Bonjour !
Nous sommes proches de la fin ! Même si une suite est déjà en partie écrite. Ce chapitre devrait permettre de beaucoup mieux comprendre Zephyr, même s'il reste encore des parts sombres de lui, on en apprend énormément. C'est un chapitre sombre, j'espère qu'il vous plaira ! Vos reviews me font très plaisir ! A chaque fois, je suis scotchée devant mon pc !
Je réponds directement aux reviews, et aux reviews anonymes ici :
H-H : Je ne connaissais pas cette chanson mais oui elle va très bien à l'histoire :)
Misu : ah oui tu aimes les POV de Zephyr ? Tu es sure car pour l'instant tu n'en as pas encore eus xD j'espère qu'il va vraiment te plaire alors.
Anata : Merci pour autant de compliments ! Je vais rougir… Pour l'instant j'arrive à m'en tenir à une publication par semaine pour cette histoire et je pense y arriver jusqu'au bout (croisons les doigts). Je n'ai pas fini de l'écrire mais elle est très bientôt terminée. Une suite est déjà prévue (Le tournis des cadences en est en fait le préquelle), dont j'ai déjà écrit pas mal de chapitres donc ne t'inquiète pas, je n'abandonnerai pas cette histoire, tu en auras la fin !
Cat : et notre grande vainqueur est Cat xD qui a pour ainsi dire assemblé toutes les pièces du petit puzzle. J'espère que tu aimeras ce chapitre ! Je suis contente que la photo d'Anislas t'ait plu ^^ j'ai mis un temps fou à réussir à trouver la photo 'parfaite'. Il me reste à trouver celle de Zephyr u_u '
Paprika : merci pour ta review ^^ C'est marrant comme vous avez tous vu Cole (car c'est son nom) comme le futur remplaçant d'Anislas, je te laisse le découvrir :)
Bonne lecture !
Chapitre 11 :
Quelques mois plus tôt, le premier samedi des vacances de Noël…
Allongé sur le ventre, les pieds croisés et un coussin sous son menton, Zephyr observait une nouvelle fois le grand miroir plaqué or de la chambre : ses fines moulures, les reflets de la lumière tamisée sur le métal, et pour finir la personne en face de lui, son autre 'lui' qui le regarda avec mépris, il lui rendit son regard. Qu'avait-il à le juger avec son air de petite catin, une vraie petite trainée… A moitié nu –l'autre moitié- il ne portait que son tee-shirt relevé et chiffonné. Ses fins cheveux blonds clairs voletaient en tous sens, et ses yeux habituellement bleus clairs semblaient plus foncés, les pupilles encore dilatées par le plaisir.
Il n'écoutait pas les bruits d'eau à côté, Chris qui prenait sa douche. Le brun lui avait proposé de le rejoindre, Zephyr n'en avait aucune envie, il ne souhaitait qu'une chose : partir d'ici au plus vite. Mais il n'y arrivait pas. Il ne savait même pas vraiment ce qu'il faisait là ou plutôt si mais il le regretterait… Alors pourquoi ?
Le garçon soupira de lassitude. Il se releva, chercha ses affaires et se rhabilla lentement. Il n'était pas pressé. Il en était à remettre son pantalon quand son téléphone sonna. Il prit l'appareil, regarda le numéro et trembla. La sonnerie fut alors très agressive à ses oreilles, elle le faisait souffrir. Il respira un bon coup puis décrocha.
« Allo. » Dit-il de sa voix calme.
« Zephyr, où es-tu ? » Le pressa la voix.
« Chez Prissy, je l'ai dit à Maria, elle a oublié ? »
« Arrête de me mentir. J'ai appelé chez Prisca. Tu n'y étais pas, ni la semaine dernière ni celles d'avant ! » Dit son père d'une voix où pointait un énervement à peine maîtrisé.
« Ah… » Le blond garda le silence.
« Où es-tu ? Tu as intérêt à dire la vérité ! »
Le jeune blond s'assit sur le lit, il écouta d'une oreille distraite le bruit des gouttes d'eau tombant sur le carrelage, à la recherche de la bonne réponse. Celle-ci était évidente, après tout il était là pour ça. Il voulait le faire enrager et cette comédie avait assez duré. Christian l'ennuyait à présent.
« Je suis chez Christian Trola. » Annonça-t-il avec un fin sourire aux lèvres.
Un moment passa, sans doute le temps que l'information aille jusqu'au cerveau de l'homme et qu'il en tire toutes les conclusions évidentes. De son côté, le cœur de Zephyr s'arrachait de sa poitrine, il étouffait dans son propre air, dans l'attente du plus petit mot.
« Qu'est-ce que tu fais chez lui ? » Cria son père.
La main de Zephyr trembla. Il dit le plus naturellement du monde : « Là je me rhabille. Je remettais mon pantalon pendant qu'il prend une douche. Pourquoi ? »
Un autre silence s'en suivit. Zephyr savait que son père était fou de rage. C'était le but. L'expression du batteur était quant à elle impassible mais au fond de lui il savourait cette victoire. Il savait qu'il avait réussi à l'atteindre.
