Rating : M, ou +18 ans. A ne pas prendre à la légère, pour cause de lemons hard entre deux monsieurs, de vilains gros mots (et ça y va lol) et de choses un peu choquantes, comme mention de pédophilie dans les derniers chapitres. + mention d'homophobie.

loveyaoi : Surprise surprise ! Tu verras bien. Bisous.

Chapitre 7

-Raphaël ?

Emmitouflé sous ses couvertures, le garçon aux yeux chocolat a la voix pâteuse. Maudit soit Lucile et ses soirées arrosées !

Son portable n'a pas arrêté de vibrer, et Thomas s'est réveillé en sursaut, cherchant le vilain objet qui l'a ramené en Enfer – inutile de préciser que dans son rêve, le paradis commençait par un « R ». Révisions, bien sûr… Thomas a toujours été un garçon très sage, faut pas croire.

Désormais il est à quatre pattes, la tête en bas du lit, une chaussette sur son épaule et un boxer suspendu à l'antenne de ce vieux portable pourri. Inutile de dire qu'il a vibré plus fort que tous ses godes réunis !

Thomas grimace en reniflant les vêtements sales qui l'ont pris pour un portemanteau – on est calés, là, les entend t-il presque dire. Ecoeuré, il les chasse d'un geste de la main tandis que sa mère le nargue en pensées : « Ca t'apprendra à être bordélique, espèce de crade ! »

Le blond n'a pas encore parler à l'autre bout du fil, pourtant, Thomas sait que c'est lui. Enfin, disons qu'à chaque sonnerie, il l'espère… Octobre et toujours pas de nouvelles de son… « Amant ? Petit ami ? » Ce n'est que trop tard que Thomas a réalisé qu'ils n'avaient pas parlé d'un avenir ensemble. Juste une promesse : « Tu iras voir ton père, et moi je reprendrai mes études. » Ah, on va loin avec ça.

Le châtain a souvent repensé à leur séparation, sur le quai de gare. Il a été si naïf. Combien de fois a-t-il dit « je t'aime » à Raphaël ? Plus de fois que l'autre n'a entendu son prénom, il en est sûr. Et jamais de réponse. « Je me suis bien fais baiser, ce jour-là », songe t-il avec amertume – et dans les deux sens du terme.

-Raphaël ? Répète t-il – l'espoir fait vivre, comme dirait l'adage.

-…

S'il attrape le petit con qui s'amuse à l'appeler à deux heures du matin ; il va le tuer, l'éviscérer, l'étrangler, le…

-Bordel, c'est qui ?!

-Ah, tu cries enfin. Ca fait plaisir à entendre - et Thomas voit presque le sourire moqueur sur les lèvres du blond.

Muet de stupéfaction, Thomas ouvre la bouche, puis la referme. Il ne sent même pas cette main qui glisse sur le bord du matelas, et qui chute, et putain, ça fait mal !Le bruit de son corps heurtant le sol a dû alerter Raphaël, car celui-ci s'inquiète.

-Thomas ?

-Tais-toi ! Ferme-la parce que je vais te casser la gueule !

Le châtain sent les larmes poindre au bord de ses yeux et ne cherche pas à les retenir. Il n'a pas pleuré depuis que Raphaël l'a quitté mais c'était la deuxième fois qu'il le perdait et Thomas a failli en finir dans la baignoire. Sa voix vient de partir dans les aigus, mais à vrai dire il s'en fout. Que le blond s'en prenne plein la gueule, tant mieux.

Il sait qu'il respire bruyamment dans le combiné mais ça n'est certainement pas dû à l'émotion qui lui serre la gorge. « Non, pas du tout ! » Thomas reprend juste son souffle, après une chute si violente – un lit, c'est haut mine de rien.

