Bonjour,
J'ai la joie de vous mettre un nouveau chapitre du tournis des serres. J'espère qu'il vous plaira. Merci cat240 d'être toujours fidèle au rendez-vous ça me touche beaucoup.
Bonne lecture !
Chapitre 14 :
Zephyr se mit à observer la fenêtre. Celle-ci l'appelait. Elle l'invitait à sauter. En finir. Enfin. Il faisait beau. Il se leva pour ouvrir la fenêtre. Soudain on entendit un bruit sourd, des cris. Des élèves se penchèrent à la fenêtre, appelèrent, bientôt toute la classe s'attroupa au bord. Ellie Mackenzie gisait au sol, inerte ses grands yeux noirs perdus dans l'immensité du ciel.
Zephyr la regarda et sourit. Elle est elle, il est lui. La Mort n'a pas son visage. Il en ressentit un profond soulagement qu'il n'aurait su s'expliquer. Un sentiment terrible et malsain germa en lui comme une évidence : Mackenzie avait donné son âme à la Mort pour qu'il vive. Il eut conscience du délire de ses pensées mais n'en avait cure. Il y ressentait un bien-être libérateur.
Toute la semaine l'école ne parla que d'Ellie Mackenzie. On tenta d'expliquer son geste. On la décrivait comme une fille solitaire très lunatique.
Le lendemain Zephyr retourna à sa séance de thérapie pour sa cure de désintoxication. Il raconta au docteur Russell le suicide d'Ellie. Il lui avoua qu'il avait souhaité se suicider à ce même instant et qu'il se sentait bizarrement mieux maintenant. Il voulait suivre sérieusement sa cure et demanda à reprendre des médicaments contre la dépendance. Le docteur lui fit remarquer que les médicaments ne soigneraient pas le fond du problème et qu'il faudrait qu'il discute avec lui.
« On va déjà essayer les médicaments si ça ne vous dérange pas. »
ooOoo
Alix n'osa pas rentrer chez lui ce week-end. Il n'avait pas parlé à son père depuis leur discussion au téléphone au sujet de la blague à Evan. Il envoya un sms disant qu'il préférait ne pas rentrer ce week-end et dormir chez des amis. Aussitôt il reçut un sms de sa mère lui disant qu'elle aimerait le voir ce samedi matin et qu'ils feraient du shopping.
'Je vais essayer de venir.'
Il la retrouva à Cathily un salon de thé que sa mère affectionnait. Une vaste collection de tasses de thé recouvrait un mur du salon. Elle leur trouva une place à l'écart des quelques clients.
Marie-Claire Kane descendait d'une famille aristocrate française. Elle avait eu le coup de foudre pour un jeune joueur de football prometteur et l'avait épousé contre l'avis de toute sa famille et ses amis. Dix-huit ans plus tard, ils conservaient le même amour l'un pour l'autre.
Elle parla d'une voix douce mais ferme à son fils, entre questionnement et confidence.
« On sait tous les deux pourquoi on est là, n'est-ce pas Alix ? »
« … »
« Tu veux bien me parler de cet appel qu'a reçu ton père. Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« Rien. On s'est disputés avec Evan. Il me déteste. »
« Et ? » L'amenant à parler.
Alix resta prostré. Les mots n'arrivaient pas à sortir de sa bouche.
La serveuse les servit.
Sa mère souffla sur son capuccino, ses petites mains frêles autour de la tasse sans la toucher. Alix fixait le nuage de lait se mêlant au liquide noir.
« Tu sais, Alix. Tu as 15 ans. C'est normal d'être un peu perdu à ton âge. Et puis c'est vrai que je ne t'ai pas facilité la tâche en t'emmenant à tous ses défilés, mais tu as toujours beaucoup aimé la mode… Enfin… J'ai peut-être eu tort. Ça t'a valu des moqueries qui ont pu… te blesser. Je t'assure que quoi qu'il arrive, quoi que tu choisisses, ça se passera bien. »
« Ce n'est pas un choix. » Souffla le blond, la tête enfouie dans son café.
« Oui, évidemment. Et on ne te demande pas d'en faire un. Tu es jeune, tu as le temps. »
« Quand tu dis 'on', c'est qui ? »
« Moi et ton père bien sûr. »
« Et il dit quoi ? » souffla-t-il la voix tremblante. Il ne pensait pas vraiment vouloir une réponse.
