La lignée de la Rose
La lignée de la Rose
33 après J.C. 9 mois plus tard, Bethléem
Les cris que l'on entendait dans la maison étaient ce d'une femme en plein travail.
En effet, les contractions avaient commencé quelques heures plutôt et la future mère avait sentit qu'elle perdait les eaux. L'enfant arriva avec quelques difficultés pour la mère. Elle perdit énormément de sang lorsqu'elle accoucha. Sentant que l'hémorragie ne s'arrêterait pas et qu'elle n'allait pas tarder à trépasser, elle donna au nouveau-né pour prénom celui de Gabriel. Après avoir vu son enfant, elle mourut heureuse, assurant ainsi sa descendance. Cette femme était Marie-Madeleine, et son enfant, celui du Christ.
1988, Paris
Il pleuvait averse cette nuit sur Paris. Une voiture filait à toute allure dans les rues de la capitale. Elle s'arrêta devant les portes d'une grande bâtisse. Une femme sortit par la porte arrière de la voiture et vint frapper à la porte du bâtiment. Elle serrait contre elle quelque chose qui bougeait doucement. La porte s'ouvrit, et la silhouette qui apparue dans l'embrasure fut surprise de cette visite.
- Gabrielle ! Que me vaut ta visite en cette heure si tardive ?
- Père Laurent, j'ai besoin de votre aide.
Elle découvrit alors la chose qui était collée contre elle. Un bébé endormi. A la vue de ce dernier, le Père comprit la situation et la fit entrer précipitamment à l'intérieur du cloître.
- As-tu été suivie ?
- Je ne crois pas. Mon père, je vous le confie. Je ne pourrais pas m'en occuper.
- En es-tu vraiment sur ? Je veux dire que ton père s'est occupé de toi dès ta naissance…
- Mon Père, Gabriel n'a plus de père pour s'en occuper. Ils l'ont tué.
- Je comprends. Le cloître St Sauveur s'occupera de ton fils.
- Merci mon Père.
- Et toi, que comptes-tu faire ? Tu peux rester ici autant de temps que tu le veux. Le cloître est ta maison ne l'oublies pas.
- Je le sais. Mais ce qui m'importe le plus pour l'instant c'est la sécurité de mon fils. Je ne veux pas qu'il me retrouve et prendre le risque de le perdre.
- Ne t'en fais pas Gabrielle. Que Dieu te garde.
- Au revoir mon Père.
Elle se pencha vers son fils, l'embrassa une dernière fois avant de sortir sous la pluie battante et de s'engouffrer dans la voiture, puis de disparaître.
2006, Paris
La bibliothèque était silencieuse. Pas un bruit, si ce n'était celui des pages que l'on tournait ou des stylos.
Assis à une table, à l'écart de l'allée principale, un jeune homme blond était plongé dans un livre sur l'art religieux. Absorbé par sa lecture, il ne vit pas l'étudiant qui venait de s'asseoir en face de lui.
- Pst Gabriel.
Ce dernier détacha son regard de son livre et le posa sur le jeune homme blond en face de lui.
- Raphaël. Que veux-tu ?
- Ce que tout le monde essaye d'avoir de toi. Une invitation à dîner ce soir chez moi, ça te tente ?
- Tu es incorrigible.
Cependant, il accompagna cette remarque d'un sourire, chose qui était rare, selon les personnes qui connaissaient Gabriel.
Gabriel Saint Clair. Orphelin, élevé par des moines.
Gabriel Saint Clair. Beauté glaciale faisant chavirer plus d'une personne.
Toutes sortes d'histoires circulaient sur son compte. Chacune atteignant un niveau plus ou moins proche de la vérité.
- Je viens te chercher à la fin de tes cours alors ?
- Pourquoi pas. 18h, devant l'entrée du bâtiment ?
- Très bien. Alors à tout à l'heure.
- Ciao !
Alors que le soleil couchant teinté les vitres de l'université, Gabriel attendait Raphaël devant la bibliothèque. Cette dernière était vide de toute personne, mis à part la bibliothécaire qui venait de fermer les portes du bâtiment. Le site était de plus en plus désert, et Raphaël n'arrivait toujours pas.
Son portable se mit à vibrer. Un message de Raphaël apparu sur l'écran. Ce dernier le prévenait qu'il serait un peu en retard et qu'il devait l'attendre comme convenu.
La nuit tombait lentement mais sûrement, tapissant d'ombre le site universitaire. Plus une seule âme ne se trouvait dans les environs.
'Manquerait plus qu'il m'arrive quelque chose.'
A peine eu-t-il cette pensée, qu'un léger bruit se fit entendre. Celui-ci provenait de derrière lui, et à en juger par le son émit, quelqu'un s'amusait sur les grilles métalliques.
Cependant le bruit prit de la vitesse, commençant à l'entourer. Il distingua par la suite des bruits de pas sur le dallage. Puis, sortant des recoins sombres, des personnes encapuchonnées s'avancèrent vers Gabriel. Ce dernier, instinctivement se mit en position d'attaque, attendant de voir ce que ce groupe lui voulait.
- Que puis-je pour vous ?
Il ne comprenait pas trop ce qu'ils disaient, mais quelques paroles lui arrivèrent aux oreilles.
