Auteur : Valéna

Update : 06-06-2009

Au bord des lèvres

Chapitre 2 : Invitations

POV Alexandre

- Regarde, qu'est ce que tu dis de ça ?

Romain me tend le catalogue, pointant du doigt la photo d'une magnifique villa avec piscine. 8 personnes, 6 pièces, 4 chambres à coucher, parking, vue sur la mer et la forêt.

- Pas mal. Mais je crois qu'il va falloir revoir tes critères à la baisse. T'as vu le prix ! C'est près de 4000 euros. C'est plus du double de ce qu'on avait prévu!

- Je sais. Mais n'oublie pas qu'on ne finit le lycée qu'une fois dans sa vie.

- Romain... Laisse tomber je te dis.

- Ok ok, grommelle-t-il en levant les bras en signe de reddition. Je vais chercher autre chose.

Il est seize heures passée et actuellement notre petit groupe s'est réuni dans notre café favori, en pleine recherche d'une maison de vacances pour l'été prochain. Cela faisait longtemps qu'on avait prévu d'organiser un voyage de ce genre et la fin des études secondaires est une parfaite occasion. L'année prochaine la plupart de nous ira dans des écoles et des universités différentes alors ce sera sans doute la dernière opportunité qu'on aura de pouvoir tous se réunir avant longtemps.

- Tiens écoute j'en ai une autre. 8 personnes, 5 pièces, 4 chambres à coucher, une piscine naturellement, salle à manger avec cheminé et télé, lave-vaisselle, lave-linge etc... et en plus c'est à seulement 3km de la mer. Pour une semaine ça fait 1704 euros.

- Fais voir...

Il me passe le catalogue me montrant la possible future villa de nos vacances.

- ça m'a l'air pas mal. Pas mal du tout même. 1700 euros ça fait combien par personne ?... Euh... Claire!

- Eh bien si on est six, je dirais un peu moins de 300 euros, me répond après quelques secondes de réflexion la jolie blonde qui sirote son café latte.

- Ah... et si on est huit ?

- Qu'est ce que j'en sais moi ? Tu n'auras qu'à demander à Akira quand il reviendra, c'est lui la bête en calcul pas moi. D'ailleurs il est parti où ? Il a filé comme une flèche après le cours, j'ai à peine eu le temps de l'apercevoir.

- Il est allé à son auto-école pour son heure de conduite.

- Ah oui ? (elle se redresse, semblant particulièrement intéressée). Il va passer son permis ?

- Oui. Enfin pas tout de suite, il commence tout juste ses heures.

- Il en a de la chance. Moi dès que j'aurais mes 18 ans c'est la première chose que je demanderai à mes parents de me payer !

- Je croyais que la première chose que tu voulais à ta majorité c'est un appart à toi, réplique Romain en levant les yeux de son magasine.

- Oui. Mais l'un n'empêche pas l'autre.

- Gourmande, va... Donc j'en étais où déjà ? Ah oui ! Parlons de choses sérieuses maintenant. J'ai besoin de savoir qui est sûr de venir cet été. Claire c'est bon pour toi j'espère.

- Evidemment.

- Tièn ?

- Je ne sais pas. Mes parents ont prévu quelque chose en août. Je ne connais pas encore les dates exactes mais je devrais pouvoir te dire ça dans un mois de toute façon.

- Mouais... T'as plutôt intérêt à ramener tes fesses, je te signale qu'on prévoit ce truc depuis 3 ans déjà.

- Je sais. Mais ne t'inquiète pas ça devrait aller seulement je préfère quand même attendre encore un peu avant de te le confirmer.

Romain dodeline mollement de la tête, marquant un point d'interrogation après le nom de Tièn sur sa liste.

- Bon. Normalement pour Jeremy c'est ok. Johan aussi... Voilà! Avec Alex et moi ça fait six. Et Akira, sept ! En tout cas c'est super ! On ne sera pas trop de deux chauffeurs pour nos vacances ! Je commençais à me demander comment on allait s'organiser de ce côté.

- Ouais enfin ne t'enthousiasme pas trop, je ne lui en ai pas encore parlé.

- Mais tu vas le faire. Et puis t'as intérêt à le convaincre parce que je n'ai pas envie que tu te défiles.

- Que je me défile ?

- Ouais, s'il ne vient pas t'es bien capable de faire pareil.

- N'importe quoi.

- On parie ? Tous les deux vous êtes un peu comme les deux doigts d'une même main. Laurel et Hardy, Bony et Clyde… Roméo et Juliette, Troïlus et Cressida… Je rêve ou t'es en train de rougir ?

- Non... Et puis si. Tu me mets mal à l'aise avec tes remarques ! C'est pas parce que t'es bi que tous ceux qui t'entourent le sont aussi. Arrête de fantasmer sur tout et n'importe quoi.

- Oh la la, ce que tu peux être susceptible… Où tu vas là ?

- Je rentre, dis-je en me déposant un billet sur la table.

- Quoi ? Mais je plaisantais, Alex…

- C'est pas ça mais je dois aller chercher Ocy à l'école. Mes parents sont sortis aujourd'hui alors je dois m'en occuper.

- Ok. Au fait, tu as pensé à prévenir ta mère pour la semaine prochaine ?

- La semaine prochaine… ?

