Attention! Ce n'est pas une nouvelle nouvelle, c'est celle que j'avais mise dans "Murmure pour Adulte" : D. Je fais juste un peu de rangement et je la replace ici pour raison de logique XD
Des bises à toutes et tous!
Nombre de page: 11 - Nombre de mots: 6390
Publication: 07/04/2017
Résumé: OS « Une larme douloureuse ». ça se passe avant l'épilogue, j'en n'en dis pas plus D
Auteur: Yomika & Relecture : Aurelisa & correction : Yuiko
Pris d'assaut
D'habitude, ça allait. Les longs trajets, l'avion, l'attente entre deux vols, il gérait facilement. Enfin, c'était Estébal qui gérait. Son homme son homme se chargeait de l'occuper Lucas profitait des escales pour l'appeler, et quand il ne l'appelait pas, c'était sms sur sms jusqu'à ce qu'il ne capte plus. C'était leur rituel et ça, quelle que soit l'heure pour eux deux.
Mais là, pas d'Estébal. Ça commençait à vraiment l'inquiéter. La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, une semaine auparavant, Estébal avait eu l'air fatigué. Pas juste fatigué de fatigue, mais fatigué par la distance entre eux. Estébal avait commencé par lui demander quand il rentrait, puis il y avait eu ce profond soupir quand Lucas avait lâché à contrecœur « un mois », et pour finir son « tu me manques » clairement contrarié. Estébal ne lui avait même pas dit je t'aime. D'ordinaire, il lui disait tout le temps, et si ce n'était pas plusieurs fois dans la conversation, au moins Estébal clôturait toujours avec ces trois mots. La semaine n'avait pas été moins bizarre. Si Lucas s'était dit imaginer la distance dans leurs textos, quand, l'avant-veille, il lui avait demandé un skype, Estébal avait refusé sous un prétexte bidon. Et depuis hier, plus rien. Estébal n'avait pas répondu à son dernier sms et Lucas se demandait depuis une heure si oui ou non, il devait insister. Le besoin de le harceler pour savoir ce qui n'allait pas se confrontait à son orgueil. Orgueil qui, face à son silence, n'allait pas faire long feu.
Lucas avait le ventre en vrac. Pas que le ventre. La tête aussi. Il se souvenait encore de leur semi-rupture. Jamais il ne revivrait ça. Ça avait été trop éprouvant, douloureux. Pendant le mois qu'avait duré leur séparation, le monde n'avait plus vraiment été le monde. Parce que dans son monde, il y avait tellement d'Estébal, qu'une fois parti, il ne restait qu'une demi-sphère. Un truc incomplet qui ne marchait pas.
Dans le lounge de l'aéroport, allongé dans un des canapés de cuir, la tête sur les cuisses de Lulu qui pianotait sur son téléphone, Lucas leva le regard vers lui. Il se demanda comment Lulu réagirait quand il lui dirait qu'il allait rentrer. Parce que si Estébal ne donnait pas signe de vie dans les vingt-quatre heures, c'est exactement ce qu'il ferait. Peu importe le foutu planning qu'on lui imposait. Il adorait son job, la moto, les courses, mais il aimait encore plus Estébal. Il se demandait parfois si c'était normal d'aimer autant.
Et la réponse était toujours « oui ». Parce qu'il n'y avait pas d'autre façon d'aimer Estébal.
Depuis leur rencontre, ils avaient franchi les obstacles et grandi ensemble. Ils n'étaient plus les mêmes et Lucas aimait beaucoup ce qu'ils étaient devenus. Il ne pouvait pas changer son adolescence mais avec Estébal, il trouvait qu'il s'en sortait plutôt pas mal dans le monde adulte. Les souvenirs, sans disparaitre, s'étaient fait moins douloureux, comme si d'acteur, il était passé à spectateur. La colère, la haine, la sensation d'être démuni, ce n'était plus lui qui ressentait tout ça, mais le lui d'avant. Il avait enfin réussi à mettre une certaine distance avec les traumatismes de son passé. Avec Estébal et les années, ils avaient mis petit à petit des mots sur les abus, sur ce qui, presque dix après, lui faisait encore mal. Ça prenait du temps, beaucoup de temps, mais c'était un temps à deux. Une structure à quatre mains. Quand il ne trouvait pas lui-même les pièces pour se reconstruire, Estébal les poussait discrètement vers lui jusqu'à ce qu'il les remarque.
Un gloussement ramena son attention au présent. Le téléphone devant les yeux, Lulu regardait quelque chose qui lui tirait un énorme sourire. Un rire de bonheur secoua son ventre qui secoua ses cuisses et donc la tête de Lucas dessus.
— C'est quoi ?
— Des photos.
— Et plus précisément ? Insista-t-il maintenant curieux.
Lulu lui jeta un regard avant de lui ébouriffer les cheveux.
— Le ventre de Juliette.
Ça, il adorait ! Juliette venait juste de passer le septième mois et son ventre était énorme. Elle n'arrêtait pas de se plaindre qu'il la défigurait mais lui trouvait que ça lui allait super bien. De profil, ça faisait ressortir le galbe de ses fesses et il ne voyait pas comment un hétéro ne pouvait pas trouver ça super sexy. C'était incroyable de se dire qu'à l'intérieur de son ventre, il y avait une deuxième vie ! Il se demandait quelle créature résulterait d'un mélange Juliette/Lulu, mais quel que soit le résultat, ça ne pourrait qu'être génial !
