Auteur : Mouf-Mouf
Disclaimer : On ne change pas une équipe qui gagne ! Ils sont toujours miens, envers et malgré eux… En revanche, la chanson You appartient à Ten Sharp. Elle est magnifique, superbe, je l'ai écoutée en boucle en écrivant ce chapitre. Ai-je précisé que c'est une chanson magnifique ? XD
Genre : Romances yaoi et hétéros… Noël… Cheminée !
Note : Le petit dernier de One year of love, écrit dans le froid en vacances ! Mais je n'exclus pas de revenir jouer avec les zouaves en quelques occasions, et d'autres idées fourmillent dans ma petite tête !
Note 2 : Joyeux Noël à tous !
Décembre
-Et pour finir, la chambre à coucher, fit Kyril en ouvrant théâtralement la porte. Je vous en prie, après vous ! ajouta-t-il avec une courbette exagérée.
Alex eut un petit rire et lui tapota la tête de sa main libre en passant, l'autre bien serrée dans celle de Ben. Il pénétra dans l'ancienne chambre de Kyril, devenue celle du couple nouvellement installé. A vrai dire, peu de choses avaient changé, si ce n'était des vêtements clairement féminins dans la penderie et la présence de tableaux colorés aux murs à la place des posters de rock du jeune homme.
-Alors, qu'en pensez-vous ? lança Kyril en enlaçant Anna qui fermait la marche.
Alex tourna sur lui-même, suivi par un Ben amusé.
-Tu as abandonné ACDC ? s'exclama-t-il. Dire que tes murs étaient presque un sanctuaire dédié à leur gloire…
Son ami grimaça comiquement comme Anna levait les yeux au ciel.
-Justement, ça ne plaisait pas trop à Anna…
-Parce que vous dormez dans la même chambre ?! sursauta Ben.
Il échangea un regard stupéfait avec son amant.
-Mais comment se fait-ce ?! s'exclama Alex. Et moi qui croyais que je laissais ma chambre à Anna ! Mon Dieu…
Il lâcha Ben pour aller saisir Kyril par les épaules. L'air mortellement sérieux, il ancra son regard au sien et prit une profonde inspiration.
-Kyril… Mon ami… Je croyais laisser un enfant en colocation, et je découvre un homme en couple… Quel choc !
Il fit mine d'essuyer une larme.
-Tu as grandi tellement vite ! ajouta-t-il en serrant le jeune homme dans ses bras.
Kyril lui rendit son étreinte avec un soupir qui fit rire les deux autres.
-Et moi qui croyais que vivre avec Ben te ferait grandir un peu…
-Le cas est désespéré, fit le professeur en secouant la tête comme Alex se détachait de son ami.
-Grandir ?! s'exclama-t-il, les poings sur les hanches. Non mais ça va pas ?! ça voudrait dire être sérieux, blablabla… ajouta-t-il d'un air dégoûté. Très peu pour moi !
-Bien d'accord avec toi ! lança Anna en lui tapant dans la main.
Ils éclatèrent de rire et les deux autres poussèrent un soupir résigné et synchrone.
-Il est en forme, hein ? fit Kyril avec un sourire compatissant.
-Tu n'as même pas idée, acquiesça Ben avec un air de martyr.
Alex ouvrait la bouche pour protester lorsqu'une sonnerie se fit entendre.
-Le poulet est prêt ! Si vous voulez bien passer à table, fit Anna en parfait maîtresse de maison.
Alex allait la suivre lorsque Kyril lui coupa la route. Il haussa un sourcil.
-Laissez-moi vous conduire au salon, offrit le jeune homme.
Amusé par son ton obséquieux, Alex récupéra complaisamment la main de Ben et se laissa guider par son ex-colocataire. Ils traversèrent à nouveau le couloir et débouchèrent dans le salon nouvellement agencé. Les canapés faisaient désormais un angle en suivant le mur, et la table trônait devant la baie vitrée, recevant en plein le soleil froid de ce 24 décembre. Un bouquet de fleurs l'ornait en son milieu, un autre était posé sur le buffet à l'opposé. Des tableaux du même genre que ceux de la chambre étaient accrochés aux murs jusqu'ici nus, et un parfum d'ambiance léger flottait dans l'air. Alex reconnaissait à peine son ancien appartement. Oh bien sûr, seules des petites choses différaient, la majorité restait inchangée. Mais il y avait indubitablement une empreinte féminine ici. Anna avait imprégné l'endroit de sa présence, et même Kyril était différent. Il la couvait du regard comme elle rectifiait le tombé d'une fleur, plongeait une fois encore son visage dans le bouquet… Alex retint un rire devant son air énamouré. Au moins, il n'avait pas besoin de s'inquiéter de la stabilité du couple !
-Si vous voulez bien prendre place, offrit la jeune femme.
-On peut surtout venir t'aider, protesta Ben en faisant un pas vers la cuisine.
-Hors de question, fit fermement Kyril en le repoussant vers la table. Vous vous asseyez, et nous on s'occupe de tout.
Alex se retrouva assis en bout de table, Ben à sa droite et les deux amoureux disparus dans la cuisine. Il fixait sans le voir le vase coloré, un léger sourire aux lèvres. Amusé, Ben serra doucement sa main dans la sienne et la porta à ses lèvres, l'effleurant d'un baiser.
-A quoi penses-tu ? demanda-t-il lorsque les yeux verts revinrent vers lui.
Alex éclata d'un rire léger et haussa les épaules.
-Simplement que ça me fait bizarre d'être un invité dans mon propre ancien appartement.
-Bizarre bien ou bizarre pas bien ? fit Ben, un sourcil levé.
-Bizarre bien, le rassura Alex avec un large sourire. Et je ne regrette absolument pas mon choix, ajouta-t-il en se penchant vers lui.
