Bonjour,
Merci à FallPenni et à ma chère H-H. Voici un chapitre un peu court (huit pages word quand même) surtout centré sur Anislas et Zephyr. Oui, Zephyr remonte doucement mais cela prendra du temps, le pauvre chéri a beaucoup de cicatrices encore bien ouvertes (comment ça c'est un connard sans cœur ? oui bon un peu).
Chapitre 15 :
« Je peux aller chez toi ce week-end ? » supplia le blond les cheveux hirsutes volant en tout sens. Sa moue boudeuse ravit son petit-ami qui refusa de la tête.
« Tu ne pourras pas éviter ton père toute ta vie. »
« Je déteste le décevoir. Ce regard de dégoût qu'il me lance aux rares moments où il a posé ses yeux sur moi, je ne le supporte pas. » chouina-t-il. « Il ne me parle plus du tout. C'est devenu asphyxiant à la maison. »
Leo lui prit la main dans la sienne. Il ne savait pas quoi dire ou faire pour le sortir de sa déprime. Ils restèrent assis là dans un coin de la cour de récréation, silencieux.
ooOoo
Le Club des Jeunes Filles Vertueuses comptaient une quinzaine de membres actives, petite fourmilière dont Blanche tenait la place de reine avec une volonté de fer. Elle ne tolérait aucun écart et s'activait à la tache comme dix. Les combats du moment du club consistaient à récolter de l'argent pour l'éducation des filles dans plusieurs pays défavorisés et maintenir la décence pour le bal de fin d'année qui se tiendrait dans moins d'un mois à Williamson. Blanche harcelait comme chaque année le directeur pour que leur club se charge des entrées dans la salle des fêtes. Avant le bal, une série de spectacles mettraient l'établissement à l'honneur. Anislas se rappela avec une certaine nostalgie des cours de piano qu'il avait donné à Zephyr deux ans plus tôt pour cette occasion, le début de leur relation non amoureuse. Il n'aurait su dire si la nostalgie l'emportait sur l'amertume quand il repensait à cette époque. Blanche l'accosta dans la salle de repos alors qu'il buvait un chocolat chaud en regardant vaguement la télévision, pris dans ses pensées de révisions intensives. Sa tête ressemblait alors à une passoire et il mit un long moment à comprendre où la fille voulait en venir.
« Tu vas aller au bal oui ou non ? » s'énerva la blonde les doigts serrés dans ses hanches.
« Peut-être, je n'y ai pas vraiment réfléchi… »
« Tu ne comptes quand même pas emmener ton photographe à Williamson ? Un homme et âgé de surcroît, ce n'est pas la foire ici ! » cracha-t-elle de tout son mépris.
« Je ne suis plus avec Foley. »
« A la bonne heure ! Je ne dirai pas que je te l'avais dit, après tout, tout le monde te l'avait dit. C'était certain. Je ne comprends même pas que tu… enfin bon tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Et pitié ne me dis pas que tu revois Barrow c'était trop pathétique. »
Anislas s'abaissa la tête plongée dans son chocolat. A cette vision, Blanche roula les yeux et soupira dans un très long souffle à la teneur mélodramatique.
« Ani, Ani, Ani… Non vraiment là j'abandonne. »
« Tu sais très bien que je ne suis pas une 'jeune fille vertueuse', Blanche. Tu veux attendre l'homme bien sous tout rapport pour un mariage bien sous tout rapport, je peux le comprendre. Ce n'est pas ce que je recherche. »
« Et qu'est-ce que tu recherches avec Barrow ? »
« Du plaisir. Simplement du plaisir pour combler l'ennui de temps en temps. » dit-il les joues rosies.
« Il va encore te briser le cœur. »
« Non, je ne ressens plus rien de cette sorte pour lui. »
« Si tu le dis. C'est encore plus triste. Au moins tu seras parti de Williamson dans un mois, peut-être que tu ne te seras pas rattaché à lui d'ici là. Bon, revenons-en à nos moutons. Vas-tu au bal et avec qui ? »
« Peut-être et je ne sais pas avec qui. Je ne suis pas d'humeur, Blanche, dis-moi le fond de ta pensée. » lança-t-il de plus en plus agacé par la jeune fille.
