Au bord des lèvres
Auteur : Valéna
Updated : 21/01/2019
Coucou ! Non vous n'hallucinez pas, c'est bien un nouveau chapitre ! Comme vous l'avez constaté j'ai été 'offline' quelques temps (années...) et j'en suis vraiment désolée. J'étais totalement débordée par mon travail ce qui a complètement drainé mon inspiration. Et pour couronner le tout ma clef où j'avais tous mes écrits a eu le malheur de rendre l'âme alors que je n'avais pas fait d'autres sauvegardes (c'était la goutte de trop !)… Mais me revoilà, et j'espère repartir cette année sur de bonnes bases en étant plus régulière dans mes update ! Ce sont mes vœux du nouvel an pour moi et j'espère que les vôtres s'accompliront aussi.
Bonne lecture et merci à tous ceux qui m'ont laissé un petit message malgré mon absence ^^ (je ne fais pas de résumé mais en lisant vous devriez recoller l'essentiel des morceaux pour ceux qui sont encore là...)
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Chapitre 26 : Lutte intérieure
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Alexandre
Ne penser à rien… Pas facile. Mais quand on y arrive c'est très reposant. Ne plus penser à ce qui nous préoccupe. Bloquer toutes les pensées négatives qui pourraient s'infiltrer. Faire le vide. Ou essayer de meubler avec autre chose. De se distraire... La fille deux tables derrière nous est d'une blancheur incroyable ! Je crois n'avoir encore jamais vu quelqu'un avec une peau aussi pâle. Porcelaine. Elle a l'air douce et fragile. Je me demande si elle est malade ou si c'est juste… normal. Elle est plutôt jolie en plus.
A droite il y a une autre table, près de la baie vitrée occupée par un couple d'une quarantaine d'années. Depuis tout à l'heure j'essaie d'éviter de la regarder car c'est cette table que j'occupais la dernière fois que je suis venu dans cette brasserie. C'était i peu près deux mois. Je lui avais fait une scène ce jour-là. Une fois de plus vous me direz. Mais je crois que c'est vraiment à partir de ce jour que j'ai commencé à sérieusement douter de lui. A cause d'un type que j'avais eu le malheur de surprendre en remontant des toilettes, debout, devant notre table, en train de lui laisser son numéro de téléphone écrit à la va-vite sur un bout de serviette. Et avec un petit cœur en prime en plus ! J'étais furieux. Furieux de savoir que le mec en question était quelqu'un qu'il avait rencontré en boîte cet été pendant j'étais parti en vacances. Furieux de ressentir le besoin de me demander quel souvenir impérissable il avait pu laisser pour qu'un inconnu - avec qui il n'aurait soi-disant fait que parler, boire et danser – se souvienne de lui après tout ce temps. Furieux qu'il ait accepté avec le sourire que ce type lui laisse son numéro comme s'il envisageait réellement de le rappeler.
'Je le laisse me le donner, il a ce qu'il veut donc il part plus vite', avait rétorqué Akira avec flegme et en froissant la dite-serviette comme si elle n'avait aucun intérêt pour lui.
Mais j'avais bien vu qu'il était stressé.
J'avais eu l'impression qu'il me prenait pour un con. Et j'avais pensé que, peut-être, c'était effectivement le cas. Depuis le tout début.
Cette pensée m'avait contrariée et blessée surtout. Je ne savais plus ce qui était vrai ou pas, ce que j'étais en droit de lui reprocher ou pas. Il ne comprenait pas ma réaction qu'il jugeait excessive et moi je ne comprenais pas la sienne que je trouvais trop laxiste. Je connaissais cette boîte où il aimait aller, un endroit que ma mère aurait jugé plus que 'dépravé'. Lui, de son côté, m'avait rappelé que c'était quand même devant ce fameux club que je lui avais donné mon vrai premier baiser avec tout ce que cela avait signifié pour nous deux ensuite.
'Tu te rappelles ou c'est tellement insignifiant pour toi que ça ne vaut pas la peine de t'en souvenir ?'
Bien sur c'était toujours moi le méchant de l'histoire. Parce que j'étais celui qui oubliait le plus important, celui qui se faisait 'de fausses idées'. Vous en auriez pensé quoi vous ? Il ne pouvait pas tout simplement envoyer chier ce mec et lui dire qu'il n'était pas intéressé ?! Non il préférait suivre ses raisonnements tordus ! Excuse bidon oui !
Je l'avais averti qu'il ne s'en sortirait pas comme ça. Que c'était trop facile.
' Me sortir de quoi ?' m'avait-il répondu, confus.
