Auteur : Mouf-Mouf
Disclaimer : Ils rejoignent la fine équipe de Et Merde !, alors à moi !
Genre : Noël, pas douétude, humour, romances yaoi… Je teste de nouveaux cocktails !
Note : Salut tout le monde ! Bon, cet OS est le premier du recueil One year of love, qui si tout va bien devrait en rassembler un pour chaque mois. Je ne garantis pas de couvrir tous les mois, c'est l'inspiration qui décidera ! Enfin, j'espère que ça vous plaira !
Note 2 : Je sais je poste en avance, mais je pars demain matin en avion pour ne revenir que dans une semaine ! Circonstances atténuantes !
Décembre
Lou but une gorgée de son capuccino brûlant, sentant son corps se réchauffer doucement comme sa précieuse drogue se répandait dans ses veines. Il jeta un regard au-dehors, où une pluie drue continuait de tomber. Des gens pressés et trempés bravaient à grands pas la pluie glaciale, glissant parfois sur les plaques de verglas formées dans les creux de trottoir. Certains jetaient des regards envieux à l'intérieur du café où régnait une douce chaleur, au point que Lou se décida à se délester de sa longue écharpe multicolore avec un clin d'œil à un passant jaloux.
-T'as fini d'aguicher tout ce qui bouge ?! s'exclama une voix qui contournait le comptoir. Même les pauvres gens gelés maintenant, tu t'aggraves mon Louis ! finit-elle en se plantant devant lui.
Le jeune homme adressa un sourire grimaçant à son ami qui s'était emparé de verres à essuyer.
-Ne m'appelle pas comme ça… Aliocha, ajouta-t-il d'un air moqueur.
Le jeune serveur lui adressa un regard noir.
-Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! Déjà que Ben adore se foutre de moi avec ça, c'est devenu mon nouveau surnom officiel ! Arrête de rire !
Indifférent à la colère de son ami, Lou riait de bon cœur. Si on lui avait dit que son meilleur ami de maternelle sortirait un jour avec leur prof d'anglais, il se serait roulé par terre de rire ! Quoiqu'il fallait admettre que la proie était de valeur, et que si ce n'était par égard pour Alex, Lou se serait bien mis sur les rangs des chasseurs. En parlant de mignon…
Son regard suivit un jeune homme entré discrètement, les cheveux bruns dégoulinants et le visage constellé de gouttes d'eau. Son fin blouson et son jean trempés révélaient un corps longiligne et harmonieusement musclé, à la fois gracieux et un peu gauche. Lou se retourna sur son tabouret de comptoir pour le regarder aller s'asseoir à une table avec un léger frisson et sortir un gros pavé de son sac dans lequel il se plongea immédiatement.
-7/10, fit une voix derrière lui.
-Un 8,5 ne me semblerait pas usurpé ! répondit une autre.
Le jeune homme se retourna pour voir André et Paulin, les collègues d'Alex, noter les chiffres à la fin de leur carnet de commandes.
-Ils donnent des notes d'appréciation aux clients, expliqua Alex en réponse au regard interrogateur de son ami.
-Que veux-tu, on s'occupe comme on peut, ajouta Paulin en haussant les épaules.
-Et après ça, c'est moi qui suis grave ?! s'exclama Lou en jetant un regard outré à Alex. Tu me déçois, Sacha !
-Lou… gronda son ami.
Le jeune homme éclata de rire et secoua la tête.
-Essaie d'abord de dresser ton Benjamin, mon petit, on verra pour moi après !
-C'est de moi que vous parlez, M. Liaret ? fit une voix dangereusement douce à côté de lui.
Lou se retourna pour croiser le regard bleu foncé du professeur si cher au cœur de son ami et lui adressa un joli sourire innocent.
-M. Huilia ! s'exclama-t-il. Ça alors, quelle surprise !
Ce à quoi le professeur répondit par un faux regard noir agrémenté d'un clin d'œil. Depuis son… rapprochement avec Alex, Lou avait appris à connaître l'homme autrement que par ses notes et ses cours. Et tous deux étaient devenus étrangement amis, de ce genre d'amitié où les chamailleries et les petites piques sont plus fréquentes que les mots doux, se livrant régulièrement à des joutes verbales au grand désespoir d'Alex. Mais il semblait qu'il n'en serait pas ainsi aujourd'hui, Ben se tournait déjà vers son amant au sourire étonné mais ravi.
-Qu'est-ce que tu fais l… ?
Il fut coupé par le léger baiser déposé sur ses lèvres par son amant qui s'assit ensuite sur un tabouret, ignorant les sifflements gentiment moqueurs d'André et Paulin.
-Juste venu te voler un baiser et te voir, dit-il en réponse au haussement de sourcils du jeune homme. J'ai besoin d'énergie, j'ai les premières années dans un quart d'heure… ajouta-t-il avec une légère grimace.
