Chapitre 2 Et un, deux, trois Alice au pays des étoiles, il était une fois quelqu'un comme moi...
Flore resta silencieuse quelques instant au téléphone puis lâcha:
« Il est tombé de la chaise et il s'est vautré sur vous deux?
sourire La chaise s'est cassée, il est tombé, on s'est précipité pour l'aider et on s'est royalement vautré tout les trois sur le sol après avoir dit bonjour à une table montée sur roulette, pour être exacte. rectifia Marie
nouveau silence puis fou rire Mwarf! Marie, franchement, je me répètes mais... Tu étais faite pour ce boulot!
dubitative Je me demande si je dois le prendre pour un compliment...
hilare Mais oui!... Et donc tu as eut au final, un thé au... Citron?!
sourire ... Je ne veux pas de commentaire...
Mais je n'ai rien dit moi, c'est toi qui pense à des choses...
Mais bien sûr! Tu es aussi pure et innocente que l'ange Gabriel, c'est ça?
Heu.. Quand même pas...
Me disait aussi...
... Ouais, mais en entendant, c'est pas moi qui bosse au service de, je cites : « beaux mecs »...
... Je te dirais plus rien, na!
Oh! Par une opération divine, serais-tu devenue muette? Ça va réduire mes frais téléphonique ça!
... Michante!
Mais oui, mais oui, on lui dira... Bon et sinon?
Heu... Il y a aussi Granny qui... »
US
Étienne posa d'un geste machinale sa serviette humide sur le dossier du canapé et l'abandonnant à sa triste solitude , se dirigea vers la cuisine. Il resta un instant figer sur le seuil, surpris puis eut un petit sourire. Il jeta un coup d'oeil un peu méfiant à l'étagère suspendue au mur puis alla vers le frigo et saisit la brique de jus de pomme. Il allait boire au goulot quand il avisa les verres propres, scintillants et sagement alignés dans l'égouttoir et se ravisa. Il se versa pensivement un grand verre et rangea le jus de fruits. Nonchalamment appuyées contre le plan de travail, il laissa son regard dérivé sur la pièce rangée et ordonnée. Il esquissa un sourire ironique en repensant à l'air un peu perdue de leur nouvelle « femme de ménage ». Comment s'appelait-elle déjà? Ah oui! Marie... Il avala la dernière gorgée de son jus de pomme et jeta un dernier coup d'oeil à la pièce.
« Je me demandes pourquoi elle n'a rien dit... se questionna-t-il à haute voix »
Il secoua la tête et quitta la cuisine.
US
Marie, installée à son bureau, regarda la feuille posait devant elle et fronça les sourcils. Elle avait oubliée quelques chose mais quoi? Elle fit jouer son stylo quelques minutes entre ses doigts, cherchant dans ses souvenirs puis ses yeux s'illuminèrent.
« La lessive! fit-elle d 'un ton joyeux en faisant sauter son stylo bille dans les airs »
Elle l'inscrivit à la fin de liste et eut un soupir satisfait. Voilà! La liste des courses étaient faite, il ne lui restait plus cas la laisser bien en évidence sur le frigo pour les garçons. Elle eut un léger sourire en voyant du coin de l'oeil le petit mot de BenJ, qu'elle avait posée sur son bureau et laisser là puis s'étira. Bon, elle allait pouvoir se détendre un peu maintenant. Elle ouvrit l'écran de son ordinateur portable, affectueusement baptisé Kira-kun, et l'alluma. Elle attendit quelques instants puis entra son mot de passe. Ses doigts glissèrent sur le clavier, effleurant les touches puis filèrent sur le TouchPad et elle alla cliquer sur la petite icône Mes documents. Elle ouvrait le dossier Mes écrits lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, laissant passer le visage inquiet de sa mère. Marie se raidit en entendant des cris, et les pleurs de sa soeur. Un frisson désagréable, mais hélas devenue habituelle au fil des ans, la parcourut et elle se leva sans mot dire, le visage fermé.
US
Benjamin reconsidéra l'enveloppe décachetée pour la énième fois, le regard lointain. Il fit glisser ses doigts sur le papier lisse, parcourant les lignes de l'adresse inscrite d'une écriture sèche, à l'encre vert sombre. Il frôla le timbre écorné, retraça les contours du cachet de la poste, se retenant avec force d'ouvrir l'enveloppe et de laisser tomber sur le table la photo de cet être minuscule. Sa main se mit à trembler violemment et il dut inspirer deux à trois fois avant de retrouver un calme relatif. Il ouvrit alors l'enveloppe et la photographie d'une toute petite fille, incroyablement belle et ressemblant trait pour trait à sa mère tomba sur le bureau. Il sentit les larmes roulées sur ses joues et son coeur se serra, ses yeux ne pouvant pas quitter les deux saphirs qui semblaient le fixer avec attention et reproche. Il caressa la joue de papier glacé, effleura le petit nez puis sa main se crispa. Il rangea avec des gestes lents la photographie dans l'enveloppe, rangea celle-ci dans un des tiroirs de son bureau puis ferma le tiroir à clef. Il repassa la clef à son cou, suspendu par un ruban de soie blanc. Il se leva, renversa la tête en arrière, respira un grand coup puis sortit de sa chambre, un sourire joyeux aux lèvres
US
Marie était étendue sur son lit, les yeux grands ouverts dans la nuit noire et silencieuse. Elle roula sur le ventre et enfouit son visage dans son oreiller. Encore une nuit sans dormir. Elle tourna la tête et saisit son téléphone portable. 3H45. Elle soupira à nouveau et enfouit son visage dans son oreiller puis tendit l'oreille et écouta les bruits de la nuit. Le silence, juste perturbé par quelques voitures qui passait dans le lointain. Elle se redressa dans son lit et posa son regard sur son bureau. Son ordinateur portable, sagement mis en veille le soir même, semblait lui tendre les bras.
Enfin, plutôt les puces. pensa-t-elle tout en voyant valser ses couvertures au sol
Elle saisit l'ordinateur et s'assit en tailleur, le posant devant elle. Elle l'alluma et patienta quelques instant, saisit son code puis eut un léger sourire. Son père avait encore oublier de débrancher la connection wi-fi. Elle bailla, s'étira puis ouvrit son navigateur Web et cliqua dans la liste de ses favoris sur Cowboy. Elle resta un instant indécise devant l'écran puis décida d'aller faire un petit tour du côté des articles récemment publiés. Elle resta une bonne demie-heure ses yeux rivés à l'écran, parcourant les lignes, son visage tantôt souriant, tantôt grimaçant. Elle s'étira de nouveau puis cliqua sur le lien Éditer votre blog. Elle resta un instant indécise, ses doigts sur le clavier puis se mit à taper:
J'ai 19 ans, bientôt 20 ans, j'habite dans une petite ville de campagne entre un lac et l'hôtel de ville et je suis un monstre. Pourquoi ?! Parce que je suis comme vous , comme nous, je suis là à me débattre entre mes peurs et mes angoisses, à tenter de dissimuler mes ténèbres aux autres, à me dissimuler derrière un masque... Mais elles sont toujours là, ses idées noires qui rampent jusqu'à moi une fois le soir venu, en plein jour aussi évidement sinon tous serait trop simple. Ses pensées qui me disent qu'ils seraient tellement plus simple de tout détruire, d'en finir au lieu de me mentir...
Pourquoi ce blog?! Pour qui? Je ne sais pas vraiment au fond, et pourtant vous me l'avez souvent demandé... Est-ce pour moi, pour m'éviter de péter définitivement un câble?! Je ne sais pas. Tout ce que je fais pour l'instant, c'est d'écrire et ensuite... Peut-être que le monde explosera.
US
Marie ré-enfila sa basket gauche, remis en place une mèche de cheveux, mordit machinalement dans son pain au chocolat et repris sa course jusqu'à l'arrêt du car communal. Hervé, l'air un brin amusé, lui adressa un grand salut de la main et ouvrit les portières avant.
