Auteur : Mydaya
Site : www . alvima mydaya (sans espaces)
Genre : Romance adolescente yaoi
Note : Les personnages rencontrés tout au long de cette histoire sont à moi. Veuillez respectez les droits d'auteur. Attention, il y a beaucoup de langage d'homophobes. Si cela vous gêne, ne lisez pas (si je pensais dire ça un jour, lol)
Le Sanglot d'un Ange
Larme 2 : Pour les parents
Le lundi matin, Bruno ne savait plus vraiment où se mettre. Après la soirée, la fille qu'il avait embrassée lui avait donné son numéro de téléphone, mais il savait qu'il n'allait pas la rappeler. De toute manière, il ne connaissait même pas son nom ! Il espérait qu'Elodie n'allait pas faire l'intermédiaire et le tanner pour la recontacter !
Durant tout le dimanche, il avait presque oublié qu'il avait peut-être tourné gay, car il s'était réveillé super tard, il avait fallu ranger la maison d'Etienne, puis l'après-midi, il s'était rendu compte qu'il avait un max de travail en retard à faire.
Mais ce lundi matin, impossible de faire semblant ! Il avait eu tout le temps de réfléchir durant son petit-déjeuner et durant son temps de trajet. Argh, il avait envie de vomir. D'ailleurs, au lieu d'aller directement dans sa classe, il passa par les toilettes et vomit réellement. Bon, peut-être que quelque chose n'était pas passé...
Car à présent il ne pouvait plus s'en échapper : dans son lycée mixte, il sentait qu'il n'était pas du tout à l'aise avec les filles, et qu'avec les gars, il se sentait soulagé d'aller leur parler pour fuir une fille. Il espérait que cet état d'esprit le lâcherait, mais à chaque fois qu'il se disait que ce n'était rien d'autre qu'une mauvaise passe, il se souvenait de la façon dont il avait réagi à côté de Cyril – d'ailleurs heureusement que ce dernier était endormi !
Une fois la bouche rincée, Bruno retourna en classe avant que ça ne sonne et en passant la porte, il s'affala par terre. Au bout de la classe, Laurent et Josselin étaient pliés en deux. Le brun remarqua alors qu'un fil était tendu au raz du sol et qu'il s'y était pris les pieds.
Etrangement, cela le soulagea et le fit rire. Oui, il était toujours le même et ses amis aussi. Pourtant, lorsqu'il se releva, il remarqua que Josselin avait amené sa copine Lucie. Sa bonne humeur s'envola d'un coup. Bon, peut-être qu'un jour, il irait lui parler à cette blonde qui avait fichu leur solide amitié en l'air. C'était la bonne occasion, non ?
Dès qu'il entendit la sonnerie alors qu'il s'approchait, il se dit que le destin ne voulait pas qu'il la connaisse, et puis c'était tout. La fille embrassa une dernière fois Josselin avant de disparaître en courant dans les couloirs. Josselin s'était assis à côté de Laurent, mais il s'adressa à Bruno :
— Laurent m'a raconté pour Mireille, mais et toi ? Ca a été plus fructueux ?
— Quoi, ça n'a pas marché ? demanda Bruno en regardant son ami.
— Bof, répondit Laurent. Et toi ? Je t'ai vu entouré de nanas, hein ! Mais quel tombeur !
— Elles m'ont sauté dessus, oui !
— Le lion est lâché, commenta Josselin en ricanant. Bon, alors, raconte !
— Eh bien j'ai passé toutes la soirée avec l'une d'entres elles... et le matin, on s'est échangé nos numéros.
— Qui c'est ? demanda Josselin, curieux.
— Une jolie fille, petit curieux.
— Oh allez ! lança Laurent.
— Mmh... je vous la présenterais peut-être un jour.
Il éclata de rire et se retourna, laissant ses deux amis essayer d'avoir une réponse. Ils arrêtèrent leurs questions lorsque le prof arriva enfin. S'il ne voulait rien de plus, c'était parce qu'il ne connaissait pas vraiment le prénom de la fille et qu'il ne comptait pas vraiment la rappeler, mais bon, il avait envie de frimer un petit moment encore...
A la pause, Laurent lui raconta par contre ce que ça avait donné avec Mireille. C'était une véritable chaudasse, celle-là, comme Elodie l'avait remarqué. Elle avait été des plus entreprenantes et proposant diverses choses pas du tout homologuées catholiques ! Heureusement, Laurent avait réussi à s'en dépêtré en faisant le guignol – en suivant les conseils d'Elodie, après tout.