Il m'avait reproché mon côté possessif, devenu carrément maladif. Le fait qu'on ne puisse pas avoir une conversation normale sans qu'à chaque fois je ne pique une crise. Il m'avait dit… qu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche il avait peur que je me mette en colère. Qu'il avait l'impression que je n'étais pas content quand ça se passait bien entre nous. Que je me sentais obligé de tout foutre en l'air. Que je l'accusais d'être infidèle alors que c'était lui qui avait toutes les raisons d'être jaloux. Parce que cela faisait des mois que je sortais avec Sarah et que de son côté il devait faire comme si ça ne le touchait pas. Pire, il devait même faire semblant d'être content pour moi.
« Tu sais je ne suis pas obligé d'endurer tout ce que j'endure pour toi. Je pourrais très bien te laisser tomber.
Endurer ? Le mec avec qui il sortait juste avant moi le traitait comme une merde et le trompait ouvertement à tour de bras et bizarrement là ça ne semblait pas le gêner. Au contraire il adorait ce mec, l'admirait même !
N'importe quoi.
Lui était admirable et moi je n'étais qu'un petit con égoiste possessif et sadique apparemment. J'étais pratiquement certain que l'autre taré n'avait pas eu le droit à ce genre de mise en garde lui. 'Je pourrais très bien te laisser tomber'. Pfff. Tellement nul.
« C'est une menace ?
- Je te le dis, c'est tout.
- C'est ça. De toute façon on sait très bien tous les deux que tu en meures d'envie depuis des mois, alors qu'est-ce qui te retient ? »
C'est vrai, qu'est-ce que je lui apportais de si spécial pour qu'il hésite à me quitter ? Les cadeaux couteux, les restos de luxe ? Il n'appréciait même pas ces attentions, elles le gênaient plus qu'autre chose. Le sexe ? De ce que je savais son ex était bien plus expérimenté et bien plus inventif dans ce domaine. Et ce n'était surement pas pour ma grande gentillesse ou mon intelligence. Ma naïveté alors ? Non, franchement je ne voyais pas ce qu'il faisait encore avec moi après presque un an. Ça n'avait pas de sens.
« Qu'est-ce qui te retient, hein ? » avais-je insisté.
« Pas toi visiblement. »
Il avait eu l'air triste tout à coup. Le monstre que j'étais l'avait encore blessé.
« Ce qui me retient c'est je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu es devenu… ce que tu es devenu, Alex. Je ne sais pas si c'est juste une carapace bien épaisse que tu as soudain décidé de mettre en place pour te protéger de moi, ou si c'est ce que tu es réellement. Je reste parce que je ne peux pas croire que ce soit la dernière hypothèse. »
Il m'a dit qu'il restait parce que c'était avec moi qu'il avait eu les meilleurs moments de sa vie pour l'instant. Qu'il sentait que c'était spécial entre nous. Que tout ce qu'il m'avait raconté sur son passé, ce n'était rien à côté. Que je comptais plus que tous ceux qu'il avait rencontrés avant moi, mais qu'il voyait bien que c'était quelque chose que je n'arrivais (voulais ?) pas comprendre. Il m'a reproché de me montrer un jour tendre et aimant, et le lendemain carrément insultant. Il ne comprenait pas pourquoi je soufflais le chaud et le froid tout le temps. Bref, des choses qu'il a eu l'occasion de me répéter plein de fois par la suite et que j'ai complètement ignorées.
« Je te préviens si tu continues sur cette voie tu vas finir par avoir ce que tu cherches, alors réfléchis bien à ce que tu veux vraiment », m'avait-il averti la gorge serrée.
Je le revois encore déposer un billet sur la table, se lever et partir. Il m'avait planté là et moi je n'avais pas osé le rattraper. Pour lui dire quoi de toute façon ? Que j'étais désolé ? L'étais-je seulement ? Je me souviens qu'à ce moment précis je tenais toujours entre mes doigts le pendentif en forme de croix que je portais autour du cou. Ce pendentif que, selon lui, je brandissais occasionnellement contre lui tel un exorciste amateur...
Aujourd'hui je peux dire que j'ai eu ce que je cherchais, même si ce n'était pas ce que je voulais. Et repenser à cette conversation me donne le tournis.
Ma jambe s'agite nerveusement sous la table. J'ai envie de partir, nous n'aurions pas dû venir ici. Je retiens un soupir alors que mon attention se porte de nouveau sur Sarah que je trouve étrangement silencieuse, et son regard appuyé me fait dire que mon mutisme ne lui a pas échappé non plus…
- Quoi ? je lâche finalement pour couper à cette insistante et muette inspection.
- Tu n'es pas avec moi là, me répond-elle avec une lassitude évidente.
- Si.
- Non.
- Mais si.
- Alors qu'est-ce que je viens de dire ?