« En retard? demanda-t-il alors que la jeune fille montée dans le bus en reprenant son souffle »
L'adolescente lui lança un regard désespéré et il éclata de rire. Comme à son habitude, elle se laissa choir dans le premier siège venu, sous le regard outragée ou amusé des personnes âgées présentes dans le bus. Marie avala rapidement la dernière bouchée de son pain au chocolat, tenta de se re-coiffer tant bien que mal et remit ses écouteurs dans ses oreilles. Enfin au calme, et ayant héroïquement rattraper sa demi-heure de retard, elle se laissa aller. La tête appuyée contre la vitre, somnolente, elle laissa son esprit vagabonder.
Tout n'a pas commencé
Tout n'est pas si pressé (( 1))
Elle fredonna la chanson, sans vraiment y penser, tentant de calmer les battements frénétique de son coeur qui avait décidé de jouer au tambour. Elle n'aperçut pas le coup d'oeil intrigué d'Hervé, ni son demi-sourire, tout occupée à regarder le paysage. Elle adressa un sourire à la vielle dame assise en face d'elle, dans la rangée parallèle à la sienne. Celle-ci fronça les sourcils puis maugréa quelques choses que Marie n'entendit pas. La jeune fille détourna la tête en grimaçant puis se focalisa sur la route. Les habitants de ce petit village, complètement paumé mais charmant au demeurant, semblait décidés à la considérer comme une bête curieuse. L'adolescente s'enfonça dans son siége, pensive.
Ma foi, ce ne sont pas les seuls...
US
Joackim, négligemment appuyé à la rambarde de sa fenêtre, aspira une bouffé de nicotine puis recracha la fumée en faisant de petits ronds réguliers. Encore une nuit sans dormir. Il secoua d'un geste nonchalant la cendre de sa cigarette, la regardant tourbillonner dans les airs puis tomber sur les dalles de la terrasse sans aucun bruit. Il leva les yeux vers le ciel, d'un bleu idyllique et tira une nouvelle bouffé. Une mauvaise habitude qu'il lui avait laissé. Ce n'était pas la seul d'ailleurs, comme se réveiller en sueur et haletant d'un rêve que la ménagère de moins de cinquante ne devait évoquer qu'en rougissant... Il eut un sourire sardonique et fronça les sourcils en entendant un bruit de course sur la pelouse. Au milieu des arbres, les cheveux défaits volants en tout sens, elle courrait. Ses yeux se plissèrent, brillant d'une lueur mauvaise.
Quand on parle du loup...
Il regarda Marie disparaître derrière un bosquet et éteignit sa clope sur le béton de la rambarde.
US
Mais je t'en pries donnes-moi
Un peu de douleur...(( 1 ))
Granny avisa la jeune femme avec soulagement. Celle-ci ôta ses écouteurs, les rangea soigneusement dans son sac et referma son blouson.
« Il ne fait pas froid pourtant... songea la vieille dame »
Elle haussa un sourcil et contempla attentivement le visage de Marie. Les grands yeux bruns, rieurs mais intimidés étaient incroyablement triste. Des rides soucieuses apparurent sur son front. Elle s'avança rapidement vers la jeune fille et lui posa les deux mains sur les épaules.
« Quelques choses ne va pas? demanda-t-elle de but en blanc »
Marie sursauta puis leva la tête vers elle. L'espace d'un instant, son regard se brouilla, incertain puis elle secoua la tête et répondit en souriant:
« Ce n'est rien... - elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille droite – Je suis juste un peu en retard! »
Granny fronça les sourcils et jeta un coup d'oeil rapide à sa montre.
« Il me semble pourtant que vous êtes en avance... murmura-t-elle »
L'adolescente eut un sourire crispé et lança d'une voix timide:
« En faite, j'ai eu un réveil difficile... J'étais malade hier... »
C'est qu'une omission d'une partie de la vérité...
La vieille dame lui jeta un coup d'oeil inquiet et lui saisit vivement la main.
« Vous sauriez dû rester chez vous dans ce cas! Il ne fallait pas vous forcer! »
Marie secoua négativement la tête.
« Non! Non! Je vais beaucoup mieux maintenant! Je vous assures! »
Le regard azur de la vieille dame la fixa, cherchant à la sonder. Marie détourna la tête et souffla:
« Je dois y aller! »
Elle lui adressa un rapide sourire puis s'en alla, sa silhouette disparaissant derrière un des grands pins parasols. Granny la suivit du regard, soucieuse.
US
Benjamin passa prudemment la tête par l'entrebâillement de la porte et jeta un coup d'oeil dans le salon. Personne. Il repartit dans le couloir et trottina jusqu'à la cuisine. Il sourit en avisant Marie en train de ranger le balai dans le placard à ustensile ménager. Il mit un pieds dans la cuisine et... se cogna violemment dans une chaise.
« P'tain de bordel de ... Aïe!
La jeune fille sursauta et se tourna vers lui.
« Benjamin! Est-ce que ça va? Demanda-t-elle »
L'homme lui adressa un sourire courageux et alla pour s'asseoir sur la chaise...
« Oui! Oui! Ne t'en fais pas va! »
... et se cogna le dos dans l'angle d'un meuble. Marie grimaça et l'entraîna dans le salon. Il s'assit prudemment sur un des fauteuils alors que la jeune fille partait en direction de la salle. Il poussa un soupir et rejeta la tête en arrière.
« Benjamin? Tu es encore aller dans la cuisine? fit une voix masculine »
Il se redressa vivement et la première chose qu'il aperçut fut le gros sac de sport posé sur le sol. Son regard monta ensuite sur une solide paire de jambe, notant le jean un peu usé et la chemise bleu pâle. Il sourit en croisant une paire d'yeux gris inquisiteur.
« Salut Yannick! Déjà revenu de vacances? demanda-t-il »
L'autre s'approcha de lui et se pencha vers sa jambe, grimaçant à la vue du pantalon trouer et du mince filet de sang.
« Oui, oui... Les obligations familiales se sont achevées plus tôt que prévu... Comment t'as fait ton compte cette fois-ci? répliqua son ami en s'asseyant à côté de lui »
Benjamin ouvrit la bouche pour répliquer et sourit en avisant Marie redescendre les escaliers, un flacon de désinfectant dans une main et une boîte de pansements dans l'autre.
« Si vous continuez, je vais installer la boîte à pharmacie dans la cui... commença l'adolescente qui s'interrompit net en avisant le nouveau venu »
Yannick adressa un regard interrogateur à son ami qui eut un large sourire.
« Yann, je te présente notre nouvelle... femme de ménage: Marie! Marie, voici Yannick, le deuxième surveillant de la section débutant! »
Satisfait de ses présentations, BenJ se leva , se saisit des deux boîtes et entreprit de se soigner. Marie eut un petit sourire timide et hocha la tête en direction de Yannick.
« Bonjour. lança-t-elle »
L'homme lui répondit par un hochement de tête.
US
Marie regarda la salle de bains en grimaçant. Décidément, ses vacances prenaient de plus en plus des allures de ménage à la chaîne.
C'est vrai... Je frottes la salle de bains à la maison, j'astique une salle de bain au travail. Question dépaysement, j'pourrais mieux faire...
Elle soupira et se remit à frotter les carreaux blancs. L'odeur du produit était âcre, entêtante. Un vertige la saisit, bientôt suivit par une nausée. Elle occulta la sensation, frottant plus vigoureusement encore. L'odeur devient plus insistante et le vertige également. Elle finit par vaciller et tomber sur le sol du bac de douche. Son dos et sa tête rencontrèrent de façon brutale le carrelage froid. L'eau eut vite fait de tremper ses vêtements. L'espace d'un instant, un voile noir passa devant ses yeux. Elle se leva brusquement, manquant chuter de nouveau et alla renvoyé dans le lavabo. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Elle se laissa tomber à genoux, tremblante puis finit par se remettre debout et rinça le lavabo. Pour le re-nettoyer.
