Always*

Margaux l'attirait. Elle l'affolait. Son parfum était des plus enivrants. Il s'abreuvait à son cou comme à un assoiffé à une fontaine d'eau claire. Il dégustait la saveur de sa peau. L'odeur de sa fragrance qui montait dans ses narines. Qui le touchait au plus profond de son âme.

Il embrassait ses paupières, et puis ses joues. Il embrassait son front, son nez puis sa bouche généreuse. Il embrassait son cou, survolait son oreille, voletait à l'attache avec son épaule. Ses mains étaient plongées dans l'opulente chevelure brune. Ses doigts passaient et repassaient entre les boucles, les agrippaient, les torturaient. Elle dirait qu'il la décoiffait mais il s'en fichait.

Il descendit le long de sa clavicule et embrassa un coin d'épaule découvert par un haut vert d'eau vaporeux. Il l'écarta un peu pour caresser un peu plus cette peau veloutée qui s'offrait à lui avant de descendre vers un sein. Il l'emprisonna dans sa main à travers le tissu, et le pressa doucement. Il n'avait jamais été aussi doux dans ses caresses mais à présent, il avait envie de l'être. Il avait envie de douceur, de générosité, de tendresse. Ce qui ne lui arrivait pas souvent. Voire même jamais.

Habituellement, il était bien moins tendre. Il prenait, et il ne donnait pas. Il faisait son connard. Parfois il daignait leur procurer un peu plus de plaisir, tenter d'être un connard lisse, un connard propre sur lui, à qui on ne pourrait rien reprocher. Mais aujourd'hui, il n'avait pas envie de tout ça. Aujourd'hui il avait envie de prendre son temps, il avait envie de donner pour recevoir. Il avait envie de procurer du plaisir à celle qui se tenait sous son corps. Il avait envie de lui montrer les quelques sentiments naissants qu'il éprouvait. Il avait envie de faire de son mieux. Il avait envie de lui montrer qu'il changeait, qu'il commençait, que la machine était en marche.

Il remonta le tissu du haut jusqu'au nombril de la jeune femme, descendit son visage jusqu'à l'aine, caressa du doigt la limite de la peau avec le tissu du pantalon, remonta doucement, et sa bouche fit le tour du nombril avec délectation. Il laissa ses mains s'aventurer sur les côtes, les hanches, l'orée des seins, avant qu'elles ne passent définitivement sous le tissu devenu encombrant, qu'il l'aida à retirer.

Il embrassa sa poitrine à travers la gangue de satin noir puis en dégrafa l'attache. Il mettait en valeur sa peau mate mais l'empêchait d'atteindre les deux globes de chair qui l'attendaient. Un énorme défaut. Il l'écarta sans toutefois l'enlever, appréciant de le voir posé sur le ventre de son amante, et prit délicatement un téton dans sa bouche. Il le mordilla, l'effleura de la langue, le titilla, le sentant durcir entre ses lèvres.

Sentant sa partenaire gémir sous ses attouchements, il décida cruellement d'abandonner son corps là pour détacher leurs pantalons. Ceux-ci s'effacèrent comme par magie et il posa directement la bouche sur le sexe de la jeune femme. Celui-ci était entièrement épilé, et il avait l'impression de faire l'amour à une de ces actrices de porno qui avaient bercé son adolescence mouillée.

Il passa la langue sous le léger tissu du string et celle-ci se faufila entre les lèvres intimes de sa partenaire. Il agaça son bouton de plaisir, le fit rouler entre ses lèvres, le lécha, et recueillit la semence de sa compagne. Il se délecta à l'embrasser aussi intimement. Des années de pratique et des dizaines de filles passées sous ses doigts et sa bouche avaient fini par lui forger une expérience certaine. Et il n'hésitait pas à la mettre à profit cette nuit. Il l'entendait gémir sous ses assauts, ses poings serraient les draps fermement et la litanie de ses petits cris était une musique dont il s'enivrait.

Elle était belle, cette femme sous lui. Elle était magnifique. Elle était désirable et sensuelle. Et il la voulait. Toute entière. Il voulait lui faire l'amour. Et son désir enflait rien qu'à l'évocation de cette idée. Il sortit son propre sexe de son caleçon et l'empoigna quelques minutes pour lui donner toute sa superbe.

Il se positionna ensuite à l'orée du sexe de la jeune femme, jouant avec le liquide séminal qui en sortait, faisant tressauter son vit gorgé de sang. Enfin, il s'enfonça avec bonheur. Les chairs s'écartaient sous son passage et serraient son sexe pour l'emprisonner en la jeune femme. Il s'était enfoncé le plus profondément possible et ressortir fut une vraie torture. Il n'allait jamais tenir.

Il entama des mouvements de va-et-vient de plus en plus rapides, de plus en plus frénétiques, son désir porté au paroxysme. Il était dingue. Dingue d'elle. Dingue de ce parfum qui chatouillait encore ses narines, mêlé à leur sueur et à l'odeur du sexe. Il perdait conscience, il ne savait plus ce qu'il faisait. Il se contentait d'entrer et de sortir de la chaleur moite qui l'emprisonnait. De saisir un sein, une bouche, et de les embrasser avec avidité, passion.

Il rouvrit les yeux au moment où il atteint le septième ciel, Margaux ayant déjà crié son plaisir à plein poumons, et griffé son dos au passage. Au moment où il allait se déverser en elle, son plaisir retomba d'un coup. Non. Ça n'était pas possible. Ça n'était pas possible du tout même. C'était Margaux qu'il avait sous lui. C'était Margaux à qui il faisait l'amour passionnément. Ça n'était pas elle.

Ça n'était pas une chevelure châtain clair qu'il avait empoignée, c'était des mèches brunes. Ça n'était pas un corps si mince qu'il avait sous lui, mais des formes généreuses. Non, ça n'était pas elle, c'était un cauchemar, ça n'était pas possible, elle ne pouvait pas le hanter de cette façon !

Jay se réveilla en sursaut, en sueur dans son lit et alluma sa lampe de chevet. Il cala son oreiller contre sa tête de lit et se redressa. Il écarta les couvertures. Son corps entier était en sueur, et il s'était collé une sacrée érection, à faire des rêves pareils. Ou des cauchemars. Il n'arrivait toujours pas à savoir.

Chaque nuit, depuis quelques jours, c'était la même chose. Chaque nuit, il arrivait plus près du but. Chaque nuit il allait un peu plus loin dans ses attouchements avec Margaux. Cette femme l'obsédait. Elle le rendait fou. À la voir aussi souvent et à ne plus fréquenter d'autre femme pour ne pas perturber son programme de « réintégration en tant qu'ex-connard », expression qui ressemblait étrangement à ex-tôlard à son avis, il finissait par rêver d'elle la nuit.

Il fallait que cela cesse. Il fallait vraiment qu'il stoppe ça. Ça n'était pas possible. Il ne pouvait pas rêver d'elle ainsi la nuit et passer du temps avec elle le jour. Il allait finir par lui sauter dessus et la prendre là comme ça, contre un mur, une table, ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs.

Il allait finir par la violer s'il continuait à être obsédé par elle. Il ne pourrait pas se contenir bien longtemps, conserver une attitude normale avec elle. Ça n'était pas possible. Pas quand il se scotchait une trique d'enfer chaque nuit, à devoir se soulager misérablement pour réussir à se rendormir.

Il fallait qu'il rompe tout contact. C'était vital. Bien plus que son foutu programme à la con qui ne marchait peut-être pas.


NdA: Always - Bon Jovi