie me semblait enfin avoir un sens…

J'ai eu peur un court instant, tout de même. Je redoutais le moment où tu ouvrirais les yeux. Que diraient-ils ? Qu'exprimeraient-ils ? Un regret ? Un refus ? De la joie ? Un sourire ? Ou bien tout simplement rien… J'ai guetté le frémissement de tes cils, j'ai senti ton corps se crisper un peu contre le mien comme tu franchissais la frontière de l'éveil. J'ai regardé tes yeux s'ouvrir, j'ai regardé apparaître tes prunelles doubles. Et je me suis obligé à y plonger. Oh bien sûr, tu avais les yeux encore embrumés de sommeil. Mais dès que tu m'as vu, tu as souri, l'un de ces sourires lumineux dont tu as le secret et qui vont se refléter jusque dans tes yeux. Et soudain c'est comme si un poids relâchait mon cœur, le laissant libre de battre à nouveau. Je n'ai rien pu faire d'autre que répondre à ton sourire tandis que tu déposais un baiser sur mes lèvres en me disant bonjour. Encore un mot qui prenait une dimension particulière. Cette fois-ci il voulait vraiment dire quelque chose, parce que justement j'avais quelqu'un avec qui partager ce jour, quelqu'un à enlacer et embrasser, quelqu'un à qui sourire au réveil tout simplement… Comme ça me manque aujourd'hui…

And it makes no difference who is right or wrong

'Cause I deserve much more than this

Ça aurait pu être un rêve magnifique dont je ne me serais jamais réveillé. J'aurais pu te garder dans mes bras tout du long, te voir rire et sourire, ancrer mon regard au tien et y découvrir les parts de toi que je ne connaissais pas. J'aurais pu, nous aurions pu tant de choses… Oui mais j'ai fait une erreur : j'ai ouvert les yeux. J'ai cessé un jour, je ne sais ni comment ni pourquoi, de voiler la peur qui était restée terrée au fond de mon cœur depuis le début. J'avais toujours réussi jusqu'ici à l'occulter, à faire taire les questions qu'elle voulait insinuer en moi. Mais je n'ai pas été assez fort, je l'ai laissée revenir. J'ai recommencé à craindre l'avenir, les détails comme le regard des autres et celui de mes parents qui ne savaient pas, de ma famille, de mes amis…. Mes, ma… J'ai été égoïste. J'ai fui par peur, sans penser à toi. Mon esprit bloquait sur l'avenir, sur l'après. Sur les gens, sur les préjugés, sur les regards, les moqueries, les blessures… J'ai oublié les sourires qui guérissent, les rires qui apaisent, les caresses qui font oublier, les baisers qui emportent au loin… Je n'ai vu soudain que les ombres, j'ai négligé les lumières. Et j'ai tout gâché.

Cause there's only one thing I want

If it's not what you're made of

Un silence lourd et empli de douleurs. Il n'y a rien de plus expressif qu'un silence… Il y en avait eu tant qui riaient, tant qui aimaient, tant qui apaisaient… Jamais de froid comme celui-ci. Et jamais il n'aurait dû être… Pourtant il enveloppait les deux être debout l'un face à l'autre, les corps tendus aussi éloignés désormais que les cœurs. Un regard désolé et décidé luttait en silence avec un regard abattu et pourtant brûlant de colère. Aucun mot ne fusait, aucune question, aucune insulte. L'essentiel avait été dit. Les yeux se chargeaient du reste.

Pourtant le regard sombre se détacha rapidement du regard double, incapable de le soutenir. La déception, la colère qu'il y lisait lui étaient insoutenables, même s'il était persuadé ne pouvoir faire autrement. Mais à quoi bon le lui dire ? L'autre l'avait traité de lâche avant de serrer les poings sans plus émettre d'autre son qu'une respiration un peu trop rapide. Mais les yeux étranges restaient secs, le corps restait droit malgré ses tremblements. Peut-être dus au froid qui s'était imposé entre eux, plus douloureux encore parce qu'il remplaçait une chaleur à laquelle on s'habitue si vite. Froid qui s'intensifia lorsque le jeune homme se retourna sans un mot, se dirigeant lentement vers la porte. Que faire d'autre ? Il avait beau savoir avoir tout cassé, il ne voyait pas ce qu'il aurait pu faire d'autre. La peur était la plus forte, il fuyait même si ce constat ne lui plaisait pas. Il était incapable d'autre chose. Alors il ouvrit la porte et sortit lentement avant de la refermer derrière lui sans que l'autre n'esquisse un geste. Il resta un instant immobile sur le palier avant de s'éloigner, inconscient du corps qui s'effondrait dans l'appartement délaissé, du corps trahi au cœur dont les larmes coulaient enfin, traçant silencieusement des sillons sur le visage dont les yeux restaient sans espoir rivés à la porte, priant pour la voir se rouvrir. Elle n'ouvrit pas.