US
Étienne entra dans le salon par la grande baie vitrée, en sueur. Il mourait d'envie de prendre une bonne douche bien fraîche et de s'affaler devant la télévision. Il se dirigea vers l'escalier et fronça les sourcils en avisant le gros sac de sport qui traîner par terre. Il monta en lançant à la cantonade:
« Yannick? »
Une tête hirsute surgit de l'entrebâillement d'une porte, un doigt posé sur les lèvres. Ses yeux noirs pétillants, Benjamin chuchota:
« Chut! Il dort! »
Étienne hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et se fit le plus silencieux possible. Il se dirigea vers la porte de la salle de bains et y entra pour retrouver Marie. Accroupie à quatre pattes, la jeune fille semblait occupée à frotter activement le bac de douche, les écouteurs vissés sur les oreilles et fredonnant à mi-voix. Il ne put retenir un sourire puis toussota pour attirer son attention. Aucune réaction.
« Elle doit pas m'entendre avec la musique... pensa-t-il »
Il s'approcha un peu plus, juste au moment où la jeune fille se relevait. Il constata alors qu'elle était très pâle, presque blanche. Marie cligna des yeux, son corps vacillant vers l'arrière. Par réflexe, il étendit les bras et la soutient. L'adolescente resta un instant contre lui, sans bouger, les yeux clos puis sembla reprendre ses esprits. Elle se dégagea vivement, coupa son baladeur MP3 et se recula.
« Heu... Pardon! souffla-t-elle »
Étienne haussa un sourcil et demanda:
« Tu es sûre que ça va? »
La jeune fille eut un geste insouciant de la main et répondit avec un petit sourire.
« Oui! Oui! Ça doit être l'odeur des produits qui me monte à la tête... »
Le jeune homme eut une moue septique et haussa les épaules.
« Tu as bientôt fini? questionna-t-il encore »
La jeune fille hocha positivement la tête et répondit:
« J'ai juste à rincer... »
Il lui jeta un dernier coup d'oeil interrogateur puis s'en alla en lançant:
« Ah! OK! Merci! »
US
Oliver frappa contre la porte de bois et attendit. Une Marie échevelée, le souffle court vint lui ouvrir cinq minutes plus tard. Il lui adressa un sourire joyeux, notant mentalement la pâleur de son teint.
« S'lut! Ça va? salua le jeune homme »
Marie lui sourit légèrement et hocha la tête positivement. Ils entrèrent dans le couloir et Oliver sourit en avisant le gros sac noir.
« Yannick est rentré? demanda-t-il
Oui, il est allé se reposer. Vous êtes venu voir Benjamin? répliqua la jeune fille »
L'homme eut une grimace intérieur au vouvoiement et répondit:
« Oui, je suis venu lui apporter de la paperasse administrative. C'est bien que Yannick soit là, tu vas pouvoir faire connaissance avec toute la maison. »
La jeune fille lui sourit mais ne répondit pas. Ils arrivèrent devant la porte de la chambre de Benjamin et Oliver entra. Il avisa l'homme, penchait au-dessus d'une puce électronique en train de bidouiller il ne savait quel truc et il sourit. Marie lui adressa un dernier sourire et disparut au bout du couloir.
« C'est dommage qu'elle soit aussi timide... pensa-t-il »
Il secoua la tête et entra dans la pièce. BenJ redressa la tête et lui sourit:
« Salut ! lâcha-t-il »
Oliver hocha la tête et lui tendit une épaisse enveloppe en kraft. L'homme eut une légère grimace et s'en saisit alors que son collègue lançait d'un ton badin:
« T'inquiètes pas, c'est juste pour les emplois du temps. »
Benjamin grimaça et il éclata de rire.
« Au fait, ça se passe bien avec Marie? demanda Oliver d'un ton négligent »
L'homme lui adressa un sourire lumineux.
« Cette fille est une bénédiction. -il se frotta le menton- Un peu trop discrète peut-être... »
Les deux hommes échangèrent un regard entendu.
US
Yannick, attablé devant son ordinateur parcourait sans réel enthousiasme le Web, il n'arrivait pas à trouver le sommeil et n'avait pas envie de quitter sa chambre, alors il s'occupait comme il le pouvait. Son regard tomba sur une des photos accrochés à son écran . Il resta un instant à lorgner les sourires joyeux figer pour l'éternité, laissant ses pensées dérivées.
Comment on est arrivés là? Tout était si bien, avant... Aujourd'hui, l'école est en train de perdre son souffle, nous sommes au bord de la faillite. Peu à peu, on s'est éloignés les uns des autres. Nos rêves se sont brisés et on s'est séparés. Comment est-ce que ça a bien pu commencer?!
Il soupira puis secoua vivement la tête. Il retourna machinalement à l'écran de son ordinateur et cliqua distraitement sur un lien. Ses yeux parcourut en diagonale l'écran, s'en désintéressèrent puis revinrent brusquement sur une des lignes.
« J'ai 19 ans, bientôt 20 ans, j'habite dans une petite ville de campagne entre un lac et l'hôtel de ville et je suis un monstre. »
Finalement, il n'était pas le seul à se sentir mal. Il s'étira en arrière puis revint sur l'écran, étudiant plus attentivement le site qui s'avérait être un blog. Envie de vous dire.... Il hésita un instant, ses doigts au-dessus du clavier puis laissa ses doigts glisser sur le Touchpad et cliqua sur le lien Poster un commentaire. Ses doigts retrouvèrent le clavier et il regarda les mots s'inscrire sur le clavier.
« Cher « envie de vous dire », ... »
US
Marie regarda la salle de bains et se permit un petit sourire satisfait. Voilà, son travail de la matinée était achevée, les deux salles de bains de la maison était absolument ni-ckel. Il retient une danse du sushi de la victoire, on ne savait jamais qui pouvait débarquer derrière elle et se retourna. Le geste fut sans doute trop brusque puisqu'elle fut aussitôt assaillit d'un vertige violent. Sa vue se voilà de nouveau de noir et son corps s'affaissa. Sans même réaliser réellement ce qui se passer, l'adolescente tomba la tête la première contre le lavabo. Le haut de sa nuque heurta violemment le rebord en imitation marbre. Elle eut l'impression que son crâne explosait sous le choc et ce fut le trou noir.
US
Granny regarda en souriant les jeunes gens assit sous le porche en train de grignoter des sandwichs. Elle s'approcha d'eux et demanda :
« Vous n'auriez pas vu la petite Marie, par hasard?! »
Benjamin la bouche pleine, secoua négativement la tête. Étienne lui donna un petit coup derrière le crâne en lançant un « Tiens toi bien! » tandis que Yannick pointant un doigt vers étages lança :
« Je crois qu'elle était à l'étage en train d'astiquer la salle de bains... »
La vieille dame lui adressa un sourire reconnaissant et entra dans la demeure. Elle monta lentement l'escalier en observant avec un plaisir évident la maison à nouveau propre, sentant bon l'air frais.
« Après tout, j'avais raison... Ils leurs suffisaient juste d'une présence féminine... souffla-t-elle »
Elle se dirigea vers une des portes entrouvertes en souriant, bien décidé à accorder une après-midi de congé à la jeune fille et se figea sur le seuil. Marie était étendu sur le parquet, blanche comme un linge , les yeux clos. Un filet de sang coulait de sous son crâne, formant une petite flaque rouge sur le sol. Elle retient une exclamation étouffée et redescendit précipitamment. Yannick se leva en la voyant approcher en courant et lança d'une voix inquiète:
« Granny?! Il y a un problème? »
La vieille dame porta une main à son coeur et Benjamin se leva à son tour, l'air préoccupé pour venir la soutenir.
« Granny? demanda-t-il »
La femme reprit son souffle et dit d'un ton haché:
« C'est... C'est Marie... Elle... Elle s'est ... Sa tête, elle saigne et... Elle ne bouge pas.»
