Bonjour à toutes !

D'abord merci pour vos reviews, elles m'ont fait très plaisir. Même très très plaisir :D


Chapitre 2

Lorsque Simone rentra chez elle, les bras chargés de courses, elle s'attendait à tout, sauf à ce silence inquiétant qui régnait dans toute la demeure. Tom devait pourtant être rentré des cours depuis une bonne demi-heure, et il lui semblait bien avoir abandonné Gabriel dans cette même maison une heure auparavant. D'après ces calculs, ils avaient donc du se rencontrer, et elle avait espéré les retrouver en train de bavasser

Elle posa les sacs sur la table de la cuisine en soupirant. Elle avait omis le fait que Tom était plutôt de nature à devenir complètement coincé face à Gabriel, sans oser lui décocher un seul mot, et il devait être actuellement cloitré dans sa chambre en train d'hyperventiler. Cette pensée fit s'étirer ses lèvres en un large sourire, et elle s'attela à la tâche, rangeant les provisions dans les différents placards.

Simone connaissait particulièrement bien son fils, et elle avait pertinemment raison en pensant qu'il était presque terrifié à l'idée de sortir de son refuge. A dire vrai, Tom n'osait même pas se déplacer dans sa chambre, car Gabriel était remonté il y avait quelques minutes à peine dans la sienne. La mince cloison séparant les deux pièces était tellement fine qu'ils entendaient facilement tout ce qui se déroulait dans celle adjacente, et pour une raison pas encore totalement expliquée, il était angoissé à l'idée de faire le moindre bruit.

Il était assis sur son lit, celui-ci collé contre le mur commun aux deux chambres, et il ne bougeait pas, écoutant seulement les brides de conversations qui lui parvenait de l'autre côté de la cloison.

Il supposait que Gabriel était au téléphone, avec son petit ami d'après le peu qu'il avait pu entendre, alors il prit son courage à deux mains et se décida à descendre retrouver sa mère qu'il savait rentrée depuis quelques minutes.

Il délaissa son lit et se dirigea à pas de loups jusqu'à sa porte. Puis s'empressa de dévaler l'escalier, se retrouvant devant sa mère dans la cuisine.

« Mon chéri, ça va ? » s'enquit-elle immédiatement.

« Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ? J'ai eu l'air d'un idiot fini à cause de toi ! » L'accusa-t-il.

« Je suppose que je voulais te faire la surprise. » fit Simone en levant les yeux en ciel.

« Ah bah ça pour une surprise ! » souffla Tom en s'installant sur une chaise « J'ai presque cru avoir une hallucination »

« Alors ? » questionna sa mère avec un sourire aux coins des lèvres.

« Alors quoi ? »

« Tu le trouves toujours aussi mignon ? »

« Maman ! » s'offusqua l'adolescent.

« C'est pas une réponse »

« Oui je le trouve toujours aussi magnifique, c'est ça que tu veux entendre ? » s'exclama Tom.

« Euhm… je dérange peut-être ?» se renseigna Gabriel, appuyé contre le chambranle de la porte et Tom rougit en relevant les yeux vers lui.

« Non, viens donc nous rejoindre mon chéri » l'accueillit Simone, et Gabriel eut un sourire timide face à l'appellation alors que Tom cherchait le moyen le plus pratique pour se cacher dans la carafe d'eau qui trônait au centre de la table.

Gabriel s'assit face à lui et le gratifia d'un clin d'œil qui ne fit que l'enfoncer davantage dans son embarras.

« Je me suis permis de visiter la maison » déclara Gabriel « Et je dois dire que j'ai hâte de voir de plus près votre salle de danse. »

« Pas de vous avec moi Gabriel. Et en parlant de ça, on va d'abord s'occuper de ta cheville, une chose à la fois »

Devant l'air dépité qu'affichait Gabriel, elle ne put retenir un rire.

« Je te promets que tu re-danseras bientôt. »

Gabriel lui offrit un faible sourire. « Je l'espère » soupira-t-il

« Je tiens toujours mes promesses » affirma Simone sur un ton rassurant, avant de se lever soudainement. « Rien de tel pour remettre le corps en marche qu'une bonne marche à pieds. Tom, va donc faire visiter un peu le village à Gabriel pendant que je prépare à manger ! »

C'était typiquement sa mère, songea Tom, et ses craintes se confirmèrent lorsqu'elle haussa un sourcil significatif dans sa direction et il lui jeta un regard alarmé, la faisant sourire davantage.

«Tom ? » l'interpella Gabriel, déjà levé « On y va ? »

[…]

« Sans vouloir te vexer, tu n'es pas très causant » remarqua Gabriel, faisant immédiatement rosir les joues de Tom.

Cela faisait quelques minutes qu'ils marchaient en silence, profitant de l'agréable chaleur de cette fin d'après-midi de printemps, leurs pas crissant dans les gravillons qui constituaient la majorité des petites routes du village.

« Est-ce que je t'intimide ? » demande Gabriel d'une voix douce. « Parce que y'a vraiment pas de quoi »

« En fait » se lança Tom « Je crois que j'ai toujours pas réalisé que tu étais devant moi en chair et en os »

Gabriel pouffa et Tom lui lança un regard pseudo-menaçant.

« Te moque pas de moi. Pour être franc, je dois t'avouer que ça fait un moment que je suis, genre, 'fan' de toi et je n'aurais jamais cru te rencontrer de cette manière un jour. »

« Mais on s'est déjà vu, n'est-ce pas ? Je m'en souviens » C'était totalement faux, mais le danseur devina que c'était un bon moyen de détendre un peu Tom qui se comportait de manière plutôt nerveuse depuis qu'ils étaient partis.

Et il sut qu'il avait visé juste lorsqu'il vit l'adolescent lui sourire franchement.

« Oui, et il y avait ton petit-ami aussi. Vous êtes toujours ensemble ? » Osa-t-il demander. Cette question lui brûlait les lèvres depuis un moment, et il était soulagé d'avoir trouvé l'occasion de la poser sans que cela ne paraisse trop suspect.

« Oui » lui répondit Gabriel avec un sourire éblouissant qui atténua légèrement la déception de Tom. « Et toi, Tom, quelqu'un dans ta vie ? »

Le grognement que Tom émis valait toutes les réponses du monde, et le danseur eut un petit rire.

« A ce point ? »

« Disons qu'entre les gens du lycée et moi, c'est pas la franche entente » soupira Tom.

« Je sais ce que c'est » compatit Gabriel « Les problèmes du lycée, je connais bien. A vrai dire je n'ai jamais été jusqu'au bac »

« Pourquoi ? » s'étonna Tom.

Gabriel stoppa sa marche et le regarda de manière indéfinissable, ses yeux semblant se voiler quelque peu alors qu'il réfléchissait. Finalement, il secoua doucement la tête de droite à gauche.

« On parlera de ça une autre fois, okay ? Parle-moi de toi, plutôt. »

[…]

Finalement, la balade s'était achevée dans une ambiance beaucoup plus détendue que celle dans laquelle avait démarré. Tom estimait que le plus dur était fait, c'est-à-dire oser parler à Gabriel. Ca paraissait stupide, d'un point de vue extérieur, mais il avait vraiment eu du mal à lui adresser normalement la parole. Discuter avec Gabriel, c'était une situation qui lui paraissait irréalisable quelques heures plus tôt, et pourtant ils venaient de se raconter leurs souvenirs du lycée, enfin, surtout leurs problèmes, profitant de ce point qu'ils avaient en commun pour commencer à faire connaissance.

