TURNING POINT
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Le point de non-retour
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Résumé :
Mathieu C., 18 ans, homophobe et beau comme un dieu. Sujet parfois en prise à des crises de violence dévastatrices. Signe particulier : étranges cicatrices lacérant sa main droite.
Samy J., 18 ans, bon-vivant, meilleur ami de Mathieu et tout aussi beau. Sujet souvent en proie à des crises de fou-rire. Signe particulier : aucun, ses cicatrices à lui sont beaucoup moins visibles.
Jusque là, tout va bien... et puis c'est le point de non-retour.
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Disclaimer :
Et oui, nous sommes face à un cas de conscience problématique, puisque ces personnages NOUS APPARTIENNENT car c'est nous qui les avons couché sur papier (hmm, les images plaisantes, interdit de baver). Mais le problème, c'est que TOUS les personnages (sauf Arlette, Nastia et le prof de Mathieu) sont bel et bien réels, et nous les cotoyons au quotidien. Donc voilà, ils nous appartiennent complètement... mais en fait... non.
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Détail important :
Homophobes s'abstenir (sauf ceux que ça peut faire changer d'avis ). Sans pour autant être un PWP, cette fiction contiendra environ 5 ou 6 scènes plus ou moins "explicites", la plupart entre... mecs (et oui, on ne se refait pas ). Et bien sûr, nous allons faire tout notre possible pour achever les 14 chapitres dans les temps, avec une publication toutes les deux semaines (ou du moins on espère).
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Détail important n°2:
A part pour ceux qui nous connaissent déjà : celui qui trouve qui nous sommes, puisque tous les personnages sont réels, aura droit à notre reconnaissance éternelle... et un chapitre lui sera spécialement dédicacé avec tout un speech à sa gloire. ( Non, nous n'avons pas recours à tous les moyens pour vous faire lire notre histoire)
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POV Mathieu
POV Samy
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Scène 1 : Réminiscence
- Oh merde ! Cours, cours !
Ils sentirent le fou rire nerveux monter en eux tandis qu'ils se précipitaient dans les escaliers. Leurs éclats de rire redoublèrent alors que le ridicule de la situation leur apparaissait avec une clarté soudaine :
J'arrive pas à croire qu'on est à moitié à poil au milieu de l'internat des filles avec les trois quarts des pions au cul !
Ta gueule et tourne à gauche ! réussit-il à articuler malgré son fou rire. Non ! L'autre g... Merde.
Trop tard. Ils se retrouvèrent nez-à-nez avec une énorme masse de chair qui se révéla être Arlette, la pire d'entre tous, celle qui faisait régner un ordre drastique dans les internats. Sa cage thoracique sembla tripler de volume, puis elle trembla de tous ses membres avant de barrir :
- Samy ! Mathieu ! QU'EST-CE QUE VOUS FAITES LÀ ?
Comme stoppés net par le souffle de l'explosion, Samy et Mathieu opérèrent un stratégique demi-tour digne des plus grands athlètes, puis s'engouffrèrent dans le dédale des couloirs, trébuchant tant ils riaient.
- J'en peux plus... crevé... je..., haleta Mathieu.
- C'est ça, ralentis et tu te fais choper par la grosse, ricana Samy.
Cette affreuse perspective sembla lui donner un regain de vitalité, et ils se remirent à courir de plus belle. Quelques filles, réveillées par le boucan, pointaient le bout de leur nez par les portes entrebâillées, puis se mettaient à glousser et à gesticuler, si bien que l'internat des filles ne fut bientôt plus qu'un vaste poulailler.
Les clameurs de leurs poursuivants s'estompèrent alors que Samy et Mathieu passaient la porte qui les séparait du bâtiment des garçons, et lorsqu'ils pénétrèrent dans leur chambre, seul le silence faisait écho à leurs souffles précipités.
- Dis-moi que j'ai pas rêvé..., dit Mathieu, les mains sur les genoux, essayant de calmer sa respiration. C'était bien Laurie et Manon en train de danser à poil ?!
Il vit les dents blanches de Samy étinceler dans l'obscurité.
- On va prendre une centaine d'heures de colle, mais ça valait définitivement le coup.
- Ouaip. Je serais même prêt à affronter Arlette en duel pour revoir ça.
Mathieu éclata de rire :
- C'est ça, ouais ! Elle te fait trop peur !
Samy lui abattit son poing dans l'épaule.