-J'espère bien, souffla le brun sur ses lèvres.
Ils échangèrent un baiser tendre, un baiser apaisé qui disait le simple plaisir d'être ensemble, de savourer ce moment à deux… Un baiser qui fut rompu par le retour triomphal des vainqueurs du four récalcitrant.
-Ouh les amoureux-euh ! chantonna Anna en posant les entrées sur la table, parfaite imitation de la gamine insupportable.
Alex et Ben échangèrent un clin d'œil et se redressèrent.
-Vous mettez des heures, il faut bien qu'on s'occupe ! se justifia Ben.
-A moins que n'ayez dérapé dans la cuisine, la taquina Alex.
Il eut le plaisir de voir les pommettes de la jeune femme prendre une délicate couleur rosée comme Kyril posait le plat de poulet recouvert d'une cloche sur la table.
-Hep, interdit de la torturer, prévint le jeune homme en tirant le chaise afin qu'elle s'asseye.
-Kyril, quelle galanterie, apprécia Ben.
-Elle l'a bien dressé, qu'est-ce que tu crois ! répondit Alex sur le ton de la plus parfaite évidence.
-Tais-toi et mange ! asséna son ami en lui tendant la salade d'endives.
Bien élevé lui aussi, Alex servit galamment Anna à sa gauche, puis Ben, et étendit même sa serviabilité à remplir l'assiette de Kyril avant la sienne.
-Bon appétit ! lança Anna.
Ils lui répondirent en chœur puis s'attaquèrent au déjeuner plus qu'alléchant.
-C'est délicieux ! s'exclama Ben. Le fromage, c'est du bleu ?
-Super, l'haleine ! s'esclaffa Alex.
-Tu manges la même chose, ça s'annulera, remarqua Kyril en haussant les épaules.
-Dit l'accro aux oignons… murmura Anna.
-Ma pauvre, je compatis ! fit Alex en lui posant la main sur l'épaule. J'avais le même problème à l'époque…
Trois paires d'yeux ronds lui répondirent et Ben s'éclaircit la gorge.
-Pardon ?
-Roh, tout de suite ! s'exclama le blond en riant. Je disais juste que l'appartement et Kyril avaient tendance à embaumer l'oignon, c'est tout !
-Même pas vrai ! se défendit l'intéressé.
-Bon, j'exagère peut-être un poil… Mais juste un poil, alors ! Enfin, Anna, j'espère que tu aimes ça…
-Par un coup de chance, oui ! fit la jeune femme avec un clin d'œil.
Les deux bruns regardèrent leurs tendres moitiés éclater de rire avec une impression de déjà-vu un rien désespéré mais résigné.
-Il est intenable, hein ? fit Kyril en piquant un morceau d'endive.
-Tu n'as même pas idée, soupira Ben.
Ils éclatèrent de rire à leur tour et le déjeuner se poursuivit dans une joyeuse chamaillerie. L'idée était venue des deux ex-colocataires. Avec Noël et les vacances, ils n'allaient pas se voir jusqu'au premier de l'an, où une énorme fête était prévue chez Lou. Et puis, le fin d'une colocation aussi longue méritait bien d'être fêtée ! D'autant plus qu'avec les examens, le boulot d'Alex, les emménagements divers et variés, le temps avait filé en un éclair. Ils avaient donc sauté sur l'occasion avant le départ des deux tourtereaux chez les parents d'Anna pour déjeuner ensemble.
-Wow ! s'exclama Ben lorsque la cloche gardant le poulet et ses légumes au chaud fut soulevée. C'est toi qui a cuisiné tout ça, Anna ?
-Kyril m'a aidée, corrigea-t-elle en secouant la tête.
-Et dire qu'avec moi il ne cuisinait que les oignons, fut Alex en s'emparant à nouveau des couverts de service.
-Mais il va me lâcher avec ses oignons ?! fit Kyril, ses yeux pétillants démentant son ton excédé.
Son ami se contenta d'un clin d'œil qui le fit sourire. Il lui était un peu étrange de se dire qu'ils ne vivraient plus ensemble. Alex avait Ben, et lui avait Anna. Comme les choses avaient changé en un an ! Dire qu'un an auparavant, à la même époque, il se moquait gentiment de cette obsession qu'avait Alex pour son professeur d'anglais. Il n'aurait jamais imaginé le retrouver à sa table pour un déjeuner de Noël dans une ambiance de franche camaraderie et de douce folie, ni le voir si bien intégré à leur groupe. Comme quoi ! Il était étrange aussi de se dire qu'André et Paulin, les éternels virevoltants jamais en phase, avaient fini par s'avouer leurs sentiments au milieu d'une mousse au chocolat, que Lou le séducteur invétéré se retrouvait lié à un jeune homme épatant et qu'il adorait ça… Ses yeux retournèrent caresser le visage rieur d'Anna qui se chamaillait avec Alex pour le dernier bout de pain de la corbeille, et un tendre sourire naquit sur ses lèvres. Et qui aurait cru que lui-même, amoureux d'Anna certes mais aussi de sa liberté, ne puisse plus imaginer sa vie sans elle à ses côtés ? Cédant à une impulsion, il embrassa la tempe de la jeune femme, interrompant la bataille acharnée arbitrée par Ben.
-En quel honneur ? fit-elle en se retournant à demi, un sourcil haussé.
-Parce que tu es belle, que je t'aime et que j'en avais envie, répondit-il en se levant.
Il lui en vola un sur ses lèvres et disparut dans la cuisine, emportant les plats vides. Anna en resta tout chose, les joues rosies et les yeux brillants sous l'œil aussi attendri qu'amusé de ses amis. Kyril était certes d'un naturel tendre et démonstratif, mais lorsqu'il lui prenait sans crier gare de lui sortir des choses pareilles, l'effet était toujours le même. Le principal intéressé réapparut, une superbe bûche glacée aux fruits entre les mains.