Alex éclata de rire, et Lou se retourna pour les laisser dans leur bulle d'amoureux. Son regard balaya la salle, et revint malgré lui s'ancrer au jeune homme qui buvait maintenant une grande tasse de chocolat chaud sans jamais lâcher son livre du regard. Le jeune homme l'intriguait. Toujours seul en cours, toujours avec un livre, toujours un air sérieux… La seule fois où il avait vu un sourire éclairer son visage, c'était lorsqu'en sortant de la fac, il avait vu deux enfants qui passaient en courant et en riant. Plus jamais depuis. Et même s'il ne lui avait adressé la parole qu'une ou deux fois, il avait une étrange envie d'aller vers lui, de mieux le connaître…
-Lou ? Tu le connais ?
Le voix d'Alex le tira de sa rêverie.
-Oui, il s'appelle Samuel et il est avec moi en maths et en physique-chimie, dit-il en se retournant pour boire une gorgée de son cappuccino tiède.
Lorsqu'il la releva, Alex, Benjamin et Paulin le regardaient fixement. Il eut un léger rire et secoua la tête.
-Je vous arrête tout de suite les mecs, il ne m'attire pas et il est très certainement hétéro.
-Depuis quand c'est un problème pour toi, M. le tombeur ? fit Paulin avec un demi-sourire.
-Point pour toi, répondit Lou avec un clin d'œil. Mais ce n'est pas ça, c'est juste… Il m'intrigue, voilà tout, ajouta-t-il en haussant les épaules.
-C'est encore pire ! fit Alex en éclatant de rire. Je te connais, Lou ! S'il t'intrigue, c'est qu'il est déjà cuit !
Le jeune homme ne démentit pas, se contentant de rire avec lui tout en remettant son écharpe.
-C'est pas tout ça, mais il faut que j'y aille moi ! J'ai plus rien dans mon frigo…A plus les copains ! fit-il avec un grand sourire en descendant de son tabouret.
-Et ce soir, j'imagine que tu restes sagement chez toi ? lança Alex comme son ami ouvrait la porte.
-On est vendredi ce soir, mon pote ! répondit Lou en lui faisant les gros yeux. C'est la fête ! ajouta-t-il avec un clin d'œil.
Et il disparut sous la pluie, les pans de son écharpe aux couleurs de l'arc-en-ciel volant derrière lui.
-C'était Lou, commenta Benjamin avec un large sourire.
Son amant lui adressa un clin d'œil et lui vola un baiser avant de retourner à son travail.
Le bruit de la porte qui claque fit relever les yeux à Samuel juste à temps pour voir un large sourire lumineux disparaître derrière elle. Il relâcha un léger soupir, soulagé. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas Louis, ou Lou comme il se faisait appeler, mais celui-ci le mettait mal à l'aise. Trop grand, trop bien dessiné, trop blond, trop exubérant, trop à l'aise dans ses baskets, et surtout avec lui-même. Ce n'était un mystère pour personne que le jeune homme était bi. Il ne le cachait pas, en riait avec ses amis et clouait le bec aux imbéciles de quelques mots bien sentis ou de ses poings au besoin. Ce n'était pas que cela le gênait bien qu'il ne se sente pas concerné. La relation ici évidente du professeur d'anglais et du jeune serveur l'amusait par son caractère parfois explosif, l'attendrissait souvent. Non, ce qui le gênait, c'était cette impression que les yeux noirs et insondables de Lou le suivaient de plus en plus souvent du regard…
-N'importe quoi, tu te montes la tête, murmura-t-il pour lui-même.
Et il se replongea dans son bouquin, malgré tout pas totalement convaincu…
-Les particularités des neutrons que vous connaissez naturellement par cœur vous permettront ce semestre… Blabla bla…
Lou décrocha du cours environ trois minutes après son début, sachant que les deux premières minutes avaient été consacrées à l'appel. Un record. Si ce cours n'avait pas été un TD au nombre d'étudiants réduit et fiché à chaque cours, il l'aurait allègrement séché… Déjà qu'en temps normal il s'y ennuyait royalement, maintenant qu'il avait la tête ailleurs les trois-quarts du temps ça n'allait pas aider… Son regard ne chercha même pas sa cible.
Il l'avait repérée dès qu'elle était entrée en classe, fixant sa nuque et les fins cheveux bruns qui y bouclaient légèrement, les doigts nerveux qui jouaient avec un stylo quand ils ne prenaient pas de notes. Ce n'était pas beaucoup, mais ça suffisait à l'occuper un moment. Depuis une semaine, les mots d'Alex avaient lentement fait leur chemin dans son esprit. Son ami avait raison. Si au début le jeune homme ne faisait que l'intriguer, à force de l'observer pour essayer de le comprendre, il l'intriguait et l'attirait. Lou se demandait souvent à sa grande consternation ce que cela ferait de passer une main dans ces boucles désordonnées, de serrer ce corps plus fin contre le sien, d'embrasser cette bouche légèrement boudeuse… Au point même que sa chasse du week-end l'avait lassé avant même d'avoir obtenu sa proie. Un comble ! Le jeune homme commençait à obséder ses pensées, et ce n'était pas bon. S'il était prêt à tout en amitié, en matière d'amour et de sexe, il était hors de question que Lou perde le contrôle. Il allait se remettre en chasse… Un large sourire carnassier naissait sur ses lèvres lorsque la voix sèche du professeur le tira de ses pensées.
-Etes-vous d'accord, M. Liaret ?