« Rentre immédiatement à la maison. »
« Oui père. »
ooOoo
Zephyr laissa passer le coup. Il détestait qu'on le bouscule et l'être par ce minus de Cole Hunter était encore plus humiliant et rageant mais il n'avait aucun intérêt à se mettre en colère devant lui. Il le laissa donc partir. De toute manière ils seraient amenés à se revoir. La musique de la fête tintait encore dans ses oreilles, il était très fier de lui. Le spectacle avait été à la hauteur de leurs espérances. Prisca, Gwen et lui l'avaient travaillé entièrement pendant des mois, dans le moindre détail. Quelques minutes qui devaient être magnifiques et elles le furent. Il reprit la direction de la cour mais tomba alors nez à nez avec Anislas. Que faisait-il là ? Il l'espionnait ? Sa discussion avec Chris puis maintenant le trouver là, il commençait à franchement l'énerver celui-là. Il n'en laissa rien paraître et lui sourit. Anislas rougissait, pris en faute, les yeux baissés, et sa question montrait clairement sa jalousie. Il était très beau, se dit le batteur en le reluquant de la tête au pied, très attirant dans sa tenue de soirée.
« On va se coucher ? » Proposa Zephyr.
Ils montèrent les escaliers jusqu'à l'étage des 5ème années, sans un regard ni un geste l'un pour l'autre. Le blond surveilla alors les alentours puis le fit entrer dans son dortoir. A l'intérieur et la porte fermée à clé, il lui dit d'une voix envoûtante : « Zig et Liam rentrent chez eux ce soir avec leurs parents, on ne nous dérangera pas mais les murs ne sont pas épais donc contrôle ta voix. »
Anislas se mordilla la lèvre inférieure, très excité par cette nouvelle. Ca faisait longtemps qu'eux deux n'avaient pas fait l'amour dans un lit. Le brun observa la salle : elle ressemblait en tout point à la sienne sauf les posters des murs : des joueurs de baseball et de foot, et de chanteuses et groupes à la mode. Tout était soigneusement rangé. Il ne s'attarda pas sur la décoration car déjà on le poussait contre un lit. Zephyr l'allongea et se colla à lui, il embrassa ses lèvres d'abord doucement puis plus violemment. Le plat de sa main parcourait ses courbes, taquinait sa gorge, il déboutonnait la chemise. Le blond avait envie de lui, terriblement envie de prendre ce corps, de se sentir vivant, dominant. Son érection battait contre son pantalon, il la colla contre celle du brun et savoura le frisson de plaisir qui l'irradiait. Anislas se frottait contre lui et embrassait sa bouche avec amour. Ils se déshabillèrent rapidement, nus, peau contre peau, dans le confort des draps, à pouvoir prendre leur temps, c'était un moment rare.
Leurs mains devinrent plus câlines, moins pressées, douces. Leurs gémissements, des murmures, se répondaient et leurs corps s'échauffaient à l'unisson.
Zephyr empoigna les cheveux longs d'Anislas et embrassa de petits baisers sa mâchoire. Il avait parfois l'impression qu'il était une fille, ou qu'en tout cas ce n'était pas bien différent que de coucher avec une fille. Les mêmes sensations enivrantes, la même excitation, le même regard allumé de débauche.
Il se protégea, puis s'enfouit en lui. La sensation d'enserrement était fabuleuse, il contractait tous ses muscles et respirait d'un souffle erratique, les yeux fermés, concentré. Le sang battait dans son cerveau et résonnait dans ses oreilles, il ne souhaitait qu'une chose : baiser, baiser le plus fort et le plus vite possible à en oublier tout, à s'oublier lui-même, jusqu'à l'épuisement.
Il allait et venait en lui violemment, sa main serrée contre sa nuque et sa bouche s'imposant au brun, il le dominait complètement.
Anislas se laissait faire, il s'abandonnait aux sensations des plus exquises, ses mains caressant doucement les épaules et le dos du blond. Il s'envolait, retenait à peine ses cris. Chaque toucher, chaque coup de rein, laissait son emprunte sur lui. Il mit ses mains contre le mur et murmura : « … Plus fort… encore… »
Les paroles donnèrent un coup de sang au blond qui accéléra d'un coup, ses mains agrippées aux fesses du jeune pianiste pour s'enfoncer d'avantage en lui. Celui-ci se mit à se masturber à un rythme fou. Zephyr n'en manquait pas une miette, se calquant à son rythme. Il le trouvait tellement excitant ainsi, la tête basculant en arrière, le visage et tout le corps se crispant par intermittence, les joues rougies, et la bouche à demi ouverte qui murmurait 'oh oui… oui… oui… encore… oui…' indéfiniment… sa verge énorme et rougie elle aussi, battant dans sa main, et l'intérieur de son corps se contractant pour le plus grand plaisir du sexe du blond. La pression devint trop forte pour Zephyr qui explosa, jouissant avec force. Il resserra si fort ses mains contre la fesse et l'épaule d'Anislas qu'il fut certain après qu'il en garderait un bleu. Sa jouissance fit venir à son tour Anislas qui ne put s'empêcher de crier de plaisir. Zephyr l'embrassa en espérant atténuer le bruit.
Leurs cœurs battaient à tout rompre et l'air luttait pour rentrer dans leurs poumons.
