CHAPITRE 1
Il était 6h30 lorsque le réveil sonna. Je me mis à tâter autour de moi pour l'éteindre. En vain. Excédé, je me levai franchement et saisi l'objet mais impossible de faire taire la sonnerie. C'est alors que d'un geste instinctif, je balançai le réveil contre le mur noir d'en face en s'explosant en mille morceaux. Encore un de casser, il va falloir que je stoppe ce réflexe au bout d'une dizaine de réveil cassé en seulement un mois.
Nous étions le 02 septembre 2012 et c'était…la rentrée. AH ! Horreur ! Vade retro satanas ! Pour moi, depuis six ans, chaque année c'était la même chose. Je le savais celle-ci se passerait comme toutes les autres. J'irais tous les matins au lycée et je me fondrais dans la masse. Personne ne me remarquera et cela sera pour le mieux. Certaines filles viendront peut-être m'aborder, du moins les nouvelles et je les ignorerai. Ou bien je leur dirai une de mes remarques cyniques qui les feront fuir. Au choix, selon mon humeur.
Après un passage à la douche, un petit déjeuner pour le moins frugal et un vague au revoir à mes parents, je partis pour le lycée. Arrivée là-bas je cherchai mon nom sur les fiches et me dirigeai vers ma salle de classe. Evidemment, je n'avais pas regardé les noms de mes camarades de classe, quelle importance, je n'ai pas d'ami et c'est par choix ! Ne vous méprenez pas. J'aime la solitude, les gens et leur bavardage incessant et futile je ne les supporte pas. Ils ne se rendent pas compte. Pour eux, la vie se résume à réussir ses études, trouver un travail que l'on aime et fonder sa petite famille parfaite sous toute les coutures. Ils ne connaissent rien à la vie. Rien du tout. Mais bien vite ils la découvriront et à leur dépens. Je m'installais sur une chaise au fond de la classe et attendais le professeur principal avec les autres. Lorsque celui arriva le bruit qui avait envahit la salle cessa immédiatement. A ce moment là, il y eu plusieurs réactions. Les filles bavèrent sur lui, une partie des garçons l'admira et l'autre partie le toisa avec un regard de haine signifiant : pourquoi est ce que ma petite amie le dévore des yeux, je suis bien mieux. Le nouvel arrivant s'installa comme si de rien était et se présenta. C'était un nouveau prof, il venait de finir ses études et enseignait les mathématiques. Une de matières les plus ennuyeuses du monde. Se professeur répondait au doux nom de M. Ossipov. Un Russe ! Evidemment, la coutume est la même partout, il fallut faire les fameuses fiches de présentation. Non sérieusement quel élève y a échapper ? Personne, c'est moi qui vous le dis. Est-ce qu'une fois, on ne pourrait pas faire plus original ? Non ? Puisque c'est ainsi allons-y, chacun à ses stylos !
Nom : Donovan
Prénom : Nathanaël
Age : 16 ans
Classe : Terminale scientifique 3
Date de naissance : 31/12/1995
Loisir : aucun
Aime : rien
Déteste : tout et tout le monde
Il allait être content. Dans le genre pire fiche de présentation tu meurs. Et ben oui, comme vous avez pu le remarquer je n'étais pas exactement comme les autres mais que voulez vous c'est comme cela et pas autrement.
Le nouvel enseignant se mit à ramasser les fiches et c'est à ce moment là que je me mis à le détailler. Bon, je dois l'admettre il était magnifique. Assez grand, dans les un mètre quatre vingt cinq, les cheveux noirs et des yeux jaunes. Oui, jaunes, je vous jure. Cependant, je ne pense pas qu'il porte des lentilles. Je le vis m'observer et au lieu de détourner le regard comme l'auraient fait certains moi je soutins son regard. C'était à celui qui abandonnerait le premier et ce jeu là j'étais fort, très fort et je ne perdrai pas. Et en effet, il se détourna de moi et continua de ramasser les fiches. Je me demandai quand même pourquoi il m'avait détaillé. Bon, ce n'était qu'un détail après tout.
Après ce relatif incident, la journée se passa comme je l'avais prévue c'est-à-dire banale au possible. Lorsque je rentrais chez moi je montai directement dans ma chambre en ignorant royalement les questions de ma mère. Je n'avais vraiment pas envi de parler, enfin disons moins que d'habitude. Allongé sur mon lit, je pris le livre que j'avais commencé la veille : L'Attrape cœur de Salinger, un classique de la littérature américaine. Je m'endormis sans avoir mangé et ne me réveillai que le lendemain matin par l'affreuse sonnerie de mon portable. Ben oui vu que mon réveil était cassé.