- Tuer la Rose…
Sans crier gare, celui qui se trouvait derrière lui attaqua. Gabriel l'évita de justesse, son assaillant trébuchant sur une dalle plus haute que les autres. Tout en se demandant comment se dépêtrer de cette situation, Gabriel envoya son poing dans l'estomac d'un autre homme. Ce dernier courbé en deux par le choc du coup, Gabriel en profita pour prendre appui sur ses épaules, effectua un rétablissement derrière son attaquant et le mit K.O. par un coup de pied retourné.
Une détonation. Un sifflement passant à côté de son visage. Quelques mèches de cheveux arrachés. Un corps tombant derrière lui. Puis le grondement du moteur d'une moto arrivant vers lui.
- Gabriel ! Monte !
Au son de la voix, il reconnut Raphaël. Il s'empressa de monter derrière lui, récupérant au passage son sac et filèrent.
Arrivés chez Raphaël, ils posèrent leurs affaires à terre et s'assirent sur le sofa. Le silence s'installa entre eux pendant un certain temps.
- Qui étaient ces gens Gabriel ?
- J'en sais rien Raphaël.
- Alors que te voulaient-ils ? As-tu dis quelque chose de spécial pour t'attirer leur colère ?
- Je leur ai juste demandé ce qu'ils voulaient et ils ont parlé de tuer une rose.
- Une rose ? Pourquoi diantre s'en prendre à une fleur ?
- Telle est la question. Sinon, et ce dîner ?
- Ah oui. C'est un peu à cause de lui que je suis arrivé en retard. J'ai eu un peu de mal avec mes makis.
Il se leva et revint de la cuisine avec un air tout penaud, tenant dans ses mains un plateau de makis un peu ratés. Un sourire indulgent se dessina sur les lèvres de Gabriel. Il se saisit d'un maki et le mangea.
- Ils sont bons. Merci.
Raphaël fit un grand sourire au fait que son ami aimait son plat. Il vint le rejoindre sur le sofa et dînèrent devant un film.
Longeant le long couloir qui le séparait de sa chambre, Gabriel se dirigeait vers le bureau du Père Laurent. Ce dernier voulait le voir afin de parler de certaines choses importantes.
Alors qu'il entrait dans le bureau, il remarqua pour la première fois une certaine inquiétude sur le visage du Père.
- Mon Père ?
- Gabriel. Assieds-toi mon enfant.
- Qu'avez-vous ? Quelque chose vous tracasse ?
- A dire vrai mon fils, oui. Une chose me cause du soucis. Il faut que je te parle d'une chose importante.
- Qu'y a t-il ? Mon Père, vous m'inquiétez.
- L'agression à ton encontre m'a ouvert les yeux.
- Que voulez-vous dire ?
- Je ne m'attendais pas à te révéler tout cela maintenant, mais dans les circonstances actuelles, il est plus que temps. Il s'agit de ta famille.
- Je n'ai pas de famille.
- C'était un mensonge. Si tu te souviens bien, un jour tu m'as demandé pourquoi tu avais une rose tatouée dans le dos. Je t'avais dis que tu étais trop jeune pour le savoir.
- Oui, je m'en souviens.
- Cette rose est la marque de ta famille. La famille Saint Clair. Ta mère, à ta naissance, t'a confié à notre protection, de peur qu'il découvre ton existence et te détruise.
- Je ne comprends pas mon Père.
- Quand j'y pense, t'avoir protégé pendant ces dix-huit années furent un plaisir immense. Et maintenant regarde ce que tu es devenu. Dommage.
- Mon Père ?
- Ecoutes Gabriel, fais très attention à toi. Ne te laisse pas approcher…
Soudain, un vacarme assourdissant se fit entendre. Gabriel et le Père Laurent se levèrent, les sens en alerte. Des bruits de pas, courant sur le plancher allaient et venaient dans les couloirs. Puis une détonation. Une odeur âcre se faisait sentir. Le Père Laurent se dirigea vers son armoire et en sortit une enveloppe qu'il tendit au jeune homme.
- Tout ce que j'aurais du te dire sur ta famille se trouve dans cette enveloppe. Maintenant écoutes-moi attentivement.
Il déplaça l'armoire derrière laquelle se trouvait une porte. Il ouvrit cette dernière.
- Quoique tu entendes, surtout ne te retournes pas. Empruntes ce passage et vas te réfugier.
- Mon Père…
- Mon petit Gabriel.
Il serra le jeune homme dans ses bras et le poussa dans le passage. Il referma la porte de ce dernier une fois que Gabriel tourna à droite et replaça l'armoire. Il se prépara à affronter ce qui se passait derrière les portes de son bureau.
Après avoir marché pendant près d'un quart d'heure, Gabriel vit enfin la fin du passage. Il se retrouva dans la cour d'un immeuble. Ce n'est qu'en sortant du bâtiment qu'il prit conscience du spectacle qui s'offrait sous ses yeux. D'immenses flammes léchaient le cloître dans lequel il avait passé la plupart de son enfance. Cependant, il devait faire comme le lui avait demandé le Père Laurent. Relevant la capuche de son gilet, il partit dans la direction opposée du cloître embrasé, ne se retournant pas.
