M... Mais que vois-je ! Un nouvel OS !
Salut les gens ! C'était la nuit du FoF ! (Que je n'avais pas faite depuis longtemps, si on en croit mon dernier update...)
Donc voilà. Pour changer, c'est une side-story du Transfuge. (Ah, comme j'aime me renouveler ! /PAN/)
Thème : Italie.
Origines
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Le Nightingale était presque vide, ce soir-là – il fallait dire qu'il était vingt heures, qu'on était en août (tout le monde était parti se dorer la pilule dans le sud de la France), et que le bar n'avait pas la climatisation (ce qui jouait énormément en sa défaveur). Mais c'était plus tranquille comme ça, et de toute façon, août était toujours une période creuse quand on tenait un bar dans une ville plus connue pour sa pluie que pour ses jours de beau temps. Par conséquent, ils n'étaient que trois, Jorge qui tenait le comptoir au cas où, et Joshua et Gabriel qui s'étaient pris une bière, histoire d'apporter leur petit soutien financier (et aussi parce que Jorge avait, pour une fois, catégoriquement refusé de la leur offrir) ; et de fil en aiguille, il en étaient arrivés à parler de leurs origines.
- Au fait, dit Gabriel, je t'ai jamais posé la question, mais tu viens d'où, Jorge ? T'es espagnol, non ? Vu ton nom.
- Je ne te l'avais jamais dit ? Mon père est espagnol, ouais. Il est venu en France pour travailler, à vingt-cinq ans, et il a rencontré ma mère, du coup il s'est installé ici. Je suis né en France, mais on est retournés habiter en Espagne quand j'avais sept ans, pendant quatre ans.
- Tu parles couramment la langue, alors ?
- Ça va, mais pas aussi bien que je l'aurais voulu... J'en veux un peu à mon père de ne pas m'avoir appris quand j'étais tout bébé, en fait. Comme il parlait français aussi, c'était toujours du français à la maison, alors c'est pas comme si c'était ma langue maternelle.
- Dommage... C'est bête d'avoir la possibilité et de ne pas l'exploiter...
- C'est bien pour ça que je me retrouve à bosser dans ce bar, maugréa Jorge. Parce que tu penses bien que si j'étais bilingue, j'aurais trouvé autre chose à faire depuis longtemps... Et vous, les gars, vous aussi vous êtes d'origine étrangère, non ? Parce que je veux pas dire, mais Las Heras et Lerielli, ça m'a pas l'air d'être bien français, tout ça.
Joshua et Gabriel s'échangèrent un regard. C'était l'instant délicat, celui dont ils évitaient toujours de parler quand ils pouvaient l'éviter, celui où il leur fallait avouer que leurs origines, eh bien, ce n'était pas exactement le fil de leur histoire qu'ils connaissaient le mieux, chez eux. Mais Jorge était un de leurs amis les plus proches, et Gabriel, pour sa part, s'était toujours senti un peu coupable de le maintenir dans l'ignorance.
- Je ne sais pas, marmonna Joshua.
- On a été élevés dans un orphelinat, ajouta Gabriel en guise d'explication, avec un sourire destiné à masquer l'embarras qu'il ressentait. Lerielli, c'est le nom de la famille qui m'a adopté.
Pourquoi est-ce qu'il était embarrassé, d'ailleurs ? Ce n'était pas parce qu'il avait été adopté. C'était surtout parce qu'il prévoyait la réaction de Jorge – tout le monde avait toujours la même, le petit regard mortifié, l'expression de peine, et au final, il ne savait jamais vraiment comment réagir devant la pitié. Un instant, il se demanda comment Joshua avait l'habitude de faire, lui, quand on lui posait des questions, mais vu la façon dont il faisait tourner sa bière dans son verre, les yeux rivés dessus, ça n'avait pas vraiment l'air d'être son terrain de prédilection non plus.
Évidemment, ça ne rata pas, mais Jorge eut la gentillesse de cacher sa surprise et de ne pas réagir comme si c'était la pire chose au monde.
- Ah... Ah bon ? Tous les deux ?
- On s'est rencontrés à l'orphelinat, expliqua Joshua. Tu ne te souviens pas ? Il m'a fait la misère pendant des années, et je me suis vengé en sortant avec lui juste pour le plaquer le jour de son anniversaire.
Gabriel lui jeta un regard irrité, agacé qu'il ramène cette histoire sur le tapis – ça faisait déjà presque un an et demi depuis l'anniversaire en question, mais ça ne voulait pas dire que c'était devenu un excellent souvenir. Il y avait eu de l'eau qui avait coulé sous les ponts, mais au fond de lui-même, Gabriel gardait toujours une certaine paranoïa.