- Tu peux parler, si tu t'étais vu détaler comme un lapin quand elle nous est tombée dessus...
Mathieu riposta d'un "Ouais, genre !" suivi d'un croche-patte, et ils roulèrent à terre en s'esclaffant.
Lorsqu'après moult coups de genoux dans les côtes, chacun remonta sur son lit, Samy demanda :
- Avoue... Tu vas te la taper, Laurie ?
Mathieu s'étira avant de répondre, nonchalamment :
- Le plus tôt sera le mieux, ouais.
Samy esquissa un sourire devant l'assurance de son ami.
Aux alentours de trois heures du matin, ils cessèrent enfin de discuter et s'endormirent. Le lendemain ils seraient convoqués aux aurores chez le directeur pour récolter un nombre astronomique d'heures de colle.
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Ça y est, elle arrive.
Mathieu passa lentement sa langue sur ses dents en voyant la belle plante qui marchait sur le trottoir d'en face.
Un mètre soixante-quinze et soixante cinq kilos de chair blanche et ferme, cintrée par quelques grammes de tissu avançait droit vers lui.
Il s'écarta de la fenêtre avant qu'elle ne le vit, et se posta près de la porte d'entrée comme un guépard à l'affût. Dès que la sonnette retentit, il ouvrit la porte, sourire ravageur et attitude négligée.
- Salut, Nastia.
- Bonjour, cierdetchka mayo (mon coeur en russe).
Sa voix était suave et basse, l'accent russe roulait sur sa langue. Mathieu se prit à imaginer les bruits exotiques qu'elle ferait lorsqu'il s'enfoncerait en elle, et son slip gonfla instantanément.
- Tu es tout seul ? demanda-t-elle dans un moue suggestive.
Il s'approcha de son oreille, et son parfum capiteux lui emplit les narines.
- Oh, désolé... Tu voulais faire ça en public ?
Son ton lascif fit frissonner la jeune fille, qui gloussa de plaisir anticipé.
Il lui céda le passage et la guida jusqu'à sa chambre, frôlant doucement le postérieur qui l'obsédait depuis deux semaines. Des fesses rondes, fermes et musclées... presque masculines comparées à celles de toute autre fille, molles et compressées dans des jeans d'anorexique.
Elles sont parfaites.
Bizarrement, il aurait pu dessiner les contours de son cul les yeux fermés, alors qu'il lui fallait se concentrer pour reconstituer les traits de son visage.
Il lui adressa un sourire carnassier, puis referma la porte sur eux. Se collant doucement mais fermement à elle, il l'entraîna vers le lit. C'est dans ces moments-là qu'il laissait ses instincts prendre le dessus, et Dieu sait qu'il en avait besoin.
Lorsque ses mains empoignèrent ses fesses, il sentit ses pulsions prendre le pas sur ses bonnes manières et se laissa submerger avec bonheur, ses gestes se faisant plus pressants, plus violents.
Il la regarda, ses pupilles dures et froides, alors que ses doigts couraient sur la ficelle qui sillonnait ses fesses.
- Tourne-toi !
L'ordre, sans appel, claqua dans le silence. Elle avait peur, il le voyait, il le sentait. Mais lui, il avait faim.
Elle se débarrassa du peu de vêtements qu'elle portait puis, docile, baissa les yeux et s'écarta de lui pour se mettre à quatre pattes sur le drap.
Il savoura le tableau quelques instants : les reins cambrés, les cuisses écartées, et ce cul, ce cul blanc offert le plus simplement du monde, comme on offre des fleurs ou un sac de bonbons.
Soudain, le besoin de sentir ce corps chaud palpiter autour de lui se fit violent, impétueux. D'un geste brusque il arracha le string plus qu'il ne l'écarta, faisant sursauter la fille, dont les jointures blanchirent alors que ses mains se crispaient sur le drap.
Elle a compris.
Rapidement, il défit les boutons de son jean, l'envie pulsant dans ses reins. D'elle-même, sa queue vint se placer entre les deux fesses blanches, et ses mains agrippèrent son bassin. Enfin, dans un violent coup de rein, il s'enfonça en elle, plus facilement qu'il ne l'aurait cru.
Visiblement, ça n'était pas la première fois qu'elle se faisait enculer.
Elle gémissait, autant de douleur que de plaisir, et lui s'enfonçait en elle, avide des sons suaves et rauques qu'elle lâchait à chaque coup. Il sentit sa respiration se faire de plus en plus anarchique. Elle ondulait sous lui, s'accordant à ses mouvements.
