Auteur : Mouf Mouf
Disclaimer : Des tits nouveaux que na moi !
Genre : A la fac… Humour (pourri, je l'accorde)… Romance… Yaoi… Cocktail bazar, quoi !
Note : Commencé au bureau, j'ai rien à faire ! Et chuis en vacances dans trois jours… ¤nyeux étoilés¤
Note 2 : Fini à la maison, je reprends les cours dans une semaine ! ¤nyeux plus étoilés¤
Note 3 : Alors, je sais que ça peut faire un peu gros, un peu cliché… Mais encore une fois, ça fait deux mois qu'il me trotte dans la tête, alors zut !
Note 4: Je teste un concept nouveau pour moi qui va pitêtre être un peu bizarre : les ''►◄'' indiqueront un changement de narration.
Note 5 : Le rating est justifié, il y a un lemon là-dedans, alors sachez dans quoi vous vous embarquez ! D'autant plus que c'est que le troisième que j'écris, en écoutant Busted, je sais pas trop ce que ça va donner…
Et Merde ! Quoique…
Un amphithéâtre vide. Les tables sont ornées de graffitis gracieusement offerts par les étudiants dont les fesses ont usé les bancs pendant des années. Les lumières artificielles du parvis de la fac entrent par les hautes baies vitrées, dessinant des formes floues sur l'immense tableau noir qui occupe tout un mur. Sans les bruits de stylos, de feuilles froissées, le brouhaha des élèves indifférents au professeur qui tente vaillamment de capter leur attention, l'espace paraît trop grand, presque un peu effrayant. Surtout plongé dans le silence… Un murmure pourtant le déchire faiblement.
-N- Non…
Un rire y répond, suivi d'un choc léger. Deux silhouettes sortent des ombres pour entrer dans la lumière fantomatique projetée sur le tableau noir. La plus petite se retrouve coincée entre la surface sombre et le corps pressant de la plus grande. Elle a les bras bloqués au-dessus de la tête, ses fins poignets tiennent dans la paume de son vis-à-vis, dont l'autre main tient son menton. Leurs regards s'affrontent, lueurs de défi et de désir qui se disputent la place. Leurs visages sont si proches que leurs souffles se mêlent au rythme de leurs respirations un rien trop rapides. Une supplique.
-Lâchez-moi… Professeur…
Un léger sourire comme la main relâche les poignets du prisonnier… qui en profite pour s'emparer du visage qui lui fait face et poser ses lèvres sur les siennes avant de perdre son audace. Le plus grand sourit dans le baiser un peu maladroit et en reprend le contrôle pour l'approfondir, faire gémir son élève dont le corps semble s'être enflammé brutalement sous l'assaut de ses mains glissées sous sa chemise. Elles caressent ses hanches, remontent sur ses flancs comme son cou est pris d'assaut par les lèvres avides. Le plus jeune crispe ses doigts dans les cheveux soyeux, gémit dans l'oreille de son doux tortionnaire…
-Les nuages chasseront progressivement le soleil matinal, avec des risques de pluie et d'orages dans l'après-midi…
-Et merde !
Avec ce cri de rage hautement distingué, j'abats un poing vengeur sur mon réveil, lui faisant payer son intrusion de son silence. Puis je m'assieds dans mon lit, la tête entre les mains et la respiration encore erratique. Je gémis presque de frustration et de colère comme mon rêve me revient en détails. Encore ce rêve, toujours ce rêve ! Né de mes cours d'amphithéâtre et de TD à le regarder devant ce tableau dans son jean moulant et ses chemises au col ouvert, à écouter sa voix, à regarder sa main serrée sur le micro… Ooooh, mauvais cours de pensées, alerte ! La vision de ses mains me rappelle l'illusion de leurs caresses sur moi, qui me font dévier à ses lèvres sur les miennes… Et la température de mon corps atteint brutalement des sommets, me faisant bondir de mon lit avec un nouveau juron coloré. Je me jette sous la douche et tourne à fond le bouton d'eau froide, criant ma douleur sous leur agression et ma haine momentanée de ce type trop sexy pour mon bien !
Trois coups frappés à la porte me font éteindre l'eau glacée.
-Alexis ? demande mon coloc Kyril derrière la porte. Tout va bien ?
Je jette un coup d'œil à la glace qui me fait face. Je croise le regard d'un garçon de vingt ans, torse nu et en caleçon bleu trempé, aux cheveux blonds dégoulinant sur le visage dont les yeux verts clignent pour échapper aux gouttes. Ma-gni-fi-que !
-Alex ?
Je hais ce type autant que je le désire et que… je l'aime. Vous pouvez rire, la situation s'y prête. Franchement : un élève de vingt ans, gay, amoureux de son professeur d'anglais plus que probablement hétéro qui ne connaît certainement de lui que son nom de famille et ses notes et se fout royalement du reste… Je sais, l'optimisme m'étouffe, j'entends presque Kyril m'en faire la remarque ! Mais avouez qu'il y a de quoi rire…
-Aliocha ?
Je déteste ce surnom trop féminin, vestige de mes origines russes que j'ai eu le malheur de livrer un jour à ce chacal. Je bondis hors de la douche et ouvre brutalement la porte de la salle de bain pour assassiner du regard mon colocataire et accessoirement meilleur ami.
-Wow ! s'exclame-t-il en me voyant.
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres, puis il éclate de rire. Effet raté. M'énerve.
-Tu… Tu es charmant… en rat mouillé ! lâche-t-il entre deux hoquets de rire.
C'est vrai qu'entre lui, habillé d'un jean et d'une chemise, sec (point important), ses cheveux noirs coiffés et ses yeux bleus pétillants, et moi en mode rat mouillé comme il le dit si gentiment, il y a de quoi se marrer. C'est moi ou je suis un sujet à rire depuis que j'ai ouvert un œil ?
C'est gagné, je boude. C'est puéril, stupide et inutile, je sais, mais au point j'en suis…
-Toi, tu as eu une nuit agité… me fait-il avec un petit sourire narquois. Ce beau M. Huilia aurait-il encore perturbé tes rêves ?
Vous pouvez me dire pourquoi je lui dis toujours tout, hein ? Et, note à moi-même : ne plus JAMAIS lui raconter quoique ce soit de privé ! Mais pour cette fois, je rends les armes.
-Tu es trop perspicace, c'en est agaçant ! je réponds avec une grimace.
-Je sais, oui ! me rétorque-t-il gaiement ! Allez, va prendre une douche –chaude, cette fois-, je t'ai préparé un bol de chocolat.
Mes yeux se mettent à briller et j'ai un soudain élan d'affection pour lui. Mon ami !
-Je sais, tu m'adores ! fait-il en riant.
Il referme la porte sur moi et je me retrouve seul, toujours trempé et grelottant, dans cette salle de bains dont le miroir se fout toujours de moi. Bon ben… A la douche.
Vite, de l'air ! Je bondis hors du métro, m'arrachant à la masse grouillante des Parisiens qui s'y rue, s'y presse, peste contre un sac écrasé contre une épaule, un pied shooté et surtout, surtout : la perte de la sacro-sainte barre de fer toute sale mais que personne ne veut lâcher ! Serrés comme on est à 7h30, on n'a pourtant même pas besoin de ça pour amortir les accélérations et les coups de frein ! Vos chers collègues de métro sont si serrés contre vous que c'est comme être enveloppé de papier bulle ! Sauf que si le matin, ils sentent bon le gel douche, le shampoing et le parfum, le soir, c'est une autre histoire… Je fronce le nez de dégoût rien qu'à y penser… et étouffe ensuite un énorme bâillement. J'ai une flemme monstre d'aller en cours, aujourd'hui ! J'ai mal dormi, me suis congelé tout seul puis ébouillanté à vouloir boire mon chocolat tout juste sorti de la casserole, et enfin j'ai failli mourir asphyxié. Oui, je râle, et alors ?
