Terreur rattrapa l'homme-lézard qui repartait sur son cheval, la queue basse, en passant de préférence par les petits sentiers.
"He !" lança-t-il.
"Qu'est-ce que tu fais là ?" grogna l'homme-lézard.
"Je vais surveiller que tu ne fasses pas trop de conneries. C'est ma copine la bonne fée qui me l'a dit !" Il désigna un point au-dessus de son épaule, qu'apparemment son ancien ennemi ne pouvait pas plus distinguer que n'importe qui.
"J'ai été contraint et forcé de donner ma parole que je ne tuerais personne sur le chemin et que je ne brûlerais même pas de maisons. Ma parole ne te suffit pas, héros ?! Elle a plus de valeur que la tienne !"
"Moi c'est Terreur, au fait. Pas Héros. Ca serait un nom vraiment nul."
"Je dois l'admettre."
Terreur aurait bien aimé recevoir le nom de l'homme-lézard en échange, mais apparemment ça serait pour une autre fois.
"Mais en fait, quand je parlais de conneries, c'est plutôt au niveau économique. On dirait que l'honnêteté - enfin, l'obligation de travailler sur l'économie, ce qui n'est pas forcément lié - t'a rattrapé aussi, si tu ne peux plus dévaster les champs alentour, hein ? Je sais que tu as de l'argent. Qu'est-ce que tu dirais de quelques accords commerciaux ? Après tout, avec un château aussi riche que le tien, il y a sûrement plus rentable que le pillage."
L'homme-lézard se retourna pour lui faire face.
"Je croyais que tu venais de faire à ta princesse un grand discours comme quoi tu ne voulais pas imposer ta présence ?"
"Ah, toi, ce n'est pas pareil !" s'exclama Terreur. "Tu es le Méchant. Elle, elle m'a engagé. Envers toi, je n'ai aucune obligation !"
"C'est généreux..." grogna l'homme-lézard.
"En plus, ça fait partie de ta culture, pas vrai ? Tuer son père, imposer sa présence, tout ça ? C'est ce qu'on se disait l'autre soir."
L'homme-lézard eut un petit ricanement.
"Vous savez que tous les gardes sont toujours à mes ordres, n'est-ce pas ?"
"Bien sûr. J'ai prévu quelques stratégies. Nous les testerons en temps réel."
"En même temps," reprit l'homme-lézard d'un ton tout à fait aimable, "peut-être pouvons-nous avoir des conversations plus agréables que les moyens de nous entretuer ?"
"J'y pensais justement." sourit Terreur. "J'aime cet état d'esprit aussi."