Jeudi 20 Juillet 2006
Bonjour tout le monde !
Oui, me revoici une nouvelle fois, pour une trilogie tout en fantastique ! Je m'excuse auprès de ceux qui pourraient suivre « Lost Angel » mais j'ai vraiment peu de cœur à l'ouvrage pour le 6ème chapitre… Etre obligée de le réécrire me désespère ! - Alors je m'occupe à côté ! Donc soyez rassurés, il arrivera !
Pour ce qui est d'ici :
Titre : Trilogie des Serments de l'Assassin.
Auteur : Imari Ashke (Ima.)
Disclaimer : tout ceci m'appartient ! Quelques personnes pourront remarquer qu'inconsciemment je me suis laissée bercée par L'Assassin Royal … Pas ma faute ! J'aime tellement ! .
Genre : Shonen-ai, peut-être yaoi plus tard… Je me tâte # En fait, non, cela reste dans les limites du shonen-ai-je pense... quoi que…
Rating : je passe du K au T pour cause de… je vous laisse lire. Toujours pas de lemon, j'y arriverai jamais XD
Résumé : Quand on fait le serment sur sa vie de tuer l'homme qu'a choisi votre cœur… Kelian face à ce cruel dilemme : le prince Johann ou son roi Nathan ? Quelle trahison choisir ? Shonen-ai.
Remerciements : toujours aux même ! Mes revieweurs que j'aime tant ! Merci pour votre soutien qui a duré du début à la fin, ça fait vraiment très plaisir ! En espérant que cette fin vous plaise, arigato L'Ange Gardien et Paprika Star Vous aime-euh ! ##
Note : Eh oui, c'est fini. Voici l'épilogue qui conclut ma trilogie ! Bonne lecture à vous tous !
Trilogie des Serments de l'Assassin
Epilogue : Serment d'Eternité.
Une large robe blanche, des manches longues cachant mes mains, des chausses perdues dans l'étoffe, je me sentais complètement ridicule dans cet accoutrement ! Pourtant, j'étais bien obligé de m'en accommoder. On ne se mariait pas tous les jours, et encore moins devant tout un peuple et avec son roi… Mon Dieu ! Johann devait être bien plus à l'aise que moi !
Je l'imaginais avec ce même vêtement, avançant avec aisance, gesticulant sans gêne… A sa place, je m'imaginais bien moins gracieux, plutôt maladroit. C'était l'avantage de son statut – que j'allais bientôt partager.
Mon Dieu ! J'allais devenir roi ! Dans peu de temps je siégerais sur le trône placé à la gauche de mon roi…
Johann, quelle épreuve ! J'ai l'impression de me couvrir de ridicule !
Je sentis avec hargne la pointe de moquerie qui transperça mes pensées, venant de mon amant. Oui, de plus en plus nous étions capable de communiquer nos sentiments. Et quand nous nous touchions, c'était des mots qui flottaient entre nous.
Mais depuis combien de temps n'avais-je pas touché son corps ?
Nous avions prévu d'organiser le mariage deux semaines après la mort de Mikal. Malheureusement, même les ordres de Johann n'avaient pas eu raison des Conseillers : le mariage aurait lieu quatre mois plus tard !
Quatre mois de désir refoulé, de frustration comme jamais nous n'en avions connu. Et tous les matins, en nous levant, notre première pensée était destinée à l'autre, sur ce manque grandissant qui ne disparaissait pas. Absent le jour, absent la nuit, parfois je ne me maîtrisais même plus et faussais la compagnie de mes serviteurs pour suivre le chemin de la chambre de mon roi ou bien de son bureau, à travers les dédalles cachés du château. Nous avions alors à peine le temps de nous embrassés qu'un garde entrait pour nous séparer ! Dieu que c'était abominable d'être épié chaque seconde de sa vie, même dans son sommeil. Je ne m'y habituerais sûrement jamais…
Deux coups à la porte me firent presque sursauter.