Et encore, voici le pire : il est 7h46 (très exactement), mon cours de huit heures me fait royalement chier – jamais rien compris à l'économie, moi, surtout à l'aube !- et j'ai cours d'anglais avec mon cher fantasme dans une heure et demie. Sauf que cette fois-ci, je commence à en avoir assez de rêver de lui, de son corps et de ses baisers ! Plus ça va, plus mes rêves dérapent, et j'attends le moment où je ne pourrai plus le regarder en face sans virer écarlate ! En amphithéâtre, passe encore, je me planque dans la masse. Mais en TD, on n'est même pas dix, dur de passer inaperçu… Surtout lorsqu'on rougeoie comme un phare !
J'essaye de relativiser, mais cette situation commence réellement à me peser. Et j'ai tout essayé, hein ! L'oublier, ne plus le regarder, sortir avec un autre –foirage total, à ne pas faire. Alors c'est décidé, entre ça et mon cours immédiat, ce matin, je sèche ! Na !
Je me suis arrêté sous les marches de la bibliothèque François Mitterrand pour prendre ma décision. Le soleil donne en plein sur les quatre hautes tours censées figurer des livres ouverts, la matinée au moins promet d'être belle. D'un côté, la rue, toujours tout droit, qui mène à la fac, ses cours-somnifères et ses profs pervertisseurs de rêves. Et là, juste devant moi, la passerelle Simone de Beauvoir, toute neuve, qui me tend les bras pour m'emmener dans les jardins de Bercy de l'autre côté de la Seine. Ce serait bête de refuser, non ?
Rooh, j'adore me promener ici ! Il est trop tôt pour que des enfants courent partout, trop tard pour que les employés se promènent… A part Mamie et son chien nain, j'ai presque le parc pour moi tout seul ! Le soleil caresse les multiples roses du jardin, et je ne peux pas m'empêcher de les respirer espèce par espèce, les yeux fermés. Elles ont toutes un parfum différent, doux ou puissant, parfois un peu agressif, toujours agréable. Je pourrais rester des heures ici, à les admirer une par une, ce qui me vaut d'ailleurs pas mal de réflexions gentiment moqueuses de la part de mes amis. Un garçon qui aime les fleurs les plus féminines qui soient… Et s'ils savaient que, si j'osais, j'en composerais un magnifique bouquet pour un autre homme ? Je m'imagine très bien arriver un soir au restaurant, une immense gerbe de roses rares dans les bras, l'admirer assis à la table à laquelle il m'attendrait… Arriver par derrière, lui glisser les fleurs devant les yeux, rire de sa surprise, me pencher sur lui…
Mouais, on va arrêter là. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place. J'ai un terrain un peu trop propice aux rêves et aux fantasmes, ils remplacent les réalités qui m'échappent. Mais je n'ai pas dû secouer la tête assez fort, mon imaginaire me joue encore des tours : je le vois là, dans cette roseraie, penché sur une fleur. Il a l'air d'un étudiant, avec son jean – ne pas admirer ses fesses !- et son blouson de cuir brun ouvert sur un pull clair, une sacoche pendue à l'épaule. Le soleil matinal joue sur sa peau bronzée, fait ressortir les reflets dorés des longues mèches châtains qui lui effleurent les joues. Et au travers de ses cils baissés, je peux deviner son regard bleu clair. Vachement réaliste, comme fantasme !
-M. Anlyé ?
Heu… Depuis quand un fantasme parle en vous regardant d'un air intrigué ? Et c'est là que je réalise que loin de rêver, je suis planté comme un idiot au milieu des roses à fixer mon prof préféré et haï la bouche ouverte. Allez, vite, reboot ! Reboot !
-Heu… Bonjour M. Huilia.
Très spirituel, vraiment ! Bravo moi-même ! Mais mettez-vous à ma place ! Moi qui voulais justement à tout prix l'éviter, voilà que je lui tombe dessus ici ! Y'a quelqu'un qui m'en veut là-haut, vraiment !
-Tout va bien ? Vous êtes un peu pâle.
Je retiens difficilement un sursaut en voyant qu'il s'est approché de moi, l'air délicieusement inquiet.
-Heu… oui, oui ! je bafouille comme un crétin.
C'est mon mauvais karma qui me fait passer pour stupide devant lui ou je suis vraiment une tache ?
-Donc, vous ne séchez pas votre cours pour cause de malaise ? ajoute-t-il avec un petit sourire railleur.
La question est rhétorique, et je baisse les yeux en rougissant. Pris sur le fait.
-Ce que vous faites de vos autres cours ne me regarde pas, reprend-il d'un air plus sérieux, mais je compte sur vous pour le mien. Vos capacités méritent une présence assidue et non de la paresse.
-Oui Monsieur.
Je relève la tête avec un large sourire cette fois-ci. Hey, il vient de dire que j'étais doué ! Son regard embrasse les roses qui nous entourent, et un sourire très doux vient se dessiner sur son visage. Faut qu'il arrête ou je vais vraiment finir par lui sauter dessus !
-Toutefois, je peux comprendre que vous appréciiez cet endroit…
-Vous aimez les roses, Monsieur ? je ne peux m'empêcher de demander.
-Oui, beaucoup, répond-il en tournant la tête.
Nos regards s'accrochent un court instant et je lui souris. Oui, rigolez si vous le voulez, moi je jubile intérieurement ! Et nous voilà partis sur une grande conversation sur ces magnifiques fleurs. Sans nous en rendre compte, nous nous sommes remis à marcher, glissant d'un sujet de conversation à l'autre. C'est si facile de discuter avec lui ! Il est drôle et cultivé, il a toujours une opinion sur tout. Même si notre conversation reste assez banale, loin de celle de deux amis et à des années-lumière de celle d'amants –on peut rêver !-, je suis sur un petit nuage. Et fier de moi, j'arrive à aligner deux mots sans bégayer ! On rigole pas, chuis un grand timide, et alors ? Laissez-moi profiter en paix !
Soudain, il s'arrête et je manque de le percuter, tant je suis pris par ma défense passionnée du groupe Aerosmith contre ses critiques. Il m'adresse un sourire amusé en réponse à mon regard interrogateur, et je me sens fondre.
-Retour en cours, M. Anlyé !
Je relève les yeux sur les hauts bâtiments de la fac. Minute, il m'a baladé du parc de Bercy jusqu'à la fac, tout ça sans que je m'en rende compte ?! Je suis grave, moi… Il éclate de rire comme un gamin devant mon air perdu, et je me surprends à sourire en retour.
-Je compte maintenant sur votre attention, M. Anlyé ! me lance-t-il en s'échappant dans les escaliers. Et au fait… Vous êtes déjà en retard ! ajoute-t-il arrivé au deuxième palier.
Je sors de ma torpeur, et me lance à sa poursuite avec un série de jurons colorés.
