Titre : The Merman & the Gemstone
Résumé : A bord du Crooks un nouveau matelot vient d'arriver. Mais il ne semble pas aussi innocent qu'il veut le faire croire. Voici un récit entre mythes grecs et pirates bourrés.
Rating : M
Note de l'auteur : Alors bon, j'ai commencé le chapitre 8 mais, il faut que je refasse toute une partie parce que c'est pas joli joli. Voilà ce que j'ai à dire, sinon bonnes vacances (pour certains).
Temps de parution : Pour me laisser le temps d'écrire et à ma Bêta de corriger, il y aura 1 chapitre toutes les deux semaines, les mercredis.
Nombre de chapitre : 7, dont 5 de corrigés.
Mot de la Bêta : L'auteur, après le meurtre atroce d'une poule innocente, ne révèle pas ce qu'il est advenu de son cadavre. La SPA et Sherlock Holmes sont sur l'affaire, mais rien n'est révélé dans ce chapitre.
En revanche, vous le constaterez en lisant ces lignes, Yann Oxenham a toujours autant la clâââsse. Alors le tribunal se montrera peut-être indulgent avec l'auteur. Mais le meurtre de cette Poule ne doit pas rester impuni. Camarrrrrades ! Unissez-vous ! Défendez l'opprimé, et le poussin orphelin !
Warning : Y'a du léchage de cheville et des ailes d'Iris dans l'air…
OoOoO
Réponses aux reviews :
Nina : Merci ^^ Les descriptions ne sont pas forcément ce qui accroche le plus, surtout quand on voit des gros pâtés l'un à la suite de l'autre... Et Lakota... Spirit ? ^^ C'est la tribu des LAKOTAS ! Je viens de comprendre ^^". Enfin c'est mieux que ce que dit la Bêta, elle aime l'appeler Lopaka... Elle le déteste à un point -", c'est navrant... C'est l'alter ego d'Angelo.
Then Enjoy !
Dans la Mer, Chante la Pierre
Chapitre 5
Le départ du Crooks allait se faire dans un peu moins de trois jours, et Lakota s'était préparé. Le jeune homme avait emballé ses maigres bagages : un nouveau pantalon de toile, une chemise de lin, son bracelet et sa petite conque ; tout tenait dans une sacoche. En fait, il avait l'intention de porter ses vêtements neufs avant de remonter sur la frégate. Ils étaient, cette fois-ci, à sa taille et permettaient à Lakota des mouvements plus fluides. Il avait aussi repéré les futurs voyageurs du bateau. Il les avait même comptés : une bonne cinquantaine, ce qui faisait au moins une vingtaine de nouvelles personnes, sans compter une dizaine des anciens pirates qui voulaient rester sur l'île. Après vérification il y avait donc trente nouvelles têtes. Ce brusque changement ne gênait pas Lakota outre mesure, peut-être même qu'il trouverait un autre pigeon autrement plus attractif que le Capitaine Yann Oxenham.
Le jeune matelot se sentait fin près pour l'expédition, il pouvait donc se relaxer. Jusqu'à maintenant il n'avait eu que très peu de temps pour lui. Alors, quand Lakota avait repéré une belle plage de sable fin en début de semaine, il n'avait pas hésité et s'y était promené. Le bruit des vagues, l'odeur de l'océan, la sérénité engendrée, tout l'avait poussé à plonger. Il avait tout enlevé. Il ne s'était autorisé aucune entrave. Il avait voulu tout sentir : des mouvements de l'onde fougueuse jusqu'aux écailles visqueuses des poissons. Il avait commencé à battre des jambes à la surface, et lorsque l'ennui l'avait prit, il n'avait pas poussé le vice plus loin et était rentré.
A présent que plus rien ne le retenait, il retournait sur son petit coin de paradis. Personne n'y allait jamais ; ce qui convenait parfaitement à Lakota. Il n'hésita pas très longtemps et s'empressa d'ôter toutes formes de tissu. Il s'enfonça directement sous l'eau et laissa le processus s'enclencher tout en se retenant un minimum. La sensation d'étouffement fut vite remplacée par un souffle revigorant. Lakota ondula longuement sans destination particulière, puis il vit un banc de poissons-anges. De toutes couleurs, ils nageaient doucement, furetant autour d'un massif de corail. C'était un magnifique ballet aquatique. Du rouge, du orange mêlés à du bleu et du vert ; des rayures face à des petites boules ; deux formes de vie, mouvante ou inanimé.
