Dans une cage, ou ailleurs
Tout est né d'une interview, au JT, il y a peu, dont j'ai repris certains passages mot pout mot. Mais bien sûr « toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait fortuite, bla bla bla… » parce que pour la suite, c'est uniquement mon imagination qui a travaillé…
Voilà, je reviens à mes premières amours, on y revient toujours, pas vrai ?
La vie c'est comme une image
Tu t'imagines dans une cage
Ou ailleurs
Tu dis "C'est pas mon destin"
Ou bien tu dis "C'est dommage"
Et tu pleures
William Sheller
19h50. Mon cœur s'accélère, comme tous les dimanches soir, avant de prendre l'antenne. Même après 5 ans de journal, je ne m'habitue pas. Le stress est là, avec une boule au ventre. La maquilleuse papote de tout et de rien -un mariage princier, je crois- la présentatrice météo nous promet du beau temps pour toute la semaine, je vais terminer la mienne au moment où les autres commencent la leur.
Je jette un coup d'œil à mes fiches – la mort d'un dictateur, des inondations aux USA, la campagne présidentielle. Rien de bien dangereux, à part l'homme politique au discours trop préparé, qu'il va falloir coincer en douceur. Il se fait coiffer en badinant avec la stagiaire, je ne quitte pas la pendule des yeux, en jouant machinalement avec mon alliance. Plus que 5 minutes, c'est l'instant où j'ai envie de fuir, l'instant de pure panique où je donnerais tout pour ne pas être là, devant les caméras. Plutôt pigiste, éclairagiste, script, n'importe quoi plutôt que d'affronter 3 millions de téléspectateurs à l'affût de la moindre erreur, du moindre lapsus fatal, du pétage de plombs en direct.
Je regarde une dernière fois dans le miroir l'image souriante et bronzée du journaliste blond un peu trop lisse -moi. Plus qu'à espérer qu'il ne se passe rien, que tout fonctionne, que je ne sois pas écrasé par l'énorme cirque du 20h, dévoré par un fauve politique, ensablé par une autruche. En passant derrière le décor j'aperçois le jeune acteur qui doit conclure la page « magazine » du journal, en promo. Il est mal rasé et se ronge les ongles, je me demande ce qu'en penseraient les milliers de filles qui sont folles de lui. Une brève poignée de main, je m'installe, je respire un grand coup. C'est parti.
20h27. Début du sujet ciné. Il est tendu, le regard légèrement fuyant, toujours pas rasé. C'est un style, soit. Bien sûr je lance le sujet sur son film, plein d'éloges, en lui faisant un sourire rassurant. Les questions plus vicieuses sont pour après, quand il se sera un peu détendu. Il sourit ou fronce les sourcils sur le commentaire, grimace quand la journaliste parle de la série qui a fait sa gloire. Je reprends l'antenne, je pose ma première question en le regardant droit dans les yeux.
- Vous aviez besoin de vous prouver quelque chose, de quitter l'univers de la saga qui vous a rendu célèbre ?
Petite moue : « Je ne sais pas… Non, je n'avais rien à me prouver, je voulais juste être crédible dans le rôle ». Pan sur le bec.
Il n'est pas heureux que je rappelle son manque d'expérience et le rôle qui lui colle à la peau, son regard s'assombrit. Il m'explique combien il s'est impliqué dans le rôle, combien tout était authentique, je retiens un sourire narquois. Je suis ici pour lui servir la soupe, soit, mais il ne s'en sortira pas comme ça, oh non. Attends mon coco, je n'ai pas dit mon dernier mot. Ses mains s'agitent, il commence chaque phrase pas « Hum… I mean », bégaie un peu, visiblement mal à l'aise. Il joue à fond le registre du jeune anglais maladroit, faussement simple. Je suppose que son attachée de presse et la prod lui ont demandé d'être convaincant mais il cherche ses mots, sur la défensive.
- Est-ce que ça va être facile de tourner la page de la saga après 5 opus ?
Nouveau froncement de sourcils, il dodeline de la tête :
- C'est plutôt un soulagement j'avoue, et puis bientôt je serai trop âgé pour le rôle. Je vais avoir 25 ans, difficile de faire croire que j'en ai encore 17, non ?