Étienne se leva précipitamment et bondit à l'intérieur de la maison. Ses deux supérieurs s'assurèrent que Granny reprenait bien son souffle puis montèrent avec la vieille dame à sa suite.
US
Étienne resta quelques secondes figeait. Les longs cheveux de la jeune fille commençait déjà à se poisser de sang et elle ne bougeait pas. Il s'accroupit prés d'elle et prit sa main dans la sienne.
« Marie? Marie? Est-ce que tu m'entends? demanda-t-il »
Aucune réaction. Il se pencha en avant et posa son oreille prés de la bouche de la jeune fille. Le souffle régulier d'une respiration eut l'air soulagé. Il avisa ensuite le sang et passa doucement sa sa main sur la nuque de la jeune fille. Il rencontra quelque chose de chaud et poisseux, puis retira ses doigts et contempla en grimaçant le sang sur ses paumes.
« Ça n'a pas l'air profond...lâcha-t-il, plus pour se rassurer lui-même qu'autre chose »
Il entendit des bruits de pas derrière lui et une main se posa sur son épaule.
« Alors? demanda la voix de Benjamin
- reprends son calme et regarde l'homme Je pense que ça va aller... La blessure n'a pas l'air trop grave et la nuque n'a pas l'air d'avoir été cassée... »
Granny eut l'air soulagée et Yannick s'approcha.
« Il vaudrait mieux la mettre sur un lit... murmura-t-il en se courbant »
Il examina avec attention sa nuque, la palpant doucement puis hocha la tête. Il la saisit ensuite délicatement sous la nuque, faisant en sorte de ne pas trop la bouger, et sous les genoux puis la souleva dans ses bras. Benjamin hocha la tête et sortit de la pièce.
« Je vais appeler le docteur Mounier... annonça-t-il »
US
Oliver, le nez plongé dans les emplois du temps de son groupe de chant haussa un sourcil en voyant Benjamin débarqué en courant dans le bâtiment du groupe pro. Ce dernier ouvrit brutalement la porte du secrétaire de Granny, fit tomber une avalanche de papier et finit par se laisser tomber au milieu des feuilles volantes.
« Mais où ce foutu numéro bon sens? marmonnait-il, tout en brassant le fouillis en tout sens »
Oliver haussa un sourcil, se leva et l'interpella:
« BenJ? J'peux savoir ce que tu cherches? »
La tête de son ami disparut dans le secrétaire alors qu'il répondait d'un ton haché:
« Le numéro du docteur Mounier – l'espace d'un instant, la respiration d'Oliver se bloqua mais le surveillant de la section débutant poursuivit – Marie est blessée à la tête, elle est inconsciente et... - il sortit vivement du meuble- Je l'ai! »
Sans même prendre le temps de se mettre debout, le jeune homme se saisit du téléphone posé sur le bureau et composa le numéro. Oliver mit un certain temps pour digérer l'information puis se précipita à l'étage. Au milieu de l'escalier, il se retourna vers Benjamin:
« Rejoins les autres à la section débutant, je vais dire à Aaron d'attendre le docteur et de l'amener... Je vais prévenir les parents de Marie. »
Les yeux noirs se levèrent vers lui et l'homme hocha la tête en signe d'acquiescement.
US
Aaron ouvrit la porte au médecin qui lui sourit. Dire qu'il connaissait ce bonhomme aux tempes grisonnantes depuis son enfance... Il esquissa un sourire de salutation puis l'entraîna vers la section débutant. Ils parlèrent peu, le jeune homme se contentant de lui rapporter le peu d'information qu'il avait à disposition. Ils arrivèrent enfin devant le bâtiment et Aaron monta à la suite du médecin à l'étage. Yannick sortit à cet instant de la salle de bains, une compresse à la main. Le regard des deux hommes s'accrochèrent puis Aaron détourna la tête et entendit nettement le soupir de l'autre. Pendant ce temps là, le docteur Mounier était entré dans la chambre. Ils le suivirent sans échanger une parole ou un regard. Le médecin examina la jeune fille, esquissa une grimace puis se releva.
« Rien de bien grave je pense. Mais il vaudrait mieux qu'elle reste au lit pendant un ou deux jours et qu'elle aille faire un scanner, histoire de vérifier que tout va bien. Elle s'est plainte de nausée en reprenant connaissance ? demanda-t-il »
Yannick, Benjamin et Étienne échangèrent un regard et se fut BenJ qui lâcha:
« Euh... Elle ne s'est pas réveillée docteur.»
Le brave homme fronça les sourcils et se pencha à nouveau au-dessus de sa patiente.
« Voilà qui est fâcheux... - il lui tapota doucement les joues - Mademoiselle?! »
Pas de réaction. L'homme examina plus attentivement la plaie prés du cuir chevelu et secoua la tête.
« Elle nous fait peut-être une petite commotion cérébrale. Vous pourriez appeler ses parents? »
Benjamin jeta un coup d'oeil à Aaron qui haussa les épaules.
« Pas eut de nouvelle d'Oliver depuis qu'il a disparut dans le bureau... »
Granny, qui jusque là était resté silencieuse, les regarda, hocha la tête et s'éclipsa en silence. Le médecin sortit de sa sacoche une seringue et dit d'un ton doux:
« Je ne pense pas que vous ayez quelques choses de grave, jeune fille, mais je vais toute de même vous faire une petite prise de sang. Vous êtes vraiment très pâle, il ne faudra pas nous faire une anémie en plus d'une commotion...»
Aaron regarda l'aiguille s'enfonçait dans le bras de le jeune fille alors que la seringue se remplisse de sang . Du coin de l'oeil, il remarque le tressaillement d'Étienne lorsque le médecin retroussa la manche de la jeune fille. Le docteur retira l'aiguille puis passa un coton imbibé d'alcool à 90° dans le pli du bras. La jeune fille était toujours immobile, blanche. Benjamin lança un regard inquiet au médecin:
« Qu'est-ce qu'elle a docteur, pourquoi elle ne se réveille pas? questionna -t-il »
Le médecin passa gentiment une main sur la joue de l'adolescente et souffla :
« C'est ce que j'aimerais bien savoir... »
US
Joackim, les jambes négligemment jetés sur l'accoudoir d'un des canapés du salon de la maison principale, feuilletait sans trop de conviction un journal.
« Pourquoi tous les quotidiens pense-t-il qu'ils doivent être aussi insipide pour se vendre? marmonna-t-il »
Il soupira puis se leva d'un bond en voyant Granny entrée dans la maison d'un air soucieux.
« Grand-mère? Il y a un problème? demanda-t-il »
Son aïeul lui lança un regard soucieux et annonça :
« C'est la petite Marie qui a fait un malaise. - il haussa un sourcil- Et elle n'a toujours pas re-ouvert les yeux... Le médecin veut contacter ses parents. »
Sa grand-mère disparut dans le bureau et il resta un instant seul, pensif. Il n'avait pas recroisé la jeune fille depuis son arrivée. Il haussa les épaules et se dirigea vers le bureau, interceptant une conversation au téléphone. Oliver, le combinée à la main, contenait visiblement avec peine sa colère.
« Je comprends bien que votre époux soit malade mais...Je suis conscient de cela mais votre fille est en train de ... - soupir résigné – Très bien ! Je vous appellerez dés qu'elle se réveille. »
Oliver raccrocha le combiné un peu violemment et se tourna vers eux. Granny haussa un sourcil perplexe alors qu'Oliver crachait d'une voix furieuse:
« Est-ce qu'on a déjà vu des parents ne pas se soucier de leurs enfants parce qu'ils ne connaissent pas le chemin pour venir la chercher?! »
Granny ferma les yeux et posa une main sur son coeur. Le geste alerta Joackim:
Granny? appela-t-il »
La vieille dame sursauta puis se tourna vers lui.