Je me recule dans mon siège et baisse les yeux sur ma carte visa que je fais tourner entre mes doigts pour me donner contenance.
- Que… je ne suis pas avec toi ?
- Très drôle. Tu vois, tu ne m'écoutais pas !
Du regard j'essaie de repérer un serveur qui serait disposé à nous apporter l'addition. En vain.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?
- Rien.
- Alex…
- Rien, je t'assure. Je suis fatigué, c'est tout.
- Comme à chaque fois que je te pose des questions j'ai l'impression.
- Mais non, dis-je en essayant de masquer mon agacement. On y va ?
Elle acquiesce mollement, un peu vexée que je coupe court à la conversation. Je me suis levé pour aller payer directement au comptoir puis nous sommes sortis du restaurant en silence. Je la sens déçue, mais je crois bien que je m'en fiche. Je m'en fiche parce que je sais qu'elle m'aime et qu'elle va me pardonner. D'ailleurs au bout de quelques minutes elle s'accroche à mon bras et me tire vers elle pour m'embrasser. Je ne résiste pas. Je sens son envie de me materner, de me couver. C'est rassurant. Je fais durer le baiser exprès alors qu'elle s'accroche à mon cou. Je me demande combien de temps elle va mettre à se lasser de mes pensées errantes et de mes changements d'humeur. Est-ce qu'un simple baiser suffira à tout arranger ? Toujours ?
Probablement pas…
Vers 16H nous décidons finalement de rentrer chez elle avant qu'il ne se mette à pleuvoir. Après quelques minutes d'inspection nous retrouvons ses parents au sous-sol dans la salle cinéma, captivés par les images qui défilent sur leur grand écran. Sarah me glisse que ce week-end ils ont décidé de se repasser la série de films Jurassic Park. Complètement incongru pour moi car ne collant pas à l'image que j'avais d'eux. Mais c'est plutôt bien finalement, et c'est vrai que de base ils sont un peu plus excentriques que mes parents. Ils nous invitent à rester mais Sarah décline gentiment l'offre. «Dommage » répond sa mère. « Soyez sages, hein». « Comme toujours » dit-elle en m'entrainant dans les escaliers.
Toujours c'est vite dit, je songe en serrant un peu plus sa main dans la mienne.
Elle tourne la tête vers moi et me sourit. Je suppose que sa réponse tenait plus de l'ironie qu'autre chose.
Je la regarde s'assoir sur son lit et retirer avec élégance ses bas alors qu'elle me parle de la rentrée prochaine. Elle est persuadée que je vais être pris aux arts déco de Paris. Je l'espère moi aussi, même si j'ai encore l'épreuve de création et l'entretien final à passer. J'ai toujours rêvé de vivre à Paris, au moins pour un temps. Mes parents possèdent un appartement là-bas, près du jardin du Luxembourg. Il nous sert de pied à terre pour les vacances et le reste du temps mes parents le louent à la semaine. Mes parents m'ont déjà annoncé que je l'occuperais si je dois continuer mes études à la capitale. Quand je l'ai dit à Sarah, elle a eu l'air emballé. Elle prévoit déjà de se voir un week-end par mois. Voire deux. Deux c'était mieux. Elle est enthousiaste, et la distance ne lui fait pas peur. Les choses sont simples avec elle. Comme si tout coulait de source. C'est reposant…
Et rien que pour cette raison j'ai une soudaine envie de l'étreindre. Parce qu'avec elle tout est limpide. Je vois bien notre avenir ensemble. Elle, dans ses études d'avocate et moi dans celle de l'infographie. Et puis la suite logique des choses : fiançailles, mariage, bébé. Pas forcément dans cet ordre d'ailleurs. Une vie normale quoi. Pas prise de tête.
Je glisse une main sous sa jupe plissée tandis que nos baisers se font plus fiévreux et que je la pousse à s'allonger sur le lit. Sa peau que je commence à connaître par cœur est chaude sous mes doigts. Je remonte le long de ses jambes, caressant l'intérieur de ses cuisses. Je me fais l'effet d'un pervers mais j'adore ses jambes, leurs courbures, ni trop fortes, ni trop fines. Et puis sa peau… Je me demande toujours comment sa peau peut être aussi douce… Je lâche ses lèvres d'un rose légèrement brillant pour ramper au bout du lit, déposant de multiples baisers sur ses chevilles, avant d'amorcer lentement une remontée. Sa main toute menue vient se poser sur la mienne. Nos doigts s'enlacent tandis que je mordille tendrement son mollet. Elle gigote un peu sur le couvre-lit mais je prends mon temps. J'ai gagné en assurance depuis la première fois. J'aime la faire languir et je sais qu'elle adore ce genre d'attentions. Arrivé au niveau de ses cuisses, sa main vient se perdre dans mes cheveux. Je la sens devenir fébrile. Mes doigts s'immiscent d'un mouvement rapide dans l'interstice brûlant que forment ses deux cuisses jointes et ce geste provoque en moi une décharge électrique. Pendant un instant je me suis vu la prendre sauvagement sur ce lit, en train d'aller et venir en elle. En lui. Son visage d'ange sublimé par un plaisir pécheur…
Non !