« Il… est soucieux pour toi. Et il n'aime pas du tout que tu ne viennes pas lui parler. Je te comprends mais je t'assure qu'il ne va pas te mordre ! Enfin il ne sera pas agréable. En même temps tu le connais. Tu sais comment il est. Il a besoin d'un peu de temps et d'être rassuré. Après tout ce n'est peut-être qu'une passade ! »
Alix perçut le grand soulagement sortir de la bouche de sa mère au mot 'passade'. Cela l'illumina en un instant. Si Alix était bien doué pour quelque chose c'était savoir ce que les autres attendaient de lui et s'y conformer. C'est donc tout naturellement qu'il répondit :
« Oui c'est une passade, c'est sûr. »
Le visage de sa mère rayonna puis son front se renfrogna en un instant et elle ajouta, soupçonneuse : « Mais tu as un petit-ami, non ? »
Entendre ce mot dans la bouche de sa mère fit éclater son corps comme une bulle de savon. Il ne voyait pas quoi répondre. « Heu… Enfin… Je… enfin quelque chose comme ça. »
« Quelque chose comme ça ? » Répéta-t-elle d'une voix amusée. « C'est d'une cruauté… Alix, voyons, je ne t'ai pas élevé comme ça. Tu l'aimes bien ? »
« Un peu… » Il insista sur le mot 'peu'.
Elle se mit à le questionner sur Leo. Alix resta évasif. Il ne se sentait pas à son aise à parler de ça avec sa mère. Même s'il devait avouer se sentir mieux à ce que sa mère soit au courant, il était plus angoissé que jamais à l'idée d'en parler à son père.
« Bien. On rentre à la maison ? » Proposa sa mère.
« Je… Non, je… Vraiment je ne peux pas. » bafouilla-t-il en proie à une réelle angoisse.
« Alix, voyons. Ça s'est bien passé ici, n'est-ce pas ? Ça ira avec ton père. Et de toute manière tu ne pourras pas l'éviter toute ta vie. »
« On parie ? »
Sa mère lui fit une moue boudeuse. Elle se leva et l'enjoint à l'accompagner.
Il resta assis, tremblant.
« Alix… » Soupira-t-elle. « Allez, viens… Si je demande à ton père de ne pas aborder le sujet, tu viens ? Tu lui en parleras toi-même quand tu te sentiras prêt, d'accord ? »
« … »
« … »
« Mmmh. » Il hocha la tête timidement.
Sa mère envoya des sms tout le long du trajet jusqu'à leur maison.
ooOoo
Zephyr fumait avec Zig et Liam sur le banc près du petit bois de Willliamson. Ils s'échangeaient les réponses d'un devoir à rendre dans l'après-midi. Seul Liam l'avait fini. Zephyr avait vaguement répondu à la moitié des réponses et Zig avait perdu la feuille du devoir.
Soudain un homme vint à leur rencontre. C'était l'entraîneur de boxe. Il dit à Zephyr que ce n'était pas un problème qu'il fume, il s'en fichait. Il voulait lui parler. Zig et Liam s'éloignèrent sans attendre.
« Je comprends pas, Zephyr. T'avais l'air de bien aimer la boxe. Pourquoi tu n'es pas venu samedi matin ? »
« J'étais occupé. »
« A d'autres. Même complètement camé à ne pas mettre un pied devant l'autre t'as jamais manqué un entraînement de baseball. »
« Je ne me sentais pas bien ce week-end. Pas bien du tout. Mais je me reprends en main. J'ai repris mon traitement avant-hier. En deux jours je serai le roi des cons de dire que je suis sorti d'affaire mais je me dis que j'ai envie de changer et ça c'est déjà une première. »
« C'est bien. Je suis content de l'apprendre. Vraiment. C'est un grand pas que t'as fait là. T'es si bien parti, pourquoi ne pas revenir à l'entraînement ? »
« Non. Ca… m'inquiète. »
« Pourquoi ? »
« J'ai trop… de colère en moi. J'ai encore tellement envie de me tuer et de tuer les autres. » Il sourit pour cacher sa gêne. « J'ai peur de ce que je pourrai faire, de perdre le contrôle sur un ring. »
« T'as peur de tuer quelqu'un ? T'inquiète, je ne crois pas que t'en serais capable. »
« Je suis positivement sûr du contraire. » Répondit le blond du tac-o-tac.