Il la baisait plus fort, plus vite. Le besoin bestial d'éjaculer se fit irrépressible, et il sentit tous ses membres se tendre vers ce moment. Ses ongles labourèrent un instant la peau douce de la russe, et il se libéra dans un dernier coup de rein. Son regard se voila quelques secondes sous les convulsions de la jouissance, puis il se laissa retomber lourdement sur le matelas, soulagé.
Un sourire satisfait vint flotter sur ses lèvres lorsque ses yeux se posèrent sur la traînée blanchâtre qui maculait l'intérieur des cuisses de la fille, et il se rengorgea en appréciant une fois de plus les courbes de ses fesses.
Tout en se retournant vers lui, elle souffla d'un air revêche :
- La prochaine fois, prend au moins le temps de me demander si j'ai du lubrifiant...
À regret, ses yeux remontèrent doucement vers son visage et son souffle se bloqua dans sa gorge devant tant de féminité.
De longues mèches blondes sur des seins gonflés, la forme souple d'une hanche, le carmin des ongles, la naissance d'une toison pubienne... Putain... mais qu'est-ce que j'ai fait ?
Il se leva brusquement, reboutonnant son jean, puis passa une main nerveuse dans ses cheveux en l'évitant du regard.
- Euh... écoute, là, je... À la prochaine, OK ?
Il savait qu'il aurait dû l'inviter à rester un peu, peut-être lui offrir quelque chose à boire... peut-être aurait-il dû avoir envie de la connaître un petit peu ? Mais il savait que même en se faisant violence il n'aurait pas pu. C'était comme ça à chaque fois, il n'y pouvait rien.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu n'as pas l'air bien... demanda-t-elle en s'approchant de lui d'un air inquiet.
Il rassembla hâtivement les vêtements qui jonchaient le sol et les lui fourra dans les bras, lui assenant un regard qui la cloua sur place.
- Casse-toi.
Ses yeux s'agrandirent sous le coup de la surprise.
- Mais... pourquoi ? Je comprends pas. C'est moi ? T'as pas aimé ?
- Nastia. Tu t'habilles. Et tu te casses.
Il vit ses yeux s'embuer tandis qu'elle se rhabillait en silence.
Il savait qu'il aurait dû avoir des remords. On ne traitait pas les gens comme de vulgaires prostituées pour ensuite les humilier, et tout ça sans raison apparente. Ça ne se faisait pas. Mais c'était leur faute. Elles gâchaient tout avec leurs tendresses, leurs attentions. Elles ne comprenaient pas. Ce n'était pas ce dont il avait besoin.
Il ne jeta même pas un coup d'œil vers la porte qui se ferma doucement. Il ne se sentait pas bien. Il ouvrit la fenêtre pour que l'odeur de sexe se dissipe. Il se rendit compte qu'il avait froid mais il ne la referma pas, décidant que l'air frais lui ferait du bien.
Il changea les draps puis se laissa tomber sur son lit, inhalant l'air glacé de la fin janvier.
Il se demanda alors s'il avait jamais eu chaud. Des milliers de personnes se plaignaient chaque année de la canicule, du réchauffement climatique et tout le tutti cuanti, mais lui passait son temps à claquer des dents.
Au bout d'un moment, il eu l'impression d'être couché sur un lit de neige, complètement frigorifié, doigts engourdis et lèvres bleuies.
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Il faisait nuit, et ça devait faire deux heures qu'il soufflait sur ses phalanges rougies par le froid. On aurait dit un fantôme, immobile dans la lumière blafarde du seul lampadaire de la rue.
Une voiture s'arrêta enfin et une ombre s'en extirpa. Mathieu sentit son cœur s'arrêter de battre et recula dans l'ombre, attirant le regard de l'homme sans le vouloir.
- Y a quelqu'un ?
L'homme plissa les yeux en scrutant l'obscurité, et les traits de son visage se détendirent lorsqu'il reconnut le garçon.
- Mathieu ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
N'obtenant pas de réponse, il s'avança doucement vers le jeune homme.
- Mathieu ? Qu'est-ce que tu fais là, il y a un problème ?
Allez, parle. Dis quelque chose putain, tu vas pas rester là comme un con à le regarder dans le blanc des yeux !
- Ça va, répondit-il d'une voix enrouée.
L'homme jeta un coup d'œil autour d'eux, l'air inquiet.