- ça va ? me demande Sarah en caressant doucement ma joue.
Nos regards se croisent. Son regard est toujours fiévreux et ses jambes, désormais relevées, m'encadrent de part et d'autre. Une invitation plus qu'explicite. Je n'ai pas le droit de penser à lui, pas maintenant ! Je lui souris.
- Oui. Bien sur, ma douce.
- Ma douce…, répète-t-elle avec un sourire narquois.
- Quoi ? Tu n'aimes pas ? je réponds sur le même ton badin, chassant par la même occasion de mon esprit l'image de mon ex-amant.
Du bout des lèvres j'effleure l'intérieur de ses cuisses, provoquant chez elle un frisson qui coupe court à notre échange verbal. Je la sens impatiente et curieuse de voir jusqu'où mon exploration va m'emmener. Moi aussi je suis curieux de savoir.
Je mordille sa peau, caresse de ma langue son aine, puis pose ma bouche sur sa petite culotte noire en dentelle. Elle sursaute. Ce n'est pas quelque chose que je fais d'habitude. Mais aujourd'hui j'ai envie de nouveauté et je me sens intrépide ! Et puis… elle sent bon à cet endroit-là. Une légère odeur florale. Avec ma langue je dessine des arabesques sur le tissu fin, l'humidifiant de ma salive. Sa réaction ne se fait pas attendre. Elle halète d'abord doucement, puis plus bruyamment quand je décide de descendre pour aller donner des petits coups de langue rapide sur ses lèvres dissimulées. Je suis surpris de l'effet que provoquent ces caresses et je me demande ce qu'il en serait s'il n'y avait pas ce morceau de tissu entre nous… J'hésite. Je ne sais si je suis prêt pour ce genre d'expérience… Ça me dégoûte un peu pour dire vrai. Et puis je ne sais pas si je saurais. Je n'ai qu'une vague idée de ce qu'il faut faire, des images indistinctes vues à la télé, dans des films, des séries. Je n'ai jamais regardé de porno ou de films érotiques, ça ne m'a jamais attiré. Ou peut-être que si mais… je n'en ai quand même jamais regardé. Akira dirait encore que je suis trop coincé. Je suis sur qu'il en a vu plein, lui. Forcément. C'est pas possible autrement. Je le revois s'agenouiller devant moi, sans me quitter des yeux, un sourire démoniaque aux lèvres... Je ne lui ai jamais retourné ces faveurs. Mais il disait qu'il s'en fichait. Que mon plaisir était le sien.
« J'adore ton gout.
- Arrête t'es dégoûtant.
- Quoi, c'est vrai.
- Arrête je te dis ! »
Sarah gémit mon prénom tandis que ses doigts viennent se refermer sur le haut de mon crane, poussant un peu plus ma tête entre ses jambes. Ultime requête. Je ne suis pas sur de le vouloir… Mais c'est vrai qu'elle sent bon… et je suis quand même curieux.
Zut… Tant pis j'y vais !
D'une main j'écarte sa culotte et sans réfléchir ma bouche vient se poser sur cet endroit qui lui était encore inconnu. J'y dépose deux ou trois baisers avant que le bout de ma langue, timide, ne vienne s'y aventurer, glissant sur son sexe soigneusement épilé et sur ses lèvres encore plus douces que ce que j'avais imaginé. Aïe ! C'est qu'elle me fait mal la tigresse ! Je cesse un instant mon activité et décolle sa main de mes cheveux pour venir la poser sur le matelas, entrelaçant nos doigts. Là c'est mieux.
J'en profite pour la regarder. Son chignon est à moitié défait, elle a l'air complètement chamboulée ce qui me fait sourire. Je ne m'en sors pas trop mal finalement. Je profite de ce moment de pause pour faire glisser sa petite culotte le long de ses jambes et aussitôt fait retourne à mon exploration. Néanmoins je reste en surface, n'osant pas m'aventurer trop loin non plus. Heureusement ses réactions m'indiquent que cela semble lui convenir pour l'instant. De mon côté par contre c'est autre chose. Son plaisir excite le mien et je commence sérieusement à me sentir à l'étroit dans mon jean. D'une main je défais les deux boutons de mon jean et baisse la fermeture éclair avant de plonger la main dans mon boxer. J'en retire une telle satisfaction que j'en oublie momentanément celle de ma partenaire. Alors que je la sens se détendre, pensant sans doute que j'en ai fini, je reprends mes caresses buccales avec encore plus d'engouement. Elle se crispe à nouveau dans un cri ténu, se cambre, me gémit de continuer 'encore, encore', tandis que ses jambes se resserrent autour de ma tête comme pour m'emprisonner.