« -Kel ?
-Oui Kleide ? demandai-je alors que la porte s'ouvrait, laissant apparaître la jeune femme.
Je fus sidéré sur le champ. Etait-ce réellement moi qui me mariais aujourd'hui ? N'était-ce pas elle ?
Tout en blanc, comme à son habitude, sa robe virevoltait avec grâce autour de son corps gracile. Ses cheveux longs et bouclés cascadaient jusqu'à ses fesses et la moitié était ramenée en couronne sur le haut de sa tête. Oui, c'était bien plus une reine qu'une simple princesse.
Pour sa part, elle cligna trois fois des yeux, la bouche ouverte. Avais-je l'air aussi stupide qu'il n'y paraissait ?
« -Kleide ? » demandai-je à nouveau.
« -Oh… Kel… tu es…
-Je ressemble vraiment à un imbécile ainsi, n'est-ce pas ?
-Mais… n'importe quoi ! Tu t'es vu dans un miroir ?!
-Kleide, ton langage », la rabrouai-je, gêné.
« -Et dire que c'est toi qui me fais des leçons… »
Un soupir puis un sourire. Kleide s'avança vers moi et arrangea quelques pans de mon habit.
« -On m'a choisit pour t'accompagner jusqu'à la cérémonie. Alban s'occupe de Johann.
-Oh…
-Chan est à la porte.
-Ah…
-Tu ne sais rien dire d'autre ?
-Euh…
-Tu es désespérant, Roi Kelian ! »
J'avalais ma salive.
« -Je fais ce que je peux ! Je n'ai pas été élevé pour devenir le roi de Dadryan !
-Calme-toi voyons. Tu ne t'es réellement pas mis devant une glace, n'est-ce pas ?
-Non, c'est vrai… Je me sens trop stupide pour le faire. Cela me suffit assez de me sentir aussi décalé…
-Viens donc par ici, tu rates réellement quelque chose Kel. »
Et elle me prit la main et me tira jusqu'au seul miroir de la chambre. Elle me poussa devant et je fus bien obligé de me regarder dedans.
… Qui était-ce ? Non, ce n'était pas moi… Une posture un peu trop cambré, mais des yeux verts brillants, un corps fin épousé par la robe de cérémonie blanche bordée de rouge. Un air de sérénité se dégageait du vêtement. Et de moi, que se dégageait-il ? Une envie d'en finir !
« -Tu es magnifique, Kelian. Tu t'en rends compte au moins ? »
Je n'osais pas répondre. Il était vrai que je m'attendais au pire et me retrouvais devant- presque – le meilleur. Si on exceptait ma maladresse et mon malaise, on pouvait dire que j'avais été fait pour porter cette robe… peut-être ?
« -Merci Kleide. »
Elle me répondit d'un sourire puis finit par quitter la chambre.
Qu'était entrain de faire Johann à ce moment ? Parlait-il aussi avec Alban ?
Une vague de douceur répondit à mon interrogation et j'appréciais avec autant de surprise qu'à l'habituel à quel point Johann et moi étions proches.
Ma porte s'ouvrit à nouveau, légèrement, mais personne n'avait frappé. Puis une voix s'éleva que je reconnu tout de suite.
« -Kelian ? »
Je m'approchais et me collais au mur, à côté de l'entrebâillement.
« -Oui, Chan ? »
Un léger silence puis… :
« -Es-ce que… Est-ce que toi aussi, tu es toujours choqué par… le comportement de…
-Chan… Il ne faut plus y penser », répondis-je doucement. « Mikal était un soldat formidable, un assassin plutôt doué et un excellent ami. Ne te rappelle pas de sa traîtrise mais de ta joie de l'avoir eu à tes côtés. »
Pour qui parlais-je ? Pour moi ? Pour lui ? Pour nous deux ? Pour Mikal, peut-être…
« -… Tu parles comme notre Roi. »
Cette constatation me fit sourire. Johann avait-il eu une influence sur moi ? Un léger soupir d'amusement m'échappa.
