Bonjour à vous !

Bizarrement inspirée après des mois sans avoir publié sur fictionpress, je vous présente un petit yaoi sans prise de tête basé sur les diverses métaphores du papillon et sur un lycéen têtu et ayant parfois quelques comportements… particuliers…

Viendra peut-être plus tard quelques méchants souvenirs remonter à la surface pour le second protagoniste mais je ne suis pas encore certaine de la tournure que prendra leurs amours ! ^^

Je vous laisse donc découvrir ce premier chapitre en espérant que des retours positifs me reviendront :)


I

Le jour où j'ai attrapé un papillon

Il semblait comme prisonnier d'une cage de verre, encerclé par l'indifférence que je tentais de lui porter. Inlassablement, je le rejetais comme je le contraignais à me détester, jusqu'au jour où l'un de ses semblables se jeta, imperturbable, dans mes filets.

La fenêtre de ma chambre était restée ouverte tout un après-midi et quelle n'avait pas été ma surprise d'y voir voleter, autour du lit, un splendide papillon. Ses arabesques dans l'air formaient une danse envoûtante et, majestueusement, il y déployait ses magnifiques ailes brunâtres aux sombres nervures. Le Gazé paraissait rôder autour de moi comme lui habituellement le faisait, comme lui qui, obstinément, s'emprisonnait.

De peur qu'il ne s'échappât, je refermais aussitôt porte et fenêtre. Je pouvais faire semblant de ne rien ressentir pour lui mais, par dessus-tout, je souhaitais posséder celui qui lui ressemblait. Je voulais ce pervers papillon qui s'était immiscé là où jamais il n'aurait dû se trouver.

Comme lui.

Délaisse-moi.

.. o.O.o ..

En ce début de journée, la salle de classe vide me permit de sortir de mon sac le précieux cadre de verre que je détenais désormais. Les quelques rayons de soleil que les nuages filtraient se reflétaient joliment sur la paroi comme sur ce qui avait été capturé.

Un substitut.

De lui.

Je m'étais épris de l'éphémère beauté et ne pouvait dorénavant cesser de l'observer. Tandis que mon regard se réjouissait de ces quelques formes figées, l'éclat blanc de certaines écailles semblaient briller comme vibrer sous mon toucher. Irrémédiablement plongé dans la contemplation de mon fantasme mortuaire, je ne m'aperçus que l'on se trouvait face à moi que lorsque mon nom retentit dans la pièce :

« Seimei… »

De lui.

Se trouvait obstinément devant moi celui que je tentais d'éviter à chaque interclasse, chaque matin, chaque midi et chaque soir depuis bien le début du mois.

Son regard, témoin d'une habituelle attitude rieuse, vint se mêler au mien et je ne pus alors que rougir bêtement lorsqu'il m'offrit son large sourire matinal.

« Qu'est-ce que… un papillon ? »

Je sursautai à l'entente de ce mot dans sa bouche, m'évertuant déjà à ranger ce qui pour moi, le représentait lui et aurait dû lui être rester caché.

Seulement de lui.

Il vint bientôt à un nouveau sujet de conversation. Alors que je sentais son regard peser sur mon visage, il enchaîna aussitôt par un léger sourire et un quelconque blabla qui m'énerva bien plus qu'autre chose :

« Tu n'es pas venu en cours hier, n'est-ce pas ? Tu étais malade ? Donne-moi ton numéro de portable pour que, la prochaine fois, je puisse t'aider à rattraper le cours. Ah ! et aussi…

— Ne me parle pas », le coupai-je d'un ton sec.

Ne me parle pas de cela.

Parle-moi de toi.

De nous.

Comment pouvait-il ne pas comprendre que je n'avais absolument aucune envie de me lier à lui ?

Enchaîne-moi.