Ton plaisir est le mien…
Pris d'une soudaine fièvre je pousse ma langue en elle deux ou trois fois avant de me rétracter, sentant un liquide venir à sa rencontre.
Non, je n'irai pas plus loin. Il n'y a rien de vraiment désagréable mais j'ai quand même mes limites pour une première fois.
Je me défais avec difficulté de son étreinte pour me redresser. Puis instinctivement je m'essuie les lèvres d'un revers de main avant de fondre sur sa bouche pour lui voler un baiser passionné. Je la sens totalement à ma merci et cette sensation me plait beaucoup. Je mords ses lèvres, agrippe ses cheveux pour l'obliger à tourner la tête, dévore son cou, déboutonne sa chemise et dégrafe son soutien-gorge, embrasse ses seins d'une rondeur exquise. Je sens ses mains courir sur ma taille, essayant de faire glisser mon pantalon et mon boxer ce qui ne fait que m'enflammer davantage. Je me redresse, l'aidant dans cette tâche avant de me rallonger sur elle, me calant entre ses jambes relevées. Je guide mon sexe devant son entrée et malgré l'urgence je m'immisce doucement en elle pour ne pas la blesser. Heureusement ce n'est plus aussi long et difficile que les premières fois. Bientôt je suis déjà complètement en elle. Je reste quelques instants ainsi, calmant un brin mes ardeurs mais restant à l'affût du moindre signe de sa part. Quand ses mains se posent sur mes hanches je sais que c'est le signal que j'attendais.
Je prends alors un malin plaisir à aller et venir en elle. D'abord lentement, tendrement. Puis je l'embrasse avec fougue, mû par un désir profond. Elle se cambre alors que je m'introduis brusquement et profondément, encore et encore. Sa respiration devient saccadée, ses gémissements se font plus forts. Puis viennent ses cris qu'elle tente de réfreiner avec plus ou moins de succès quand j'accélère, ne lui laissant plus le moindre répit. Je sens ses ongles se planter dans mon dos et ses jambes se resserrer autour de moi. C'est si bon que moi aussi je commence à perdre pied. Je pèse de tout mon poids sur elle et bientôt je la sens à bout. Nous ondulons à un rythme effréné. Je vois dans son regard une légère détresse, celle qu'elle a toujours quand elle se sent perdre le contrôle. Celle que je cherche toujours à provoquer. D'une voix précipitée elle me demande d'attendre, le temps de se reprendre sans doute. Son interruption me contrarie.
Dans un sursaut je me redresse, l'attrape par le bras et la fais s'allonger sur le ventre avant de m'emparer de l'oreiller à côté de sa tête pour le glisser sous elle. J'ai désormais une vue parfaite sur sa cambrure plus qu'affriolante et la rondeur de ses fesses. Elle est vraiment parfaite et mon sexe n'en devient que plus dur, me pressant de reprendre là où je m'étais arrêté. Quand j'entre à nouveau subitement en elle, elle pousse un cri de surprise. Pour moi la sensation est extraordinaire. J'agrippe ses hanches pour la stabiliser tandis que ses fesses se tendent vers moi à chacune de mes poussées. Sarah étouffe à présent ses cris dans l'oreiller. Je ferme les yeux, tout à mon plaisir, à ces sensations presque irréelles. Mes mouvements se font plus erratiques alors que son odeur, sa voix, ses gestes, sa façon de me supplier de continuer, de me crier son amour… Tout déferle sur moi telle une vague assassine et je jouis longuement d'un douloureux plaisir, son prénom au bord des lèvres.
Akira… !
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Il est à peine 19H et il fait déjà nuit noire. La pluie tambourine sur les vitres embuées du bus. Un bien triste temps qui ne fait qu'accentuer ma profonde déprime. J'ai l'impression d'être pris dans une toile d'araignée. Plus je me débats, plus je m'empêtre dans les fils et c'est franchement pesant. Je ne sais pas comment faire pour arrêter de penser à lui à chaque moment de ma vie ou presque. Je voudrais que ça s'arrête. Je voudrais que tout redevienne comme avant. Avant de le rencontrer. Avant qu'il ne me fasse je ne sais quel tour de magie vaudou parce que là j'ai carrément l'impression d'avoir été ensorcelé. Mais pourquoi ?