Assis sur un banc, Gabriel assimilait les événements qui venaient de se passer. Et à commencer par des révélations sur son passé. Les informations que l'enveloppe contenait, se révélèrent explosives. Gabriel Saint Clair, dernier descendant de Marie Madeleine. La rose noire dans le creux de ses reins en était la marque. Sa mère l'avait confié au cloître St Sauveur afin de le protéger. Ainsi pendant dix-huit ans, il avait pu vivre tranquillement. Quoique. Certains détails lui revinrent en mémoire. Ces personnes qu'il croisait et qui lui souriaient comme s'ils le connaissaient. La boulangère, le libraire et tous les commerces aux alentours du cloître. Finalement, il se rendait compte qu'il avait été l'objet d'une surveillance accrue durant son enfance, lorsqu'il jouait dans le parc ou lorsqu'il allait boire un verre dans un des bars des environs. Et ce soir, le cloître venait de brûler. Ses occupants s'étaient sacrifiés, Père Laurent en premier, afin de le protéger de l'ennemi. Quelques larmes coulèrent sur ses joues aux souvenirs de ces personnes. Avec les papiers de l'enveloppe se trouvait une clé ainsi qu'une carte de crédit. Il les fourra dans son sac, arrangea son certificat de naissance dans une pochette et remit les papiers dans l'enveloppe.
'Je ne peux compter que sur moi-même. Cependant, je dois trouver un endroit où passer la nuit.'
Il se mit à marcher dans les rues de la capitale, faisant attention au moindre bruit. Ses pas le menèrent jusqu'à chez Raphaël. En levant la tête, il vit que de la lumière baignait encore l'appartement. Avant de monter, il se décida à l'appeler.
- Raphaël ?
- Gabriel ! T'es où ? Je viens de voir ce qu'il vient d'arriver au cloître ?
- Je suis juste en dessous de chez toi. Est-ce que je peux dormir chez toi pour cette nuit ?
- Quelle question ! Bien sur que tu peux ! Allez monte, je t'attends.
Gabriel franchit le portail de l'immeuble de son ami. Dans l'ascenseur, il s'arrangea vite fait et sortit de l'appareil. Raphaël l'attendait sur le seuil de l'appartement et le fit entrer.
- Assit sur le sofa, Raphaël écoutait le récit que son ami lui faisait.
- Heureusement que tu ne te trouvais pas à l'intérieur.
- Je sais pas. J'aurais pu leur être utile.
- Brûlé, tu n'aurais servi à rien. Tu as bien fais de ne pas te précipiter à l'intérieur.
- C'était ma famille Raphaël. Est-ce un comportement digne de ce nom que de ne pas secourir sa famille ?
- Ce n'était que des moines Gabriel. Ils seront des martyrs de plus dans l'histoire de l'Eglise catholique.
- Comment oses-tu dire ça ?
Gabriel s'était levé, outré par ce que venait de dire son ami. Alors qu'il se dirigeait vers la porte, Raphaël se saisit de son bras et l'attira contre lui.
- Pardonnes-moi. Je ne voulais pas dire ça de la sorte.
Gabriel sentit les doigts de son ami qui jouaient dans ses cheveux. Raphaël ne voulait pas que Gabriel parte. Ses paroles avaient été dures mais le mal était fait, personne ne pouvait plus rien changer. Maintenant, il voulait consoler son ami.
- Reste un peu veux-tu. Je ne veux pas te laisser partir dans cet état.
Gabriel ne dit rien mais resta dans les bras de son ami. Son étreinte était rassurante, il se sentait bien et pouvait laisser libre cours à sa tristesse. Sa peine envolée dans les bras de son ami, Gabriel se sentit mieux, même si le souvenir du cloître restait présent dans son esprit. Il se détacha de l'étreinte de son ami et s'allongea sur le sofa sur lequel il s'endormit. C'est en se réveillant le lendemain au son de la voix de son ami qu'il saisit l'ampleur de la situation et l'endroit où il se trouvait. En effet, il s'était réveillé dans la chambre de Raphaël, et ce dernier ne se trouvait pas seul. Il pouvait distinguer la voix d'un autre jeune homme. Apparemment, Raphaël l'avait déplacé dans sa chambre afin de ne pas être réveillé par l'arrivée de cette personne. La conversation était plutôt tendue entre Raphaël et son invité. Du moins, c'est ce qu'en déduisait Gabriel, saisissant quelques brides de la conversation. Se levant du lit et faisant quelques pas dans la pièce afin de se dégourdir les jambes, il se dirigea vers la porte de la chambre. Ce qu'il entendit le frappa de stupeur. L'invité revendiquait l'attentat de la nuit dernière envers le cloître afin d'y récupérer une chose importante. Mais ce qui lui glaça le sang, fut la mort du Père Laurent, ou du moins les tortures qu'on lui avait infligées. Ce pourrait-il que Raphaël soit finalement son ennemi ? Il ne pouvait y croire. Cependant, il se décida à sortir de la chambre entrant par la même occasion dans le salon. Raphaël surprit par son apparition, se ressaisit, tandis que son ami ne laissait rien paraître.
- Gabriel ! Bien dormi ?
- Oui, si on veut.
- Au fait, je te présente Michael. C'est un vieil ami.
- Enchanté. Pourrais-je prendre une douche s'il te plaît ?
- Bien sur. C'est la porte au fond, à gauche du couloir.
Sans accorder un autre regard à l'invité de son ami, Gabriel se dirigea vers la salle de bain. Il se déshabilla, entra dans la douche et fit couler l'eau. Son contact sur sa peau lui fit du bien et lui permit de se rafraîchir les idées.
Cependant, au salon, Raphaël faisait les frais d'un interrogatoire de la part de Michael.
- Tu ne m'avais pas dis que tu avais un invité chez toi.
- Je ne voyais pas l'intérêt de t'en informer.
- Imagine qu'il est entendu notre conversation, ou ne serait-ce qu'un bout. Cela serait suffisant pour lui mettre la puce à l'oreille.