-Wahou ! s'exclama Alex, les yeux écarquillés. Elle est magnifique !
-Arrête, fit Ben en riant, ils vont finir par croire que je ne te nourris pas !
-Techniquement parlant, mon cœur, c'est plutôt moi qui te nourris, corrigea le jeune homme avec un clin d'œil.
-Et 1-0 ! commenta Anna en commençant à couper le gâteau.
Beau joueur, Ben ne s'en formalisa pas. Après tout, si c'était lui qui devait se coller aux fourneaux, ils mangeraient des pâtes… des pâtes… et peut-être encore un peu de pâtes.
-Au fait, fit Kyril une fois que toutes les assiettes eurent été remplies, vous avez des nouvelles d'André et Paulin ?
Alex éclata de rire, suivi par son amant.
-On a reçu un mail de la part d'André ce matin, répondit le blond. Vous vous souvenez que Paulin parlait depuis un moment de le présenter à sa famille ? Et bien, il a décidé que Noël chez ses parents en Bretagne serait une excellente occasion !
-Pauvre André, compatit Anna. Il devait avoir la trouille !
-D'après lui, Paulin lui a assuré qu'il avait préparé le terrain auprès de sa famille, précisa Ben. Non, celle qu'il craint, c'est Cailin, la grand-mère. Elle détient un sacré dossier qu'il ne voudrait pas voir exploser entre le foie gras et la dinde !
Ils éclatèrent tous de rire en imaginant la scène. En effet ! L'ambiance après ça serait assurée, sans aucun doute… Mais André chercherait sans doute un trou de souris avec l'énergie du désespoir, et refuserait certainement d'en sortir !
-Il disait avoir emmené des chocolats pour la corrompre, juste au cas où, ajouta Alex.
-J'ai hâte qu'il nous raconte, fit Anna en riant.
Sur ces mots, ils firent un sort à ce qui restait de la bûche, supputant les risques pour André de se transformer en homard trop cuit. Une fois le plat nettoyé, Ben et Alex insistèrent cette fois-ci pour aider à débarrasser, n'obtenant gain de cause qu'après avoir renoncé pour la vaisselle. Alex tapa dans les main de Kyril, et le ballet se mit en marche. La table fut propre en un rien de temps, et Ben entreprit de préparer du café, discutant avec Anna de son dernier cours d'équitation. Elle le fit rire en lui décrivant son ''cheval-anguille'' impossible à garder droit. A l'entrée de la cuisine, Kyril et Alex les observaient en silence. Ce fut pourtant le premier qui le brisa d'une voix douce.
-Tu as trouvé une bougie pour tes parents ? demanda-t-il.
L'éclair de douleur habituel passa dans les yeux d'Alex, aussitôt remplacé par l'apaisement que confère l'habitude ;
-Oui, acquiesça-t-il. J'ai farfouillé un moment, et j'en ai trouvée une assez originale. Elle est orange flamme et bleu foncé, en forme de vague ondoyante. Je l'allumerai ce soir.
-Je suis sûr qu'ils auraient adoré, répondit son ami en lui serrant l'épaule.
Alex lui adressa un sourire avant d'aller s'emparer de la cafetière que venait de remplir Ben. Le professeur lui effleura les cheveux des lèvres au passage et lui adressa un sourire. Son amant le lui rendit avant d'aller remplir les tasses, luttant avec Anna qui cherchait à récupérer la responsabilité du café. C'était le premier Noël qu'il allait passer avec le jeune homme en sacrifiant à cette tradition. L'an passé, ils n'étaient pas ensemble depuis assez longtemps pour qu'il soit au courant. Mais cette année, il avait passé des heures avec lui pour trouver cette bougie particulière, celle qu'Alex ferait brûler ce soir en souvenir de ses parents, décédés dans un accident de voiture cinq ans auparavant. C'était sa façon à lui de leur rendre hommage. Lorsqu'il lui avait demandé pourquoi, le jeune homme avait haussé les épaules.
-Je ne crois pas aux cimetières, avait-il répondu. Je sais que beaucoup de gens y vont pour se souvenir de leurs défunts, les pleurer, leur parler… Moi, je suis incapable de parler à une tombe. Pour moi, mes parents ne sont pas dans ce trou, sous cette pierre. Ils sont ailleurs, partout où je peux les imaginer. Et ils adoraient les bougies, avait-il ajouté. On en avait plein à la maison, de toutes les formes, toutes les couleurs, tous les parfums… Alors pour me souvenir d'eux, je cherche une bougie qui leur aurait plu, et je l'allume ce soir de Noël. Ce n'est pas un rituel triste, c'est un souvenir. Un hommage.
Ben n'avait rien pu faire d'autre que de le prendre dans ses bras, le serrer contre lui jusqu'à ce que s'apaise son cœur. Et ce soir, il les saluerait avec lui.
Un cri joyeux le sortit de ses réflexions, et il se rendit compte qu'il était seul dans la cuisine depuis cinq bonnes minutes. Il s'empressa de rejoindre les trois zouaves qui pillaient gaiement la boîte de chocolats qu'Alex et lui avaient apportée.
-Vous n'avez pas assez mangé ? s'exclama-t-il en reprenant sa place à table.
-Mon cher, le chocolat n'est pas une affaire de faim mais de plaisir, corrigea Anna en tendant la boîte à Kyril qui hochait vigoureusement la tête.
Alex en fourra un dans la bouche de son amant, et ce dernier fut bien obligé de capituler face à leurs arguments imparables. Et puis, les chocolats étaient vraiment délicieux.
-Vous partez quand ? demanda Alex en touillant son café.
-Dès qu'on vous aura mis dehors, répondit Kyril avec un clin d'œil.