« La boxe est faite pour se défouler, pour calmer justement cette rage en nous en l'extériorisant. Et t'as trop d'énergie pour ne pas faire de sport. Comment tu vas te défouler sinon ? »
« Le sexe est un bon défouloir. »
Veron ricana. « T'as de bons arguments. Un ring, c'est parfois quand même meilleur que du sexe, je t'assure. Enfin bon, si t'arrives à arrêter la drogue tu pourras te remettre au baseball, ça doit être une bonne motivation. »
« C'est une des meilleures. »
« Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver. Prends soin de toi, Zephyr. Au moindre problème je suis là. »
Le blond ne ressentit pas de pression dans ses paroles et il lui en fut reconnaissant. L'idée de retourner au club de boxe lui plaisait. Il se dit qu'il y passerait peut-être ce soir, s'il se sentait assez bien.
ooOoo
Anislas retourna chez ses parents pour le week-end prolongé. Cela faisait trois semaines qu'il vivait dans une auberge de jeunesse, la majorité de ses affaires encore chez Foley. Il profita de ce séjour pour en transporter une partie chez ses parents. Mine de rien, il ne possédait pas grand-chose mais il s'en fichait. Il se sentait bien, l'esprit léger. Il ne possédait pas ce besoin viscéral humain de combler le vide à tout prix par des objets. Après tout, le vide ce n'est qu'un silence entre deux touches de musique, et sans ce silence il n'y a pas de musique. Sans vide, pas de vie. A vouloir combler ce vide c'est nous que nous vidons.
Ces pensées métaphoriques voltigeaient dans sa tête alors qu'il révisait ses cours d'anglais dans le train. A Williamson on passait tous ses examens de fin de lycée la dernière année contrairement aux écoles publiques où certaines matières se déroulaient l'année d'avant. Le brun avait demandé au directeur de passer ces matières cette année pour ne pas accumuler du retard pour l'année prochaine dans son nouveau lycée. Il se motivait enfin à les réviser sérieusement.
Le lycée de Carlson au nord de Londres l'avait accepté. Sa place dans leur internat était enfin réservée. Il se sentait soulagée par la tournure que prenait sa vie. Dans un petit mois, les cours seraient finis. Il retournerait vivre chez ses parents pour les grandes vacances puis rentrerait dans ce lycée, vierge de toute réputation, en tout cas pour un petit moment. Il y réfléchissait de plus en plus souvent. Est-ce qu'il s'y afficherait gay ? Dirait-il qu'il venait de Williamson ? Il n'en savait rien encore et tentait, en vain, de ne pas trop y penser.
Arrivé chez lui, sa première réaction fut d'inhaler une longue bouffée pour s'imprégner de la bonne odeur de pudding de sa mère. La femme rondouillarde transpirait la joie de vivre et l'énergie. Elle le serra dans ses bras, lui embrassa trois fois chaque joue et lui répéta à quel point il lui avait manqué. Comme cela pouvait être réciproque ! Anislas ne s'en rendait compte qu'à l'instant. Il adorait cett vieille maison anglaise, son chez-lui, et encore plus depuis qu'il n'avait plus vraiment de chez-lui à Londres.
Sa sœur, brune aux yeux clairs comme lui, arriva quelques minutes plus tard avec son nouveau petit-ami, un certain Jack Fergusson. Anislas l'apprécia tout de suite, ses parents aussi. Sa sœur s'empressa de rappeler qu'il était directeur d'un service de marketing d'une boîte de télécom. On pouvait tout de suite sentir sa fierté à sortir avec un homme au travail sûr et à responsabilité. L'homme se révélait poli, bien habillé, plein d'esprit, amusant. Il charma toute la famille. Anislas aima observer le visage rayonnant de sa sœur qui se comportait en véritable fan devant son idole, il se dit qu'elle avait eu de la chance de tomber sur un mec comme lui, elle petite vendeuse dans un magasin de parfum qui était toujours sortie avec des mecs aussi paumés qu'elle.
« Anou, comment ça va avec ton petit-ami ? » lui demanda sa mère de son ton banal habituel.
« C'est fini entre nous. » Répond naturellement Anislas. « Oh mais ne t'en fais pas, ça va bien. Je l'ai quitté en assez bon terme. On n'était juste pas faits pour être ensembles. »
« C'était ton photographe, non ? » Dit Jack.
