Bon, je ne suis pas très douée avec les présentations, donc on va faire court... \o/
Cette chose est donc ma première histoire longue digne de ce nom. Elle devrait être udpatée une fois par semaine en période de calme, une fois toutes les deux semaines si je suis occupée/larvisante. Insultes et marques d'adoration bienvenues ^_~
Bonne lecture !
Vincent le Vampire
Le vampire se déplaçait silencieusement dans l'obscurité, ombre parmi les ombres.
La chasse n'avait pas été bonne : les paysans savaient se terrer lorsque la lune répandait sa lumière blême sur les nuits ursylvaniennes, obéissant à un réflexe certes antique mais toujours efficace. Les vampires ne pouvaient entrer qu'invités, ce qui lui interdisait tout accès aux proies les plus savoureuses ; mais il y avait toujours, heureusement, des amoureux imprudents, des voyageurs égarés ou des jeunes filles avenantes disposées à dormir la fenêtre ouverte.
Cependant, la proie qui venait d'attirer son attention n'entrait dans aucune des catégories suscitées : il s'agissait d'un jeune paysan qui, manifestement inconscient du péril qu'il courrait, rentrait le foin oublié ou effectuait quelque tâche que ce fût qui impliquât du foin et une fourche – le vampire n¡¦était pas grand connaisseur de la vie paysanne.
Il esquissa un sourire prédateur. Le paysan semblait robuste et musclé : son repas serait copieux cette nuit.
Il fondit sur le jeune homme, lequel lui envoya un uppercut dans le menton avant de lui planter sa fourche dans le ventre en une série de gestes souples et élégants. Epinglé contre un mur, le vampire fondit en larmes.
Quelque peu perturbé par cet acte moyennement vampirique, le paysan s'interrompit en plein milieu d'un « prends-toi ça, suceur de sang ! » vengeur et cligna des yeux.
- … Euh ?...
- J'en ai assez, hoqueta le vampire. Pourquoi est-ce que c'est toujours la même chose !? Je ne suis même pas un bon vampire ! Toute ma famille se moque de moi ! Et puis pourquoi devez-vous tous être si agressifs ? Que nous avons-vous fait ? Nous prélevons à peine quelques gorgées de sang par personne ! Quelques jours de repos et vous vous portez comme un charme ! N'avons-nous pas le droit de vivre ? Mais non, c'est un détail, vous nous traitez juste comme des violeurs et...
La suite demeura inintelligible, noyée au milieu des sanglots. Affreusement embarrassé quoique retenu par un vieux fond de méfiance ancestrale, le jeune paysan tenta de se justifier :
- Euh... Faut pas pleurer pour ça, voyons...
- Je sais bien que je suis une honte pour toute ma famille, poursuivit le vampire, inconsolable. Je suis incapable d'avoir une aura vampirique ou de terroriser ma proie, au point que je me fais même brutaliser par celle-ci !
- Euh...
- Et en plus, tout le monde me déteste et me traite de sale suceur de sang alors que je ne suis même pas capable de mordre quelqu'un convenablement et...
Submergé par les plaintes du vampire, le jeune homme tenta d'apaiser son désespoir avec la première excuse qui lui passa par la tête :
- Je... C'était juste un réflexe, d'accord ? J'aurais réagi de la même manière si une petite vieille m'avait sauté dessus aussi sauvagement !
- C'est faux, sanglota l'éploré. Les paysans ne plantent pas de fourches dans les gens !
- Euh – oui, bon, d'accord, mais c'est juste parce que les vampires ont mauvaise réputation et... euh...
- Oui mais justement ! s'écria le vampire, relevant la tête de son mouchoir et entraînant le recul immédiat du paysan. Nous sommes tous des vampires, des créatures de la nuit redoutables et féroces ! Mon frère aurait ri si vous l'aviez empalé avec une fourche ! Enfin, peut-être pas, vu que c'est assez douloureux, mais au moins souri de manière crispée ! Et moi, vous n'auriez même pas besoin d'une fourche à vrai dire – un coup de cuillère et je pleure déjà !
S'apercevant qu'il était effectivement en train de pleurer, le vampire redoubla ses larmes. Tentant d'apaiser son affliction, le paysan arracha sa fourche de manière aussi peu douloureuse que possible et le prédateur s'écroula en un tas lamentable. Tout vieux reste de méfiance ayant fondu devant une créature aussi manifestement pathétique, le paysan lui saisit le bras pour le redresser et lui tapota maladroitement le dos :
- Allez... L'important, c'est d'être soi-même, non ?...
- Mais mes parents n'aiment pas ce soi-même, gémit le vampire. Ni personne d'autre, d'ailleurs !
- Ah. Euh. Tu n'as vraiment pas d'amis ?
- Non, répondit misérablement son interlocuteur. Les membres de ma famille me méprisent parce que je n'arrive pas à me nourrir sans aides, et il m'est strictement interdit de rencontrer d'autres congénères puisque je suis la honte de la famille... De toute façon, je n'ai même pas la tête d'un vampire !
Le paysan s'efforça d'oublier les grands yeux bleus translucides aux longs cils pâles, les cheveux blonds-blancs longs et vaporeux qui soulignaient par leurs boucles l'ovale délicat du visage, les traits fragiles et l'air désespéré de petit faon perdu dans la forêt qui achevaient de ruiner toute la crédibilité du vampire.
- Mais non, mais non, mentit-il fermement.
Le prédateur de la nuit se moucha vigoureusement.
- Inutile de tenter de me réconforter, je sais bien que j'ai l'air d'une loque... Si au moins je vous ressemblais !... Mais je suis condamné à ce physique indigne !
- Me ressembler ?... répéta le jeune homme, hautement perturbé.
- Oui ! s'exclama le vampire, les yeux emplis d'une admiration extatique. Des cheveux longs et noir comme les ténèbres ! Des yeux noirs aux reflets brun-rouge féroces, empli d'une mâle assurance !
- Féroces !? protesta le paysan.
- Le teint de marbre ! Les traits marqués par l'empreinte indélébile d'une noblesse froide et impitoyable !
- Froide et impitoyable ?!
- La carrure musclée ! La beauté virile !
- Euh...
En panne de compliment, le vampire s'interrompit et changea de sujet avec un naturel désarmant.
- Euh, à part ça, je pense qu'il est temps que je reparte... Mère va s'inquiéter si je ne rentre pas avant trois heures du matin. Hum... Quel est votre nom ?
- François, répondit le jeune homme après quelques secondes passées à tenter de se rappeler si, oui ou non, donner son nom à un vampire équivalait à une damnation éternelle.
- Moi, c'est Vincent, révéla le blond en essuyant une dernière larme. Merci beaucoup, François. Vous êtes très gentil. A demain... ou adieu ?...
- Euh... commença le brun.
Il n'eut jamais le temps de finir sa phrase : le vampire avait déjà disparu dans les ténèbres. Le paysan demeura quelques instants à regarder dans le vide, perdu dans ses pensées ("froid et impitoyable ?..."), avant de hausser les épaules et d'achever de ranger son matériel.
Après tout, songea-t-il en une preuve éclatante d'optimisme campagnard, il n'était pas près de revoir le vampire.