Celle-ci se laissa tomber à côté de lui dans le canapé. Anislas sursauta et manqua de faire tomber du chocolat sur son pantalon. Elle reprit d'une voix qu'elle imaginait douce mais qui parvenait à l'oreille comme le chuchotement acéré d'un serpent :
« Anislas, ceci est un bal officiel. De nombreux parents seront présents, des gens importants. Cette journée est consacrée à montrer ce que Williamson fait de mieux, ce que l'établissement représente. De la majesté, de la grandeur, de la tradition. Tu comprends bien que si tu venais avec quelqu'un comme toi cela serait un véritable affront pour certains, ça ne serait pas bon pour l'image de Williamson. Ce serait un mauvais moment pour tout le monde. »
« Je vois… … Tu comptes tenir ce même discours à tous les gays de Williamson ? »
« Oh non, la majorité ont bien conscience des convenances. Je préférais t'avertir car j'ai l'impression que tu ne te rends pas vraiment compte que ton état est un problème. N'y vois rien d'insultant, c'est un fait c'est tout, et tu es bourré de qualités à côté mais aussi tellement naïf sur des points du monde… Il fallait que quelqu'un te le dise, et les autres n'osent pas, ils ont peur de passer pour homophobe, de te vexer, mais voilà je préfère te vexer maintenant plutôt que tu te retrouves en très mauvaise posture ce jour-là, je te dis ça pour ton bien, Ani. J'espère que tu le comprends. »
« Ne t'en fais pas, Blanche. J'avais déjà bien compris que Williamson regorgeait d'homophobes hypocrites et je n'avais pas l'intention de gâcher votre sauterie avec la vision répugnante de deux hommes ensembles. » répondit-il sarcastique.
La jeune fille lui tapota le dos et lui dit : « Tu peux très bien venir avec une fille ! Bon, je suis contente que nous nous soyons compris. Je te dis à plus tard, Ani. Passe une bonne soirée et bonne chance pour tes prochains examens ! »
Elle s'en alla le cœur léger de petits pas vagabonds. De son coté, Anislas fulminait de rage. Il se demandait bien comment il avait pu un jour être ami avec cette fille, il fallait vraiment qu'il ait eu une bien piètre opinion de lui-même pour accepter ses critiques aussi longtemps. Il savourait là une autre raison de joie à l'idée de quitter Williamson pour de bon dans moins d'un mois.
Il finit d'un trait sa boisson puis se dirigea vers la salle de révision, il préférait largement réviser ici que dans l'auberge de jeunesse. Alors qu'il parvenait au couloir de la dite salle, il remarqua une figure blonde accoudé devant la porte. Il s'approcha, un peu méfiant au souvenir du coup que lui avait infligé le jeune lord en le poussant à leur dernière rencontre charnelle.
« Hello Ani, comment se passent tes exams ? »
« Ca va pas trop mal. Plus que trois jours et je pourrai enfin me reposer. »
« Tu as prévu quoi de beau pour fêter l'événement ? »
« Rien de spécial. Dormir douze heures d'affilée ! » plaisanta-t-il.
« Hors de question. Réfléchis à ce qui te ferait plaisir. Un mot et j'exauce ton vœu, n'hésite pas à tenter l'impossible, j'adore les défis. »
Anislas hocha la tête, agréablement surpris par la proposition de Zephyr. Il aimait à penser qu'il voulait lui offrir un cadeau d'au revoir pour son départ prochain du collège. La scène précédente avec Blanche lui revint, avec son odeur répugnante de rancœur . Poussé par l'envie d'aller contre la fille et le désir de décompresser de ses révisions, il se colla contre le blond et lui chuchota à l'oreille qu'il mourrait d'envie de lui dès maintenant. Il n'en fallut pas plus pour qu'il se retrouve plaqué au mur et embrassé avec intensité.