L'orgasme était douloureux, comme toujours, chez le blond. Il s'était senti détaché de son corps, arraché comme par une main géante qui aurait sorti son âme pour le tuer, une voix grondante et humiliante le rabaissant plus bas que terre. Cela durait à peine deux secondes, juste à la fin de sa jouissance, et ses deux secondes avaient un goût d'enfer. Hébété il avait du mal à retrouver ses repères, il se sentait sale, écœurant, stupide. Monstrueux. Ses nerfs à vif, il ressentait le moindre contact avec son corps comme une agression. La peau du pianiste le dégoûtait. Il se dégagea vivement, les yeux baissés et dit qu'il allait jeter le préservatif, son excuse classique pour s'éloigner. C'était un moment dangereux où il perdait le contrôle de lui-même, où il se sentait vulnérable. Il s'enfouit dans la salle de bain qu'il ferma à clé, jeta le morceau de latex, et se passa la tête sous l'eau glacée. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, où il reprenait sa respiration, remettait en place ses défenses, reprenait possession de son corps. Il se regarda à de nombreuses reprises dans le miroir, d'abord avec dégoût, puis petit à petit avec assurance. Quand il se sentit enfin à lui, il déverrouilla la porte et retourna dans le dortoir.
Anislas boudait sur le lit, retourné à son opposé. Le blond s'assit et câlina son dos. Il s'en voulait et détestait ça. Zephyr n'était pas un salaud, ou en tout cas il ne voulait pas en être un. Il savait bien qu'il faisait souffrir le brun avec son comportement mais ne pouvait faire autrement. Etait-il amoureux de lui ? Pour être amoureux, encore fallait-il croire à l'amour, et Zephyr n'y croyait pas. C'était un sentiment qui lui était étranger. Il ne comprenait pas l'attachement qu'éprouvait le brun pour lui, cela ressemblait plus à un caprice pour lui. Néanmoins il l'aimait bien. Il aimait son corps androgyne, son sourire timide, ses doigts tournicotant les mèches de ses cheveux. Il aimait son long cou fin et sa gorge d'où sortaient de sexys gémissements rauques. Il aimait son manque d'assurance autant qu'il le méprisait. Et il appréciait l'abandon absolu dont faisait preuve le brun, obéissant à la moindre de ses paroles. Il était le genre de partenaire qu'il aimait beaucoup, quoiqu'il aurait préféré qu'il soit parfois moins obéissant. Avec lui, aucune perte de contrôle, c'était rassurant. Et le fait qu'il soit un homme… A vrai dire Zephyr ne savait pas vraiment quoi en penser, si ça l'excitait d'avantage ou non. Il aimait la nouveauté. Etre actif avec un homme avait été nouveau et très vite grisant.
Il lui embrassa le cou et lui susurra : « Tu viens prendre ta douche avec moi ? »
ooOoo
A deux heures du matin, Anislas était retourné depuis longtemps dans son propre dortoir. Zephyr discutait sur internet. Il éteint son ordinateur sachant que s'il continuait ainsi il ne trouverait jamais le sommeil, et puis il avait autre chose à faire : sortir avec Gwen. Il avait pour objectif de sortir avec la fille pour sa reprise du baseball c'est-à-dire qu'il lui restait moins d'une semaine pour la séduire… c'était réalisable. Il appela la fille qui ne tarda pas à lui répondre.
« Zephyr ? » Dit une voix surprise et un peu endormie.
« Je te réveille ? » Dit-il d'un ton désolé.
« Oh non, je viens d'arriver chez moi. J'allais me coucher. Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Je voulais encore te féliciter, on a assuré. »
« Oui toi aussi tu étais génial. On s'est bien débrouillés. »
« Demain soir je sors avec Prisca et des amis, tu veux venir ? »
« … Pourquoi tu m'invites ? » Questionna-t-elle, méfiante.
« Je veux fêter ça. Tout simplement. Si tu as déjà prévu quelque chose on pourra remettre ça à une autre fois. »
« Il n'y aura aucune fois. Je n'aime pas du tout qu'on se joue de moi, Zephyr. Le spectacle est fini. On ne s'est jamais entendus et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. » Répondit-elle sèchement.
Zephyr n'en revenait pas. Certes cela n'avait jamais été l'amour fou entre eux. La plupart du temps ils ne s'adressaient pas la parole en répétition, se contentant de s'entrainer. Prisca arrivait à peine à jongler entre eux deux, mais il ne trouvait pas pour autant mériter un tel mépris. Il ne l'avait jamais insultée (en tout cas jamais en face) ni fait quoi que ce soit pour la mettre en colère.
« On n'a jamais été amis, d'accord. Pour autant je ne me suis jamais 'joué de toi' comme tu dis. »
« Une journée après que Cedric m'ait fait une déclaration, Prisca me dit que tu veux sortir avec moi. Faut arrêter de me prendre pour une conne. Ne me mêlez pas à vos paris stupides tous les deux, vous êtes vraiment des crétins. » Dit-elle avec colère.
C'était donc ça. Il n'avait pas voulu draguer Gwen ouvertement avant le spectacle de peur qu'ils se disputent et que celui-ci saute à l'eau. Mais pour autant il n'avait pas voulu risquer que Cedric prenne trop d'avance. Son rendez-vous nocturne montrait qu'il passait à l'attaque. Le blond n'aurait pas crû qu'il ait eu le courage de lui dire qu'il l'aimait. Apparemment il avait eu tord. Pour autant, Zephyr était ravi : Gwen lui avait dit non (sinon on les verrait déjà ensemble et sa phrase n'aurait aucun sens) et en plus elle pensait maintenant qu'il se moquait d'elle. Sa victoire était déjà faite. Si elle sortait avec lui, ce serait la cerise sur le gâteau.