Lakota s'avança et osa toucher une de ces créatures. Dans un même élan, le banc se divisa et partit vers d'autres coraux. Les mouvements du courant faisaient virevolter les filaments d'une anémone. Le jeune homme céda à une pulsion et descendit encore plus profondément. Il aperçut une petite méduse et décida de s'amuser un peu avec elle ; tout ce qu'il avait à faire était de ne pas toucher ses tentacules. Elle tournoya et remonta au bout d'un temps. Lakota retourna vers les coraux et son instinct lui conseilla de récolter un échantillon des plantes marines. Dans un mouvement sec il brisa une des branches.
Les heures passèrent sans se faire sentir, et lorsque le soleil n'offrit plus sa luminosité chaleureuse, Lakota fut surpris. Il prit le même chemin que la méduse plus tôt et se força à refermer ses branchies, non sans ressentir une pointe de déception. Il nagea en direction de la plage, et sans laisser le temps à sa peau de sécher il se revêtit.
Lakota s'en retourna vers le village pirate. La vie nocturne commençait à s'éveiller. Les enfants jouaient encore à la marelle mais déjà la face pervertie des hommes se ressentait. Le jeune homme se dirigea vers la taverne del Sueño de la Bella ; un vieux croulant se faisait sortir indignement lorsque Lakota voulut rentrer. Miguel proférait des paroles dans un espagnol légèrement déformé. Le jeune pirate regarda le grand homme qui lui sourit, avec un air désolé Lakota lui tourna le dos. Il se sentait las de toute cette oisiveté et cet étalage de débauche. Chaque bar qu'il visitait lui offrait des scènes similaires, à peu de choses près.
Il s'imaginait rentrer à l'auberge lorsqu'il remarqua un homme richement vêtu. Ce dernier marchait posément, sans crainte de se faire dépouiller. Lakota se mit à le suivre inconsciemment. L'inconnu se faufilait dans des venelles recluses de la place centrale. Au bout d'une dizaine de minutes de filature il entra dans une bâtisse à l'allure étrange.
Caché dans une ruelle jouxtée, Lakota examina le bâtiment. Il s'en dégageait une aura de mystère : quelque chose qui avertissait les novices et dissuadait les plus froussards. Une inscription incrustée dans la pierre disait : A word to the wise is sufficient. Lakota se souvint que ce lieu étrange n'était qu'une sorte de cabaret comme tous les autres. Cependant intrigué par cet homme si bien vêtu, Lakota tenta sa chance et poussa la lourde porte en chêne.
Accueilli par une atmosphère tamisée le jeune pirate s'étonna. Tout n'était que raffinement et élégance ; des chandeliers de métal trônaient sur les tables en bois d'acajou. Les lumières ne diffusaient que le strict minimum pour voir et un doux murmure provenait du fond de la salle. L'ambiance était agréable et la dépravation extérieure ne semblait pas toucher ce lieu. Des canapés de velours collés au mur accentuaient l'aspect intimiste et des voiles rougeoyants permettaient aux alcôves d'être cachées. Le parquet était recouvert de tapis moelleux. On aurait pu se croire dans un des salons privés des Grands de la société. Tous les hommes de l'assistance portaient de somptueux costumes, étonnant pour de simples pirates. Il y avait très peu de femmes, seulement des danseuses arabes qui ondulaient leur corps sur la scène. Un psylle les accompagnait, jouant de son pungi.
Lakota osa s'asseoir au comptoir et demanda la boisson spéciale. On lui servit, dans une flûte, une liqueur aux reflets verts. Quand Lakota questionna au sujet de sa préparation on lui répondit qu'on avait plongé des feuilles d'absinthe dans de l'alcool de fruits, du citron, de l'eau et du sucre. Lakota savait que les Egyptiens avaient prêté des vertus curatives à l'absinthe, mais jamais il n'avait entendu parler d'un mélange spiritueux. Délicatement il prit le verre à son pied et le porta à ses lèvres, le breuvage avait un goût sucré ; un arrière gout d'alcool agréable et une légère aigreur due au citron : le rendu était plutôt pas mal.