-Pourquoi est-ce que tu n'as pas appelé plus tôt ? L'agresse t-il immédiatement. Et ça t'amuse de ne pas répondre quand je te parle ? Faut que je m'énerve, pour que ça te plaise ! J'en ai marre que tu te moques de moi, Raphaël, je-

Tut, tut, tut. « L'enfoiré ! », enrage t-il. Il lui a raccroché au nez ! Thomas essuie ses larmes d'un geste rageur. Bon sang, ce qu'il peut haïr être aussi sensible. C'est une accumulation : le rythme soutenu des études, la peur de ne pas réussir, l'absence de Raphaël… Ses nerfs ont craqué. Il sursaute violemment en entendant la sonnette.

Décidemment, ce n'est pas son jour de chance. Qui peut bien sonner à cette heure-ci ? Dévalant les escaliers rapidement, le châtain se fige devant la porte.

-Qu'est-ce… Qu'est-ce que tu fais-là ?

Le froid lui fait claquer des dents, lui qui dort toujours en boxer. Cette situation lui rappelle étrangement une autre, sept ans plus tôt. Lui, adolescent éperdument amoureux, sur le perron de Raphaël. « J'ai une copine. » Thomas se souvient de cette phrase, briseuse de rêves.

Soudain, le déjà-vu se renforce et il est sûr que Raphaël vient le larguer en personne, pour une Marion, une Jennifer ou pourquoi pas une Marie couche-toi-là. Du moment qu'il y a un trou où mettre sa queue, c'est tout ce qui l'intéresse – et une fille, c'est tellement moins compliqué.

-Je t'aime, lâche Raphaël, comme une bombe, et c'est si semblable à sa propre déclaration que Thomas en reste comme deux ronds de flanc.

Il se sent con. Une violente émotion aurait dû le submerger, comme la pluie qui goutte sur l'anorak du blond, comme cette lueur dans les yeux verts qui le noie. Pourtant, le châtain y est étanche.

Quand on a l'habitude de ne pas y croire, on se protège, et on n'espère plus. Raphaël se fout de sa gueule, comme au collège – sinon, pourquoi aurait-il ce putain de sourire sur les lèvres ? Il est peut-être heureux de te revoir, tout simplement.

Non, le blond n'est pas du genre à dire ses sentiments de but en blanc. Et puis…

-C'est trop facile ! Rétorque Thomas, les joues rouges – cocktail de gêne et de colère. Deux mois et pas un coup de fil. Et tu crois qu'en balançant ces trois mots, tu-

-Laisse-moi entrer, s'il te plait, le coupe Raphaël, dans un soupir agacé.

La pluie est en train de le tremper alors le blond resserre sa capuche et lui jette un regard implorant. « On va en discuter », semblent dire ses beaux yeux. « Comme on devait parler avant de coucher ensemble », a envie de rétorquer Thomas, acerbe.

-Figure-toi que je ne t'ai pas attendu, alors tu peux faire demi-tour, crache t-il. Pas la peine d'entrer.

Raphaël lève les yeux au ciel, il ne le croit pas une seule seconde.

-Pourquoi faut-il toujours que tu réagisses comme une fille ?

Blessé, le châtain manque de lui claquer la porte au nez – et une belle fracture, comme ça tu seras encore plus moche, songe t-il de très mauvaise foi.

Une voix ensommeillée se fait alors entendre dans les escaliers et Thomas voit avec horreur Raphaël écarquiller les yeux, avant de grimacer de dégoût. C'est un mec qui demande : Qui est-ce qui sonne à cette heure-ci, merde ? « C'est toi le tas de merde », a-t-il envie de crier, quoiqu'il le dirait bien à Thomas à cet instant.

Effectivement, il ne l'a pas attendu, alors Raphaël ne va pas faire de même, trempé comme le pauvre con qu'il est. Enragé, il repousse le bras de Thomas qui tente de le retenir et retourne à sa voiture, la démarche nerveuse. Qu'il aille se faire foutre avec tous les pédés de la Terre ! Tremblant de colère, les yeux humides, Raphaël a du mal à tourner la clé dans la serrure.