- Je ne crois pas. Il n'est pas comme ça.
- Si tu le dis. Seulement, faits attention.
Il lui déposa un baiser sur les lèvres. Intérieurement, Raphaël espérait que Gabriel ai capté quelques brides de leur conversation. Cependant, il ne vit pas Gabriel qui revenait de la salle de bain, vêtu de son jeans, la serviette autour du cou. Sa tenue était délibérément choisie, car il était décidé à offrir à l'ennemi une vue imprenable sur la rose. Mais il ne s'était pas attendu à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Ce n'est que lorsque Raphaël se détacha des lèvres de Michael qu'il vit Gabriel. Rougissant, il s'éloigna de Michael. Ce dernier, sourit de l'embarras de Raphaël, mais ses yeux s'agrandirent en voyant Gabriel qui passait devant lui torse nu. Son regard s'était attardé dans le bas du dos de Gabriel en voyant la fameuse rose noire. Ce fut avec un sourire calculé que Gabriel ferma la porte de la chambre. Enfilant son gilet, Gabriel se saisit de l'enveloppe, et en sortit un petit morceau de papier sur lequel figurait une adresse. Il ressortit de la chambre, son sac sur l'épaule.
- Raphaël. Merci pour ton hospitalité, mais je vais y aller.
- Tu es vraiment sur ?
- Oui ne t'en faits pas. Je t'appelle plus tard. Promis.
- Très bien. A plus alors.
Gabriel se dirigea vers la porte de l'entrée, puis sorti de l'appartement. Le salon était plongé dans un silence assez gênant. Michael continuait à fixer la porte de l'entrée, son esprit réfléchissant à ce qui venait de se passer.
Raphaël avait hébergé celui qui portait la rose chez lui. Etait-il seulement conscient de ce fait ?
Il devait en avoir le cœur net. Se retournant vers Raphaël, il vit ce dernier à la fenêtre, regardant la rue.
- Raphaël ?
- Oui Michael ?
- Je voudrai savoir, as-tu remarqué le tatouage dans le dos de ton ami ?
- Non. Pourquoi ?
- Il est la Rose. Tu étais au courant ?
- A vrai dire, je m'en doutais.
- C'est à dire ?
- L'attaque envers lui à l'université, l'incendie du cloître. Tout cela m'y a fait penser.
- Et pourquoi ne pas avoir agis en conséquence ?
- Je n'en sais rien.
- Je vois…cependant n'oublies pas une chose, c'est l'ennemi.
Sur ces paroles, Michael se dirigea vers la porte et sortit de l'appartement, laissant Raphaël avec ses pensées.
'Je sais bien qu'il est mon ennemi. Je l'ai su dès que l'on s'est rencontré à la fac. Mais je ne voulais pas y croire. L'attaque à l'université fut le fruit d'un simple hasard. L'Ordre m'avait chargé de le traquer, de me rapprocher de lui. Cependant, je ne pensais pas qu'allait naître en moi de tels sentiments. Cette nuit, quand le cloître fut incendié, je priais afin qu'il ne lui soit rien arrivé. L'avoir eu entre mes bras fut une joie immense. Ô Gabriel…Faits simplement attention à toi. Michael est dangereux.'
1 mois plus tard
Gabriel vivait à présent dans l'appartement de sa famille. Personne n'y avait mis les pieds depuis sa naissance. Cependant l'endroit respirait la fraîcheur, comme s'il l'avait attendu. De grands espaces, une immense baie vitrée donnant sur la capitale, ainsi qu'un compte en banque bien rempli. Il fut surpris de découvrir dans les armoires des vêtements à sa taille, comme si le Père Laurent s'était douté de quelque chose. Mais de cela, Gabriel s'en fichait. Il n'avait qu'un seul désir, parler à Raphaël. Or, ce dernier, ne donnait plus signe de vie. Il ne le voyait plus en cours, ne l'avait plus au téléphone et encore moins sur MSN.
Ils étaient amis, mais depuis que le voile concernant sa naissance, ainsi que son ascendance, fut levé, il devenait son ennemi.
Pourtant, leur relation avait bien débuté.
1 an plutôt
Gabriel entamait sa première année d'histoire de l'art. De nature réservée, il s'était assis seul à une table près de la fenêtre. Ayant toujours été studieux, il n'était jamais déconcentré en écoutant son interlocuteur.
C'est ainsi que durant près d'un mois, Gabriel s'habituait à sa vie d'étudiant, travaillant régulièrement. Mais paradoxalement, il restait constamment seul. Personne ne venait lui parler avant ou après les cours. Jusqu'au jour où un petit événement changea la donne. Assistant à son cours sur la peinture française à travers les siècles, il sentit une main qui lui tapotait le dos. Se retournant, il fixa le regard de son voisin. Ce dernier lui souriait.
- Excuse-moi, mais mon stylo a roulé sous ton siège. Tu pourrais me le passer s'il te plaît ?
- Bien sur.
Gabriel se baissa, tendit le bras et se saisi de l'objet qu'il rendit à son propriétaire.
- Merci.
- De rien.
- Au fait, je m'appelle Raphaël. Et toi ?
- Gabriel.
- Enchanté.
Gabriel lui sourit et refixa son regard sur le rétro. Lorsque le cours se termina, il se saisit de ses affaires et sorti de la salle. A peine eu-t-il fait quelques pas dans le couloir, qu'il entendit quelqu'un l'interpeller.
- Gabriel !
