Salut les gens !

Ce n'est pas la première histoire que j'écris, mais c'est la première que je publie. Je ne sais même pas si quelqu'un me lira, je n'ose même pas penser à un commentaire... En tout cas, j'espère que ça plaira à quelqu'un. Si au moins une personne aime bien cette histoire, je serai satisfaite.

Merci pour votre patience.

Le 07 Février

Cher Toi

J'aurais presque envie de faire ma mesquine et de commencer par faire tout un paragraphe sur le temps qu'il fait ou sur la santé de mon frère, mais, étant donné que je ne compte pas envoyer cette lettre, je pense que je pourrais aller droit au but. Tiens, d'ailleurs, c'est mon frère, qui m'a conseillé de t'écrire. Il me dit que si je te disais ce que j'ai sur le cœur, ce genre de truc débile, ça me permettrait peut-être de tourner la page. A mon avis, la question, c'est plutôt "Est-ce que j'ai envie de tourner la page ?". Je n'en sais rien.

Tu me manques, tu sais ? Ta présence à mes côtés, le bruit de ta respiration quand on dormait ensemble, la chaleur de ton corps… C'est difficile à décrire. C'est comme si on avait pu accéder au Paradis pendant une fraction de seconde, et que, tout d'un coup, on était redescendu sur Terre. Comme dans ce dessin animé, je ne sais pas si tu l'as déjà vu, dans lequel l'écureuil veut à tout prix bouffer... Non, je ne sais pas s'il veut vraiment la bouffer, je crois plutôt qu'il veut juste l'avoir, bref, il veut à tout prix posséder la noisette, et à un moment, il claque et il va au Paradis, un endroit au-dessus des nuages, rempli de noisettes, dont l'une qui a l'air plus délicieuse que les autres. Alors il court dans la direction de la noisette, et là, quelqu'un le réanime. C'est moche. Et, quand tout le monde s'est dit : "Ouf, il est vivant", moi, je me suis dit qu'il aurait dû claquer, pour qu'il l'est, finalement, sa noisette. C'aurait été moins triste. Je crois. Je ne suis plus sûre de rien. A part du fait que j'ai tout perdu quand je t'ai perdu.

Parfois, j'aimerais juste disparaître, me retrouver loin de tout ça. Loin de tous ces lieux qui me rappellent toi. J'aimerais m'enfuir, fuir tous ces gens qui me regardent avec pitié et qui refusent de me laisser oublier ton départ. Ils savent, tous, ils savent ce que tu étais pour moi, ce que tu es toujours pour moi. Ils m'énervent. Je n'ai pas besoin de leur pitié. Je n'ai besoin de rien, sauf de toi. Je ne suis pas en deuil, je suis simplement affreusement triste. Ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas comme si tu étais mort. Même si j'ai l'impression du contraire, à voir leurs faces de déterrés, à tous. Ils n'arrêtent pas de me sortir des choses du genre : "Nous avons appris ce qui s'est produit pour… Vous savez." On dirait qu'ils ne veulent pas prononcer ton nom, comme moi pour… Je n'en suis pas encore arrivée à là. Mais tu n'es pas mort, alors ils pourraient très bien en parler franchement.

Ce que je regrette le plus, c'est de ne pas t'avoir dit plus souvent que je t'aime. Si tu étais là, tu sourirais et tu me dirais : "Mais qu'est-ce que tu racontes encore ? Tu me l'as dit au moins une fois, c'est déjà suffisant." Mais comparé à ce que j'aurais dû... J'étais tellement fière ! Je n'assumais pas de t'aimer, d'aimer une personne telle que toi. Dire que maintenant, si j'avais la chance de te revoir, je te le dirais jusqu'à en avoir la gorge sèche ! Je te le dirais dans toutes les langues connues, de mille façons possibles. J'ai déjà jeté ma fierté aux orties il y a bien longtemps, alors ce n'est pas ça qui me tuera. Je crois que ça a dû arriver entre le onzième pot de glace au chocolat et le moment où j'ai arrêté de me laver. Je sais que je suis censée rester forte, cacher mes faiblesses, mais je ne peux pas m'en empêcher. M'enfin bon. Cette époque est révolue, maintenant. J'en suis à la période où je ne fais que repenser au jour où tu m'as dit que c'était fini et à tous les autres jours de notre relation. De toute façon, c'est du pareil au même, les deux me font extrêmement mal.

Donc je me lamente sur toi. C'est vraiment pathétique, mais je n'arrive pas à m'en empêcher. Je n'arrête pas. Mon frère me regarde avec un air désolé, et je fais semblant d'aller bien, et ensuite, je pleure en silence et en secret, et je me plonge dans mes souvenirs. Alors je me suis dit que tant qu'à faire, puisque je n'ai rien d'autre à faire de mes journées que de repenser à l'époque où j'étais heureuse, autant t'écrire des lettres, et comme ça, au moins, mon frère me fichera un peu la paix. Je ne te les enverrai jamais, mais je ne cesse d'espérer qu'un jour, tu te ramènes ici et que tu dises : "J'ai bien reçu tes lettres !"

Marcus est revenu habiter avec moi, il n'y a pas longtemps. Il m'aide beaucoup. Il m'a dit qu'il s'était remis, depuis le temps, mais je le trouve encore bien triste. Je sais que si tu étais là, tu ferais la moue et tu dirais : "Ah ouais ? Quand tu souffrais tellement, il était où, le frangin adoré, hein ?" C'est vrai, mais je n'en veux pas à Marcus. Après tout, il était occupé avec sa souffrance personnelle, probablement plus grande que la mienne. Et au moins, il est revenu, après. Tu sais qu'il était au courant, pour nous deux ? Je crois que c'est Darren qui le lui a dit. C'est probablement lui aussi qui l'a prévenu que tu étais parti. Je ne l'ai pas revu depuis que tu as rompu, d'ailleurs. Je ne suis pas retournée au travail. Je n'ai pas eu le courage de retourner chez mes parents non-plus. Je comptais y retourner pour les vacances, en même temps que Darren, mais j'ai annulé. C'est après ça que Marcus est revenu. Il a compris tout seul que je souffrais, à ce que j'ai capté de ce qu'il m'a raconté. Il m'a parlé longtemps, mais à l'époque, j'allais très mal, et je n'écoutais pas vraiment.

J'ai envie de te revoir. J'en crèverais. Je te veux tellement que je me torture en pensant à toi sans cesse. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime ! Je serais prêt à tout donner pour que tu me reviennes. Même mon frère, tu te rends compte ? Même lui, je l'abandonnerais pour toi. Je donnerais n'importe quoi. Tout. Mais je sais que tu n'accepteras plus jamais rien de moi. Tu me l'as bien fait comprendre.

Je t'aime,

Sofia.