Au milieu de la salle se dressait une table ; deux hommes en tenue complète du parfait gentilhomme s'esclaffaient bruyamment. Du pourpoint, en passant au collet, des chausses à la vénitiennes sans oublier la fraise, le tout s'accordait difficilement : dans des couleurs criardes les tons ne correspondaient pas. A leur barbe pendaient des bagues de piètre valeur. L'un avait les cheveux grisonnant, l'autre gardait encore une couleur brune délavée. Le premier s'exclama :
-Que nenni mon cher ! Tant d'impudeur chez eux, il faudra bien, un jour, qu'on leur ablatît leurs organes reproducteurs, qu'on en fasse des eunuques pour éviter leur dispersion ! Vraiment, je suis outré par toutes ces libertés dont ils jouissent.
-Je ne peux qu'assentir face à ses judicieuses paroles ! Qu'on leur coupe la tête à ces scélérats de forbans ! Il n'y aurait que plus de bonheur partout sur nos belles mers.
-Ohoho…
Ces derniers gloussements provoquèrent des frissons de dégoût chez Lakota. Stupéfait par cette scène, il le fut encore plus lorsque tous ces pseudos-pirates se mirent à rire eux aussi. Néanmoins, ils riaient d'une voix grave et non pas par ces petits hoquets hypocrites. Personne ne semblait choqué et aucune rébellion ne se fit ressentir. Alors que la plaisanterie coupait le souffle à certains le tavernier réclama :
-Racontez-nous donc comment ces p'tits abrutis ont fini !
-On y vient, on y vient !
Le plus vieux reprit une gorgée de crème d'absinthe et se vanta :
-Les matelots n'avaient pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait que nous avions déjà pris le contrôle de tout le bâtiment.
-La Girouette leur faisait tellement peur avec son œil de verre ! Quelle bonne blague !
-On a décroché leur porte et on a hurlé !
-Oh oui ! vous auriez dû entendre ! Ces nigauds en ont pissé dans leur froc ! Ces fils de putains nous ont insultés planqué dans leur diablerie de cabine ! Mais quand il a fallu nous le répéter en face, plus rien !
-De vrais poltrons, s'ils avaient été sur notre bateau pour sûr ils seraient d'jà morts ! Alors on s'est un peu amusé, la routine quoi. Une main de perdue ou une émasculation ne fait jamais de mal, hein les amis ?
Tous les pirates acquiescèrent violemment. Les deux vieux loups de mer poursuivirent leur petite histoire, la ponctuant de petites anecdotes sans grande valeur. Selon eux, ils avaient ramené plus d'une vingtaine de matelots, ce n'était pas vraiment surprenant en soit. Cependant, au vu de toutes ces paroles, il semblait que le bateau des corsaires avait offert une plus grande part de butin.
En recommandant de la liqueur verte, Lakota crut apercevoir Oxenham et Angelo. En s'avançant il confirma qu'ils étaient dans un coin reculé de la pièce. Seuls tous les deux, ils étaient penchés sur une vieille carte défraichie. Armés d'instruments de navigation –quadrant et compas-, ils n'accordaient aucune importance au monde qui les entourait. Parfois le Second jetait des regards noirs pour vérifier que personne n'osait s'approcher de trop près. Pourtant Lakota ne se démonta pas et, poussé par l'alcool idiot, entra dans le champ de vision d'Angelo. Ce dernier se tourna vers le capitaine et lui murmura quelque chose qui précipita le rangement de la carte. Le jeune mousse souriait, Yann Oxenham le regardait avec un air bêta. Pour accentuer l'ironie du tableau Lakota força ses hanches à rouler plus fort. Le propriétaire du Crooks ouvrit la bouche et lorsque le petit boit-sans-soif fut à leur hauteur, le capitaine lâcha :
-Alors, princesse, on vient jouer dans la cour des grands ?
-Un peu… A vrai dire, je cherche de la viande fraiche mais rien à faire. Vous êtes tous des vieux croulants. Bordel ! Vous êtes pirates, vous êtes pas censé être tous des jeunes en quête de richesse ? Tous des laiderons ! Impossible, je suis maudit !
Angelo renifla dédaigneusement :
-J'savais pas qu'on transportait une catin.
-Les femmes d'ici me font trop peur. Trop de maquillage, trop de graisse aussi. Et elles me traitent comme un gosse.
-Et nous on préfère te considérer comme une princesse, tu trouves ça mieux ?
