Salutations distinguées, les gens ! Merci d'avoir lu, et d'être encore ici pour cet after ! Cette fois, c'est vraiment la fin. ^^ Merci pour toutes vos reviews, pour vos favs, et pour m'avoir dit à quel point vous aimiez Joshua et Gabriel ! Ça m'a fait énormément très très beaucoup plaisir.
Voilà donc l'after ! Vous connaissez le topo à propos des bisous entre messieurs, pas vrai ? Et aussi à propos d'un usage de la langue française qu'on aimerait pas voir dans la bouche de tout le monde, d'ailleurs à ce sujet, j'ai l'impression que Gabriel dit quatre fois plus de gros mots dans cet after que dans tous les chapitres précédents réunis - vous voilà avertis.
Bon after !
.oOo. AFTER .oOo.
Trois heures du matin. Trois cafés. Trois nuits de garde.
Trois fois que mon bipeur sonne cette nuit.
En réprimant un bâillement, je me lève – encore une broutille, j'imagine... Enfin qu'importe, je suis payé pour ces broutilles.
- Gabriel !
Mon prénom résonne dans le couloir à moitié vide, et en temps normal, je donnerais une bonne mandale à celui qui le beuglerait si fort, mais là, quelque chose me retient ; dans la voix de Nina, il y a une inflexion angoissée que je n'aime pas. Et quand elle court vers moi, j'ai l'impression que c'est au ralenti, et que les secondes s'étirent comme des siècles – c'est l'effet de mon mauvais pressentiment.
- Nina ? Un problème ?
- Gabriel, faut que... faut que tu viennes.
- Qu'est-ce qui se passe ? Arrête les énigmes, tu sais que j'aime pas ça.
Quelque chose ne va pas. Son visage est pâle, sa voix n'est que le fantôme de celle de d'habitude.
Un truc cloche, ce soir.
- Écoute... tu verras par toi-même, mais viens.
Bordel, que se passe-t-il ?
Nina m'entraîne vers un bloc occupé – vers la cause du bruit de mon bipeur – elle me fait enfiler masque et gants, et j'arrive devant un billard, sur lequel un corps ensanglanté vient juste d'être transféré.
Oh. C'était pour ça qu'elle s'angoissait ? Un simple accident, un type entre la vie et la mort ? C'est pourtant pas la première fois que ça arrive, c'est même commun – elle devrait y être tout de même plus habituée.
- Gabriel...
Non. C'est autre chose. Elle me fixe toujours de son air anxieux, et je remarque qu'elle n'est pas la seule – il y a des internes, autour, les miens, qui restent bizarrement silencieux. Ils ont l'air d'attendre mes instructions, ce que je ne comprends pas – ce n'est pas moi qui suis arrivé sur ce brancard le premier, pourquoi personne ne bouge, là ? Personne n'a encore donné de directives ?
Et puis, je réalise qu'il manque un interne, parmi ces têtes de piafs.
Ou plutôt, non – la bande est au grand complet.
- ... Oh... putain...
Je fixe ce corps, sur le brancard. Il y a du sang partout, surtout sur le ventre et dans ses cheveux – noirs et longs. Les yeux fermés sont frangés de cils très noirs, et je connais ces fringues déchirées et ensanglantées comme si je les avais cousues.
- C'est...
- C'est Joshua Lasheras, me dit Nina. Écoute, Gabriel... il faut que tu l'opères.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Un accident de voiture... Il roulait trop vite, il pleuvait... Gabriel, écoute... Tu es notre meilleur neurochirurgien...
- Putain, je lui ai toujours dit de pas rouler si vite !
Je ne sais pas pourquoi je gueule. En fait, ce n'est pas de la colère que je ressens, là tout de suite. C'est une affreuse angoisse, inextinguible, qui fait trembler mes mains et qui me fait voir trouble. Et les internes me regardent, ils se demandent pourquoi je panique, d'un coup – ils ne savent rien.
Bordel, Joshua, mon Joshua, sur un billard !
- GABRIEL ! Il faut que tu l'opères ! Il va mourir si tu ne fais rien !
Et là, je prends conscience de la situation... Putain, je suis le seul neurochirurgien de garde, ce soir – et je vais devoir trifouiller dans la cervelle de mon amant pour empêcher sa mort, et ce, avec les doigts tremblants de frayeur.
C'est pas possible...
- Nina, fais-le...
- Mais je suis pas neurochirurgienne, moi ! Non, Gabriel, c'est toi qui le fais. Mais je reste à côté de toi, ok ?