- Tu as oublié ? Sortie, boite, vendredi. Ça te dit quelque chose ? ça fait 2 semaines qu'on en parle mais où t'as la tête ?

- Oh. Ouais, non j'ai pas oublié. C'est bon, t'inquiète.

- T'as intêret. Et embrasse ma petite cousine pour moi, tu veux.

- Evidemment. Allez, à lundi !

oOo

Après le reste de crêpes aux chocolat pour ma sœur et un verre de lait pour moi, j'ai eu envie de me lancer dans la composition d'un énième portrait improvisé. Mais le résultat n'est pas aussi bon que prévu. Quelque chose dans le bas du visage... La bouche est trop petite... Et trop à droite aussi.

- Alex...

Je ne comprends pas, je le réussis super bien d'habitude !

- Alexeuhhhh ! Mais Alexxxx !

- Chut ! Soufflè-je en baissant les yeux. Arrête de crier. Qu'est ce qu'il y a ?

Je fais pivoter ma chaise et Océane vient aussitôt s'accrocher à mon pantalon. Elle porte une jolie robe blanche à fleurs rouges et ses beaux cheveux sont coiffés en une natte soigneuse bouclée à son extrémité.

- Qu'est ce que tu fais ? me demande-t-elle de sa voix d'enfant.

- Je dessine.

- Je veux dessiner moi aussi !

Elle saisit alors de ses petites mains mon crayon et le tire vers elle lorsqu'elle s'aperçoit qu'il ne semble pas vouloir quitter ma main. C'est qu'elle a de la force dans les bras ma petite sœur !
Je me retourne pour fouiller dans ma trousse et lui tend un autre crayon à papier :

- Tiens, prends plutôt celui-là.

- Non c'est l'autre que je veux, déclare-t-elle catégoriquement en frappant du pied.

Je soupire. C'est toujours la même chose...
Et elle tire, elle tire...

- T'es pénible hein. Pourquoi tu veux toujours ce que j'ai ?

- Parce que !

- Mais regarde celui-là il est tout neuf, insistè-je.

Elle s'arrête, semblant réfléchir.

- Alors pouquoi tu veux garder le moche ?

Euh... c'est une question piège ou quoi ?

- Parce que j'y suis habitué et que j'ai du mal à dessiner avec un autre. Tu comprendras peut-être plus tard. Regarde à la place je te prête celui-là et tous mes crayons de couleur avec.

Elle se balance d'un pied sur l'autre, hésitante, puis finalement accepte mon échange. Heureusement parce que sinon je ne lui aurais pas laissé le choix et ça aurait encore été la crise de larmes.
Océane s'assoit au pied de mon bureau, déposant tout son petit bazar par terre tandis que je lui cherche du papier dans un des tiroirs.

- Tiens (elle saisit le petit paquet de feuilles). Et mets-toi là dessus, ajoutè-je en déposant mon carton à dessin sur le sol. Sinon tu vas encore me griffonner la moquette.

Je la regarde s'installer puis s'atteler minutieusement à la tâche. Enfin aussi minutieusement qu'un enfant de 3 ans puisse faire...
De mon côté je retourne à ce satané portrait que je compte bien achever avant la fin de la soirée!
Au bout de vingt minutes je réussis enfin à corriger les quelques erreurs de ma composition. Il ne me reste plus qu'à poser les ombres et les lumières… enfin si on veut bien me laisser tranquille !
Je jette un coup d'œil agacé à l'écran de mon ordinateur où une fenêtre orange se met à clignoter pour la cinquième fois. Je soupire. Ça m'énerve ces gens qui ne comprennent pas le sens du mot 'absent' ! J'ai regardé tout à l'heure, je ne connais même pas ce mail. Ou alors j'ai oublié… ça m'apprendra à valider les adresses à l'aveuglette.

Je clique sur la fenêtre : 'Moony Moony dit : Youhou ! T'es là ? T'es vraiment pas là ? Ou tu fais semblant de ne pas être là ?.'

« C'est qui ? » je tape en réponse.

« Ah ! Tout de même ! Te connaissant j'étais sur que tu faisais semblant… »

Me connaissant…

« C'est qui ? » je retape, bien décidé à avoir une réponse.

« Devine… »

« Je sais pas. Dis. »

« Je t'ai connu beaucoup plus intuitif »

« Très drôle. Ecoute, j'ai pas envie de jouer là.»

« Pfff, toujours aussi rabat-joie Alex. T'as vraiment une p'tite tête pleine de trous y a pas de doute »

« Et toi t'es vraiment une fille y a pas de doute ! »

« Ahah, c'est un début. Je te donne un indice : je suis blonde… »

« Tu m'en diras tant, bizarrement ça ne me surprend pas du tout… »

« lol t'es mignon. J'étais sur que tu allais dire ça, mon petit loup. »

Je plisse les yeux. Ce surnom m'est fortement et plaisamment familier…

« Camille ? »je tente avec hésitation.

Une pancarte scintillante où s'inscrit le mot 'Jackpot' s'affiche. Un immense sourire s'inscrit alors sur mon visage et je m'empresse de lui envoyer une dizaine de smiley souriant à pleines dents.