Finalement il est drôle et plutôt touchant, à se démener pour faire oublier un rôle devenu trop lourd. Pas un scoop, mis c'est touchant. Il semble débordé par tout ça, la notoriété, les fans, je lui demande :
- Vous trouvez le temps de vivre ? Le temps de tomber amoureux ?
Il écarquille les yeux et rougit un peu, gêné, avant de rire :
- Oui… On a toujours le temps de tomber amoureux, non ?
- Je pense, oui, dis-je pour conclure et nous échangeons un regard amical, vrai.
Un beau moment de télévision, je crois. On me reproche d'être trop souriant mais on n'attire pas les mouches avec du vinaigre –encore moins les ménagères, donc je souris, quelle que soit l'actualité. Demain c'est lundi, les français veulent rêver, encore un peu.
Je conclue rapidement sur son prochain film, il se détend, nous terminons l'interview sur un ton complice et après avoir remercié en français –là aussi un incontournable de la vedette prétendument accessible- il pousse un soupir de soulagement et reste quelques secondes immobile, yeux fermés, appuyé à son siège. Il semble si jeune et fragile que je me dis que c'est sans doute un exercice bien difficile, à son âge, de plaire à tout le monde, séduire les jeunes filles et paraître crédibles à leurs parents, en même temps. Etre crédible tout court, quand on a une si belle gueule. Et je sais de quoi je parle.
Après le générique de fin –surtout ne pas bouger jusqu'à ce que les lumières s'éteignent, sur la caméra- je souffle moi aussi, je suis en week-end. Une rapide poignée de main, je file au démaquillage puis au débrief –toujours plus court, le dimanche soir. L'ambiance est particulière, détendue, comme dans une bulle coupée du monde, un peu ouatée.
Chacun est pressé de rentrer chez soi, la vraie vie recommencera demain, avec le début de la semaine. Il ne reste plus que quelques heures de détente pour la majorité des téléspectateurs, et c'est aussi pour ça que je dois sourire. Ne me demandez pas ce que je cache derrière mon sourire, la réponse est rien. Rien. Je n'ai rien à cacher, ma vie est lipide et simple comme moi, je n'apparais jamais dans les tabloïds, c'est pour ça que je ne suis que le joker, le présentateur de remplacement. Mais ça me va bien, je n'envie pas les têtes d'affiche dont les amours font les choux gras de la presse à scandale, je ne mange pas de ce pain là. Ma liberté n'est pas à vendre, elle n'a pas de prix.
Après une douche rapide je remets mon jean, j'enfile un polo, mon blouson et me voilà parti. Par habitude je me dépêche, Lucie n'aime pas attendre le dimanche soir pour dîner parce que le lendemain matin elle travaille, elle. Comme si je ne faisais rien de ma journée le lundi mais je ne dis rien et je me dépêche, heureux de la retrouver.
Pourtant ce soir je serai seul à la maison, ce sont les vacances scolaires, elle est partie chez ses parents, à Montpellier. Depuis la scolarisation de Lily, notre aînée, elle tient absolument à respecter les congés scolaires, même si la petite n'est qu'en maternelle. Ca me fait sourire mais je ne dis rien, elle a des tas de théories sur l'éducation, je les respecte. Moi j'aime enfouir mon nez dans les cheveux de mes filles, les chatouiller et les regarder rire, je n'ai pas envie de les gronder, de les dresser. Parfois je fais les gros yeux mais Tara me lance un regard si innocent que je ne peux que lui sourire, et tout lui passer. Il paraît que c'est très mauvais, j'assume.
Je fixe leur photo sur mon bureau, leurs petites moues concentrées en train de dessiner, leurs cheveux qui volètent au bord de la plage, un tour en poney avec Lucie. Les photos du bonheur, mes trésors. Et puis, cachée dans mon portefeuille, contre mon cœur, il y a la photo de Tara bébé sur mon torse nu, après le bain, qui m'émeut aux larmes, que je ne montre jamais à personne, pas même Lucie.
Les couloirs de la rédaction sont presque déserts, j'aime ce moment où je rentre chez moi en moto et où tout est désert, je glisse sur les quais, tout est calme. Les vendredis et samedis soirs sont différents, joyeux, plein d'espoir, alors que le dimanche est rempli de nostalgie, encore un week-end de passé, hélas. Un beau week-end ensoleillé dont je n'ai pas profité mais il paraît que je suis à envier, il paraît que j'ai de la chance. Soit.