Anislas s'embrunit. Il n'avait pas dit de qui il s'agissait à ses parents, juste à sa sœur. « Je travaille dans une agence, je n'ai pas qu'un photographe mais oui je posais parfois pour lui. »
« Ça ne va pas te poser des problèmes à ton travail ? »
« A part me faire draguer plus que d'habitude, non. » Devant le regard inquiet de sa mère, il ajouta : « Je plaisante. D'ailleurs j'ai posé pour la nouvelle collection de Riley Blake la semaine dernière. C'est sympa. Je n'ai pas encore le retour sur le shooting mais je devrais être sur l'affiche à Picadilly Circus. »
« C'est trop la classe, frangin ! »
Riley Blake était une nouvelle marque de vêtements qui prenait de l'essor.
« Enfin on verra. Tant que ce n'est pas fait… Puis de toute façon ce serait juste un bonus sympa, je ne compte pas en faire ma carrière. »
« Pourquoi pas ? » Demanda le petit-ami de sa sœur.
« Ça ne m'intéresse pas. Et puis si c'était vraiment fait pour moi je courrais déjà les podiums. Je ne suis pas assez dans leurs critères pour faire une grande carrière là-dedans. »
« C'es-à-dire ? » reprit l'homme. Ce questionnaire contraria le brun. Il sortit des banalités sur le milieu en espérant que cela suffirait à le justifier, Jack n'insista pas.
A la fin du dîner, frère et sœur s'occupèrent de la vaisselle dans la cuisine. Anislas complimenta sa sœur pour son choix de petit-ami.
« C'est gentil. » minauda-t-elle enjouée. « Oui, il est merveilleux ! J'ai tellement de chance. Je n'en reviens pas qu'il soit avec moi. Vraiment je ne le mérite pas. »
« Alerte rouge ! Alerte rouge ! Tu t'anislalises ! C'est moi qui sors ce genre de discours stupide tu te rappelles. »
« Ah ah ! Mais je te rassure : tu ne le mérites pas non plus. Alors pas touche, Moustique ! »
« Parce qu'il serait intéressé ? » Plaisanta-t-il.
« Même pas en rêve. »
ooOoo
Zita frappa la toile à terre avec un torchon mouillé de peinture. Cole se recula d'un bond, peine perdue il était déjà recouvert de taches colorées jusqu'au genou.
« Qu'est-ce que tu as à battre cette toile comme ça ? Je vais appeler la police tu sais. »
« Elle aime ça. » Répondit Zita d'un ton morgue tout en tapant le torchon à nouveau.
« Des fois que tu ais des doute, sache que personnellement je n'apprécierai pas ce traitement. »
« Zut alors. Il va falloir que je prévoie autre chose pour ce week-end. »
Cole lui tira la langue. Elle fouetta l'air en sa direction. Le brun se retrouva aspergé de peinture de la tête aux pieds.
« ah nooooon ! Zita ! Sérieusement ?! »
Elle éclata de rire joyeusement.
« Ce n'est pas drôle. Pitié, dis-moi que ce n'est pas de l'acrylique. »
« Je ne te le dirai pas. »
Il se colla à elle et la serra dans ses bras. Loin d'être gênée par la peinture, elle se blottit contre lui et l'embrassa. Cole ressentit un immense bien–être. Ils s'allongèrent au sol à côté de l'œuvre et s'embrassèrent tendrement.
Cole allait défaire le bleu de travail de Zita mais celle-ci lui prit la main avec un air gêné.
« Ca ne va pas ? »
« Non. C'est juste que… Lili est venue me parler tout à l'heure. Je voulais qu'on en discute aujourd'hui mais je ne savais pas trop quoi te dire. »
Cole se rembrunit immédiatement.
« Elle m'a demandé de te 'laisser la voir'. Franchement ça ne me plait pas de passer pour la méchante de service qui t'empêche de voir ton amie. »
« Je ne lui ai JAMAIS dit que tu m'empêchais de la voir. »
« Mais c'est ce qu'elle pense. »
« On s'en fout de ce qu'elle pense ! »
« Pas moi. Enfin si, je m'en fous d'elle mais je ne veux pas que toi tu penses que tu ne peux pas la voir par ma faute. Si tu veux lui parler, tu peux. C'est ton amie après tout. »
« Lili et moi ne sommes plus vraiment amis. »
« Tu n'es plus amis avec Lili ni avec Zephyr. On ne fréquente que mes amis et encore à peine. Tu sais, j'aime vraiment le temps passé ensembles mais je pense que ce n'est pas sains d'être juste tous les deux. Il ne faudrait pas qu'on y perde nos amitiés. Et ça me coûte vraiment de te dire ça car oui je suis folle de jalousie de cette fille ! »
Cole eut un fin sourire satisfait. Il embrassa Zita et lui promit d'arranger la situation avec Lili.