A l'intérieur, Raphaël sert les dents pour lutter contre la déception. Tous ces kilomètres de route, d'anticipation, de bien-être à l'idée de le revoir. Tout ça emporté par le vent, comme leur amour – vulgaire feuille morte parmi tant d'autres. Il a envie de se laisser aller jusqu'à poser la tête sur le volant, de se la taper, même, pour quitter ce cauchemar.

Clac ! C'est le bruit de l'autre portière et Raphaël n'a rien le temps de dire qu'une fusée s'est engouffrée dans la voiture, mouillant tout sur son passage.

Une fusée déshabillée, les cheveux dégoulinants, le sous-vêtement trempé. Thomas se jette dans ses bras et s'excuse. « Pardon, pardon, pardon ! » Et dans ses sanglots, Raphaël comprend aussi des « Pars pas, pars pas, s'il te plait ! »

-Tu m'as poursuivi en boxer sous le déluge ? Mais t'es malade ?!

Le blond est partagé entre l'exaspération et l'attendrissement. Il le sert contre lui, à l'étouffer, puis lui passe son anorak sur les épaules, en bon gentleman. C'est toujours mieux que rien, songe t-il en sentant l'autre claquer des dents.

Le frein à main gêne Thomas, assis en plein dessus, ceci dit pour rien au monde il ne voudrait quitter cette étreinte (et il a eu bien pire entre les cuisses, après tout).

-C'était mon frangin, explique t-il dans un murmure, la tête nichée dans son cou. Y'a eu aucun autre mec, je suis pas une pute, j'te jure !

Et Raphaël hoquète de surprise avant de le repousser doucement, une moue inquiète sur les lèvres.

-Je n'ai jamais cru ça, souffle t-il, et Thomas observe la buée qui s'échappe de ses lèvres, fasciné. Tu as toujours été quelqu'un de droit, l'exemple à suivre selon moi, peu importe ta sexualité. Ce que j'ai pu te dire, je ne l'ai jamais pensé. Et ça m'attriste que tu manques tant de confiance en toi.

Une main sur la joue, une caresse aérienne et le châtain soupire de bonheur, les paupières closes. Raphaël effleure ses lèvres du bout des doigts. Il meurt d'envie de les ouvrir avec sa langue, elles en deviennent obsédantes et il va les violer, oui, là, tout de suite.

Que Thomas le veuille ou non ; il pénètre sa bouche – ô sale tentatrice, il la voulait déjà au collège, quand il la voyait croquer dans une pomme, quand Thomas se mordillait les lèvres pendant un contrôle.

Mmmh… Ce baiser a un goût délicieux. Chaud. Humide. Et bien plus. Deux mois c'est leur limite.

Thomas en a d'ailleurs oublié toute sa rancune, anesthésié par la bouche de Raphaël. C'est comme avant une opération, comptez jusqu'à dix, et au bout de trois, on a déjà décroché. Sa conscience, elle, s'est envolée depuis longtemps ; seuls son corps et son cœur s'additionnent, et sa langue en trace le doux résultat sur la nuque de Raphaël.

L'impatience les excite. Le blond se demande s'il n'a pas appuyé sur le chauffage, sans faire exprès – il transpire d'anticipation, rien qu'à l'idée du sexe qui va le pénétrer. Ca caille dehors, l'eau martèle les vitres, le vent souffle, mais Raphaël et Thomas s'aiment si fort qu'ils font naître un incendie à l'intérieur. La buée sur les vitres – résultat du froid, ou de leurs nombreux halètements ? – les cache aux yeux du monde.

Frénétiquement, ils se déshabillent. Pull, jean, chaussures, Thomas se demande pourquoi ils ne vivent pas à poil, comme les naturistes, ça serait tellement plus pratique pour baiser.

« Putain », gémit-il lorsque Raphaël fait glisser son boxer le long de ses jambes, libérant son érection. Il était tant absorbé par le corps du blond qu'il en avait oublié à quel point il se sentait à l'étroit, là-dedans.

