C'est une histoire toute simple, écrite en cours d'anglais, parce que la prof était incompétente, et que je venais, encore une fois, de rougir. c'est de là que tout est parti, mais ça n'est pas autobiographique, loin de là.
j'espère que vous aimerez

Blush !

Il l'avait rencontrée deux ans auparavant. Au début, de sa première année.
Il n'était pas particulièrement timide à l'époque - pas qu'il le soit, plus aujourd'hui d'ailleurs- et il s'était rapidement fait des amis.
Il la trouvait timide, mignonne, et prompte à rougir, mais pas vraiment intéressante. De toute leur première année de fac, il ne lui a pas adressé la parole. Pourtant ils étaient dans la même classe. Mais ils n'avaient pas les mêmes amis, ni les même centres d'intérêts, et elle était vraiment timide. Ils se connaissaient de vue, mais rien de plus.

En deuxième année, ils étaient encore là, tous les deux. Et encore dans la même classe, ce qui, sur une promo de trois cent personnes, relève plus ou moins du miracle. Cette année-là, il lui a parlé, deux fois. Une fois pour s'excuser de l'avoir bousculée en entrant en classe. Et une autre fois pour lui demander une feuille. Elle avait maintenant un cercle d'amis, elle était bien moins timide, et toujours aussi mignonne et rougissante. Elle connaissait son nom, il ne connaissait pas le sien. Hasard de la feuille de présence à signer. Et aussi parce qu'il chahutait pas mal en cours, les profs l'interpellaient souvent, ses amis aussi.
Et à ceux qui disaient qu'il ferait mieux de suivre en cours, il rétorquait que c'était bien plus amusant de rire avec des amis, plutôt que de noter des choses qui ne serviraient jamais à rien. Sauf à avoir son semestre peut-être. Et encore.
Quand arriva la fin de la seconde année, il organisa une grande fête pour tous ses amis, il l'invita elle aussi d'ailleurs, comme toute la classe, et la moitié de l'amphi. Mais elle ne vint pas ce soir là, et il eut peur de ne plus jamais la revoir. Peut-être qu'elle n'avait pas eu son année, peut-être qu'il lui était arrivé quelque chose.
Puis un ami l'appela, et il l'oublia…

Jusqu'à la rentrée de l'année suivante.

Il avait été soulagé de la voir dans la même salle que lui le jour des attributions des emplois du temps. Avec un peu de chance, ça voulait dire qu'elle serait encore une fois dans sa classe. Et il devait s'avouer que si son regard était tout le long braqué vers la porte, ce n'était pas juste pour voir arriver ses amis. Peut-être un peu pour elle aussi.

Avec un rapide coup d'œil, discret, il l'espérait, il s'assura qu'elle était dans la même classe que lui cette année encore. Il en fut soulagé. Après tout, voir un visage familier tous les jours pendant deux ans, ça marque. Et puis ça lui donnait une impression de continuité rassurante, et agréable. Comme pour ces inconnus qu'on croise dans le metro tous les jours, toute l'année, qu'on a l'impression de connaître. Il l'observait avec une certaine tendresse, elle faisait partie de sa vie, tout comme ses amis, même s'ils ne s'étaient jamais vraiment parlés.

Cette année là, elle n'avait apparemment pas ses amis dans la classe, les groupes étaient éclatés. Elle n'était plus timide cette année, mais toujours aussi jolie, et, surtout, elle ne rougissait plus. Plus du tout. Il se demandait comment et pourquoi -pour qui- elle avait perdu ce rougissement qui la caractérisait tant. Il décida d'apprendre à la connaître, de lui parler et surtout de la faire rougir. Il allait la faire rire, la charmer, la déstabiliser. L'intéresser. La découvrir.

Il la fit rire une fois, en anglais. Une autre fois, en amphi, et puis il arrêtât de noter les fois où il la faisait rire, c'était devenu une habitude. Mais elle ne rougissait toujours pas.

Ils se souriaient, se parlaient, se découvraient, petit à petit.

Vers le milieu de l'année, quand il remarqua qu'un autre la faisait rougir, il décida d'agir à son tour. Oui elle avait des amis, et l'un d'eux était peut-être plus qu'un ami. Ça l'énervait, il voulait la faire rougir.
Mais jusqu'à maintenant, il n'avait pas vraiment tenté quoique ce soit.
Alors le lendemain, il lui fit la bise. Et oh surprise, elle rougit. Enfin. Il était ravi. Il continua à parler l'air de rien. Et elle continuait à rougir.
Soulagé, il tourna les talons, il n'y avait pas que l'autre gringalet qui réussissait à la faire rougir. Pour le coup, il décida de recommencer tous les jours.
Il y pensa toute la semaine, lui faisant la bise dès qu'il la voyait, pour le plaisir de la faire rougir.