Gabriel était là pour un long moment, et il était soulagé de pouvoir s'entendre avec le fils de Simone, qu'il allait côtoyer au quotidien. De plus, il était loin d'être désagréable à regarder, et ça ne pouvait que l'aider à se sentir bien dans cette maison étrangère. Il aimait ce qui était beau, et aimait surtout être entouré de belles choses.

Il pénétra dans le hall à la suite de Tom, et une douce odeur de gâteau au chocolat parvint jusqu'à ses narines, ravissant son sens olfactif.

Il entra dans la cuisine et se laissa tomber sur une chaise, grimaçant. Sa cheville la lançait, et il détestait cette douleur qui lui rappelait qu'il ne pouvait danser pour le moment. Il lâcha un lourd soupir tout en regardant Tom s'assoir à côté de lui.

« Pas si vite Tom. Mets la table » ordonna Simone.

Tom grogna et se releva de mauvaise grâce alors que sa mère et Gabriel échangeait un regard amusé.

« Alors, j'espère que t'aimes les frites Gabriel, parce que j'en ai fait pour un régiment » rit Simone et Gabriel grimaça légèrement.

« J'adore ça, mais ça va pas m'aider à maigrir »

Tom se cogna contre le buffet en se relevant brusquement et s'étouffa à moitié.

« Pardon ? » s'étrangla-t-il.

« J'ai grossis ! Je déteste ça»

« Je te trouve parfait comme ça moi ! » s'exclama Tom, presque outré par cette idée.

Il remarqua que sa mère se retenait d'éclater de rire et que Gabriel avait haussé un sourcil, et il rougit violemment.

« Merci du compliment » pouffa Gabriel, et lorsque Tom vira au cramoisi, sa mère ne put se contenir plus longtemps et rit soudainement aux éclats sous le regard surpris du danseur.

Il interrogea Tom du regard, et ce dernier haussa les épaules, encore honteux. Il acheva de préparer la table en baissant la tête.

Simone reprit le contrôle d'elle-même et s'excusa rapidement, avant de prendre place à table en face de Gabriel.

« Allez les enfants, entamons ce gras repas qui va rendre Gabriel obèse ! »

L'interpellé lui tira la langue et ils entamèrent le repas dans une ambiance bon enfant.

[…]

La soirée se déroula tranquillement, Gabriel et Simone se racontant mutuellement leurs souvenirs dans le milieu de la danse, et Tom se plaisait à les écouter. Il ne se lassait jamais des histoires de sa mère, et il était ravi d'en apprendre plus sur Gabriel.

Ces deux là semblaient s'entendre à merveille, et Tom était presque jaloux de la complicité qui se formait entre eux. Il se fustigea intérieurement. S'il n'était pas autant perturbé par le danseur, et s'il arrêtait de faire des bourdes, tout serait beaucoup plus simple.

Gabriel fut le premier à monter se coucher, s'excusant en expliquant qu'il était particulièrement fatigué, et Tom se retrouva seul avec sa mère qui le couvait des yeux, une lueur d'amusement au fond des pupilles.

« C'est un charmant jeune homme » commenta-t-elle et son fils releva les yeux vers elle.

« Maman » soupira-t-il et elle le coupa avant qu'il ne puisse lui faire le moindre reproche.

« Je ne dis pas ça pour te taquiner, je le pense vraiment. »

Tom acquiesça, avant qu'elle en rajoute, un sourire taquin aux lèvres.

« Cependant je reste sur mon idée qu'il serait un gendre parfait »

« Je te rappelle qu'il est casé depuis genre quatre ans ! » râla Tom.

« Qui ne tente rien n'a rien mon chéri » sourit Simone.

Tom secoua la tête, l'air exaspéré.

« Au moins tu ne nies plus qu'il te plait, on progresse ! » poursuivit-elle.

« J'ai toujours dit que je le trouvais beau ! »

« Tu m'as très bien compris Tom ! » fit-elle d'un ton sérieux, cherchant à capter son regard du sien, et son fils détourna la tête, rosissant encore.

« C'est incroyable, je ne t'ai jamais vu autant rougir ! » remarqua-t-elle. « Gabriel t'intimide, n'est-ce pas ? »

« Il a l'air si… » Tom chercha ses mots, marquant une longue pause « lointain. Je veux dire, j'ai l'impression qu'il appartient à un autre monde et je ne sais pas trop comment l'atteindre. On a pourtant discuté tout à l'heure en nous promenant, mais il reste assez distant, un peu sur ses gardes. Du moins avec moi, parce qu'avec toi …»

« Tu ne peux pas comparer avec moi, c'est totalement différent. »

« Ouais, il a de l'estime pour toi, alors qu'il doit se foutre totalement de moi. Je suis totalement ridicule depuis qu'il est arrivé. »

« Ne dis pas ça » lui reprocha sa mère « C'est juste que vous ne pouvez pas devenir les meilleurs amis du monde en quelques heures à peine »

Tom souffla.

« T'as surement raison » concéda-t-il à contre cœur. « Je vais me coucher, j'ai cours demain »

Après avoir souhaité la bonne nuit à sa mère, il rejoignit sa chambre. Aucun son n'émanait de celle de Gabriel et il devina qu'il devait déjà être endormi. Il se déshabilla sans bruit et se glissa dans son lit. Il savait que celui de Gabriel était positionné à l'identique de l'autre côté du mur, et il sourit doucement avant d'éteindre la lumière.

[…]

Tom courrait comme un dératé jusqu'à son arrêt de bus, s'engouffrant dans l'autocar juste avant que les portes ne se referment. Il montra sa carte au chauffeur avant de parcourir le couloir et s'avachir à côté de Nathan, essoufflé.

« Ca fait longtemps que je t'avais pu vu piquer un sprint de si bon matin. Quelle excuse cette fois ? »

« Mauvais timing. Gabriel squattait la salle de bain… » Expliqua Tom entre deux inspirations.

« Je crois que tu confonds avec ton rêve de cette nuit… » Plaisanta Nathan en le gratifiant d'une tape compatissante sur l'épaule. « Sérieusement, tu foutais quoi ? »

« Je suis sérieux ! » s'insurgea le dreadé « Gabriel est arrivé hier pour travailler avec ma mère, j'étais même pas au courant ! »

« Et tu me préviens que maintenant ! » s'exclama Nathan, faisant se retourner sur lui les autres passagers du bus « Regardez ailleurs vous » leur ordonna-t-il en prenant un air sévère.

« Désolé, j'étais tellement ailleurs que j'ai pas pensé à te prévenir » s'excusa Tom.

« Ah ça j'imagine ! Alors, dis m'en plus à propos de cette salle de bain. Vous faisiez des trucs cochons c'est ça ? »

« Nathan' ! Mais ça va pas la tête ! » Cria le plus jeune en pointant son ami du doigt d'un air outré.

« Fais pas genre. Je sais que t'en rêves. T'as au moins regardé par le trou de la serrure hein, rassure-moi ? » le taquina l'ainé et Tom détourna le regard en rougissant.