« -C'est ton jour aujourd'hui. Ne pense pas comme je le fais, c'est du radotage ! En ce moment, ne rêve qu'à ton futur !
-Merci Chan.
-Il n'y a pas de quoi ! Tu es un être exceptionnel après tout !
-Exceptionnel ? »
A ce point-là ? Ne se méprenait-il pas sur ma personne ? On aurait crû qu'il parlait d'un demi-Dieu ! Non ce n'était sûrement pas moi.
« -Bien sûr ! Tu es bien la seule personne sur cette Terre à être née pauvre pour devenir Roi entouré d'amis hauts placés ! »
Il était vrai que dit ainsi…
« -Chan ! Ce n'est pas ma faute !
-Qui a dit que c'était une faute ? Et qui a dit que c'était la tienne ? C'était juste pour te prouver à quel point ce que tu as accompli, il n'y en avait qu'un qui pouvait le faire : toi ! »
Que répondre à cela ? Je préférais me taire que de dire ces pauvres petits mots de deux ou trois lettres dont j'avais assommé ma Princesse. Je quittais le mur sur lequel je m'étais appuyé et gagnai un fauteuil. La porte se referma ; j'étais à nouveau seul.
Et j'allais me marier… Me marier ! Et avec le roi !
Depuis les quatre mois que ces mots semaient le trouble dans mon esprit, je dormais mal, mangeais mal, parlais mal et espérait – mal ? – que tout cela soit fini. Oui, je n'avais pas dû bien y penser pour que cela prenne autant de temps ! J'aurais voulu que tout soit fini et dans l'intimité… Mais apparemment, tout le monde était contre moi.
A nouveau des coups à ma porte me sortir de ma torpeur et j'eus tout le loisir de mesurer la tension qui s'emparait de Johann au même instant que moi.
« -C'est l'heure », me dit Kleide, en me faisant signe de sortir.
Déstabilisé, je pris le temps de reprendre mes esprits avant de la suivre, Chan à mes côtés.
Nous marchâmes alors jusqu'à la Grande Salle, d'un rythme mesuré que me communiquait le Conseiller devant moi et que je suivis avec scrupule. Je n'étais pas à mon aise. Tout était silencieux.
Quand enfin nous approchâmes de la salle un léger bruit puis un véritable tumulte se fit entendre : on avait ouvert les portes-fenêtres pour faire la cérémonie sur le balcon. Le peuple était le premier spectateur que voulait Johann.
Je le vis d'ailleurs quand nous entrâmes, venant du couloir opposé. Habillé de blanc comme toutes les personnes présentes, je ne pus m'empêcher de perdre le fil de la marche pour le détailler de mes yeux. Ses cheveux blonds descendaient le long de son dos jusque sous ses omoplates, fin et souples. Ses yeux bleus brillaient, sombres. Il ralentit son pas pour m'observer et tandis que je sentais s'envoler vers lui ma propre fascination à son égard, il m'envoyait le sentiment d'hypnose qu'il ressentait à mon égard. J'étais troublé, perdu. Nous nous étions si peu vu qu'un simple regard suffisait à nous perdre l'un dans l'autre. Etait-ce dangereux ? Sûrement, mais je lui faisais confiance.
« -Jeune Kelian… », me rappela le Conseiller. Il me prit le bras et m'obligea à faire les pas restants jusque sur le balcon, sous les regards polis des nobles présents autour de nous. Quand je parvins au dehors et que les habitants de Dadryan apparurent sous mes yeux, une véritable ovation eut lieu. Soufflé, mes yeux s'écarquillèrent : tant de gens et de joie pour moi, tant de satisfaction…
Puis quand Johann vint se placer à mes côtés, mes oreilles reçurent le double du bruit. Johann eut un geste de salut pour eux, et, sensible, j'en fis autant, plus « coincé ». Comment pouvait-il avoir l'air si à l'aise ?