Le soir venu, Bruno s'installa dans son canapé pour regarder distraitement la télé, ses parents n'étant pas encore rentés. Il tomba sur des clips et se mit à fixer bêtement des filles se déhancher langoureusement au son d'une musique entraînante. Elles laissaient parfois couler sur elles de l'eau savonneuse qui allait se glisser sur leur poitrine, puis se faire absorber par leur léger maillot de bain.
Avant qu'il ne s'en rende compte, Bruno se sentit écœuré et se précipita par réflexe dans la salle de bain. Là, encore une fois, il vomit ses tripes dans les toilettes. Argh, il se sentait mal, là... Et impossible d'en parler à qui que ce soit ! Les filles le dégoûtaient ; les garçons aussi bien entendu... génial.
En repensant à la soirée où le frère de son meilleur ami lui avait fait de l'effet sans que ce dernier ne soit au courant, il se déversa encore dans la cuvette. Voyant que cela lui faisait de plus en plus mal à la gorge, il se rinça la bouche et partit manger un petit truc pour ne pas vomir sa bile pour la suite. Mais manger sembla lui faire un peu de bien, et il ne chercha qu'à s'allonger sur son lit, sa tête tourbillonnant légèrement.
Lorsqu'il entendit la porte d'en bas claquer et ses parents claironner leur retour, il se rendit compte qu'il s'était endormi. Ce n'était pas qu'il se sentait plus léger, mais disons qu'il n'avait plus trop envie de vomir. Sa mère prépara à manger et ils passèrent à table.
— Tu as passé une bonne journée ? demanda son père.
— Euh ouais. Et toi ?
— Ah, ne m'en parle pas ! J'ai eu un contrôle de qualité et mon patron m'a tanné parce que ce n'était pas très bien rangé. Enfin, au moins, cette journée pénible est finie !
Bruno mangea silencieusement, tandis que ses parents discutaient de leur journée. De toute manière, ce qui lui était arrivé à lui, tout le monde s'en fichait ! Un instant, il se demanda comment allaient réagir ses parents s'il leur annonçait qu'il était gay.
Boah, avec toutes les misères qu'il leur avait fait voir – comme la fois où il avait cramé la moquette alors qu'il n'avait que cinq ans, ou bien la fois où il avait défoncé le pare-choc de la voiture à douze ans, suite à un pari stupide avec les potes – ils le mettraient sur une bêtise de plus. Non vraiment, ils n'étaient franchement pas gâtés avec un fils aussi farceur et qui avait toujours de bonnes idées... Et puis, si ça se trouvait, ils pouvaient lui donner des conseils et ses vomissements arrêteraient. Parce que, malgré toutes les vacheries qu'ils avaient subies, même s'il se faisait pas mal gronder, ils lui parlaient toujours calmement après, pour lui faire comprendre la situation – comme quoi le feu c'était dangereux, et conduire sans vraiment savoir aussi.
— Ah pendant la soirée de samedi soir, j'ai embrassé une fille, raconta-t-il.
— Ah... c'est euh, bien, commenta son père en se resservant de la salade.
— Mais le pire, c'est que ça ne m'a rien fait de particulier et j'ai découvert que j'étais plutôt gay.
Son père arrêta de se servir et leva des yeux hésitants sur son fils. Sa mère qui tendait la main vers la salière, s'arrêta net, avant de reprendre son cheminement. Elle rigola nerveusement :
— Tu veux dire joyeux.
— Non, non.
— C'est un jeu... avec tes amis ?
— Ah non. Ils ne sont même pas au courant.
La voix de son père se fit entendre alors comme un coup de fouet, faisant sursauter la mère et le fils :
— Si c'est une plaisanterie, elle n'est pas drôle du tout !
— Mais je...
— Tais-toi !
Bon, faudrait savoir... Mais pourquoi se mettaient-ils dans des états pareils ? Ca ne lui faisait pas non plus plaisir, mais l'homosexualité n'était plus vraiment un tabou, non ?
On voyait bien que ce n'était pas eux qui vomissaient à longueur de journée ! Lui non plus n'aimait pas ça, mais il s'était fait une certaine raison ! Pourquoi ne comprenaient-ils pas qu'il avait besoin d'un conseil, d'une parole rassurante ? Lui aussi se sentait mal à l'aise avec ça !
Sa mère regardait sa salière qu'elle tenait fermement en main, comme prête à lui en balancer à la figure, tandis que son père le regarda avec un air noir, comme s'il était responsable des deux dernières guerres mondiales.
Bruno baissa les yeux, intimidé comme il ne l'avait jamais été. Il n'arrivait plus à reconnaître ses parents. C'était lui où il faisait plus chaud tout d'un coup ? Les plats qu'il avait devant lui le dégoûtèrent et il eut envie de vomir ; son ventre se contracta douloureusement.