Nina. J'ai vraiment eu tort de te gueuler dessus si souvent. Vraiment.
- Ok...
Mes mains tremblent. De ces mains, ces foutues mains, dépendent la vie de Joshua. Et elles tremblent.
Putain...
Son crâne est déjà ouvert. Malheureusement, ce n'est pas de mon œuvre.
À quelle vitesse tu roulais, connard ?
Trois nuits de garde. Trois cafés. Trois heures du matin.
Trois fois trop de risques.
- Gabriel ! C'est pas le moment d'être distrait !
Sa voix me donne un coup de fouet. Bordel, je sais ! Je sais ! Si je suis distrait, c'est Joshua qui meurt sur le billard. Et je ne veux pas ça. Je ne veux pas que les seules personnes au monde que j'aime soient toutes vouées à disparaître prématurément, et de façon horrible.
Je me reprends, parce qu'il le faut.
Je suis neurochirurgien. Un putain de bon neurochirurgien. Je ne connais pas cet homme qui est allongé là devant moi, et si je le sauve, ça n'a rien de personnel – ça ne changera pas ma vie. Je ne connais pas cet homme, d'accord ?
- Scalpel...
C'est Wrenwright, mon interne, qui me tend l'instrument, et je me rends compte qu'il y a là Derème, Legat, Fuji, Pignolet... J'avais conscience qu'ils étaient tous là, mais c'est maintenant que je réalise qu'ils n'y ont rien à faire.
- Dehors, tout le monde ! C'est pas un salon de thé, ici, c'est un environnement stérile et j'ai besoin de calme !
Nina a l'air légèrement rassurée – si je gueule, c'est que j'ai repris la situation en main. Les internes ont l'air d'avoir envie de rester, mais je jure mes grands dieux que personne à part moi ne pourra jeter un œil au cerveau de Joshua Lasheras.
Et je me tuerai à la tâche, s'il le faut, je le ramènerai d'entre les morts, mais il ne crèvera pas.
Jamais.
.oOo.
J'ai froid. Trop froid.
J'ai tellement froid que mes doigts ne veulent plus bouger le scalpel. J'ai tellement froid que de la buée s'échappe de ma bouche quand je respire.
J'ai si froid...
- Joshua...
Il fait trop gris – pourtant, ça a toujours été la couleur de ma vie d'avant. Rien d'autre que le gris à perte de vue. Depuis que Joshua y a amené ses couleurs, je ne peux pas me réhabituer à un tel horizon.
Du gris...
Du froid...
- Gabriel, putain !
Je me redresse en sursaut – en face de moi, une paire d'yeux noirs me fixe d'un air singulièrement agacé.
- Arrête de dormir sur mon lit !
Je cligne des yeux. En fait, il ne fait pas si froid que ça – mais la climatisation de la chambre a été mise à fond. Je me tourne vers Joshua, mais lui, ça n'a pas l'air de le déranger. Autour de sa tête est enroulé un bandage – tout comme pour un certain nombre de ses membres – et c'est effectivement lui qui vient de me parler : je n'avais plus entendu sa voix depuis avant l'accident...
Il est réveillé...
- Oh, fuck.
- Qu'est-ce que t'as ? demande-t-il – et je peux au moins constater que son indélicatesse habituelle n'a pas fait les frais de son accident.
- Il y a que j'ai envie de te foutre une beigne, fils de pute !
Je gueule. Il vaut mieux ça plutôt qu'il me voie au bord des larmes. Je me déteste.
- Tu roulais à combien ? Hein ? Combien de fois je t'ai dit de pas rouler si vite ! Putain, Joshua... C'est un miracle que tu sois en vie, merde !
Shit. J'ai la voix qui a grimpé dans les aigus à la fin de cette phrase. Il doit sentir que je ne rigole pas, parce qu'il me fixe d'un air grave.
- Mais je ne roulais pas vite... C'est celui de derrière qui m'est rentré dedans. Tu crois qu'à 160 sur l'autoroute j'aurais une chance de survivre à un accident ? Si je suis là, c'est parce que je roulais lentement...
- Non, si t'es là, c'est grâce à moi, connard, à moi qui t'ai opéré de mes mains ! Si je t'avais pas opéré, tu serais en enfer en train de boire un verre de tequila à la droite de Satan à l'heure qu'il est !
Il cligne des yeux, puis sourit :
- T'aurais pu me laisser y aller, alors... Justement, j'ai envie de tequila. Mais bon, je suppose que tu aurais été trop désespéré si j'étais mort...
- Quoi ? Quoi ? N'importe quoi. Arrête de te prendre pour le centre du monde, sale capitaliste.