De l'attention, hein ? Ben voyons… De l'attention pour ses yeux, ses mains et son corps souple qui se déplace devant le tableau noir, aucun problème ! Mais alors pour ce qui est du cours… J'ai vaguement pigé dans un moment de lucidité que le texte à traduire parlait de chevaux et d'une nouvelle technique de dressage par la douceur, mais, quand est venu mon tour de traduire, je suis resté muet comme une carpe. Ben vi, quand on ne suit rien de ce qui s'est dit depuis trois quarts d'heure, on est largué, c'est prouvé scientifiquement. Je n'ai pu que rougir et baisser la tête sous son reproche. Mais ce qui m'a détruit, c'est la lueur de déception que j'ai interceptée dans ses yeux avant de baisser les miens. Je m'en foutrais des baffes ! Pourquoi, alors que je venais de passer un super moment avec lui, a-t-il fallu que je foute tout en l'air avec des réactions dignes d'une collégienne amoureuse ?! Shame on me ! Je m'en avachis sur la table avec un profond soupir sous l'œil amusé de ma voisine Laura. Heureusement qu'elle a promis de me passer les cours d'aujourd'hui, j'ai rien suivi ! Bénies soient les filles, avec leur capacité à s'attendrir d'un garçon aux yeux de chiot battu qui invoque un problème sentimental secret et compliqué pour implorer leur aide…
-M. Anlyé ? claque la voix de mon professeur de civilisation américaine.
-Oui ? je réponds en relevant la tête.
Elle me fixe du bas de l'amphi, ses énormes lunettes posées sur le bout de son nez lui donnant l'air d'une vieille chouette revêche avec son air pincé. C'est pas un balai, c'est un baobab qu'elle a dans le luc !
-Si ce que je vous apprends des colons américains vous ennuie à ce point, vous pouvez aussi sortir de l'amphi ! Ou au moins, ne dérangez pas les autres par votre attitude !
Nan mais elle voit pas que tant qu'à déprimer, j'aime autant le faire au chaud ?! Je me retiens de lever les yeux au ciel et me compose un sourire contrit.
-Oui, madame.
Elle me lance un dernier regard suspicieux puis retourne à son cours. J'ai une de ces envies de lui tirer la langue comme un gamin ! Laura, qui s'en est rendue compte, éclate silencieusement de rire derrière ses notes, et je lui adresse un clin d'œil. Bon, suite du programme : finir de déprimer tranquillement, et discrètement. Ça va m'occuper !
Ça m'occupe d'ailleurs tellement bien que, lorsque Laura me secoue l'épaule à la fin du cours, j'en sursaute tout surpris. Hey, ça prend du temps de se perdre dans ses pensées ! J'en cligne des yeux comme un lapin pris dans les phares d'une voiture.
-Alex ? m'appelle Laura en claquant des doigts devant mon visage pour attirer mon attention.
-Hmm ? est ma réponse extrêmement élaborée.
Décidément, je suis d'une éloquence aujourd'hui !
-Il est plus de six heures et demie ! m'annonce-t-elle en tapotant sa montre.
-Et merde !
Qu'est-ce que je disais ! Je bondis de mon siège, rassemble mes affaires et plante un baiser sur la joue de Laura en un éclair, avant de m'enfuir de la salle, accompagnée de son rire moqueur. Elle peut se marrer, je vais me faire tuer ! Je cours comme un dératé dans la rue, évitant de justesse piétons et vélos, j'ai même dû sauter par-dessus un mini caniche frisé dont la mémé m'a accablé d'imprécations jusqu'à ce que je tourne au coin de la rue ! Je jette un regard nerveux à ma montre qui affiche six heures quarante-trois, et allonge encore mes foulées. Je vois la rue, les trois arbres, l'enseigne vert et jaune… Je freine en dérapage, manque de me casser la figure, et fait finalement irruption dans le restaurant. Les quelques clients déjà attablés sont des habitués, ils me lancent un regard narquois, et le serveur, André, éclate franchement de rire. Je n'ose même pas regarder la grosse pendule accrochée à ma droite…
-Anlyé ! tonne une énorme voix.
Je ferme les yeux un bref instant avant de me tourner dans sa direction. Là, juste sous l'horloge qui affiche six heures quarante- quatre, se tient mon patron, M. Hénol, les bras croisés sur son ventre imposant, les sourcils froncés et le regard noir. Heu… oups ?
-Je… ne suis… pas en retard ! je plaide tout en tentant de reprendre mon souffle.
Ses yeux passent de l'horloge à moi, font le chemin en sens inverse, puis ses lèvres s'incurvent en un demi-sourire moqueur. Mais pourquoi tout le monde se fout de ma gueule aujourd'hui ?!
-C'est vrai, reconnaît-il. Mais c'était très drôle de te faire flipper !
Les clients éclatent de rire avec lui, peu impressionnés par le regard noir que je leur lance. M'énervent !
-Allez gamin, me fait M. Hénol. File au vestiaire te changer, tu dégoulines !
-Et dépêche-toi de venir m'aider ! me lance ce faux frère d'André.
-Comme si tu débordais de travail ! je réplique avec un large sourire.
On ne dirait pas comme ça, mais l'ambiance ici est vraiment sympa ! M. Hénol se donne des airs de méchant patron, mais c'est une crème en réalité. Si mes retards sont devenus un sujet de plaisanterie courant, il ne m'en tient jamais rigueur. Il sait que je suis étudiant et que je fais de mon mieux, et surtout que j'ai besoin de ce boulot. Alors il a beau me jouer la comédie tous les soirs depuis deux ans, même quand j'arrive à l'heure, je sais que c'est rarement sérieux. Quant aux autres serveurs, s'ils ont d'abord beaucoup ri de ma maladresse de débutant, ils m'ont surtout beaucoup aidé à trouver mes marques, et on se paye pas mal de bons délires. Et ça me permet même de remplir mon frigo, la vie n'est-elle pas belle ?
Je finis d'ajuster mon nœud papillon réglementaire avant de m'observer dans la glace. Pantalon noir, chemise blanche, veste noire sans manches… On ne rigole pas avec la tenue au Coin de la Rue ! C'est vrai qu'on a de tout, des costards-cravates aux jeans-T-shirts qui se mêlent joyeusement le soir, lorsque le restaurant devient aussi bar-pub. J'ébouriffe un peu mes cheveux et louche devant la glace en tirant la langue avant de sourire. Hey, peut-être que s'il me voyait comme ça, M. Huilia en oublierait que je suis son élève pour craquer !
-T'as raison, et les fleuves vont couler à l'envers !
-Alex ! hurle la voix de mon patron adoré derrière la porte. Arrête de parler tout seul et viens bosser !
-Oui chef !
Ok, là c'est sûr, y'a vraiment quelqu'un qui me hait là-haut ! C'était une blague, je voulais pas qu'il me voit comme ça ! Je voulais pas être exaucé ! Pourtant, tout allait plutôt bien jusqu'ici ! J'ai travaillé trois heures du côté restaurant, n'ai fait tomber que deux fourchettes et une cuillère –j'ai même pas cassé de verre, vive moi !-, me suis fait lourdement draguer par un gros PDG, prendre très peu discrètement en photo avec André par trois lycéennes rougissantes et gagné un numéro de téléphone inscrit sur la note par un charmant client ! Ça porte mon record à cinq en six mois, je suis en train de rattraper Paulin ! Que voulez-vous, on s'amuse comme on peut…
Puis M. Hénol m'a fait passer du côté bar-pub lorsque les mangeurs se sont raréfiés au profit des buveurs. Jusque là, rien que de très normal. Attendez la suite… Après une heure et demie de bons et loyaux services ainsi qu'une pause, quelques fous rires avec André et Paulin, je vois entrer tout un groupe de mecs riant fort. Okay, ils sont pas mal, on fait un pari avec André pour savoir qui les aura… Bingo c'est moi, ils vont s'asseoir de mon côté de la salle ! Je lance un regard narquois à André dégoûté, et je m'approche d'eux. Et c'est là que tout a déconné. Parce que, qui je vois assis là au milieu de ses potes, en pantalon noir et chemise bleue entrouverte sur une fine chaîne d'argent, un large sourire aux lèvres ? Allez, un petit effort ! Je vous le donne en mille : mon tortionnaire de prof ! D'où ma théorie plus que vérifiée : quelqu'un là-haut en a après moi !