Je le vis, penaud, me sourire tristement avant de venir prendre place sur le siège qui se trouvait devant moi et de me tourner le dos jusqu'à l'arrivée des derniers élèves. Déjà, mon regard détaillait, comme à son habitude, le début de tatouage sur sa nuque et dont le reste m'étais caché par le col de son vêtement. Il m'avait fallut une semaine avant de comprendre que ces quelques traits fins qui timidement se développait sur sa nuque que j'imaginais douce et la couleur bleuâtre qui apparaissait parfois lorsque ses tee-shirts étaient tirés vers le bas par la façon dont il s'asseyait nonchalamment formaient une aile. Une aile qui depuis lors m'avait envoûté. Chaque matin lorsqu'il s'asseyait enfin et que je pouvais regarder ce qui me faisait m'impatienter durant la nuit, je morigénai le temps. L'hiver ne prendrait place que dans quelques mois donc les pull-overs n'étaient pas encore mon problème mais ce tardif été était en train de prendre fin et, comme il se rafraîchissait, ses vêtements ne faisaient pas assez déshabillé pour que j'eus l'opportunité d'en voir plus.

« Bonjour ! Prenez comme support les lettres dites ''du voyant'' et répondez aux questions de votre manuel. »

J'aurais tant aimé qu'il portât un marcel, qu'en cours de sport, il ne fit pas en sorte d'arriver le dernier pour se changer. Ou bien que l'audace me permette de l'espionner. J'aurais tant aimé lui avouer que son tatouage m'intéressait et ainsi, il me le montrerait. Même qu'il le dessine, qu'il me le décrive et me laisse imaginer si sa beauté égalait celle de celui à qui appartenait cette douce et enivrante peau. Mais j'étais un garçon, timide de surcroît et je croyais bêtement que seul un substitut sous forme animal satisferait cet amour à sens unique, cette « amourette ».

« Monsieur Clarski, lisez pour nous la première. »

Je sursautai en entendant son nom résonner à mon oreille et m'aperçus tout à coup que le cours avait commencé depuis dix bonnes minutes et que ma voisine, et soit dit en passant, ma cousine, avait remplie une demi page de cours de sa fine écriture.

Elle me rendit le sourire que je lui offrais et s'évertua par quelques signes corporels à m'expliquer où nous en étions. Dorénavant gêné de m'être si bêtement laissé emporter par mes frivoles pensées, je sortis mon exemplaire de Rimbaud de mon sac et vit qu'un dessin y était griffonné sur la couverture. Oui, mon obsession ne s'était pas arrêté à un simple manque d'écoute en cours et à la capture puis la mise en cadre d'un insecte. Divers supports papiers comme ma table s'étaient vus affublés de ces motifs d'ailes que j'imaginais dans le dos de cet agaçant moulin à parole et, quoique ait pu m'en apostropher ma cousine Ana, j'allais réellement et parfaitement bien.

Libère-moi.

.. o.O.o ..

« Mathieu est venu me voir à midi », sortit Ana entre deux conversations.

L'unique bonheur de ces semaines de cours était la certitude que chaque vendredi, nous finissions les cours à quatorze heures au lieu des dix-sept ou dix-huit habituels. Nous avions élus domicile sur les trottoirs entourant l'entrée de notre lycée, et profitions des quelques rayons du soleil en bavardant avec d'autres amis. J'avais cette fois-ci fait en sorte de nous faire asseoir de façon à ce qu'il se trouve dans mon champ de vision, assis sur le trottoir juste en face et qu'une de mes connaissances assise face à moi me permettait d'épier sans être vu.

Je me tournai vers Ana, agacé.

« Pourquoi me parles-tu de lui ? » m'emportai-je alors que mes yeux le quittait quelques instants.

« Toujours aussi aimable lorsque nous abordons ce sujet » railla-t-elle. Et plus fort : « il m'a demandé s'il avait fait quelque chose de mal pour que tu l'évites ainsi. »

Il s'en était donc aperçu…

« Le simple fait qu'il existe est quelque chose de mal. » soufflai-je entre mes dents.

Mon regard se reporta, imperturbable, sur l'objet de mon obsession, alors que, estomaquée, Ana prenait le bedo qu'on lui offrait. Sa première taffe expirée, elle crut bon de me demander l'origine d'un tel comportement, mais nous savions tout deux qu'elle n'était pas dupe et qu'elle attendait seulement que je lui en parle.

« Il est bruyant. Il parle pour ne rien dire. On ne voit que lui en classe. Il braille. Il est insupportable.