Bien que n'ayant aucune idée de ce dont il parlait, Lou estima plus sage pour éviter une tempête d'acquiescer gentiment et de glaner ensuite des renseignements. Sans prendre garde au regard d'avertissement de deux trois copains, il hocha la tête avec un léger sourire.
-Bien sûr, Monsieur.
-Parfait ! s'exclama l'homme. Vous ferez donc équipe avec M. Erin pour ce projet. Et maintenant…
-Monsieur, le cours est fini, le coupa gentiment l'étudiant élu en début d'année par toute la classe pour les tirer à l'heure des griffes de ce professeur distrait et ainsi protéger leur fin d'après-midi libre.
-Oh, c'est vrai ! fit l'enseignant en jetant un œil à sa montre. Alors à la semaine prochaine !
Les étudiants se levèrent tous en même temps dans un grand brouhaha, échangeant rires et plaisanteries comme il sortait de la salle. Seul Lou resta un moment immobile, pestant contre lui-même. De tous les élèves, il avait fallu qu'il accepte de se mettre avec son sujet d'étude préféré. En même temps, il n'allait pas dire non… Il avait un minimum de tenue, tout de même ! Deux trois copains lui mirent une main sur l'épaule en passant avec un sourire compatissant.
-Bon courage avec l'alien ! murmura l'un d'eux avec un regard éloquent vers Samuel qui sortait de la salle.
L'attitude froide et indifférente du jeune homme ne lui avait décidément pas attiré les sympathies… et intriguait d'autant plus Lou qu'il persistait à la maintenir. Il adressa un clin d'œil à ses potes et se dépêcha de sortir pour rejoindre Samuel. Et oui, s'ils devaient être binômes, autant qu'ils s'organisent pour le travail… et qu'il sache même de quoi il s'agissait !
Il l'aperçut enfin devant lui, descendant les escaliers les mains enfoncés dans les poches de son jean et les écouteurs vissés dans les oreilles. Dans son monde. Lou s'arrêta un instant pour l'observer. Après tout, ce projet serait un excellent prétexte pour mettre sa chasse à exécution… Il dévala les escaliers à toute allure et rattrapa le jeune homme par l'épaule au moment où il allait sortir du bâtiment.
Let me be the one you call
If you jump, I'll break your fall
Lift you up and fly away with you...
Chantonnant à mi-voix avec les Savage Garden, Samuel resserra d'une main les pans de son blouson. Il serait peut-être temps qu'il investisse dans une écharpe… Allez, avec l'argent de son travail qui commençait le lendemain, il s'en offrirait une à Noël !
And if you need to crash, then crash and burnYou're not alone
Une main l'attrapa soudain par l'épaule comme il allait sortir, le faisant sursauter. Il se retourna en se dégageant violemment, le regard flamboyant… pour tomber sur la dernière personne qu'il voulait voir pour l'instant. Et rougit légèrement en découvrant son visage proche du sien.
-Wow ! s'exclama Lou en levant les mains en signe de reddition. Rentre tes griffes, chaton !
Le jeune homme soupira. Il avait fallu qu'il fasse équipe avec lui. Super. En même temps, il se voyait mal justifier son refus en disant ''Il me met mal à l'aise, je crois qu'il a des vues sur moi et je suis une quiche en relations sentimentales.'' Définitivement, non…
-Désolé de t'avoir fait peur, continua Lou. C'était juste parce que comme je n'ai pas franchement écouté le cours, je ne sais même pas ce sur quoi on doit travailler toi et moi…
Samuel ferma les yeux un instant. Et en plus, il fallait que ce soit un tire-au-flanc… De mieux en mieux. Lorsqu'il le regarda à nouveau, le jeune homme blond lui offrit son plus beau regard de chiot battu magistralement exécuté, et bien sûr la cible craqua. Il le dévisagea un instant, et Lou lui adressa simplement un gentil sourire. Après tout, peut-être qu'il se faisait des idées… Il avait certainement tout inventé tout seul. Et puisqu'ils devaient travailler ensemble…
-Tu veux venir chez moi ? On pourra déjà avancer ce dossier…
-Super ! répondit le jeune homme avec large sourire lumineux auquel Samuel se surprit à répondre. Alors, qu'est-ce qu'on doit faire, Sam ? demanda-t-il comme ils se mettaient en route.
-Samuel, corrigea le brun.
-Tu disais, Sammy ?
Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça, en définitive…
Samuel s'effaça pour laisser entrer Lou. Curieux, le jeune homme laissa son regard balayer l'endroit en enlevant son manteau. C'était un studio d'étudiant classique, une grande pièce unique initiale dont une alcôve avait été séparée du reste par un lourd rideau bleu nuit, et l'on devinait la forme d'un lit –à la couette en vrac- derrière. Un petit coin cuisine mal rangé, un bureau placé sous la fenêtre donnant sur la ville, des étagères débordant de livres…
-Tu veux boire quelque chose ? demanda Samuel, visiblement un peu mal à l'aise.
-Un Coca, si tu as ça sous la patte, répondit Lou en parcourant les couvertures des livres. Et si c'était vrai, Eragon, A year in the merde, Le Prince Eric… Tu as des goûts sacrément éclectiques, dis-moi !