Ca fait du bien. Quatre mots de suite, c'est la seule phrase que son esprit embrumé est capable de produire. Tuuut ! Ses neurones sont parties en couille, ou dans les couilles, plutôt. Elles transmettent les sensations à tout allure, et wow, les mains sur ses flancs et la bouche sur son sexe lui font voir les étoiles – pas besoin d'une décapotable, avec Raphaël.

Le dos flanqué contre la portière, Thomas comprend que son amant veut le détendre, lui faire oublier ses soucis, flattant de ses doigts ses tétons dressés, le prenant en bouche doucement, histoire de ne pas malmener sa queue – Raphaël ne lui veut que du bien, surtout lorsqu'elle sera en lui, et son propre sexe vibre à cette simple pensée.

Sans cesser ses succions, une de ses mains plonge vers le bas, et le masturbe en rythme. Impossible de tenir, à cette cadence, et Thomas ne se détend pas, au contraire, il bande comme un roc et ses mains se sont cramponnées au rebord du siège, histoire de ne pas se déhancher comme une bête dans la bouche de son amant. Voir le blond se toucher alors qu'il le suce ; c'est terriblement excitant, ça veut dire qu'il aime ça.

A bout de souffle, le châtain le repousse, mais Raphaël s'attarde, titillant son gland, effleurant avec ses dents les endroits sensibles, le faisant jouir dans sa bouche, une nouvelle fois. Le Diable est blond, se souvient alors Thomas et il sait pourquoi l'autre le suce toujours jusqu'au bout ; c'est parce que ce taré se sent tout puissant, donner l'orgasme rien qu'avec sa bouche, c'est pas donné à tout le monde. « Ce petit con est doué, quand même. »

Raphaël est parti, lui aussi, et il se redresse pour fouiller dans sa boîte à gant, extirpant un paquet de kleenex pour essuyer ses doigts poisseux. Thomas quant à lui nettoie sa bouche en lui donnant un long baiser.

-Merci, souffle t-il, encore comateux.

-Tu sais à quel point je suis généreux, raille le blond, un sourire pervers aux lèvres.

-Obsédé, plutôt, corrige Thomas, l'air faussement boudeur. Moi qui voulais te prendre de suite, va falloir attendre. T'es content ?

Les yeux verts le fixent un long moment et Thomas déglutit. « Merde, j'ai dit une connerie », panique t-il intérieurement. Confiance, c'est ce qu'il lit dans ses yeux, mais aussi, quelque part, un peu de crainte. Raphaël n'est pas un Dieu finalement – même s'il a toujours été le sien. Il appréhende, et Thomas l'embrasse doucement, comme pour le rassurer.

-Je ferai attention, promet t-il dans un murmure, accrochant ses yeux presque noirs aux éclats d'émeraude.

-On dirait un enfant qui a hâte d'ouvrir son cadeau, se moque le blond avant de grimacer.

« C'est pas un cadeau qu'il va ouvrir, et ça va faire mal », mais Raphaël inspire profondément. C'est pas le moment de penser à ça, idiot.

-En fait, chuchote t-il en caressant les cheveux de Thomas d'une main, tandis que sa bouche lui lèche la peau sous l'oreille, soulevant délicatement le lobe. Je ne sais pas si j'ai envie que tu fasses attention, ou bien que tu… me baises à sec. Hmm, Thomas… Je te veux tellement.

Plus efficace qu'une allumette, Raphaël chauffe son amant qui est devenu aussi rouge que ses lèvres humides.

-Ne me dis pas des choses comme ça, je ne vais plus répondre de moi, sinon, le morigène le châtain. Puis, soudain, il lève les yeux et demande d'une petite voix : Ca a été, avec ton père ?

La main sur ses cheveux s'arrête un court instant.

-Oui, souffle le blond, une lueur apaisée dans le regard. Il m'a accepté.

-Tu es sérieux ? Sursaute Thomas, surpris.