— Maintenant, écoute-moi bien, reprit son père. C'est la dernière fois qu'on en parle, compris !? Alors écoute ce que je vais te dire : tu n'es pas une sale pédale, ok ?
Bah il en fallait bien des pédales... pour faire du vélo, non ? A quoi pensait-il ? songea Bruno pitoyablement. Ce n'était pas vraiment pas le moment de sortir des plaisanteries déplacées de tout contexte ! Mais il se sentait tellement mal avec les propos de son père, qu'il voulait sortir de table tout de suite et s'enfermer dans sa chambre. Il ne voulait pas écouter et changer de sujet, mais son père continua sans vergogne :
— Ce sont des gens anormaux et tu n'es pas comme eux, hein ? Tu te trouveras une parfaite petite épouse qui saura prendre soin de toi, ne t'en fais pas ! C'est sûrement parce que celle que tu as embrassé samedi, elle le faisait mal. Il ne faut jamais s'arrêter au premier échec ! Tu comprends ? Ces gens-là son efféminés et ne savent rien à la vie, parce que leur cerveau est différent ; ils réfléchissent différemment et bien sûr, ils ont plein de malad...
Bruno se détourna et vomit à ses pieds, faisant jurer le patriarche et sursauter sa mère. D'ailleurs, son père le gifla et lui cria après pour qu'il aille nettoyer ça tout de suite. Alors que le brun montait les escaliers jusqu'à la salle de bain où il savait qu'il y avait une serpillère, il entendit son père dire :
— Si ça continue comme ça, on l'enverra dans un pensionnat religieux et eux, ils sauront quoi faire !
Bruno trébucha et se fit mal aux genoux. Il se releva et continua son chemin de croix jusqu'à la salle de bain. Lorsqu'il se tourna vers un miroir, il remarqua que ses joues étaient baignées de larmes. Il ne comprenait pas... Il était tombé dans une autre dimension !
Au rez-de-chaussée, il entendit la voix grave de son père qui parlait vaguement de mesures drastiques. Pourquoi ses parents ne réagissaient-ils pas comme à une autre de ses bêtises ? Pourquoi disaient-ils tout ça ? Avant ça, il s'était naturellement trouvé bizarre et un peu dégoûtant, mais jamais il n'avait pensé qu'il était anormal, qu'il méritait d'être interné, etc. Est-ce que c'était puni par la loi, carrément ? Maintenant, il avait honte d'exister, lui qui n'avait jusque là qu'eut quelques regrets d'avoir été puni de télévision après ses bêtises. Ainsi, c'était comme ça que les gens pensaient ?
Comme un automate, Bruno ouvrit un placard et en sortit les somnifères de sa mère. S'il était autant un boulet, autant dégager, hein ? Bon, c'était comme ça qu'ils faisaient dans les films, non ? C'était vrai que se taillader les veines, c'était beaucoup plus impressionnant, mais ça faisait aussi beaucoup plus mal ! Lui qui pleurait pour une simple piqûre de guêpe...
Hop, d'un coup !
Bruno but un peu d'eau avant de s'allonger dans la baignoire. Tiens, il ne savait pas que c'était aussi confortable que ça. Ses yeux se fermèrent doucement...
Lorsqu'il rouvrit les yeux, la seule pensée de Bruno fut : blanc. Puis il sembla s'amuser du bip qui résonnait à côté de lui, comme dans les chambres d'hôpital où on s'attend toujours à ce que ça se termine par un long bip assourdissant. Seulement, plus les minutes s'égrenaient, moins le bip disparaissait.
Mais où est-ce qu'il était déjà ? Il tourna doucement la tête et constata avec horreur que de grands yeux bleus le fixaient. Il sursauta malgré lui et il sentit alors plein de courbatures dans des muscles dont il n'avait jamais pris le temps de faire connaissance.
— Enfin réveillé ? demanda son voisin de lit.
— Je suis où là, grimaça Bruno.
Le jeune de son âge qui était allongé dans un lit avec les deux jambes dans le plâtre, appuya sur une sorte de sonnette accrochée au mur.
— A l'hôpital.
— Qu'est-ce que je fiche ici ?
— Il paraît que t'as essayé de te suicider.
— Moi ? Ah oui, tiens.
Son voisin rigola, amusé par sa réaction.
— Tes parents semblaient dans tous leurs états.
— Pourtant, ce n'est pas la première fois que je leur fais des frayeurs.
— Quoi ? C'est pas la première fois que tu... euh...