Puis enfin nous nous tournâmes vers le Conseiller qui faisait office aujourd'hui de témoin de cette union. Johann et moi nous étions à peine jetés un regard.
« -Nous sommes présents en ce jour, » commença la voix forte du Conseiller alors qu'un silence de circonstance se faisait, « pour unir deux personnes partageant de mêmes sentiments. Deux hommes valeureux et distingués à leur façon. Le jeune Soldat Royal et Garde du Corps de notre Seigneur, Kelian et le Roi de Dadryan, Sa Majesté Johann. »
Il fit une pause et je jetais un regard à Johann. Je vis son visage fermé par la signification de cet instant et deux doigts vinrent s'accrocher aux miens. Je sentis alors une vague de magie nous traverser. Je compris enfin pourquoi il avait l'air grave. Dans son cœur, ce mariage prenait une signification bien plus lourde. Sa magie entrait en jeu. Et par de fortes sensations, il me fit comprendre à quel point ce qui nous lierait jusqu'à la mort était puissant : une union indestructible. Etais-je près ? Telle était sa question.
Plus que près, fût ma réponse, définitive. Il y avait eut trop d'hésitation ; à présent j'étais sûr de moi, de nous.
« -Sire Kelian, veuillez répondre à mes questions : Protégerez-vous, aimerez-vous et partagerez-vous votre vie avec le Roi Johann ?
-De tout mon cœur, de toute mon âme, oui, je jure de le protéger, de l'aimer et de partagez ma vie et l'au-delà avec Johann », répondis-je, forçant mon esprit à pousser mes paroles jusque dans son cœur, essayant d'utiliser le lien qui nous unissait. Mais je ne savais pas si cela avait une quelconque incidence.
« -Sire Johann, enchaîna le Conseiller, veuillez répondre à mes questions à votre tour : Protégerez-vous, aimerez-vous et partagerez-vous votre vie avec votre amant Kelian ?
-De tout mon être ma réponse est oui. Je le protégerais de tous nos ennemis, je l'aimerais toute ma vie et après ma mort et cette vie lui sera consacrée plus qu'à quiconque. »
Ses mots vinrent percer mon corps de milliers d'aiguilles prenant des proportions dont j'avais du mal à faire abstraction. Ces gens présents ressentaient-ils la tension qui s'installait alors que la cérémonie avançait ? Allais-je réussir à garder mon calme ?
Johann me lâcha la main alors qu'un nouveau Conseiller approchait, muni d'une couronne. Mais Johann avait déjà la sienne, bien évidemment. Alors…
Johann prit la couronne et s'approcha de moi. Il me fit signe de mettre un genou à terre et je lui obéis.
« -Ceci est le symbole de ma dévotion pour mon peuple, » dit-il en posant le diadème sur ma nuque, « Es-tu prêts, Kelian, à partager ce fardeau qui est le mien, à m'aider à protéger mon peuple de tes mains et à le soigner de ses blessures ?
-Ta tâche est mienne, Johann. Je protégerais, soignerais et respecterais ton peuple de la façon la plus juste qui soit. Ton exemple est mien. »
Avec un certain soulagement et un immense sourire, Johann m'obligea à me relever en appuyant la couronne sur moi tout en se mettant debout à son tour.
« -Alors reçois le signe de ta dévotion. », finit-il en posant enfin la couronne sur ma tête.
Une ovation se profila alors chez les habitants de Dadryan alors que le diadème était posé sur ma tête et des applaudissements vinrent de la Grande Salle où les nobles dévoilaient leur approbation. Je clignais des yeux, indécis Etais-je réellement devenu roi ? Ca y était ?
Puis les têtes se baissèrent face à moi, comme elles le faisaient à la seule approche de Johann, autrefois. Mon souffle s'accéléra quelque peu et j'eu l'envie de les saluer à mon tour, ce que je fis : je saluais les nobles, puis le peuple, humble parmi les humbles.