ooOoo
Cole eut l'agréable surprise de retrouver les bouteilles de bières dans leur cachette. Personne n'avait rien déplacé depuis. Basile toujours fidèle à son poste surveillait d'un œil vide de son squelette les papillons chloroformés épinglés aux murs de la salle de sciences de Madame Hooper. La pleine lune éclairait la pièce de son aura envoûtante. L'idée saugrenue d'emmener Zita un jour ici lui traversa l'esprit, idée qu'il chassa aussitôt. Il n'avait pas du tout envie de se rappeler de toutes les confidences sordides de Zephyr alors qu'il serait avec sa petite-amie. Il consulta à nouveau son portable : non il ne s'agissait pas d'une hallucination de son esprit, son ami avait bien marqué qu'il viendrait ce soir. Il s'assit à même le sol à côté de leur cachette, en sortit deux bières, ouvrit la sienne et commença à la boire. Il avait dans l'idée qu'il lui faudrait un niveau suffisamment élevé d'ébriété pour supporter les secrets du blond.
Celui-ci poussa la porte. Il resta un moment devant sans rentrer et Cole se demanda s'il n'allait pas s'enfuir. Leurs regards se jaugèrent. Cole lui tendit sa bouteille, Zephyr le rejoignit.
Ils burent de longues minutes en silence.
Ce fut Zephyr qui le rompit. Cole attendait qu'il s'en sente prêt.
« Putain, ce lieu m'avait manqué. »
« Et pas moi ? » lança Cole d'un air faussement attristé.
« Si. Désolé, j'ai pas assuré comme frère ces derniers temps… » Il s'enferma un instant dans ses pensées, le regard bloqué sur sa bouteille. « Ca se passe bien avec ta copine ? »
« Oui, ça va. »
« Vous couchez vraiment ensembles ? » demanda le blond très amusé.
« J'étais sûr que tu mettrais pas une minute à parler de ça ! » le réprimanda faussement Cole.
« Et j'étais sûr que tu tenterais de détourner le sujet ! T'es si mauvais que ça au lit ? »
« T'as rien de mieux pour me pousser à la confidence ? Disons que je te raconte, et on est ici je te rappelle donc ça reste entre nous, tu ne dis pas à Zita que je t'en ai parlé elle le prendrait mal. Donc je te raconte, et toi tu me dis ce qui va pas, ce qui s'est passé. »
« Je ne trouve pas ce troc très équitable… »
« On parle de ma virginité quand même ! Dis-moi ce qui s'est passé, Zephyr. J'ai eu peur pour toi, j'ai peur pour toi. Dis-moi ce qui t'ait arrivé. »
La bouteille de Zephyr trembla dans sa main. Il la posa à terre pour cacher son état.
« J'ai peur de… de te le dire. Je vais le faire, j'ai pas le choix, c'est entrain de me rendre complètement fou. J'ai crû qu'en arrêtant la drogue ça irait mieux, c'est encore pire, ça tourne et tourne et tourne dans ma tête, Cole… J'ai peur de… moi-même. J'ai peur de te perdre… » Les larmes coulaient le long de ses joues. « J'ai peur de le raconter à n'importe qui, à la psy du centre de désintox, à ce foutu entraineur de boxe, à Light. J'ai l'impression que les gens le voient, que c'est gravé sur mon front… »
« Que les gens voient quoi ? »
Zephyr grelotta. Cole ne l'avait pas vu dans un état pareil depuis les premières fois où ils s'étaient retrouvés dans cette pièce. Le blond se prit une autre bouteille qu'il but d'un trait. Les yeux fermés il chercha à retrouver son calme.
« On pourrait commencer par toi, Cole. J'ai besoin d'encore un peu de courage dans mes veines. On n'avait pas une bouteille de scotch ou de vodka là-dedans ? »
« Tu l'as balancé dans l'évier, tu te souviens ? »
« Quel con ! J'espère que s'il restait de la coke tu l'as viré, sinon je te préviens direct je me jette dessus. »
« Y en a pas. » mentit-il. « Ca a un rapport avec ton père ? »
« Ah, toujours aussi bon pour détourner l'attention de toi, vieux frère. Non, tu n'y couperas pas. Je veux tout savoir. »
« Ok. On est allés à l'hôtel dans une belle suite. Je voulais qu'on soit tranquilles, sans crainte de se faire surprendre ou un truc du genre, sinon ça m'aurait bloqué tu me connais. Rien que de se tenir devant la réceptionniste je ne savais plus où me cacher, Zita aussi n'en menait pas large pour une fois, mais la réceptionniste est restée pro. On a découvert la chambre. C'était beau, plein d'aquariums avec des lumières douces. Zita était merveilleuse, si belle, comme un soleil. J'avais peur qu'elle se moque de moi, qu'elle m'engueule à cause de mon inexpérience même si elle n'en a pas beaucoup mais au contraire son sourire me rassurait. Je suis vraiment heureux que ça ait été avec elle. Bon, du point de vue du physique pur ça n'a pas été la meilleure fois, c'est sûr, depuis on a connu bien mieux, mais c'était quand même… merveilleux. »
Zephyr ravala un commentaire sarcastique. Il était heureux pour son ami et voulait qu'il garde ce beau souvenir intact.