-Comme si j'allais plaisanter avec ça, ricane Raphaël. J'attendais les coups, mais il m'a juste serré dans ses bras. Je me suis dit : ça y est, t'as pété un plomb, t'as des hallucinations maintenant. François s'est remarié et il est beaucoup plus calme désormais. Il a pris beaucoup de recul, parce que sa nouvelle femme ne supportait pas qu'il crie sur ses gosses. C'est con qu'il lui ait fallu une belle femme pour lui mettre un peu de plomb dans la tête, ajoute t-il, sarcastique.

-Oui, parce qu'il était violent, avec toi, se souvient Thomas en sentant son cœur se serrer. Mais il n'est plus homophobe, alors ?

-Il ne l'a jamais vraiment été, soupire lourdement Raphaël – confier sa découverte, même si elle l'a soulagé, remue encore le couteau dans la plaie.

Toutes ces années de crainte, d'incompréhension… Où Raphaël a été jusqu'à renier sa propre sexualité, son essence… Tout ça pour rien.

-Quand j'étais gamin, un vieil homme traînait toujours dans mon quartier. Il était gentil avec tout le monde mais François n'a jamais pu se le sentir. Ce type m'aimait beaucoup, moi plus que les autres mômes, forcément, il m'avait vu embrasser un autre gamin derrière un arbre. Pour lui j'étais une cible accessible, vu qu'il préférait les petits garçons. C'était un… pédophile, déglutit-il – c'était un homme que Raphaël avait toujours admiré petit, et comprendre qu'il n'était en fait qu'un vicieux à deux doigt de le violer, et qu'il avait posé ses sales mains sur son petit corps, l'avait écoeuré.

-Il m'avait complètement ensorcelé, je buvais toutes ses paroles, et au fond j'avais l'impression qu'il remplaçait ce père doux dont je rêvais, ce que François ne m'a jamais apporté. Le laisser me laver, mettre un doigt en moi… – « Il faut nettoyer là aussi », disait-il gentiment, et après il chuchotait « Tu es très serré », une sorte de compliment que Raphaël ne comprenait pas, mais il hochait la tête quand même et murmurait un « oui » docile.

-Tous ces gestes étaient naturels à mes yeux. François avait vite compris son manège et c'est pour ça qu'il détestait tant les homos, pour lui c'étaient juste des pervers anormaux. Il m'a aussi confié que son frère s'était fait violé et tué par un homme durant son enfance, et ça François ne s'en est jamais remis. Disons qu'il voulait me protéger… à sa manière.

Thomas ne sait plus où se mettre, un jour sa curiosité maladive le tuera. Il a l'impression d'avoir gâcher l'ambiance et sa voix n'est plus très sûre lorsqu'il demande :

-Et… tu veux toujours que je… Enfin… Je peux être en dessous, ça me gêne pas, bégaie t-il.

Raphaël le regarde comme s'il était un crétin, et secoue la tête. « Non ». Ses gestes secs parlent pour lui. Poussant un soupir las, Raphaël serre Thomas dans ses bras, parce que l'autre a l'air paumé, à dire autant de conneries. Voila pourquoi il déteste raconter sa vie – ça fait toujours pleurer dans les chaumières.

-Tu n'as rien à voir avec cet homme, le rassure t-il. Toi, tu m'aimes comme personne ne m'a jamais aimé, et ton sexe en moi n'aura jamais rien de malsain, il sera comme un prolongement de cet amour pur et sincère que tu me portes. Et j'en ai vraiment envie. Alors…

Le sourire de Raphaël atteint désormais ses yeux, et une lueur amusée et prédatrice font briller son regard.

-… tu vas te dépêcher de me baiser avec ta grosse bi-

-Hey ! S'offusque Thomas, les oreilles fumantes.

-Quoi, c'est un compliment ! – Raphaël semble mort de rire et le plus petit sourit, heureux du revirement de situation. Et puis, je suis sûr que tu en meurs d'envie. Débauché comme tu es au lit, ça m'étonnerait que le rôle d'éternel passif te satisfasse.

Thomas n'ose rien dire et lui tire puérilement la langue. Raphaël rit encore un peu, avant de se pencher pour déplier les fauteuils arrière, question de confort, même pour une baise passionnée.