J'en reste figé à mi-chemin, incapable de faire un geste. Bloqué. Je suis censé faire quoi, là ? Rougir comme une gamine et lui sauter dessus ? Hurler à la mort mon désespoir ? Me jeter à genoux devant lui en le suppliant de mettre fin à mon tourment ? Mouais… Aucune de ces solutions ne me plaît vraiment… J'y perds ma dignité, vous comprenez ? Qui a dit ''au point où t'en es !'' ?! Je vous emmerde ! Puisque c'est comme ça, je vais tenter de rester professionnel, accueillant mais distant, et surtout… rapide. Très rapide. Ne surtout pas m'attarder. J'ai dit ''tenter'' ! Allez, on y va…
Benjamin Huilia esquissa un sourire en réponse à la blague de Johann. Le boute-en-train de leur groupe de fac jamais dissous avait fait des pieds et des mains pendant un mois pour qu'ils se retrouvent tous ce soir après deux mois sans s'être vus. D'après lui, il y avait trop de choses à célébrer et à se dire pour y échapper ! Vaincus, ils avaient tous accepté, le suivant aveuglément toute la soirée, du restaurant dans lequel ils avaient débouché le champagne pour le PACS d'Etienne et Luka ainsi que pour les fiançailles d'Andréa et de Matt, à ce bar-pub. Honteusement, Benjamin devait admettre que malgré le fait qu'il soit à deux rues de son lieu de travail, il n'y avait jamais mis les pieds ! Voilà une erreur qu'il comptait bien réparer ce soir et les suivants, l'ambiance de bois ancien et de moderne aux murs lui plaisait déjà !
-Hey, Ben ! lui lança Sandra, la septième de la bande, commande donc une tournée de bière pour les amoureux ! Ça obligera peut-être Luka à se détacher de son cher et tendre…
Le jeune homme adressa un clin d'œil à son ami qui venait de détacher ses lèvres de celles d'Etienne et se retournait maintenant pour se chamailler avec la râleuse, soutenue par Johann.
-Et tu dis rien à Andréa ni à Matt ! Eux aussi ils roucoulent !
-Tout à fait, mais ils savent s'arrêter trois minutes pour discuter, EUX ! asséna Sandra.
-Et blaf, commenta posément Matt.
Luka le fusilla du regard avant d'adresser un regard de chien battu à Etienne.
-Sont méchants avec moi… geignit-il.
-Et merde, j'ai épousé un gosse, soupira son conjoint en passant un bras autour de son épaule.
Ben éclata franchement de rire devant l'air outré dudit gosse, dont la répartie fut coupée par l'arrivée du serveur.
-Vous désirez ? fit une voix basse à sa gauche.
-Ah, jeune homme ! s'exclama Johann avec un grand sourire. Alors ce sera…
Mais déjà, Ben avait perdu le fil, retenant à grand-peine sa mâchoire pour l'empêcher de retrouver le sol. Devant lui se tenait la dernière personne qu'il comptait rencontrer ce soir ! Ses yeux détaillèrent le pantalon noir ajusté, refusèrent de s'attarder sur les hanches et remontèrent sur la chemise blanche dessinant des épaules musclées, soulignées par une veste noire découvrant les clavicules et une gorge pâles, les lèvres pleines, les joues légèrement rouges, les yeux verts brillants, les mèches blondes rebelles… et le professeur manqua gémir rien qu'en le regardant. Il s'asséna aussitôt une gifle mentale monumentale qui ne l'empêcha pas de noter la démarche souple du jeune homme comme il s'éloignait dans sa tenue mille fois trop seyante. Pour un peu, Ben se serait presque étalé sur la table en hurlant ! Car en effet, un prof rêvant de l'un de ses élèves la nuit, manquant de perdre le fil de son cours s'il avait le malheur de croiser son regard, gardant un sourire niais sur le visage après avoir discuté avec lui ne serait-ce que cinq minutes… D'ailleurs, il refusait d'imaginer l'expression qu'il avait dû arborer ce matin dans les escaliers après leur rencontre ! Franchement, à ce niveau-là, ça tenait plus de la malédiction que de la bénédiction ! Quelqu'un lui en voulait là-haut !
N'empêche que tu ne le lâches pas du regard depuis tout à l'heure, même quand il fait joujou avec ses bouteilles !
Ben envoya sa petite voix se faire foutre. Quelle traîtresse celle-là !
-Mignon le serveur, hein Ben ? lui glissa Sandra.
-Hmmm, répondit distraitement le jeune homme.
Puis il intégra les paroles de son amie et sursauta violemment, s'attirant un large sourire amusé et un clin d'œil.
-Toi, tu vas avoir des choses à m'expliquer ! lui souffla-t-elle à l'oreille.
Ben intima fermement à ses joues de cesser de rougir et hocha la tête.
-Hep hep, vous deux, pas de messes basses ! râla Johann.
-Private joke, tu peux pas comprendre, l'arrêta Sandra.
-De quoi ?! Mais c'est…
-Et ta moto, Jo, t'en es où ? le coupa Ben sous le rire des cinq autres.
Le regard du jeune homme s'illumina brutalement et il se lança dans un discours enflammé sur son engin tout de chrome et d'acier. Son ami soupira intérieurement de soulagement. Au moins, lancé sur son sujet favori, Johann en oublierait ce petit incident !
Et en effet, la soirée passa joyeusement sans qu'aucun ne fasse mention de l'attitude un peu étrange de Ben à chaque approche du serveur, à la fois trop et pas assez fréquentes à son goût. Pourtant, après trois commandes où il restait muet, n'ayant toujours pas fini sa première bière, il y avait de quoi se poser des questions ! Alors soit ses amis ne se rendaient compte de rien, à l'exception de Sandra qui ne manquait jamais de rire sous cape, trop pris par leurs délires et les blagues de plus en plus nulles de Johann ; soit ils avaient tout remarqué depuis le début, et ils attendaient d'être sortis pour se foutre ouvertement de lui. Hey, ils avaient un minimum de tenue !
Et pourtant non, ils sortirent vers deux heures, gentiment poussés dehors par les collègues d'Alexis à la fermeture du pub, et se dirent tranquillement au revoir sur le trottoir, chacun rejoignant son véhicule respectif et promettant de se revoir sous peu. Ben se contenta de les regarder partir un à un avec un sourire, un peu étonné. Il n'avait eu droit à aucune remarque, sauf de la part de Sandra, qui l'avait traité de ''dragueur des bancs scolaires'', heureusement trop bas pour que les autres n'entendent. Qu'ils sachent tous qu'il était gay était une chose, qu'ils apprennent qu'il craquait pour l'un de ses élèves en était une autre ! En même temps, Luka dormait à moitié sur l'épaule d'Etienne lorsque ce dernier l'avait installé dans leur voiture, Jo faisait admirer sa bécane à Andréa, et Matt se battait avec le contact de sa voiture. Sauvé !