— Montre ! Exigea Lucas en essayant de lui attraper le bras pour baisser l'écran du téléphone vers lui.
— Pas moyen, le contra Lulu en levant la main.
— Pourquoi ? Je veux la voir aussi !
— Parce qu'elle est en sous-vêtement.
— Ok, laisse tomber, lui répondit Lucas en se réinstallant la tête sur ses cuisses, je les ai déjà vues.
— Tu te fous de moi ?
Lulu avait vraiment l'air effaré. Il regarda son téléphone puis Lucas avant de lever un sourcil sceptique.
— Ensemble dentelle noir et rouge. Elle me les a envoyés hier.
— Non mais je n'y crois pas ! Tu as des photos de ma copine en sous-vêtement dans ton téléphone !
Lucas avait beaucoup de mal à voir le problème. Ce n'était pas comme s'il était intéressé par les filles. Juliette aurait bien pu lui envoyer des photos d'elle à poil qu'elle n'aurait même pas obtenue de lui une demi-molle. Mais Lulu ne partageait pas son avis et il le força à se relever.
— Ça va, râla-t-il en baillant et en s'asseyant, ce n'est pas comme si j'allais me branler dessus.
— Juliette t'envoie des photos d'elle en soutif ? Insista Lulu qui visiblement bloqué vraiment sur ça.
— T'inquiète, je lui en envoie aussi de moi en caleçon.
— Tu n'es pas sérieux ?
— Bien sûr que je ne suis pas sérieux. Qu'est-ce que tu voudrais qu'elle en fasse ?
Lui, il n'était pas enceinte !
C'était très rare de voir Lulu avec cette expression, un truc entre l'ébahissement et l'irritation. Il le regardait comme s'il ne l'avait jamais regardé. Est-ce que Lulu avait conscience qu'il avait vu Juliette un nombre incalculable de fois en sous-vêtement et pas qu'en photo ? Peut-être même une fois sans soutif.
— Tu veux des photos d'Esté à poil pour que ce soit équitable ?
— Absolument répugnant.
— Bon bah tu vois ! S'agaça-t-il.
— Et pourquoi tu les as eues avant moi ?
— Déjà, parce que c'est moi qui lui ai demandé, je voulais voir son ventre. Et après, elle voulait que je l'aide à choisir celle qui la mettrait la plus en valeur.
— Tu aides Juliette à choisir les photos qui m'exciteraient le plus ?
En effet, ça, c'était peut-être un peu bizarre.
— Ce n'est pas compliqué, lui répondit-il avec un clin d'œil. Je crois surtout qu'elle se trouve grosse et moche et qu'elle a besoin qu'on lui rappelle que ce n'est pas le cas.
Visiblement l'argument pesait son poids parce que Lulu arrêta de le fusiller du regard.
— Arrête de demander des photos de Juliette à poil, le rabroua-t-il simplement en tapant un message sur son téléphone.
— Pas moyen, je veux voir son ventre grossir. C'est trop cool.
— Tu peux aussi bien le voir avec des fringues dessus.
Pas faux, mais beaucoup moins cool. Lucas lui flasha un sourire qu'il laissa libre d'interprétation avant de se lever.
— Je vais faire un tour.
— C'est ça, et si elle t'envoie encore ce type de photos, j'oublie de serrer un boulon à la prochaine course, le menaça Lulu alors qu'il s'éloignait.
Maintenant qu'il avait fui Lulu, il n'avait aucune idée de quoi faire dans le salon business. C'était un espace immense dont une partie avait été réservée pour lui et son équipe. Séparé par un cordon de sécurité du reste de la salle, un men in black filtrait les entrées et les sorties. Ou plutôt, il ne filtrait rien du tout puisque personne n'essayait ni de rentrer ni de sortir. Les dernières semaines avaient été particulièrement éprouvantes et tout le monde était sur les rotules. À peine débarqué dans le salon, la moitié de son équipe s'était endormie sur les canapés et les méridiennes mis à disposition. L'autre moitié s'était installée au bar avec David et riait bruyamment. En dehors de leur petite quinzaine, en raison de l'heure tardive, il ne devait pas y avoir plus de cinq autres personnes dans les mille mètres carrés d'espace détente à la musique zen.
Le lounge proposait de multiple occupations allant des journaux internationaux à des tablettes numériques en passant par à l'indémodable buffet à volonté. Mais l'attrait principal de ce salon restait l'immense baie vitrée qui permettait d'assister aux décollages et aux atterrissages. Lucas devait avouer que dans la nuit, ça avait son charme. C'était un ballet de lumières qu'il avait apprécié dès ses premiers déplacements.
Mais même ça, aujourd'hui, ça n'arrivait pas à le distraire, trop obsédé par cette histoire de non-réponse Ça lui foutait la trouille. Si jusqu'à présent, Estébal n'avait jamais rien dit à ses absences prolongées et répétées, peut-être qu'il était arrivé à saturation. Peut-être qu'il envisageait de le quitter et qu'il préparait le terrain en mettant de la distance entre eux. Ou peut-être qu'il était juste trop occupé par son nouveau travail pour lui répondre. Ou alors un autre truc évident auquel il n'aurait juste pas pensé.