-Nos parents nous attendent de pied ferme chez les miens, expliqua Anna. Ils ont réglé le problème en décidant de fêter Noël les deux familles réunies, comme ça aucune n'est lésée par l'absence de l'un de nous !
-Pas bête ! apprécia Alex.
-Ma tante Justine va encore me demander quand est-ce que je compte lui faire des petits-neveux, grimaça la jeune femme.
-On va attendre encore un poil, tu veux ? fit Kyril.
-Tout à fait d'accord avec toi !
Un nouvel éclat de rire monta. Comme quoi, André ne serait pas le seul à redouter ce Noël !
-Et toi, Ben, tes parents ? demanda Kyril.
-Mes parents s'offrent un voyage à la Réunion, répondit le professeur d'un air faussement désespéré. Ma sœur habite là-bas, corrigea-t-il devant les yeux ronds de l'assistance, et ils ne l'ont pas vue depuis un moment. Mais elle a promis de rentrer l'année prochaine avec son mari et ses enfants. Elle a hâte de rencontrer Alex ! ajouta-t-il en serrant sa main dans la sienne.
-Inquiet, Alex ? demanda Kyril comme s'il lui tendait un micro.
-Terrifié, répondit le jeune homme d'un air impassible en piochant un autre chocolat.
-Donc, vous fêtez Noël en amoureux ? C'est mignon ! commenta Anna. C'est Ben qui va se déguiser en Père Noël ?
Alex lui adressa un regard étrange.
-Tu as des fantasmes bizarres, ma belle, fit-il en secouant la tête. Pauvre Kyril…
-Alex ! s'offusqua la jeune femme.
-Oui ? répondit-il en levant des yeux innocents.
Personne ne s'y trompa, mais tous éclatèrent de rire. Il y eut encore des négociations serrées pour débarrasser le café, des rires à n'en plus finir, puis il fut temps de se quitter. Kyril et Anna durent jurer vingt fois d'être prudents sur la route, de venir au premier de l'an et de moucher leur nez. Surtout de moucher leur nez. La porte de l'ancien appartement d'Alex se referma sur les sourires du couple qui devait encore faire ses valises.
-Je les adore, commenta simplement le jeune homme en descendant les escaliers.
Ben se contenta de rire avant de reprendre sa main dans la sienne.
-On va se promener ? proposa-t-il en ouvrant la porte de l'immeuble sur un Paris froid et lumineux.
# # # #
It's alright with me
As long as you are by my side
Talk, or just say nothing
I don't mind, your looks never lie
Lorsque la moto s'arrêta, Alex détacha à regret ses bras de la taille du conducteur. Il était devenu accro aux sensations de vitesse, à cette impression de décoller que procurait l'engin rugissant. Chaque trajet ne lui semblait durer que quelques minutes, un court instant de vol où la gravité ne les concernait plus. Lorsqu'il en avait parlé à Ben, le brun s'était contenté de rire en se rappelant la première fois qu'Alex était monté derrière lui, son air terrifié et fort peu coopératif… Qui aurait cru que maintenant, il adorerait ça ! Le jeune homme retira son casque et secoua la tête, chassant les mèches blondes emmêlées qui lui revenaient dans les yeux. Il le rangea sous le siège avec celui de Ben et s'apprêtait à se mettre en marche lorsqu'une main ferme sur son épaule le tira en arrière. Il se retrouva face à un Ben mortellement sérieux.
-Tu n'as pas l'impression d'oublier quelque chose ? fit le professeur.
Alex haussa un sourcil. Les mains du brun se refermèrent sur les pans de son écharpe rouge et l'attirèrent vers lui. Tout doute levé, Alex se laissait faire en souriant.
-Ah, ça… souffla-t-il à quelques centimètres des lèvres de Ben.
-Oui, ça… répondit-il avant de l'embrasser doucement.
Ils se séparèrent un instant plus tard, un sourire aux lèvres aussi bien que dans les yeux. Ben rajusta l'écharpe du plus jeune, couvrant bien toute cette gorge tentante.
-Maintenant on peut aller se promener, fit-il avec un clin d'œil.
Alex éclata de rire et adressa un sourire charmant à un couple choqué aussi bien qu'à un autre amusé.
I was always on the run
Finding out what I was looking for
And I was always insecure, oh
Just until I found
Ils déambulèrent un long moment sur le Champ de Mars, riant des queues interminables pour monter dans la Tour Eiffel, se plaçant exactement au centre de la place au-dessus de laquelle elle s'élevait, juste pour voir les montants d'acier s'élancer à l'assaut du ciel avec une force brutale et pourtant presque gracieuse. Puis ils partirent un peu au hasard des rues, suivant les rues aux noms originaux ou amusants, les bâtiments anciens et magnifiques… Au bout d'une heure, ils se retrouvèrent au bas des Champs Elysées, juste comme la nuit commençait à tomber. Les illuminations s'allumaient les unes après les autres, féeries de lumières qui habillaient les arbres nus, leur donnant un air de fête presque enfantine. Parisiens et touristes se pressaient autour des petits chalets du marché de Noël, dégustant vin chauds et pâtisseries, fouinant dans les stands pour des cadeaux de dernière minute, s'extasiant sur les sculptures en bois et les tableaux naïfs… Au milieu de toute cette beauté, l'estomac d'Alex décida qu'il était temps de se manifester. Il avait beau faire nuit, il n'était que cinq heures, l'heure du goûter ! Alex rougit et Ben éclata de rire.
-Mais tu es un gouffre sur pattes !
-Je ne te permets pas ! protesta le jeune homme.
-Ne t'inquiète pas, je me permets tout seul ! rit le professeur en lui ébouriffant les cheveux.
Alex se contenta de lui tirer posément la langue sous l'œil un peu halluciné des passants, puis son visage s'illumina soudainement.