Pourquoi moi, bordel ?! Putain Akira, qu'est-ce que tu m'as fait ?!... Qu'est-ce que je t'ai fait…
J'essaie de ne pas penser à son regard triste, à ce sentiment de supériorité déplacé que je ressentais parfois, au plaisir sadique qui s'infiltrait en moi à chaque fois que j'arrivais à le blesser. J'ai été monstrueux et maintenant je le paie. Je le paie au centuple et sur tous les plans. Je l'aime mais lui ne veut plus me voir. Pour ne pas dire qu'il me déteste. D'ailleurs c'est la seule fois où il m'a appelé cette semaine, pour me demander (m'ordonner) d'arrêter de le harceler. Le harceler… Pfff.
« M'appeler sept fois en une heure trois fois par jour et m'envoyer le double de messages alors que tu sais très bien que je ne vais pas te répondre, t'appelles ça comment toi ?! »
Ben… Un excès d'optimisme ?... Rien à voir avec du harcèlement !
…
Sept fois, vraiment ?
… D'un autre côté s'il décrochait j'appellerai moins souvent. En tout cas il était clairement furieux. Et le pire c'est que, même si elle n'a fait que me hurler dessus, entendre sa voix m'a fait un bien fou.
Mais c'est stupide. Je suis sur le point d'avoir tout ce dont j'ai toujours rêvé et je n'arrive même pas à m'en réjouir. Etre pris aux arts déco, habiter en plein centre de Paris dans un appartement relativement grand et sans mes parents…
Nous aurions été tranquilles là-bas et il aurait même pu s'inscrire à la fac à Jussieu, je suis certain qu'il aurait été pris. Si seulement je lui avais parlé de mes projets sur Paris avant… Savoir qu'il m'aurait suivi aurait pu arranger une bonne partie des choses. Pas tout c'est certain, mais j'aurais au moins eu l'assurance que je comptais réellement pour lui. Que je n'étais pas juste un passe-temps avant qu'il puisse enfin rejoindre l'autre. Cet espèce de parasite qui est venu foutre la merde entre nous ! J'avais tellement peur qu'ils se moquent tous les deux de moi derrière mon dos. Que toute notre histoire ne soit en fin de compte qu'une grosse arnaque destinée à mettre à mal mon orgueil démesuré. Parce que de l'orgueil j'en avais à revendre, et encore plus depuis qu'il était entré dans ma vie. Il était là, à me courir après sans relâche, à subir sans rien dire ou presque, à me répéter combien il désirait être avec moi, combien il me désirait…
« Je t'attendrai. Demain, après-demain et les jours qui suivront. »
Je me ronge les ongles, angoissé par la perspective d'être en train de foutre ma vie en l'air. Je ne fais que des conneries. Quand ce matin je l'avais eu au téléphone et qu'il m'avait bien fait comprendre de laisser tomber, que c'était trop tard, qu'il n'y aurait plus jamais rien entre nous... Jamais je ne l'avais encore senti aussi catégorique et inflexible. Son intonation, la dureté de sa voix, sans aucun tremblement, ni aucune hésitation... C'était la première fois et je ne savais pas trop quoi en penser. Du coup j'avais appelé Sarah pour me changer les idées. Pour me venger en quelque sorte. Quelle bonne idée ! Sauf que là tout de suite je suis incapable de me rappeler si elle prend bien la pilule. Ce qui est très con parce qu'on n'a pas mis de préservatif tout à l'heure. Pourtant je suis certain qu'elle a abordé le sujet au moins une fois. Mais je devais encore rêvasser à moitié… Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit. Qu'elle la prenait ? Ou qu'elle allait la prendre ?...
…
La vache, ma vie ne peut pas devenir encore plus cauchemardesque, si ?!
Non. Je suis peut-être à côté la plaque en ce moment, mais ce n'est pas son cas. Elle pense à tout, tout le temps. Donc non, tout va bien ! me convaincs-je en descendant du bus.
La pluie n'est plus qu'une fine bruine quand j'arrive devant chez moi. A peine ai-je mis un pied dans le vestibule que ma mère me saute dessus avec un enthousiasme débordant. Le contraste est frappant. Mon moral est en dessous de tout elle, rayonne littéralement de joie. Je n'ai même pas le temps d'enlever mes chaussures qu'elle m'attrape par le bras et m'entraîne dans le salon. Mon père est là également, assis dans le sofa. Son expression est plus neutre mais lui aussi à l'air d'humeur enjouée.
- Tu tombes on ne peut plus bien ! me lance ma mère en m'incitant à m'installer dans le canapé.
- Qu'est-ce qui se passe ? Vous me faites peur tous les deux…
- ça y est, je crois bien que nous l'avons enfin trouvée !
- Ah… Trouvé quoi ? je demande, confus.