-Ah Angelo… Si tu étais à ma place, tu préférerais sans doute éviter leurs mains qui t'arrachent les joues.
-Si tu le dis…
Avec un sourire narquois Lakota reprit :
-Sinon vous faisiez quoi ?
Le second regarda son capitaine et tous deux convinrent en un regard de dire :
-Pas tes affaires. Va plutôt te trouver de quoi passer une bonne nuit.
-Ouh, les vilains. Devrais-je dire aux autres que leurs capitaine et second sont des petits cachotiers. Ca jaserait sûrement beaucoup… et une petite mutinerie par-ci et une petite mutinerie par-là !
-Tais-toi ou je ne suis pas sûr que tu remontes à bord de mon bateau.
-Yes Captain, my Captain. Tout ce que vous voudrez. Lakota est un gentil garçon qui ne dira rien des ignobles secrets de son capitaine et du second.
Angelo soupira dans un rire mal caché et se moqua bien fort :
- Tu tiens vraiment pas l'alcool, hein ! Allez retourne dans les jupes de ta mère, et reviens-nous en pleine forme après-demain.
Lakota allait répliquer lorsque la porte s'ouvrit avec fracas. Le silence ne s'appesantit pas longtemps et le nouvel arrivant s'écria :
-Hé Compañeros ! La livraison de haschich est arrivée ! La Persia se montre bien généreuse ces temps-ci.
-Et toi tu fermes bien tôt ! répliqua le tavernier du A word to the wise.
-Trop de problèmes. Tu as bien de la chance , tes clients ne sont pas tous des rustres incapables de modérer ou contrôler leurs pulsions.
La conversation entre les deux taverniers se poursuivit plus bassement. Miguel se plaignait qu'il avait dû empêcher une rixe qui aurait pu détruire tout son bar.
-Je me fiche qu'ils se soulagent sur les filles de joie, après tout elles sont là pour ça. Mais on touche pas à mon matériel, j'ai économisé toute ma vie pour avoir ses meubles.
-Si ta vie se résume à un bon butin alors je veux bien te croire. Du coup, tu viens vendre ton herbe par ici ?
-Sí ! Des pirates nizârites ont accosté puis ils sont repartis aussi vite. Pressés hein ?
-Les Españoles rôdent, à ce qui paraît.
Les rumeurs couraient vite dans un village aussi petit. Il se disait que les Espagnols avaient trouvé quelque chose qui leur permettrait de devenir le peuple le plus instruit et le plus riche du Monde entier.
Lakota prenait plaisir à cette nouvelle, et alors qu'il voulait fêter ça avec une nouvelle flûte verte une vieille dame le prit par le bras. Elle l'entraina à une petite table. Les bougies du candélabre se consumaient rapidement, et la table était souillée par la cire.
La vieille dame avait les yeux vitreux. Une aveugle ? Elle touchait la peau de Lakota de manière récurrente, cherchant quelque chose qu'elle ne trouva ni sur ces mains ni sur ses bras. Alors elle dut s'agenouiller aux pieds de Lakota. Celui-ci, trop sonné, ne réagit pas vraiment. Il se demanda inconsciemment si elle était diseuse de Bonaventure et, par un accès de lucidité, il se dégagea vivement des mains ridées. Il craignait qu'elle fût une pythonisse et qu'elle devinât ce qu'il essayait de cacher au mieux. Une voix éraillée s'éleva de sous la table tandis que la vieille dame affermissait sa poigne sur les mollets de Lakota :
-Hmm, je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un comme toi sur les terres des Hommes.
-Je ne vois pas de quoi vous parlez…
L'alcool ne semblait plus faire effet dans l'esprit de Lakota. Celui-ci pensait d'ailleurs vivement, cherchant un moyen de s'échapper sans faire d'esclandre. Il sentait la vieille dame renifler sa peau comme un animal. Il retient un cri lorsqu'elle lui lécha la cheville. Lakota commençait à avoir peur. On racontait, chez lui, que les femmes de ce genre pouvaient utiliser les entrailles des poissons pour leurs divinations.
-Es-tu allé te baigner récemment ? la voix n'était qu'un murmure mais Lakota l'entendait très bien, comme si elle lui parlait à l'oreille.
-Que voulez-vous dire ?
-La peau de tes jambes se détache.
Elle appuya ses dires en arrachant de l'épiderme à Lakota.