Prenant une voix confuse, il bafouilla : « Je ne comprends pas bien. Prisca t'a dit quoi ? Je ne lui ai jamais dit ça, j'ai juste dit que je te trouvais jolie et, je ne sais pas, elle a dû se faire de fausses idées. Pour Cedric je n'étais pas au courant. Je t'invitais juste pour une soirée sympa entre amis. Si tu me crois capable d'une telle machination, je pense que c'est une bonne chose que tu ne viennes pas. Bonne nuit. »
Il raccrocha. Il était certain que Gwen aurait des remords ou au moins douterait de sa théorie. Si en plus elle en parlait à Cedric elle verrait bien que celui-ci n'était au courant de rien, et pour cause.
ooOoo
Le lendemain il rentra au manoir. Son père travaillait : il avait une réunion importante, même un samedi. Tant mieux, Zephyr n'allait pas s'en plaindre. Le soir venu, il n'avait reçu aucune nouvelle de Gwen, il décida donc d'appeler Prisca à l'aide. Il lui raconta leur discussion de la veille et lui demanda de faire en sorte que Gwen vienne à la fête de ce soir. Elle avait carte blanche.
Il arriva chez Liam, son uniforme scolaire troqué pour une tenue chic assez extravagante dont il avait le secret, les cheveux en bataille structurés. Toute la bande était là, Zig, Liam, Lana, Prisca, Miguel et quelques autres amis. Il salua tout le monde chaleureusement. En vérité il se fichait bien d'eux, à part Prisca peut-être, mais leur compagnie contribuait à sa popularité. Il embrassa la brune aux cheveux ondulés d'un baiser sonore à la joue que la fille lui rendit, lui mettant une tonne de rouge à lèvres sur la joue qu'il eut un mal fou à retirer.
« Alors ma Caprice, où est notre amie ? »
« Elle n'a pas voulu venir. »
« Tu te fous de moi ? Je t'ai dit de faire tout ton possible ! Tu es plus douée d'habitude. » Reprocha-t-il. Son ton ne montait pas mais sa déception était visible.
« Je ne pouvais pas l'amener en laisse non plus. » Plaisanta-t-elle.
« Ca aurait été excitant… »
Tous les deux rigolèrent. La soirée se passa ainsi : alcool et fumette, discussions sans queues ni têtes, le plus souvent à se moquer des autres, et jeux. Les parents de Liam était absents bien sûr. Complètement défoncés, les garçons s'amusèrent dans le jardin à couper des branches souples et à se courir après en se fouettant dans la nuit éclairée. Les filles regardaient la scène en pouffant de rire. Liam qui était la principale victime de ce jeu prit l'arrosoir et s'en donna à cœur joie. Il trempa facilement la plupart de ses bourreaux mais Zephyr alla se planquer dans la cuisine. Il lui courut après et sans réfléchir le trempa dans la cuisine. Le blond éclata de rire et s'avoua vaincu.
« Putain quel bordel ! » Sourit-il, pas du tout attristé par le jardin dévasté –ils avaient couru sur les fleurs- et la cuisine inondée.
« Pfff, faut bien trouver du boulot aux employés sinon ils s'ennuieraient trop. » Répondit Liam cyniquement.
Zephyr lui fit un grand sourire, ils avaient la même vision des choses. « Tu permets que je t'emprunte ta chambre d'amis ? »
« Tu vas déjà dormir ? » S'étonna le propriétaire des lieux.
« Tu m'as déjà vu dormir à cette heure-ci ? Je vais sécher mes fringues. »
« Il fait plus de 30°C, elles sècheront très bien sur toi. » C'était la vérité. Un temps estival venait de s'installer à Londres pour la semaine.
« Je vais être plus clair. Je vais aller baiser. A tout à l'heure. » Dit-il avec un clin d'œil.
Liam se sentit stupide, et un peu jaloux aussi. Le blond rejoignait déjà la brune. Il lui chuchota quelque chose à l'oreille, elle gloussa et le suivit à l'étage. Liam aurait donné n'importe quoi pour être à sa place. A vrai dire, il aurait suffi qu'il tente sa chance, Prisca était complètement saoule et aurait dit oui à n'importe qui.
Dans la chambre, Zephyr plaqua les fesses de la fille contre son érection. Cette petite séance sportive lui avait donné terriblement envie de sexe. Prisca rigola et se frotta contre lui, puis elle mit un grand coup de bassin pour se dégager et alla s'asseoir sur le lit avec un regard lubrique. Encore plus excité, le blond l'observa : il la trouvait très belle, féline avec ses yeux fardés d'une grande quantité de noir, très coquine dans sa robe rouge, ses cheveux remontés en un chignon lâche qui ne ressemblait plus à rien. Il se déshabilla, nu, se débarrassant de ses vêtements mouillés et lourds contre sa peau. La brune apprécia beaucoup le spectacle. Il se mit en face d'elle, passa une main sous sa nuque et approcha sa tête de son sexe en une demande des plus explicites.
Prisca ne se fit pas prier. Elle engloutit l'érection dans sa bouche et la dévora comme une sucette. Zephyr imposait son rythme, d'abord lent et ferme, puis plus rapide, se retenant de gémir et savourant la caresse buccale. Puis il l'arrêta et l'entraina dans un baiser passionné.