- Oui Raphaël ?
- T'enfuis pas si vite. On a tout le temps.
- Désolé.
- Alors, t'en a pensé quoi de ce cours ?
- Assez intéressant.
- Tu veux dire complètement ennuyeux.
- Si tu vois cela sous cet angle, alors je ne peux que me ranger à ton avis.
- Je le savais. Dis, tu veux manger avec moi ?
Déjeuner avec un autre étudiant. Chose qui ne lui était jamais arrivé depuis la rentrée.
- Pourquoi pas…enfin, si cela ne dérange tes amis.
- Oh. Eux. Ne t'en fais pas pour eux. Je les connais depuis un moment.
- Ah… Je vois…
- Alors, oui ou non ?
- D'accord.
Pour la première fois depuis le début de l'année, il offrit un véritable sourire à quelqu'un. Ils firent davantage connaissance, se racontant leur vie. Gabriel apprit qu'il était ainsi le sujet de conversation de nombreux étudiants dans sa section. Certains le surnommaient le glaçon. D'autres le prenaient pour une personne hautaine. A ces révélations, il rit de bon cœur.
- Tu pourras dire à ses personnes que ces racontars de couloir me font bien rire. Cependant quelque chose m'intrigue. Pourquoi quelqu'un comme toi souhaite m'avoir parmi ses amis ?
- Disons que tu es un défi, et que bon nombre de personnes n'osent t'approcher.
- Je vois. Et ce défi ne te fait pas peur ?
- J'adore les défis. Plus ils sont complexes, plus cela en devient excitant.
C'est à compter de ce jour-là que naquit leur amitié. On ne les voyait jamais l'un sans l'autre. Même si Raphaël était assez populaire et était toujours entouré de sa bande d'amis, cela ne dérangeait pas Gabriel pour autant, ce dernier appréciant ses instants de solitude. Cela étant, il suffisait que Gabriel rentre dans la salle où se déroulait les cours qu'ils avaient en commun, pour que Raphaël change. Ainsi, le côté extraverti et hyperactif de ce dernier, se retrouvait canaliser par le calme et le caractère posé de Gabriel.
'Raphaël…Pourquoi ne me donnes-tu pas signe de toi ? Nous sommes amis et pourtant tu t'obstines à me laisser dans le silence le plus complet. Pourquoi ? Est-ce dû à notre destinée ? Tu es celui qui compte le plus pour moi dans cette ville. Si nous n'avions pas été amis, peut-être que ta mission se serait effectuée plus facilement. Ne t'inquiètes pas pour moi, je vais bien. Je me battrai pour survivre et te récupérer, quitte à affronter Michael.
Prends soin de toi'.
Gabriel termina son texto par ces mots et envoya le message. Il se dirigea vers la vitre et regarda à travers la rue qui grouillait de monde.
'Raphaël…'.
Cependant, dans un autre appartement, un portable sonna. A la vue des mots écris, le jeune homme eu le regard embué de larmes.
'Gabriel…'.
- Raphaël ? Es-tu avec nous ?
- Oh, excuse-moi Michael. J'avais l'esprit un peu ailleurs.
- Je vois… Ne te laisses pas perturber par d'autres choses, compris ?
- Ne t'en fais pas pour ça.
- Bien… Reprenons… Où en sommes-nous avec la Rose ?
- Il a disparu. Nous ne savons pas où il se trouve. Pourtant ce n'est pas faute d'essayer de le suivre à la fin de ses cours.
- Comment cela est-ce possible ?
- On ne sait pas. On perd sa trace à chaque fois.
- Comment expliques-tu ce fait Raphaël ?
- Je n'en sais rien Michael. Nous ne nous parlons plus.
- Et depuis quand ?
- Une semaine après que vous vous soyez rencontrés.
- Et pourquoi donc ?
- Je ne voyais plus l'intérêt de continuer à faire semblant de jouer, supposant qu'il devait être au courant des attaques à son encontre.
- Je comprends… Néanmoins tu mets en péril notre mission avec ton comportement.
- Cela n'était pas mon intention.
- Je sais… Ressaisis-toi et retournes vers lui.
- Si c'est ce que tu souhaites.
Gabriel de son côté essayait d'avancer. Si Raphaël ne voulait plus donner de nouvelles, tant pis. C'est ainsi qu'il redevint le jeune homme froid et distant des débuts, et ce, au grand dam des autres étudiants. Ce ne fut que durant le mois de novembre, qu'un événement imprévu se produisit. Alors qu'il était assis dans un café, bossant un cours sur l'art primitif, il surprit un regard à travers le miroir. Un regard métallique, brillant du plus pur machiavélisme de la nature humaine. Ce n'est qu'en fixant ce regard, qu'il comprit à qui il appartenait. Michael était assit dans le bar, quelques tables plus loin, lui souriant. A travers ce même miroir, il lui renvoya un regard froid, glacé. Puis, un serveur vint à sa table, et lui déposa un papier plié en deux. Gabriel s'en saisit et le lu.
'Comme on se retrouve'
'Apparemment. Que me vaut ta présence ?'
'Je passais dans le coin et je t'ai vu ici. J'en ai profité pour te parler'
'Que veux-tu ?'
'Ce que je veux ? C'est très simple. C'est toi'
'Et tu penses que je vais me rendre comme ça, tranquillement'
'Ce serait trop simple, et pas très excitant pour moi'
'Comment me veux-tu alors ?'