You're not what I'm looking for

J'ai passé les jours suivants comme dans un brouillard de cauchemar. Je devais lutter contre mes habitudes qui me faisaient aller vers ton café, vers ton appartement, vers nos lieux préférés où nous allions si souvent… Je ne vais pas me plaindre, bien sûr, puisque tout est de ma faute. Mais je voudrais que tu saches que mon sourire n'a été qu'un masque les jours suivants, que j'étais loin de danser de joie et de rire à tout va. Moi aussi, j'avais mal. Mais je me disais que ça valait mieux. Qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Stupide, hein ? Je le sais maintenant… Et je me le suis pris en pleine figure lorsque l'une de nos –non, tes désormais ! amies m'appelé pour me hurler dessus un long moment. Elle était dans une fureur noire. Elle m'a dit que je t'avais profondément blessé, qu'elle te voyait replonger dans ce qu'elle avait eu tant de mal à t'aider à sortir, que tes ailes s'étaient brisées faute du soutien sur lequel elles avaient commencé à s'appuyer. Je n'ai rien pu lui dire d'autre que tout était fini avant de raccrocher. J'en étais persuadé. Je voulais être persuadé que je vivrais très bien sans toi. Et toi sans moi.

You were willing but unable to give enough

Comme j'avais tort. Je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, mais je me suis lentement rendu compte que tu étais devenu un pilier de ma vie. Que sans toi elle s'écroulait. Malgré le temps qui passait, je me surprenais sans cesse à te chercher du regard, à penser à toi, à tes réactions sur tel ou tel sujet, à chercher ta chaleur la nuit, à voir tes yeux me suivre partout. Le jour j'essayais désespérément d'occuper mon esprit à autre chose et je me plongeais à corps perdu dans le travail. Mais la nuit… Dès que je fermais les yeux c'était toi que je voyais. Dans chaque silence c'était ton rire que j'entendais. En l'absence de ton corps près du mien, j'avais constamment froid. Et tu vois, là, debout dans cette rue sombre et glaciale, ce n'est pas le vent qui me fait frissonner. C'est mon cœur gelé qui tremble de ton absence.

Et ce dont je suis fait

Tout entier je saurai te le rendre

J'ai mis du temps à ouvrir les yeux à nouveau, et cette fois-ci pour de bon. Et ce n'est pas une peur stupide que j'ai vue. C'est l'énorme erreur que j'avais faite en nous brisant. C'est le fantôme que j'étais devenu sans toi. Sans m'en rendre compte j'avais glissé mon cœur dans tes mains, et sans toi pour le faire battre il n'avait plus de raison d'être. La force de mes sentiments m'a fait réaliser trop tard ce que j'avais perdu. C'est stupide, hein ? Je suis stupide, idiot, incapable, tout ce que tu voudras. Je veux bien être n'importe quoi du moment que je le suis dans tes yeux. Tous mes artifices, tous mes boucliers se sont effondrés au lieu de se renforcer comme je le croyais. En réalité tout a marché à l'envers de ce que j'espérais. Je pensais retrouver une vie normale en m'éloignant de toi, je n'en ai gagnée qu'une lamentable dans laquelle j'erre sans âme.

Même s'il faut tout apprendre, tout apprendre

What's your definition of the one ?

C'est pour ça que je suis là ce soir. Il m'a fallu du temps pour prendre ma décision, pourtant je suis parti sur un coup de tête. Impulsif, comme toujours… Et maintenant j'hésite. Car après tout, une fois de plus je ne pense qu'à moi. Tu n'as certainement aucune envie de me voir après ce que je t'ai fait. Mais je ne peux pas rester comme ça. Il faut que je te revoie, je refuse d'abandonner comme je l'ai déjà fait. Je ne veux pas faire deux fois la même erreur. Alors j'ai sûrement tort, j'en sortirai certainement blessé, j'espère juste que tu ne le seras pas plus. Je me suis souvenu qu'on fêtait ton anniversaire ce soir. Je me dis qu'au moins si je te fais du mal, ils seront là pour toi. Piètre excuse. Mais je ne peux plus faire demi-tour, même si tout mon corps se fige à la pensée de voir à nouveau couler tes larmes. Frappe-moi si c'est à cause de moi. Hurle-moi dessus, gifle-moi, fais tout ce que tu veux mais regarde-moi. Rends-moi l'impression d'exister pour toi, même si c'est en ennemi. Qu'au moins je me voie dans tes yeux. Je t'en prie.

Comment définir l'amour sans toi ?

Mais prêt à tous les sacrifices je refuse celui-là

Le jeune homme tendit une main hésitante vers la sonnette qu'il ne fit que frôler avant de laisser retomber son bras. Au-dessus de lui la musique jouait toujours, on entendait le brouhaha de voix mêlées, il lui semblait sans cesse entendre la sienne. Il entendait des verres s'entrechoquer, des pas rapides sur le sol, des éclats de rire. Puis ce rire. Celui qu'il avait appris à reconnaître entre mille, celui qui lui offrit un court instant une étincelle de chaleur dans l'océan de glace qui l'entourait. Celui qui lui donna la force d'appuyer sur la sonnette.