« Oh! Pardon, je ne t'avais pas entendu entrer Joackim... fit-elle avec un sourire enfantin et désarmant »
Le jeune homme secoua la tête amusé.
« Alors? demanda-t-il
Ses parents sont dans l'impossibilité de venir la chercher. Ils disent que ça doit être une de ses crises de vertiges associé au fait qu'elle se soit coucher tard hier soir... Comme ils ont une autre fille de deux ans et demi, avec une bronchite, ils ne veulent pas prendre le risque de sortir. De plus, le mari se sent mal et la mère ne conduit pas - répliqua son frère – Elle devra passer la nuit ici.»
US
Marie bougea légèrement la tête et poussa un gémissement de douleur. Pourquoi son crâne s'était-il mis sous le passage d'un troupeau d'éléphants? Une vive douleur l'élança à la base du crâne. Elle entendit vaguement un raclement de chaise prés d'elle et sentit une main se poser sur son front.
Là les mains froides...
Une voix masculine s'éleva, la forçant à ouvrir les yeux.
« Marie?! »
Elle aperçut entre ses paupières à demi-close le regard noir ébène d'Étienne. Elle tenta de se redresser mais fut retenu par deux mains fermes qui la maintenir sur le lit. Elle cligna des yeux et vit Étienne remonter doucement les couvertures sur elle.
« Qu'est-ce que...? demanda-t-elle, la voix curieusement pâteuse »
Le jeune homme se rassit sur la chaise prés du lit.
« Tu t 'es évanouie et tu t'es cognée la tête contre un meuble en tombant. Le docteur pense que tu fait une petite commotion cérébrale, tu dois rester allongée et ne pas bouger. »
Marie sentit la fatigue l'envahir et tenter de résister:
« Et...mes parents?... demanda-t-elle »
Il y eut un silence puis Étienne souffla, passa doucement sa main sur son avant-bras.
« Ils n'ont pas pu venir. répondit-il »
La jeune fille eut un sourire un peu triste et murmura, avant de s'endormir.
« M'étonnes pas. »
Étienne ne dit rien se contentant de passer ses doigts sur les fines cicatrices qui marquait l'avant-bras de la jeune fille. Il resta un long moment à fixer les petites marques, à peine visible, juste une traînée blanche sur la peau bronzée.
US
Benjamin entra sur la pointe des pieds dans la chambre et ne put retenir un sourire en avisant Marie recroquevillée sur elle-même et serrant le drap dans ses bras. Il posa doucement le plateau contenant le petit-déjeuner de la jeune fille sur le bureau et resta un instant perplexe en avisant Étienne, avachi sur le pouf.
« Il craque sur Marie maintenant? pensa-t-il brièvement »
Il se pencha vers lui, le saisit à l'épaule et le secoua doucement. Le jeune homme grogna un peu, cligna des yeux puis leva un regard interrogatif vers lui.
« Kékyia? demanda-t-il dans un bâillement »
Benjamin eut un léger sourire et répliqua à voix basse:
« Je peux savoir ce que tu fiches encore dans la chambre de Marie? »
Étienne se renfrogna et détourna le regard.
« J'ai dû m'endormir... marmonna-t-il »
Le surveillant se retient de lever les yeux au ciel et souffla:
« N'oublie pas que c'est aujourd'hui qu'arrive Idriss... Essaye de ne pas l'étrangler dés qu'il aura posé un orteil dans la maison, s'il te plaît. Ah! Et puis Joackim aussi est de retour, depuis hier. Lui, évite le tout court, pas envie de faire revenir le docteur Mounier, moi.. »
Étienne lui lança un regard réfrigérant que l'homme ignora royalement. En presque trois ans de vie « commune », il avait appris à gérer les sautes d'humeur du jeune homme. Marie choisit ce moment pour se mettre à gigoter dans le lit, marmonnant dans son sommeil. Les deux garçons tournèrent le regard vers elle, silencieux. La jeune fille gigota encore un peu, eut un sourire dans son sommeil puis bascula sur le ventre. Benjamin eut un petit rire amusé puis fit signe à Étienne de quitter la pièce. Celui-ci récupéra sa veste qui traîner sur la paterne et jeta un dernier coup d'oeil à l'adolescente, son regard s'attardant ses bras .
US
Yannick était assit sur la terrasse, profitant avec un plaisir du soleil chaud de ce mois de juillet. Il saisit une tartine est entreprit de la tartiner consciencieusement d'une épaisse couche de nutella. Benjamin débarqua, suivit de prés par un Étienne échevelé, une tasse de café fumante à la main. Il regarda son ami, qui effectua une grimace significative et marmonna:
« Tu crois pas que t'as passé l'âge d'un p'tit-déj au nutella? »
Yannick sourit et secoua négativement la tête tout en mordant avidement dans sa tartine.
« Tout de même à vingt-cinq ans, on pourrait croire que tu agirais dignement en te contentant d'un bon café arabica... poursuivit BenJ en s'asseyant à ses côtés »
Étienne, qui s'était assit sur une des marches en bois de la terrasse, avala une gorgée de thé à la menthe et répliqua:
« Parce que boire du café est un signe de maturité maintenant?
Oui! fit fièrement Benjamin, avalant une gorgée du breuvage »
Étienne et Yannick échangèrent un regard désespéré puis sursautèrent quand une musique rythmée s'éleva dans l'air :
Alors ouais j'me la raconte
Ouais, ouais je déconnes ((2))
Ils se tournèrent d'un même mouvement vers Benjamin qui écarquilla les yeux puis posa sa tasse de café et se leva précipitamment:
« Et merde quel con! J'ai oublié de débrancher le réveil !»
Il partit en courant dans la maison, suivit du regard par les deux jeunes hommes. Il y eut un court silence durant lequel on entendit le surveillant cavaler puis Yannick lâcha:
« Irrécupérable. »
Étienne opina de la tête et avala une gorgée de thé, tournant son regard vers le paysage.
US
Marie poussa un soupir de bien-être et se blottit un peu plus dans son lit. Elle tira le drap jusqu'à sous son nez et eut un petit sourire qui s'effaça lorsque retentit à fond dans la chambre:
Alors ouais, j'me la raconte, ouais, ouais, je déconne
Nan, nan, c'est pas l'école qui m'a dicté mes codes
On m'a dit qu't'aimais le rap, voilà de la boulette
Sortez les briquets, il fait trop dark dans nos têtes ((2))
La jeune fille fit un bond de trois mètres, une violente douleur à la nuque achevant de la réveiller et ouvrit de grands yeux. Elle cligna des paupières, se remit de sa surprise puis regarda autour d'elle.
Euh... Ché pas ma chambre ça...
Elle fixait d'un air perplexe le lit une place aux drap blanc, les rideaux ouverts sur une fenêtre derrière laquelle se balançait nonchalamment les branches d'un rosier grimpant. Elle entendit un bruit de cavalcade et la porte s'ouvrit en grand sur un Benjamin un peu essoufflé.
« Ah... Tu es réveillée... fit-il, l'air profondément dépité
Euh... Oui! constata Marie, un peu perdue »
Le visage de Benjamin se décomposa et il se jeta sur le lit, prenant l'adolescente dans ses bras.
« Je suis désoolllléééé... dit-il en chouinant »
Marie resta un instant hébété sans bouger puis lui tapota gentiment le dos.
« Euh... record du nombre de « euh » en moins de trente secondes battus! C'est pas grave, Benjamin. Fallait bien que je me lèves un jour.»
L'homme renifla puis se redressa légèrement, la fixant de ses grands yeux de chatons-trop-mimi-qui-ont-perdus-leur-mère-mais-qui-sont-super-content-de-vivre-chez-toi-et-puis-c'est-pas-grave-si-on-fait-que-des-bêtises-hein? et lança :
« Tu m'en veux pas, alors?! »
Marie eut un sourire.
« Non. »
Les grands yeux s'illuminèrent.