« T'aurais pas pu le dire plus tôt idiote ! Depuis quand t'as un ordi toi au fait ? »

« Depuis deux mois! Mais j'ai eu des problèmes avec cette foutue connexion internet. Tu ne sais pas le nombre d'heures et la quantité de sous que j'ai perdu à appeler le service clientèle! Enfin bref... C'est ta maman qui m'a donné ton adresse quand j'ai appelé avant-hier. T'étais pas encore rentré ».

« Ah bon ? Elle m'a rien dit ! »

« Je sais, c'est moi qui lui ai demandé. Je voulais te faire la surprise. »

« Bah c'est réussi ! »

« Alors, comment va mon petit loup? »

Pendant vingt minutes on a discuté de tout et de rien. Elle m'a raconté son récent emménagement à New York, elle m'a parlé de son nouvel appart, de ses nouveaux amis, de son ex, de son nouveau travail… J'avais eu très peu de nouvelles d'elle depuis 2 ans. On s'écrivait très souvent depuis qu'elle était partie à Paris pour y continuer ses études. Tous les mois. Mais au fil du temps la fréquence de nos échanges s'est réduite à une ou deux fois par an, au moment des fêtes. En fait on a été chacun assez occupé de notre côté je crois.

« Hey tu sais quoi j'ai eu une promotion ! Depuis le temps que je l'attendais. »

« Oh, félicitation dans ce cas ! »

« Merci merci! Mais parlons de choses sérieuses... Dis donc toi… depuis quand c'est fini avec Claire ? »

Je suis un peu surpris. Les nouvelles vont vite, même à l'étranger…

« Comment tu sais ça toi ? C'est ma mère qui a cafté, hein ? Depuis janvier dernier. »

« Pourquoi ? (si ce n'est pas indiscret…)»

Je me mords la lèvre. Je ne peux quand même pas lui dire qu'à cette époque j'étais devenu plus obnubilé par mes querelles avec un garçon de ma classe que par une séance de roucoulade avec ma petite amie…

« Parce que. Disons qu'on a eu des disputes répétées et… enfin voilà on a fini par rompre. »

« C'est vraiment dommage. Vous alliez bien ensemble. »

« C'est ce que tout le monde nous dit… C'est un peu gênant à force… »

« Ah bon ? En plus je suis persuadée que Claire était folle de toi depuis des années. Je vous revois quand vous étiez enfants, toujours inséparables. Je suis sur que tu tiens toujours beaucoup à elle. »

« Bien sur. Je tenais à elle bien avant qu'on ne sorte ensemble et cela ne changera jamais. Pour le reste maintenant, c'est la vie ! On est redevenu ami et ce n'est pas plus mal comme ça. »

« Si tu le dis… »

« Je le dis. »

« Remarque c'est vrai que tu as une ravissante petite amie aujourd'hui… Sarah c'est ça ? (oui, encore ta mère !)»

« Ouais » je confirme sans toutefois grande conviction. « C'est assez récent en fait »

« Récent comment ? »

« 3 semaines. A peu de choses près. »

« … Y a 3 semaines c'était ton anniversaire. »

« Je sais, merci... »

« Joli cadeau !»

« Très drôle… C'était juste avant. »

« Elle est comment ? »

Sujet délicat. Je me renfrogne un peu. Je n'ai pas envie de rentrer dans les détails.

« Sympa »

« ...Et ? »

« Et quoi ?»

« Ok… Dis donc t'as l'air enthousiaste ça fait peur ! Pourtant selon ta mère on pourrait presque déjà faire partir les bans !»

Je lève les yeux au ciel. Maman et ses commérages…

« Tsss, de toute façon tu la connais elle se fait toujours des films. Comme si en si peu de temps on pouvait être objectif »

« Oui c'est sur, je reconnais qu'elle a toujours eu le don pour enjoliver les choses, mais quand même… D'après ses dires ce serait le grand amour et toi t'as l'air aussi chaud qu'une crème glacée sur le sujet ! Vous vous êtes disputés, quelque chose comme ça ? »

« Quelque chose comme ça. Disons que c'est compliqué »

« Compliqué comme quoi ? »

Je soupire. Qu'est ce que je dois faire ? Je meurs d'envie de lui raconter. Pour Akira, pour tout. Quand j'étais enfant c'était toujours à elle que je venais me confier. Quelque soit le sujet. Je meurs d'envie de lui raconter... parce que... je n'ai personne d'autre à qui en parler. Je fais comme si ça n'avait pas d'importance de devoir me taire. Comme si le fait de ne rien dire était moins pénible pour moi que d'avoir à affronter le regard des autres. Mais ce n'est pas vrai. Pas tout à fait. Je ne peux dire à personne que je l'aime, je ne peux dire à personne combien j'ai mal à chaque fois qu'on se dispute, je ne peux dire à personne qu'il compte pour moi à un point tel que par crainte je ne me montre parfois pas aussi tendre que je le devrais... C'est comme si je gardais un lourd secret depuis presque un an, et là je sature un peu en réalité. Parce que ce n'est pas juste que j'ai à le garder. Je voudrais juste pouvoir me confier. Rien qu'une fois. Seulement... c'est toujours la même chose, je ne sais pas comment elle va réagir.

« Une autre fois, d'accord. Pour le moment je n'ai pas très envie d'en parler. »

« Bon...Ok… Mais quoi qu'il se soit passé je suis sur que ça s'arrangera. Tout finit par s'arranger avec le temps.»