Ils s'allongèrent sur le lit. Il caressa ses cheveux, doucement, enleva quelques épingles, puis il câlina son cou avec délicatesse, du bout des doigts contre la jugulaire, puis le long de la clavicule. Il adorait le cou de Prisca. C'était un des premiers détails qu'il regardait chez une femme. Il en embrassa chaque parcelle, exerçant des pressions différentes, pendant que sa main droite relevait sa robe et s'enfouissait sous sa culotte. Il la masturbait. Prisca inconsciente du lieu, des autres au rez-de-chaussée, gémissait sans retenue. Ca excitait encore plus le blond qui se frottait contre sa cuisse. Il descendit, mordit sa poitrine à travers le tissu, le lécha, et très vite il retira la robe et lécha sa poitrine le long des contours du soutien-gorge. Prisca emprisonnait son corps le long de ses longues jambes galbées. Elle détacha le sous-vêtement et dirigea sa tête vers son téton frémissant.
Il prit un plaisir fou à lécher le petit bouton de chair, le mordiller, le téter, le suçoter à l'infini… Il passa au suivant ne voulant pas faire de jaloux et continua à la préparer avec ses doigts, même si en vérité la brune était déjà largement prête.
Il finit par retirer ses bas et sa culotte. Il aimait la voir nue, avec son sourire mutin et son regard de tigresse. Elle l'excitait beaucoup. Cela faisait presque deux ans qu'ils couchaient ensemble à l'occasion, quand ils se sentaient seuls ou en avaient tout simplement envie. A dire la vérité, c'était Prisca qui lui avait appris les règles, les trois règles clé qu'ils avaient élaboré ensemble, pour eux deux, et pour les autres parfois. Et ils ne les respectaient pas eux-mêmes, se disant de temps à autre des mots d'amour sans y donner la moindre valeur, simulant la jalousie, cachant à peine leur relation intime aux autres… Les règles étaient faites pour être violées, non ?
Leur première fois ensemble avait été tout aussi alcoolisée, dans les buissons de l'école, à la journée d'intégration. Lui avait 13 ans, elle 15, ça n'avait été la première fois d'aucun des deux mais pourtant cette fois-là avait eu une saveur particulière. La rencontre de deux âmes sœurs d'une certaine façon. Zephyr l'avait embrassée. Elle l'avait repoussé en arrière et s'était moqué de lui, disant qu'il avait du culot pour un petit puceau. Il avait alors rétorqué qu'il ne l'était pas. Elle avait répondu avec défi 'prouve-le'. Il le lui avait prouvé.
Prisca enfonça ses ongles manucurés dans son cou alors qu'il s'enfonçait en elle. Il gémit de douleur et de plaisir. Leurs vas et viens se jouaient comme une musique, un air bien connue qu'on a plaisir à ressasser. Elle se mit à quatre pattes ce qu'il adora, une position particulièrement excitante. Sa main taquinait ses fesses et ses hanches, puis agrippait son épaule pour s'enfoncer plus profondément en elle. Il sentait son sexe s'enflammer et ses testicules se contracter sous les décharges de plaisir. Prisca elle aussi gémissait de plus en plus fort. Il se força à ralentir et à atteindre le plaisir de la brune avant de se reconcentrer sur le sien. Il la remit sur le dos et malaxa sa poitrine tout en continuant de la prendre avec force.
Bientôt la fille bascula sa tête en arrière, son corps se cambra et elle cria de jouissance. Zephyr adorait ça, regarder les autres jouir, même si avec une fille il y avait toujours le doute à savoir si elle simulait ou non… au moins avec un homme il était sûr, c'était beaucoup plus difficile de simuler. Mais il savait aussi Prisca trop égoïste pour faire ça. Si elle n'appréciait pas, elle n'hésitait pas à lui faire savoir ! Il se reput de sa jouissance, pas peu fier de lui, et espéra que ceux d'en bas l'avait entendu jouir. Il continua ses mouvements de vas et viens encore un bon moment puis vint en un râle silencieux.
Le même scénario que toujours se produisit. D'abord l'extase transcendante, puis la douleur, le froid, cette sensation d'arrachement d'âme qui lui donnait les larmes aux yeux. L'alcool et la drogue augmentaient son trouble et il eut peur de s'écrouler, mais déjà il était debout tel un automate, en direction de la salle de bain. Prisca ne se vexa pas, elle en avait l'habitude et puis elle-même se remettait difficilement, trop saoule elle restait avachie dans le lit à planer. Il jeta le préservatif, puis se passa la tête sous l'eau de longues minutes, reprenant le contrôle.
Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il avait besoin de tout ce sexe. Peut-être pour noyer les mauvais moments, qu'ils ne soient plus que certains parmi d'autres, c'est ce qu'il avait pensé un temps. Maintenant il se rendait compte qu'il en avait un besoin immense, comme d'une drogue. Il se disait que ça devait ressembler à se tailler les veines. Il avait besoin de ce défoulement d'énergie, de se vider complètement, et de finir par perdre le contrôle, ces deux secondes insupportables où il perdait pied, où il devenait lui-même, puis le rituel pour remettre le masque en place et redevenir un de ces moutons. Mieux que ça même, un super mouton, une personne adulée.
