Petite pièce "documentaire" sur un pays imaginaire, sur les thèmes "Onirique" et "Aéroport". 200 mots.
Dans nos aéroports, on voyage en classe écomonique pour le prix de quelques piécettes et des rêves d'une nuit.
Chaque voyageur se présente au contrôle la nuit précédant le vol, et la pompe hydraulique aspire ses rêves, qui remontent dans les tuyaux comme des billes multicolores.
(Ce n'est pas une grande perte ; peu d'entre eux s'en seraient souvenu au matin)
Les rêves d'amour font s'élever l'avion ; les rêves de gloire et de puissance le font avancer. Les rêves d'un quotidien tranquille le stabilisent, alors que les plus absurdes d'entre eux servent chaque subtil changement de direction.
Les cauchemars ne peuvent être utilisés. Aussi ils errent à bord de l'avion, prêts à s'infiltrer dans l'esprit du premier qui s'endort. Personne ne peut les voir, mais les voyageurs les plus sensibles entendent le bruit de leurs déplacements, comme des pattes d'insectes géants invisibles ou le bruit de ciseaux bien huilés.
Des bruits courent que cette absence de tri est volontaire : ainsi chacun est presque contraint de ne pas tricher, d'avoir une bonne nuit de sommeil, contribuant à la part commune.
En classe économique, personne ne peut dormir.