« N'importe quoi »

« Tu mens très mal »

« Y'avait la clé dedans de toute façon… » Avoua Tom et Nathan éclata d'un rire sonore.

« Ce mec est dingue ! T'es incroyable ! »

« Genre t'aurais pas fait la même chose si Jessica Alba était dans ta douche ! »

« La différence entre toi et moi, Tom, c'est que si Jessica Alba était dans ma douche, je serais avec elle… »

Tom jura en croisant ses bras sur son torse, lui décochant un regard noir.

« T'as essayé de lui faire un strip-tease ? » poursuivit l'ainé et Tom hurla au scandale.

[…]

Après un débat intérieur d'approximativement deux secondes, Tom décida en accord avec lui-même qu'il était beaucoup mieux pour son moral de penser à Gabriel (sous la douche) que de suivre son cours de physique. Il exécrait cette matière, de toute manière.

Ses yeux dérivèrent vers l'extérieur, contemplant sans la voir la cour inondée par le soleil de l'après-midi, et il soupira profondément. Il n'avait qu'une envie, celle de rentrer chez lui, de trouver Gabriel, et de le plaquer contre un mur quelconque pour l'embrasser à perdre haleine. Il frissonna, et lâcha un nouveau soupir. Et dire que seulement quelques heures auparavant, il l'avait vu sortir précipitamment de la salle de bain pour lui laisser la place, vêtu uniquement d'une serviette, et ses cheveux encore imbibés dégoulinant d'eau sur ses épaules. Il expira longuement et son voisin cogna contre ses côtes avec son coude.

« Je comprends enfin pourquoi on appelle cela soupirer après quelqu'un » chuchota Nathan avec un sourire amusé « Courage, plus que dix minutes de cours »

« J'en ai marre ! » geignit Tom.

« Moi aussi, figure-toi »

« Silence » cria leur professeure de physique en leur jetant un regard désapprobateur, les faisant sursauter de concert.

Les minutes défilèrent avec une lenteur insupportable et Tom sauta presque de joie lorsque la sonnerie retentit, déclenchant un fou rire chez son meilleur ami.

« Arrête de rire et magne-toi ! » l'invectiva Tom « Si je rate le bus je me suicide ! »

« Gabriel va pas s'envoler tu sais… » râla Nathan tout en rangeant rapidement ses affaires dans son sac.

Ils quittèrent la salle et se faufilèrent comme ils purent entre les élèves dans les couloirs et les escaliers, atteignant avec moult difficultés le portail de sortie.

Une demi-heure plus tard, Tom posait un pied dans le hall de sa maison, et toute sa précipitation retomba. Il posa son sac dans un coin et se dirigea d'un pas plus si assuré jusqu'à la salle de danse. Il se stoppa au niveau de la porte, hésitant.

Gabriel était en train de faire des étirements, debout, ses deux jambes écartées et ses mains enroulées autour des ses chevilles, aplatissant son dos de manière à ce que le sommet de sa tête entre en contact avec le sol

Tom grimaça, il était totalement incapable d'une telle souplesse, et il avait mal pour Gabriel. Il sentit un regard peser sur lui et tourna son visage vers celui de sa mère à l'autre bout de la pièce, qui venait de placer un nouveau cd dans la chaine hi-fi.

« Tom » s'exclama-t-elle « Tu tombes bien ! »

Tom la dévisagea avec un air qui signifiait « ah bon ? et pourquoi ça ?» et elle leva les yeux au ciel.

« Gabriel, tu peux arrêter s'il te plait ? »

L'interpellé se redressa et Tom put le contempler à loisir. Ses dreads étaient nouées en une queue de cheval et il portait un débardeur noir qui retombait sur un short de même couleur, dévoilant ses longues jambes dénudées. Il bava intérieurement et sursauta lorsque Gabriel se tourna vers lui. Il toussota pour se redonner une contenance et s'adressa à sa mère.

« Euh, t'as besoin de moi ? »

« Oui, car tu as pitié de ta vieille mère ! Gabriel allonge toi s'il te plait »

Gabriel s'exécuta avec un sourire au coin des lèvres alors que Tom obéissait aux injonctions de sa mère, s'agenouillant à côté du danseur et posant ses mains à plats sur sa hanche gauche, non sans rougissement.

Gabriel entama une série de battements rythmé par le décompte de Simone, lançant sa jambe droite en l'air plusieurs fois d'affilé, sa pointe tirée à son maximum.

« Appuie plus fort Tom» lui intima-t-il.

Tom accentua la pression de ses mains sur la hanche de Gabriel, empêchant ainsi son corps de rouler sur le côté. Ses doigts n'étaient séparés que par quelques ridicules millimètres de tissu de la peau de Gabriel, et il s'imagina pouvoir les faire glisser le long de la jambe nue et parfaitement épilée du danseur. Il la caresserait avec douceur, savourant son soyeux du bout des phalanges, puis il referait le chemin en sens inverse, traçant des sillons brûlants avec sa langue, goutant sa saveur qu'il imaginait légèrement sucrée, juste assez pour que ce soit délicieux.

Ensuite, il ferait sûrement courir ses mains partout sur le corps de Gabriel qui se tortillerait sous son toucher, avant de redessiner le contour de ses lèvres si attirantes de son index. Ou alors il passerait ses doigts dans sa chevelure pour les entremêler avec ses dreads comme il aimerait le faire.

Simone remarqua que Tom affichait un air rêveur, et paraissait totalement déconnecté de la réalité, et elle toussota légèrement, le faisant revenir à lui. Il papillonna des yeux et prit conscience du regard étrange que Gabriel lui portait.

Ce dernier avait maintenant posé son pied droit à côté de son visage et Tom se demanda combien de temps s'était écoulé. Gabriel lui adressa un sourire énigmatique avant de se redresser, s'asseyant, et Tom retira sa main de sa hanche.

« J'ai perdu de ma souplesse » fit Gabriel avec une moue triste et Simone le réconforta immédiatement.

« C'est pas si affreux, tu vas vite récupérer, crois-moi. C'est normal après avoir arrêté la danse un certain temps. Mais ça reviendra, crois-moi. »

« J'espère que tu as raison » soupira Gabriel en se relevant.

« Tu sais, quand j'ai appris que j'étais enceinte de Tom » Elle eut un sourire attendri à ce souvenir. « J'avais tellement peur de le perdre ou de le blesser que j'ai arrêté de danser durant huit mois. Et quand j'ai recommencé, j'ai eu du mal, mais j'ai réussi à atteindre le niveau que j'avais avant ma grossesse, parce que je suis faite pour danser, et que tu l'es aussi, j'en suis certaine ».

Gabriel ne répondit rien, lui lançant seulement un regard empli de gratitude et de fierté, aussi.

« Allez c'est fini pour aujourd'hui » décréta Simone en éteignant la chaine hi-fi.

« Je vais prendre une douche » déclara Gabriel et Tom le suivit quitter la pièce du regard.

« Alors ? » demanda Tom à sa mère « Tu vas pouvoir lui faire faire des merveilles, comme d'habitude ? »

« Oh, il est parfait » s'extasia Simone « Il a un corps taillé exprès pour la danse, c'est pas possible autrement ! Dès que j'aurais réglé le problème de sa cheville ce sera un véritable plaisir de le faire danser ! »

« Et c'est moi l'amoureux transi à la base » plaisanta Tom sur un ton désabusé.