— Ah si, c'est la première fois que je tente de me supprimer, mais quand j'étais plus jeune, je n'ai pas arrêté de leur en faire voir. Je pensais qu'ils y seraient habitués.
— Une sorte d'abonnement, peut-être.
— Ouais, un truc comme ça. Ils ont bien essayé de m'échanger avec le service après-vente mais je crois qu'il y a eu des problèmes au point de vue administratif.
— Eh ben, je ne croise pas souvent des suicidés, mais je ne pensais pas qu'ils seraient aussi causants.
— Non mais moi, je suis un cas hors norme.
— Comment ça ?
— Mon père m'a dit ça : que j'étais anormal, qu'il fallait que je me fasse soigner, que valait mieux pour moi que je me taise si je ne voulais pas m'en prendre une, et que le pensionnat serait peut-être plus approprié pour quelqu'un d'aussi bizarre que moi.
— Sympa, la famille...
— Oui, on ne dirait pas comme ça, murmura Bruno.
Avant qu'il ne continue, une infirmière était entrée dans la pièce et sembla heureuse de voir qu'il était réveillé. Elle lui posa plein de questions : sur son nom, son prénom, son adresse, son âge. Elle essaya de savoir s'il se souvenait pourquoi il était ici. Il lui répondit que oui. Elle lui fit une prise de sang, puis indiqua qu'elle allait informer ses parents.
Bruno ne dit rien et la regarda s'éloigner avec indifférence. Voir une infirmière lui avait remémoré ses pornos où il y avait une femme habillée ainsi. C'était étrange, parce que ça lui avait toujours fait de l'effet, mais la fille qu'il avait embrassée aussi lui avait fait de l'effet. Alors peut-être qu'il était simplement bisexuel – ça pouvait peut-être passer pour son père... Mais s'il l'était, il n'aurait pas envie de fuir à chaque fois qu'une fille s'approchait trop de lui.
Il jeta un coup d'œil à son voisin :
— Et toi ? t'as essayé de sauter d'un immeuble ?
— Pas du tout. C'est un enfoiré qui m'a broyé les os avec une batte de baseball.
— Ah, tout de suite, ça fait plus viril.
Son voisin rigola encore une fois.
— Je m'appelle Quentin.
— Bruno. Dis, si mon père te paye pour me casser la gueule, tu pourrais refuser ?
— Mais qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'il t'en veuille à ce point.
— Je lui ai dit que j'étais gay.
Son voisin arrêta de rire et sembla le fixer sans expression. Bah, pourquoi ne l'insultait-il pas ? N'était-ce pas une attraction de la société moderne ? Bon, il ne pouvait peut-être pas aller le frapper, vu la distance qui les séparait et les plâtres qui représentaient une entrave, mais les attaques morales, ça marchait aussi, non ?
— Je ne suis pas gay, moi, fit enfin Quentin.
— Euh... oui, je le vois bien. Tu es là pour des jambes dans le plâtre par parce que t'es homo.
— Bah quoi, tu ne dragues pas des gars ?
— Oh non, c'est déjà assez dégueulasse comme ça.
— Ah bon ? demanda Quentin avec son sourire amusé retrouvé. C'est plutôt l'impression que j'ai, avec tous ceux que j'ai rencontré.
— T'en connais ?
— Pas vraiment, je leur ai cassé la gueule avant de faire vraiment connaissance.
— Alors j'ai de la chance que tu sois cloué sur ton lit, gloussa Bruno. Et qu'il n'y ait pas de barre de fer dans le coin.
— Des barres de fer ? Des pieds de biche tu veux dire ?
— Ouais, des trucs dans le genre.
— Boah, c'est vieillot, ça.
— Ah bon ?
— Le poing américain, c'est mieux pour frapper, et on a plus de sensation.
— Comme dans les films ?
— Euh oui... T'es vraiment jamais allé dans les cités, toi.
— C'est pas mon coin de prédilection et si jamais on m'attend au coin de la rue pour me tabasser, je préfère autant...
Il fut interrompu par ses parents qui venaient d'entrer, le visage pincé. Un docteur les suivait et il ferma le rideau qui entourait son lit pour avoir un peu plus d'intimité. Il lui serra la main en se présentant, puis lut un dossier.
— Nous allons vous garder cette nuit, et demain vous irez avec vos parents voir un médecin. Simple formalité ; il vous posera quelques questions.
Un psy. Il allait voir un psy. Est-ce que c'était ses parents lui avaient dit que c'était parce qu'il se comportait bizarrement ? Mais qu'ils le laissent mourir, merde !
Le docteur partit pour les laisser tranquille et son père s'approcha dangereusement de son lit. Il lui prit une mèche de cheveux dans une poigne de fer et souleva la tête qui fit grimacer Bruno.