Elle me tend l'ordinateur ouvert sur la page d'une annonce immobilière. Juste en-dessous figure la photo d'une maison contemporaine ouvrant sur une terrasse et une piscine bordée de palmiers. 'Maison 5 pièces de 158 m2'. Je fais défiler les photos. Le jardin fleuri, le salon immense donnant sur une cuisine ouverte, une salle de bain avec une douche à l'italienne. Les chambres, grandes, bien aménagées, avec un dressing et une salle d'eau attenante pour certaine. Une maison de rêve en somme. Le prix à 7 chiffres est lui aussi impressionnant mais il n'a pas l'air de tarir l'engouement de mes parents.
- On emménage quand ? je demande à moitié sérieux.
Ma mère me prend alors dans ses bras et dépose un franc baisé sur ma tempe.
- Je savais qu'elle te plairait ! J'ai eu un véritable coup de cœur ! Nous ne te l'avons pas dit ce matin pour ne pas s'enthousiasmer trop vite mais ton père et moi l'avons visitée aujourd'hui et elle correspond en tout point à ce que nous recherchons depuis si longtemps ! Nous avons bloqué une autre visite pour la semaine prochaine pour que tu puisses la voir toi aussi. C'est important que tu nous donnes ton avis. Mais je pense qu'elle te plaira tout autant qu'à nous. Bien sur il faudra faire vérifier auparavant certaines choses mais ton père est confiant. Tout à l'air aux normes.
- Elle se situe où au fait ?
- En plein Lyon. Dans le 4è arrondissement.
Le meilleur quartier ! Dommage que mon souhait soit de partir à Paris à la rentrée… Dommage que je ne puisse peut-être pas en profiter pleinement…
- Et ce serait pour emménager quand ?
- Cela dépendra des propriétaires. Ils souhaitent partir dans le sud pour rejoindre leurs enfants et petits-enfants. Ils vont vendre c'est sur mais ils n'ont pas encore trouvés le lieux qui leur convenait. S'ils nous garantissent de nous vendre la maison, nous en contre partie nous pouvons attendre quelques mois supplémentaires. De cette façon tout le monde aura ce qu'il souhaite et nous mettrons aussi en vente notre maison actuelle.
- Et moi si je pars à Paris je n'aurais même pas le temps d'en profiter, rétorquè-je avec une mine déconfite. Ce n'est pas très fair-play…
- Comment cela, mon cœur ? J'espère bien que tu redescendras voir tes vieux parents pour les week-ends !
- Oui bien sur. Enfin pas tous les week-ends non plus…
- Comment ?! fait-elle d'un air faussement outrée.
- Une semaine sur deux. Et là ce sera ma chambre en tout cas ! ajoutè-je en m'arrêtant sur la déco assez stylée d'une chambre d'adolescent.
- Si tu veux mon chéri. Mise à part la suite parentale tu auras le choix de toute façon, dit-elle en déposant un baiser sur mon front. Au fait c'était bien ta journée ? Vous avez été au cinéma finalement avec Sarah ?
Mauvaise pioche… Sa question m'a donné l'impression qu'une chape de plomb venait de me tomber sur les épaules. Ce court interlude m'avait sorti de ma déprime et voilà maintenant qu'elle revenait tel un serpent vicieux.
- Non. On a flâné. On a beaucoup marché, je réponds en feignant une grimace douloureuse. Je crois que je vais aller prendre une douche.
- Bonne idée. Je t'appellerai pour le dîner.
J'acquiesce et m'échappe à l'étage après avoir embrassé ma petite sœur qui joue sur le tapis du salon. Arrivé dans ma chambre, je referme la porte et me laisse glisser contre celle-ci. Je suis fatigué. Tellement fatigué de cette vie. De ces choix impossibles.
Je jette distraitement un coup d'œil à mon portable et m'aperçois que j'ai reçu un message de Romain. Un message de groupe. Il propose une sortie ciné demain. Je parcours rapidement les réponses de mes amis associés à la conversation. Claire a répondu que c'est une très bonne idée, qu'elle est partante. Jérémie pareil. Tien est comme souvent coincé chez lui. Et puis je l'ai vu. Son prénom affiché en toute lettre et pour lequel j'ai senti mon cœur s'emballer bêtement. Akira. Je me suis même entendu le murmurer du bout des lèvres, comme l'amoureux transi et éconduit que j'étais devenu. Il disait qu'il n'était pas sur de pouvoir venir.