'Je te veux à genoux, suppliant que j'épargne ta vie. Je veux sentir la peur sur ta peau dénudée. Maltraiter ce corps qu'est le tien'
'Cesses de fantasmer et attrapes-moi'
Lui envoyant ces derniers mots avec un serveur, Gabriel se leva et sorti du bar. Michael en fit de même et s'empressa de le suivre. Gabriel l'entraîna jusque dans un parc remplis d'enfants qui jouaient en compagnie de leurs parents. Gabriel se retourna et fit face à Michael.
- J'espère que l'endroit te plaît ?
- Un jardin public remplis d'enfants. J'aime assez.
- On joue au chat et à la souris alors ?
- Bien sur. Je suis le chat et tu es la souris.
- Cela va sans dire. Attrapes-moi !
Gabriel jeta son sac à terre et se mit à courir droit sur Michael. Ce dernier se jeta à terre pour éviter la collision. Se relevant, il épousseta ses vêtements et se mit en position de combat. Gabriel en fit de même. Ils commencèrent à se battre, leurs pieds battant le sable du jardin public. Des enfants s'étaient réunis autour d'eux, accompagnés de leurs parents.
- Le public te convient Michael ?
- C'est parfait.
- Alors, qu'attends-tu ?
Michael se dirigea vers Gabriel et l'attaqua à nouveau. Gabriel évita les poings de son adversaire, puis profitant que ce dernier baissait sa garde, il prit appui sur les épaules de Michael, et effectuant un rétablissement, il se retrouva derrière lui et le mit à terre d'un coup de pied latéral. A genoux dans le sable, Michael releva le regard vers Gabriel et souris.
- Que vas-tu faire maintenant Gabriel ? M'éliminer comme un simple insecte devant cette assemblée ?
- Je ne suis pas comme toi Michael. Allez, relèves-toi et barres-toi.
- Très bien. Mais, ce n'est que partie remise mon ange.
Il se remit debout, s'épousseta et s'en alla. Gabriel en fit de même de son côté et sortit du parc sous le regard perplexe des parents. Il devait avoir une réponse à tout prix, et pour cela il alla chez la seule personne qui pourrait lui fournir cette explication.
'Raphaël… Je viens à toi comme tu le fis lors de notre première rencontre… L'issue de ce combat ne changera rien à ce que je ressens au fond de mon être… J'ai besoin de toi… Reviens-moi…'
Ce fut l'esprit songeur que Gabriel arriva chez Raphaël. Lorsque ce dernier ouvrit la porte, il ne s'attendait pas à trouver Gabriel devant lui.
- Comment vas-tu ?
- Euh… Bien…
- Puis-je entrer ?
- Bien sur. Je t'en prie.
Il referma la porte derrière son ancien ami et vint le rejoindre dans le salon.
- Que me vaut ta visite Gabriel ?
- A défaut d'avoir de tes nouvelles, je viens en quérir par moi-même.
- T'en faits pas pour moi, je vais bien.
- Apparemment.
- Mais toi, dis-moi pourquoi y a-t-il du sable sur tes vêtements ?
- Oh ça. Ce n'est rien. Je me suis juste battu avec Michael.
- Comment ?! Tu n'as rien du moins ?
- J'en sais rien. Je n'ai pas regardé si j'ai eu des blessures.
- Montres-moi.
Quoique surprit par l'ordre de son ami, Gabriel obtempéra. Aussi, il releva les manches de son pull, montrant ainsi quelques hématomes se trouvant sur ses bras.
- Tu vois, ce ne sont que quelques bleus.
- Suis-moi dans la chambre.
Ils se dirigèrent jusque dans la chambre. Raphaël ouvrit son armoire et en sortit une crème alors que Gabriel l'attendait, assit sur le lit.
- Enlèves ton pull pour que je puisse t'étaler la crème sur les bras.
- Comme tu veux.
C'est à moitié dévêtu que Gabriel laissa son ami lui appliquer le baume sur ses bras, jusqu'à ce que ce dernier remarque les autres bleus dans son dos.
- J'aimerais que tu t'allonges s'il te plaît. Tu as d'autres hématomes dans le dos.
Gabriel obéi et s'allongea sur le ventre, laissant Raphaël s'occuper de son dos. Ses mains massaient délicatement son dos, s'attardant sur les bleus reçus. Puis il sentit autre chose dans le creux de ses épaules. Quelque chose de plus doux. Les lèvres de son ami avaient remplacé ses mains, et étaient en train de lui déposer des baisers à ce niveau. Aussi soudainement qu'ils étaient arrivés, ils s'arrêtèrent. Raphaël s'allongea à côté de lui et lui caressa les cheveux.
- Pourquoi a-t-il fallu que je te connaisse dans ces circonstances Gabriel ?
Gabriel remarqua que quelque chose n'allait pas chez son ami. Son regard brillait plus que de raison, et était plus qu'embué. Quelques larmes se mirent alors à couler sur les joues de son ami.
- Approches Raphaël.
Gabriel l'attira à lui. Raphaël vint se blottir dans les bras de son ami, laissa couler ses larmes, puis s'endormit ainsi. Gabriel continuait à lui caresser les cheveux, puis s'endormit à son tour. Quelque chose de doux se posa sur ses lèvres pour le réveiller. Ses yeux s'ouvrirent et virent le visage de Raphaël. A la vue du visage triste de son ami, il comprit.
- Faits ce que tu as à faire. Ne t'en fais pas pour moi.
Il s'était levé et saisit l'arme sur la table de chevet.