Le jeune homme caressa doucement la selle de sa propre moto, jeta un dernier regard à la salle sombre, puis enfila son casque et enfourcha sa bête. Il était sur le point de démarrer lorsqu'un juron particulièrement distingué lui fit dresser l'oreille.
-Et merde !
Non mais c'est pas vrai ! A m'en taper la tête contre les murs ! Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel, bordel ! Ce n'était déjà ni ma journée, ni ma soirée avec cette épreuve au bar à laquelle je refuse de repenser – je ne lui ai pas sauté dessus, j'ai rien cassé, je ne me suis pas évanoui, je compte ça comme une victoire !-, et voilà que je me retrouve à la porte ! C'est décidé, je m'éclate le crâne contre le mur du restaurant, j'en ai marre ! M. Hénol me retient de justesse.
-Hep, le jeune, évite de cradocher mes murs tous propres ! Et vérifie : tu es sûr de ne pas avoir tes clés ?
-Sûr et certain, je soupire. Je me revois poser les clés sur la table ce matin le temps de choper un dernier pain au chocolat pour la route, et si elles ne sont pas dans ma poche ni dans mon sac, c'est qu'elles y sont restées !
-Et ton coloc ? Kyril, c'est ça ?
Je secoue la tête.
-Non, il m'a prévenu ce matin qu'il passait la nuit chez sa copine, ce qui veut dire portable coupé, et je ne sais où elle habite, j'ajoute en levant la main pour couper toute remarque.
-Okay, me répond mon patron. Et d'autres copains ? André, Paulin, tes potes de la fac ?
-André et Paulin habitent à des kilomètres et ils sont partis en voiture, je ne vais pas les forcer à faire demi-tour. Quant à mes potes, ils dorment déjà ou ne comptent pas rentrer avant l'aurore, dans les deux cas c'est mort !
-Et je ne peux pas t'aider, dit M. Hénol, l'air gêné, on est déjà à l'étroit à la maison avec le petit dernier…
Je hausse les épaules avec un sourire. Je ne peux pas lui en vouloir : il a été papa pour la troisième fois il y a deux mois, et pour l'instant le grand dort dans le salon en attendant un prochain déménagement. N'empêche que là, je suis bon pour tourner en rond toute la nuit !
-Je peux peut-être vous aider ?
La voix m'a fait sursauter. Ne me dites pas que… Ben si. Je me retourne pour voir, comme dans un film, mon cher prof à califourchon sur une moto bleu nuit retirer son casque noir pour découvrir un visage délicieusement interrogateur. Arrrgh, retenez-moi ! Heu… Je suis assez pathétique, là, non ? M'en fous, laissez-moi admirer en paix !
-Vous êtes ? demande M. Hénol, l'air rien moins qu'aimable.
Oulà, je ne le savais si protecteur ! Doucement, Cerbère !
-Je m'appelle Benjamin Huilia, je suis l'un des professeurs d'Alexis. Je ne peux décemment pas laisser l'un de mes élèves traîner la nuit pour cause d'oubli de clés !
Je rougis sous son regard narquois. Et voilà, je passe encore pour un gosse irresponsable !
-Vous… Vous êtes sûr que ça ne vous dérangera pas ? je réussis à articuler.
C'est moi, ou il a eu une hésitation avant de répondre ? Toujours est-il qu'il secoue la tête avec un sourire et me tend un casque identique au sien.
-Tu es sûr de toi, Alex ? me demande M. Hénol.
Hey, c'est qu'il tiendrait vraiment à moi ! Remarque, il a raison de demander, je préfère ne pas réfléchir aux conséquences de ma décision. Je suis en mode automatique. Tourner dans les rues jusqu'au matin n'a rien de tentant, M. Huilia me propose de m'héberger une nuit, point. Inutile de préciser que je risque de ne pas fermer l'œil de la nuit ! Ma main a devancé ma tête pleine de doutes et d'interrogations, elle s'est déjà saisie du casque. Bon, ben on va dire que j'ai accepté.
-Ne vous inquiétez pas, je ne risque rien ! je lance.
M. Hénol me lance un dernier regard méfiant, puis se détourne après nous avoir salués. Okay, chuis tout seul avec lui… Oskour !
-C'est bon, tu as bouclé ton casque ? me demande mon fantasme sur pattes.
Je hoche simplement la tête, avant de regarder le siège de la moto. Heu… J'avais pas réalisé ça, moi... C'est un siège de moto. Ce qui veut donc dire que c'est assez petit. Ce qui signifie que je vais devoir monter derrière lui. Et que par un malheureux concours de circonstances, je vais bien être obligé d'être contre lui. Okay. Je peux gérer… Enfin, je crois ! Deux doigts claquent devant mes yeux, me faisant brutalement relever la tête. Le casque à la visière relevée de mon prof ne me laisse voir que ses yeux clairs, interrogateurs.
-Tout va bien ? Allez, monte !
Bon ben, quand y faut… Je passe une jambe de l'autre côté de la moto, un peu déséquilibré.
-Tu n'es jamais monté sur une moto ? me demande mon chauffeur, amusé.
-Non, et c'est pas drôle ! je me renfrogne.
Marre d'être un sujet de rigolade ! Bien que mon ton boudeur n'ait pas l'air de l'impressionner… Il me montre comment caler mes pieds derrière les siens, m'asseoir correctement. Je repère une poignée derrière moi, mais comme je vais pour l'attraper, il secoue la tête et m'attrape les mains pour les poser sur son ventre. Aough !
-Si tu te retiens à l'arrière, tu as toutes les chances de tomber, me parvient vaguement sa voix. Accroche-toi à moi, penche-toi avec moi dans les virages, et on devrait arriver vivants !
Chuis moins rassuré, là… Il a dû le sentir, d'ailleurs, car il éclate de rire avant d'enclencher le contact.
-On y va !
Et dans un vrombissement, la moto nous emporte….
Je ne me souviens pas vraiment du trajet, des rues ou des feux rouges. Je ne retiens que les muscles que je sens sous le cuir de sa veste, contre mon torse serré contre son dos, de la sensation de vitesse et d'envol… J'aurais voulu rester toujours ainsi…
-Et voilà, on y est !
Benjamin s'effaça pour laisser entrer Alexis. Un peu gêné, le jeune homme s'avança dans le salon, déposant le casque de moto sur un fauteuil. Benjamin le vit détailler discrètement son appartement, du coin cuisine mal rangé au canapé où ronronnait un jeune chat roux, en passant par la bibliothèque débordant de livres. Un léger sourire naquit sur ses lèvres lorsque le félin sauta du canapé et vint se frotter à ses jambes avec un petit miaulement. Le jeune homme se pencha pour le prendre dans ses bras, plongeant ses doigts dans l'épaisse fourrure feu. Benjamin se sentit fondre à cette image. On aurait dit un véritable gosse ! Dans cinq minutes, il allait se rouler sur le tapis pour jouer avec le chat ! Cette image enfantine calma aussitôt son envie première douloureusement réprimée d'aller embrasser le jeune homme jusqu'à ce qu'il crie grâce.
-On dirait que Samara t'a adopté ! dit-il simplement en s'approchant à distance respectable.
Alexis rougit un peu en suivant du doigt la ligne blanche entre les deux yeux du félin.
-J'adore les chats, fut sa réponse accompagnée d'un doux sourire.
Contrôle, Ben, contrôle !
-Allez, viens, je vais te donner de quoi dormir. Tu prendras mon lit, je vais dormir sur le canapé. Et pas de discussion ! fit-il en posant un doigt sur les lèvres du plus jeune qui ouvrait déjà la bouche pour protester.