« Tu crois ? On verra. »

« J'en suis sure… Dis donc, tu branches ta webcam ? Ça fait longtemps que je t'ai pas vu ! »

« Ok »

On connecte nos webcams respectives. Je la vois ajuster l'angle de sa caméra puis me faire un petit coucou de la main. Identique à elle-même. Ses cheveux châtains parcourus de mèches blondes tombent épars sur ses épaules et encadre son joli visage un peu carré.

« Tu n'as pas changé ! Toujours aussi beau ! »

« Je te remercie. Je te retourne le compliment ! »

Je la vois rire sur l'écran. J'enchaîne :

« Et toi, ta vie de couple ? »

« Oh moi, toujours célibataire, mais ne désespère pas de trouver l'âme sœur… D'ailleurs tu peux faire passer l'annonce auprès de tes copains, je les ai tous trouvés hyper sympas la dernière fois. »

Je souris.

« Euh… tu ne crois pas que t'es un peu trop vieille pour eux par hasard ?... »

« Qu'est ce que tu dis ? Je n'ai que 24 ans je te rappelle ! Je ne suis pas vieille ! »

« C'est vrai que mentalement tu fais facilement mon âge »

« Grrrrr tu me cherches là ! »

« lol roh la la je plaisante. Quand est-ce tu viens au fait ? »

« Ah, parce que tu as envie de me voir ? »

Une petite bonne femme battant activement des cils s'affiche à la suite. Je ris.

« Toujours qu'est ce que tu crois. Ton incandescente beauté manque à l'illumination de mes ternes journées… »

« Ouh là ! Et poète avec ça! Je t'adore ! »

« Je sais... Alors tu viens quand ? »

« Hum j'avais pensé venir pour Noël… C'est ok ? »

« C'est parfait ! »

Elle sourit puis soudain penche la tête de côté fronçant les sourcils, toute trace de sourire évaporée.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Euh je sais pas si tu es au courant, mais y a quelqu'un derrière toi »

Quoi ?
Des mains se posent sur mes épaules et je sursaute, pris au dépourvu devant la proximité de l'intrus. Un doux parfum se répand dans l'air.

- Tu m'as fait peur, idiot, soupirè-je en penchant la tête en arrière.

- Tu ne devrais pas laisser ta porte ouverte, tu sais. N'importe qui peut entrer.

- Je l'ai laissée ouverte pour toi. Je dessinais tout à l'heure et je suis un peu enfermé dans ma bulle dans ces moments là, j'avais peur de ne pas t'entendre sonner.

- Mm…

- Akia !

Une mini tornade s'abat alors sur mon petit ami qui s'accroupit pour la recevoir dans ses bras. Comme à son habitude Océane lui colle un smack bien sonore sur la joue avant d'entourer son cou de ses petits bras. Océane adore Akira… un peu trop d'ailleurs… Elle dit que c'est son « namoueux »…

- Bonjour petite princesse.

- Tu vas rester à la maison avec nous, hein dis ?

- Normalement oui. Si tu veux bien.

- Oui ! Et on pourra jouer aux poupées ? Avec la sorcière et le dragon…

- Si tu veux.

- Oui mais plus tard, m'empressè-je de préciser.

Akira la dépose à terre et Océane me lance un regard contrarié, s'appliquant à me faire la moue du bout de chou boudeur. Si elle croit me faire flancher elle se trompe. J'ai quand même usé et abusé de cette tactique avant elle !

- C'est ainsi et pas autrement, mademoiselle. Tu vas devoir attendre ton tour. Allez file. Et ne fais pas de bêtises ! ajoutè-je tandis qu'elle s'enfuit en courant dans le couloir non sans m'avoir tiré la langue.

- Quelle autorité !

- Moque-toi.

- Non c'est vrai, soutient Akira en s'asseyant sur la chaise à mes côtés.

Je me retourne vers mon ordinateur, où je visualise Camille en train de taper frénétiquement sur son clavier.

« Arrêt sur image ! C'est qui ce canon ? Je le connais pas ! »

Je souris.

« Un ami. Mon meilleur ami en fait. »

- C'est qui ? me demande Akira en jetant alternativement un coup d'œil à notre discussion et à l'image de la webcam.

- Camille. Tu te souviens, je t'en avais parlé.

- Ta cousine ?

- C'est ça.

« Salut, le meilleur ami ! »

Du bout des doigts elle mime un petit salut sur l'image vidéo et Akira lui accorde un galant sourire tout en la saluant à l'écrit en retour.

Camille parait toute contente de cette attention et à mon désarroi s'empresse d'engager la conversation.

« Et comment se prénomme le meilleur ami de mon cousin préféré ?

« Akira »

« Ah oui ?… J'aime bien ! Ça sort de l'ordinaire au moins. »

Eh bien c'est agréable, pensè-je, en sachant que mon prénom est loin d'être original.

« Tu connais Alexandre depuis longtemps ? »

« Depuis l'année dernière. On est dans la même classe. »

« C'est vrai ? Pourtant tu as l'air plus mûr que lui… »

Akira sourit. Je le sens mal… Je fusille ma cousine du regard et je la vois éclater de rire derrière son écran.

« Beaucoup plus… Et puis j'ai 18 ans. »

- C'est fini oui ! je m'exclame alors en dégageant Akira de mon clavier.