Enfin je revins à ma place initiale. La cérémonie devait à présent être terminée… n'est-ce pas ?
Johann me prit alors une main et me tira vers lui, attrapant la seconde. Je me souvins alors d'une discussion que nous avions eu. Le mariage n'était pas seulement une promesse faîte face au peuple. C'était aussi une promesse en nous-même et par-delà nos cœurs, c'est ça magie qui nous traverserait. Notre union devait être célébrer aussi pour cet accueil de la magie. L'Eternité nous serait offerte…
« - Tes yeux dans les miens, que naisse notre Serment d'Eternité, mon amour. Je jure devant tous que je suis tiens. Sans toi, je ne suis rien. Tu es ma terre, mon ciel, l'eau que je bois, la nourriture que je mange, la chaleur durant l'hiver et la fraîcheur pendant l'été. Tu es ma vie. »
Je regardais ses yeux, interdit. Oui, dans ses yeux où brillait cette lueur incandescente de magie et d'infinie…
« - Tes yeux dans les miens…, » commençai-je avec maladresse, « que naisse mon Serment d'Eternité. Corps et âme, je t'appartiens. Ma terre a besoin de l'eau que tu apportes pour vivre, mon Ciel a besoin du vent que tu sèmes pour respirer. Mes hivers sont glacials sans ta présence et mes étés me brûlent sans la fraîcheur que tu y fais régner… Sans toi je n'existe pas. Sans toi, il n'y a pas de monde. Je ne vis que pour toi, tu es ma vie. »
Et là, sous cette aura intermittente de fraîcheur et de légère chaleur, je sentis mes pieds quittés le sol. Quelques millimètres à peine. Je sentis le vent s'engouffré dans mes vêtement et me porter. Nous ne nous quittions pas des yeux. Johann avait l'air de perdre peu à peu conscience, avalé par sa magie. Enfin, il se pencha vers moi et nous nous embrassâmes. Je n'entendis pas le bruit infernal des hommes présents qui se fit mais le sentis. Je ne vis pas nos corps tourbillonnés et volés toujours plus haut dans le ciel pour mieux redescendre, mais j'en fus conscient. Et je ne vis plus rien que lui pourtant je savais leur présence à tous.
Quand tout pris fin, le monde se rappela à nous petit à petit, nous sortant de cette bulle créer rien que pour ce moment magique. J'en fus complètement assommé.
Tu n'es toujours pas habitué à tout cela, mon amour, Roi de Dadryan, me dit Johann en pensée. Et jamais je n'avais senti aussi clairement ce qu'il essayait de me dire de cette façon.
Durant la soirée qui suivit, Johann ouvrit le château à tous ses sujets en faisant garder plusieurs portes. La musique fût rythmée entre les douces mélodies aristocratiques et celles plus folles et prenantes des gens de Dadryan. Johann et moi profitâmes de cette ambiance pour nous défouler, nous débarrassant de notre tension. Les danses lentes nous laissèrent gênés mais celles bien moins tranquilles nous permirent de donner tout ce que nous avions dans le cœur et l'esprit, exprimé de la manière la plus naturel. Nos corps furent pris d'une frénésie nouvelle lorsque nous nous retrouvâmes l'un en face de l'autre, nous sachant appartenant l'un à l'autre. L'exultation, la satisfaction, la joie…
Les nobles furent retissant à bouger. Il était vrai qu'ils n'étaient pas habitués à ce genre de réception. Pour ma part, c'était plus une fête qu'autre chose. Ils goûtaient là au plaisir de se laisser vivre sans prédéfinition ; les pas étaient fais, la plupart du temps, dans l'improvisation du moment. C'était un moyen de se dévoiler, de faire ressortir le « moi » intérieur.