En sortant de l'ascenseur au sous sol, je me heurte à une ombre dans le noir, il pousse un cri, un bruit métallique se fait entendre, je recule. « Shit ! » fait l'ombre, je tâtonne pour allumer la lumière, le cœur battant. Quand tout s'éclaire je reconnais le jeune acteur, il se penche pour ramasser son portable par terre, un pli barre son front.
- Qu'est-ce que vous faites là ? je demande, un peu irrité.
- They… hum… il y avait plein de filles qui m'attendaient à la sortie de l'immeuble, alors je… je voulais sortir par ici et appeler un taxi, mais la porte est fermée, dit-il avec un fort accent anglais.
- Ah ça c'est sûr que c'est fermé ! On n'entre pas ici comme dans un moulin –et on n'en sort pas non plus, sinon on retrouverait des tarés à tous les étages, croyez-moi. Il vous attend où, votre taxi ?
- Je… euh. Je ne l'ai pas appelé, je ne sais même pas comment s'appelle la rue, ici, dit-il en se grattant la tête, perplexe.
Il est vraiment idiot ou il fait semblant ? Il sent la cigarette et ses ongles sont rongés, on dirait un ado mal dégrossi. Qu'est ce qu'il fout là, bon Dieu ?
- Et vous êtes tout seul ? Personne ne vous accompagne, votre agent, votre attaché de presse ?
- Pardon ?
Visiblement je parle trop vite pour lui, il fixe désespérément mes lèvres, il est marrant.
- Are you alone here ?
- Yes…
- Et votre hôtel, c'est quoi ?
- Le Ritz, répond-il d'un air penaud.
Ben voyons. C'est bien un anglais, tiens. Je secoue la tête, un peu dépassé. Je pourrais remonter, le raccompagner jusqu'au hall et attendre le taxi avec lui –la politesse française- mais ça me saoule, là. Je sors un casque de mon coffre, je le lui tends :
- Je vous raccompagne ?
Il me regarde, interloqué, puis hausse les épaules, hésitant. Je ne sais pas s'il me prend pour un fou ou s'il croit à une plaisanterie, je suis à peu près sûr qu'une clause de son contrat lui interdit de faire de la moto, mais j'attends, souriant.
« Vous avez peur ? » dis-je d'un ton narquois, ses pupilles s'étrécissent et il secoue la tête vigoureusement: « No ! ».
- OK. Let's go, then.
J'enfourche mon bolide, il hésite encore un peu puis monte derrière moi, je démarre bruyamment, nous voilà partis…
Les quais sont déserts, il s'accroche à moi un peu nerveusement, a priori ce n'est pas un habitué de l'exercice, contrairement à moi. Ma moto, ma maîtresse, mon amante. Une liberté absolue, un flux d'adrénaline garanti quand j'accélère, avec les mots de Gainsbourg qui résonnent : « Quand je sens en chemin les trépidations de ma machine, il me monte des désirs dans le creux de mes reins ». Une phrase qui m'a toujours fait marrer, parce que la moto c'est tout ça et bien plus que ça, c'est une sensation extraordinaire, une vibration profonde et sourde qui monte doucement, mais il faut l'avoir expérimenté pour savoir, comprendre.
Lucie adorait m'accompagner quand nous nous sommes rencontrés, elle disait que c'est ce qui l'avait fait craquer chez moi, parce que jusque là elle me trouvait trop lisse. Ce fut notre première grande émotion, et à l'arrivée, rouge, les yeux brillants, elle ne me regardait plus de la même manière. Nous adorions partir au matin, sans but précis, et quand nous filions sur l'autoroute elle se blottissait contre moi, et je sentais ses jambes autour des miennes dans les virages… ah, les virages…
Une voiture me refuse la priorité, je l'évite de justesse au prix d'un dangereux écart, j'imagine que mon passager est secoué, il ressert la pression de ses bras, je suis désolé de le secouer ainsi. On verra la tête qu'il a à l'arrivée, si on arrive à bon port. C'est un bon test pour connaître les gens, je trouve. Les vrais courageux et les grandes gueules.
Je double un peu nerveusement entre deux voitures à la hauteur du tunnel du pont de l'Alma, je sais qu'il regarde la flamme dorée et les fleurs posées là en hommage à Lady Di, je me dis que si on se plante là ça n'aura pas fini de jaser, mais je ne suis pas sûr que ça le fera rire.