S'il le coupa net, il prit brutalement conscience des lèvres douces et chaudes sur sa peau, et retira aussitôt sa main. Self-contrôle, t'es où ? Reviens, c'est urgent ! Il fit passer rapidement le jeune homme dans sa chambre refusa de regarder son lit où il s'était assis, lui fourra un T-shirt et un caleçon dans les bras avant de le pousser dans la salle de bains attenante. Puis il se laissa tomber sur le fauteuil près de la fenêtre, la tête entre les mains tandis que l'eau commençait à couler. Mais que lui avait-il pris ?! Pendant tout le trajet, il s'était traité de fou et d'inconscient. Il n'arrivait toujours pas à s'expliquer son impulsion, sachant pertinemment que ce serait une très mauvaise idée de l'amener chez lui. Il se mettait tout seul dans une atroce situation de tentation ! Car en effet, comment maintenant qu'ils étaient seuls, ne pas faire le geste de travers qui ferait tout déraper ? Comment ne pas céder à l'envie de tenter sa chance, de l'embrasser, de… Benjamin rougit sous les pensées qui suivirent. Tu es un PROF, bordel de merde ! Et c'est ton élève ! Tu as trente ans, il en a à peine vingt, alors au panier les hormones !
-La salle de bains est libre ! fit une voix ensommeillée. Tout va bien ?
Ben releva la tête pour voir Alexis dans l'embrasure de la porte, vêtu du T-shirt noir deux fois trop grand et du caleçon gris qu'il lui avait donnés. Il retint une impulsion en se levant. Même dans ces vêtements, il était affolant !
-Tu devrais dormir, fit-il doucement s'avançant.
Ils se croisèrent à mi-chemin, son regard capta le sien, faillit s'y perdre, s'en détourna au dernier moment.
-Bonne nuit ! lança-t-il avant de refermer la porte sur lui.
Il s'y appuya lourdement, écoutant les pas légers s'éloigner puis le bruit d'un corps qui se laissait tomber. Et enfin, il s'autorisa un profond soupir. T'es pire qu'un animal. Va donc prendre une douche froide, ça te calmera ! La mort dans l'âme, il dut admettre que c'était la meilleure solution…
Lorsqu'il en ressortit, de longues minutes plus tard, ce fut pour tomber sur une scène qui lui arracha un large sourire. D'accord, Alexis ne lui avait pas désobéi, il n'avait pas pris le canapé à sa place. Mais il avait tout de même réussi à lui laisser son lit en se roulant en boule dans le fauteuil ! La tête appuyée contre le dossier, la bouche entrouverte, il frissonnait dans son sommeil, les jambes à découvert.
-Mail quel idiot, murmura Ben en s'accroupissant devant lui.
Il le contempla un instant, gravant dans son esprit l'image de ce jeune homme endormi sans méfiance, apaisé. Si mignon dans son pyjama de fortune qui glissait sur son épaule, si beau dans son corps harmonieux…
-On pourrait y passer la nuit, râla Benjamin en se redressant.
Il glissa un bras sous ses jambes, l'autre autour de ses épaules, et le souleva, étonné de son poids. C'est qu'il était loin d'être aussi frêle qu'il y paraissait ! Alexis bougea dans son sommeil et Ben se figea, craignant de l'avoir réveillé. Mais le jeune homme se contenta de nicher sa tête dans son épaule, serrant un pli de son T-shirt entre ses doigts.
-Tu me prends pour quoi, petit tentateur, un nounours ? murmura le professeur en le déposant sur son lit.
Il se détacha à grand-peine de l'étreinte de son élève et le recouvrit de la couette, sur laquelle Samara sauta et se roula en boule au creux du ventre de l'endormi. Ben eut un sourire en le regardant se blottir contre le jeune homme en ronronnant doucement, cachant son nez contre lui, puis reporta son attention sur le visage face au sien. Il repoussa doucement quelques mèches rebelles de son front puis, pris d'une faiblesse subite, effleura les lèvres entrouvertes des siennes, simple caresse. J'aurais tout de même craqué… Il musela ses envies et sortit doucement de la chambre sans voir les grands yeux verts bien réveillés qui le suivaient du regard…
Ce fut une sensation étrange qui tira Benjamin du sommeil. Pas dérangeante ni menaçante, non… Inattendue. Un effleurement qui le réveillait doucement, une main timide qui le frôlait sans oser le toucher franchement, qu'il avait d'abord intégrée à son rêve. Il l'avait sentie glisser sur sa poitrine, ses épaules, sa gorge, sa joue, ses yeux clos… Il prenait maintenant conscience que c'était elle qui l'avait réveillé, et il allait ouvrir les yeux pour identifier l'auteur de ces caresses lorsqu'il fut pris par surprise. Deux lèvres fraîches venaient de se poser sur les siennes, les embrassant timidement mais passionnément, les caressant pour les inciter à s'ouvrir. Au lieu de cela, Ben ouvrit brusquement les yeux pour découvrir le visage de son élève au-dessus du sien. Il s'arracha à l'étreinte, repoussant presque le jeune homme.
-M. Anlyé ?! s'exclama-t-il.
Toujours penché au-dessus de lui, son agresseur secoua doucement la tête avec un léger sourire.
-Alexis, c'était mieux… murmura-t-il en approchant à nouveau son visage.
-M. Anlyé, non ! réussit à articuler Benjamin en se reculant contre l'accoudoir.
Mais où trouvait-il la force stupide de refuser ?! Il en avait tant rêvé, et voilà qu'il disait non ! Comme quoi, sa conscience professionnelle n'était pas si faible, après tout… Il la sentit pourtant fondre comme neige au soleil devant l'air déçu et honteux du jeune homme qui se détachait dans la semi obscurité.
-Pardon, je… C'était stupide, je… Pardon, balbutia Alex en se reculant, faisant mine de se lever.
Oh, et merde ! Ben tendit la main et attrapa la sienne pour le retenir. Sa proie lui adressa un regard interrogateur et ouvrit la bouche lorsqu'il l'attira vers lui. Il étouffa ses mots d'un baiser léger, se retenant de l'approfondir immédiatement. Lorsqu'il se retira, ce fut pour croiser le regard pétillant et légèrement narquois de son élève.
-Alors, qui est-ce qui craque, maintenant ? murmura-t-il dans un souffle.
-C'est toi qui a commencé ! protesta Benjamin.
-Non, non, fit Alexis en secouant la tête, c'est vous, Professeur, je ne dormais pas !
Sous la légère rougeur subite, le jeune homme remarqua le tressaillement au mot ''Professeur''.
-M. Huilia ? le taquina-t-il.
Les yeux bleus brillèrent dangereusement.
-Petit monstre, grogna leur propriétaire avant de poser une main sur sa nuque pour l'attirer vers lui.
-Ben… lâcha Alexis dans un soupir.
Un doux sourire lui répondit.
-Alex… souffla l'homme avant de s'emparer de ses lèvres.
Cette fois-ci, plus question de jouer. Sa langue se fraya un passage entre les lèvres joueuses et vint trouver sa compagne pour un ballet plus qu'endiablé. Sa main libre partit se perdre dans le dos du jeune homme, caressant les muscles au travers du tissu, arrachant un gémissement léger à sa victime qui le fit sourire. Alex rompit le baiser et s'écarta juste assez pour froncer les sourcils. Avec ses joues rougies et ses lèvres légèrement gonflées, il était l'incarnation de la tentation.