D'ailleurs, Johann avait été plutôt… sensuel. Ca ne m'avait pas étonné outre mesure mais le voir ainsi danser ; tout contre moi ou non loin, devant mes yeux enflammés… J'avais attendu la nuit avec une impatience grandissante. Cette merveilleuse nuit que nous avions partagés après quatre mois d'abstinence massive ! Avait-ce été la plus belle des nuits que nous ayons partagés jusqu'alors ? Il était vrai qu'elle avait une tout autre saveur : celle de la liberté, du droit de s'aimer sans plus devoir se cacher. C'était bien plus qu'exaltant !
Puis les jours s'étaient écoulés, me laissant m'habituer peu à peu à cette nouvelle vie. Mais je me gardais le loisir de protéger le roi, Johann, plus que quiconque. C'était mon serment premier.
En parallèle, la relation d'Alban et de la Princesse Kleide avait pris de l'ampleur. Elle était retournée dans son pays quelques jours après notre union et nous avions envoyé Alban pour des discussions de traité. Notre choix de Conseiller avait été délibéré, bien évidemment, mais non désintéressé : Alban avait montré maintes fois que son charisme était incroyable. Malgré son jeune âge parmi ses congénères, il se faisait entendre bien plus que certains. Et ce voyage avait fait se proclamer une rumeur pas le moins du monde étonnante : un traité serait bien mis en vigueur dans quelques jours mais un mariage scellerait cela : celui de Kleide et d'Alban. Johann et moi fûmes, j'en suis sûr, les seuls à ne pas en être étonnés. Mais nous n'apprîmes jamais comment le père de Kleide avait cédé à cela. Au moins, nous nous réjouîmes de cette nouvelle des heures durant jusqu'à ce jour béni.
L'union de nos deux amis fût aussi exceptionnelle que le nôtre. Il se passa dans le royaume de Asadanra où nous fûmes des invités attendus, redoutés et même parfois rejetés. Ce qui ne nous empêcha pas, des mots de Kleide « de faire un véritable tapage ». Que de vulgarité, chez cette jeune femme ! J'en étais sidéré !
Mais il semblait que notre vie n'avait été façonnée que de façon à récolter les plus innombrables surprises…
Nous ne partîmes du château de Asadanra qu'à l'aube du troisième jour suivant le mariage de Kleide et Alban. Ils vinrent nous faire leurs adieux et nous convînmes de nous voir quelques mois au plus tard.
Nous étions tirés par un des Dragons des Glaces du pays. Ces énormes bêtes aimant les sols frais et même glacials. Nous étions en hiver et ils se sentaient tous si à l'aise que certains étaient tentés de voler. Nous réussîmes à les en empêcher tant bien que mal. Le vol était un instant magique conduite par une aussi belle bête. Mais les atterrissages l'étaient beaucoup moins. Tant de morts pour une simple ballade aérienne, tout cela aurait été dommage.
Nous étions à la moitié de notre voyage, Johann et moi seuls dans notre attelage, entourés de nos gardes et autres invités du mariage à Asadanra lorsque nous entendîmes les premiers « ronflements ». Un bruit de gorge comme un chien grognant. Et plus nous continuâmes notre avancée, plus ce bruit se fit fort et distinct.
Jusqu'à sa rencontre.
Jusqu'à voire cette magnifique dragonne.
Un râle échappa à notre dragon et seuls dans notre « carrosse », mais suivis plus loin par notre garde, nous ne nous jetâmes qu'un rapide coup d'œil avant de sauter au sol.
Les Dragons étaient courants. Les femelles étaient en voie d'extinction, ce qui créait un véritable déséquilibre. Dès qu'un dragon rencontrait une dragonne il se jetait sur elle sans ménagements. La plupart du temps, tout se passait bien et la femelle, heureuse de trouver un compagnon même pour quelques heures, se laissait aller aux cajoleries. Et son instinct maternel très développée la poussait à s'accoupler le plus souvent possible pour mettre au monde des petites dragonnes afin de perpétrer leur espèce. Et cela ne manqua pas.