La tête sur la vitre, il se dit pour la millième fois de la journée qu'Estébal et la maison lui manquaient. Il avait envie de discuter face à face avec son homme, de lui faire l'amour sans avoir besoin de webcam, de caresser sa peau et d'entendre sa voix abîmée du matin. Il voulait ce quotidien qui se faisait trop rare. En plus d'être inquiet, il se tapait maintenant une fichue mélancolie qui finit de bien lui saper le moral.
Une nouvelle fois, Lucas essaya de joindre Estébal mais il tomba directement sur le répondeur. Désœuvré, il renouvela trois fois son appel juste pour le plaisir d'écouter sa voix qui demandait de laisser un message après le « bip ». Au bout de la 5ème fois, il laissa un simple « tu me manques » avant de raccrocher. Sur ces cinq heures d'escale, il lui en restait encore trois. Elles allaient lui paraître longues, ces heures. Beaucoup trop longues pour sa santé mentale.
Il resta là, debout à ne pas savoir quoi faire, ou plutôt à n'avoir envie de rien faire, jusqu'à ce qu'un sms le sorte de son inactivité. Quand le nom d'Estébal s'afficha sur l'écran son cœur loupa bien trois ou quatre battements et sa respiration se bloqua le même nombre de secondes.
Lucas s'attendait à beaucoup de choses dans ce message mais certainement pas à ce qu'Estébal lui demande s'il était bien à l'aéroport et s'il y avait des toilettes près de là où il était. Il dut mettre un peu trop de temps à répondre parce qu'Estébal lui envoya un « alors » suivi de plusieurs points d'interrogation. Quand Lucas lui demanda « Pourquoi ? », Estébal lui répondit « surprise !», auquel Lucas écrivit « sexe ? ». Quand son téléphone sonna, il décrocha tout de suite.
— Oui, sexe, mon ange. Alors trouve moi ces toilettes et vite !
Il y avait un étrange écho dans le téléphone qui le dérangea.
— Tu es où ?
— Lucas, chéri, tu veux bien juste trouver ces toilettes, s'il te plaît.
— Et si j'ai envie de poser un tas de questions à la place ?
— Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux, une fois que tu seras dans les toilettes.
— C'est un des trucs les plus bizarres que tu m'aies demandé.
Le rire chaud d'Estébal lui répondit.
— Toi et moi, on sait que c'est très loin d'être le truc le plus bizarre que je t'ai demandé. Et c'est carrément normal si on se base sur ce que toi, tu me demandes.
Il avait raison mais aujourd'hui, ça le dérangeait. Pas qu'il n'ait pas envie de sexe, c'était très rare que ça ne le tente pas quand Estébal était dans l'équation, mais il ne voulait pas de sexe par téléphone. Il en avait marre de s'imaginer. Il voulait, toucher, palper, sucer, pénétrer. Tous ces trucs impossibles par téléphone. Quand Estébal réalisa par son silence qu'il n'était pas près d'aller dans les toilettes, son homme passa à l'étape supérieure.
— J'ai envie d'entendre ta voix quand tu te branles. J'ai envie d'imaginer ta queue dans mon cul alors que je me doigte. Ça fait longtemps que tu ne m'as pas pénétré, je dois être extrêmement serré. Vraiment très étroit. Et surtout, je suis déjà nu et en érection. J'ai envie qu'on fasse ça ensemble au téléphone et maintenant, avant que je me finisse seul dans la salle de bain. Je continue comme ça ou je raccroche et tu me rappelles une fois que tu es dans les toilettes ?
Il était vaincu par KO. Estébal n'avait pas eu besoin d'aller au-delà de la deuxième phrase qu'il était déjà dur. Faisant face à la vitre, il expira longuement en essayant vainement de se contenir.
— Je te rappelle.
— Je t'aime, dépêche-toi.
Il était là son « je t'aime ». Trois mots qui avaient tout pouvoir sur sa confiance en lui. Il croyait en ces mots qui croyaient en lui. Quand Estébal lui disait « je t'aime », ça allait au-delà de l'affection et de la tendresse. Ça renfermait une acceptation entière de ce qu'il était, de ce qui le constituait. Quand quelqu'un vous acceptait aussi pleinement, dans votre ensemble avec le bon, le mauvais et le moyen, alors il était plus facile d'avancer. Parce qu'avant de faire des pas, il faut se sentir capable de les faire. Estébal lui donnait en permanence ce sentiment de réussite.
Tirant sur son tee-shirt pour camoufler la bosse qui déformait son jean, il contourna au maximum tous les membres de son équipe. Quand il passa à côté de Lulu, qui se trouvait sur le chemin des toilettes les plus proches, Lucas le foudroya du regard, lui et ses foutus ricanements.
— Un problème, Lucas.
— Ferme-la, grogna-t-il en lui tapant gentiment la tête du poing.
— Un besoin urgent ?
— On va dire ça.
— Essaye d'être discret.
Il ne se rabaissa pas à répondre et poussa avec soulagement la porte des WC placés à l'écart, à une vingtaine de mètres du premier fauteuil. Le téléphone déjà à l'oreille, il s'avança dans l'espace propre et spacieux. Alors que ça sonnait, il entendit quelqu'un dans l'une des cabines et quand Estébal décrocha, Lucas le coupa avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit.
— Va falloir attendre un peu, y'a un mec dans les toilettes avec moi.
— J'espère bien qu'il y a un mec dans les toilettes avec toi.