« Je sais, je ne rentre pas dans les détails. Je passe mon temps à lire et pourtant je suis incapable de faire une description, ça me parait si… déplacé, et je n'arriverais pas à te retranscrire fidèlement, mes mots sont trop fades. »
« Garde tes détails pour toi, Cole. Les mots ne libèrent que ceux qui les prononcent. Je suis content pour toi, vraiment. »
« Merci. »
Les deux jeunes hommes burent une nouvelle bouteille. L'alcool montait déjà à la tête de Cole qui avait perdu l'habitude de boire autant en si peu de temps. Il s'avachit contre le bureau, cligna longuement des yeux. Zephyr l'observa, amusé. Alors que Cole chercha s'il restait des gâteaux dans l'espoir de dessaouler un peu, Zephyr se décida à prendre la parole.
« J'aimerais pour ma part ne pas rentrer dans les détails, j'en suis incapable. Ces détails me brûlent la rétine, ils me reviennent sans cesse en flash. J'ai besoin de les exprimer pour les sortir de là. J'ai accompagné mon père à l'une de ses réunions à la milice, un groupe armé qui fait un travail d'espionnage industriel et d'intimidation. La réunion se déroulait aussi ennuyeuse qu'à l'accoutumée, les mêmes problèmes qui se répétaient, quand un homme qui avait de toute évidence été battu a été porté à l'intérieur de la pièce, maintenu à genou par deux militaires. C'était un traitre. Le chef de la milice a sorti un pistolet et l'a pointé sur l'homme. Mon père l'a arrêté. Il lui a demandé que… »
Zephyr baissa les yeux, son discours si bien répété se refusait à sortir de sa bouche. Il inspira, secoua sa tête. Il reprit d'une voix bien plus basse et parfois bafouillant.
« Il… a demandé que ce soit moi qui le fasse… (il porta un long silence) Il y a des secondes si longues et si courtes à la fois. Tout me parait irréel à partir de là, comme dans un rêve. Les échanges de paroles entre le chef et mon père ne me reviennent pas, on dirait un bourdonnement au loin, par contre j'entends très bien à cet instant la respiration saccadé de l'homme maintenu le torse penché vers le sol, la goutte de sueur qui tombe dans un grand plouf, s'étale sur le carrelage blanc tâché de mille couleurs éparses pour mieux dissimuler la poussière. Le froissement de sa chemise alors qu'il tente vainement de se dépêtrer de la prise. Le pistolet se retrouve devant moi, au niveau de mon ventre, tendu vers moi et cette voix qui me dit « Tiens, fiston. Fais attention, j'ai retiré le cran de sécurité. » Je le prends, je retrouve tout de suite la position de maintien, vieux souvenir de cours de tirs quand j'étais enfant, son poids me parait plus léger qu'à l'époque. Je le tends vers l'homme soudainement masse informe devant moi, je n'arrive pas à savoir si c'est car je plisse les yeux ou si je suis pris de vertige. Je n'ai pas le temps de me poser d'avantage la question. « Tire » dit-il. Je m'exécute. Drôle de phrase je m'en rends compte en la disant car non ce n'est pas moi que j'ai exécuté, c'est ce pauvre homme devant, je ne lui ai même pas laissé le temps de supplier. J'ai tiré comme ça, sans pensée, sans rien. Je suis un monstre, Cole. Je n'ai même pas cherché à refuser, à discuter, ne pas prendre l'arme, ne pas tirer, plaider sa défense. Rien du tout. Je lui ai explosé le crâne d'un coup sec, immédiat. Sa boîte crânienne s'est soulevée du sang et de la cervelle se sont répandus sur deux bons mètres de long. L'odeur de cervelle grillée est abominable, elle empestait encore bien