Il retourna dans la chambre. Prisca s'était endormie. Il mit la couverture sur elle et descendit rejoindre la fête. Là il eut la surprise de trouver Gwen qui discutait avec Lana. Quand elle le vit, elle lui fit un petit sourire désolée comme pour s'excuser de son comportement. Zephyr ne put s'empêcher de blanchir légèrement à la pensée qu'elle les avait sans doute entendus baiser. Il n'arriverait jamais à sortir avec elle à temps, c'était foutu. Bon, tant pis, de toute manière il avait assez d'information pour mettre la honte et les nerfs à Cedric. Il lui rendit son sourire et alla s'asseoir à côté d'elle.
« T'es finalement venu. » Cria-t-il pour passer au-dessus de la musique trop forte.
« Oui, j'ai voulu voir ce qu'était vos soirées. »
« Verdict ? »
« Beaucoup d'alcool et beaucoup de bruit. »
Ils s'échangèrent un sourire complice, puis se servirent une bière et écoutèrent les discussions des autres, alternant histoires de lycées et de cul, la plupart inventées ou exagérées. L'ambiance était à la fin de soirée, où les jeunes sont torchés, dorment à moitié, et les plus braves partent en délires verbales sous une voix speedée. Zig se remémora leur victoire de la semaine dernière. Zephyr aussi s'en souvenait bien, il était parmi les spectateurs en train d'observer son équipe et de donner des conseils stratégiques avec ses mains. Ce connard de Cedric avait cartonné pendant ce match… compromettant un peu plus les chances du blond d'être repris l'année prochaine. Puis sans rapport les discussions cul reprirent. Miguel demanda à Zephyr la fois qu'il avait préférée.
« Moi ? Aucune. Je suis vierge. » S'exclama-t-il sans sourciller. L'assistance éclata de rire et Miguel le regarda bizarrement, cherchant pourquoi il disait une telle connerie.
« Cherche pas. Zephyr ne parle jamais de ses conquêtes. » Lui dévoila Liam. « Il aime se la jouer mystérieux inaccessible. »
« T'es pas obligé de citer de noms. » Insista le plus âgé.
« Gwen, tu viens danser ? » Proposa-t-il à sa voisine autant pour fuir la discussion que pour se rapprocher de la brune.
« Oui, avec plaisir. » Elle aimait bien qu'il ne se vante pas sur ce point.
Ils dansèrent au rythme de 'Under the bridge'.
ooOoo
Le reste de la soirée s'apparentait à un énorme trou noir. Réveillé par des coups de pied au flanc par Liam, Zephyr émergea au ralenti. La douleur lui vrillait le crâne et son estomac le retournait, il se leva et courut aller vomir dans les toilettes. Il avait une tête de cadavre. Remettant les morceaux de sa maigre mémoire en place, il se rappela vaguement avoir beaucoup discuté avec Gwen, c'était tout. Il se lava, dit au revoir à ses amis –Gwen et Prisca étaient déjà parties-, puis se dirigea à reculons vers le manoir. Il savait bien qu'il ne pourrait pas l'éviter plus longtemps, et d'ailleurs il fallait qu'il règle le problème de Chris.
Vraiment il l'avait mal choisi celui-là. Une des pires idées qui avait germé dans son esprit. Rendre son père jaloux et furieux, ça paraissait marrant sur le papier. Ca avait été un cauchemar. Son père avait déchainé une telle fureur de violence sur lui qu'il en tremblait encore à chaque fois qu'il y repensait, et donc à chaque fois qu'il pensait à Chris par extension.
C'était plus facile de haïr Chris, de mettre tout sur sa faute, moins douloureux que de haïr soi ou lui. Et en même temps, l'homme lui facilitait bien la tâche avec tous ses coups de fil anonymes. Ne pouvait-il pas le laisser oublier ses horribles vacances ? Sans compter qu'il avait parlé à Ani, et peut-être même à d'autres… Zephyr avait crû pouvoir gérer ça tout seul mais il avait échoué et il en voulait encore plus à Chris de ce qu'il l'obligeait à faire pour avoir enfin la paix. Il prit une longue inspiration, puis ouvrit la porte du manoir avec un large sourire confiant.
ooOoo
Ces derniers mois Zephyr s'était senti mal, vulnérable. Depuis l'épisode Chris, il n'arrivait plus à prendre la distance nécessaire pour vivre sans se soucier de rien ni personne. Il y avait eu ce directeur de merde qui l'avait obligé à voir la psychologue scolaire après sa petite overdose. Il avait eu du mal à se débarrasser d'elle et avait dû sacrifier le secret de sa relation homosexuelle pour qu'elle le lâche enfin. Il n'était pas encore sûr s'il avait bien fait ou non pour le coup de la piscine… En tout cas, sa thérapie avec le docteur White s'était arrêtée donc c'était une bonne chose. Pour Anislas il était mitigé, bonne ou mauvaise relation… Les derniers évènements le faisaient pencher pour la deuxième option. Et puis le harcèlement de Chris, son renvoi de l'équipe de natation et de celle de baseball, … Il se sentait étouffer dans son propre corps. Mais il devait être un bon comédien car personne ne s'était aperçu du changement. Sans doute ne voulaient-ils pas le voir, ils étaient superficiels et égoïstes, enfermés dans leurs propres petits mondes et ne cherchant pas plus loin que ce qu'on voulait bien leur montrer. Personne ? Non pas tout à fait, Prisca se doutait de quelque chose, Zig aussi… Il fallait qu'il reprenne pied et très vite.