Je freine devant le Ritz, le chasseur se précipite pour l'aider à descendre, il est blême sous son casque, les jambes flageolantes.
- Ca va ? je rigole en retirant mon casque à mon tour.
Le chasseur tique mais ne dit rien, James opine de la tête bravement.
- Je vous conseille de prendre un verre mon vieux, c'est vrai que ma conduite a été un peu sportive…
- Oui, un peu.
- Are you OK ?
- Yes, I'm fine. Thank you… Bye !
Au moment où un groupe de filles se dirige vers lui, je redémarre, soulagé. Amusant. Heureusement tout est fluide jusqu'à Clamart, quand j'arrive la maison est vide, tant de calme me surprend, d'habitude Lucie est là, écoutant de la musique ou regardant la télé. Il y a encore des bouquets de fleur ça et là, elle s'en fait livrer toutes les semaines, je sais qu'elle adore les tulipes.
En me préparant un sandwich dans la grande cuisine blanche je l'appelle, tout se passe bien à Montpellier, les filles sont au lit, elle me demande :
- Il est sympa, James Robertson ?
- Oui, pourquoi ?
- Vous aviez l'air de bien vous entendre, c'était marrant. Tu l'as un peu asticoté, hein ? T'as pas pu t'en empêcher ?
- Moi ? C'est pas du tout mon genre, d'asticoter les invités du journal, tu sais bien…
- Ben voyons… et cette question sur l'amour, c'était quoi ?
- Quelle question ?
Un truc genre : « Vous avez le temps de tomber amoureux ? ». Pourquoi tu lui as demandé ça ? Tu fais des piges pour « Voilà » maintenant ?
« Je ne sais plus, j'ai improvisé » je réponds, agacé. « Ecoute, je n'ai pas encore dîné, je te laisse. Je te rappelle demain. Embrasse les filles pour moi… ».
Avec un soupir je m'installe sur le canapé, il me faut toujours un peu de temps pour décompresser, après le direct. Je zappe quand soudain une mélodie s'élève dans les airs, de je ne sais où. « Putain, c'est quoi ? ». Je me relève difficilement, à la recherche de l'origine de la sonnerie.
Plus rien. Silence.
Mais qu'est ce que c'était ? Ca venait d'où ? Est-ce que la femme de ménage a oublié son portable dans la cuisine ? Je fais le tour des lieux, tout est nickel, étrange. Je m'apprête à me réinstaller sur mon canapé quand la même mélodie s'élève, que je reconnais à présent : C'est « Initials BB » de Gainsbourg.
Je me rapproche de la source du son, mes pas me mènent jusqu'à l'entrée, dans laquelle j'ai déposé mon blouson. Avec un pressentiment je fouille la poche intérieure, rien. Au moment où la musique s'élève à nouveau je passe la main dans la poche droite et j'y découvre un blackberry blanc, qui vibre. Comment ce machin est-il arrivé dans ma poche ? Intrigué, je réponds :
- Allo ?
- Yes ? Who are you ?
- Quoi ? Et vous, vous êtes qui ? je demande, surpris.
- James Robertson, you know. J'ai perdu mon blackberry ce soir, alors j'ai composé le numéro au cas où… Vous êtes le… le journaliste qui m'a ramené ?
Ce crétin de rosbif, il ne se souvient même pas de mon nom, charmant.
- Oui, Benjamin Delacour, pour vous servir. Comment vous avez fait pour me coller ce truc dans ma poche ?
- Je… I mean… Il vibrait, alors je l'ai sorti de ma poche, au feu, et quand vous avez redémarré, je ne sais pas ce qui s'est passé… j'ai eu peur, je crois. Sorry.
Ben voyons. Crétin. Je reste sans voix devant tant d'imbécillité, secouant la tête. Le silence gêné se prolonge, je reprends :
- Bon hé bien je vous le ferai ramener demain matin, vous êtes dans quelle chambre ?
- Je… j'attends un appel un peu urgent. Il n'a pas sonné déjà ?
« Non, je n'ai rien entendu, j'étais en ligne avec ma femme, sur le mien » je réponds, agressif. Désolé d'avoir une vie, connard…
- Est-ce que je peux passer le reprendre ? Envoyer un coursier de l'hôtel ? Vous habitez où à Paris ?