« Et quant à Zephyr on est toujours amis, c'est juste qu'il a besoin de distance en ce moment. Il ne va pas bien. »
« Mais ce n'est pas ton meilleur-ami ? »
« Si. »
« Alors s'il ne va pas bien c'est à toi d'aller vers lui. »
« Il me rejette. »
« Essaie plus fort. »
« … »
ooOoo
Zephyr écouta pour la troisième fois la chanson de July à la radio dans sa chambre. En moins d'un mois, elle avait enregistré la chanson et tourné le clip. Il fallait dire qu'ils étaient en mai et la chanson surfait sur l'été. Un rythme dance avec des ondulations de sa voix puissante aux accents pop. Les paroles étaient mauvaises à pleurer, à coup de « je t'aime si fort, tu es l'homme que j'attendais »…
Quand il pensait qu'il ne se l'était même pas faite… Quel con mais quel con ! Puis là ce n'était même plus la peine d'y soger. Depuis qu'il n'était pas venu à son audition elle ne lui avait plus donné signe de vie.
« Zephyr ! Tu descends ? Tout le monde est déjà là. On va commencer à goûter. »
« Oui oui j'arrive. »
Le pâtissier et son équipe avaient ramené des échantillons du gâteau chez eux pour choisir celui du mariage. Son père et Virginia avait fixé la date au 15 juillet, dans deux mois.
Il eut un haut-le-cœur et la furieuse envie de se tirer une ligne. Il prit son carnet que le docteur Russell lui avait donné. Il y nota la date et l'heure, l'intensité, ce qui la provoquait et comment il se sentait. Bizarrement le simple fait de le noter fit passer la crise. Comme à chaque fois il se demanda ce qu'il noterait si son père provoquait son désir de se droguer à nouveau… Il chassa cette pensée. Après un passage rapide dans la salle de bain pour se remettre à son avantage il se présenta dans la salle à manger une expression radieuse aux lèvres. Il goûta chaque part avec un appétit non simulé. L'arrêt de la drogue l'affamait. Ça faisait moins de deux semaines et il avait pourtant déjà repris trois kilos.
Lorsque leur choix fut arrêté, l'équipe repartit. Son père emmena Zephyr dans son bureau. Il le mit au courant de l'avancée des projets principaux de l'entreprise, le questionna sur les choix qu'il ferait à sa place. Zephyr en maîtrisait toutes les ficelles, entraîné à prendre la suite de son père depuis sa naissance.
« Je suis très heureux de te voir en meilleure forme, Zephyr. »
« Merci, père. »
« Je sais que tu vas y arriver. Tu es un battant. Tu as ça dans le sang. Mon dieu, il reste tellement de préparatifs pour le mariage. Quelle plaie… Virginia veut que je valide tout. Explique-moi pourquoi je paie une organisatrice ? Ces bonnes femmes… »
« Je suppose qu'elle veut que ce soit le plus beau jour de votre vie. »
Son père le scruta un instant, amusé par sa réflexion. « Ca le sera. »
ooOoo
Anislas retourna chez Foley récupérer ses dernières affaires. Un de ces amis avec une voiture lui avait proposé de les ramener chez ses parents avec lui. Ça l'arrangeait. Anislas n'aimait pas que ça continue à traîner chez son ex.
Quand il rentra chez l'homme, ses affaires se trouvaient déjà rangées dans des cartons sur la table de la cuisine. Foley lui avait ouvert la porte sans un mot et s'était installé devant son ordinateur. Anislas était surpris Foley ne semblait pas affecté avant par leur séparation.
Sur la table il remarqua alors des photos de lui éparpillées. Il y était nu. Sur certaines en plein acte, entrain de jouir. Il se sentit mal.
« Je me disais que tu voudrais toutes les récupérer. » Lança-t-il sans bouger du clavier.
« Tu les as effacées de ton ordinateur ? »
« Oui. »
« Pourquoi tu les as mises là ? »
« Je me suis dit que ça pourrait te plaire de les avoir. Comme souvenir. »
Anislas ne répondit rien. Il ne voulait pas se disputer avec Foley. Pas maintenant alors qu'il se sentait si mal à l'aise.