Samuel lui répondit d'un simple sourire et s'assit à son bureau sur l'un des deux tabourets, posant la bouteille de Coca et deux verres sur la table. Comprenant le message, Lou le rejoignit et le regarda sortir ses notes soigneusement rédigées. Il s'amusait de remarquer que le jeune homme rougissait légèrement sur les pommettes lorsque son regard se faisait plus insistant. Proie ferrée !
-Alors, le dossier…
Lou poussa un grognement qui arracha un sourire amusé à Samuel. Au moins, ils avaient le même avis sur le travail à faire !
Lou attrapa le bras de Samuel pour lui montrer le graphique qu'il venait de finir de dessiner. Si le jeune homme se dégagea ensuite doucement, il ne sursautait plus comme au début chaque fois que son corps entrait en contact avec celui du blond. Un sacré progrès qui le faisait jubiler intérieurement, vu que le dossier était d'un ennui à pleurer…
-Ça m'a l'air pas mal, approuva Samuel. On n'aura plus qu'à l'intégrer à…
-Sammy, je peux te poser une question ? l'interrompit Lou.
-Samuel, corrigea machinalement le jeune homme. Et tu viens de le faire, mais vas-y.
-Pourquoi tu ne parles à personne dans la classe ?
Surpris, Samuel en lâcha son crayon avant de se tourner vers son binôme. Il ne s'y attendait pas, à celle-là ! S'il s'était rendu compte pendant leurs trois heures de travail que le jeune homme était moins superficiel qu'il en avait l'air, jamais il n'aurait cru qu'il s'intéresserait à lui au point de poser ce genre de question ! Il lui adressa un regard interrogateur auquel Lou répondit par un autre, attendant sa réponse.
-Parce que je suis quelqu'un de solitaire et que ça me va très bien. J'ai déjà des amis, qui sont dans d'autres facs et que je vois régulièrement, et qui me suffisent amplement. Je ne vois pas la nécessité de me lier avec d'autres personnes.
Avec un haussement d'épaules signifiant que le sujet était clos, il retourna aux calculs complexes qui lui torturaient les neurones depuis plus d'une demi-heure. Mais loin de l'imiter, Lou resta immobile à le fixer. C'était une réponse étrange. Compréhensible, certes, mais très éloigné, et de loin, des attitudes auxquelles il était habituées. Tout le monde autour de lui était avide de nouvelles rencontres et de nouvelles amitiés, ce genre d'attitude le déstabilisait. Et il cherchait encore à la comprendre, à la décrypter dans les traits fatigués de Samuel, ses yeux plissés et ses épaules tendues, ses mains jouant à nouveau avec leur crayon et ses lèvres entrouvertes… Il n'avait même pas remarqué qu'elles bougeaient et lui parlaient.
-Tu m'écoutes au moins ? s'exclama Samuel, agacé.
Et comme souvent, Lou privilégia l'action à la réflexion, se pencha et s'empara des lèvres fines qui lui faisaient face. Il y eut un moment de flottement, où Samuel crispa ses doigts sur la chemise du jeune homme, sans pour autant le repousser. Encouragé, Lou entreprit de caresser, mordiller la peau pâle, savourant son goût légèrement sucré. Puis il se risqua à ajouter sa langue à la danse, glissant doucement entre les lèvres toujours entrouvertes. Samuel semblait comme statufié, incapable de la moindre réaction. Pourtant, lorsque la langue de Lou alla frôler sa compagne, il lui sembla que le jeune homme lui répondait timidement… avant de le repousser violemment. Le blond manqua de tomber de son tabouret, et lorsqu'il se releva, Samuel était debout devant lui, les yeux écarquillés et une main sur la bouche.
-Samuel… tenta-t-il.
-Va-t-en, fit le brun d'une voix glaciale.
-Ecoute, je suis désolé… essaya encore le jeune homme en se leva.
-Dégage ! hurla Samuel, les yeux flamboyant de rage.
Alors Lou obtempéra, récupéra ses affaires et son manteau et sortit. La porte claqua violemment comme il dévalait les escaliers. Il s'arrêta devant la porte d'entrée, hésitant sérieusement à se fracasser le crâne contre le mur de gauche. Ou celui de droite ?
-Quel con, mais quel con… marmonna-t-il.
Il avait été bien trop vite, il avait perdu le contrôle. Preuve que pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un le chamboulait vraiment. Malheureusement, il l'avait effrayé, blessé, et probablement dégoûté. Joli bilan de soirée ! Le goût des lèvres de Samuel encore présent sut les siennes, Lou sortit dans la nuit, attristé et en colère contre lui-même.
Samuel se laissa glisser le long de la porte jusqu'à se retrouver assis par terre. Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête. Il s'était fait avoir, il s'était laissé surprendre. Finalement il avait raison, Lou n'avait qu'une idée en tête, et ce n'était certainement pas travailler ! Il n'aurait jamais dû l'inviter ici, ce n'était qu'un connard de plus ! Oui mais il avait été doux… Et pourquoi alors avait-il eu ce regard si triste lorsqu'il lui avait claqué la porte au nez ?