- Je n'opposerais aucune résistance Raphaël. Conduis-moi à Michael.
- Gabriel…Je t'…
- Ne dis rien s'il te plait.
Une voiture s'arrêta devant un immeuble, de laquelle s'extirpèrent Raphaël et Gabriel. Si ce dernier semblait serein, son ami paraissait un peu plus nerveux. Ils entrèrent dans le bâtiment, escortés par des gardes. Dans l'ascenseur, ils n'échangèrent aucunes paroles, aucuns regards. Ce n'est qu'arrivé devant la porte du bureau de Michael que Raphaël tenta de parler.
- Gabriel ?
- Ne t'en faits pas pour moi, d'accord ?
- T'es sur ?
- Tout ira bien.
Escorté par les gardes, Gabriel entra dans le bureau de Michael, laissant derrière lui Raphaël. Gabriel regarda tout autour de lui et vit Michael qui était assis à son bureau. Ce dernier souriait.
- Bienvenue Gabriel. Assis-toi je t'en prie.
- Michael.
- Comment trouves-tu l'endroit ?
- Assez confortable je dirais.
- Merci. Veux-tu boire quelque chose ?
- Ça va aller. Bon trêve de plaisanterie. Me voilà.
- Tu as raison. Tu as bien fait de te rendre. Finalement tu es un garçon intelligent.
- Je sais, on ne le croirait pas à première vue. Que comptes-tu faire de moi ?
- Comme je te l'ai dit, j'ai envie de jouer avec ce corps qui est le tien. Te voir souffrir et m'implorer, tout comme l'a fait le Père Laurent.
- …
- Tu ne dis rien. Très bien. Emmenez-le !
Les gardes relevèrent Gabriel, qui fut menotté, et l'emmenèrent hors de la pièce sous le regard triomphant de Michael. Tandis qu'ils passaient devant Raphaël, ce dernier voulut dire quelque chose, mais il s'en dissuada en voyant le regard que lui lança Gabriel. Une fois Gabriel dans l'ascenseur avec les gardes, Michael sortit de son bureau et s'avança vers Raphaël.
- Ma foi Raphaël, je vais bien m'amuser avec celui-là.
- Michael…
- Qu'as-tu mon ami ? L'idée que j'abuse de ce corps auquel tu n'as pas goûté ne te plait pas ? Va falloir t'y faire, mon ange.
- Ne lui faits pas de mal seulement.
- Ne t'en faits pas. Je vais bien m'en occuper.
Il s'avança vers l'ascenseur et s'engouffra à l'intérieur. Dans un des sous-sols de l'immeuble, les gardes avaient attaché Gabriel à un X. Gabriel était à moitié dévêtu, et ne portait que son jean. Son corps fut enduit d'une certaine huile. C'est de cette façon que Michael le retrouva, les yeux brillants. Il s'approcha de Gabriel en faisant passer sa langue sur ses lèvres.
- Je vais bien m'amuser avec toi.
D'un geste, il s'empara du visage de Gabriel, se colla contre lui et fit glisser sa langue de son cou jusqu'à son nombril. Malgré cela, Gabriel restait de marbre. Michael s'en aperçu en se relevant et se dirigea vers une armoire. Il se saisit d'un fouet qu'il fit claquer sur le sol.
- Alors comme ça je te laisse de glace. Très bien.
Il se mit alors à le fouetter, laissant sur le torse de Gabriel des marques rouges, et déchirant par la même occasion son jean en divers endroits. Il s'arrêta afin de contempler son travail. Remarquant les déchirures sur le vêtement de son prisonnier, il sourit. Il déposa le fouet à terre, se saisit de chaînes qui pendaient au plafond, les attacha aux poignets de Gabriel, défit les liens qui le retenaient à la croix, et le fit avancer au milieu de la pièce. Les coups de fouet reprirent de plus belle, le marquant davantage sur tout son corps. Son jean était en lambeaux et ne recouvrait quasiment plus rien. Michael stoppa quelques instants ses coups le temps de lui retirer ce qui lui restait de vêtements. Gabriel se retrouva en boxer sous le regard ravi de Michael.
- Je vois que tu es décidé à ne pas crier mon ange.
- Oui. Je ne te donnerai pas ce plaisir, Michael.
- Très bien mon cher. Ces cris, je te les prendrais d'une manière ou d'une autre. Mais pour l'instant j'en ai fini avec toi.
Il jeta le fouet à terre, et tandis qu'il s'en allait, deux gardes vinrent prendre Gabriel qui se retrouvait de nouveau enchaîné. On l'emmena dans une cellule où, une fois seul, il put reposer son corps endolori. Il se réveilla quelques heures plus tard en entendant du bruit dans sa cellule. Il n'eu pas le courage d'ouvrir les yeux, pensant que cela devait être ses geôliers. Cependant il reconnut celui qui venait d'entrer lorsque les mains de son visiteur vinrent se poser sur son bras.
- Qu'a t'il donc fait ? Mon pauvre Gabriel.
Raphaël ôta ses mains un instant, puis les reposa en appliquant de la crème sur les blessures de son ami. Lorsqu'il passa sur une blessure assez douloureuse, Gabriel laissa échapper un petit cri.
- Désolé Gabriel
- Ne t'en faits pas Raphaël. Je suis solide.
- Je sais. Dire que je t'ai amené à lui. Pourras-tu me pardonner un jour ?
- Je t'ai pardonné depuis longtemps, ne t'inquiète donc pas.