« Très jolies les photos du shooting Riley Blake. »
« Tu les as vues ? »
« Frank est un ami. »
Frank était le photographe du shooting. Anislas ne comprenait pas où il voulait en venir et ça ne l'intéressait pas. Il resta un long moment devant les photos sans les regarder à hésiter quoi en faire, il décida finalement de les prendre, ne voulant pas les laisser à Foley. Il fit ensuite plusieurs allers-retours pour remplir la voiture au pied de l'immeuble dans un silence de mort.
« Bon, je pense que j'ai tout… » dit-il à Foley toujours plus mal à l'aise.
« … »
« Tu sais très bien que ça n'aurait jamais marché entre nous sur la durée. »
« Oliver m'a tout raconté. » révéla-t-il.
Anislas se décomposa sur place.
« Je ne t'ai pas dit que c'était lui car ça aurait pu être n'importe qui. »
« Mais ça a été lui. Très doué pour retourner un hétéro, Anislas. Et quand je pense que tu joues les petites saintes-nitouche… Tu me dégoûtes. »
« Au revoir, Foley. »
ooOoo
Alix avait passé le week-end avec sa famille dans une ambiance asphyxiante. Ni lui ni son père n'osaient se regarder. Le mépris de l'homme transpirait à travers chacun de ses gestes, chacune de ses paroles les plus anodines. Les efforts de la mère d'Alix pour apaiser la situation n'en était que plus pénible pour le blondinet. Il fut soulagé quand le taxi le ramena à l'école le lundi matin.
Leo l'accueillit dans ses bras avec un baiser dans son dortoir. A chaque moment où il avait pu s'isoler, Alix avait harcelé le brun de messages et d'appels.
« Ça va mieux ? » Lui demanda Leo tout en lui caressant ses cheveux bouclés délicieusement emmêlés.
« … » Il souffla dans le vide. « J'ai envie de tuer Evan. »
« Je te comprends. Mais de toute manière ton père aurait fini par le savoir d'une manière ou d'une autre. »
« T'as pas vu comment il était… Je n'ai jamais eu aussi honte. »
« T'as aucune raison d'avoir honte. »
Alix enlaça le cou de Leo, déprimé. Frederico et Kyle lui firent une petite tape dans le dos et les laissèrent pour plus d'intimité. Cole qui n'avait pas suivi l'affaire fut assez surpris. Il suivit le mouvement et sortit.
ooOoo
Cole rappela pour la cinquième fois Zephyr, sans résultat. Il allait abandonner puis tenta en dernier recours d'envoyer comme message 'Zef, j'ai besoin d'aide, je crois que je fais une connerie.'
Zephyr l'appela aussitôt. Ça lui fit du bien de voir que tout de même Zephyr tenait à lui.
« Qu'est-ce qui se passe ? » Interrogea le blond.
« Moi aussi je suis content de te parler. » Répondit le brun plein de sarcasmes.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu vas bien ? »
« Oui. Je voulais te parler. »
« Tu te fous de moi là ? Je suis entrain de baiser. Va te faire foutre ! »
Il lui raccrocha au nez. Bon, à sa voix il semblait aller bien.
ooOoo
Zephyr observa de loin July dans la cour de récréation entourée de groupies qui lui demandaient des dédicaces. Il avait envie de vomir.
Le soir il rejoignit des amis dans un bar dont Prisca. Ils en vinrent à parler de July. Elle n'en revenait pas qu'il soit toujours bloquée sur elle.
« T'es amoureux ou quoi ? »
« Je la veux. »
« T'as qu'à lui demander. »
« C'est pas aussi simple. »
« Bien sûr que si. Je lui ai demandé, elle a été adorable. Elle est trop mignonne et a une belle chatte à lécher. »
Zephyr ne la croyait pas. Prisca lui montra une vidéo prise sur son portable où la jeune femme léchait les tétons de Prisca pendant qu'elle se faisait prendre par Nathanaël et branlait la queue d'Alex.