« Si tu le veux pour beau-père on peut s'arranger mon chéri ! »

« Maman ! » s'insurgea Tom en ouvrant de grands yeux « Mais ça va plus ? »

« Du calme. Je vais pas te le piquer. Par contre si tu pouvais éviter de fantasmer éveillé dès que tu l'approches ce serait une bonne chose… » Le taquina sa mère en posant une main sur son épaule. « Il va finir par s'en rendre compte ».

« Je crois que je suis déjà grillé » pesta Tom « Je vais finir par lui faire peur »

« Tu ferais pas peur à une mouche, malheureusement » rit Simone et Tom, outré, lui envoya pichenette sur l'épaule.

[…]

Tom montait les escaliers avec lassitude lorsqu'il croisa Gabriel qui effectuait le trajet en sens inverse. Il se décala pour le laisser passer mais ce dernier s'arrêta à son niveau.

« Tu m'accompagnes ? » lui proposa-t-il en lui désignant le paquet de cigarette qu'il tenait dans la main.

L'hésitation de Tom ne dura qu'une seconde avant qu'il n'acquiesce, récoltant un sourire ravi de Gabriel.

Il le suivit et ils sortirent de la maison, se posant dans le jardin, s'asseyant en tailleurs dans l'herbe. Le temps était encore doux pour la soirée, et le jour commençait seulement à décliner, baignant le paysage d'une teinte doucement orangée.

Tom observa Gabriel porter une cigarette à ses lèvres avant de recracher doucement la fumée, ne pouvant s'empêcher de trouver le geste sensuel, avant de prendre la parole.

« Je savais pas que tu fumais »

Gabriel lui adressa un sourire coupable « A vrai dire je ne devrais pas, mais ces derniers temps je ne peux pas m'en empêcher, je suis trop angoissé pour mon avenir. »

« T'es un danseur formidable Gabriel, ma mère n'arrête pas de le répéter, tu vas t'en sortir aisément »

Gabriel le remercia du regard avant de le porter sur l'horizon, où le soleil commençait lentement à disparaitre.

« Désolé pour ce matin, au fait » s'excusa-t-il « Pour la douche » précisa-t-il.

« C'est pas grave, rien de tel qu'un petit footing de bon matin » rit Tom.

« Je déteste être en retard, et pourtant je le suis tout le temps. Tout le monde me le reproche » souffla Gabriel « Je suis un cas désespéré. »

« On va dire que tu sais te faire désirer »

« Enfin quelqu'un qui me comprend ! » s'exclama Gabriel « Va dire ça à Andreas, il est toujours en train de râler après moi ! »

Tom grogna imperceptiblement et un silence apaisant s'installa. Tom se surprit à se sentir à l'aise en présence de Gabriel, et Gabriel appréciait réellement la compagnie de l'adolescent.

« Je sais que ça se fait pas vraiment de demander ça mais… » Il hésita « Tu n'as jamais connu ton père ? »

« Non » répondit simplement Tom « Et je n'ai aucun problème avec ça, t'en fais pas ! J'aime ma mère et je n'ai jamais ressenti le besoin d'un père. Il parait que c'est pour ça que je suis devenu gay, mais j'en doute » Il se mordit la lèvre. Il avait avoué à Gabriel qu'il aimait les hommes, juste histoire de l'informer, au cas où…

Il se frappa mentalement, ce n'était pas vraiment comme s'il avait la moindre chance, sa mère avait vraiment une mauvaise influence sur lui.

Le rire spécial de Gabriel résonna et il le trouva adorable. Il ne put réfréner un sourire et le danseur lui adressa un regard gêné.

« Tout le monde se moque de mon rire » geignit-t-il « J'y suis pour rien ! »

« Je me moque pas, je trouve ça plutôt mignon à vrai dire. »

« Merci, t'es le premier à me le dire ! Décidemment, t'es un mec parfait toi ! »

Tom rougit, embarrassé, et Gabriel sourit doucement en le remarquant. Il trouvait l'adolescent vraiment attendrissant à rougir pour presque rien.

« Ta mère le sait ? »

Tom haussa un sourcil « Quoi ? »

« Que son fils est un homme qui aime les hommes ? »

« C'est clairement elle qui m'a poussé dans cette voie. Et toi ? Tes parents ont bien réagi ? » Osa-t-il demander.

« Oh. Disons que c'est une longue histoire »

Tom sentit qu'il s'était aventuré sur un terrain glissant et il releva les yeux vers Gabriel, interrogateur.

« Que je te raconterais une autre fois » acheva Gabriel.

« Ca t'en fais des choses à me raconter une autre fois » remarqua Tom avec un sourire que Gabriel lui rendit.

« On a tout notre temps, non ? Je suis là pour un moment »

« Tu m'en vois ravi » murmura Tom, et Gabriel secoua légèrement la tête, amusé.

[…]

« Mais lâche-moi à la fin connard ! » hurla Tom « Tu sers à rien, t'es juste un gosse de riche qui se croit supérieur aux autres alors que t'es rien d'autre qu'une sale merde ! »

« Je vaux toujours mieux que toi et ta sale pute de mère, Trümper » répliqua Karl et il n'en fallut pas plus pour que Tom se jette sur lui.

Il lui envoya un coup de poing et Karl le frappa violemment au visage en réponse, avant de le plaquer contre le mur. Tom le repoussa durement et ils commencèrent à s'envoyer coup sur coup en se criant des injures.

« Tom ! Mais calme-toi » cria Nathan qui arrivait en courant, sortant à peine du lycée.

Il l'attrapa par le t-shirt et le tracta en arrière, poussant brutalement Karl qui cherchait à répliquer. Il tira son ami par le bras, l'entrainant à sa suite loin de Karl et de sa bande qui venait à sa rescousse.

« T'as perdu la tête ça va pas ? » s'énerva Nathan.

« Lâche-moi ! Je vais le défoncer ce connard ! » Fit Tom en se débattant, tentant d'échapper à sa prise sur son bras.

« Tu te calmes ! » ordonna l'ainé sur un ton qui n'admettait aucune contestation.

Tom croisa les bras sur son torse, le défiant du regard.

« Tu préfères que je me laisse faire ? »

« A dire vrai, oui ! C'est mieux que de t'abaisser à leur niveau ! »

Tom ne répondit pas et Nathan lui tapota l'épaule.

« Allez, on y va, si on se grouille pas on va rater notre bus»

[…]

Gabriel était installé sur le canapé lorsque Tom claqua bruyamment la porte d'entrée.

Il se tourna vivement en direction du nouvel arrivant et écarquilla les yeux. Depuis une semaine qu'il le connaissait, il n'avait jamais vu Tom aussi énervé.

« Tom ? Ca va pas ? » S'enquit-il en se dirigeant vers l'adolescent qui retirait ses chaussures, avant de les balancer négligemment dans un coin.

« Lâche-moi » grogna Tom avant de chercher à s'enfuir par les escaliers. Gabriel lui coupa la route.

« Tu me parles pas comme ça de un, et de deux c'est quoi ces blessures ? »

« Rien » Cracha Tom.

Gabriel prit un air sévère et, malgré ses nombreuses protestations, amena Tom jusqu'à la salle de bain, le faisant asseoir.