A peine avions-nous sauté que l'animal accouru vers la dragonne. Pourtant, à peine fût-il sur elle qu'elle le rejeta d'un violent coup de queue. J'étais impressionné mais tout aussi incrédule.
« -Pourquoi… ? » murmurai-je alors que Johann s'approchait de moi.
« -Je ne sais pas. Tu n'as rien ?
Non, c'est bon. Et toi ?
Moi non plus. Approchons-nous. »
Ces paroles firent siffler et crier nos gardes qui avaient accourus. Pourtant notre confiance mutuelle chassa leur crainte alors qu'ils quittaient à leur tour leur propre dragon, mitigés. D'ailleurs ces autres dragons avaient l'air nerveux, grondant, mais respectant apparemment la force de leur supérieur.
Grâce à sa magie Johann pouvait nous protéger des pensées parfois primitives des dragons. Un simple « nous sommes insignifiants » et ces adorables bestioles volantes nous niaient comme jamais elles n'auraient dû le faire.
Main dans la main, nous répétions « insignifiantes, nous ne sommes que d'insignifiantes créatures » en faisant chaque pas dans une lenteur indescriptible. Pourquoi nous approchions-nous d'ailleurs ?
Leur échange bestial nous attirait. Il était des plus incongru : la femelle rejetait chaque assaut du dragon avec toujours plus de brutalité. Je remarquai en la détaillant que, les pattes avant serrées, elle avait l'air de protéger quelque chose. Ses petits ? S'aurait été étonnant en plein milieu d'une terre si peu protégés. Il n'y avait rien aux alentours. Juste nous. L'espace était totalement dégagé
Un nouveau coup de queue et nous pûmes voir le sang coulé le long de la mâchoire du dragon. Il hurla et quelques flammèches bleutées s'échappèrent de sa gueule.
La Dragonne répondit avec autant de rancœur. Johann et moi continuâmes d'avancer. Je voulais savoir ce que protégeait cette femelle. Si ça avait été ses petits, on aurait pu les voir. Ce n'était pas de minuscules petites choses, des dragonneaux… Pourtant, rien ne dépassait d'entre ses pattes.
Johann changea sa manière de penser et je l'aidai en pensant aussi fort que possible aux mots en forme de sensation que nous envoyons à la femelle.
« Laisse-nous voir. Nous sommes tes amis. Pas méchants. Laisse-nous voir. On ne fera rien. On est inoffensif ».
Mais la femelle ne bougeait pas et tentait avec de plus en plus de difficulté à garantir la sécurité de ce qu'elle cachait. J'eus alors une idée et reformulais moi-même nos pensées entremêlées : « Laisse-nous protéger ce qui t'ait précieux. Laisse-nous approcher, nous protègerons cette chose que tu ne veux pas sacrifier. »
Enfin nous sentîmes son désir de s'accoupler s'accroître alors qu'à maintes reprises elle se penchait vers nous pour nous jauger de son immense regard profond. Puis d'un geste bestial et terriblement brutal elle décolla et nous parvînmes avec peine à ne pas bloquer nos pensées sans tomber. Quand la poussière de ce départ se dégagea et que les grondements des deux bêtes s'estompa, des pleurs se firent entendre.
Un bébé ?
Incrédules, Johann et moi nous jetèrent un regard puis avançâmes prudemment.
Les pleurs se firent plus perçants et enfin j'aperçus avec surprise un enfant enveloppé de minces draps blancs recouverts de poussières. Ils étaient à moitié déchirés. Pauvre petite chose…
Lâchant la main de mon amant, je m'approchais de lui et le recueillait dans mes bras avec le plus de douceur possible. C'était un petit garçon aux cheveux blonds et aux yeux verts. D'où pouvait-il venir ?
Je le berçais, essayant de chasser ses pleurs, et la voix de Johann vint percer cette bulle de tendresse :
« -Kelian…
-Oui ?