« Je veux à tout prix être là la prochaine fois. Tu m'entends ? Je la veux. »
ooOoo
La tête immergée, le blond hurla à plein poumon. Des milliers de grosses bulles emprisonnèrent sa rage , râpèrent son visage et se dispersèrent dans l'air en une pollution sonore à peine audible. L'homme sortit sa tête de l'eau de la piscine, ses larmes mélangées à l'eau chlorée. Il plongea à nouveau sa tête et cria encore plus fort. Son estomac se tordait dans une douleur ingérable. Il aurait pu se poignarder l'abdomen juste pour cesser de ressentir cette torture. Un haut-le-cœur. Il se dépêcha de se relever, courut sur le carrelage glacée jusqu'à la poubelle et vomit à plusieurs reprises. Il regrettait son repas gras pris au diner. Il se rinça la bouche d'eau de la piscine puis se décida à partir. Ca ne serait pas cette nuit qu'il parviendrait à se remettre à la nage comme il l'avait espéré. Quand il se rhabilla dans le vestiaire il crût voir une ombre passée derrière lui, il se retourna poing levé. Rien. Il cligna des yeux et le visage de l'homme réapparut aussi net que la première fois dans sa tête. Il sursauta, se plaqua le dos contre le mur, effrayé.
Quand il parvint enfin à se calmer, il se hâta de se rhabiller. Il jeta un coup d'œil sur son portable : Cole lui avait encore une fois laissé un message. N'abandonnerait-il jamais ?
Une soudaine envie le submergea à nouveau. Il serra ses poings à s'en faire mal. Il désirait plus que tout une dose, ou taper dans n'importe quoi. Après une lutte acharnée entre son corps et son esprit, il se décida à se rendre au club de boxe.
Quand il poussa la grande porte de la salle de sport, il avait déjà remarqué la lumière en-dessous. Il fut soulagé d'y trouver son entraîneur, Veron. L'homme tapait dans le punching-ball avec vitesse et précision.
« Viens. » dit-il à Zephyr sans le regarder.
Le blond se rapprocha. Il l'observa, admirant sa technique, un peu excité aussi il se l'avouait.
« Un autre animal nocturne ? » lui lança l'entraîneur.
« Oui. »
Zephyr se mit en tenue puis revint. L'homme le plaça devant le punching-ball au même endroit où il se tenait quelques secondes auparavant. Il lui réexpliqua comment bien se tenir et frapper efficacement. Dès qu'il lui donna la permission de frapper Zephyr se défoula de toutes ses forces sur l'objet. Il oublia bien vite les consignes, cogna avec une rage palpable sans tenir compte de sa propre douleur à ses jointures et son ventre. Veron le laissa faire sans commentaires. Quand Zephyr s'arrêta enfin, il haletait, le front légèrement en sueur.
« Ca fait du bien ? »
Le jeune homme acquiesça. « Vous venez souvent ici la nuit ? » questionna-t-il.
« Parfois. Je me fais vieux. Entre nous je deviens moins doué que certains élèves, je préfère me maintenir en forme hors de leur vue. Et toi tu viens souvent ? »
« Vous ne me croiriez pas si je disais que c'est la première fois. »
« Comment se passe ta cure ? »
« Ca va. » répondit Zephyr machinalement. Il baissa les yeux, un peu honteux de lui-même. « C'est dur. C'est foutrement dur… »
Il frappa à nouveau, le visage déformé par la rage et la peine. Sa respiration saccadée se fit plus lourde, il commença à crier, d'abord un petit cri pour se donner de la force, qui se transforma bien vite en hurlements remplis de sanglots. Il se laissa tomber à terre sur ses genoux, les joues striées de larmes. Veron s'assit à côté de lui.
« Dis-moi ce qui va pas. »
Zephyr refusa de la tête tout en s'épongeant le visage avec son bras.
« Tu penses à qui quand tu frappes là-dedans ? »
« … A moi… »
« Ok. Imaginons que c'est toi là à la place du punching-ball. T'aimerais lui dire quoi à ce gars ? Tu le regardes et tu lui parles, tu lui dis ce que t'as sur le cœur. »
Zephyr se recroquevilla sur lui-même, les jambes jointes contre son ventre, sa tête plongée dans ses genoux et ses bras cachant ses yeux, il sanglota de plus belle complètement submergé par l'émotion. Les tapes dans le dos de l'entraîneur n'y changèrent rien.
Après une longue crise, il reprit enfin un peu ses esprits. Il se releva, essoufflé, retira les gants et protections.
« Tu veux lui dire quoi, Zephyr ? »
« Rien. » souffla-t-il. « Je ne devrais pas être ici. Bonne nuit. »
ooOoo
Fin du chapitre.
Merci de mettre une review, ça ne prend pas beaucoup de temps et ça m'aide à avancer.