« Tu vas me dire ce qu'il t'est arrivé, et ne proteste pas !» ordonna-t-il tout en saisissant un gant de toilette qu'il humidifia dans le lavabo.

« J'me suis battu, t'es content ? »

« Non. Je trouve juste ça stupide » soupira Gabriel avant de passer doucement le gant sur le visage de Tom, essuyant le sang qui avait coulé. « Pourquoi ? »

« Parce qu'il me fait chier depuis des années, voilà pourquoi »

« Le mec dont tu m'avais parlé, Karl c'est ça ? » se renseigna le danseur tout en reposant le gant dans le lavabo.

« Ouais. Lui. »

Gabriel hocha la tête sans rien dire, et Tom frissonna lorsque ses doigts glissèrent sur sa lèvre, avant de grimacer de douleur.

« Désolé. Mais il t' a bien amoché »

« Tu trouves ça ridicule ? »

« De t'être battu ? Je ne peux pas vraiment te faire de reproche, ça m'est déjà arrivé, plein de fois. Mais personne pour me soigner. »

Tom le regarda tristement et Gabriel l'ignora, se retournant vers le placard pour y chercher de quoi désinfecter ses plaies.

Il pulvérisa un peu de désinfectant sur un coton avant de tamponner l'arcade de Tom qui saignait encore légèrement. Le visage de Gabriel était extrêmement proche du sien, et il contempla son air concentré, intérieurement ravi que le danseur prenne ainsi soin de lui. Il pouvait sentir l'haleine de Gabriel frôler son visage et il ferma les yeux, s'abandonnant à ses soins.

Gabriel acheva de désinfecter ses quelques plaies, les couvrant par des pansements, et ne put retenir un sourire.

« Mais que va dire ta mère ! Franchement ! »

« Je peux toujours lui dire que je suis tombé… » Tenta Tom et Gabriel éclata de rire.

« Elle n'est pas crédule à ce point. » le découragea-t-il alors qu'il s'essuyait les mains « Allez, retire ton t-shirt ! »

« Quoi ? » s'interloqua Tom.

« Si tu veux avoir des superbes hématomes qui te feront souffrir pendant deux semaines, libre à toi, mais je pense que c'est une mauvaise idée. »

Tom grommela avant de lui obéir, enlevant son haut, totalement mal à l'aise de se retrouver torse nu devant l'objet de ses fantasmes. Gabriel fit couler une noisette de pommade anti-coup dans sa paume gauche et Tom se surprit à l'imaginer en infirmier sexy. Il se fustigea mentalement alors que Gabriel commençait à étaler du bout des doigts la pommade au niveau de son abdomen. Il essaya de réprimer un violent frisson et ses abdos se contractèrent au contact entre leurs deux peaux.

« C'est que t'es musclé quand même » remarqua Gabriel, provoquant un violent rougissement chez Tom qui se maudit de réagir si rapidement. Ca commençait vraiment à lui taper sur les nerfs.

Si Gabriel le vit, il ne fit aucune remarque, se contentant de lui demander de se retourner pour qu'il puisse s'occuper de son dos.

« Au fait, ma mère est pas là ? » questionna Tom, plus par envie de détourner son attention des douces mains de Gabriel sur sa colonne vertébrale et des délicieuses sensations que ça lui procuraient, que par véritable intérêt.

« Il était temps de t'en inquiéter ! Non elle est partie faire des courses, elle devrait pas tarder. Prépare-toi à lui dire que son innocent fils s'est transformé en voyou »

« Tu dis que de la merde » répliqua Tom.

« Je te permet pas ! » s'outra Gabriel « Vilain garçon !» pouffa-t-il tout en le gratifiant d'une pseudo-fessée.

Tom roula des yeux et il se tourna face à Gabriel, le pointant du doigt d'un air menaçant.

« Pas touche ! » dit-il d'un ton qui se voulait intimidant.

« Range-moi ce doigt, tu pourrais blesser quelqu'un ! » fit-il en enroulant sa main autour de celle de Tom pour l'abaisser.

Le cœur de Tom manqua un battement, et déjà les doigts de Gabriel délaissaient les siens, leur propriétaire fronçant les sourcils face à l'air perdu de Tom.

Il pencha la tête sur le côté, avant de caresser de la paume de la main la joue de l'adolescent, lui provoquant des fourmillements dans tout le corps.

« Ca va aller ? » demanda Gabriel, et la douceur dans sa voix fit littéralement fondre Tom qui ne put qu'acquiescer, légèrement confus. Le danseur lui offrit un sourire qui renforça son trouble, et il ne put détourner ses yeux de ceux, préoccupés, de Gabriel. Il était à deux doigts de se perdre dans son regard profond lorsque la porte d'entrée claqua.

« Les enfants ! Je suis rentrée ! » S'écria Simone tout en transportant son cabas empli de provisions en tout genre jusqu'à la table de la cuisine. Des bruis de pas dans l'escalier ne tardèrent pas à se faire entendre, et elle observa Gabriel pénétrer dans la pièce avec un grand sourire, suivi d'un Tom à l'air plutôt gêné.

« Tom ! » s'étonna-t-elle en se précipitant « Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? »

« Maman c'est rien ! J'ai juste craqué à cause de Karl et…on s'est battu quoi » expliqua Tom, penaud.

Simone soupira, l'air las. « Je ne suis pas fier de toi Tom ! Tu vas encore avoir plus de problèmes »

« Je sais bien, mais je commence à saturer. »

Gabriel crut bon de ne pas intervenir dans la discussion, et commença à ranger les aliments à leur place. Il dénicha un tube de ce qu'il lui semblait bien être du lubrifiant et se retourna vers Simone en soulevant un sourcil amusé.

« Oh, c'est pas pour moi que je l'ai acheté voyons ! » se justifia-t-elle, un grand sourire accroché aux lèvres. « C'est pour Tom, je sais qu'il n'oserait jamais aller en acheter lui-même. » rajouta-t-elle alors que Tom paraissait sur le point de se sentir mal.

« Maman » ! S'offusqua-t-il alors que Simone et Gabriel échangeait un regard entendu.

« T'as totalement raison. J'utilise le même en plus, c'est un bon choix »

Tom grimaça alors qu'il essayait de ne pas imaginer Gabriel en train d'utiliser le produit, et porta une main à son front en pestant. Sa mère lui aurait vraiment tout fait.

« C'est bien ce que je me disais. Tom, mon chéri, arrête d'avoir l'air si choqué, tu as l'âge pour ces choses-là » dit-elle à son fils totalement désespéré.

Ce dernier s'enfuit en prétextant d'avoir des devoirs à faire, et Gabriel s'empressa de le suivre, attrapant son bras pour qu'il pivote face à lui.

« Tu vas pas bouder pour ça quand même ? »

« Mais elle arrête pas de…enfin, tu vois »

« Absolument pas, en fait »

« A cause d'elle j'ai toujours l'air ridicule devant toi, voilà !» avoua-t-il en fixant ses pieds des yeux.

Gabriel prit son menton entre ses doigts pour relever doucement son visage vers le sien.

« Tu as de la chance d'avoir une mère comme la tienne Tom » puis il s'abaissa, portant ses lèvres près de son oreille. « Et puis tu es mignon quand tu rougis » lui chuchota-t-il, le faisant immédiatement rosir de la tête aux pieds.