- Ben quoi ?

- Arrête de draguer ma cousine ! T'es même pas hétéro, et même pas un peu bi ! Arrête de lui faire croire qu'elle t'intéresse.

- S'il n'y a que ça qui te dérange… Cela dit elle est plutôt mignonne… Et puis c'est elle qui a commencé.

- Tsk, dégage !

Je le pousse de sa chaise et il va s'étendre sur mon lit en riant.

« Ben il va où Akira ? »

« Il est congédié ! Et toi aussi ! Va chasser dans ta catégorie d'âge ! Non mais ! »

Elle m'envoie un petit smiley boudeur, puis un autre qui lève et abaisse bras et tête en signe de plates excuses.

« Bon j'arrête de t'embêter mon petit loup d'amour. Je vais te laisser pour ce soir, je vais aller manger je crois, j'ai mon ventre qui grouille… Je t'appelle dans la semaine (j'ai enfin acheté un portable ! Et t'inquiète j'ai ton numéro) »

« Ok! »

« Je t'embrasse très, très, très, très, TRES fort, mon petit loup ! »

« lol. Idem »

Elle se déconnecte et je fais pareil de mon côté en soupirant. On en fait pas deux des comme elles ! (Oserais-je dire 'heureusement'…). Mais je l'adore !

- Elle a l'air sympa ta cousine.

- Très !

- Trop… Vous n'auriez pas été un peu…

Je le regarde sans comprendre, attendant une suite qui ne vient pas.

- … Un peu quoi ?

- Je vais pas te faire un dessin.

- ça va pas ! En plus je te signale qu'elle a 24 ans.

- L'âge ne compte pas quand on aime.

- C'est ma cousine !

- Et alors ?

Je grimace.

- Mais t'es dégoutant !

- ça n'a rien de dégoutant, réplique-t-il amusé.

- Quand même… Et toi t'as écrasé combien de piétons aujourd'hui ?

- Ah ah, je suis mort de rire. Ce qui est sur c'est que j'ai probablement plus le compas dans l'œil que toi.

Je hausse un sourcil.

- Ah oui ? Ben j'espère pas parce que ça ne doit pas être très pratique pour conduire.

- Tsss…

Je me retourne vers mon ordinateur et parcours rapidement du pointeur les derniers documents ouverts.

- Tiens, viens voir.

Je l'entends se lever et se placer derrière moi. Il passe ses bras autour de mon cou, non sans avoir déposé auparavant un baiser sur ma joue. Je clique sur l'avant-dernier fichier et l'image s'affiche en grand sur l'écran.

- Qu'est-ce que tu en dis ? je demande fièrement.

Il reste un long moment à détailler mon dessin du regard, comme fasciné, puis un timide sourire étire ses lèvres. Fin et fragile. Il a l'air ému. Ma main caresse doucement son cou pour le tirer de sa rêverie et je réitère ma question, impatient de connaître son verdict.

- C'est magnifique, comme d'habitude. Tu as tout dessiné ?

- Oui. J'avais envie de le faire en entier alors j'ai reproduit ta photo. C'était plus long mais au moins j'ai réussi mon défi personnel !

J'observe avec satisfaction mon œuvre. Elle est vraiment parfaite ! Du détail des ailes un peu délitées au regard poignant de mon ange tourmenté. Parce qu'Akira a vraiment un regard captivant sur le cliché de référence dont je me suis servi. Un regard sérieux, profond, doux et fragile à la fois. Et il y a aussi cette tristesse. Très ténue, mais pourtant si présente. Une sorte de souffrance emprisonnée derrière ses yeux, tout au fond, dans le noir, là où personne n'est censé regarder. Là où personne n'est censé voir. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis rendu compte que j'arrive à la desceller dans pratiquement toutes les photos que j'ai prises de lui. Ça n'a rien à voir avec moi. Ça n'a rien à voir avec nous. Elle était là bien avant. Bien avant les perpétuelles fluctuations de l'état de notre relation. Comme une ancienne blessure qui n'a pas tout à fait guérie. Quand je lui en ai parlé il a dit que je me faisais des idées. Mais il avait l'air gêné…

- Tu veux manger quoi ce soir ?

- Je n'en sais rien. Qu'est-ce que tu me proposes ?

Je fais mine de réfléchir :

- … Des pâtes ?

Je ne sais faire que ça. Contrairement à lui je suis un piètre cuisinier. Ou disons plutôt, comme il se plait à le dire, que je n'ai jamais vraiment pris la peine d'essayer.

- Non, fait-il d'un air moqueur. Si on se commandait des pizzas ? J'ai envie de pizza aujourd'hui, je te ferais la cuisine la prochaine fois, ok ?

J'acquiesce, à moitié dépité. Mon piège n'a pas fonctionné finalement !

Au final on a passé la soirée confortablement installé dans le canapé à dévorer nos pizzas en regardant le premier volet d'X-men. Océane, qui a catégoriquement refusé de gagner son lit après son dîner, criant à tue-tête et s'accrochant à nos jambes, s'est endormie il y a bien longtemps recroquevillée entre Akira et moi.

A la fin du film, je la porte dans sa chambre au premier. Elle se réveille à peine lorsque je la déshabille et la vêts de sa chemise de nuit blanche pour la coucher dans son lit. Je dépose un baiser sur son front, elle se retourne serrant sa couverture d'une main avant que son pouce, comme animé d'une vie propre, ne rejoigne sa bouche entrouverte.

