Voici une nouvelle version de ce chapitre, qui était à la fois trop court et en décalage par rapport au reste du recueil. J'ai mis du temps avant de trouver l'inspiration mais c'est finalement venu cet après-midi!
Pour information, le rajout est au début et à la toute fin. J'espère que cette nouvelle version vous plaira!
Bonne lecture :)
L'éveil du matin
Elle avait mal. Tellement mal. Pourquoi souffrait-elle ainsi ? Elle ne voulait pas le savoir, elle ne voulait pas y penser. Elle voulait juste pleurer, encore et encore, sa douleur infinie.
Mais il y avait une chose qu'elle n'oubliait pas, un souvenir qui demeurait et qui faisait si mal...
Il était mort, il était partit. Il était tombé avec le soleil, lentement, comme une poupée dont on aurait coupé les ficelles. Et elle avait suivit sa chute, elle avait accompagné chacun de ses mouvements, muette d'effroi, imaginant le choc sourd, maudissant le messager et pleurant ses rêves disparus. Elle ne dormirait plus. Elle ne rirait plus. Elle attendrait. Elle attendrait que la peine et le chagrin la fasse disparaître elle aussi, qu'elle soit vide à force de pleurs et qu'il ne reste plus rien en elle pour vivre, que les années effacent tous ses souvenirs et les emportent dans la brume du matin, que cette nuit infinie cède la place au jour. Elle attendrait qu'un autre messager vienne raviver son âme par une simple parole.
Elle attendrait.
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Des mots lui venaient pourtant à l'esprit. Une mélodie aussi. Un chant. Pour rappeler sa douleur, pour en vider son cœur et son âme, pour apaiser ses larmes, pour que les ténèbres cessent de l'entourer. Pour ne jamais l'oublier.
Une chanson toute simple, belle et triste à la fois, chargée de souvenirs et d'émotions. Une chanson qui, peut-être, pourrait le faire revenir, qui, peut-être, pourrait faire partir cette nuit infinie. Une simple petite ritournelle, entêtante et apaisante à la fois, qui offrirait la clé de son âme. Une chanson lumineuse pour faire disparaître tout ce noir qui enserrait son cœur.
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Fantôme blanc sur ciel noir. Légende ancienne d'une époque oubliée des hommes. Nul ne saurait dire à quelle époque elle est apparue. Elle est là, c'est tout.
Ses voiles blancs s'agitent lentement dans le vent, le grand vent d'hiver. Tourbillon de neige et de soie dans la nuit sans fin et sans étoiles, dans la pâle lueur d'une lune à demi-effacée.
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Nombreux sont ses noms dans les langues oubliées mais son identité s'est perdue à l'aube des temps, elle-même l'ignore par ailleurs. Seul reste le souvenir d'une souffrance ancienne, plus profonde que les profondeurs de la terre.
Elle reste là, immobile, flaque de lumière dans un monde si sombre, si sombre, dernier écho d'une pureté depuis longtemps disparue. Ses longs cheveux d'argent volent, volent au vent. Et tournent, tournent ses voiles, encore et encore. Chante belle dame, chante ta chanson.
Une note. Puis une autre. Sanglot mélodieux, la tristesse se mêle à la musique dans un écho sans fin. Regret, peine, douleur, harmonie, tout se mêle et se complète dans une mélodie douloureuse, encore et encore. Son chant perce la nuit, chasse les ténèbres et s'élève, beau et triste, tellement triste...
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Une déchirure. La mélodie se fissure et retombe en milliers d'éclats dans le silence infini. La nuit revient, enveloppe tout et déploie son manteau de ténèbres. Résiste belle dame, résiste, l'heure de ton départ n'est pas encore arrivée. Chante encore, ton chant doit chasser la nuit.
Fantôme blanc sur ciel noir, cheveux d'argent et longs voiles blancs agités par le vent, légende oubliée depuis bien trop longtemps.
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Une jeune femme se tenait là, immobile, blanche entourée de noir. Elle chantait sans cesse, sa douleur et son chagrin, sa peine. Elle chantait pour lutter contre la nuit, pour que les ténèbres échouent. Mais le soleil ne se levait pas...