Voilà la réécriture de l'éternité pour savourer la solitude. Le texte ci dessous est écrit dans un but scolaire. C'est inspiré de la nouvelle de Borgès sur Astérion. (magnifique nouvelle, mon travail est pitoyable face à elle)
J'espère que mon texte vous plaira. Laissez une petite (ou grande c'est encore mieux) rewiew pour me dire ce que vous en avez pensé. Bonne lecture.


Veillant au bon déroulement du cycle éternel.

Je sais qu'on me prend pour un monstre, qu'on invente mille fables sur moi et ma prétendue férocité, qu'on me craint et me hait pour des histoires grotesques et inventées de toutes pièces. Qu'ai-je fait de si horrible pour mériter un tel jugement ? Je suis attaché, dans l'ombre. J'observe, je ne dois pas dormir, ni tourner le regard. On m'oblige à rester à mon poste, fidèle, toujours. Je ne veux pas dire que mon sort est à plaindre mais la solitude de mon âme, l'oppression de ce silence qui m'entoure me pèse. Parfois j'ai l'impression que je ne survivrai pas à ce froid qui me dévore. Mais l'éternité m'attend, c'est un poison qui coule dans mes veines. Une torture sans fin, une agonie immortelle. De quoi devenir fou. Je le deviens, peu à peu. Obnubilé par ce silence toujours plus pesant. Et mes hurlements de douleur qui résonnent parfois contre les parois sombres de ma prison, personne ne veut les entendre, prêter attention à mes cris. Personne ne veut venir me tendre la main, me parler.
Ces silhouettes tremblantes qui, chaque jour, traversent mon antre, je les scrute de mes cent yeux rouges mais je ne distingue que de la peur dans les leurs. Qu'ai-je fait qui les effraie tant ? Elles me laissent dans mon malheur, ne veulent pas me chuchoter à l'oreille que tout va bien se passer, qu'elles vont rester avec moi maintenant. Même mes parents, quand ils sont passés, deux ombres difformes, devant moi, c'était sans un regard dans ma direction. Certains de mes frères et certaines de mes sœurs ont aussi suivi le même chemin. Sans accorder d'attention à ma présence. J'aurais aimé être autre. J'aurais aimé être comme une de ces silhouettes petites, avec une peau blanche et lisse, presque transparente, si gracieuses dans leur démarche. Connaître le monde d'où elles viennent. Quand elles passent près de moi, j'essaye de les frôler. Oh, elles ont encore un peu de chaleur! Mais elles fuient vite. Elles courent vers le royaume sombre et froid où règne mon Maitre. Ce royaume dont personne n'est jamais revenu, plongé dans les ténèbres.
Parfois j'entends certaines rumeurs qu'on conte à mon sujet, là-haut. On m'accuse d'horribles abus sur ces silhouettes graciles et fragiles qui occupent un peu, de leur passage, ma solitude. Les gens me disent terrible et féroce mais ils ne m'ont jamais vu. Ceux qui m'ont vu, sont maintenant muets et sourds dans le royaume du Maitre. Les gens disent aussi que ce royaume est bercé de hurlement alors qu'en vérité il n'y a pas d'endroit plus silencieux. Que de mensonges ! On dirait qu'ils veuillent s'effrayer plus encore de ce royaume, qui est pour eux, inconnu en s'inventant des légendes ridicules.
Perdu dans les méandres de ma mélancolie j'attends, je ne fais qu'attendre. Qu'une de ces ombres qui va vers le royaume du Maitre me regarde, me sourie, me parle. Peut-être un jour l'une d'entre elle viendra à moi sans crainte. Alors oui, avec cet espoir, l'éternité paraît moins longue.

Orphée avançait vers la lumière du monde des vivants. Il dit à Eurydice qui le suivait « Je n'ai eu qu'à jouer un peu de ma lyre pour que le Cerbère me laisse passer. Il avait l'air presque heureux de me voir, on aurait dit que ses cinquante bouches souriaient. » Orphée entendit alors sa belle rire et se retourna. Elle disparut.