Quand je redescends 10 minutes plus tard non sans avoir bien vérifié que la barrière de sécurité enfant en haut de l'escalier est bien close, Akira n'a pratiquement pas changé de position, à moitié étendu sur le canapé, les yeux vissés sur la télé qui éclaire faiblement le salon obscure. Je me laisse mollement tomber à ses côtés.

- ça y est elle est couchée ? il demande distraitement sans quitter l'écran des yeux.

Un épisode de 'nip tuck'. Akira est fou de cette série, ou plutôt de l'acteur qui incarne le rôle principal. Julian… je ne sais plus quoi. Visiblement il le trouve à son goût vu la façon dont il ne cesse de le dévorer des yeux à chaque épisode. De mon côté j'ai beaucoup de mal à supporter le fait qu'il bave sciemment devant un autre alors que je suis à ses côtés. Je croise les bras, mécontent :

- Tu comptes regarder ce truc ?

- Juste la fin de cet épisode, chaton, ok ?

Non je ne suis pas ok mais apparemment tu t'en fous !

Je soupire violemment et me redresse. Cependant j'ai à peine esquissé mon mouvement qu'une main agrippe mon poignet et me tire sur le côté. Je m'affale peu délicatement sur Akira mais cela n'a pas l'air de le déranger pour autant puisque ses bras se referment sur ma taille, m'empêchant toute retraite.

- Je peux savoir où tu comptes aller ?

- Ailleurs. Comme tu as l'air occupé…

- Mais c'est 'nip tuck', fait-il avec une petite moue craquante. Ça ne t'intéresse pas de savoir ce que fait ton père à longueur de journée ?

J'écarquille les yeux, offusqué.

- Pardon ? Mon père ne saute pas les patientes qui passent sous son bistouri, lui !

- Oh la la, ce que tu es pointilleux. Je m'en doute bien.

Je jette un œil sur le Dr Troy qui, du haut de toute sa suffisance, observe avec satisfaction et envie sa création qui se tient resplendissante sur le pas de sa porte.

- Franchement je ne vois pas ce que tu lui trouves…

- Attends il est canon, reconnais-le.

- Je ne trouve pas.

- Ce que tu es de mauvaise foi.

- Tout le monde n'a pas tes critères je te signale.

- Ah oui ? J'aimerais bien connaître les tiens… Tu m'as l'air drôlement difficile.

- … Je n'en ai pas.

- Tout le monde en a.

On se dévisage de longues secondes. Je ne sais pas quoi lui répondre, je n'ai jamais regardé d'autres garçons avant lui. Ni après d'ailleurs. Dans ma tête mon attirance pour Akira est une exception, je n'ai jamais réellement réfléchi au fait qu'elle puisse s'étendre au-delà. Ce que j'aime chez un homme ?...

Je détourne la tête. On peut dire qu'ils n'ont pas traînés ! Sur l'écran de télé le chirurgien est en plein milieu d'une scène d'ébats particulièrement chauds avec sa Barbie siliconée. Ses muscles saillent sous sa chemise blanche à moitié défaite et ses coups de reins amples et rapides arrachent un cri à la fille à chacune de ses violentes poussées. Je suis avec acuité chacun de leurs mouvements erratiques, chacun de leurs gestes empressés. J'écoute chacun de leurs râles et de leurs halètements bruyants.

Malgré moi je commence à être excité et je sens une douce chaleur naitre dans mon bas-ventre.

- ça t'inspire, chaton ?

La voix d'Akira rendue légèrement rauque et trainante me tire de ma contemplation malsaine. Ses yeux brillent étrangement dans cette semi-obscurité et son sourire entendu ne fait qu'amplifier ma fièvre subite.

- Ma sœur…

- Elle est couchée, non ? Viens.

Sa main agrippe mon t-shirt et il m'attire lentement vers lui. Nos souffles entremêlés, sa bouche s'amuse à effleurer et caresser mes lèvres. Puis sa langue prend le relais sans jamais essayer de rejoindre la mienne. Je tremble un peu je crois. Son regard pétille, me nargue… Son rire silencieux m'agace et m'enflamme en même temps.

- Tu vas voir toi…

Sans lui laisser le temps de réagir je me jette sur ses lèvres, lui arrachant un gémissement étouffé. Sa main m'emprisonne la nuque, maintenant avec force mon visage près du sien. Notre baiser est violent et passionné. Comme souvent. On s'embrasse à en perdre le souffle et lorsqu'enfin nos lèvres se séparent ce n'est que pour le reprendre avant de repartir pour un second assaut tout aussi exalté. Tel un vampire je fais courir mes dents le long sa jugulaire. L'odeur de son eau de toilette emplit mes narines. Chaude et épicée. Mes dents s'enfoncent dans la chair tendre de son cou lui arrachant un soupir. D'une main je déboutonne sa chemise, embrassant et mordant au fur et à mesure chaque centimètre de peau dévoilée. Nos regards ne se quittent pas. Attentifs. Désireux. Ma langue caresse et sonde son nombril. Ses yeux se ferment un instant, sa main se perd dans mes cheveux me forçant gentiment à reprendre de la hauteur. Je m'approche mais il me repousse, m'obligeant à me redresser. Ses mains se faufilent alors insidieusement sous mon t-shirt le faisant glisser par-dessus ma tête.