C'est vrai que Thomas aime bien s'enfoncer dans une chute de rein ; il aimerait le faire de temps en temps mais les hommes ont un peu peur de sa grosse taille.

Le blond, lui, n'a jamais été en dessous et pourtant il en a envie, il lui fait confiance. C'est une preuve d'amour qui lui fait chaud au cœur ; et Thomas se consume rien qu'à l'idée de le prendre à nouveau dans l'avenir. Encore et encore. Hm, alléchante perspective...

Mû d'une soudaine impulsion, il agrippe les hanches qui lui tournent le dos alors qu'il sent Raphaël sursauter. Ce dernier pose ses mains bien à plat sur la banquette, pour se retenir, et il écarquille les yeux lorsqu'il sent un sillon humide tracer un chemin sur sa fesse. Raphaël n'a pas besoin de pencher la tête pour constater que les petits soldats sont à nouveau au garde-à-vous – braves, braves soldats !

Il sent une main se glisser sous son ventre, pour le maintenir, et une autre vient taquiner son sexe, le faisant doucement haleter. « Je vais te préparer à m'accueillir. » Thomas souffle ces mots d'un ton très professionnel et Raphaël, excité à mort, a envie de lui sortir une pancarte : « Bienvenue chez moi ! »

Non mais, sérieusement, quelle idée d'être si sérieux à un moment pareil.

« Arrête-moi si tu n'aimes pas. » Le blond hoche cependant la tête, remerciant son amant de prendre cette peine – à l'hôtel, leur première fois, il n'avait même pas préparé Thomas, tant il était pressé d'être en lui.

Il sent le chemin humide glisser vers… « Oh putain ! » Raphaël pousse un gémissement entre surprise et plaisir. La langue de Thomas déflore son intimité, douce, et le blond s'agite, sentant une bouffée de chaleur le parcourir. Mal à l'aise comme jamais dans un rapport sexuel, il couine :

-A-Arrête, c'est sale !

Les bras de Thomas le maintiennent en place tandis que celui-ci murmure, d'une voix apaisante.

-Ma langue, n'est-elle pas elle aussi un prolongement de mon amour ? Fais-moi confiance, tu vas aimer.

-D'accord, bredouille enfin le blond, se forçant à positiver – ce n'est que son deuxième rapport homosexuel après tout, il a encore beaucoup de choses à découvrir.

Raphaël aime ce côté un peu leader que le châtain a au lit ; même quand il était passif, Thomas prenait plein d'initiatives, ainsi le blond ne se sent jamais abandonné avec lui. « Bordel, je l'aime… »

La langue se transforme en un muscle dur, plonge dans son intimité, l'écartant, puis ressort, rentre à nouveau, et Raphaël se détend, petit à petit, jusqu'à ce qu'un doigt accompagne la langue tortueuse. Il va loin, tellement plus loin, et le blond a envie de s'empaler dessus – c'est bon, songe t-il, faisant tomber ses appréhensions.

La langue et le doigt se retirent et Thomas en insère deux à présent. Ca fait mal, ne peut s'empêcher de penser Raphaël, surpris après tant de plaisir. Il sent leur grosseur étirer ses muscles et c'est vachement désagréable ; lui ce qu'il aime c'est leur longueur, et vu celle de la verge de Thomas, il va être ravi.

-J'ai acheté du lubrifiant, halète t-il entre deux va-et-vient dans son corps. Avec les capotes. Dans la boîte à gants.

-Je t'aime, lui répond seulement Thomas en s'écartant et ça sonne comme un « t'es génial » aux oreilles du blond.

Raphaël passe à l'arrière, le souffle court, et il tente de se distraire en observant les cascades d'eau qui s'écoulent sur les vitres, en écoutant le bruit de leur chute – la nature est déchaînée, tout comme eux.

