Salut, les gens ! Ça fait longtemps. Tellement longtemps que c'est seulement maintenant que je découvre les changements dans la fenêtre d'édition de texte de ce site, hum. Bref, j'ai pas vraiment eu une minute de temps libre à moi, et encore moins pour écrire, mais je vous avais promis des side stories, j'ai donc décidé d'en sortir une du placard aujourd'hui.

J'ai eu un rythme de réponse aux reviews totalement erratique, et résultat, je ne sais plus à qui j'ai répondu ou pas. Avant, le site permettait de le savoir, mais plus maintenant, alors peut-être que je vous ai répondu deux fois, ou peut-être pas du tout, et si c'est le cas, toutes mes excuses !

Bref, voilà le truc. Pas long. Si jamais ça vous plaît, n'hésitez pas à me le faire savoir, c'est toujours motivant - et mon amie la Procrastination a vu venir le moment où j'aurais un peu plus de temps libre qu'avant (aujourd'hui donc) et elle est bien décidée à reprendre ses droits sur moi, donc n'hésitez pas à lui taper sur la gueule pour la faire dégager un peu plus loin.

Sur ce, bonne lecture !


Le Transfuge - omake

~Side Story 1~

.oOo.

Quand il y réfléchissait, Louis n'était pas le genre de type à prendre une décision. Il y avait des gens qui savaient ce qu'ils voulaient, qui osaient se décider, et qui ne passaient pas dix minutes devant les menus au Mc Do en se demandant s'il valait mieux prendre le Big Mac ou le Mac Chicken.

Louis, c'était tout l'inverse. Il était trop hésitant ; il avait peur de regretter. Et si jamais il choisissait le Mc Chicken, et que pour finir, c'était en fait le Big Mac qu'il avait vraiment envie de manger ?

Jusqu'à aujourd'hui, il avait toujours plus ou moins réussi à s'arranger de sa situation, mais là, pour la première fois de sa vie, son indécision lui coûta réellement très cher.

- Quoi ?

Il cligna des yeux, pas vraiment certain d'avoir bien entendu – et avec l'infime espoir que ce soit le cas. Ça lui arrivait souvent de mal comprendre les autres, sans qu'il puisse réellement déterminer d'où venait le problème. Il n'était pas sur la même longueur d'ondes, probablement…

Malheureusement, lorsque Joshua répéta la phrase, elle sonna tout pareil que la première fois.

- Gabriel a couché avec Jorge.

Ils étaient installés au Tarmac, un bar où Lélio avait tenu à l'emmener. Il aimait bien Lélio, c'était un type drôle, et il était très gentil – mais aujourd'hui, Louis aurait préféré ne pas venir ici. Ne pas entendre la phrase.

Joshua était assis au bar, et il buvait son café tranquillement. Si Louis avait été vraiment perspicace, il se serait demandé pourquoi le brun prenait la chose si calmement alors qu'il était censé être amoureux de Gabriel ; c'était bizarre qu'il ne montre aucun signe de colère. Mais Louis n'était pas perspicace, et en plus, il était concentré sur ses propres problèmes ; il ne remarqua pas la façon dont la main de Joshua tremblait de rage en reposant la tasse sur le comptoir.

Gabriel avec couché avec Jorge. S'il y avait une chose à laquelle il ne se serait pas attendue, c'était bien celle-là. Gabriel, le volage, le papillon, l'oiseau libre, qui volait à des kilomètres au dessus de leurs têtes à tous, l'insaisissable (c'était comme ça que Louis le voyait, en tout cas), ce Gabriel là, il avait couché avec Jorge ? Jorge, l'incorruptible barman, le terre-à-terre, le brave type ? Il y avait un tel gouffre entre eux, pourtant ! C'était incompréhensible…

Et quelque part, il ne s'agissait pas seulement de ça. Assis sur sa chaise, Louis avait l'impression que la foudre venait de s'abattre à ses pieds ; le choc le laissait sonné, incapable de dire un mot. Et il ne comprenait pas bien pourquoi.

Bon… Il appréciait Jorge. Et l'autre donnait l'air de l'apprécier en retour. Et, d'accord, peut-être qu'une ou deux fois, il s'était dit que c'était le genre de type avec qui il pourrait être sympa de sortir. Il l'avait invité à venir au ciné, et Jorge, en retour, l'avait invité au restaurant, mais il ne s'était pas montré très bavard, et Louis en avait conclu que finalement, il ne l'intéressait pas…

Ce n'était que logique, après tout ; il était un type banal. Il n'avait pas grand-chose pour plaire. Que ce soit ses cheveux désespérément raides, pas assez blonds pour être vraiment blonds, mais trop clairs pour du châtain, ou ses cils affreusement longs qui le complexaient… Soit, il aimait bien ses yeux, d'un marron très clair qui les faisait paraître dorés au soleil, mais c'était tout. Et c'était sans compter les tâches de rousseur qui parsemaient sa peau – qui aurait pu faire la pub d'un produit pour le lait – et aussi le fait qu'il ne soit pas très grand et un peu trop mince… Il savait bien que son apparence n'avait rien de très attirant. Il n'était pas un Gabriel, qui d'un sourire, pouvait rallier le plus obtus des hommes à sa cause, qui attirait le regard rien qu'en marchant dans la rue.

Et pourtant, ce n'était pas son style d'être jaloux. Il appréciait Gabriel…

Enfin, jusqu'à aujourd'hui.