Il beugua complétement. La voix ne venait pas simplement de son téléphone, non, cette foutue voix venait de là ! De ces toilettes et avant qu'il ait pu réaliser, la porte de la cabine occupée s'ouvrit et une main l'attira violemment à l'intérieur. La porte claqua derrière lui et quelqu'un le poussa contre, une bouche prenant la sienne d'assaut.
Lucas connaissait par cœur les mains qui lui pétrissaient le cou, qui se faufilaient sous son tee-shirt. Il aurait reconnu entre mille cette langue dans sa bouche et son avidité. Il connaissait la personne contre lui, mais il ne pouvait pas y croire. C'était impossible.
— Qu'est-ce que…
— Surprise ! J'ai cru que tu n'allais jamais venir mon ange, lui chuchota Estébal à l'oreille.
Estébal ne pouvait pas être là, avec lui, à des milliers de kilomètres de chez eux. Il n'avait aucune raison d'être là.
Tout contre lui, Estébal lui embrassait doucement les lèvres, la mâchoire et le cou, lui laissant le temps nécessaire pour se reprendre. Les yeux dans les siens, son homme caressa lentement sa joue et descendit, le frôlant jusqu'au bout de ses doigts qu'il porta à sa bouche.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
La vraie question était « est-ce que tu es vraiment là » mais celle-ci, il n'arriva pas à la formuler de peur que la réponse soit « non ». Lucas n'était pas sûr de survivre à la déception si sa présence n'était qu'un rêve.
— Tu me manquais trop. Après notre dernière conversation, j'ai pris un vol pour te voir à cette escale mais mon avion a eu deux heures de retard.
Dans sa tête, ça ne marchait pas. Lucas n'arrivait pas à réaliser. Estébal s'était tapé sept heures de vol pour le voir là ? Pour quelques heures ? Dans ces toilettes ?
— Pourquoi dans les toilettes ?
— Ça, ça me parait assez évident, lui murmura Estébal en collant son érection à la sienne tandis que ses dents s'attaquaient au lobe de son oreille. Que tu viennes par toi-même était beaucoup plus discret. Si je t'avais traîné à l'intérieur, je pense que tout le monde aurait compris où je voulais en venir.
— Tu as traversé la moitié du globe pour me faire l'amour ?
— Je serais capable de faire le tour du monde pour ça. Mais si tu n'en as pas envie, on peut aussi parler, lui dit Estébal avec un sourire tendre en glissant ses doigts dans ses cheveux.
— Tu veux parler ?
— Sincèrement, je préférerais te faire l'amour avant, mon ange.
Lucas le regarda encore trois secondes, désorienté, avant de craquer et de l'embrasser sauvagement. Il agrippa sa tête à deux mains, ses doigts frottant les cheveux maintenant courts de son homme. Il laissa son pouce ripper contre le début de barbe qu'aimait entretenir Estébal. Il passait des heures devant sa fichue glace pour parfaire cette fausse nonchalance de quelques millimètres. Ils avaient même dû faire installer une double vasque pour qu'ils ne se marchent pas dessus le matin.
C'était bien lui. Bordel de merde ! C'était bien Estébal qui était avec lui, dans ces fichues toilettes ! En vrai ! Avec de la chair, sa voix et les sensations. Avec son corps. Un corps qu'il attira contre lui ! La tête enfouie dans son cou, Lucas retrouva son odeur, ce parfum masculin qu'il lui avait offert deux ans auparavant et qu'Estébal portait depuis.
— J'y crois pas que tu sois là ! C'est juste…
Extraordinaire. Incroyable. Ahurissant. Prodigieux. Fantastique… Il n'y avait pas de mots pour ça. Ce ça était bien au-delà de toute expression. Incapable de se retenir, Lucas embrassait frénétiquement son visage, tout ce qui était à portée de ses lèvres.
Dans son dos, Lucas laissa glisser ses paumes jusqu'aux fesses d'Estébal qu'il serra à pleines mains. Elles étaient toujours aussi fermes, parfaitement musclées. Et ces foutus fesses étaient venues jusqu'à lui, parce que ses mains leurs manquaient.
— Tu t'es coupé les cheveux, l'accusa Lucas la gorge si serrée que les mots en sortirent déformés.
— Il y avait de fortes chances pour que je le fasse en deux mois, se moqua Estébal en ramenant encore un peu plus Lucas contre lui. On pourrait parler de ma nouvelle coupe de cheveux après qu'on se soit mis nu ?
Carrément, et ça lui éviterait de pleurer. Il en avait furieusement envie, l'émotion menaçait dangereusement de le submerger à tout instant ! Et s'il se mettait à pleurer, Estébal allait s'inquiéter, et si Estébal s'inquiétait, il ne le toucherait pas avant d'être sûr que tout allait bien. Et ça, c'était hors de question !
Précipitamment, les doigts tremblant d'envie, Lucas déboutonna maladroitement la chemise d'Estébal pour la remonter au-dessus de ses tétons. Quittant la bouche qu'il dévorait, il s'empressa d'emprisonner entre ses dents les pointes sensibles.
Quand Lucas tira sur ses mamelons, Estébal, les coudes en l'air et les mains derrière sa tête, loupa une inspiration. De sa langue, Lucas fit le tour des aréoles roses avant d'en prendre une en bouche tandis qu'il venait pincer l'autre de ses doigts.