Pendant ce temps, le châtain a enfilé le préservatif, et enduit sa hampe de lubrifiant, n'y allant pas de main morte. Il tremble. D'amour, de peur, peur de faire mal, d'anticipation, d'envie, oh oui, d'envie…

A cran, Thomas dépose un chaste baiser sur les lèvres de son amant et lui intime de se retourner, à quatre pattes. Raphaël se mord les lèvres mais obéit, docile. « C'est la meilleure position. » Il ne veut pas être allongé sur le dos comme une fille ; et chevaucher Thomas est une mauvaise idée, il verrait son énorme sexe le pénétrer et il risquerait de prendre peur.

Son érection retombe un peu, craignant la douleur, lui qui y a toujours été si sensible. Les doigts de Thomas l'enduisent à l'intérieur et cette fois, Raphaël se cambre, surchargé de plaisir, ses mains serrant avec force la housse du fauteuil.

-Raphaël… supplie l'autre.

-Vas-y…

Ooooooh… ! Thomas s'est enfoncé de moitié et des larmes de douleur perlent dans les yeux verts. C'est horrible. Raphaël pose une main sur la hanche de Thomas, comme pour le repousser, ça fait mal, trop mal. « Bordel ! »

Une pluie de baisers s'abat sur sa cambrure de reins, et toute cette tendresse détend le blond, ainsi que les petits mots réconfortants de son amant. Des « je t'adore », des « ça va aller », des « respire ». Des promesses aux allures de conte de fée, alors qu'il se sent déchiré de l'intérieur ; mais le blond décide d'y croire, pour une fois.

Il ignore à quel point Thomas se retient, les yeux brouillés par le plaisir. Plus que sa verge à l'étroit dans ce cul si moite, c'est son cœur qui le serre, il va étouffer, crever de bonheur. Attaque cardiaque en vue. Boum, boum, boum ! Combien de fois a-t-il rêvé cet amour partagé ?

Prenant sur lui, Raphaël décide de regonfler son orgueil, et sa main appuie sur la hanche de Thomas, mais pour l'attirer à lui, cette fois. D'un coup de rein, il s'empale brusquement en arrière et pousse un profond gémissement. De souffrance mais surtout un truc orgasmique, un truc de dingue que Thomas a touché en plongeant en lui.

A partir de ce moment, la danse se fait à deux, et Raphaël finit au dessus de Thomas, son érection toujours logée entre ses cuisses, tandis qu'il monte et redescend – c'est le Grand Huit, version sexe.

Ils s'embrassent puis le châtain, allongé sur le dos, tend ses paumes en avant pour que Raphaël s'y appuie de ses deux mains, afin de s'empaler plus aisément.

Après l'amour, tout va bien, tout est beau, et, allongés sur leur moquette, protégés aux yeux du monde ; Thomas se fout pas mal que Raphaël ait oublié de l'appeler. L'important, ce ne sont pas ces huit années gâchées, ni ces deux mois de séparation. C'est peut-être un peu le présent, la main de Raphaël nichée dans la sienne. Mais l'important, c'est surtout le futur, où ils seront ensemble, tous les deux.

-Je t'aime, ma brique de lait, se marre soudain le blond et Thomas fronce les sourcils, le prenant pour fou.

-Qu'est-ce que tu racontes ?

-Rien, laisse tomber. C'est juste un truc débile…

Finalement, peut-être qu'il y retournera, au club des ouverts d'esprit. Mine de rien, ils ont quelques théories intéressantes, ces attardés mentaux.

FIN

Et voili, c'est fini...

Je me suis arrêtée là parce que j'ai écrit cette histoire presque d'un trait et que je n'avais pas l'envie ni les idées de la continuer. Dans ma tête c'est ainsi qu'elle devait se finir – je suis désolée si certains trouvent ça trop court.

Je vous remercie à tous pour votre soutien et vos chaleureux commentaires !

Être si bien accueillie m'a donné envie de poursuivre l'aventure avec quelques originales, qui sait, quand l'envie me prendra XD.

Ps : Ce chapitre manque peut-être un peu de relecture, j'espère qu'il ne vous a pas déçu.