Ça devenait comme un jeu entre eux, lui la faisait rougir, en l'effleurant, en la taquinant, en lui faisant des compliments. Elle essayait de ne pas rougir, et à son grand regret, c'était de plus en plus elle qui gagnait.

Il lui fallait un moyen de la faire rougir à tous les coups… l'embrasser peut-être. Ouais, il allait l'inviter au ciné, rien que ça, ça devrait suffire à la faire rougir pendant un bon moment, un vrai régal pour les yeux. Surtout les siens. Rien que les siens. De toute façon, c'était un sport assez peu répandu à la fac que de faire rougir les filles. Mais c'était une bonne chose. Elle était SA proie, il n'y avait que lui qui avait le droit de la faire rougir.

Il devenait possessif avec elle. Et ce n'était pas forcément une mauvaise chose.

Il l'embrassa, oui, mais au cinéma, dans la salle obscure, sans pouvoir regarder le sang gagner ses joues, et les roser délicatement (ou pas, suivant l'intensité de son embarras). Il n'avait même pas eu l'excuse de vouloir la faire rougir.

Et puis le temps passa, ils étaient toujours ensemble, sortaient ensemble, révisait ensemble. On pouvait même dire qu'ils étaient un couple.
Mais elle ne rougissait plus.
Le début de la quatrième année arriva, ils étaient reçus tous les deux. Et il y avait une nouvelle dans la classe.
Une nouvelle qui rougissait tout le temps, qui était très timide, et très mignonne aussi.
Une fille comme Ninon, un défi !

Tout ce qu'il avait fait pour rougir Ninon, il le refit avec la nouvelle.
Et Ninon ne comprenait pas. Ninon se fâchait.

Mais c'était pas comme s'il y avait eu des grands serments, des promesses d'éternité ou de fidélité. Non. Ils ne s'étaient rien promis. Il avait le droit de faire rougir une autre fille.
Il n'y avait pas eu de je t'aime, pas de présentation aux parents. C'était confortable pour elle et lui, mais rien de plus.
Il ne s'en voulut pas quand il rompit avec elle. Il ne s'en voulut pas quand elle cria, à peine un pincement de cœur quand elle pleura. Et une franche incompréhension quand elle l'insulta.
Il n'y avait rien eu. Juste du temps passé ensemble.
Il ne comprenait pas pourquoi gâcher ces bons souvenirs avec des pleurs et des cris à la fin.
Alors il ne dit rien. Laisser glisser.
Elle finirait bien par se calmer.

Elle avait pleuré, crié, insulté…. Mais elle n'avait pas rougit.
Elle ne rougirait plus pour lui, c'était sur.

Heureusement, il y avait Zoé, toute prête à rougir pour lui.

Quand Zoé ne rougit plus, ce qui prit bien moins de temps que Ninon, il la largua, et partit en chasse.

Une fille rougissante, pas trop timide et mignonne, c'était pas si difficile que ça à trouver. Non ?
A lui les sorties en boite, les filles trop maquillées, aux joues artificiellement rougies, par des produits cosmétiques et par la boisson.

Quand en cinquième et dernière année, il se retrouva encore une fois avec Ninon dans sa classe, et qu'il la vit rougir face à un autre étudiant qui sortait d'une école de commerce, un étudiant beau, riche et sûr de lui, il vit rouge.

Il essaya à nouveau de s'approcher d'elle. A nouveau.
Recommençant ses efforts des années précédentes. Et bien plus encore.
Les cadeaux, les restaus, les invitations. Elle refusait tout. Et surtout, pire encore, elle ne rougissait plus du tout. Plus pour lui. Uniquement pour cet étudiant né avec une cuillère en argent dans la bouche, qui avait fait les meilleures écoles.
Pas pour un gars de la banlieue, qui essayait fort de s'en sortir. Il était jaloux de ce gars. Il le haïssait. Il avait tout. Et il l'avait surtout. Elle.

Ça le désespérait. Presque.
Il n'avait jamais abandonné, il n'allait pas commencer maintenant.

Et puis un matin, elle arriva essoufflée, et rougissante. Comme aux premiers jours.

Il en fut ravi.
Et il entreprit à nouveau sa "cour".
Il avait renoncé à trouver une autre fille comme elle. Ce serait elle et pas une autre.

Mais il eut beau faire, ni les blagues, ni les flirts, rien. Elle n'était plus impressionnée par lui.
Il ne n'impressionnait plus.
Il n'avait plus l'avantage.
Elle le dominait. Elle décidait.

Il ne savait plus quoi faire. Mais il n'abandonnait pas. Ça non. Jamais.