— Si jamais tu t'avises de nous faire culpabiliser, c'est raté, murmura-t-il au creux de l'oreille
— Mais, P'pa, je n'essayais rien du tout.
— Ah oui ! rugit-il en se redressant brusquement. Tu crois que ça nous amuse de payer les frais d'hosto !
— Bah si vous aviez mis du temps à monter les escaliers, je serais peut-être passé plus vite par le cimetière...
Bon, cette gifle il l'avait méritée, il l'avouait. De son côté, sa mère sanglota et respira profondément pour se contenir un minimum. Ses parents finirent par partir en silence, rouvrant le rideau.
Pour ne pas avoir à faire face à Quentin, Bruno se tourna de l'autre côté, pour faire face à la fenêtre. Son voisin de chambrée n'essaya même pas d'engager la conversation.
Le temps passa plus rapidement qu'il ne l'espérait. Un docteur vint discuter avec Quentin, puis s'en alla. Peut-être qu'il s'était endormi, mais lorsqu'il ouvrit les yeux, il réalisa qu'il faisait déjà nuit et que le silence relatif de l'hôpital pesait dans la chambre. On avait enlevé la machine à faire des bips, leur permettant de dormir tranquillement.
Bruno se leva doucement puis alla à la fenêtre et, arriva à l'ouvrir même si cette dernière résista sauvagement. Il faisait encore assez chaud, mais une brise légère vint s'engouffrer dans la pièce, faisant frémir les draps. Précautionneusement, Bruno regarda le sol deux étages plus bas. Ca devrait suffire.
Il passa la jambe par-dessus la rambarde, quand tout d'un coup un bruit assourdissant parvint de derrière lui et alors qu'il se retournait pour voir de quoi il en retournait, il fut saisi par le torse et violemment tiré en arrière. De rage, Bruno frappa Quentin, des larmes coulant sur ses joues.
— Putain, lâche-moi ! rugissait-il, en essayant cependant de ne pas alerter les infirmières de garde. Lâche-moi !
— Arrête, Bruno, ça ne sert à rien ! Et à cause de toi, je me suis fait mal au genou !
Bruno arrêta de se débattre et commença à pleurer pour de bon. Ses nerfs commençaient à lâcher. Il n'en pouvait plus. Quentin se détendit et relâcha son étreinte. Ils s'assirent tous les deux par terre, sous la fenêtre encore ouverte.
— Bon, je ne sais pas trop ce qu'il se passe dans ta petite tête, souffla Quentin à bout de force de s'être traîné jusqu'à lui. Un coup, tu te marres, et l'autre, tu nous fais un bad trip. Alors s'il te plaît, plus de frayeur comme ça, et surtout au milieu de la nuit !
— ...
— Si... si tu veux, je peux aller casser la gueule à ton père.
Bruno pouffa de rire sous ses larmes et réussit à se calmer et à se permettre un sourire.
— Non, c'est bon. C'est moi qui aie un problème, pas lui.
— Ce n'est pas comme ça qu'on traite ses gosses, insista Quentin.
— Sûrement. Je vais aller me recoucher...
— Pour de vrai, cette fois-ci ? demanda Quentin, suspicieux.
— Mais oui. Allez, viens, je vais t'aider.
— Pas besoin.
— Mais si...
Bruno passa son bras sous les épaules de Quentin et le souleva, alors que ses jambes plâtreuses se maintenaient en équilibre rudimentaire. Lorsque Bruno le déposa sur son lit, il ne le remercia même pas et lui jeta même un regard noir.
Bruno se rallongea en soupirant. Il fallait qu'il se reprenne. Il ne savait pas trop ce qui lui prenait, mais avoir voulu sauter par la fenêtre avait été réalisé d'instinct. Il ne se reconnaissait plus. Il ne reconnaissait plus ses parents. Qu'est-ce qu'il allait devenir ?
A suivre...
Mydaya : Ah pauvre Bruno ! (en plus, je n'en ai pas fini avec lui...) A ce propos, je m'excuse car j'ai une autre histoire qui a des personnages principaux qui se nomment Cyril et Quentin ! Alors évidemment, ils n'ont aucun rapport les uns avec les autres et suite à un incident comme celui-là, je tiens à présent un petit carnet avec le prénom de mes personnages principaux pour que j'évite de les réutiliser par la suite. Malgré ce petit dérangement, j'espère que ce second chapitre vous a plu !
Merci beaucoup de m'avoir lue et un grand merci à ceux qui ont pris le temps de laisser une review : Kyoko, Somniorum et Heaven-of-Dark !