Gabriel se redressa et lui offrit un dernier sourire avant de rejoindre Simone, abandonnant le jeune homme totalement déboussolé au milieu du hall.

[…]

« Il m'a dit que j'étais mignon ! » s'exclama Tom tout en s'asseyant aux côtés de son ami dans le bus scolaire.

« Hum oui, les pansements ça te donne un air sauvage, grr » le railla Nathan tout en roulant des yeux.

« Oh laisse tomber » se vexa Tom en croisant les bras sur son torse.

« T'as toujours rien tenté ? »

« T'as perdu la tête ? Je vais me prendre un râteau direct, c'est certain. »

« Fais lui au moins comprendre que tu lui plais, je sais pas, fais quelque chose ! »

« Ca s'il l'a pas déjà remarqué c'est qu'il con en même temps » pleurnicha Tom « En plus hier ma mère n'a rien trouvé de mieux que de m'acheter du lubrifiant…et c'est Gabriel qui la trouvé ! La honte ! »

« Sérieux ? Ta mère est géniale ! » S'exclama Nathan « On doit bien s'amuser chez toi, tu m'invites quand ? »

« T'as qu'à venir ce soir. » proposa Tom.

« Cool, je vais enfin découvrir le super sexy Gabriel. »

« Si tu fais la moindre gaffe je t'étrangle, compris ? »

« T'inquiète » soupira Nathan tout en se levant, leur bus approchant de leur arrêt.

Ils sortirent en vitesse et entreprirent de remonter la rue tout en discutant lorsque qu'on interpella Tom.

Ce dernier se retourna et tomba nez-à-nez avec Ulrich, un des amis de Karl. Il l'ignora et poursuivit sa route, s'empressant de gagner l'enceinte du lycée. Il sentit qu'on empoignait son bras et il se dégagea de la prise, ramenant vivement sa main contre son torse.

« Ne t'avise même pas de me toucher » menaça-t-il son vis-à-vis tout en le fusillant du regard.

L'autre se moqua ouvertement de lui et Tom enragea.

« Je fais ce que je veux, Trümper » fit Ulrich en faisant un pas en avant.

« C'est quoi ton problème ? » l'agressa Nathan en se positionnant devant Tom, l'air passablement énervé.

« Comme c'est mignon. C'est quoi, ton copain pour que tu le défendes ainsi ? »

« Va te faire voir » souffla Nathan, exaspéré, avant de se tourner vers Tom « Viens on se casse !»

Joignant le geste à la parole, ils s'éloignèrent rapidement, sans un regard en arrière.

« C'est ça barre toi ! Pédale ! »

Les poings de Tom se crispèrent à lui en faire mal et Nathan posa une main sur son épaule pour le calmer.

« Juste, ignore-le, okay ? Il ne vaut même pas la peine que tu t'énerves… »

Ils atteignirent enfin le portail du lycée et pénétrèrent dans l'enceinte au moment où la sonnerie de commencement des cours résonnait.

« Rien de tel qu'un bon cours de maths pour se changer les idées » S'enthousiasma faussement Nathan.

« J'espère que la prof est pas là » marmonna Tom tout en le suivant mollement à l'intérieur du bâtiment. Ca allait être une longue et dure journée.

[..]

Gabriel finissait d'enfiler ses pointes sous le regard soucieux de Simone.

« Si ta cheville gauche te lance anormalement tu arrêtes surtout. Mieux vaut ne pas aggraver ton entorse si tu n'es pas totalement guéri » conseilla-t-elle.

« Je sais, ne t'inquiète pas » la rassura Gabriel tout en se relevant, avançant de quelques pas pour se placer à côté d'une des barres de danse. Il posa sa main gauche sur le bois clair et monta précautionneusement sur demi-pointe, puis sur pointe tout en portant son bras droit en couronne au dessus de sa tête.

Il lâcha la barre et leva sa jambe droite sur le côté, avant de la reposer sur le sol, prenant appui sur elle alors qu'il effectuait une pirouette en pliant sa jambe gauche de manière à ce que son gros orteil touche son genou droit. Il tourna quatre fois sur lui-même, puis il reposa ses deux pieds sur le sol, satisfait.

« Bordel, rien que ça m'avait manqué » sourit-il.

« Allez, une petite diagonale de pirouettes juste pour toi ! » céda Simone.

Ravi, Gabriel se plaça au coin gauche à l'arrière de la salle, à l'opposé du grand miroir qui s'étalait sur l'entièreté du mur en face de lui. Il fixa des yeux un point imaginaire situé à l'exact opposé de lui et entama une série de double-pirouette sur pointes jusqu'à atteindre le coin droit à l'avant de la salle.

Au même instant, Tom pénétrait dans le hall en compagnie de son meilleur ami. Ils abandonnèrent leurs affaires dans le hall et se dirigèrent en direction de la salle de danse. Ils se stoppèrent à la porte, observant Gabriel qui réalisait une arabesque. C'est-à-dire qu'il était en appui sur la pointe de sa jambe droite, alors qu'il relevait sa jambe gauche tendue en l'arrière, son bras gauche à l'horizontale et son bras droit tendu vers l'avant.

« Wow il est super souple » chuchota Nathan à Tom. Peu discrètement.

« Merci » lui lança Gabriel en se remettant en position debout. « J'y travaille »

« En plus, mieux vaut être souple au lit, c'est bien meilleur, n'est-ce pas Tom ? »

« Ferma là » rétorqua Tom en lui envoyant un regard noir. « Gabriel, je te présente Nathan »

« Bonsoir Gabriel ! Et Bonsoir Madame Kaulitz »

« Je t'ai déjà dit de me tutoyer » lui reprocha cette dernière et Nathan prit une mine penaude.

« En tout cas je maintiens ce que j'ai dit » poursuivit-il.

« Quoi ? Le sous-entendu comme quoi ma souplesse ferait de moi un bon coup ? » Questionna Gabriel d'un ton amusé tout en se rapprochant des deux adolescents.

« C'est à peu près ça, ouais » affirma Nathan.

« Tu dis vrai » confirma Gabriel avec un clin d'œil.

« J'ai remarqué ça aussi » fit Simone en s'incrustant dans la conversation. « Je veux dire, pour moi, pas pour Gabriel »

« Merci de la précision, j'allais me poser des questions » dit Nathan en feignant d'avoir l'air soulagé.

Tom suivait l'échange avec ahurissement, se demandant s'ils étaient vraiment sérieux. Il se racla bruyamment la gorge.

« Oups, j'avais oublié qu'il y avait de chastes oreilles dans la pièce » railla Nathan, provoquant le rire des deux autres.

[…]

« Tom ? » appela Gabriel derrière la porte de la chambre « Je peux entrer ? »

Tom se redressa brusquement du lit sur lequel il était avachi, tentant vainement de défroisser ses vêtements et de remettre correctement ses dreads en place.

« Euh, oui, bien sûr » dit-il hâtivement, craignant presque que Gabriel décide de repartir face à son manque de réponse.

La porte s'ouvrit, laissant apparaître Gabriel qui le referma derrière lui, avant de se diriger à pas lents jusqu'à Tom et s'assoir à ses côtés. La pièce était faiblement éclairée par la petite lampe de chevet, la nuit s'étant depuis longtemps déjà installée sur le petit village.