Sa main libre glissa entre les abdominaux dessinés jusqu'au pantalon de ville. Habilement, habitué, Lucas fit sauter la ceinture d'Estébal et glissa ses doigts sous les couches de tissus pour venir saisir le membre dur qu'il n'avait pu admirer qu'en vidéo ces deux derniers mois.
— Il m'a trop manqué, gloussa Lucas en masturbant doucement Estébal tout en appliquant de légères torsions sur le téton sensible .
— Tu lui as manqué aussi.
— Beaucoup manqué ? le taquina-t-il.
— Énormément manqué. Il m'en a parlé tous les soirs.
— Tu t'es mis à discuter avec ta queue ?
— Je fais beaucoup de choses avec ma queue, lui répondit Estébal en lui flashant un clin d'œil joueur.
— Tu me prends ? lui demanda Lucas honnêtement en se redressant pour l'embrasser.
Le titillant du bout de sa langue, Lucas s'arrêta quelques secondes pour le regarder dans les yeux avant de reprendre avec lenteur. Il adorait embrasser Estébal, c'était un plaisir innocent et facile. Il pouvait l'embrasser n'importe où, du moment qu'il en gérait la profondeur et l'intensité. Doux et léger dans la rue, profond et érotique dans l'intimité. Parfois il se trompait, avec Estébal tout ressemblait à de l'intimité.
— Tu ne veux pas qu'on fasse l'inverse ? lui demanda Estébal en enroulant un de ses bras autour de sa nuque, l'autre autour de son torse tout en lui mordillant la lèvre supérieure.
— Tu ne veux pas me prendre ?
— Si, j'adorerais.
— Mais ?
Il le voyait bien à ses sourcils froncés qu'il y avait un mais.
— Mon ange, le prend pas mal mais tu n'es pas très discret quand je te fais l'amour.
— Parce que toi, tu l'es plus, peut-être ? le contredit-il vexé avec la furieuse envie de serrer encore un peu plus fort son poingautour de la hampe chaude.
Il n'était certainement pas le seul à crier dans le plaisir.
— Aucun de nos voisins n'est venu se plaindre que je faisais trop de bruit.
— C'est arrivé une fois !
— C'est arrivé trois fois mon cœur, sauf que tu n'as ouvert qu'une seule fois.
Tout en lui révélant cette vérité, Estébal avait commencé à déboutonner son jean qu'il baissa sur ses hanches avec son boxer avant de tirer sur son tee-shirt jusqu'à ce qu'il cède et lève les bras pour lui retirer. Jetant le vêtement sur la cuvette, Estébal recula pour le dévorer du regard.
— Tu es tellement beau.
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Pas dit quoi ? L'interrogea Estébal en levant la tête vers lui, visiblement plus du tout concentré sur leur conversation.
— Pour les voisins.
— Parce que je m'en fous complètement, Lucas. Ça peut les faire chier autant qu'ils veulent, moi, ça me fait grave bander.
Et avant qu'il ait pu répondre, Estébal le tira à lui dans un baiser qui coupa net ses pensées. L'excitation d'Estébal passait à travers le jeu de sa langue, et quand il respira par la bouche, partageant son souffle avec lui, Lucas perdit toute maîtrise.
Le retournant d'une poussée contre l'une des parois de l'espace réduit, Lucas colla son sexe gorgé de désir contre les fesses nues d'Estébal. Se frottant à lui, sa verge s'inséra entre les deux lobes fermes pour venir se caler entre.
— Dis-moi que tu as pensé au lubrifiant, le supplia Lucas à son oreille.
— Tu penses sérieusement que j'aurais pu faire tous ces kilomètres sans lubrifiant ?
Fouillant ses poches, Estébal en sortit un petit tube qu'il lui tendit. Précipitamment, Lucas fit couler du liquide sur ses doigts et sur sa verge, toujours entre ses fesses, avant de la retirer pour mieux l'étaler. S'accroupissant derrière Estébal, tout en se branlant, il malaxa durement ses fesses avant de les ouvrir pour venir mettre une bonne couche de gel sur son entrée. Lentement, le lubrifiant coula érotiquement le long de la raie et Lucas, fasciné par la vue, l'intercepta juste avant qu'il ne goutte au sol.
— Lucas, le pressa Estébal le visage tourné vers lui.
Levant la tête, Lucas faillit jouir rien que de la vue. Plaqué contre la cloison grise des toilettes, sa tête contre son bras plié devant son visage, la respiration hachée, le dos cambré et les fesses en arrière, Estébal appelait à être pris. Il voyait difficilement comment un homme pouvait être plus désirable. Lucas le voulait comme il n'avait jamais rien désiré d'autre. Et les années passées ensemble n'y avaient rien changé.
— Tu es pressé Esté.
— Après deux mois sans ta queue, l'inverse serait difficile.
Il n'allait certainement pas le contredire.
Déposant une multitude de baisers sur les fesses fermes, du pouce, Lucas fit pression sur l'étroit anneau sans jamais le forcer. Tout en le massant, il tira sur le pantalon d'Estébal qui lui tomba sur les chevilles. Maladroitement, virant ses chaussures comme il pouvait, son homme finit de se déshabiller. Pantalon et chemise finirent en boule dans un coin de la cabine.
— Ça t'excite de savoir que quelqu'un peut entrer à n'importe quel moment ? l'interrogea Lucas pour détourner son attention du premier doigt qu'il poussa en lui.