— Et cela t'empêche de faire comme s'il n'existait pas.

— C'est pire. Je me vois obligé de l'écouter et d'espérer qu'il se taise.

— … D'espérer qu'il ne s'adresse qu'à toi ? »

Je sortis mon paquet de tabac et une feuille, vexé qu'elle me laisse entendre ses fantasmes. Car oui, ce n'était que purs fantasmes. Qu'il se taise. Qu'il arrête uniquement d'envahir mon esprit !

Aime-moi.

Elle m'offrit un léger sourire de compassion.

« Ne t'inquiète pas tant, chaque chose en son temps. Il te suffit seulement de vivre avec tes… tes sentiments… » Elle vérifia que nos amis ne suivaient pas notre conversation et me tendit le pet'. « Ils disparaîtront comme chaque relation non consommé. »

Je dévisageais exaspéré celle qui venait de me faire un sordide clin d'œil avant d'acquiescer à ses paroles, bien peu convaincu, dans l'espoir qu'elle se taise.

« Donne-moi ta clope en attendant, Seimei. » renchérit-elle néanmoins.

Lorsque je pris ma première taffe, je m'aperçus qu'il faisait de même. Nos regards se croisèrent.

Ne regarde que moi.

.. o.O.o ..

De retour à la maison pour une ou deux heures maximum car je devais repartir rejoindre Ana et les autres à 21h00 pour une soirée improvisée chez elle, je crus que mon cœur allait exploser lorsque mon portable m'annonça que Mathieu venait de m'envoyer un message. Je me sentis idiot et, ne pouvant empêcher mon regard de dériver sur le cadre de verre, je m'empressa de lire les mots qu'il m'adressait. Je le relus. Et encore une autre fois, juste pour être sûr. Nan, une quatrième aussi avant de comprendre que l'on m'avait tendu un piège :

« Hey ! Ana vient de m'apprendre que nous sommes voisins (sympa la coïncidence !), et j'ai pensé que nous pourrions aller chez elle ensemble ! En plus, je ne connais pas très bien la route donc ce serait aussi plus pratique pour moi… Redis-moi ! Matt. »

« Allô ? » fit une voix que je connaissais que trop.

« Ana ! Je ne viens plus.

— Quoi ? Pourquoi ?

— Je ne suis plus vraiment d'humeur sachant qu'il y sera aussi.

— …

— Il m'a envoyé un sms.

— Seimei… Imbécile. Que t'a-t-il dit exactement ?

— Que je suis sa princesse et qu'il ne peut plus vivre sans respirer le même air que moi. C'est donc pour cela qu'il m'a proposé de m'amener chez toi au dos de sa magnifique et rebelle jument blanche et qu'il me promet mille baisers et un lap dance avant la fin de la soirée ! Contente ?

— Ne t'énerve pas comme ça… Quoique, un lap dance, je ne dirais pas non moi ! »

Je ne trouvais même plus la force de rétorquer, lui raccrocha au nez. Je m'étais pourtant attendu à ce qu'elle proteste mais trois minutes étaient passés et aucune sonnerie criarde ne m'interpella. Je me retrouvais donc de nouveau avec ce message sous les yeux, pensif et indécis.

Je pourrais tout aussi bien refuser que nous y allions ensemble comme je pourrais refuser de me montrer chez Ana. Mais pour ce prétexte, je me sentirais bien trop con de passer la soirée seul dans ma chambre. Je pourrais donc le voir uniquement chez Ana et faire en sorte de ne pas me retrouver dans l'obligation d'entamer une conversation avec lui comme je pourrais également supporter sa présence, rien que lui et moi, durant le temps de notre trajet…

N'y tenant plus, je reprenais le portable délaissé quelques instants plus tôt sur le lit et entamait un message de réponse. Vingt minutes après qu'il m'ait été envoyé…

Inutile, je suis complètement inutile. Mon comportement est digne d'un shojo destiné aux pré-adolescentes… me lamentai-je en tapant les premières lettres.

« Arrive chez moi vers 20h45. »

.. o.O.o ..

A 20h20, de ma fenêtre, je dévisageais le large sourire qu'il arborait.