-Achète-moi une crêpe, fit-il.
-Tu peux te l'acheter tout seul, s'amusa Ben.
-C'est moins drôle, répondit le jeune homme, les yeux brillants.
Comme souvent, le brun céda et acheta deux crêpes brûlantes à l'arôme plus qu'alléchant. Il tendit la sienne à Alex, dégoulinante de Nutella qu'il s'empressa de rattraper du bout de la langue. Ils continuèrent de marcher au hasard du marché de Noël, s'amusant des excentricités de certains chalets. Et Ben se promit d'offrir plus souvent des crêpes à son amant. Il réussissait à les déguster en s'en mettant partout autour de la bouche, l'air aussi ravi qu'un enfant et les yeux brillants ne ratant aucune lumière scintillante. Ayant proprement terminé sa crêpe, Ben s'empara de la main du blond, entrelaçant leurs doigts.
-Tu as l'air d'un vrai gamin, fit-il comme Alex récupérait les derniers morceaux qui se carapataient au fond du papier.
-Et j'en suis ravi, répondit le blond avec un clin d'œil.
-Je te débarbouillerai bien moi-même, ajouta Ben en sortant un mouchoir de sa poche, mais je ne voudrais pas me faire arrêter pour indécence sur la voie publique.
Words often don't come easy
I never learned to show the inside of me
Oh no my baby, and you, you're always patient
Dragging out what I try to hide
Alex éclata de rire et entreprit de se rendre plus présentable sous l'œil amusé de son amant. Il enlevait tout juste les dernières traces de chocolat avec l'aide des yeux de lynx de Ben, lorsque son portable égrena les premières notes de You. Il décrocha et aussitôt, un large sourire naquit sur ses lèvres.
-Lou ! s'exclama-t-il.
-Dis-lui bonjour de ma part, souffla Ben.
-Ben te dit bonjour, s'exécuta Alex, et il t'embrasse, ajouta-t-il à l'adresse du professeur. Alors, comment ça se passe à Chartres ?
-Je commence à craindre qu'ils l'aiment plus que moi ! Les jumeaux ne le lâchent pas, Maman a entrepris de lui tricoter un bonnet et Papa l'initie à la conduite sur les parkings vides –c'est dur à trouver, crois-moi !
-Mon pauvre Lou, ça doit être terrible, se moqua le blond.
-Oui, je suis horriblement à plaindre. Plus sérieusement, je suis ravi et lui aussi ! Il craint un peu l'arrivée des grands-parents et des cousins demain, mais je le tranquillise.
-Oui, j'imagine !
-Aliocha, tu as l'esprit très mal placé. Mais ce n'est pas une découverte. Bref, continua Lou sans se soucier des protestations de son ami, c'était pour savoir si vous confirmiez pour le premier de l'an, que vous filez pas vous marier en Angleterre ou vivre en ermites au Groenland, d'amour et d'eau glacée.
-Noël t'atteint vraiment le cerveau, mon pauvre Louis, se désola Alex. Mais oui, on viendra au premier de l'an avec grand plaisir !
-Super ! Les autres on confirmé aussi, ça promet d'être génial ! Bon, je vais te laisser avec ton cher et tendre, il va finir par piquer un crise de jalousie.
-Ce n'est pas son genre, répondit Alex avec un sourire à Ben qui marchait tranquillement à côté de lui.
-Ben je vais quand même vous laisser en amoureux. Et je vais aller arracher le mien des griffes de mes petits frères… Will, Antonin, NON vous ne déguisez pas Samuel en pain d'épice ! Mon Dieu… Alex, je te laisse, je dois aller sauver mon cher et tendre. Passe un bon Noël !
-Toi aussi, preux chevalier. Embrasse Sammy pour nous !
-Ça marche ! Will, Antonin, NON !
Et là-dessus, il raccrocha, laissant Alex hilare au bout du fil désormais coupé.
I was always on the run
Finding out what I was looking for
And I was always insecure
Until I found, oh oh
Ils se promenèrent encore un moment, remontant l'avenue des Champs Elysées d'un pas léger, revigorés par leurs crêpes. Alex tomba en extase devant un stand de bonnets péruviens et entreprit de tous les essayer un à un, sous les rires de Ben et les soupirs exaspérés du vendeur.
-J'adore ! s'exclama-t-il en faisant des mines devant le miroir, coiffé d'un bonnet rouge écarlate à pompons blancs descendant sur ses joues. Chuis beau, non ? fit-il en se retournant.
-Magnifique ! réussit à articuler Ben.
Le pauvre se retenait à grand peine contre le mur du chalet, à deux doigts de pleurer de rire. Il aurait dû se douter que Noël, fête des enfants entre toutes, raviveraient les côtés enfantins du jeune homme. Le 1er Avril avait déjà été un grand moment, mais Noël semblait bien parti pur le surpasser, et de loin ! L'hilarité de Ben s'arrêta net lorsque son amant lui flanqua sur la tête un bonnet bleu et orange, aux mailles formant des flammes et tourbillons étranges. Un large pompon le surmontait, et quatre descendaient sur ses joues. Ben fit une grimace devant la glace, absolument pas convaincu. Et ce fut au tour d'Alex de rire.
-Tu es ridicule, mon cher !
-Prends garde à ce que tu dis, gronda Ben en arrachant son bonnet, le Père Noël pourrait t'entendre et te priver de cadeaux !
-Tu crois ? Pourtant, c'est la vérité !
-Sale gosse, asséna le professeur en le décoiffant et en l'emmenant loin du vendeur qui semblait à deux doigts d'exploser. Tu es terrible, tu le sais ça ?
Alex fit mine de méditer deux minutes, puis un large sourire authentiquement espiègle éclaira son visage.
-C'est pour ça que tu m'aimes, non ?