- Je... Gabriel m'avait raconté, évidemment, répondit Jorge, mais je pensais que c'était à l'école primaire que ça s'était passé...
- Non. Orphelinat, répondit Joshua un peu brusquement. Du coup, mes parents... Enfin, je crois que mon père était espagnol, oui. Mais de ce que je m'en souviens, il passait tellement de temps à boire que j'avais autre chose à penser que de lui demander des détails. Et pour ma mère, elle est partie quand j'avais deux ans, apparemment.
Il y eut un silence, et malgré la chaleur du mois d'août, ils auraient préféré éviter le froid jeté par les mots de Joshua. Gabriel l'avait vaguement entendu mentionner ses parents une fois, mais comme il était clair que c'était un sujet qu'il préférait éviter, il n'avait pas reposé de questions dessus par la suite. Désireux d'effacer l'expression piteuse qui commençait à apparaître sur les traits de son petit-ami, il embraya :
- Moi, les miens sont morts dans un accident de voiture quand j'étais petit. Leur nom de famille, c'était D'Estanges, alors à mon avis, ils étaient bien français... Avec une apostrophe, en plus. Peut-être qu'ils venaient d'une famille noble... Non, je ne crois pas, en fait, sinon, je n'aurais pas atterri aux Pâquerettes.
- Hé ! Tu traites mon orphelinat, là ? s'exclama Joshua.
- Bah, t'es bien d'accord, c'était pas le truc le plus cossu du monde...
- ... Je suis obligé de l'admettre, grommela Joshua.
- Bref, D'Estanges. C'est joli, comme nom, hein ? Gabriel d'Estanges. Ça claque.
- Je préfère Lerielli, marmonna Joshua. Ça me rappelle toute la haine que m'a toujours inspiré ce nom.
- Et tu préfères la haine ? s'étonna Jorge.
Joshua baissa les yeux sans rien dire, et Gabriel se mit à rire.
- Ça lui rappelle l'amour qui venait avec la haine. C'est mignon, ajouta-t-il en lui frottant les cheveux, avant de se faire sèchement rejeter par la main de Joshua, qui se dépêcha de rebondir sur autre chose :
- Et Lerielli, alors, quelle origine ?
- Italien, répondit Gabriel. Du côté de mon père adoptif. On est allés en Italie quand j'étais petit, et on a rencontré de la famille à eux là-bas.
- De la famille à toi aussi, corrigea Joshua. C'est ta famille. Considère-les comme tels.
Alors qu'il avait passé une bonne partie de sa vie à haïr ceux qui avaient failli l'adopter quand il était petit avant de lui préférer Gabriel, depuis qu'il les avait rencontrés, Joshua s'était mis à les adorer. Surtout la petite sœur de Gabriel, Lilas – si sa fierté ne l'en avait pas empêché, et si Gabriel avait accepté, ils auraient passé tous leurs week-ends chez les parents Lerielli à s'occuper de la petite.
C'était étrangement l'inverse avec Gabriel, qui s'était toujours relativement mal entendu avec ses parents adoptifs et sa petite soeur, et qui avait coupé les ponts avec eux dès que ça avait été possible. Ce n'était que récemment que les liens de leur relation recommençaient à se tisser, lentement mais sûrement.
- Oui, répondit Gabriel d'un air un peu coupable. D'ailleurs, ma mère voulait aller leur rendre visite, en famille. Avec moi. Et toi.
- Je fais partie de ta famille ? demanda Joshua, un peu confus.
- Maintenant oui. Il n'est jamais trop tard, tenta de plaisanter Gabriel, assez mal à l'aise. Alors si ça te dit, on pourra aller avec eux en Italie. Rencontrer notre famille. Nos origines...
Pour toute réponse, Joshua vida son verre de bière d'un trait, et Gabriel se mit à rire.
- J'aime bien quand il est embarrassé ! lança-t-il à Jorge.
- Parle pour toi, sourit Jorge. Tiens, une autre bière... C'est la maison qui paie.
Il fit glisser deux verres remplis sur le comptoir, et Gabriel eut un léger sourire. C'est vrai - maintenant, il avait une famille. Il avait des origines. Et il avait Joshua. Il ne manquait plus de rien. Pour l'instant...
Il sentit la main de Joshua se glisser autour de la sienne, et il l'entendit murmure :
- Vivement qu'on aille en Italie.
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Bon, c'est complètement décousu, et ça ne colle pas génialement au thème, m'enfin. J'espère que vous avez bien aimé quand même. A la prochaine !