-Tu veux jouer à ça ? murmura-t-il à deux centimètres des lèvres de Ben.
Il se pencha juste assez pour les frôler, refusant tout contact plus poussé, attisant la frustration du plus vieux… qui se mordit brutalement la lèvre pour retenir un cri. Alex venait de passer une jambe de l'autre côté de ses hanches et de coller brusquement leurs deux bassins, avant de se retirer aussitôt. Ben plongea son regard enfiévré de désir dans les yeux assombris de son tortionnaire.
-Tu vas me le payer… souffla-t-il en s'emparant à nouveau de ses lèvres.
Visiblement, son geste ne l'avait pas laissé de marbre non plus, sa respiration était de plus en erratique. Et la main de Ben glissée cette fois-ci sous le T-shirt n'arrangeait rien. Il caressa longuement le dos musclé, glissa sur les hanches, le fit sursauter en passant sur un point plus sensible… qu'il se fit une joie de titiller, au point qu'Alex dut s'arracher de ses lèvres, à bout de souffle. Il plongea son visage dans le cou du châtain, la respiration sifflante. Un léger rire retentit dans son oreille et il se redressa pour croiser un regard pétillant de malice.
-Je t'ai eu… souffla Ben avec un sourire.
Pour toute réponse, Alexis lui tira la langue. Sa main alla s'emparer de la sienne, entrelaçant leurs doigts, et il descendit du canapé. Pour seule réponse au regard interrogateur de Ben, il se contenta de le tirer légèrement. Le jeune homme obtempéra et le suivit sans un mot. Son cœur rata un battement lorsqu'ils franchirent la porte de sa chambre et qu'Alexis l'attira avec lui sur le lit. Le plus jeune s'allongea sur les oreillers, un peu incertain, Ben au-dessus de lui. Ben qui n'osait plus faire un geste, ne se lassant pas d'admirer ce visage aux traits fins, aux yeux mi-clos, aux lèvres entrouvertes… Il craignait presque de le toucher, de peur qu'il ne lui glisse entre les doigts.
-Tu ne veux pas ? murmura une petite voix.
Les yeux ancrés aux siens étaient maintenant perdus, un peu tristes. Il dut se retenir de ne pas fondre sur ses lèvres pour apaiser leurs doutes.
-Si, souffla-t-il doucement. Un peu trop, même… Alors j'espère que tu es sûr de ce que tu veux, je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter… ajouta-t-il piteusement.
Un large sourire illumina le visage d'Alex, qui se releva juste assez pour frôler ses lèvres.
-Je suis absolument sûr… murmura-t-il avant de l'embrasser presque violemment.
Surpris par l'assaut, Ben eut un instant d'inertie avant de participer activement au baiser, passant une main dans sa nuque pour l'empêcher de rompre le baiser. Pendant ce temps-là, sa main libre s'était glissée sous le T-shirt qui devenait franchement gênant, le remontant au fur et à mesure qu'elle caressait la peau douce du ventre, le torse, qu'elle jouait avec les deux bouts de chair sensibles… Ben lâcha la nuque d'Alexis pour envoyer valser le tissu encombrant avant d'emprisonner ses poignets, l'empêchant de venir lui rendre la pareille.
-Pas tout de suite, murmura-t-il à son oreille en réponse au gémissement de frustration du jeune homme.
Il la mordilla gentiment, parsema son cou de légers baisers, s'appliquant à marquer la jonction avec l'épaule. Il lécha ensuite la marque rougie, satisfait de son œuvre, avant de descendre sur les pectoraux. Il s'amusa à titiller de la langue les tétons érigés du jeune homme qui se cambra sous lui, retenant un cri.
-B… Ben, haleta-t-il. Lâche-moi !
-Non, non, refusa le châtain avec un air satisfait de gros matou. Reste sage…
Il reprit son chemin sur le ventre, embrassa le haut des hanches découvertes qui se tortillèrent sous son assaut. Il remonta au niveau du visage d'Alex et donna un léger coup de langue sur le bout de son nez. Les yeux embrumés de désir du blond s'écarquillèrent brutalement lorsque Ben posa une main joueuse sur la bosse qui déformait le caleçon de sa victime.
-Ben ! s'exclama-t-il. Tu… Hmmm…
-Oui, tu disais ? s'amusa le châtain en caressant du bout des doigts son nouveau terrain de jeu.
Alex poussa un profond grognement et inversa brusquement leurs positions, dégageant ses mains de l'étreinte qui les emprisonnait.
-A mon tour ! souffla-t-il.
Complaisant, Ben se laissa repousser dans les oreillers. Mais il ne s'attendait à la fureur passionnée du blond, qui lui arracha presque son T-shirt. Il le regarda avec inquiétude se pourlécher les babines devant son torse avant de fondre sur la peau bronzée. Et bientôt, il ne put plus que gémir sous l'assaut des lèvres, de la langue et des mains du plus jeune. Il était partout à la fois, caressant son ventre, mordillant son cou, griffant son dos, embrassant ses lèvres… Ben se cambra soudain violemment, joignant son cri à celui d'Alex. Le jeune homme venait à nouveau de coller leurs deux bassins, écrasant leurs érections l'une contre l'autre. La décharge de plaisir fut si forte qu'il en griffa le dos de son tortionnaire.
-Alex… gémit-il.
Haletant, il avait amorcé un mouvement de va-et-vient, ondulant des hanches contre les siennes, mettant à rude épreuve la résistance du plus vieux. Les mains crispées sur ses hanches, Ben décida de reprendre le contrôle de la situation avant de perdre totalement pied. Il renversa à nouveau Alexis sous lui, la respiration erratique. Il entreprit de calmer le jeu, embrassant délicatement les lèvres offertes malgré sa violente envie de s'en emparer plus fort. Mais Alex s'arracha brutalement à l'étreinte avec un profond gémissement, les yeux fermés. La main de Ben venait de glisser sous la barrière de son caleçon, empoignant son sexe frémissant.
-Ben… le supplia-t-il douloureusement.
Le châtain eut un sourire carnassier et se laissa descendre le long du corps tremblant, passant ses deux mains sur les hanches fines pour les débarrasser du caleçon devenu superflu. Il s'arrêta un instant pour admirer ce corps magnifique dans sa nudité, tremblant sous ses caresses qu'il avait tant rêvé de lui offrir, ses baisers dont il avait toujours rêvé… Il n'en revenait pas d'avoir le droit de le toucher ainsi.
-Ben !
La voix rauque le rappela à l'ordre, lui arrachant un sourire. Joueur, il commença par embrasser l'intérieur de ses cuisses, léchant la peau tendre tandis que ses mains frôlaient son entrejambe sans jamais la toucher. Puis, n'y tenant plus lui-même, il déposa un baiser léger sur la pointe du sexe gonflé, arrachant un gémissement au jeune homme. Gémissement suivi de bien d'autres comme il le léchait de bas en haut avec une lenteur calculée, puis d'un cri lorsqu'il l'engloutit complètement. Il sentit les doigts fins se crisper dans ses cheveux et suça.
Submergé de plaisir, Alex ne tint pas longtemps et ne put que hurler en se libérant dans la bouche de son doux tortionnaire. Ben remonta jusqu'à son visage et eut un sourire devant l'image que lui offrait le jeune homme. Les yeux clos, le corps encore frémissant, les lèvres entrouvertes sur un gémissement, il était l'image même du plaisir.
-Suis-je magnanime, s'amusa le plus vieux en picorant les lèvres rougies.