- Pourquoi es-tu si gentil avec moi Gabriel ?
- Parce que, je crois… Je crois que je t'aime Raphaël, tout simplement. Et ça, Michael ne pourra pas me l'enlever.
- Je t'aime aussi. N'en doutes pas.
- Je le sais très bien.
Gabriel se redressa et s'assit sur sa couche. Il prit le visage de Raphaël dans sa main et l'embrassa sur les lèvres.
- Tu devrais t'en aller avant que les gardes ne reviennent.
- Tu as raison. C'est bientôt l'heure. Je t'aime.
Raphaël sortit de la cellule sous le regard de Gabriel. Ce dernier esquissa un sourire triste.
- Adieux Raphaël.
Il se rallongea. Le baume que lui avait appliqué Raphaël, avait calmé le feu de ses blessures.
Gabriel se réveilla à nouveau lorsqu'il sentit qu'il ne pouvait plus bouger son corps. En effet, il était allongé sur une table, sanglé aux poignets et chevilles. Ne pouvant plus ainsi bouger, Gabriel attendit que quelque chose arrive. Soudain il entendit des pas qui venaient dans sa direction.
- Alors mon ange, bien dormi ?
- Michael… Que faits-tu ?
- Tu vas voir. Tu vas adorer.
Michael se saisit d'une bougie, et fit couler la cire sur le torse de Gabriel. Ce dernier, bien qu'ayant mal, serra les dents et ne cria pas. Cette torture sembla durer une éternité pour le jeune homme tandis que son tortionnaire prenait un plaisir immense à le voir se tordre sous les coulées de cire. Lorsque Michael eu terminé son manège, il fit basculer la table à la diagonale afin que Gabriel puisse contempler son corps devant un miroir. Ce dernier était enduit totalement de cire, à l'exception de la partie recouverte par le boxer.
- Et oui, comme tu peux le constater, je n'ai pas touché à cet endroit.
- Pourquoi faits-tu donc cela Michael ? Qu'est-ce que cela t'apporte ?
- Un plaisir immense, une jouissance totale. Voilà ce que cela me procure. Et je n'en ai pas encore fini avec toi mon petit Gabriel. Il reste un endroit que j'aimerai découvrir de gré ou de force.
- Même pas en rêve.
- Nous verrons cela.
Il remit la table à l'horizontale, nettoya le corps du captif puis, une fois que ce dernier fut propre, Michael entreprit de défaire les sangles qui retenaient prisonnières les chevilles et les mains de Gabriel. Ce dernier fut à nouveau attacher aux chaînes qui pendaient du plafond. Ce fut à ce moment là, qu'il remarqua la présence de Raphaël. Ce dernier avait un visage résigné, comme s'il avait su que c'était perdu d'avance. Gabriel se mit à réfléchir rapidement. Il devait trouver un plan d'attaque afin de sortir de là. Les gardes n'étaient pas un problème. Celui qui constituait un réel danger était Michael. Ce dernier avançait en direction de Gabriel.
- Prêt pour un peu d'action ?
- Je n'attends que ça.
Gabriel d'un coup de pied circulaire l'envoyer au tapis. Raphaël, surprit par ce geste se releva et vint délivrer Gabriel de ses chaînes. Les deux gardes furent mis K.O très rapidement. Cependant Michael se releva en se saisissant du fouet qui était posé sur une table.
- Alors, on veut jouer au chat mes souris ?
- Va te faire foutre Michael
Raphaël se saisit d'un bidon d'essence ouvert et le jeta sur Michael. Ce dernier fut aspergé du liquide inflammable et glissa sur une flaque d'essence. Raphaël en profita alors pour faire craquer une allumette et la balança dans la flaque. Michael prit feu tandis que Raphaël et Gabriel s'enfuyaient. Ce n'est que lorsqu'il furent arrivé chez Gabriel qu'ils purent souffler. Gabriel alluma la télévision du salon et y laissa Raphaël, le temps de se doucher et d'enfiler des vêtements propres. Il retrouva Raphaël qui se tenait devant la baie vitrée, la télé en mode silencieux. Il vint à côté de lui et contempla le panorama qui se profilait devant eux.
- Ils ont dit qu'il n'y avait eu aucun survivant.
- J'ai entendu.
- Tu vas mieux Gabriel ?
- Oui, t'en fais pas.
- J'ai eu si peur de te perdre Gabriel.
- Je suis là maintenant.
Sans aucune hésitation, Gabriel vint se blottir dans les bras de Raphaël et l'embrassa.
Quatre mois plus tard.
La bibliothèque était silencieuse. Pas un bruit, si ce n'était celui des pages que l'on tournait ou des stylos.
Assis à une table, à l'écart de l'allée principale, un jeune homme blond était plongé dans un livre sur l'art religieux. Absorbé par sa lecture, il ne vit pas l'étudiant qui venait de s'asseoir en face de lui.
- Gabriel ?
Le jeune homme détacha son regard du livre.
- Que veux-tu Raphaël ?
- Juste te donner cela.
Raphaël tendit un paquet à Gabriel.
- Joyeux anniversaire mon ange.
- Tu es incorrigible.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Gabriel en ouvrant le cadeau.
- Je t'aime Raphaël.
Il se pencha par-dessus la table et embrassa son ami sur la bouche devant toute l'assistance avant de se lever.
- A ce soir Raphaël.
- A ce soir Gabriel.
Gabriel s'en alla en direction de la sortie de la bibliothèque sous le regard des autres étudiants.
FIN
15