« Y'a un problème ? » questionna doucement Tom, tournant son visage vers celui de Gabriel tout en s'empêchant de le dévisager avec insistance.

« Ca a été au lycée aujourd'hui ? » demanda Gabriel avec hésitation, faisant immédiatement rouler les yeux de Tom dans leurs orbites.

« C'est ma mère qui t'envoie n'-est-ce pas ? »

Gabriel eut un petit sourire « Oui. Elle s'inquiète tu sais. »

« Elle s'inquiète toujours pour rien, c'est une mère quoi »

Le danseur hocha pensivement la tête, et se laissa tomber en arrière, s'allongeant au travers du lit.

« Alors, t'as enfin pu recommencer à danser ! » lança Tom, changeant le sujet de conversation.

Gabriel soupira « Si peu. Mais c'est un commencement. J'ai surtout hâte de remonter sur scène. »

Tom s'allongea à son tour, se tournant sur le flanc pour lui faire face.

« Patience » lui intima Tom.

«Je n'ai jamais été de nature très patiente » grommela Gabriel, tirant un petit rire à l'adolescent.

Un très léger silence prit place, troublé par la respiration de Gabriel si profonde que Tom crut un instant qu'il s'était endormi. Dans son lit. En réalité cela n'aurait pas été si dérangeant que cela.

« Il est sympa ton ami, au fait. » déclara Gabriel, à brûle pourpoint.

« Mouais, il est surtout très con sur les bords »

« Vous vous entendez bien, non ? »

« Euhm…ouais »

« Je veux dire…plus que bien ? » hésita Gabriel en se mordant faiblement la lèvre inférieure, et Tom partit dans un grand éclat de rire.

« Non ! Non » s'exclama-t-il « On ne sort absolument pas ensemble si c'est ce que tu cherches à savoir. » réprit-il, presque outrée par l'insinuation de Gabriel.

« Oh ! Je veux dire, il ne t'intéresse pas du tout ? »

« Absolument pas, c'est vraiment pas mon style de mec. » expliqua-t-il, amusé.

« Et c'est quoi ton style de mec alors ? » questionna Gabriel, sincèrement curieux.

Tom tritura ses doigts, avant de plonger son regard timide dans celui de Gabriel. Il ouvrit la bouche, puis la referma stupidement, alors que son vis-à-vis lui offrait un sourire, comme s'il savait déjà ce qu'il allait lui répondre.

« Toi » finit-il par dire « Enfin, quelqu'un comme toi » rajouta-t-il précipitamment.

Le sourire de Gabriel s'agrandit encore, et il effleura sa joue rosie du bout des doigts.

« Tu trouveras » murmura-t-il.

Il se releva du lit sous le regard troublé de Tom, déclarant qu'il allait se coucher, et quitta la pièce en songeant qu'il fallait absolument qu'il appelle Andreas.

[…]

« Attention Tom, ennemi en vue » chuchota Simone à l'oreille de son fils en désignant d'un signe de tête le jeune homme blond platine qui parcourait l'allée menant à la porte d'entrée de leur maison. Gabriel faisait des allers-retours entre la cuisine et le hall, nerveux et impatient.

Il avait demandé quelques jours auparavant l'autorisation à Simone d'inviter Andreas pour le week-end, ce qu'elle tout naturellement accepté, même si cela ne réjouissait pas particulièrement Tom et elle.

La sonnerie retentit et Gabriel se précipita pour ouvrir la porte, avant de sauter au cou de son petit ami pour l'embrasser à perdre haleine. Tom fit une grimace qui n'échappa à l'œil de sa mère, et elle secoua légèrement la tête.

Les mains d'Andreas descendirent le long du dos de Gabriel pour venir agripper ses fesses alors que celles de ce dernier se perdaient dans ses cheveux, et Simone se racla bruyamment la gorge.

Gabriel s'écarta d'Andreas, et s'excusa, gêné, avant de faufiler ses doigts entre ceux de son petit ami.

« Bonsoir » déclara ce dernier, serrant de sa main libre celle de Simone puis de Tom, bien que ce dernier paraisse assez réticent.

« Bon, on va pouvoir passer à table les jeunes. »

Ils s'installèrent, Tom à côté de sa mère, et en face de Gabriel. Ce dernier affichait un grand sourire alors que celui qui lui servait de petit ami dévisageait Tom, songeur. Un sourire moqueur étira ses lèvres lorsqu'il remarqua les regards à la dérobée que l'adolescent lançait à son copain, et il décida de jouer un peu avec lui. Il posa sa main sur celle de Gabriel, la caressant du bout de son pouce, avant de se pencher pour lui murmurer à l'oreille quelque chose qui le fit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Gabriel se tortilla sur sa chaise, mal à l'aise, et il semblait bien à Tom qu'Andreas le regardait de manière trop appuyée pour paraître naturelle.

La main d'Andreas avait maintenant disparu sous la table, et Tom se força à détourner les yeux, contemplant son assiette. Il risqua un dernier coup d'œil vers Gabriel et constata qu'il essayait d'une manière qui se voulait discrète de retirer la main de son petit ami de son entre-jambe. Andreas le toisa d'un air supérieur et Tom se leva brusquement.

« Je m'sens pas bien, j'vais dans ma chambre » déclara-t-il, avant de s'enfuir de la pièce sans que personne n'ait le temps de le retenir.

Il s'enferma dans sa chambre, et se jeta sur son lit, énervé. Il était clair qu'Andreas faisait exprès de le rendre jaloux, et le pire c'était que cela fonctionnait à merveille. Il tapa de son poing contre le mur, songeant que le reste du week-end allait être affreux.

[…]

« Ne me refais plus jamais ça » Tom entendit Gabriel ordonner à Andreas alors qu'ils pénétraient dans la chambre du danseur.

« Rhô, c'était pas méchant. Ce gosse te bouffe des yeux, je te l'avais dit la dernière fois »

« Raison de plus » rétorqua Gabriel « Nan mais franchement, devant sa mère en plus, tu pètes un câble toi ! »

« J'ai envie de toi » fit Andreas d'un ton aguicheur et Tom ouvrit de grands yeux.

« N'y compte même pas » répliqua Gabriel « Je te signale qu'on entend tout à travers ce mur »

« On s'en fout » grogna Andreas en poussant Gabriel contre le mur à côté du lit « Je te veux maintenant » déclara-t-il en retirant son propre tee-shirt. Il déboucla rapidement la ceinture de Gabriel, l'empêchant de protester en collant sa bouche contre la sienne. Le jean de Gabriel tomba à ses pieds, et Andreas abaissait maintenant son boxer.

« Att-ends » gémit Gabriel alors que la bouche de son amant suçotait la peau hypersensible de sa gorge.

« Pas moyen » souffla Andreas en se déshabillant entièrement, avant de presser son corps nu et déjà excité contre celui de Gabriel. Il lui enleva son tee-shirt, et pressa ses mains contre ses fesses, le collant davantage contre lui.

« Je vais te prendre maintenant » dit-il fortement, joignant le geste à la parole en poussant Gabriel sur le lit.

« Parle-moins fort bordel » chuchota ce dernier.