-Entre autres, c'est vrai, admit Ben de bonne grâce en lui volant un baiser. On rentre ? proposa-t-il. Avant que tu ne décides d'aller asticoter d'autres commerçants…
-Le vendeur de jouets en bois, là… suggéra Alex en glissant sa main dans la sienne.
-Hors de question !
Ben prit soin de le tirer dans la direction opposée, déclenchant son rire joyeux. Après tout, on ne sait jamais… Ils refirent plus ou moins le chemin en sens inverse, le brun gardant la main de son amant fermement serrée dans la sienne, histoire qu'il n'aille pas bondir partout. Ce fut pourtant lui qui s'arrêta net à quelques pas d'un chalet vendant des chocolats chauds, dont s'échappait un parfum plus que délicieux, et où étaient massés quatre garçons.
-C'est à ton tour d'avoir faim ? s'ensuit Alex, un brin moqueur.
Une pichenette sur le nez et Ben secoua la tête.
-J'en reconnais deux, c'est drôle, fit-il. Tu vois le brun, là ? Celui qui tient deux tasses, avec l'écharpe blanche ? C'est mon fleuriste, Michael.
-C'est à lui que tu achètes ces magnifiques bouquets ?
-A lui ou à ses collègues, une fille et un garçon… Et lui, ce doit être son compagnon, ajouta-t-il, amusé, comme l'auburn au grand manteau gris remerciait le fleuriste d'un baiser pour son chocolat.
-Et moi, je reconnais les deux autres, remarqua Alex.
Il regarda le deuxième couple, un blond et un brun foncé, rejoindre le premier avec un large sourire et reprendre une discussion manifestement animée, à grand renfort de rires et de grands gestes.
-Ah bon ? s'étonna Ben.
-Oui, c'est Ian et Loïc, des habitués du Coin de la rue. C'étaient nos deux malheureux de la Saint Valentin qui pfft !, se sont mis ensemble ! Ils sont adorables.
Ben acquiesça en silence.
-Tu veux aller les saluer ? proposa-t-il.
-Une autre fois, répondit Alex en haussant les épaules. Regarde, ils ont déjà disparus !
De fait, la foule avait déjà avalé les deux couples, transformant leurs silhouettes en dizaines d'autres semblables. Les deux amants reprirent leur marche, soudain désireux de s'éloigner de toute cette agitation. La nuit était maintenant franchement tombée, et la température avait chuté d'encore quelques degrés. Le ciel bas laissait présager une chute de neige dans la soirée, au plus grand plaisir d'Alex.
-C'est drôle, quand même, lança-t-il. Qu'ils se connaissent, précisa-t-il devant le sourcil haussé de Ben.
-Comme quoi, Paris n'est pas si grand que ça ! s'amusa le brun.
Sur ces mots, ils se repartirent se perdre dans les rues, à la recherche de la moto rugissante qui les ramènerait au chaud le temps d'un souffle.
You, you are always on my mind
You, you're the one I'm living for
Alex se débarrassa avec un plaisir non feint de son manteau, son écharpe et ses chaussures, et alla s'affaler dans le canapé. Aussitôt, Samara sauta sur ses genoux en ronronnant, offrant sa gorge aux doigts agiles et caressants du jeune homme. Amusé, Ben resta un instant immobile dans l'entrée, savourant le tableau qu'ils formaient. Il ne se lasserait jamais de ce rituel de retour, de ces livres qui traînaient un peu partout, de son placard empli de choses qu'il ne saurait même nommer, de l'odeur qui imprégnait l'autre oreiller de son lit, de la présence chaude et rassurante qui flottait dans les pièces même en son absence… Il alla rejoindre Alex sur le canapé, prenant soin de l'entourer de ses bras de façon à déranger le chat le moins possible. Lui aussi avait droit à sa part de câlins, il avait dû apprendre à partager ! Le blond l'accueillit en se reposant contre son torse avec un soupir de contentement, les yeux clos. Ils restèrent un moment immobiles et silencieux, seul le ronronnement de Samara brisant le silence. Le nez perdu dans les mèches blondes, les bras entourant un corps fin, Ben aurait presque pu figer le temps à cet instant. Presque. Mais cela l'aurait privé des secondes qui suivraient, encore et encore, toujours plus nombreuses, toutes liées à Alex… Celui-ci fut d'ailleurs secoué d'un rire léger, ce qui fit rouvrir les yeux à Ben.
-Qu'y a-t-il ? souffla-t-il.
-Je me rappelais du jour où on a décoré le sapin, répondit le jeune homme.
Le brun eut un grand sourire comme ses pensées et son regard rejoignaient ceux d'Alex. Le sapin clignotant et tout décoré de rouge et d'or, installé à côté de la cheminée, s'était révélé plus coriace à habiller que prévu… Ils s'étaient emmêlé les pinceaux avec les guirlandes, Alex réussissant Dieu seul savait comment à s'enguirlander tout seul. Une photo, posée sur le rebord de la cheminée avec celles d'Halloween et un portrait de Kyril et Anna, le montrait, l'air furibond et les bras croisés, emberlificoté dans un long serpent doré. A ses pieds, dressé sur ses pattes arrières, Samara tentait d'attraper le bout de la guirlande qui se balançait sous le coude du jeune homme.
-Inoubliable, commenta Ben. Je crois que je n'ai jamais autant ri en décorant un sapin !
-Oh ça va, hein, protesta Alex. Je te rappelle que tu n'étais pas mieux ! C'est juste que tu as réussi à subtiliser l'appareil avant que j'aie pu te photographier à ton tour. Tricheur !
-Machiavélique, nuance, répondit son amant en lui soufflant dans le cou.