- Tu es tout seul ?
La réponse paraissait évidente. Mathieu baissa les yeux et enfonça ses poings dans ses poches.
Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu l'as attendu deux heures en te gelant et maintenant tu te conduis comme un demeuré ! Qu'est-ce qu'il doit penser de toi, hein ?
- Écoute, dit l'homme avec une expression légèrement ennuyée, un professeur n'est pas sensé accueillir un élève chez lui, mais comme t'as pas l'air d'être en état de rester dehors plus longtemps... Allez, viens te réchauffer. T'en profiteras pour me raconter ce que tu fiches dehors à une heure pareille.
Son cœur s'accéléra brutalement.
Ça y est. J'ai plus le choix maintenant. Allez, courage. Oh, putain...
Essayant de ne pas céder à la panique ou de s'enfuir en courant, il emboîta le pas à son jeune professeur.
Vingt minutes plus tard, Mathieu n'avait toujours pas desserré les dents, tentant vainement de réchauffer ses doigts contre une tasse de café. Il se rendit compte que ses mains tremblaient, et il se fit violence pour ne pas briser la tasse.
- Alors, dis-moi, demanda son professeur en prenant place sur le fauteuil en face de lui, que fais un garçon de quatorze ans seul devant chez moi, au beau milieu de la nuit, l'air complètement perdu ?
Il avait peur. Rien ne sortait. Il avait pourtant préparé un speech, avec des mots simples et clairs. Il s'était dit que ça serait facile, ce n'étaient que quelques mots, après tout, il était bien capable de prononcer quelques mots ! Mais non, rien ne sortait, et sa cage thoracique se soulevait à un rythme précipité, et tout ce qu'il pouvait penser c'était Dis quelque chose ! et il ne disait rien, et il avait tellement peur que ça en devenait douloureux, et cette foutue peur lui gelait le cerveau, et...
- Mathieu ?
Il lui fallait partir, partir tout de suite. Tout cela n'était qu'une très mauvaise idée... Non, mais qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ?
Obéissant à son instinct, il se leva brusquement et avança vers la porte. Une main l'arrêta dans son élan, douce mais ferme.
- Mathieu, où tu vas ?
Le cœur à cent à l'heure, Mathieu se retourna lentement et plongea son regard dans celui de son professeur.
Il m'a arrêté ! Il a posé sa main sur moi, pour me retenir, et...
Son souffle se bloqua dans sa gorge. Leurs visages étaient si près... Il aurait pu... si facilement...
Il sentit le souffle chaud frôler sa joue, son cou, et quelque chose se noua en lui, lui faisant presque mal.
Lâche prise, Mathieu. Lâche prise.
Et c'est ce qu'il avait fait, il avait lâché prise. Il avait posé ses mains sur son visage et pressé ses lèvres sur les siennes, désespérément.
Alors, pendant une, deux, trois secondes, il n'y eut plus de son ni de lumière. Pendant une, deux, trois secondes, il n'y eut plus rien d'autre que ses lèvres et pendant trois secondes, Mathieu s'autorisa à ne plus penser.
- Mais qu'est-ce qui te prend ?!
Il l'avait repoussé violemment, s'essuyant la bouche. Il se rappellerait toujours de l'expression de son visage à ce moment-là, une expression choquée et dégoûtée, l'expression de quelqu'un qui ne comprend pas et qui s'apprête à vous balancer des mots plus tranchants que des poignards.
- C'est pour ça que tu attendais devant chez moi ?
Il avait presque craché ce mot : ça, ce mot de rien du tout qui représentait tant pour Mathieu. Sa voix était glaciale.
- Tu voulais me... mais qu'est-ce que tu crois ? Je... j'suis pas comme... comme toi, j'suis pas pédé, bordel !
Un éclair de frayeur passa sur son visage, puis il reprit :
- Non mais, tu es conscient des conséquences que ça pourrait avoir !? T'es mon élève nom de Dieu !
Mathieu fixait le sol, submergé par la honte.
Je suis trop con... C'est pas vrai, j'suis trop con !
L'homme se prit la tête entre les mains, essayant vainement de se calmer.
- Tu... tu dois... va-t-en.
N-non, il a pas le droit de me dire ça, pas après tout ce que ça m'a coûté ! Il ne peut pas... Il ne peut PAS réagir comme ça...
- Mathieu ! Casse-toi !