« Je m'en fous complètement » répliqua Andreas tout en écartant les cuisses de son amant, glissant deux de ses doigts dans sa bouche. Gabriel s'appliqua à les sucer, enroulant sa langue autour, et Andreas continua.

« J'ai envie que tu me suces, mais j'ai encore plus envie de te baiser ».

Gabriel retira les doigts de sa bouche « Ferme la ! »

« Que je me la ferme où pas il entendra Gabriel. Parce que je vais te faire crier. Je te fais toujours crier » il accentua ses propos en pénétrant directement Gabriel de deux doigts, lui tirant effectivement un couinement de surprise

Andreas savait que Tom entendait tout, et il adorait ça, ça avait le don de l'exciter davantage. De son côté, Tom était totalement pétrifié. Il était tiraillé entre l'envie de partir en courant et celle de vomir, mais il était complètement incapable de bouger, figé par les petits gémissements de Gabriel de l'autre côté du mur. Il entendit le lit grincer et Andreas demander à Gabriel de se retourner, et il ferma fortement les yeux. Il essaya de ne pas imaginer Gabriel à quatre pattes sur le lit, de ne pas souhaiter être à la place d'Andreas et, surtout, il essaya de ne pas visualiser le visage que devait avoir Gabriel alors qu'il gémissait d'une manière totalement indécente.

Il entendait Andreas lui dire des obscénités, les petits cris aigus de Gabriel, et les ressorts du lit qui grinçait à cause de leurs mouvements brusques, et il plaqua vivement ses mains contre ses oreilles. Il ne pouvait en supporter davantage, et il ne sut jamais combien de temps il avait passé dans cette position, recroquevillé contre le mur, la tête entre ses mains.

Lorsqu'il osa enfin ôter ses mains de ses oreilles, ce fut pour entendre des cris qui n'avaient plus aucun rapport avec des quelconques jouissances

« Comment as-tu pu faire ça ? » hurla Gabriel alors qu'Andreas achevait calmement de se rhabiller.

« Réponds-moi putain ! » poursuivit-il, se faisant totalement ignorer. Andreas sortit de la pièce, descendant les escaliers, et après quelques secondes d'hésitation Gabriel courut après lui.

« Pourquoi tu m'as baisé si c'est juste pour ma larguer ensuite ? »

« Arrête d'hurler tu te donnes en spectacle » soupira Andreas.

« Je m'en fous de tout ça ! T'es qu'un connard putain ! »

« Ecoute, ça fait un moment que je ne t'aime plus okay. Et maintenant que tu n'es même plus réputé, je ne vois pas pour quelles raisons je resterais avec toi. »

« Et t'aurais pas pu me dire ça avant de me baiser ? » cria Gabriel « Tu t'es complètement foutu de ma gueule ! »

« Au revoir Gabriel » déclara Andreas avant de quitter la maison, claquant la porte au nez de son ex-petit ami.

Tom osa s'aventurer hors de sa chambre, partant à la recherche de Gabriel, un peu perturbé par la violente dispute à laquelle il venait d'assister. Il aperçut sa mère à l'autre bout du couloir et lui fit signe qu'il s'en occupait. Il descendit vivement les escaliers, parcourant le salon en quête de Gabriel. Ne l'apercevant pas, il se dirigea vers la pièce qui lui semblait la plus probable.

Il sut qu'il avait visé juste lorsqu'il vit Gabriel roulé en boule dans un coin de la salle de danse. Il s'approcha de lui à pas lents, et s'assit face à lui. Il posa sa main contre son épaule pour stopper son mouvement de balancier d'avant en arrière, ne sachant pas vraiment comment agir.

« Gabriel ? » fit-il doucement, et celui-ci daigna relever son visage vers le sien. Ses yeux étaient rougis par les larmes, des trainées noires s'étendant sur ses joues, et de longs sanglots secouaient son corps frêle.

« Viens là » chuchota Tom en ouvrant ses bras en une invitation à laquelle Gabriel répondit, se jetant vivement dans son étreinte.

Tom resserra ses bras autour de lui, et tenta de ne pas songer au fait que Gabriel était totalement nu contre lui. Ce dernier se blottit contre lui, se vidant de ses larmes au creux de son cou.

De longues minutes se passèrent ainsi avant que Tom ne réussisse à relâcher un instant Gabriel qui s'agrippait à lui pour retirer son gilet. Il en recouvrit Gabriel qui commençait à transir, et le reprit entre ses bras. Il ne semblait pas être encore en mesure de s'arrêter de pleurer et Tom les recula doucement jusqu'au mur, pour qu'il puisse s'y appuyer.

Il était totalement désemparé et ne pouvait qu'attendre et réconforter Gabriel du mieux qu'il pouvait.

Les pleurs de Gabriel finirent pas se tarir, et il sembla s'apaiser contre le torse de Tom qui caressait doucement ses cheveux. Il se redressa et se retourna, collant son dos contre le torse de Tom et fermant les yeux. Tom rougit violemment et referma les pans du gilet autour de son corps, dissimulant la nudité de celui qu'il enlaça à nouveau. Gabriel ne semblait même pas s'en être rendu compte, il était totalement déconnecté de la réalité. Il se sentait trahi et humilié, avec la désagréable impression d'avoir gâché une partie de sa vie à cause d'Andreas.

« Je me suis fais totalement avoir » dit-il d'une voix brisée « Je suis trop con »

Tom ne répondit pas, parce qu'il n'y avait rien à dire, et resserra simplement l'étreinte de ses bras autour de la taille de Gabriel, attendant qu'il poursuivre.

« Je n'ai rien vu venir. Je ne sais même pas depuis combien de temps il faisait semblant. »

« Ne te fais pas du mal à cause de lui, il n'en vaut pas la peine. »

« Je me sens mal » murmura Gabriel « Tellement mal et stupide. Il y a toujours quelque chose pour tout faire foirer. Ca doit être le destin ou quelque chose comme ça. »

« Ne dis pas n'importe quoi » le sermonna doucement Tom.

Il entendit Gabriel renifler, et vit avec tristesse une nouvelle larme rouler le long de sa joue.

« Putain » gémit ce dernier en plaqua ses mains sur son visage.

« Pleure si ça te fais du bien » chuchota Tom contre son oreille et Gabriel éclata presque immédiatement en sanglots. Il évacua comme il pouvait cette détresse qui lui nouait la gorge, à moitié étranglé par ses pleurs.

Il fit une nouvelle fois volte face et s'effondra contre Tom, enroulant ses bras autour de son cou et plongea son visage contre son épaule. Il craquait complètement, il ne pleurait pas seulement à cause d'Andreas, mais à cause de tout ce que sa trahison remontait comme souvenirs en lui. Il pleurait pour tous ses moments de détresse, pour toutes ses peurs, pour toutes ses choses qu'il avait accumulées au fond de lui depuis son enfance, pour tout ce qu'il avait perdu et tout ce qu'il avait peur de perdre, pour tout ce qu'il avait raté et pour tout ce qu'il n'aurait jamais. Il pleurait parce qu'il était plus seul que jamais, parce qu'il n'avait plus personne, parce qu'il n'était plus rien. Il pleurait car il ne pouvait plus s'arrêter, car il ne contrôlait plus rien, et c'est à bout de forces qu'il s'endormit contre Tom.

« Je t'aime » murmura celui-ci, et Gabriel esquissa un sourire dans son sommeil.