Il sourit – dire qu'à cause d'un connard de type qui lui est rentré dedans, j'ai failli ne plus jamais revoir ce sourire... – et il rétorque :
- Je suis le centre de ton monde. Pas vrai ?
Je suis tellement ahuri que je ne trouve rien à répliquer – et en plus, mes joues flambent, ce qui n'est jamais bon pour la crédibilité.
Et le pire, c'est qu'il n'a pas tout à fait tort.
- Tu m'aimes, ajoute-t-il simplement. C'est tout à fait normal, tu sais, pas la peine d'être si gêné.
- Je-suis-pas-gêné !
- Mais tu m'aimes.
- ... Alors là, certainement pas.
Bordel, à peine réveillé, même pas encore remis d'un choc qui aurait pu être mortel, il commence déjà à me les briser, ce con.
- Gabriel...
Il me regarde d'un air grave, et il m'attire contre lui comme il peut pour m'embrasser – mais merde, une chambre d'hôpital, c'est pas un endroit où se bécoter, d'abord, et...
Shit.
- Arrête d'embrasser si bien, merde ! je bafouille, essoufflé.
Je m'attendais à un sourire ironique, ou quelque chose dans cette veine, mais il ne dit rien, et se contente de poser sa main sur ma joue, en silence.
- Merci, pour l'opération...
- J'avais les mains qui tremblaient...
Il m'écoute en silence, et ses yeux sont fixés sur moi.
- Un mouvement de travers, et tu serais mort sur ce billard minable... J'avais la trouille, putain. J'avais la trouille. Tu peux imaginer ? J'étais en train de t'opérer...
- Je suis vivant, dit-il simplement.
- Encore heureux.
Je tripote le bout de sa couverture, et il ne dit toujours rien – alors je continue. Puisqu'il le sait, de toute façon...
- T'as raison, en fait. Je t'aime, oui.
Il sourit, et se redresse brusquement dans son lit, étonnamment vif.
- Eh, vous avez entendu ça ?
Je cligne des yeux sans comprendre, et je tourne la tête – Nina entre dans la chambre par la porte qui était restée négligemment ouverte, un grand sourire aux lèvres.
- T'as réussi, Joshua, dit-elle. J'y crois pas ! Je ne pensais vraiment pas qu'il t'avouerait ça à haute voix.
- Eh ouais, sourit Joshua. Comme quoi, hein, suffit d'avoir du doigté... Bon, et mes cent balles ?
- Je vais les chercher.
Elle sort à nouveau, et je me tourne les yeux écarquillés vers Joshua, qui affiche un sourire victorieux.
- C'était... un pari ?
- Ouais. On a parié sur le fait que tu me dirais que tu m'aimes une fois que tu serais réveillé, et tu l'as dit, donc elle a perdu.
Je le fixe, immobile – et je me lève, en faisant racler ma chaise contre le sol en lino. Parfois, il est assez difficile de se rappeler que mon job n'est pas de buter les gens mais de les maintenir en vie.
En l'occurrence, j'aurais dû le laisser crever sur son billard, ce con !
- Joshua Lasheras...
Il va prendre sa torgnole, et méchamment, encore.
- Moi aussi, dit-il subitement.
- ... Quoi ? "Moi aussi, j'ai envie de te buter", c'est ça ?
- Non. Moi aussi, je t'aime...
Il me prend la main, et je ne songe pas vraiment à la dégager, un poil perturbé, brusquement.
- Je n'avais pas vraiment envie qu'elle entende ça, ajoute-t-il, heureusement qu'elle s'est tirée.
Puis il m'embrasse – ce petit con a vraiment le don de me faire perdre tous mes moyens... Et le pire, c'est qu'il sourit !
- Gabriel...
Aah... Les internes sont vraiment la lie de l'humanité !
Enfin...
À peu près, quoi.
.oOo. FIN .oOo.
Voilà chers gens ! Merci infiniment d'avoir lu jusqu'ici, d'avoir apprécié, d'avoir laissé des reviews... Thanks ! o/
Ma potesse Jyô me menace souvent de torture à l'accordéon musette pendant une nuit entière si je n'écris pas plus de trucs sur Joshua et Gabriel (qui sont nos persos de RP, à la base - regardez-moi ces geeks...), donc si vous aimez bien ces deux-là, eh bien il se peut que vous ayez l'occasion de lire encore un autre AU sur eux, à l'avenir !
Quoi qu'il en soit, merci beaucoup d'avoir lu jusqu'ici ! A la prochaine !