-J'ai été pris de court… murmura le jeune homme, les doigts sur ses lèvres un peu rougies. Je ne sais plus où j'en suis…
Assis à la terrasse d'un petit snack du centre commercial, Lou finissait de grignoter son sandwich en regardant passer les gens devant lui. La plupart portaient de grands sacs colorés d'où dépassaient parfois des bouts de rubans brillants, rentraient, ressortaient, se croisaient dans les magasins aux vitrines toutes plus illuminées les unes que les autres. Ils avaient fait fort sur la déco, cette année. Des guirlandes et des boules multicolores étaient accrochées au plafond, et un immense sapin décoré avait été installé au rez-de-chaussée, les dernières branches flirtant avec la rambarde du 3e étage où était installé Lou. Plus que quatre jours avant Noël… et une semaine et demie que Samuel ne lui parlait plus.
Lou grimaça en se levant et quitta la petit snack, errant au hasard devant les magasins. Bien sûr, il avait tenté de s'expliquer auprès du jeune homme le lendemain. Mais il n'y avait rien eu à faire. Samuel lui avait opposé un visage résolument fermé, et seule l'arrivée du professeur avait empêché Lou, excédé, de le prendre par les épaules pour le secouer comme un prunier. Et ensuite, ç'avait été encore pire : Samuel l'évitait purement et simplement, se débrouillant pour arriver juste à l'heure et s'échapper des cours avant lui.
Lou en devenait fou, et pire, il ne comprenait pas. D'habitude, lorsque quelqu'un le rejetait, surtout comme Samuel l'avait fait, il laissait tomber sans insister et se trouvait une nouvelle proie. Ce n'est pas comme s'il avait tant de mal que ça à les faire tomber dans ses bras ! Mais là, c'était différent… Plus Samuel s'éloignait, et plus Lou voulait se rapprocher de lui, le voir sourire et l'embrasser. Le baiser volé le torturait, l'appelant à recommencer. Le jeune homme eut un rire bref. Lui, le dragueur invétéré et tombeur, rendu fou par un simple baiser ? C'était le monde à l'envers !
Alex, à qui il s'en était ouvert, l'avait simplement dévisagé avec un petit sourire étrange qui ne présageait de rien de bon, se contentant de dire que s'il lui exposait son point de vue, jamais il ne le croirait ! Mais Lou n'était pas dupe… Et franchement, lui, amoureux ? N'importe quoi ! Pas vrai ?
-Allez, fin de l'introspection, marmonna le jeune homme sortant une liste de sa poche. Alors, pour les jumeaux…
Plongé dans lecture, il ne prêtait aucune attention à ce qui se passait devant lui. Et c'est bien connu, scientifiquement prouvé, dans ces cas-là, on heurte forcément quelque chose. Ou quelqu'un…
-Aïe ! Mais faites attention !
Lou porta une main à son épaule un peu douloureuse et releva les yeux au son de cette voix rageuse. Ils détaillèrent de longues jambes fuselées moulées dans un tissu vert feuille, une sorte de pagne brun, un torse aux muscles soulignés par le même tissu.… Et un visage fin aux grands yeux bleus flamboyants balayés de mèches brunes.
-Toi ! s'exclamèrent les deux voix en chœur.
Lou resta un instant interdit. C'était pas possible, il y avait quelqu'un là-haut qui manigançait tout ça ! Il faisait tranquillement ses courses, sans rien demander à personne, et paf !, il fallait qu'il tombe sur celui qui occupait toutes ses pensées ! Présentement déguisé en… en quoi, d'ailleurs ? Il le regarda se pencher pour ramasser son bonnet, un triangle vert orné d'une plume rouge, qui avait valsé à terre lorsqu'ils s'étaient heurtés.
-Tu es censé être quoi ? demanda Lou sans réfléchir.
-Un lutin ! répondit Samuel en enfonçant rageusement son bonnet sur sa tête. Et interdit de rire ! gronda-t-il en voyant le blond se mordre les joues.
-Ok, ok, fit Lou en se retenant difficilement. Mais pourquoi ?
-Noël, ça te dit quelque chose ? siffla le lutin en tendant le bras derrière lui.
Lou suivit la direction qu'il lui indiquait et vit un gros Père Noël vêtu de rouge assis sur un large fauteuil au milieu d'un paysage enneigé devant lequel une ribambelle d'enfants faisait la queue.
-Vaguement, oui, fit-il avec un sourire en coin.
-Super ! ironisa Samuel. Alors maintenant, à moins que tu n'aies encore l'intention de me sauter dessus, je retourne bosser ! A jamais !
-Samuel, écoute… tenta Lou comme le jeune homme tournait les talons.
Décidément, quelle tête de mule ! Pire que lui ! Et puis, qu'est-ce qui lui prenait à lui aussi de s'accrocher comme ça, franchement ? Il virait maso ou quoi ?
Samuel se détourna en serrant les poings, s'intimant à lui-même de cesser de rougir. Pourquoi avait-il fallu qu'il tombe sur lui, hein ? Avec tous les efforts qu'il faisait à la fac pour éviter ça ! On lui voulait personnellement, c'était obligé ! Il était maudit ! Et ça n'allait pas en s'arrangeant… Le jeune homme gémit intérieurement en voyant arriver vers lui son patron, un petit homme rondouillard au bon visage de grand-père. Une semaine qu'il le tannait…
-Alors, Samuel ? s'exclama-t-il en arrivant à sa hauteur. Vous nous avez trouvé quelqu'un ? ça commence à devenir urgent, il nous faut un membre supplémentaire !