-Viens, on reprend la route. »
Et il me tendit la main. Maintenant l'enfant de l'autre, je l'acceptais et il me sourit. C'était sa façon à lui de me dire « Gardons-le, amenons-le à la maison. » Je lui souris en retour.
Les soldats firent en sorte de nous procurer un attelage pour nous trois et se débrouillèrent pour tous loger dans un des carrosses tirés par les dragons des glaces.
« -Regarde », me dit Johann quand nous fûmes installés, les yeux mi-clos en touchant du bout de ses doigts l'une des mains du petit, « Il a tes yeux… Un peu plus foncés, oui, mais la même couleur…
-… Il a tes cheveux Johann, bien qu'ils soient aussi un peu plus foncés aussi… »
Un léger silence s'installa entre nous et je demandais enfin :
« -Hey, Johann…
-Oui, Kel ?
-C'est le destin… ? »
Johann plongea ses yeux dans les miens et alors que les mots sortaient de sa bouche :
« -Qui sait ? »,
Ses pensées, elles, étaient plus précises :
Tu en as beaucoup rêvé…
Que répondre à cela ? Comme à son habitude il trouvait les mots qui me touchaient le plus, ceux que je voulais entendre, ceux auxquels parfois je ne m'attendais pas…
« -Oui, c'est vrai… Inconsciemment, depuis que les termes du traité ont commencés à se justifier, je n'ai cessé d'y penser… Alors, même si il n'est pas de notre sang… Il pourrait être le Prince ?
-Oui, mon amour, notre Prince…
-Johann… Comment va-t-on l'appeler ?
-As-tu une idée ?
-Non, pas la moindre…
-Alors que dirais-tu de…Revan ?
-Revan ?
-Oui. Le son « an » pour nous deux et celui de « rev » pour ce rêve auquel nous tenions tant jusqu'à présent… »
Pour toute réponse je lui pris le cou un peu maladroitement à cause du bébé et l'embrassais avec toute la joie et la passion que je lui destinais depuis si longtemps. Il me serra dans bras et nous nous laissâmes longuement aller dans les bras l'un de l'autre, savourant ce petit instant.
Revan a bien grandi dans le château, comme le prince héritier qu'il est devenu. Il a fait notre bonheur malgré nos épouvantes quant à ses bêtises !
Mais ce qui fera de lui un grand roi plus tard parmi les siens, c'est cette faculté à parler, à communiquer ainsi avec les dragons. L'odeur de la dragonne marquant à jamais sa peau, il s'est fait aimé de ces majestueuses bêtes ailées. Puis, vivant constamment sous la magie de son père Johann il en a hérité quelques bribes…Un miracle ?
En parallèle, la fille de Kleide et Alban, Milia, s'est elle aussi épanouie. De deux ans la cadette du nôtre, ils ont été proches et tout autant ennemis. En espérant qu'ils deviennent chaque instant plus attachés l'un à l'autre, je n'ose entrevoir le futur par les yeux de Johann, plus qu'il n'en faudrait…
Mais alors que je me réveille de cet étrange rêve de ce futur utopique, je me demande si cela sera vrai… ? Mes yeux embués de sommeil se penchent vers ce petit être endormi dans mes bras et je resserre ma prise. Qui sait ?
Le bras qu'a passé Johann autour de ma taille se resserre et il murmure dans son sommeil :
« -Ils seront heureux… ».
Alors nous avons rêvés ensemble ? Et malgré le martèlement des pattes du dragon nous tirant, je me penche vers lui et embrasse ses lèvres. Moi aussi j'en suis sûr.
« -Ils seront heureux. »
C'est simplement le destin des enfants de Dadryan, un Serment de Protection de cette terre.
OWARI
Ima.
Ouin ! C'est fini !...
En espérant vous retrouvez sur d'autres de mes fics, je vous laisse enfin voir le dernier mot de cette petite trilogie. J'espère vous avoir un instant fait rêver. Ce serait réellement un grand pas pour moi
Alors à bientôt !