Le blond ne put bouder longtemps, et il finit par éclater de rire. Il était tout de même dommage que l'image de Ben ne soit pas passée à la postérité, des morceaux de fausse neige partout dans les cheveux et sur les vêtements, des morceaux de guirlande en papier rouge collés à l'électricité statique sur sa peau… Il faisait presque penser à une bougie ! D'ailleurs, en parlant de bougie… Alex glissa ses mains sous la boule que formait Samara désormais assoupi sur ses genoux, et le souleva dans un miaulement faiblement désapprobateur.
-Je te le laisse, souffla-t-il à Ben en se dégageant doucement, posant le chat dans le creux du canapé. J'ai une bougie à allumer.
Il se leva souplement et alla chercher la bougie dans la chambre, posée sur la plus haute étagère de la penderie, encore emballée. Il avait mis un point d'honneur à ne pas y toucher jusqu'à ce soir. Là, il était temps. Il la ramena dans le salon et la posa sur le rebord de la fenêtre dans une soucoupe, caressant les ondulations de la vague du bout des doigts, perdu dans ses pensées. Puis son regard reprit un éclat déterminé, et il craqua une allumette, enflammant la mèche qui se consuma rapidement puis commença à manger la bougie, l'illuminant d'un feu de joie flamboyant. Alex ne pleurait plus devant les bougies depuis deux ans, mais le serrement au cœur restait le même. Il l'accueillait néanmoins comme un vieil ami, un habitué dont on sait qu'il repartira sur la pointe des pieds, comme il est venu. Des bras chauds et tendres s'enroulèrent autour de sa taille, l'attirant contre un corps réconfortant comme un menton se posait sur son épaule, un souffle caressant sa peau. Il posa ses mains sur les siennes, appréciant son soutien.
-Vous n'avez pas à vous inquiéter, murmura-t-il soudain. Je ne suis pas tout seul, Ben veille sur moi. Et en contrepartie, je le nourris. C'est équitable, non ?
La flamme tremblota.
-Ils ont l'air d'accord, souffla Ben. Joyeux Noël à vous, ajouta-t-il.
-Joyeux Noël, répondit Alex.
Ben ne bougea pas d'un iota, respectueux du silence de son amant. Il avait appris qu'aussi joyeux et déluré qu'il pouvait être, Alex avait également des moments de grand sérieux ainsi que de peine et de recueillement. Alors il se contenta de le garder contre lui, l'ancrant dans le présent par sa présence et son amour autour de lui. Il resterait ainsi aussi longtemps que le blond le voudrait, aussi longtemps qu'il en aurait besoin. Il le sentit se détendre peu à peu dans ses bras, vit ses traits se décrisper comme la bougie fondait, emportant son chagrin avec elle. Où était-il parti, que s'était-il rappelé en cet instant ? Ben doutait de le savoir un jour, et peut-être était-ce mieux ainsi. Il avait seulement besoin de voir Alex sourire ensuite d'un air apaisé.
-Merci, murmura le jeune homme avant de l'embrasser.
De chaste et doux, il gagna rapidement en intensité, le jeune homme perdant ses mains dans le dos de son aîné, remontant jusqu'à la nuque qu'il maintenait fermement. Les bras toujours enroulés autour de sa taille le serraient contre un corps soudain brûlant, semblable à la passion qui lui dévorait le cœur.
-Mais de rien, chuchota Ben lorsqu'ils se séparèrent, posant son front contre le sien. Tu crois qu'ils nous observent encore ?
-J'espère bien que non ! répondit Alex en riant.
Main dans la main, ils entreprirent d'aller préparer leur dîner. Enfin… Alex prépara et Ben lui passa les ustensiles, s'appliquant à le déranger régulièrement juste pour un baiser ou une caresse volés, toujours accueilli par un grand sourire appréciateur.
You, you're my ever lasting fire
Oooh (you're my always shining star)
(You're my always)
Satisfait tel un chat repus, le goût de la bûche au chocolat encore sur les lèvres et une coupe de champagne à la main, Alex alla s'asseoir sur le canapé pour regarder son amant s'activer devant la cheminée. Le feu ronflant, les flammes ondoyantes et lumineuses, la chaleur dégagée, tout cela le fascinait et le ravissait chaque fois un peu plus. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était regarder Ben allumer un feu. Un genou à terre sur l'épais tapis rouge et noir qui recouvrait le sol devant la cheminée, les manches de chemise relevées jusqu'au coude, ses longues mains manipulaient grosses bûches et petit bois, papier journal et allumettes, changeant la disposition d'une branche, d'une feuille pour optimiser la levée des flammes. L'enseignement du grand-père ne s'était pas perdu… Captivé, Alex suivait le moindre de ses gestes avec attention, débordant parfois sur la nuque, les muscles du dos jouant sous l'étoffe… Ben finit par craquer une allumette, et l'échafaudage s'enflamma d'un coup. Il s'empressa de remettre la grille de protection en place et se retourna à demi, le visage à mi-chemin entre les ombres et la lumière projetés par le feu. Alex prit un instant pour écouter le bois craquer, les feuilles crisser sous l'assaut dévorant. Puis il déposa sa coupe sur la table basse et rejoignit Ben sur le tapis, ressentant la chaleur déjà importante à travers sa propre chemise. Il posa une main sur le joue du brun, déjà chaude. Les yeux bleus scintillaient, la bouche entrouverte l'invitait plus que la décence ne le permettait. Il prit le temps de laisser ses doigts glisser le long de la joue, suivre le courbe du cou et de l'épaule, aller se glisser entre les boutons entrouverts sous la gorge. Son autre main vint aider la première à déboutonner le vêtement gênant, ses lèvres fraîches embrassant chaque parcelle de peau découverte. Immobile, Ben se laissait faire, le cœur battant plus fort à chaque caresse. Alex le débarrassa de sa chemise d'un geste, jaugeant le corps à demi nu d'un air appréciateur. Les flammes dansantes l'auréolaient d'une lumière orangée chaude et presque irréelle, en parfait contraste avec le givre qui recouvrait les vitres. Ben soutint l'examen sans sourciller puis, n'y tenant plus, attira contre lui le corps tentant qu'il trouvait bien trop loin à son goût. Les yeux s'accrochèrent un instant, emplis de la même fièvre, avant que les lèvres ne se rattrapent, toujours plus passionnées. Il leur était chaque fois plus difficile de se séparer, chaque baiser en appelait un autre, plus intense, plus dévorant. Les mains glissaient sur la peau nue, en découvraient une autre, caressaient des mèches folles, effleuraient, faisaient frissonner… Des soupirs et des gémissements s'associèrent bientôt au crépitement du feu comme les corps entamaient une danse mille fois répétée et toujours passionnée.
