Avertissement: Gary-Stu, benêt, guimauve, glauque. À ne pas mettre entre toutes les mains: réservé aux personnes ayant une sensibilité particulière…
Histoire Courte
UMDG
À Laetitia, comme promis. Enfin… presque.
Notre rencontre fut brève. Un court instant où nos âmes se mêlèrent. Ses yeux froids noyaient les miens, sa peau douce effleurait la mienne en sueur. Son corps, à peine fatigué, contrastait avec le mien. Désir, chaud, bouillant… Brûlant…
Ce jour où je le croisai, je marchais dans la rue avec des potes. Nous avancions, gaiement, rentrant de la fac après de longues heures de cours où plutôt que d'écouter, nous nous foutions gentiment de la gueule des profs. Nous étions crevés. Trente minutes de marche entre mon immeuble et la salle de cours, et nous en étions à peine à la moitié. Le temps nous semblait long, si long, pressés que nous étions de nous affaler sur mon canapé devant un match de foot débile, des canettes à la main… Rien d'extraordinaire, mais tellement plus tentant que la routine ordinaire qui constituait nos jours!
Le temps se faisait lourd sur nos vestes trempées de sueur, et malgré la courte averse qui avait croisé notre chemin quelques instants auparavant, nous avions chaud, et cette chaleur nous montait à la tête.
Un de mes potes, je ne sais aujourd'hui plus lequel, racontait une blague débile, de celles qui ne font rire que la catégorie de personnes à laquelle appartiennent les insomniaques, les étudiants en période d'examens et les gens saouls. Il a dû se dire qu'ayant prévu de se bourrer la gueule le soir même, il allait nous donner un petit aperçu de son futur état mental. Toujours est-il que je me remémore cette histoire courte comme une des plus débiles que j'aie jamais entendues, et la connaissant déjà, je me détournai.
"Hey, les gars, vous connaissez la véritable histoire de Paf le chien?"
Mon meilleur ami, également au parfum, me désigna de l'index une personne qui marchait dans la rue, "l'autre débile là-bas", et mon pouls s'arrêta. Là-bas. Ça y était: j'avais fait sa rencontre.
Je me demandai de prime abord de quel genre – quel sexe – était cet individu, et puis qu'importait. Fille ou garçon, c'était la même chose. Quand parle le cœur…
La première fois que je le vis, il marchait dans la rue. Je ne fis qu'apercevoir sa silhouette de dos, et déjà, je craquais. Il portait l'uniforme du lycée privé du coin. Une horreur dont le bleu passé lui allait pourtant à ravir. La coupe du pantalon mettait en valeur des jambes parfaites et un fessier divin, et un sac pendouillait à son épaule mince, dévoilant un dos à la carrure merveilleuse. Quelques mèches de ses cheveux noirs, souples, à peine longs, chatouillaient sa nuque, recouvertes d'une écharpe visiblement tricotée main portant son prénom – Archie – et ce malgré la chaleur ambiante. Peut-être était-il malade? Je me posai d'autant plus la question que sa démarche semblait vacillante. Je n'étais visiblement pas le seul à me le demander.
"Il a de la fièvre et ça lui monte à la tête, tu crois?"
Mon meilleur ami toujours, heureux découvreur de la merveille ambulante que nous fixions tous deux, avait comme souvent rejoint mes pensées. Était-il fou? Nous n'en savions rien.
Il marchait. Gracieusement, il avançait, un pas après l'autre, orteil contre talon, le long de la bordure du trottoir. Ses pieds s'alignaient tour à tour, sans dépasser d'un centimètre sur la droite ou la gauche. Son attitude, bien qu'enfantine, n'en était pas moins rigoureuse, et lentement, il progressait. Il possédait à la fois la frêle assurance de la gymnaste avançant agilement sur une poutre et le jeu puéril d'un gamin de primaire.
Il était… positivement craquant.
Ses bras se positionnaient à une parfaite horizontale, stabilisant son corps mince et supportant des mains souples, longues et blanches. Alors que petit à petit nous nous rapprochions de sa silhouette de plus en plus nette, des détails auparavant flous nous apparaissaient. Les reflets de ses cheveux, d'abord, puis le bord d'une oreille, le contour d'un ongle: tout était parfait, jusqu'au petit nez mutin que je vis du coin de l'œil en le dépassant; je n'allais pas le dévisager ouvertement, bien que ce ne soit pas l'envie qui m'en manquât. Il était tellement beau…
Quelques pas plus loin, je me retournai, et c'est là que je m'en rendis compte.
Il ressemblait à un ange.
Ses yeux, baissés sur le sol, étaient de l'azur le plus précieux, et derrière lui, même le ciel m'apparaissait plus infini. Il était comme entouré d'une auréole qui faisait que son visage avait l'air lumineux. Son front haut semblait altier, ses joues portaient les courbes les plus pures, et je mourrais d'envie que sa bouche s'approche de la mienne, ne fût-ce que pour un simple baiser. Même ses cils, même ses sourcils, étaient de la beauté la plus évanescente. Je lui donnais à peine seize ans.
Puis mon regard se fit coquin et j'osai détailler plus attentivement le corps de cette douce créature.
Sur lui, le chandail réglementaire se faisait fluide, épousant à merveille son torse qui se dévoila ainsi comme finement ciselé. Visiblement, lui aussi avait subi la petite averse: ses tétons turgescents n'en étaient que plus voyants. Me les imaginant rougis par les caresses, je sentis mon visage s'enflammer, sans pour autant détourner mes yeux de l'analyse attentive de sa beauté. Arrivé sous la ceinture, je retins mon souffle, effaré par mon effronterie. Je devinai un boxer suffisamment moulant pour ne rien dissimuler à un œil exercé. Puis, enfin, je m'attardai sur ses jambes qui, toujours, se cachaient l'une l'autre le long de sa progression équilibrée.
Il continuait d'avancer et je m'arrêtai. Mes yeux, revenus à ses pupilles horizon, s'y étaient comme accrochés. Il me regardait, presque sans me voir, et pourtant il semblait lire en moi, voir jusqu'aux recoins les plus sombres de mon esprit. Je ne pus rien lui dissimuler: Il sut tout, de mon admiration à ma perversité, de la sueur qui salissait mon corps à l'envie de sexe qui m'étreignait à sa vue. Il sut mon désir…
Et pourtant il continuait d'avancer, tout en me fixant, il avançait.
Et même quand la voiture au conducteur pressé, qui sortait du parking souterrain, le moteur rugissant, la tôle rouge, s'élança vers la partie du trottoir sur laquelle il progressait, il continua d'avancer.
" Et 'paf' le chien!
- Pfff
- Ha ha aaaaaaaaaaaaah!"
Fin.
NDA: J'ai eu l'idée de ce truc en lisant Parmi Eux. Même s'il ressemble physiquement à Kayashima, bizarrement, je pensais à Kujo en écrivant cette histoire… Peut-être que le narrateur lui ressemble? Qui sait.
Je pense que cette histoire aurait pu s'intituler "Une mort de Gary-Stu", d'où le sous titre.
J'espère quand même qu'elle vous a plu.
K.