Au fond de moi je me suis senti déçu. Sa présence me manquait, ses regards et ses sourires complices. Nous gardions toujours l'accoudoir relevé pour caler la boite à pop-corn entre nous. Une fois la lumière éteinte il prenait ma main qui attendait la sienne bien sagement, posée sur le fauteuil. Parfois pendant le film il se penchait vers moi et susurrait à mon oreille des phrases qui avaient le don de me faire oublier les images qui défilaient devant mes yeux. Parfois aussi, voyant mon émoi et sentant qu'il avait poussé le jeu un peu loin, il me disait que je devrais sortir pour aller me chercher quelque chose à boire. Il m'accompagnait alors jusqu'aux toilettes les plus éloignées et dans lesquelles nous restions enfermés cinq bonnes minutes avant de revenir dans la salle, un soda en main. J'étais au firmament dans ces moments là et incapable de me re-concentrer sur le film. Une vraie midinette !
Je voudrais le voir… Même si lui ne veut pas. Je voudrais le voir… mais en même temps je n'ai aucune envie de rencontrer son nouveau copain. Si Akira vient, ce ne sera pas sans lui c'est certain. Du coup j'hésite.
Du bout des doigts je tape un 'ok' que je ne suis même pas sur d'envoyer. Et c'est justement le moment que Romain choisit pour m'appeler. Super timing… Je décroche à contre-cœur.
- T'es le dernier à répondre ! s'exclame-t-il d'un ton réprobateur à l'autre bout du fil.
- J'étais occupé.
- Ah oui ? Tu as fait quoi de ta journée ?
- Sorti avec Sarah, je lâche négligemment.
- Sorti et partie de jambes en l'air surtout hein !
Je vois d'ici son sourire de pervers. Mais je ne suis pas d'humeur aujourd'hui et j'en ai assez de jouer les offusqués.
- Aussi.
Court silence. Pour une fois la platitude de ma réponse semble le décontenancer.
- Wah… Moi qui m'attendais à un « tu m'agaces ». Ça ne te ressemble pas…
- Mm.
- « Mm »? Ben dis donc ce n'est pas la grande forme toi. Elle t'a épuisé à ce point ?! La vache ! Je t'envie, mon vieux.
- Si tu le dis. Je dois te laisser, il faut que j'aille me doucher avant d'aller dîner, dis-je pour écourter la conversation.
- Attends.
- Quoi ?
- Tu savais qu'Akira a un pote chez lui en ce moment ? Tu le connais ?
Et nous y revoilà ! Les deux pieds dans le plat, comme à son habitude !
Mes doigts se crispent sur le téléphone alors que j'essaie de contrôler la colère que je sens monter en moi. Rester neutre et détaché c'est tout ce que j'ai à faire.
- Oui je savais. Et non je ne le connais pas vraiment. Il m'en a parlé une ou deux fois c'est tout.
- Je ne savais pas qu'il avait gardé contact avec ses anciens amis, il n'en parle jamais. Il s'appelle comment ?
- Christian je crois. Et ce n'est pas un ancien ami, je rajoute malgré moi.
- Ah bon ? Il le connait d'où alors ?
- Internet. Sur un tchat apparemment.
- Quel genre ?
- J'en sais rien.
- …Tu n'es pas curieux.
- Moins que toi c'est sur.
- C'est son mec ?
Nouvelle crispation. Je sais qu'il le fait exprès pourtant mais je ne peux pas m'en empêcher, sa question m'irrite au plus haut point. J'ai juste envie de lui crier dessus, de lui dire de la fermer. Mais je ne peux pas. Si je m'énerve j'ai perdu et il est hors de question que je sois encore une fois perdant.
Je respire profondément, ramenant un semblant de calme dans mes pensées tourmentées avant de reprendre avec désinvolture :
- Qu'est-ce que j'en sais. Tu n'as qu'à lui demander. Il est mieux placé que moi pour te répondre.
- Moui… Réponse pleine de bon sens, admet-il sur un ton qui laisse transparaître sa contrariété. Cela dit je suis quand même surpris que tu ne me sautes pas à la gorge malgré mes sous-entendus… ça va encore durer longtemps votre engueulade ?
- Qui sait.
- T'es jaloux ?
Putain mais lâche-moi ! Tu m'emmerdes à la fin !
- De quoi ?
- Je ne sais pas. A toi de me le dire.
- Dire quoi ?
- Si tu veux je t'aide à dégager l'autre intrus par exemple.
- Hein ? De quoi tu parles ?
Un profond soupir me parvient et je sais que je viens de gagner. Pour aujourd'hui tout du moins.
- T'es vraiment buté quand même… Bon, horreur ou fantastique demain ?
- Quoi ?
- Le ciné. Horreur ou fantastique ?
- Je n'ai pas dit que je venais, Romain.
- Mais si. Alors lequel des deux.
- … Horreur.
- Ok. Ça fait trois. Je regarde et je vous renvoie un message pour vous dire où et quand.
- ça marche.
- A plus, tête de mule ! Bisous !
- Ouais, bisous…
A suivre...