Le jeune homme regretta aussitôt son geste. Au-dessus la musique s'était arrêtée, les voix s'étaient tues et les pas s'étaient arrêtés. Il voulut s'enfuir mais son cœur restait accroché à cette porte de bois, priant pour la voir s'ouvrir et le maintenant sur place. Ne fuis pas encore…

J'aurais voulu t'offrir le meilleur de tout mon être

'Cause these are the waters that I'm in

Il entendit soudain un déclic et la porte s'ouvrit lentement. Cela faisait si longtemps qu'il attendait dans la nuit qu'il se prit la lumière en pleine figure et fut aveuglé quelques instants. Il entendit vaguement des exclamations, des voix s'élever, mais il les oublia dès qu'il ouvrit les yeux. Il plongea à nouveau dans un regard double et c'était comme s'il retrouvait une part manquante de lui-même. Sans lui il n'était pas complet. Sans sa présence à ses côtés il n'était que la moitié d'un homme. Mais accepterait-il de le compléter à nouveau ?

Même si l'amour s'enfuit

J'en inventerai les couleurs

Sourd et aveugle à tout ce qui se passait autour, le jeune homme gardait les yeux rivés sur celui qui tenait la porte, notant quelques changements. Il avait un peu maigri, ses cheveux étaient plus longs, il y avait de quoi les attacher sur la nuque désormais. Mais son visage avait gardé les mêmes traits doux et fins, ses yeux étaient les mêmes, pleins de flammes et d'étincelles. Et il ne disait pas un mot. Ses yeux se chargeaient d'exprimer la surprise, la rancœur, la colère… Mais aussi, cachée loin derrière, une petite lueur qui empêcha le jeune homme de tourner les talons. Une lueur de peut-être, une lueur interrogatrice, une lueur de pourquoi. Alors le laisserait-il entrer ? Ou lui claquerait-il simplement la porte au nez, le renvoyant à la nuit et au froid ? Le choix est tien…

C'était entre eux, une conversation silencieuse et dénuée de mots dont les autres n'étaient que les spectateurs impuissants. Le jeune homme attendit longtemps, les yeux ancrés aux siens sans faire un geste ni dire un mot. Patient. Soumis à sa volonté. Et lorsque l'autre se décala pour le laisser entrer, il relâcha un souffle qu'il n'avait même pas conscience d'avoir retenu.

S'il est trop tard pour revenir

Je remonterai les heures

Un rayon de soleil vint caresser le visage du jeune homme, lui faisant froncer le nez. Il tourna la tête pour lui échapper mais dans ce geste, son nez plongea dans des mèches douces. Il ouvrit lentement les yeux, prenant lentement conscience du poids appuyé contre son corps, de la chaleur qui se diffusait en lui. Il eut un sourire et baissa les yeux. Ils étaient encore sur ce canapé sur lequel ils avaient discuté et il dormait contre lui, comme avant. La tête nichée dans son cou, les mains encerclant sa taille, une jambe emmêlée à la sienne. Il dormait en toute confiance, et lui pour la première fois depuis des mois n'avait pas fait de cauchemar. Il posa sa main sur les cheveux emmêlés et les caressa doucement, arrachant un petit grognement à l'autre qui se blottit un peu plus contre lui, lui arrachant un petit rire. Comme avant… Oh bien sûr, il ne lui était pas tombé tout cuit dans les bras, loin de là. Il se méfiait, maintenant. Mais il l'avait écouté, il avait essayé de le comprendre. Et s'il ne lui pardonnait pas encore, s'il faudrait du temps pour reconstruire la confiance entre eux, il ne l'avait pas rejeté. Il avait accepté de lui offrir une deuxième chance. Et par cela le jeune homme se sentait vivant à nouveau. Maintenant qu'il avait compris son erreur il ne recommencerait pas. Il était hors de question qu'il le perde à nouveau.

Un petit mouvement de l'autre lui fit baisser les yeux à nouveau, pour rencontrer deux prunelles encore ensommeillées et incertaines, qui errèrent un instant avant d'accrocher les siennes. Avant qu'un sourire ne naisse à nouveau sur les lèvres pâles.

Et ce dont je suis fait, tout entier

Je saurai te le rendre

Même s'il faut tout apprendre

Fin

''Même si'' : Gregory Lemarchal et Lucie Silvas.

Valà, terminée ! Une histoire marathon, qui m'a sauté dessus lorsque j'ai entendu la chanson. Elle est belle et triste, en même temps pleine d'espoir… En tout cas c'est grâce à elle qu'il y a l'histoire ! J'espère qu'elle vous a plu ! Sur ce ben je vais retourner à ma bande de zigotos qui commence à s'agiter. Sont jaloux. Pff, ces gosses, j'vous jure… XD Zibs tout le monde !