- D'où tu tiens cette information ?

Après tout, le téléphone arabe, ça pouvait vous déformer beaucoup de choses. Si l'information était venue de Machin, passée par Truc, relayée par Bidule, pour finir par arriver jusqu'à Joshua, il y avait de grandes chances qu'elle soit erronée. C'était ce qu'il espérait.

Pourquoi il l'espérait ? Il n'en savait rien. Mais il l'espérait. Jorge ne pouvait pas coucher avec Gabriel.

- C'est Gabriel qui me l'a dit, répondit simplement Joshua, sans se rendre compte qu'il brisait toute l'illusion que Louis venait de se construire en cinq secondes.

Bon. Si c'était Gabriel lui-même qui l'avait dit à Joshua, c'était que ça devait être vrai. Louis tenta de se raccrocher à une dernière bouée :

- Pourquoi il te l'aurait dit à toi ? T'es pas la dernière personne avec qui il parlerait de sa vie sexuelle ?

- Je l'ai surpris en train d'en parler avec Lawrence, et je l'ai forcé à m'avouer, répliqua Joshua, les dents serrées.

Et voilà, la dernière branche qui le retenait à la rive de l'espoir venait de se rompre, et maintenant, il avait l'impression de se laisser emporter par le fleuve boueux de ses pensées tumultueuses. Bon sang, pourquoi l'information le touchait-elle autant ? Gabriel pouvait bien coucher avec qui il voulait ! Pour ce qu'il s'en souciait, la moitié de la planète pouvait bien passer la nuit avec lui.

Oui, Gabriel, il s'en moquait comme de sa première brochette – mais Jorge, voilà, Jorge, il ne s'en moquait pas.

- Ça va, Louis ?

Il leva la tête vers Lélio, qui le regardait d'un air inquiet.

- Euh… oui…

Bon sang… Il s'en moquait… Ça n'avait rien d'extraordinaire. Et en plus, ça ne le regardait même pas ! Jorge pouvait coucher… avec qui il voulait…

- Merde, grinça-t-il en faisant claquer sa tasse de café sur la table. Merde !

Sans se rendre compte qu'il venait de stupéfier toutes les personnes présentes par cet éclat très peu louiesque, il se leva en faisant racler la chaise sur le sol, et sortit du bar sans payer sa note (et sans même s'en rendre compte). Quelque part dans sa poitrine, il y avait une alarme qui s'était mise à hurler, et il ne pouvait pas rester là sans rien faire, il fallait qu'il hurle avec elle. Ce qu'il fit. En plein dans la rue. Quelques personnes se retournèrent vers lui d'un air surpris, et vaguement effrayé, mais il ne les voyait pas.

Bon sang… Jorge avec Gabriel… Jorge… et Gabriel… Ensemble…

Non. Non. Non. Il ne pouvait pas accepter. Il ne voulait même pas imaginer. C'était indécent, et perturbant, et incestueux, et c'était totalement malsain. Qu'est-ce qui avait bien pu pousser ces deux hommes aux antipodes à vouloir coucher ensemble ? Il voulait désespérément savoir… et en même temps, il ne voulait rien entendre.

Oh, ce Gabriel… Le faux-jeton ! Il avait bien caché son jeu ! Il avait fait semblant de s'intéresser à Joshua, il avait fait mine d'être un cœur brisé, et il s'était approprié Jorge. Il l'avait manipulé. Sous ses dehors de type sympa, c'était un connard narcissique et manipulateur. Oh, oui, maintenant il le voyait tel qu'il était. Comment avait-il pu le prendre pendant si longtemps pour quelqu'un d'autre ? Pour un ami ?

L'écaille tombait de son œil. Gabriel était un traître, un voleur d'âme, un serial killer de l'amour. Il avait couché avec Jorge parce qu'après s'en être pris à la moitié de sa fac, il fallait qu'il se tourne vers ses collègues de travail, et il jetterait le pauvre type une semaine après, et l'ajouterait à la collection de cœurs brisés qu'il traînait derrière lui.

Et il ne fallait pas laisser faire ça, oh non. Il fallait y mettre le holà. Mais si même Joshua, l'invincible Joshua, n'avait pas réussi, pourrait-il quelque chose, lui, le petit Louis ? Il pouvait se prendre pour David et s'en aller combattre Goliath, mais il n'était pas certain d'arriver à faire tomber le géant.

Et pourtant, pourtant… Il fallait faire quelque chose. Parce que là, dans son ventre, alors qu'il marchait dans la rue, il y avait quelque chose qui brûlait, une flamme qui dévastait tout sur son passage, et qui lui faisait comprendre qu'elle ne serait satisfaite que lorsque Gabriel en aurait pris pour son grade. Parce que son comportement était méprisable, et parce que c'était honteux d'impliquer Jorge dedans – Jorge, cette mer d'innocence, cet ange de bonté. Gabriel l'avait souillé. Il devait payer.

Mais avant, il faudrait qu'il prenne le temps de se pencher sur ce qui se tortillait dans son ventre dès que le mot "Jorge" lui venait en tête. Avant d'affronter l'ennemi, il décida de se connaître lui-même ; ça lui donnerait plus de chances pour la bataille…

Quelques heures plus tard, en ce samedi 17 octobre, Louis Legat réalisa pour la première fois qu'il était amoureux de Jorge Jímenez.