-Non, Monsieur, je ne…
-Excusez-moi, de quoi parlez-vous ? fit une voix derrière lui.
Oh non…-Jeune homme ! s'écria le patron en voyant Lou s'avancer. Vous êtes un ami de Samuel, c'est ça ?
Le brun le vit couler un regard vers lui.
-On peut dire ça, éluda Lou.
-Parfait, parfait ! Je suis M. Kolen. Venez avec moi…
Samuel vit avec impuissance le bourreau de ses nuits s'éloigner avec celui de ses jours, et envisagea très sérieusement de se faire hara-kiri avec une branche de faux sapin…
-Basiquement, votre travail serait le même que celui de Samuel. Assurer une animation, s'occuper des enfants qui font la queue, chanter des chants de Noël…
Assis en face de M. Kolen dans son bureau, Lou l'écoutait depuis un quart d'heure tenter désespérément de le convaincre de travailler pour lui. Et franchement, si cela n'avait tenu qu'à lui, il aurait déjà dit non… Mais la perspective de voir Samuel régulièrement pesait lourdement dans la balance. Peut-être même qu'il finirait par réussir à l'obliger à l'écouter !
-D'accord, répondit-il simplement.
Le visage de son nouveau patron devint si rayonnant qu'on aurait cru qu'il venait de gagner au Loto.
-Magnifique, magnifique ! s'exclama-t-il. Jeune homme, vous me sauvez la vie ! Juste une question… Vous accepteriez de travailler le 24 jusqu'à la fermeture ? En fait, c'est surtout là qu'on aurait de vous. Et puis sinon, Samuel se retrouverait tout seul, et je trouve qu'il a un air un peu trop triste, ce garçon…
Véritable intérêt ou technique d'influence ? Toujours est-il que Lou réfléchit rapidement, pesa le pour et le contre… Je les appellerai.
-Entendu, répondit-il.
-Magnifique ! répéta M. Kolen en se levant. Maintenant suivez-moi, je vais vous montrer votre costume…
-Je savais qu'il y avait un piège quelque part… grommela Lou.
A sa gauche, Samuel émit un petit ricanement en le regardant s'agiter devant le miroir des vestiaires.
-Qu'est-ce qui t'a pris d'accepter, franchement ? fit-il avec un rictus moqueur.
-Pour passer du temps avec toi et t'obliger à me parler ! répliqua le blond du tac au tac.
Il nota avec intérêt que si les yeux de Samuel lançaient des éclairs, ses pommettes prenaient une délicate teinte rouge…
-Et ben dommage, ça ne marchera pas ! siffla le lutin en sortant des vestiaires.
La porte claqua derrière lui, arrachant un soupir à Lou. Ok, c'était loin d'être gagné… Il reporta son regard sur le miroir et grimaça à nouveau. Il n'oserait jamais se montrer en public comme ça ! Tout son corps était entouré d'une douce fourrure brun clair soyeuse, ses mains portaient des gants de couleur un peu plus foncée, comme les chaussures qu'il avait aux pieds. Et cerise sur le gâteau, une espèce de capuche cachaient ses mèches blondes pour mieux faire ressortir deux grandes oreilles poilues et une paire de bois impressionnants. Un renne. Franchement, autant le costume de Samuel était ridicule mais assez sexy, autant le sien était tout simplement… ridicule, il n'y avait pas d'autre mot.
-Là c'est clair, je suis maso… souffla Lou.
-Lou, allez, au boulot ! lança la voix de M. Kolen derrière la porte.
Quand faut y aller…
Son arrivée au coin du Père Noël provoqua un tollé général parmi les enfants.
-Un renne, un renne !
-Regarde Maman, le renne du Père Noël !
-Pourquoi il a pas le nez rouge ?
Ces quatre jours allaient être très longs…
Lou se laissa tomber sur le banc avec un soupir de fatigue. Seul. Encore une fois, Samuel s'était arrangé pour mettre les voiles à la vitesse grand V, s'échappant avant que le jeune homme ne puisse lui mettre la patte dessus. Il en aurait hurlé de frustration ! Le brun avait encore trouvé le moyen de minimiser tous contacts entre eux, qu'il s'agisse des chants de Noël –il avait d'ailleurs une fort jolie voix !- pendant lesquels Lou avait cru mourir de honte en voyant certains passants rire doucement, ou de l'accompagnement des enfants. Mais au moins, là il le voyait sourire. Il ne faisait aucun doute que Samuel adorait les enfants, et être parmi eux. Il leur inventait des histoires pour leur faire oublier l'attente, des jeux sous les faux sapins lorsque les parents s'absentaient un moment dans un magasin… Lou lui-même devait admettre qu'au final, ces petits monstres remuants lui arrachaient régulièrement un sourire attendri… Il ne restait plus qu'à faire entendre raison à Samuel, et tout serait parfait.
-Demain, je lui met la patte dessus ! déclara férocement Lou à son reflet dans le miroir.