-Enfers et damnation ! J'ai pourtant fait attention. Arrêtez de me toucher !
-Tu n'es pas très prudent. Tu dois être vraiment jeune.
-Arrêtez, je vous dis !
La voix du pirate ne s'élevait pas mais les octaves grimpaient en flèches, frôlant les ultra-sons.
-Et si vous dites quelque chose, je vous arrache la langue. Comme ça, en plus d'être aveugle, vous serez aussi muette. Et vous crèverez sans un sou.
-Je ne ferai rien contre toi. Je suis trop âgée et je suis bien trop chanceuse pour avoir pu t'approcher ainsi.
-C'est ce qu'ils disent tous !
-De vrais rustres, hein ? Mentir comme ça à quelqu'un de votre espèce. Il faut vraiment être idiot.
-Je ne vous le fais pas dire.
Elle ressortit de sous la table et Lakota eut le droit à des regards lubriques de la part des pirates. Il souffla d'une expiration lourde et manqua d'éteindre la bougie vacillante. La pythonisse le regardait, sans vraiment le voir, elle semblait sonder son âme. Elle ramena son voile sur ces cheveux gris et porta un calumet à sa bouche. Elle sortit d'une de ces poches du pétun. Elle le sépara en deux morceaux : elle en mâcha et le reste, elle le mit dans sa pipe. Après quelques bouffées elle demanda :
-Quel ton nom ?
-Lakota.
-Ton vrai nom.
Il détourna son regard et le laissa vagabonder sur les danseuses orientales. Celles-ci se déhanchaient langoureusement, sur leurs hanches pendaient des pièces de huit qui cliquetaient à chaque mouvement. Elles étaient au nombre de trois. Toutes brunes, elles possédaient un regard envoutant mais vide, comme si elles voyageaient dans un monde inatteignable pour le commun des mortels : l'absinthe et le haschich ne faisait pas que des miracles…
L'une, vêtue d'un pantalon sarouel et d'un caraco, tournait sur elle-même dans une bacchanale mystique. Une autre faillit tombée, prise dans sa jupe, pourtant elle se rattrapa et le spectacle se poursuivit sans aucune réaction de la part du public. La dernière, certainement la plus belle, revêtait une robe baladi. Placée au centre, elle étendait ses bras pour danser avec des ailes d'Isis.
Lakota ne savait pas si c'était l'atmosphère mystique du cabaret, ou si c'était la fumée de la vieille dame, mais le résultat fut qu'il se détendit et bredouilla :
-Akákios…
-Du grec, hein… Ca me rappelle l'ancien temps… Garde ton innocence et retourne chez toi. Tu vas mourir si tu continues ainsi.
-Est-ce une prédiction ?
Le regard de Lakota était enfin revenu se poser sur son interlocutrice.
-En aucun cas. Je n'émets que l'évidence.
-Je ne peux rien-…
-TAIS-TOI DONC !
Lakota sursauta face au ton impérieux qui l'avait coupé, le grand fou, Amar, reprit encore plus fort :
-Ne prononce jamais leurs noms ! On ne sait quel mauvais présage cela ramènera.
-Ce ne sont que des mythes ! Leucosie n'est pas plus vraie que toutes les autres.
-Faites-le taire ou je couperais la langue de cet abruti !
C'était Miguel qui avait parlé le dernier : celui-ci était très superstitieux comme le prouvait le chapelet à son cou. Il était à deux doigts de battre le petit pirate qui osait prononcer le nom d'une Sirène.
-Si la « Blanche Créature » se met à t'emporter dans les profondeurs del océano, personne ne viendra t'aider.
La vieille se leva dans un mouvement souple, elle s'approcha une dernière fois de l'oreille de Lakota pour lui murmurer de sages paroles, puis elle partit comme elle était venue : de nulle part.
Lakota se redressa à son tour :
-Vous êtes tous des grands garçons. Vous ne devriez pas autant avoir peur de ces créatures folkloriques. Mais bon, je suppose que c'est ce qui fait votre charme.
Il se retira ensuite, puis se dirigea vers la plage. Au dernier moment il bifurqua pour monter sur une des falaises. Les paroles de la pythonisse tournaient dans son esprit comme une longue litanie :
Petite créature insolite
Souviens-toi de la belle Aphrodite
Son courroux sans fin
Pèse sur ton destin
TBC