— Mon ange, arrête de parler et prépare-moi rapidement pour que tu puisses me faire l'amour. Je n'ai pas trop de patience, là. Si quelqu'un rentre maintenant, ça m'est complètement égal du moment que ta queue finit dans mon cul.
Lucas retint un rire, ajoutant un deuxième doigt dans le conduit serré. Il adorait quand Estébal devenait vulgaire et ça faisait du bien d'inverser les rôles. D'ordinaire, c'était lui qui, pressé par le désir, était prêt à une pénétration un peu sèche du moment qu'elle venait rapidement.
— Tu avais raison tout à l'heure au téléphone, murmura Lucas en écartant ses doigts pour détendre le sphincter.
— Ça m'arrive souvent, souffla Estébal retenant un gémissement lorsqu'un de ses doigts frotta sa prostate.
— Tu es serré. Laisse-moi te détendre correctement.
— Je suis détendu, s'il te plaît, mon ange !
— Chut, je m'occupe de toi, le rabroua-t-il en mordant doucement la main téméraire qui essayait de le presser.
Massant l'orifice, ses doigts se pliant subtilement, Lucas rajouta à sa lente préparation le bout de sa langue qu'il laissa errer sur le contour fripé. Attentif à ses gémissements et à ses respirations, Lucas rythmait la profondeur de son doigté en fonction de leur tonalité.
— Lucas, arrête.
— Tu n'aimes pas ?
— Si tu continues, je vais jouir.
Se relevant, sa poitrine contre son dos, son sexe au creux de ses reins, Lucas se pressa contre Estébal avec un rire.
— Ok, tu m'as convaincu. Je ne veux pas que tu finisses avant que j'ai commencé.
Une main sur les reins d'Estébal, Lucas guida son sexe contre l'orifice qui, dès les doigts partis, s'était refermé. Il poussa lentement, demandant l'ouverture sans la forcer, jusqu'à ce qu'Estébal, excédé par cette lenteur, recule son bassin pour accélérer le mouvement.
— Tu vas te faire mal, le prévint Lucas.
Mais Estébal, d'un grognement peu coopératif, se saisit de la verge de Lucas qu'il guida jusqu'à son entrée/anus, poussant son bassin contre lui . Son gland disparut, avalé par les fesses de son homme, et Lucas retint très difficilement un gémissement. Attrapant la bouteille de lubrifiant qu'il avait posé en équilibre sur la cuvette des toilettes, il remit une bonne couche sur son sexe avant de s'enfoncer plus profondément.
Il les sentait, les deux mois d'absence. Estébal était furieusement serré autour de lui. Les parois chaudes et humides de gel ne cessaient de se contracter instinctivement autour de sa hampe, menaçant de lui faire perdre le contrôle.
Incapable de quitter du regard le spectacle de la pénétration, Luas haleta puis, quand son pubis butta contre les fesses d'Estébal, il déposa une multitude de baiser sur le dos musclé et crispé par l'intrusion.
— Bouge, mon ange.
— Tu es sûr ?
— Je n'ai jamais été aussi sûr de quelque chose.
Estébal, toujours face contre la porte, lui dans son dos, Lucas commença de lents va-et-vient. Mais rapidement la langueur ne fut plus acceptable ni pour lui ni pour Estébal. Ça faisait trop longtemps, trop d'envies accumulées au fil des jours et des Skype. Les poussées se firent plus prononcées, puis de rapides passèrent à sauvages. Agrippé à ses épaules, Lucas tapait en lui, chacun de ses coups de reins se répercutant dans la cloison en bois.
Estébal accompagnait ses pénétrations. Il se branlait vite sans aucune finesse, cherchant juste à atteindre rapidement le point culminant du plaisir qui enflait en eux. Entre leurs gémissements étouffés, il y avait ses « plus vite » et ses « plus forts », ses « oui » à chaque coup contre sa prostate et ses injures quand l'orgasme commença à monter.
Ils explosèrent ensemble dans une alliance de gémissements sourds contenus. Se retirant de justesse avant de jouir en lui, son sperme éclaboussa le puissant dos d'Estébal et si Lucas n'avait pas déjà joui, il aurait recommencé face au tableau. Sa semence coulait le long de sa colonne vertébrale et du pouce, Lucas l'étala comme un baume sur la peau douce de son homme.
Haletant, rouge et en sueur, Lucas, tout en cherchant son souffle, enlaça Estébal et embrassa son cou. Il aspira la peau tendre de sa nuque, imprimant de petits suçons à la limite du col.
— Arrête ça tout de suite, mon ange.
— J'adore te marquer, répliqua-t-il sans prendre en compte son injonction.
— Et moi, j'adore ne pas avoir à expliquer à mon patron pourquoi j'ai le cou bleu.
Se séparant enfin d'Estébal à contrecœur, les jambes coupées par son orgasme, Lucas s'assit sur la cuvette des toilettes. Son pantalon, qu'il n'avait pas pris la peine d'enlever, était descendu sur ses mollets.
Estébal, massant doucement son sexe qui reprenait une taille normale, vint le chevaucher. Les bras sur ses épaules, front contre front, son homme entreprit de l'embrasser doucement. Ses lèvres allaient de sa bouche à son front en passant par son nez et ses joues.
— Alors cette semaine ? lui demanda Estébal en lui caressant amoureusement les bras.
— Ça a été.
Maintenant qu'Estébal était là, il était hors de question de lui parler de ses angoisses face à son absence.