The night, always a good friend
A glass of wine and the lights down low
And you, lying beside me
Me full of love and filled with hope
Blotti dans les bras de Ben, nu sur le tapis, Alex n'éprouvait ni gêne ni froid. Le feu les entourait d'une douce chaleur et le corps de son amant, aussi déshabillé que le sien, lui faisait un soutien plus que confortable. Une main douce lui caressait le dos, des lèvres tendres glissaient dans ses cheveux tandis que ses propres doigts dessinaient des arabesques sur la peau soyeuse. Il n'avait aucune envie de bouger. Pourtant, une pensée lui traversa l'esprit et il fut secoué d'un rire léger.
-Qu'y a-t-il ? murmura Ben.
Alex leva la tête pour croiser les yeux bleus, encore un peu flous.
-Je pensais juste à un truc… Outre le feu, heureusement que le Père Noël ne passe pas vraiment par la cheminée ! Le pauvre, tu imagines ? Quoique, ajouta-t-il comme un sourire naissait sur les lèvres du brun, j'ai toujours imaginé un truc pas net entre le Père Noël et le Père Fouettard. Les contraires qui s'attirent, tout ça…
-Tu imaginais ça à 6 ans ?! fit Ben, interloqué.
-Non, corrigea Alex en riant. A 6 ans, je me demandais plutôt pourquoi la super voiture de course que j'avais commandée n'était pas sous mon chausson.
Ben éclata de rire et déposa un baiser dans ses cheveux. Il l'imaginait très bien gamin, soulevant tous les chaussons du sapin et secouant tous les paquets pour trouver une Ferrari.
-Plutôt une Porsche, précisa le jeune homme avec un clin d'œil.
-Vraiment ? fit Ben, amusé. Tu veux tes cadeaux ? ajouta-t-il en faisant mine de se lever. Ce n'est pas une voiture de course, certes, mais…
Alex le coupa d'un baiser et d'une main impérieuse posée sur son torse, le rallongeant sur le tapis.
-Tout à l'heure, murmura-t-il sur ses lèvres. Là, j'ai bien mieux sous la main…
-Ah oui, vraiment ? demanda le brun, l'air étonné.
-Oui, vraiment, répondit Alex avant de le réduire au silence d'un baiser.
Ben sourit dans la caresse et ses mains repartirent à l'assaut de la peau offerte. Décidément oui, heureusement que le Père Noël ne passait pas réellement par la cheminée… Et tandis que les deux amants reprenaient leur danse au coin du feu, les premiers flocons de Noël se mirent à tomber au-dehors.
You, you are always on my mind
You, you're the one I'm living for
You, you're my ever lasting fire
You, oh oh
(You're my always shining star)
(You're my always)
FIN
Et voilà ! Avec cette histoire se clôture le recueil de One year of love. Ça me fait bizarre de me dire que ça fait déjà un an que j'ai commencé à écrire avec ces personnages. Pfiou ! En tout cas, merci à tous d'avoir lu jusqu'au bout et de vous être attachés à eux, ça me touche beaucoup. Joyeuses fêtes à tout le monde !
It's alright with me
Tout me va
As long as you are by my side
Tant que tu es à mes côtés
Talk, or just say nothing
Tu peux parler, ou rester silencieux
I don't mind, your looks never lie
Peu m'importe, tes yeux ne mentent jamais
I was always on the run
J'étais toujours pressé
Finding out what I was looking for
De trouver ce que je cherchais
And I was always insecure, oh
Et j'avais si peu confiance, oh
Just until I found
Jusqu'à ce que je découvre
Words often don't come easy
Les mots ne me viennent pas facilement
I never learned to show the inside of me
Je n'ai jamais appris à montrer mes sentiments
Oh no my baby, and you, you're always patient
Oh non, et toi, tu es toujours si patient
Dragging out what I try to hide
Découvrant ce que je tente de cacher
I was always on the run
J'étais toujours pressé
Finding out what I was looking for
De trouver ce que je cherchais
And I was always insecure, oh
Et j'avais si peu confiance, oh
Just until I found
Jusqu'à ce que je découvre
You, you are always on my mind
Toi, tu occupes toutes mes pensées
You, you're the one I'm living for
Toi, tu es celui pour qui je vis
You, you're my ever lasting fire
Toi, tu es mon feu éternel
Oooh (you're my always shining star)
Oooh (tu mon étoile brillant sans fin)
(You're my always)
(Tu es mon éternel)
The night, always a good friend
La nuit, mon amie de toujours
A glass of wine and the lights down low
Un verre de vin, et des lumières tamisées
And you, lying beside me
Et toi, reposant à mes côtés
Me full of love and filled with hope
Moi, plein d'amour et d'espoir
You, you are always on my mind
Toi, tu occupes toutes mes pensées
You, you're the one I'm living for
Toi, tu es celui pour qui je vis
You, you're my ever lasting fire
Toi, tu es mon feu éternel
Oooh (you're my always shining star)
Oooh (tu mon étoile brillant sans fin)
(You're my always)
(Tu es mon éternel)