après qu'ils aient trainé le corps, je la sens encore comme si elle s'était imprégnée dans mes narines. Je n'ai pas cillé, pas pleuré, pas du tout réagi. J'essaie de me convaincre que c'est la drogue qui m'a tout inhibé ce jour-là mais à qui je veux faire croire ça ? Je suis horrible… Ca a été si… facile, tellement facile, mon dieu, je ne peux pas le croire. Je n'arrête pas de revoir cette tête trouée, elle me hante, je me repasse la scène encore et encore et je me rends compte de tout ce que j'aurais pu faire à la place et que je n'ai pas fait, je m'en veux, j'aurais dû me tuer moi, le tuer lui, résister… Je ne suis plus un être humain… »
Cole resta prostré à côté de lui. Il n'avait pas imaginé cela possible. Il restait choqué, incapable de sortir le moindre mot de sa bouche, il avait peur de ce qu'il pourrait dire à Zephyr car lui-même ne comprenait pas qu'il ait pu faire ça sans réagir, sans rien tenter.
Après un long moment de recherche de mots de réconfort, il murmura à Zephyr tout aussi atone :
« Dans tous les cas cet homme serait mort, ils l'auraient tué. »
« Je m'en veux, Cole… »
« Tu lui as évité des minutes d'angoisse. Et je suis sûr que tu étais complètement stone, tu dis toi-même que tu ne voyais même plus ses formes, tu n'analysais rien. »
« Ton père était complètement ivre la plupart du temps quand il te battait. Ca n'excuse rien. »
« Ca n'a rien à voir. Même bourré il savait ce qu'il faisait, il se défoulait. Tu… »
« Je ne me cherche pas d'excuses, Cole. Je sais que ça part d'un bon sentiment mais arrête. Ca ne me soulage pas du tout. J'ai… J'avais besoin de le dire et déjà maintenant je me sens mieux. Bien sûr pas au point de me le pardonner mais ça fait quand même du bien de l'avoir dit. »
« Ton père a aussi sa part de responsabilité. »
« Oui et lui il dort comme un bébé. »
ooOoo
Anislas étouffa son gémissement dans la bouche de Zephyr. Le jeune lord le prenait avec force dans les toilettes d'une boite de nuit. L'endroit inconfortable au néon clignotant pouvait se vanter de l'exciter au possible. Alors qu'il montait dans le plaisir, son téléphone sonna. Il hésita à répondre mais n'en eut de toute façon pas l'occasion, plaqué toujours plus fort entre le mur et le corps brulant de son amant.
Quelques minutes plus tard, après une jouissance quelque peu décevante qu'il mettait sur le compte de l'alcool, et un nettoyage sommaire dans le lavabo, Anislas se rappela du coup de fil. Il prit son téléphone, regarda le contact ayant appelé : sa sœur. Ses sourcils se froncèrent, dubitatif. Ce n'était pas dans les habitudes de sa sœur de l'appeler et encore moins au milieu de la nuit. Personne autour de lui, Zephyr avait rejoint la piste sans un au revoir à son attention, il se décida à rappeler. Plusieurs sonneries plus tard, Anislas entendit avec difficulté la voix basse de sa sœur étouffée par la musique du club.
« Salut. Tu as essayé de m'appeler ? » cria le brun au téléphone sans s'en rendre compte.
« Non, mon téléphone t'a appelé tout seul, tu sais tu es le premier numéro sur la liste. Parle moins fort s'il te plait. »
En effet, son prénom commençant par un A, il arrivait au garçon que des gens l'appelle par erreur en n'ayant pas bloqué leur téléphone. L'explication logique ne parvint pourtant pas à le convaincre totalement. Il n'aurait su se l'expliquer, peut-être le ton de sa sœur qui lui parvenait à peine, en tout cas son cœur battait à un rythme anormal.