Les yeux verts s'ouvrirent soudainement et d'un brusque coup de hanches, Alex inversa à nouveau leurs positions. Il plongea à nouveau dans son cou, mordillant le point sensible qu'il avait découvert derrière son oreille. Il sentit le châtain se tendre un peu plus contre lui et, satisfait, il se glissa entre ses cuisses.
-Etat intéressant, murmura-t-il avant de poser ses lèvres sur la bosse qui déformait le tissu noir.
Seul un grognement lui répondit comme il le massait au travers de l'étoffe. Il nota les doigts crispés sur les draps et eut un sourire avant de retirer cette barrière gênante. Il le prit directement en bouche, retenant ses coups de reins de ses mains posées sur ses hanches. Il savoura les gémissements continus qui s'échappaient de la bouche de sa victime et réveillaient son propre désir. Lorsqu'il le sentit au point de rupture, il se retira brutalement, provoquant un grognement de frustration.
-Je ne suis pas magnanime, souffla-t-il en remontant au niveau du visage de Ben avant de s'emparer de ses lèvres.
Il les embrassa, amusé de l'ardeur frustrée du plus vieux dont les mains repartaient à l'assaut de son dos. Mais ce fut lui qui poussa un cri de surprise lorsqu'il sentit un doigt s'insinuer en lui. La sensation n'était pas douloureuse, non, plutôt… dérangeante. Il croisa le regard interrogateur de Ben et hocha doucement la tête. Alors le châtain le fit basculer sous lui, en appui sur ses coudes. Un peu inquiet, Alex attendit la suite. Mais ce fut d'abord deux lèvres pressées contre sa nuque et une main retrouvant son entrejambe qui le firent gémir. Il vit deux doigts s'approcher de sa bouche et les lécha complaisamment, au point d'en faire haleter Ben derrière lui. Il les sentit ensuite glisser le long de son dos, caresser ses fesses, avant de s'insinuer en lui, lui faisant pousser un cri de douleur et de plaisir mêlés. Bientôt, sous l'action de la main posée sur son sexe, la douleur reflua.
-Viens, souffla-t-il en ondulant des hanches.
Les doigts se retirèrent, il entendit le bruit d'une protection que l'on enfile, et bientôt Ben se glissa en lui. Il essaya d'y aller lentement, de ne pas posséder entièrement tout de suite, aussi douloureux cela soit-il. Mais Alex ne l'entendait pas ainsi et d'un violent coup de reins, il l'incita à accélérer le mouvement. Dès lors, Ben s'enfonça en lui, gémissant avec lui sous la sensation de ses parois chaudes autour de lui, accélérant la cadence sous ses cris. Il jouit violemment en lui mordant le cou tandis que le jeune homme se libérait dans sa main. Ils s'abattirent dans les draps, essoufflés. Ben roula sur le côté, attirant son amant entre ses bras.
-Ça va ? souffla-t-il en écartant les mèches trempées de son front.
Pour toute réponse, Alex lui adressa un large sourire lumineux avant de l'embrasser tendrement et de se nicher contre lui, les yeux clos. Ben resserra son étreinte sur ce corps chaud blotti contre le sien et le regarda s'endormir doucement.
Lorsque Ben émergea lentement du sommeil, il fronça légèrement les sourcils. La présence chaude à ses côtés n'était plus la même. Elle semblait plus petite, plus ronde… Et elle ronronnait ! Il ouvrit brutalement les yeux pour tomber sur Samara qui le salua d'un petit miaulement joyeux, installé sur l'oreiller à côté du sien.
-Merde ! s'exclama-t-il en bondissant hors du lit, faisant sursauter le chat.
Il enfila à la hâte son caleçon roulé en boule au pied du lit et sortit en trombe de la chambre. Il ne pouvait pas être parti, pas comme ça ! Non ! Il allait se précipiter sur le palier, oublieux de sa tenue, lorsque qu'un bruit d'objet tombant au sol l'arrêta.
-Oups… fit une petite voix.
Apaisé, un léger sourire aux lèvres, il se dirigea silencieusement vers la cuisine. Dos à lui, devant la cuisinière, uniquement vêtu de son jean, Alex semblait s'efforcer de faire bouillir une casserole d'eau. Ben s'adossa un instant au chambranle de la porte, savourant la chance qui lui était offerte. Il n'avait pas rêvé. La nuit avait été réelle, et Alexis était resté. Il n'était pas parti, il ne l'avait pas quitté. Bêtement heureux, Benjamin s'approcha et enlaça le jeune homme par derrière, l'embrassant dans le cou, caressant la marque qu'il lui avait faite la veille.
-Bonjour, toi, souffla-t-il.
Alex eut un léger rire et posa une main sur les siennes, jointes sur son ventre, avant de répondre.
-Bonjour, fit-il avec un grand sourire en renversant la tête en arrière sur l'épaule du plus grand.
Il croisa son regard et posa ses lèvres sur les siennes pour un doux baiser. Lorsqu'ils se séparèrent, Ben fit glisser ses mains sur ses hanches et appuya sa joue contre la sienne, regardant la casserole d'un air perplexe.
-Qu'est-ce que tu nous fais ? demanda-t-il.
Alex se saisit de la casserole et se retourna entre ses bras pour la lui coller sous le nez.
-J'essayais de faire cuire des pâtes, fit-il piteusement. C'est tout ce qu'il y a dans tes placards, va falloir faire des courses ! Heu… tu m'en veux pas d'avoir fouillé ? ajouta-t-il, un peu inquiet.
Ben éclata de rire avant de lui embrasser le bout du nez.
-Fouille autant que tu le voudras, souffla-t-il dans un sourire.
Il allait effacer celui qui lui faisait face de ses lèvres lorsque le générique de Prison Break se fit entendre.
-Mon portable ! s'exclama Alexis. A tous les coups c'est Kyril, je vais me faire incendier !
Interloqué, Ben se fit refiler la casserole et la cuillère en bois dans les pattes, regardant le jeune homme farfouiller dans son sac et en sortir triomphalement un portable avant de décrocher. S'ensuivit une conversation visiblement enflammée, où Alex semblait avoir du mal à placer un mot. Etonné, Ben le vit s'approcher de lui.
-Il veut te parler, fit simplement le blond en levant les yeux au ciel.
Et il lui colla le téléphone à l'oreille.
-Heu… Allô ? tenta Ben.
-Ah, tu dois être Ben ! s'exclama une voix excitée à l'autre bout du fil. Enchanté, moi c'est Kyril, coloc et meilleur ami de ton désormais amant. Alors je suis ravi que vous ayez conclu et tout, tu es donc cordialement invité à dîner chez nous ce soir ! T'inquiète, je vous laisserai l'appart pour vous amuser après, je vous demanderais juste d'épargner ma chambre ! Bye !
Et sans plus de cérémonies, il raccrocha. Interloqué, Ben cligne des yeux avant de regarder Alex.
-Heu… Il était sérieux, là ?
Le jeune homme détailla un instant son amant en caleçon, planté à l'entrée de la cuisine, une casserole de pâtes à demi cuites dans une main et une cuillère en bois dans l'autre. Il ne put s'en empêcher, il éclata de rire.
FIN
Et voilà ! Heu… J'espère que ça vous aura plu ! Tit One-shot de rentrée, bien qu'il me reste encore une bonne semaine de vacances… On ne TAPE pas l'auteuse ! regard noir à ses deux frères Une tite review siouplaît ? ¤grand nyeux de chiot qui brillent qui brillent¤