« Youpiiiii! »
BenJ fit basculer la jeune fille en arrière sur le lit, exultant et provoquant un fou rire chez Marie. Une voix masculine s'éleva derrière eux:
« Euh... Je te déranges peut-être Benjamin?! »
US
Idriss resta un instant immobile, contemplant la scène d'un air amusé puis se décida à prendre la parole:
« Euh... Je te déranges peut-être Benjamin?! »
Son intervention eut le mérite d'être efficace, les deux jeunes gens devenus brusquement silencieux se redressèrent dans le lit d'un seul coup. Le jeune homme eut un sourire narquois puis retient une grimace en voyant les yeux de son surveillant s'illuminer d'un coup. Celui-ci bondit hors du lit et se précipita sur lui:
« Idriiiisss! s'écria-t-il »
Sous le regard prodigieusement intéressé, et quelque peu moqueur, de la jeune inconnue du lit, l'homme le prit dans ses bras et le souleva du sol.
« Tu m'étouffes... râla Idriss »
BenJ le relâcha aussitôt puis tapota son pull et lui adressa un sourire enfantin:
« Tu es arrivé depuis longtemps?! demanda-t-il plus sérieusement »
Le jeune homme haussa les épaules et répondit laconiquement:
« Il y a environ trente minutes. J'ai pris le bus d'Hervé. »
L'inconnue eut un sourire et BenJ se tourna vers elle, les yeux taquins.
« Ah... Le protecteur de notre jeune demoiselle?! fit-il en souriant »
L'inconnue haussa un sourcil interrogateur et le regarda sans comprendre. Le surveillant aborda un grand sourire et s'expliqua:
« Il est venue en panique hier soir demandé si " Marie n'avait pas eut un problème parce qu'elle n'était pas à l'arrêt ce soir " »
La susnommé Marie ouvrit de grand yeux authentiquement surpris puis se cacha la tête sous les draps. Idriss se tourna vers son surveillant qui ouvrit de grandes mirettes et lança d'un ton tranquille:
« T'as pas honte d'embêter les jeunes filles à ton âge?! »
La jeune fille ressortit la tête de sous le drap et lui adressa un regard amusée. Benjamin leur lança à tout les deux un regard perplexe puis croisa les bras sur son torse et adopta un air boudeur. Les deux adolescents éclatèrent de rire.
US
Étienne posa sa tasse dans l'évier puis jeta un coup d'oeil à la vaisselle sale de la veille qui traînée et se saisit d'une éponge en soupirant. Il était en train de savonner, sans grand enthousiasme, une pile d'assiette lorsqu'il entendit des rires provenant de l'escalier. Il eut un petit sourire en entendant la voix de Benjamin, volontairement enfantine et boudeuse, pester à propos d'adolescents qui n'avaient plus aucun respect pour leurs aînés et entrepris de rincer les couverts. La porte de la cuisine s'ouvrit brusquement sur un surveillant tenant, dans un équilibre précaire, un large plateau suivit de deux adolescents. Étienne ouvrit la bouche, les mains pleines de savon mais avant qu'il n'est eut le temps d'intervenir BenJ butta contre un défaut inexistant du plancher et s'affala royalement au sol, le nez dans un fond de jus d'orange. Marie, encore décoiffée et échevelée, eut un petit bruit horrifié et se précipita à ses côtés.
« Benjamin? Ça va? demanda-t-elle »
Étienne eut un soupir en voyant l'homme roulait sur le dos et acquiescer de la tête. Idriss, qui s'était tenu en retrait en l'apercevant, secoua la tête de dépit.
« Ça s'est pas arrangé à ce que je vois... marmonna-t-il en entreprenant de ramasser les dégâts »
Sans un mot, il mit la vaisselle intacte sur la table et alla chercher une serpillière pour éponger les dégâts. Marie le regarda partir puis lui jeta un coup d'oeil perplexe et haussa insensiblement les épaules . Elle entreprit de relever Benjamin, qui était toujours au sol, l'air vaguement sonné. Elle grimaça en avisant la petite bosse qui commençait à pointer son nez sur le front du maladroit.
« Bon... Il y a encore de l'alcool et des pansements dans la pharmacie du bas? demanda-t-elle en le regardant »
Étienne la regarda, un peu surpris puis opina d'un mouvement de tête tout en se saisissant de la vaisselle rescapée .Il eut un petit sourire en voyant l'adolescente entraînée l'homme vers la salle de bains.
« Naon! Veut pas y aller! Ça pique l'alcool! chouina Benjamin »
Étienne fixa un instant le flacon de liquide vaisselle d'un air désespérer puis souffla profondément.
Et c'est ça qui est censé être notre professeur?!
US
Benjamin regarda la jeune fille se dressait sur la pointe des pieds pour se saisir du petit flacon d'alcool à désinfecter et ne put retenir un sourire. Tandis qu'elle était en train d'asperger un coton du produit, il lança d'un ton tranquille:
« Alors toi aussi tu as remarqué?! »
Marie redressa la tête et lui adressa un regard interrogateur. Son sourire s'élargit et il s'expliqua obligement:
« Étienne et Idriss ne sont pas... bons amis dira-t-on »
La jeune fille tamponna sa bosse et l'égratignure de son front avec le coton imbibé et il esquissa une grimace. Il entendit la jeune fille pousser un soupir et murmurer:
« J'ai l'impression qu'il n'y a pas grand monde qui s'entend dans cette école. »
Il inclina légèrement la tête sur le côté et la regarda droit dans les yeux:
« Tu es perspicace dis-moi... lança-t-il »
L'adolescente sursauta et rougit.
« Je... Je suis désolée, je ne... »
Benjamin eut un petit rire sans joie puis lâcha dans un souffle:
« Ce n'est pas grave. C'est malheureusement la réalité de toute façon. »
Ils restèrent silencieux quelques minutes puis BenJ se redressa et lui saisit les mains en souriant.
« Allez! Il ne faut pas que cela te tracasse... D'ailleurs – il posa son majeur droit sur son nez – il t'est formellement interdit de t'inquiéter ou de te fatiguer tant qu'on ne saura pas ce qui t'es arrivé hier soir. »
Il se pencha en avant et lui plaqua un baiser sonore sur le front. La jeune fille resta interdite et il en profita pour filer en vitesse de la salle de bain et accessoirement échapper au coton imbibé d'alcool. Il croisa Yannick dans l'escalier, qui le regarda descendre les marches quatre à quatre d'un air perplexe, puis un « Benjamiiiiiiiiinnn! » outrée retentit alors que Marie surgissait de la salle de bain, le flacon d'alcool à la main. Il lança un regard faussement terrifié à son collègue puis partit en riant vers le salon, poursuivie par une adolescente vociférant.
US
Yannick resta un court instant planté au beau milieu de l'escalier, ahuri puis eut un minuscule sourire et , retournant sur ses pas, descendit l'escalier. Idriss, son sac sur l'épaule et les yeux rieurs s'apprêter à monter ranger ses affaires. Il s'arrêta à sa hauteur et le salua en souriant.
« S'lut Yannick! T'as passé de bonne vacances?! »
L'homme hocha positivement la tête, son regard accrochant le sourire hilare de l'adolescent. Celui-ci lui fit un clin d'oeil et poursuivit d'un ton négligent:
« Benjamin à l'air de s'être trouvé une amie. »
Yann sourit et précisa:
« En effet. C'est la nouvelle femme de ménage, Marie. Elle est là depuis deux semaines et demi, Benjamin l'a adoptée apparemment. »
Idriss cligna des yeux puis fut pris d'un véritable fou rire:
« Deux... Deux semaines? - il prit une profonde inspiration- Et elle a pas prit peur? Hé bien! Elle est coriace! »
Le surveillant sourit et à nouveaux opina de la tête. Le jeune homme lui adressa un dernier regard hilare puis entreprit de remorquer son sac jusqu'à sa chambre. Il se retourna lorsque son supérieur l'interpella du bas des escaliers:
« Idriss?!
Humm?!