« Tu vas bien ? »
« Oui, je te laisse, il est tard, bonne nuit. » débita-t-elle puis elle raccrocha.
La scène laissa Anislas très perplexe. Il se reprit, il avait dû la réveiller, la déranger, il était normal qu'elle n'ait pas envie de lui parler à une heure pareille.
Il rejoignit le groupe à une table dans une alcôve du club à l'étage VIP. Prisca, Nathanaël, Alex et July s'était ajouté à la bande déjà bien nombreuse. Zephyr se disputait avec Alex qui refusait de le laisser parler à July. La fille elle-même ne montrait aucun signe à vouloir parler au blond et appréciait le rôle de garde du corps de son petit-ami. Le jeune lord s'énervait de plus en plus. Des amis autour lui glissaient des réflexions, tentaient de le calmer, en vain. Le blond collait Alex à quelques centimètres, celui-ci le poussa en arrière au torse pour retrouver de la distance, Zephyr s'énerva alors. Zig le tira vers lui, ressentant que la situation allait déraper d'une seconde à l'autre.
« Calme-toi, Zef. On est là pour s'amuser. »
Le blond toujours furieux se leva et partit s'évaporer dans la foule de la piste de danse. Le groupe surpris caqueta un long moment à son sujet, on demanda à Anislas ce qui s'était passé, il haussa les épaules, répondit 'rien de particulier, il allait bien'. Lui aussi ne comprenait pas ce qui se passait. Une part de lui avait envie de rejoindre le blond pour le questionner et le réconforter, l'autre ne voulait surtout pas s'en mêler, il connaissait trop le caractère cruel d'un Zephyr en colère.
D'ailleurs les autres furent du même avis, personne ne bougea du canapé.
Anislas discuta avec une fille un bon moment. Celle-ci le draguait maladroitement avec des pointes d'humour malgré qu'il lui ait dit être gay. Il la laissait faire, il devinait qu'elle aimait cette séduction sans conséquence.
Zephyr revint, très éméché. Il déambula jusqu'à Alex, un large sourire sadique accroché aux lèvres. Difficilement debout, il lui clama fort :
« Excuse-moi Alex le preux chevalier de sa belle d'avoir eu l'outrecuidance de vouloir discuter avec cette jolie princesse ! Pardon, vraiment ! Tu as raison, si elle parlait avec un vrai homme elle se rendrait tout de suite compte quel imposteur tu es ! » Le dit Alex fut empêché de se lever par July et un ami qui lui dirent de ne pas faire attention à cet ivrogne. « Oh non, Alex, je ne voulais pas t'énerver, je voulais, je voulais quoi déjà ? Ah oui ! Je voulais sabrer le champagne de la paix avec toi. »
Le blond baissa d'un coup son pantalon et son caleçon et se mit à uriner sur le jeune homme en état de choc. Le groupe allait entre effarement et éclats de rire, hallucinés par la scène. Anislas n'en revenait pas.
« JE VAIS TE TUER ! » hurla Alex.
Il se jeta sur le blond qui le propulsa sur le côté d'un simple geste. Revenu bien vite à la charge, les deux hommes se bagarrèrent. Anislas assistait à la scène comme médusé. Deux vigiles vinrent les séparer et les firent sortir du club.
Les élèves et amis du blond riaient de plus bel, se moquaient allègrement. Le brun ne parvenait pas à rire, il avait trouvé la scène très choquante. Et au-delà du geste grossier écœurant il ressentait là un véritable désespoir de Zephyr. Il fut le seul à sortir dehors pour voir comment allaient les deux. Même July n'alla pas s'enquérir de l'état de son petit-ami.
Dehors les vigiles venaient tout juste de réussir à les séparer de nouveau. Un taxi se posta à leur hauteur, pas un ne voulait partir.
« Zef, tu m'accompagnes ? » proposa le brun avec peu d'espoir.
Le jeune lord le scruta, dans son état Anislas doutait même qu'il le reconnaisse. Mais le blond acquiesça. Il lui tendit la main qu'Anislas prit dans la sienne et ils montèrent tous les deux dans le taxi.
ooOoo
A suivre. J'aimerais beaucoup avoir votre avis sur ce chapitre très axé sur Ani et surtout sur Zephyr.