Un lourd silence tomba dans la pièce, mais le cri continuait de résonner aux oreilles de Mathieu. L'homme attendait certainement une réaction, n'importe laquelle. Au lieu de ça, le regard de l'adolescent se perdit dans le vide.
Lorsqu'il réagit enfin, il tituba jusqu'à la porte d'entrée, se heurtant aux meubles sans rien sentir, pour une fois de plus se retrouver seul dans le froid glacial.
La morsure du vent le ramena brutalement à la réalité, et les mots de son professeur se mirent à tournoyer de plus en plus vite dans sa tête, comme un carrousel de violence.
"Qu'est-ce que tu crois ? ... Je ne suis pas comme toi ! ... CASSE-TOI ... Je ne suis pas comme toi ... Je ne suis pas comme toi ..."
Le cœur battant la chamade, il jeta un regard affolé vers une fenêtre du voisinage qui venait de s'allumer.
Ils m'ont tous vu... Ils savent tous ce que j'ai fait.
Une peur panique lui enserra la gorge. Il lui semblait que tous autour de lui entendaient distinctement les mots qui résonnaient dans sa tête, et que tous se moquaient, tendant vers lui un index accusateur.
Il fit quelques pas, écrasé sous le poids de sa propre culpabilité, essayant vainement de combattre la sensation irrationnelle d'avoir six milliards de paires d'yeux braquées sur lui.
La pression imaginaire de ces regards lui fit plier l'échine, et ses genoux heurtèrent le bitume. Un son rauque s'échappa de sa gorge.
Oh merde, que ça fait mal...
Il aurait fait n'importe quoi pour atténuer cette douleur. Même pleurer. Mais ses yeux restaient obstinément secs. Les jointures de ses doigts pressés contre ses tempes, il essaya d'étouffer l'écho de la voix de son professeur qui se répercutait dans son crâne.
Il finit par hurler de toutes ses forces pour ne plus entendre cette litanie incessante, et la colère l'enveloppa alors comme un essaim d'abeilles, bourdonnantes, piquant chaque centimètre carré de sa peau.
Fou de douleur, il se redressa et abattit son poing serré sur le mur. L'onde remonta le long de son bras comme un choc électrique.
Il repensa au baiser, trop bon, trop doux, trop court. Il abattit une nouvelle fois son poing. Les égratignures devinrent des plaies.
Il repensa à son attente dans le froid, à la petite étincelle d'espoir, et il frappa une troisième fois.
Il repensa aux cris, à l'humiliation. Il cogna encore un fois, puis deux, puis trois, le sang coulant dans sa manche. Il ne s'arrêta que lorsqu'il fut trop engourdi par la douleur pour lever à nouveau le bras.
Alors il regarda sa main sanguinolente, ses doigts cassés qu'il ne pouvait plus déplier, et décida que plus jamais on ne l'humilierait.
Dès lors, il collectionna les conquêtes féminines. C'était plus facile.
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Étendu sur son lit, Mathieu ouvrit les yeux. Il observa son souffle se cristalliser dans l'air froid de sa chambre.
C'est ça, allez, crève de froid ! Comme si ça allait arranger les choses !
Il ferma la fenêtre et regarda sa main, striée de cicatrices blanches, qui se découpait sur la vitre. Quatre années avaient passé depuis cette nuit-là, les polissant soigneusement.
Mais elles ne s'effaceraient pas, avait dit l'homme de l'hôpital. "Allons, mon garçon, lorsqu'on se fait rouler sur la main par un scooter, il ne faut pas s'attendre à la retrouver intacte !" Ça, c'était la version papa-maman-docteur-copains d'école. Ils l'avaient tous cru, sans se demander une seconde comment sa main avait pu se retrouver sous un scooter, et encore moins pourquoi les plaies contenaient des bouts de crépis.
Ils y avaient tous cru. Sauf Samy. Mais bon, Samy... il était différent.
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Vilà, my babes (dixit Nienna), on espère que ça vous a plu et que vos jolis petits minois ne se retrouvent pas quadrillés par le clavier que vous aurez heurté violemment en vous endormant ! Si ce n'est pas le cas (ou même si ça l'est ), n'oubliez SURTOUT pas de nous laisser pamphlet ou éloge en cliquant sur le petit bouton en bas à gauche qui devrait bien clignoter !
P.S : Malgré les apparences, cette fic est une fic yaoi. Et si vous nous croyez pas... LISEZ LA SCÈNE DEUX !
À dans deux semaines !