Un paquet frappé du logo de la boulangerie à la main, Lou fouilla des yeux l'atrium du centre commercial à la recherche de son lutin préféré. Il savait de source sûre que le jeune homme s'installait tous les jours dans le coin pour grignoter un sandwich pendant leur pause déjeuner. Et Lou avait décrété que ce n'était pas suffisant. Et puis, quoi de mieux qu'une bonne tarte au citron meringuée pour enterrer la hache de guerre ? Ah, cible repérée !
Débarrassé de son capuchon boisé, Lou s'approcha doucement de Samuel assis sur une marche, le menton dans les mains et un sac de boulangerie vide à côté de lui.
-Un dessert ? proposa-t-il avec un sourire en s'asseyant à côté de lui.
Mais le jeune homme se contenta de détourner la tête sans répondre, et Lou sentit la moutarde lui monter au nez.
-Ecoute, Samuel, je t'ai déjà dit que j'étais désolé ! s'exclama-t-il en posant rageusement son paquet entre eux. Je ne recommencerai pas, et je suis désolé de t'avoir dégoûté, mais…
-Je n'étais pas dégoûté, le coupa doucement Samuel en tournant la tête vers lui. Tu m'as pris par surprise, c'est tout…
Stupéfait, Lou sentit un large sourire irrépressible naître sur ses lèvres.
-Alors tu veux dire qu'avec ta permission, je pourrais recommencer ? demanda-t-il avec un clin d'œil.
Les joues de Samuel rougirent violemment et il fronça les sourcils.
-Pourquoi tu as accepté de rester le 24 ? demanda-t-il. Tu ne devais pas aller voir ta famille ?
Lou poussa un soupir. Ok, sujet clos, j'aurais essayé…
-J'irai les voir le lendemain pour déjeuner, répondit-il en haussant les épaules. J'ai deux petits frères de six ans, des jumeaux, une folie de mes parents. Je les adore, mais dès sept heures du matin ils courent partout dans le salon tellement ils sont impatients d'ouvrir leurs cadeaux. C'était une occasion rêvée de préserver ma grasse matinée ! ajouta-t-il en riant.
-Menteur, fit Samuel. Je suis sûr qu'il y a une autre raison.
-Et tu n'as pas tort, répliqua Lou avec un clin d'œil. Et toi ?
La rougeur des joues de Samuel et son léger sourire disparurent instantanément.
-Ça fait trois ans que je n'ai pas parlé à mes parents, depuis que je leur ai annoncé que je ne reprendrais pas la pharmacie de mon père. On s'est engueulés, je suis monté sur Paris pour faire mes études, et je me débrouille très bien tout seul depuis, finit-il farouchement.
Resté silencieux, Lou se sentit empli d'un profond sentiment de respect face à cette preuve de caractère. Et en même temps, il se retenait difficilement de prendre le jeune homme dans ses bras, soulager un instant la solitude qui perçait malgré tout dans ses paroles. Mais il n'en fit rien, sachant que ce serait certainement très mal perçu. Alors il se contenta de rabattre d'une pichenette son bonnet sur les yeux de Samuel tout en lui tendant sa part de tarte.
-Tu vas avoir besoin de force, on a encore des chants de Noël à massacrer, mon p'tit lutin ! fit-il en réponse au regard interrogateur du brun.
Une ombre de sourire lui répondit. C'était déjà ça.
Lou poussa un profond soupir en aidant le dernier gamin de la file à monter sur les genoux du Père Noël. Il l'écouta d'une voix distraite réciter sa liste de cadeaux – mais qu'était-ce donc qu'un WarHammer ?! Il faudrait qu'il demande aux jumeaux…-, préférant laisser son regard s'ancrer sur Samuel qui se débattait avec un papier cadeau en pestant. Dans deux heures ils seraient libres, et il pourrait enfin retirer ce fichu costume ridicule ! Dommage par contre qu'il ne puisse pas convaincre Samuel de garder le sien –il avait essayé !-, il l'aurait bien vu avec rien que pour lui… Mais il s'égarait, là. Déjà, ces deux derniers jours avaient été placés sous le signe d'une nette amélioration. Depuis leur discussion, leurs rapports étaient presque devenus… amicaux. Bon, c'était très loin de ce que Lou espérait, mais au moins Samuel acceptait de le regarder et de lui parler. Alléluia !
Une légère tension au niveau de sa fourrure de jambe gauche le fit revenir sur terre et baisser les yeux. Un bout de chou de six ou sept ans le regardait gravement, un lapin bleu ciel aux longues oreilles dont une serrée dans son poing dans une main et l'autre agrippée à son costume.
-Qu'est-ce qu'il y a bonhomme ? demanda-t-il en s'accroupissant à sa hauteur.
-Ma maman m'a laissé pour faire une photo avec le Père Noël, répondit l'enfant. Mais il est pas là.
Lou tourna la tête pour se rendre compte qu'en effet, leur Père Noël s'était fait la malle. Probablement pour aller se griller une looooongue cigarette, comme à son habitude. Quoiqu'on ne l'avait pas beaucoup vu, aujourd'hui… Il devait profiter du nombre réduit de clients pour allonger ses pauses. Résultat, ce petit garçon se retrouvait sans Père Noël à qui tout raconter. Lou l'incendia mentalement et adressa un sourire au gamin.