A présent débarrassé de White et Chris, son poste de batteur retrouvé demain, tout irait bien à nouveau. C'est ce qu'il se disait en fumant dehors sur le banc, observant la nuit comme il en avait l'habitude.
Londres, ville lumineuse, ne lui permettait pas de voir une étoile, juste la lune claire, magnifique, étincelante. Sa présence l'apaisait. Il se détendait dans cette nuit, guettant de temps à autre sa montre. Déjà une heure du matin. C'était le moment. Il se leva doucement et se dirigea vers la piscine. Il avait eu un mal fou à récupérer un nouveau double des clés mais y était parvenu. Il rentra dans le bâtiment et se rendit dans les vestiaires. Le bruit de l'eau ruisselant le conforta, sa théorie devait être la bonne. Il tourna et vit soudain l'objet de ses pensées. Il sourit. Cole Hunter prenait sa douche, vêtu d'un caleçon et d'un tee-shirt trempés. Le jeune garçon de deux ans de moins que lui se savonnait avec violence, laissant à certains instants apparaître son dos, la tête tournée vers le mur, sans remarquer le blond.
Cole avait un corps malingre et noueux, comme un arbre desséché, d'une couleur de bouleau, blanche grisée. Ses traces de coups de ceinture n'en paraissaient que plus vives, rougeoyantes dans son dos. Une marque plus profonde que les autres partait du haut de son épaule jusqu'à la naissance de ses fesses. Il frottait et frottait jusqu'à rouvrir certaines blessures. Zephyr recula et alla attendre près de l'entrée du bâtiment. Ce n'était pas le moment de lui parler, il se bloquerait. Cole pouvait être tellement entêté et bourru ! Le batteur s'en était bien rendu compte, ça faisait quelques semaines qu'il l'avait remarqué, et lui seul. Car Cole était une ombre, un de ses invisibles du collège que personne ne remarque, un petit garçon hargneux et solitaire dont la seule passion était les livres. Le garçon idéal pour Zephyr.
Les minutes filèrent sous la nuit. Le blond attaquait un nouveau paquet de cigarettes quand le brun sortit enfin. Il sursauta en voyant le lord l'attendre, puis son visage se fronça et il aboya : « Qu'est-ce que tu fous là ? »
« Je t'attendais. » Répondit simplement le blond avec un sourire mystérieux. Le brun resserra sa prise sur son sac et s'éloigna rapidement vers le pensionnat.
« Tu sens bon. » répliqua-t-il.
Cole se retourna alors brusquement, excédé. « Reluque-moi encore une seule fois, sale pervers, et je t'éclate la tête ! »
Zephyr manqua d'exploser de rire. Cole lui plaisait décidément beaucoup. Pas sexuellement bien sûr, le brun était laid, avec ses cheveux de chaque côté de son visage, son nez trop imposant, ses yeux un peu cernés, ses lèvres boudeuses et son corps trop maigre, mais son caractère lui plaisait.
« Viens avec moi, je veux te faire une proposition. Rien de pervers je te rassure. Fais-moi confiance. »
« Pourquoi je devrais te faire confiance ? »
« Car on a tous besoin d'avoir confiance en quelqu'un. Et tu peux me croire, je suis la première personne à avoir toujours pensé l'inverse mais j'avais tord. »
« Va te faire voir ! » Lui répondit le brun qui commençait déjà à repartir.
Zephyr, énervé, lui serra très fort le bras et le tira en arrière, le faisant presque tomber à terre. D'un ton autoritaire, il lui cracha : « A qui tu crois parler comme ça ? Si je te dis de me suivre, tu me suis ! » Cole trembla, effrayé, et se rendant compte de l'horreur de son geste, Zephyr le lâcha, confus. Les sourcils froncés, il dit : « Je n'aime pas qu'on me résiste. Et je veux juste qu'on parle à l'abri des regards indiscrets. Si ce que j'ai à dire ne t'intéresse pas, tu n'auras qu'à partir. »
Cole hocha la tête. Il le suivit de mauvaise grâce dans la tour Victoria, la tour du collège où étaient situées quelques salles de classe. Zephyr ouvrit une des salles et ils rentrèrent tous les deux à l'intérieur. Il la referma en laissant les clés dessus pour ne pas effrayer d'avantage le brun. Zephyr avait choisi cette salle car quasiment personne n'allait jamais ici. Et la salle de classe de madame Hooper lui plaisait beaucoup. Elle était en fait laide et kitch, avec un énorme crucifix au-dessus de la porte, des papillons, scarabées et autres insectes accrochés au mur, une odeur de bois pourri et d'encens, des placards de partout et un vieux squelette dans un coin. Cole aussi apprécia tout de suite l'endroit. Il n'en perdit pourtant pas le nord.
« Alors qu'est-ce que tu voulais me dire. »
« Je veux te proposer une sorte de marché, un pacte. »
« Quel genre de pacte ? » Répondit le brun très méfiant.