— Tu es prêt pour le grand prix ?
— Oui. Plus que quelques réglages et performances à améliorer sur les changements de roues mais Lulu est optimiste sur l'équipe.
— Et toi ? Tu es optimiste ?
Lucas lui offrit son plus beau sourire arrogant avant de l'embrasser.
— Je vais gagner, lui assura-t-il en relâchant ses lèvres. C'est ce que je fais de mieux.
— Non, ce n'est pas ce que tu fais du mieux, le nargua Estébal, joueur, en venant caresser langoureusement son sexe.
Alors que les mains de son homme se distrayaient avec sa verge molle, Lucas commençait à sentir de nouveau la montée lente du désir.
— Tu ne peux pas venir avec moi quelques jours ? On pourrait faire l'amour dans un lit. Plein de fois, ajouta Lucas en déposant rapidement ses lèvres sur celles d'Estébal.
— J'aurais adoré, mon cœur. Si j'avais pu, crois bien que ça ferait longtemps que je me serais libéré, mais je dois être au travail dans moins de treize heures.
— Tu reprends un avion quand ?
— Dans un peu plus de deux heures, lui répondit Estébal après avoir regardé sa montre.
Il n'avait pas envie de le quitter, pas après l'avoir eu si peu de temps entre ses bras. Lucas laissa ses mains naviguer librement sur le corps d'Estébal. Elles dessinèrent ses larges épaules et ses pectoraux, s'attardèrent sur ses tétons, glissèrent le long de ses côtes pour se rejoindre à son nombril et suivre la ligne de ses fins poils jusqu'à son sexe.
— Je t'aime, Estébal.
— Mon cœur, se contenta de lui répondre son homme avec un sourire éblouissant.
S'embrassant tout en se caressant, leurs sexes reprenaient doucement vigueur. Ils en étaient là, profitant de leurs corps, quand la porte principale des toilettes s'ouvrit sur deux hommes qui discutaient. Précipitamment, Estébal remonta le plus discrètement possible ses pieds sur la cuvette de chaque côté des cuisses de Lucas.
Figés, ils écoutèrent les deux voix se diriger vers l'urinoir au fond des toilettes.
— J'ai hâte d'arriver, dit un des hommes que Lucas reconnu comme un des mécaniciens.
— Moi, j'ai hâte que le mois se termine. Lucas a été sur les nerfs toute la semaine.
Le deuxième, il n'arrivait pas à le remettre. Sûrement un des nouveaux.
Estébal le regardait amusé et secoua la tête, faussement agacé, avant de se pencher pour laisser ses lèvres survoler les siennes sans les toucher.
— C'est parce qu'il est en manque. Il est toujours pénible s'il ne voit pas régulièrement son mec.
Malgré que « mec » ait été dit avec une pointe de dégoût, il sentait contre sa bouche le sourire grandissant d'Estébal.
— Lucas est raide de ce type, continua l'homme sans se douter que justement ce type prenait bien trop de plaisir à l'écouter.
— Je ne l'ai jamais vu.
— Eh bien, profite de ta chance ! Quand ils sont ensemble, tu as intérêt à faire gaffe quand tu rentres dans une pièce si tu ne veux pas devoir te laver les yeux avec du savon.
Estébal glissa sa main entre leurs ventres pour venir agripper sa hampe. Lucas sentit son excitation grimper en flèche. D'ordinaire, c'était lui qui initiait ce type d'idée et Estébal qui y mettait un holà. Il n'allait certainement pas l'arrêter maintenant !
— Y'en a même qui disent les avoir vu baiser.
Ça, c'était fort probable. Ils s'étaient bien calmés mais durant leurs premières années, c'était fort possible qu'on les ait surpris une ou deux fois.
Les hommes parlaient et Estébal, un sourire sournois sur les lèvres, le masturba jusqu'à ce qu'il soit douloureusement dur entre ses doigts. Lui intimant le silence d'un index sur ses lèvres, Lucas regarda Estébal, accroupi au-dessus de lui, tenir sa hampe pour venir s'asseoir dessus. Déjà ouvert, et encore glissant de lubrifiant, son sexe s'insinua dans son homme sans opposer aucune difficulté.
Incapable de l'arrêter, alors qu'Estébal l'emprisonnait entièrement en lui, Lucas rejeta la tête en arrière, les lèvres serrées autour d'un grognement. Doucement, alors que les hommes pissaient à côté d'eux, Estébal montait et descendait tout en le regardant avec une passion décuplée par la possibilité d'être pris en flagrant délit.
Une main posée sur sa bouche, d'une forte pression, Estébal retenait le gémissement qui montait en lui. Lucas bouillait littéralement de l'intérieur. Devoir garder le silence le frustrait autant que ça l'excitait. Refusant d'être le seul à souffrir, il se saisit de la hampe d'Estébal et la masturba maladroitement, trop tourmenté par la chaleur dans son ventre pour y mettre une quelconque finesse.
Il voulait jouir maintenant, mais ses collègues, se lavant les mains et discutant des derniers réglages, étaient un frein à son orgasme. Les hommes étaient bien trop longs à sortir alors que le plaisir montait bien trop vite. Très vite.
Estébal poussait son sexe dans ses mains et ses fesses sur érection. La lenteur qu'ils s'obligeaient pour être discret était insupportable, elle retenait la chaleur qui liquéfiant leurs organes, ne demandant qu'à sortir.