A la fin de l'année, il finit par aller la voir.
Pour lui parler, lui expliquer, lui montrer ce qu'il ressentait. Peut-être aussi s'expliquer sur son comportement.
La chasse aux filles comme elle. Toujours comme elle, mais jamais aussi bien.
Il partit en lui arrachant une promesse.
Venir à la fête qu'il organiserait comme chaque année, pour lui dire si elle lui donnait encore une chance.

Elle hocha la tête, puis partit avec son riche étudiant.
Il comprit qu'il l'avait perdue. Définitivement perdue.
Il se laissa aller quelque temps.
Avant de se rappeler qu'il avait une fête à organiser pour ses amis et une vie professionnelle à commencer.

Il organisa la fête. Elle devait être inoubliable.
Elle symboliserait la fin d'une époque. La fin des études, la fin des allers-retours quotidiens à la fac, la fin des jeans baskets, la fin d'une période d'insouciance.
Il avait trouvé un travail. Avait eu quelques contacts avec ses amis de la fac.

Finalement la date tant attendue arriva. Il y avait beaucoup de monde, de l'alcool et des victuailles en quantité et pour tous les goûts.
Et finalement, elle était là. Avec son bellâtre. Mais elle était là. Il pourrait la voir une dernière fois, avant son adieu à l'insouciance de ses jeunes années.
Quand elle vint lui dire bonjour, elle lui fit la bise. Et il se passa une chose extraordinaire. Il rougit.
Oui, lui, il rougit. Lui le bourreau des cœurs, le gars sûr de lui et de son charme.
Il rougit.

Il avait peut-être un peu trop d'alcool dans le sang, mais il rougissait. Elle étai toujours aussi belle. Et toujours aussi "accompagnée".
Il avait perdu.

Il passa l'après-midi et la soirée à boire, sans oublier de jouer les hôtes correctement, s'occupant de ses invités, de ses amis. Mais il ne pouvait aller nulle part sans croiser son regard heureux.
Et puis la fête s'acheva, et il se retrouva seul pour tout ranger.
Les couverts en plastique, les assiettes en carton, les cadavres de bouteilles et de paquets de gâteaux apéritifs.

Mais il restait quelqu'un pour l'aider. Ninon n'était pas partie. Ninon l'aidait.

Et quand tout fut rangé, quand la pièce fut propre, elle s'approcha de lui.

Et elle rougissait en avançant doucement. Elle rougissait en lui prenant les mains. Elle rougissait en lui disant que le richard, c'était un cousin à elle, que si elle rougissait quand elle était avec lui c'était parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de parler de lui, qu'elle avait eu tellement de mal à ne pas rougir quand elle le voyait, quand il lui parlait, que ça avait été si dur. Qu'il avait souvent failli réussir. Qu'il lui manquait.
Que même s'il avait été un vrai salaud, elle l'aimait toujours.
Que le fait de rougir montrait qu'elle n'était pas à l'aise, pas rassurée, pas sure d'elle.
Que quand elle ne rougissait pas, ça n'était pas de l'indifférence, mais de la confiance.
Que la prochaine fois qu'il allait voir ailleurs, qu'il partait en boite draguer une de ces filles trop maquillées, ou une qui rougissait plus qu'elle, elle ne lui parlerait plus. Plus jamais.
Que c'était à lui de faire des efforts, qu'elle avait fait le premier pas cette fois-ci, que c'était à lui d'assurer maintenant.
A lui.

Pendant qu'elle parlait, elle rougissait toujours, et lui ne disait rien, se contentant de l'écouter mettre les choses au point, se gavant de sa beauté, de son odeur de son corps contre le sien.

Et quand elle eut finit de parler, il assura sa prise sur sa taille, et la fit tourner, tourner, tourner. Jusqu'à ce qu'ils en perdent le sens de l'équilibre, jusqu'à ce qu'il s'écroule sur elle, jusqu'à ce qu'il l'embrasse, en lui promettant que plus jamais il n'irait ailleurs, que plus jamais il ne la blesserait, que plus jamais il ne la ferait souffrir. Qu'ils étaient ensemble maintenant, mais que si jamais elle rougissait à un autre, qu'elle vienne le voir et le rassurer. Qu'il avait été terriblement jaloux de son cousin, qu'il fallait qu'elle lui dise tout ce qu'il s'était passé, qu'il l'aimait à la folie, qu'il avait eu mal, si mal quand elle n'était pas là, qu'il avait tout essayé.

Le reste leur appartient.
Mais ils sont ensemble. Pour le début de cette nouvelle vie.
Ensemble !

FIN

J'espère que cette petite histoire vous a plu.
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