On a un entraînement de danse tout à l'heure. Onze heures trente piles.»
Le jeune homme grimaça puis opina de la tête et se dirigea vers sa chambre. Yannick eut un sourire et se dirigea vers le salon.
US
Granny, un peu essoufflée, fronça les sourcils en avisant la section débutant silencieuse et apparemment déserte. Elle franchit néanmoins la véranda et gagna le salon. Un petit sourire étira ses lèvres lorsqu'elle aperçut Marie, recroquevillée sur elle-même dans le canapé, les yeux clos sur des rêves paisible. Elle se pencha vers l'avant et remonta doucement la couverture sur l'adolescente. Celle-ci sursauta, l'aperçut et se redressa brusquement. La vieille dame eut une légère grimace puis sourit et lança :
« Désolée de t'avoir réveillée. »
Les lèvres de Marie se retroussèrent sur un sourire hilare sous le regard un peu perplexe de la vieille dame. La jeune fille s'en aperçut et toussota discrètement pour s'éclaircir la gorge et reprendre son calme. Les yeux de Granny pétillèrent d'amusement et elle demanda à la jeune fille, qui se redresser:
« Tu ne saurais pas où sont les garçons par hasard?! »
Marie secoua négativement la tête, bailla puis fronça les sourcils et plissa des paupières:
« Euh... Je crois qu'ils avaient parlé de répéter... bredouilla-t-elle d'une voix endormie »
Le visage de la grand-mère s'illumina et elle pirouetta sur elle-même, faisant virevolter sa jupe comme une adolescente. Elle re-partit en direction de la véranda puis stoppa et se retourna vers une Marie un peu perplexe:
« Ça te dirais d'aller les voir répétés? demanda la vieille dame, un sourire jusqu'aux oreilles »
L'adolescente hocha la tête, le regard curieux. Granny lui saisit la main et l'entraîna à travers les jardins.
US
Dissimulées derrière un épais bosquet de forestia au fleur jaune vif, une immense salle de spectacle, il ne vient pas d'autre mots pour le définir à l'esprit de Marie, avait été installé. Au fond d'une grande étendue d'herbe qui descendait en pente douce avait été construit une scène de taille modeste qui avait pour toile de fond des chênes et des hêtres centenaires. La jeune fille stoppa net alors que sa compagne s'approchait de Yannick, qui se tenait en retrait en train de ranger des câbles électrique. Le regard brun foncé de la jeune fille resta un instant accroché à l'apparition un tant soit peu irréaliste jusqu'à ce qu'elle remarque une silhouette sur la scène. Benjamin, assit sur une chaise de bar, une guitare en travers de ses cuisses, se mit à chanter d'une vois douce, un peu nostalgique:
Ouou, Yeah, Ouou, Oooh
Lentement, j'ai senti poussé
Au fond de moi cette idée
Lentement elle s'est installé
Marie s'approcha, fascinée par le changement opéré chez l'homme. L'homme-adolescent un peu fou laisser place à un homme sûr de lui, plein de charisme et d'une force tranquille, rassurante.
Et d'un soupir à crié
A qui dois-je m'adresser
A qui dois-je sussurer
Les mots doux enchantés
L'ai calme et posé, le regard perdu dans le vague, il semblait un autre. Le parfait reflet des paroles qui s'égrenait avec douceur de ses lèvres. Sans s'en rendre compte, Marie s'était approchée de la scène, le regard toujours scotché à Benjamin.
Qui font briller la boule de côté
Qui font briller la boule de côté
Qui fait briller la boule
Et je ne sais quoi penser maintenant
Je veux me glisser contre elle lentement
Et je ne sais quoi penser maintenant
Vers la dame qui fait oublier en caressant ... ((3))
La chanson s'acheva mais pas le charme de l'instant. Benjamin croisa son regard et lui sourit gentiment, l'air encore un peu ailleurs.
Il est habité par la chanson...
L'adolescente leva les yeux vers les lumières, son regard se perdant dans la ligne de frondaison des arbres. Sans trop savoir pourquoi, elle avait la sensation qu'à cet instant précis, quelque chose venait de se réveiller en elle.
US
Étienne, qui avait finit de ranger les CDs qu'ils avaient utilisés pour la chorégraphie et l'échauffement, aperçut du coin de l'oeil Marie. Il tilta, sa mémoire superposant deux souvenirs bien trop pénible.
Le froid de la lame sur sa peau, l'envie de commettre l'irréparable... Des anciennes cicatrices, très pâles sur un avant-bras bronzé.
Il secoua la tête, chassant ses idées noires puis reporta son attention sur la jeune fille. Le regard dans le vague, les cheveux poussés devant son visage par le vent, elle se tenait debout, bien droite fixant la scène. BenJ, un peu inquiet, l'interpellait depuis déjà une bonne minute mais son attention semblait ailleurs, rivés sur quelque chose sur la scène.
« Où sur la scène elle-même. souffla un recoin oublié de l'esprit du jeune homme »
Marie sembla enfin redescendre sur terre, au grand amusement mais aussi soulagement de BenJ, et se mit à piquer un fard sous les remarques de l'homme. Un bruit dans le bosquet le fit hausser un sourcil et il tourna la tête. Le docteur Mounier venait de surgir du bouquet d'arbre suivit de prés par Joackim et Oliver. Ce dernier le salua d'un sourire et partit avec le médecin en direction de Marie et de Granny qui l'avait rejoint. Abandonnant sans regret un Joackim qui le fixer d'un air goguenard , il se dirigea vers le petit groupe. Mounier salua BenJ d'une poigne de main ferme puis se tourna vers Marie, les sourcils haussés en quasi accent circonflexe. La jeune fille resta stoïque alors qu'il égrenait les mots sur un ton ennuyé:
« Hé bien Mademoiselle, on peut dire que vous êtes un sacré cas médical... - il entraîna la jeune fille à l'écart en la saisissant par le coude – Vous nous battez des records, carences en vitamine et magnésium en même temps, ce n'est pas courant... - il la regarda droit dans les yeux – Plus du stress et de la fatigue et une légère commotion cérébrale, ça fait forcément pas bon ménage. Il va falloir vous reposez immédiatement jeune fille... »
Marie répondit en hochant la tête positivement, grimaçant légèrement.
US
Oliver monta l'escalier quatre à quatre, le sourire aux lèvres et les clefs de voiture à la main. Granny, qui connaissait le docteur Mounier depuis que celui-ci exerçait, avait profité de son examen mensuel à cause de son diabète pour cuisiner celui-ci sur sa petite protégée, Marie B. Il en avait résulter peu de choses, secret médical oblige, mise à part que la jeune fille avait besoin de repos et de détente. Aussi c'était-il vu dans l'obligation de ramener Marie en voiture jusqu'à chez elle, un voyage en car étant trop « stressant ». Il secoua la tête avec amusement et se dirigea vers la chambre d'amis du fond du couloir qui avait servi de chambre à Marie. Il posa la main sur la poignée et se figea net en entendant la voix d'Étienne, visiblement en colère:
« On peut savoir à quel jeu tu joues?!
Hein?! Fit la voix de Marie , visiblement pas préparé à se déchaînement de colère
Ça t'amuse de faire s'inquiéter tout le monde autour de toi?! Bon Dieu, j'ai bien cru que tu allais devoir partir à l'hôpital!
... Parce que tu crois que ça m'amuse d'être tomber les pommes?! la voix de la jeune fille avait monté d'un cran
Comme si tu ne savais pas pourquoi...
Je peux savoir de quoi tu parles?! ton perplexe
De quoi je parles?! DE QUOI JE PARLES?! Je parles de ces marques sur tes poignets et tes avants-bras... C'était quoi cette fois-ci?! Tu as essayé des cachets?! Huuumm?! Mademoiselle a eut une petite contrariété et elle s'est dit tiens, je vais en finir?!