Quand un de ses collègues demanda à l'autre s'il n'entendait pas un truc bizarre, Estébal se suspendit au-dessus de lui, son gland juste à son entrée. Ils restèrent ainsi quelques secondes dans le silence aussi stimulant qu'embarrassant, jusqu'à ce que des rires gênés leur parviennent de l'autre côté. Dès qu'ils comprirent, les deux hommes se dépêchèrent de sortir précipitamment.
— Je crois qu'on s'est fait prendre, souffla Estébal à peine assez fort pour que Lucas discerne ses mots.
— Je crois aussi.
— On s'en fout ?
— Complètement qu'on s'en fout, acquiesça Lucas en levant ses hanches pour s'enfoncer enfin brutalement et sèchement en lui.
Il avait besoin d'une libération rapide. Et lorsqu'Estébal se pencha et murmura si bas qu'il devina plus qu'il l'entendit un « je t'aime », l'insupportable devint intolérable. Plaquant sa bouche contre celle de son homme, ils jouirent ensemble, leurs mains accrochées mutuellement à leur corps. Les parois rectales se resserrèrent autour de son sexe gonflé qui relâcha enfin toute la pression accumulée. L'extase le happa, le jetant dans un bain de bien-être mélangé à de l'euphorie et une intense satisfaction.
Enfin, ils respirèrent.
Ils restèrent là, Estébal avachi sur lui, Le sexe de Lucas encore calé entre ses fesses, jusqu'à ce qu'ils explosent simultanément de rire.
— J'en reviens pas que tu aies fait ça.
— Je n'en reviens pas non plus, avoua Estébal un grand sourire sur les lèvres en secouant la tête.
— Mais je suis plutôt content que tu l'aies fait.
— Ce sont tes tendances exhibitionnistes mon cœur. Ça déteint dangereusement sur moi. Ça, ou une trop longue période sans toi.
Son sexe glissa des fesses d'Estébal et Lucas sentit son sperme, s'évacuant du canal étroit d'Estébal, goutter sur sa verge sensible. Arrachant une bonne couche de papier toilette, Lucas vint nettoyer sommairement son homme.
— Désolé. Ça ne va pas être très agréable pour le retour.
— Ne parle pas encore de retour, grogna Estébal en l'embrassant.
Mais avant qu'il ait pu lui répondre quoi que ce soit, la porte des toilettes claqua brusquement, les faisant sursauter. Des pas vinrent jusqu'à leur cabine et un poing impatient s'abattit sur leur porte.
— Lucas, Estébal ! Sortez de cette cabine avant de traumatiser d'autres collègues ! grogna Lulu, la voix dure et exaspérée.
— Et si ce n'est pas lui ? répondit Lucas en frottant son nez contre celui d'Estébal qui retenait difficilement un rire.
— Aucune chance que tu t'envoies en l'air avec quelqu'un d'autre. Et il est carrément assez fou, et con, pour se taper le trajet jusqu'ici rien que pour ton petit cul. Je vous laisse dix minutes pour sortir de là ! ajouta-t-il avant de partir en claquant violemment la porte des toilettes et en grognant quelques insultes supplémentaires.
Il n'y eu plus comme bruit que le ronronnement de la clim et le bruit des moteurs d'avions au loin. Ils étaient de nouveaux seuls dans les WC.
— Je crois qu'on l'a un peu énervé, énonça Estébal le torse secoué d'un fou rire.
— Ça doit être parce que c'est à lui qu'on vient se plaindre quand je fais une connerie.
— Tu en fais beaucoup ?
— Beaucoup moins quand tu n'es pas là. Toi aussi, tu as une très mauvaise influence sur moi.
Alors qu'Estébal allait se relever, Lucas l'enlaça, le gardant contre lui.
— Merci d'être venu.
Le poids d'Estébal commençait à lui engourdir les jambes mais il préférait se taper des fourmis que de rompre leur étreinte.
— Il n'y a pas de quoi. Apparemment tu étais très grognon, c'était un déplacement caritatif.
Il ne put retenir son rire alors que son homme lui caressait les cheveux.
— Dix minutes, c'est ça ? lui demanda-t-il finalement.
— Exactement, mon ange. Dix minutes.
Alors, ils les mirent à profit.
oOo
Fin
Et voilà pour cette quatrième nouvelle un peu à part. C'est une scène que j'avais en tête depuis très longtemps mais avec la difficulté que j'avais eu à écrire la fin d'ULD, il m'aura fallu quatre ans pour y revenir. J'espère que cet OS vous aura plu 3, ça m'a fait beaucoup de bien de retrouver le plaisir d'écrire avec ces personnages.
Je remercie encore une fois toutes les personnes qui ont lu, il y a quelques années ou un peu plus récemment, ULD. Et un double merci à celles et ceux qui laissent un commentaire, sans vous, ULD n'aurait certainement pas eu de fin 3
Je remercie aussi particulièrement toutes les personnes qui m'aident, ou m'ont aidé, sur les corrections. Merci pour votre temps, pour vos conseils et pour permettre aux lecteurs de lire un texte d'une bien meilleure qualité. Yuiko, Enais66, Aurelisa, Camille, Angie et Marvelii (qui a corrigé et mis en forme ULD disponible sur mon site)
N'hésitez pas à me rejoindre sur Facebook à Yomika Fiction et à aller voir mon site : www . la-serre-aux-murmures . com
A très vite !
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