« Tu aimes cette pièce ? »
« … Oui… »
« Moi aussi. Je savais qu'elle te plairait. Toi et moi nous ne sommes pas si différents que les gens peuvent le croire. »
« Laisse-moi rire. » Sourit péniblement le garçon. « Toi la super star sans cervelle du collège, pas si différent de moi ? Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? »
Zephyr laissa passer l'insulte. « J'ai un secret, et toi aussi. Je n'ai personne à qui en parler. Et je sens que j'étouffe sous ce poids, je n'en peux plus, j'arrive à un point qui me fait peur moi-même. Si j'ai choisi de t'en parler à toi, c'est car je pense que tu peux le comprendre et que toi tu pourras tenir le secret, comme je pourrai tenir le tien, et si je n'en parle pas bientôt j'ai le sentiment que je vais le dire à n'importe qui sur un coup de tête ce qui serait la pire des options possibles… » Il parlait plus pour lui-même à présent, se reprenant il observa avec attention le garçon. Cole faisait de même, n'étant pas sûr d'où le blond voulait en venir et n'aimant pas la tournure des évènements.
« Tes problèmes de cœur ou d'acné ne m'intéressent pas, et je n'ai RIEN à cacher ! »
« Alors pourquoi tu ne prends pas ta douche dans ton dortoir avec les autres ? »
Cole recula, piqué au vif. « Je suis pudique. » Répliqua-t-il.
Le blond sourit sardoniquement. « Il y a un truc que je ne comprends pas. Pourquoi ton père t'a inscrit en pensionnat alors que t'as des traces pareilles… »
« Quoi ? Je n'ai… » Paniqua le brun. Puis voyant bien que tout mensonge était inutile, il baissa les épaules et murmura : « C'est ma mère qui m'a inscrit ici, pour que je rentre moins souvent… » Zephyr hocha la tête. « C'est quoi le pacte ? »
« Il est très simple. Ici toi et moi, on peut tout se dire, tout ce que l'on a sur le cœur. Il ne faut rien se cacher. Mais il est interdit de le répéter à qui que ce soit, sous aucun prétexte. Jamais. Tu acceptes ? »
La tension était palpable, leurs cœurs battaient à cent à l'heure, bien conscients qu'ils ne pourraient plus jamais revenir en arrière. Ce qui arriverait ne pourrait se défaire. Et en même temps, Cole avait bien conscience que Zephyr connaissait déjà son secret, ou en tout cas l'essentiel. Secret contre secret, ça lui allait. Et surtout il s'était reconnu dans les paroles du batteur… cet étouffement à toujours devoir tout cacher, ne jamais faire confiance à qui que ce soit. Zephyr lui proposait de devenir son confident, en échange de ses propres secrets… oui.
« Tu as l'air d'en savoir déjà beaucoup sur moi. » répondit-il. « Tu me jures de ne rien dire à personne ? »
« Je le jure sur ma vie. »
« D'accord, j'accepte. Quel est ton secret ? »
Zephyr se tendit. Il savait bien sûr qu'il devrait le dire, il était là pour ça, mais c'était si difficile. Il avait passé tellement d'années à se conditionner à ne rien dire ni laisser paraître… Sa bouche refusait d'émettre le moindre son, ses mots coincés à l'entrée de sa gorge. « Je… »
Cole s'impatientait, agacé au possible. « Tu quoi ? »
« Ce n'est pas si facile à dire ! Tu t'en doutes de ce qu'est mon secret, non ? »
« Ton père te frappe ? »
« Non, ça c'est ton secret. » Sourit le blond. Le brun serra les poings de toutes ses forces, prêt à le frapper. « Le mien ne me frappe pas, enfin rarement... Il préfère les méthodes qui laissent peu de marques apparentes. Il… Il m'humilie, en paroles, et… »
Il ferma les yeux, tentant de se calmer. Pourquoi était-ce si dur à dire ? Tout son corps luttait contre sa raison, ses muscles lui faisaient défaut, il se sentait sur le point de s'évanouir, comme en manque de drogue. Il ne pouvait dire ça, il avait trop honte… Ses yeux lui piquaient, il souhaitait s'enfuir.
Cole, patient à présent, lui laissa le temps de se calmer. D'une voix quasi inaudible, tremblant, Zephyr murmura : « Il… Il… me viole… »
Il s'était imaginé le dire un bon millier de fois, à chaque fois cela avait été douloureux, insupportable, c'était encore pire que ça. Il avait cette sensation d'une bombe qui aurait contracté tout son corps jusqu'à le réduire à une minuscule bille pour ensuite exploser sur des kilomètres. Ses vannes lâchèrent et il ne put se retenir de pleurer, mais ça faisait du bien.
ooOoo
Le lendemain, il se sentait beaucoup mieux, même si pas tout à fait rassuré. Cole tiendrait-il sa promesse ? Avait-il fait le bon choix ? Il enfouit toutes ses pensées au fond de lui, resserrant le masque sur son visage. Aujourd'hui était un jour spécial, un jour de joie, où il retrouvait enfin son équipe de baseball, un des piliers de sa vie qui lui apportait le plus de bonheur. Ses entrainements secrets avaient porté leur fruit, mieux que ça, sa technique était à présent moins mécanique, moins prévisible. L'entraineur le félicita et accepta de l'intégrer au premier match inter-lycées. Le blond était fou de joie. Et la lueur de colère intense qui assombrissait le regard de Cedric était le bouquet final de sa réussite. Il invita toute l'équipe à venir célébrer sa remise sur le terrain, Cedric y compris, vendredi dans deux jours. « Je vous promets une fête grandiose, avec les plus belles filles du collège et d'ailleurs, et d'autres surprises ! »
ooOoo
Fin du chapitre.