- J'habite pas à Paris. Et vous ne connaissez pas la ville où j'habite, c'est dans les Hauts de Seine. Ca ne peut vraiment pas attendre demain matin ?
- Hum, non… c'est mon agent, you know. Et pour mes interviews de demain matin… tout est noté dans mon blackberry.
Ben voyons. Les miracles de la technologie. Enlevez son portable à un jeune et il ne sait plus respirer. Dommage que le cerveau soit en option, sur ce type de modèle. Je le sens extrêmement embarrassé, au bout du fil, n'osant pas insister. C'est clair qu'il lui suffira de claquer des doigts et il m'enverra un foutu esclave de l'hôtel, ça m'agace.
- C'est si important que ça ?
- Yes. Really…
Sa voix chavire, je soupçonne un appel sentimental en attente, une embrouille avec quelque starlette à l'autre bout du monde, je crispe mes poings.
- OK. Je vous le ramène. En moto à cette heure-ci, j'en ai pour 15 minutes au plus.
- Comment ? Oh no, no, don't… Je vais envoyer quelqu'un et…
Je raccroche, exaspéré.
De toute façon, comme c'est parti, le temps que j'attende le coursier du Ritz je ne suis pas couché avant une bonne heure, et je ne veux pas qu'on connaisse mon adresse. J'ai toujours tout fait pour préserver ma vie privée, je ne veux personne chez moi. Rouler un peu me calmera, en fait j'adore les lumières de Paris la nuit, magiques. La tour Eiffel scintille au loin, les quais sont déserts. Un vrai bonheur.
Je pile devant le Ritz, la place Vendôme est déserte, un chasseur se précipite pour prendre ma moto, je lui aboie quelques recommandations rapides. Je m'engouffre dans la porte à battants, je traverse le hall désert jusqu'à l'accueil.
- Je peux vous aider Monsieur ?
- Oui. J'ai un objet pour un vos clients, M. Robertson. Il m'a dit que c'était urgent. Vous pouvez l'appeler ?
- Oh, il vous attend, Monsieur. Le voilà… fait-il en regardant derrière moi.
Le grand échalas se dirige vers moi d'un pas hésitant, se mordillant la lèvre :
- I'm so sorry, mister Delcourt…
- Delacour. Benjamin.
- I didn't mean… euh, je ne voulais pas que vous venez jusqu'ici, vraiment pas. Je suis vraiment désolé…
- C'est bon, c'est bon. Ca m'a calmé les nerfs, de rouler. Voilà votre bien, dis-je en lui tendant le portable. Il a vibré plusieurs fois pendant le trajet, je n'ai pas répondu, bien sûr.
Il l'attrape avec un grand sourire, soulagé :
- Est-ce que vous avez… regardé à l'intérieur ?
- Vous plaisantez ? Vous me prenez pour qui ? Je suis journaliste, mais pas dans la presse à scandale. Votre vie privée ne m'intéresse pas, je rétorque agacé.
- Sorry…
Il grimace un sourire, je reste sérieux. Pour qui il me prend ce petit con ? Un paparazzi ? Et lui, pour qui il se prend ? Il fouille ses poches, j'espère qu'il ne va pas me filer un pourboire, encore bien. Ca ne loupe pas, il me tend un billet, je recule :
- C'est une blague n'est ce pas ? Vous me prenez pour le coursier du Ritz ?
- Je… non. Non, bien au contraire. Je… laissez-moi vous offrir à boire. Pour le déplacement…
- Non, je vais rentrer, il est déjà tard.
Le responsable de l'accueil de nuit feint de ne pas regarder mais il n'en rate pas une miette, j'en suis sûr.
- S'il vous plaît… juste un verre, au bar. Pour vous remercier…
Il est touchant, avec ses remords, et je me fous de l'avis du portier. Je regarde ma montre, presque 23 heures, je devrais rentrer et me coucher mais Lucie n'est pas là, ce soir…
- Juste un verre, alors ? Je roule, moi, après…
- Of course, répond-il d'un ton rassurant en me précédant sur les épais tapis bleu ciel.
A suivre…
Merci à Nico pour son soutien et son enthousiasme ^^
Si vos réactions sont positives, je vous proposerai la suite dès septembre, ou avant. Considérons ce chapitre comme un « avant goût », ou une bande annonce…
BISOUS A TOUS !