Ses bras autour de mon cou il m'attire à nouveau contre lui. Un frisson me parcourt lorsque que nos peaux dénudées se touchent, brûlantes. Lorsque nos corps se meuvent en rythme l'un contre l'autre, lorsque sa main parcourt lascivement le creux de mes reins, lorsque ses doigts glissent à la lisière de mon jean, franchissant cette encombrante barrière pour me caresser à travers mon boxer. Je gémis sans retenue contre ses lèvres. Sa jambe me frôle, remonte contre la mienne. Je défais sa ceinture et fais glisser sa fermeture avec plus d'empressement que je ne le voudrais. Mes gestes se calent sur les siens et ses soupirs font échos aux miens. Nos regards soudés, on se sourit de façon provocante. Savoir qui va céder en premier. C'est souvent moi. Rarement lui. Ça l'amuse parce que j'ai moins d'expérience que lui et que de ce fait je suis plus rapidement réceptif. Pour l'instant en tout cas. Je me mords la lèvre pour dissimuler un gémissement plus fort que les autres et son sourire s'élargit. Victorieux. Ce qu'il peut m'énerver ! Je repousse sèchement ses mains avant de dévorer sa bouche d'un baiser rageur. Je déteste perdre, il devrait le savoir depuis le temps !

Mes caresses se font beaucoup moins retenues, nettement plus indécentes. J'ai un bonheur immense à le voir s'abandonner sous mes sévices. Ses yeux d'un jade clair se voilent d'un violent plaisir.

- Attends…

J'agrippe sa main qui tente de m'écarter et la repousse contre le canapé. Ses doigts étreignent alors avec force les miens tandis qu'il se libère entre mes mains devenues expertes.
Maintenant c'est à moi de crier victoire !
Ses muscles se détendent, repus. Le souffle court il affiche un sourire moqueur.

- T'es content de toi, hein.

- Plutôt, oui ! fanfaronnè-je en m'emparant d'un paquet de mouchoir sur la table.

Je nettoie avec application le fruit de son plaisir d'abord sur mon ventre puis le sien. Akira m'observe faire mon petit ménage avec attention, attendant que je daigne reporter la mienne sur lui ce qui ne saurait tarder…

Je balance négligemment les mouchoirs souillés sur la table.

- Alors, satisfait ? je ronronne en m'installant à quatre pattes au dessus de lui.

- Mm… pas mal. Mais peux mieux faire.

Je hausse un sourcil. Quel hypocrite…

- Ah oui ?...

J'approche mon visage du sien, mes lèvres effleurent les siennes, les survolent. Il ne doit sentir que la chaleur que je dégage et moi je perçois avec acuité la sienne. Je continue ainsi descendant lentement, jusque sur son cou, jusque sur son ventre et plus bas encore… Son odeur a légèrement changé. Je souris, frôlant son membre de ma bouche et de ma langue sans pour autant le toucher.

- T'es à nouveau d'attaque on dirait…, soufflè-je en regagnant finalement de la hauteur.

Il m'accueille avec une moue boudeuse.

- Pendant un instant j'ai vraiment cru que tu allais le faire.

- Pendant un instant je me suis posé la question.

Je me penche vers lui et dépose de légers baisers sur ses lèvres. Ses bras autour de mon cou il se laisse faire, ses yeux à demi-clos.

- Peut-être que tu aimerais ça, tu sais, finit-il par me murmurer entre deux étreintes.

- Tu veux dire que toi tu aimerais ça…

- Pas seulement.

Je relève la tête.

- …J'aime bien quand tu me le fais, même si… enfin tu sais. Ca t'ennuie que je le fasse pas ?

- Si la question est : est-ce que cela fait parti de manière indispensable de mes critères de satisfaction, la réponse est non. Mille fois non.

- Tu es sur ?...

- Certain. Bon oublie ça, tu veux. Si on passait aux choses sérieuses !

Il se tortille sous moi, soulève son bassin, se contorsionne pour semble-t-il atteindre la poche arrière de son jean.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

- Attends… Je l'ai !

Il me brandit alors triomphalement sous le nez l'objet de ses recherches. Lorsque mon regard arrive enfin à se focaliser sur la dite trouvaille je ne peux m'empêcher de rire.

- Ne me dis pas que tu te trimballes tous les jours avec ce truc dans ta poche.

- Bien sur que si. Ça fait deux semaines que je me serre la ceinture pour tes beaux yeux et comme tu es assez imprévisible… je ne vais pas risquer de devoir perpétuer mon abstinence uniquement parce qu'on n'a pas ce qui faut.

Je lui arrache vivement des mains les deux sachets qu'il me reprend aussitôt :

- Alors là, pas question.

Il me renverse habilement sous lui, m'arrachant un petit cri de surprise.

- Laisse-toi faire, chaton…, susurre-t-il à mon oreille en en parcourant les contours de sa langue. Tu veux bien ?...

Je dépose un baiser sur sa tempe en guise de réponse. Réponse qui parait le satisfaire puisque mon jean et mes sous-vêtements disparaissent presqu'instantanément… Je l'observe se débarrasser de sa chemise qui vient rejoindre la pile de vêtements éparpillés sur le sol.