... »
De l'autre côté de la porte, le visage d'Oliver devient blanc de craie et il recula de quelques pas, comme si un coup venait de lui être porter en pleine poitrine.
Des marques?! Des cachets? Il ne veut pas dire qu'elle..? pensa-t-il
US
Marie regarda le jeune homme devant elle, vibrant de colère. Une part d'elle-même se sentie étrangement heureuse. Heureuse de constater que quelqu'un se soucier de sa vie. Mais une autre partie d'elle-même, la plus sombre sans doute, ne demander qu'à exploser, libérer sa souffrance:
« Je trouves que tu t'attribue un peu facilement le beau rôle, non? Après tout, i peine trois semaines de cela , c'est bien toi que j'ai empêché de sauter du haut d'un pont ! répliqua la voix glaciale de Marie après un silence »
De l'autre côté de la porte, Oliver s'affala au sol, choqué. Trop de chose lui parvenait d'un coup, lui ouvrant brutalement les yeux sur son monde.
« Ce... Ça N'A RIEN A VOIR! - la voix d'Etienne avait monté d'un cran- Je... Je n'allais pas vraiment sauté de toute façon ... - voix faible – Je crois que je n'en aurais pas eut le courage d'assumer le fait que...
Le fait que ça rate? Que tu survives malgré tout? acheva Marie d'une voix fatiguée
... Oui.
... C'était la même chose pour moi. souffla l'adolescente »
Oliver sentit son coeur se serrait. Ces mots avaient été dit d'une voix si calme, si détachée. Un frisson le parcourut. Le même timbre de voix, la même quasi-indifférence. Il redressa la tête et se passa une main sur le visage, tremblant légèrement.
« Je... - la voix de Marie hésita – J'ai eu un moment de ma vie, quand j'étais encore au lycée, qui... qui a été une lente descente aux Enfers... Sans que je saches pourquoi, peut-être trop de changements d'un coup, une peur irrationnelle c'est installé en moi... Je... Je me suis haï pendant des mois, chaque jour d'avantage... Jusqu'au jour où... Où je me suis dit que le plus sûr moyen de ne plus souffrir c'était de ne plus être là, de m'en aller... Alors j'ai commencé par me taillader les bras... La douleur prouvée que j'étais encore là, que je vivais encore... Et puis... Et puis... - la voix de Marie se brisa et Oliver sentit les larmes roulées sur son visage, ses doigts se crispant sur la moquette, ses jointures devenant blanche-
Et puis tout c'est enchaîné, tu te haïssais et tu haïssais ce que tu devenais. Tu es devenue incapable de contrôler ta vie, de pouvoir te fixer dans le miroir, tu t'es mise à t'isoler, à ne plus parler, ne plus sortir, à couper les ponts avec tout ce qui t'as été cher... A ne plus vivre. acheva la voix d 'Étienne,d'une manière haché
... - sanglots- ... Et puis est venue le jour où j'ai réellement voulu en finir... Où j'ai avalé ses cachets, mais pas une dose assez forte, pour en finir. Mais où personne n'a rien remarqué, si ce n'était le fait que je fonctionner au ralentit... - la voix de la jeune fille se raffermit légèrement – Et là, là, j'en ai voulut au monde entier. Je me suis dit que c'était injuste que personne ne fasse attention à personne. Que des gens manquent de se tuer volontairement, sans que personne ne le sache. Que des gens soient dans une telle détresse qu'ils n'aient plus d'autre choix que de se tuer... Je me suis regardé dans le miroir et je me suis dit que si j'étais trop lâche pour réellement en finir alors je devais me battre... »
Oliver cessa de lutter contre ses larmes. La voix était redevenue fière, sûre d'elle. Les sanglots silencieux inondés ses joues, laissant un goût salé sur ses lèvres. Il ne pouvait pas partir, quelques choses au fond de lui le retenait et il renversa la tête en arrière, attentif.
« Je me suis juré que j'allais leur montré que j'existe. Que je suis-là et que plus jamais je n'allais me rendre compte que personne ne se soucier de moi. Je me suis promis d'arriver au bout de mes rêves, de sortir du néant et de faire un grand bras d'honneur au monde et de lui dire « Je suis là et je vis! » »
Étienne eut un rire étouffé par les sanglots qu'il versait puis lâcha, la voix un peu étranglé:
« Tu es une sacrée nana, dis-moi. - il respira un grand coup - ... C'est drôle, c'est la première fois que j'ai l'impression de trouvé quelqu'un comme moi. On a toujours l'impression d'être seul au milieu des ténèbres...
Ça c'est parce qu'il est tellement plus facile de se battre contre soi-même que contre le monde qui nous entoure. A force, on finit par penser que c'est la dernière option... Mais bon, j'ai décidé que quitte à être le vilain petit canard, autant le faire dans les règles de l'art, non?! »
US
Oliver entendit Étienne éclater de rire et sourit à travers ses larmes. Il se leva en silence et se dirigea vers la salle de bains. Il se passa lentement de l'eau sur le visage et regarda ses yeux rougis dans la glace. Il resta un long moment silencieux, envahit de sentiment et d'envie contradictoire. Il donna brusquement un coup de poing dans le miroir, les larmes roulant de nouveau sur ses joues. Une vague de nausée l'envahit et il alla vomir sa bile dans les toilettes. Il resta de longues minutes au-dessus de la cuvette, le coeur au bord des lèvres puis vomit de nouveau. Il se redressa ensuite, ôta son tee-shirt, puis son pantalon et son boxer et entra dans la cabine de douche. L'homme ouvrit à fond le jet d'eau chaude et laissa l'eau brûlante inondé son corps. Il était secoué de sanglots convulsif, impossible à arrêter. Ce n'est qu'après une bonne vingtaine de minute qu'il stoppa l'eau et sortit de la cabine. Sa peau avait virée au rouge vif et il s'enveloppa dans une épaisse serviette. Il croisa son regard dans le miroir et souffla:
« Pourquoi faut-il qu'il y est tant de gens qui souffrent sur Terre? »
US
Étienne contempla la jeune fille, endormie prés de lui. Il eut un léger sourire et se leva du fauteuil. Il allongea ensuite l'adolescente avec douceur et la recouvrit d'une couverture. Il resta un instant à la contempler, songeur. Suit à sa « révélation », il s'était surpris à lui parler. Sans pouvoir s'interrompre, sans même le vouloir. Tout était sortit : son mal-être, la pression de ses frères, de ses « amis » aussi, Myriam et la douleur de la voir le haïr, la douleur de l'avoir fait souffrir. Et elle l'avait écouté, patiente, attentive. Il avait fini par la prendre dans ses bras, la serrant contre lui en constatant qu'elle pleurait. Il l'avait doucement bercé, comme une petite soeur que l'on console et il avait écouté à son tour. La solitude. La peur presque panique de ne pas réussir. Il lui avait caressé les cheveux, sans parler, l'écoutant déballer par phrase monosyllabique son mal-être. Ils avaient fini par se séparer l'un de l'autre, mal à l'aise de s'être laissé à des confidences aussi personnelles avec un inconnu. Ils étaient pourtant rester côte à côté sur le canapé de la chambre, durant de longues minutes, le silence uniquement ponctué par le bruit de la douche qui coulait drue. Puis Étienne avait sentie Marie bougeait prés de lui et avait constaté qu'elle s'était endormie. Sans doute épuisée moralement et physiquement. Il sortit de la chambre à patte de velours et referma doucement la porte. Pour se retrouver nez à nez avec Oliver, les yeux rouges, une serviette autour de la taille. Celui-ci resta un instant immobile au milieu du couloir, le regarda, hocha la tête avec un vague sourire et descendit l'escalier un peu précipitamment. Étienne resta immobile au milieu du couloir.
Il sait.
A suivre...
((1)) Un peu de douleur par Superbus, Wow
((2)) La boulette ( Génération Nan-Nan) par Diams, Dans ma bulle
((3)) Lentement par Pep's, Au sourire de l'âme