Voilà un court OS que j'ai écrit il y a un petit moment. Les critiques constructives sont bien sûr les bienvenues ;)

Dernière nuit

Je sens son souffle chaud dans mon cou, son corps contre le mien, ses mains posées sur le mur de chaque côté de ma tête. Je ne sens pas son cœur battre, il n'en a pas. Je sens ses larmes glisser le long de sa joue. Je sais déjà. Je l'ai compris tout de suite. Son air lugubre et désolé, ses yeux rougis et ses mains tremblantes l'ont trahi. Je savais depuis le début que ça finirait par arriver mais, j'ai choisi de l'ignorer et maintenant, je me retrouve au pied du mur, seul face à mon désespoir. J'aurais dû profiter plus encore de nos derniers mois ensemble. Je ne veux pas que ça arrive déjà, mais je ne veux pas lui montrer, je ne veux pas qu'il sache que j'ai peur.

Il relève la tête, sa joue contre la mienne et semble fixer le mur derrière moi.

— Je suis désolé. Souffle-t-il.

Il ne me regarde pas. Il n'ose pas. Je ferme les yeux et me souviens.

Je me souviens de notre première rencontre. C'était il y a trois mois, un jeudi soir, dans le parc de la ville. Il faisait nuit et je me suis assis à côté de lui. Il m'a dit qu'il valait mieux que je ne reste pas là, que c'était dangereux, et je lui ai répondu effrontément que j'aimais le danger. Nous avons discuté toute la nuit et je suis rentrée chez moi au petit matin avec une seule idée en tête : le retrouver le soir même. Retourner discuter avec cet homme si beau et mystérieux qui dégageait un sentiment de menace. Il me fascinait déjà à l'époque. Depuis cette nuit là, nous nous retrouvions chaque soir au même endroit, jusqu'au jour où je l'ai amené chez moi…

Au fil du temps, nous nous sommes attachés l'un à l'autre, nous sommes tombés amoureux, nous ne pouvions plus vivre l'un sans l'autre et puis… les siens s'en sont mêlés…

Je rouvre les yeux, il m'embrasse et ce baiser a un arrière goût d'adieu. Je sens ses lèvres parcourir lentement mon cou. Il passe sa main dans mes cheveux et me serre dans ses bras.

— Je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Chuchote-t-il à mon oreille.

Je lui caresse la joue tendrement et le regarde droit dans les yeux.

— Fais-le ! Tu préfères que quelqu'un d'autre que toi, s'en charge ? Moi non ! Alors fais-le !

Il se rapproche de moi et m'embrasse de nouveau, mais ce baiser là fait remonter une vague d'émotion en moi. Il tentait de retrouver cette timidité qui se transforme en avidité puis en passion qui avait caractérisé notre premier baiser. Seulement, cette fois, des gouttes d'eau salées s'insinuent entre nos lèvres et ce sera notre dernier baiser, identique ou presque à notre premier. La boucle est bouclée.

Il se sépare de moi à regret et dépose ses lèvres dans le creux de mon cou. Il hésite. Je sens les autres prêts à bondir s'il refuse. Je ne les vois pas, ils sont quasiment invisibles, mais, je sens la tension qui règne dans le parc. Notre parc. Je m'accroche à lui de toutes mes forces.

— Je t'aime. Me souffle-t-il.

Je souris, au moins mes derniers instants auront un léger gout d'optimisme. Optimisme inachevé.

— Moi aussi. Je t'ai toujours aimé.

Je l'ai rencontré ici et je mourrais ici avec lui.

Je ne peux retenir un cri quand ses canines pénètrent ma chair. J'ai la désagréable impression que mon cou se déchire et une douleur lancinante me transperce le haut du corps. Des larmes de souffrance coulent de mes yeux clos sans que je n'ai pu les en empêcher. Ça y est. C'est la fin. Je ne le reverrais plus…

Ce n'était pas sa faute, il avait été forcé de me tuer. Son clan n'approuvait pas sa relation avec un humain. Je me rappelle le soir où il me l'avait annoncé. Comme je connaissais son secret, un cruel ultimatum a été posé : Soit mon amant me tuait, soit ils s'en chargeraient...

Le sang quitte mon corps en même temps que ma vie. Je n'ai aucun regret. J'ai vécu de merveilleux moments avec lui et notre amour n'aura pas été détruit pas l'animosité des gens ni par celle de son clan. Je ne serais plus, mais, notre amour ne sera jamais altéré. Le regard des autres n'aura pas eu raison de nous. Nous nous aimions sincèrement et nous nous aimons toujours. Je n'ai pas de regrets car je meurs dans ses bras, là où est ma place, là où j'ai l'impression d'avoir commencé ma vie. Mon existence a débuté, le jour de notre rencontre. Il n'y avait que dans ses bras que je me sentais vivant.

Mon âme me quitte. Je ne vois plus rien, je ne sens plus rien. C'est fini. J'ai quitté cette vie, ce monde, mais surtout je l'ai quitté lui, mais, ce n'est que pour mieux nous retrouver.