-Ne t'inquiète pas, il ne va pas tarder à revenir, fit-il en voyant du coin de l'œil Samuel s'approcher.
-Mais je veux pas lui ! s'écria l'enfant. Il est gros, il pique et il sent mauvais…
-T'as pas tort, acquiesça Lou.
-Et pis, je sais que c'est pas le vrai Père Noël, ajouta le gamin sur le ton de l'évidence. Mais je peux prendre une photo avec toi ? demanda-t-il, les yeux tout brillants.
-Heu… Je ne suis pas un vrai renne non plus, tu sais, répondit Lou, pris de court.
Il entendit Samuel éclater de rire derrière lui avec l'enfant et se retourna juste à temps pour admirer le spectacle. Le visage détendu, les yeux lumineux, un rire en cascade… Il se sentit fondre.
-Je sais ! fit le petit une fois calmé. Mais t'as l'air gentil… ajouta-t-il.
Vaincu, Lou le souleva dans ses bras et l'enfant se blottit instantanément contre lui.
-Comment tu t'appelles, bonhomme ? demanda-t-il.
-Kyril. Et mon lapin, c'est M. Œillet, fit-il en le levant à hauteur d'yeux pour Lou.
-Enchanté, M. Œillet, dit gravement le jeune homme. Bon, Kyril, tu sais quoi ? Je ne suis peut-être pas un vrai renne, mais lui, là, fit-il en se tournant vers Samuel, c'est un vrai lutin. Il a un sourire magique ! Tu veux qu'il vienne sur la photo avec nous ?
-Il voudra bien ? demanda Kyril dans son cou.
-Je ne sais pas, il faut lui demander. Sammy le lutin ? fit-il avec un regard interrogateur et un sourire en coin.
Il vit le jeune homme froncer les sourcils et l'incendier du regard, avant de rendre les armes face aux yeux emplis d'espoir de Kyril.
-D'accord, répondit-il avec un doux sourire.
Rayonnant, Kyril se laissa asseoir sur le fauteuil du Père Noël, serrant bien fort son lapin lui. Le renne et le lutin s'accroupirent de chaque côté et se penchèrent vers lui, de sorte que la plume et un bout de bois soyeux vinrent lui chatouiller les joues. Il éclata de rire, et Lou pressa le bouton déclencheur de l'appareil photo à ce moment précis.
-Tiens, et joyeux Noël mon bonhomme ! fit-il en la lui donnant un instant plus tard.
-Merci ! s'écria le gamin en lui plantant une bise sur la joue avant de faire de même avec Samuel et de partir en courant.
Côte à côte, les deux jeunes hommes le regardèrent rejoindre sa mère, leur adresser un signe de la main puis disparaître dans un magasin de jouets.
-Il est adorable, fit Lou avec un sourire amusé.
Un long silence à sa droite le fit se tourner vers Samuel. Il le regardait fixement, une expression indéchiffrable sur le visage.
-Tu as été génial avec lui, déclara-t-il.
-J'ai de l'entraînement avec les jumeaux, répondit Lou avec un léger sourire.
-Quand même, s'entêta le brun. Tu n'es peut-être pas si infréquentable que ça, finalement, ajouta-t-il lentement.
Le cœur de Lou fit un triple salto arrière vrillé et il dut se retenir de ne pas sauter de joie dans tous les sens. A la place, il se contenta de sourire largement.
-Heureux de voir que tu t'en es rendu compte ! s'exclama-t-il avec humour.
J'ose… J'ose pas… Allez, au point où on en est !-D'ailleurs, puisque je suis redevenu un être humain à tes yeux… Si tu es libre ce soir, ça te dirait une bûche glacée ? tenta Lou. J'en ai une qui dépérit toute seule dans mon congélo…
Samuel se sentit rougir sous le regard pétillant de Lou et retint un vieux réflexe de rejet… avant de rendre les armes. Après tout, à quoi bon se voiler la face ? Il en avait assez de lutter contre lui-même, et puisqu'on lui offrait une seconde chance…
-Avec plaisir, répondit-il avec un sourire très doux.
Et sans plus réfléchir, il poussa même son avantage plus loin en posant ses lèvres sur celles de Lou. Il le sentit se raidir un instant, et craignit qu'il ne le repousse à son tour. Mais Lou se contenta de prendre son visage entre ses mains pour ancrer son regard au sien, l'interrogeant muettement.
-Cette fois, tu as ma permission, fit Samuel en riant doucement.
Il échappa à la prise sur son visage et embrassa à nouveau les lèvres du blond, caressant et savourant leur douceur… Mais trop mal à l'aise pour aller plus loin. Alors il céda avec plaisir lorsque Lou reprit le contrôle du baiser, réclamant un passage qu'il lui offrit tout en se serrant un peu plus contre lui. Il sentit un bras soyeux entourer son cou et un autre le serrer contre un corps chaud, notant avec une pointe d'étonnement comme il se sentait bien, là… Puis il oublia tout ce qui n'était pas Lou et ce baiser qui l'électrisait, s'y abandonnant complètement…
-Maman ? Pourquoi le renne et le lutin y s'embrassent ?
Oups…
FIN
Et voilà ! Alors, verdict ? En attendant, joyeux Noël et bonne année à tout le monde !