Je ferme les yeux, attendant docilement. J'entends le bruissement du plastique qu'il déchire, je sens ses mains sur moi, sur mon sexe qu'il recouvre d'un préservatif. Je sais qu'il fait pareil pour lui.

Je me force à respirer lentement, posément. J'appréhende toujours un peu au début. Il faut dire que j'ai vachement dégusté la première fois. J'étais bien trop crispé. Akira voulait arrêter mais j'avais mis du temps à me décider ce n'était pas pour reculer au dernier moment. Alors je l'ai forcé à continuer. Bêtement. J'ai mis des semaines à surpasser le blocage que cette malheureuse expérience avait provoquée !

Il s'enfonce doucement en moi. Je retiens un cri de douleur mais ma soudaine crispation ne lui échappe pas. Il caresse et embrasse mon front, mes joues puis mes lèvres. Son regard cherche le mien et une fois trouvé m'intime silencieusement de ne pas le quitter. Je lui obéis. Je sais que cette douleur aigüe va passer mais j'ai encore du mal à m'y faire. Je le sens pousser en moi lentement, attentif à la moindre de mes expressions. Cependant au fur et à mesure de son avancée ma douleur s'estompe progressivement jusqu'à disparaitre totalement. Ses doigts caressent ma joue, il se penche sur moi, dépose un baiser sur mes lèvres, me demande si ça va. J'acquiesce silencieusement. Il m'embrasse à nouveau et commence à bouger. Lentement. Je gémis imperceptiblement à chacun de ses va-et-vient terriblement lascifs. Mon souffle est apaisé mais j'ai envie de plus. Je bouge contre lui et le sers un peu plus fort pour lui faire connaître mon désir. Un bref sentiment d'abandon et de frustration m'assaille lorsqu'il sort de moi et je ne me prive pas de lui faire entendre.

- Patience, chaton…

Il me tire vers lui, calant un second oreiller sous mes fesses. Je tends une main qu'il attrape au vol, entrelaçant nos doigts.

- Viens…, suppliè-je en le ramenant vers moi.

Un baiser déposé sur le dos de ma main. Un sourire sur ses lèvres.

- Tes désirs sont des ordres…

Sans plus attendre il se positionne au-dessus de moi. Je suis et anticipe avec exaltation son mouvement ample et précis lorsque d'une seule poussée il me pénètre brutalement m'arrachant un cri que je tente d'étouffer de mes mains. Mais j'ai à peine le temps de me remettre que ses coups de reins s'enchaînent, encore et encore. De plus en plus intenses. De plus en plus puissants. Sans le vouloir j'échappe son prénom à travers une plainte informe et ténue. Mes ongles glissent sur ses flancs, le lacèrent surement.

- Tu me…

- Quoi ?

Il se retire puis me pourfend sans pitié, m'arrachant un énième cri étouffé. Ses coups de reins tantôt lents, tantôt rapides me font perdre la tête et ces ondes de chaleur qui déferlent successivement en moi me coupent la respiration. Sa langue sillonne ma joue jusqu'à rejoindre mes lèvres. Je sens la vie couler en moi comme jamais tout en ayant l'impression de la perdre.

Mon corps se tend sous cette vague de plaisir qui me submerge. J'ai à peine le temps de me saisir de l'oreiller à mes côtés que mes dents s'y enfoncent, étouffant mon ultime cri de jouissance. Ma tête retombe mollement sur le bras du canapé, mon corps subissant les derniers spasmes de plaisirs et les derniers assauts d'Akira. Je le sens d'ailleurs peser sur moi et mordre à son tour l'oreiller toujours plaqué sur mon visage. Pendant un instant il ne bouge plus. Il n'y a que le mouvement précipité de nos ventres qui s'épousent et se soulèvent au grès de nos respirations respectives. Derrière le coussin j'écoute son souffle erratique tout autant qu'il perçoit le mien.

Après de longues minutes je l'entends profondément soupirer, satisfait :

- Bon sang ce que ça m'a manqué… Pas toi ?

Je ne résiste pas quand je sens l'oreiller m'être arraché des mains. Je suis trop vidé, laminé, lessivé, pour tenter quoique ce soit.

- ça va ?

- Je suis mort, je lâche dans un soupir exténué.

- Déjà ? Tu te ramollis, chaton. Remarque c'est pas plus mal parce que j'ai plus de capotes.

Je suis crevé, mais sa remarque m'arrache un rire involontaire. C'est sur que là, c'est une excuse imparable.
Il m'embrasse longuement puis s'étend sur moi, sa tête reposant sur mon torse et ses bras encadrant ma taille.

- Faut pas s'endormir là.

- Je sais.

- Mm…

- …Tu sais quoi ?

- Quoi ?...

- C'est la première fois qu'on le fait sur ton canapé. Ça se fête, non ?

- Ce que t'es bête.

Je souris en passant mes doigts entre ses cheveux blonds cendrés. En parlant de réjouissances j'espère sincèrement que ma sœur a eu le bon gout d'avoir le sommeil lourd car je me vois mal lui expliquer demain matin, au retour de mes parents, la provenance des sons étranges qu'elle aurait pu entendre dans la nuit... Parce qu'à n'en pas douter, ce serait effectivement ma fête !

A suivre…