Ce fut le début d'une affreuse journée de cours qui se terminait par math. Alors qu'après avoir rangé mes affaires, je m'apprêtais à sortir, M. Ossipov me retint. Aïe, c'était toujours mauvais signe cela. S'il commençait à m'énerver dès le début, il allait être content du voyage.
« -M. Donovan, j'ai lu votre fiche hier.
-Humm.
Waouh, ça s'était de la réponse mais déjà que je ne parle pas beaucoup lorsque j'ai envi, alors quand je ne veux pas…
-Ecoutez, je vais vous dire franchement qu'elle est assez particulière.
-humm.
-Et je pense que parler pourrez vous aider si vous avez des problèmes.
-humm.
-Dons n'hésitez pas à venir me voir, je n'aime pas regarder des gens ayant des difficultés sans rien faire.
-Humm.
-Et si pouviez éviter vos « humm » tout le temps, j'aurais l'impression de ne pas parler dans le vide, commença à s'énerver le professeur.
-Humm.
-Vous vous fichez de moi ? se fâcha-t-il franchement cette fois ci.
-Humm »
Et c'est sur ces belles paroles que je partis le laissant complètement ahuri. Je reconnais que je jubilais à ce moment là.
Après ceci, M. Ossipov n'essaya plus de me parler. J'étais déçu par lui, je le pensais plus combatif.
Un lundi, alors que je traversais les couloirs pour me rendre en histoire, je heurtai un élève et nous nous retrouvions tous les deux à terre sauf que cet élève n'était autre que David Saran, un géant de quasiment deux mètres réputé pour appartenir à un gang. Alors là c'était bien ma veine. Moi qui voulais passer inaperçu, c'était raté.
« -Eh, toi la crevette tu m'as fait tomber !cria-t-il
-Waouh, tu as trouvé ça tout seul ou on t'a aidé ? répliquai-je.
-Que…Commence oses-tu ?
-J'ose c'est tout. Mais si tu veux que je t'xplique : j'ouvre la bouche et avec mes cordes vocales je… »
Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase qu'un coup de poing m'arriva en pleine figure. En un seul coup, ma lèvre était fendue et une bonne quantité de sang s'échappait de mon nez. Il continua par un coup de pieds dans mon ventre. Ceci suffit pour me mettre à terre. Cependant, là, j'arrivais vraiment plus à respirer. Alors qu'une autre frappe se préparait, je vis mon prof de math intervenir et arrêter mon agresseur. Après avoir renvoyé David, il s'avança vers moi et je le senti me soulever comme une plume. C'est qu'on ne dirait pas mais il est costaud. Il m'emmena à l'infirmerie et me déposa sur un lit.
« -Pourquoi m'avais vous aidé ?
-Impressionnant c'est la première fois que je t'entends prononcer plus de deux mots en suivant. C'est un jour à marquer d'une pierre blanche. Mais pour ta réponse je te l'ai déjà dit, je déteste regarder les gens avec des problèmes sans rien faire.
-Alors pourquoi vous avez abandonné de me faire parler ?
-Je n'ai pas abandonné, seulement te poursuivre ne servira à rien. J'attendrai juste qu'un jour tu te décides et à ce moment là tu sauras où me trouver.
-Vous êtes vraiment bizarre vous savez.
-Désolé pour toi mais tu l'es plus que moi.
Je m'approchai de lui près, très très près et je lui répondis :
-Dommage pour vous, j'ai le monopole du sarcasme.
Apparemment il ne s'attendait pas à cela. Je me relevai difficilement et me dirigeais vers la porte. Au dernier moment je me retournais et en le regardant dans les yeux :
-Merci de m'avoir aidé »
Et je partis. Je ne remis pas les pieds au lycée le long de la semaine le temps que je puisse marcher sans trop de difficulté sans avoir mal. C'est qu'il ne m'avait pas loupé le con. Je repensais à ma discussion avec M. Ossipov et ne pus m'empêcher d'éprouver une certaine curiosité à son égard. Il était spécial et intrigant. Oui, je voulais savoir qui il était vraiment.