Auteur : Harue Cendre Elven
Genre : Boys love romance
Rating : ATTENTION LEMON possible dans le futur
Note : Cette histoire est une webstorie. Il y a un petit bout de chapitre sur mon site par semaine et une fois le chapitre terminée, je mes l'intégralité ici.
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Ce chapitre est en cours de correction.
Hotel
Chapitre 1
— Pffffff… aïe !
— Cesse de soupirer Alex'.
Je relève la tête pour regarder celui qui vient de me frapper le haut du crâne. Ma main vient ébouriffer mes cheveux blonds, masser l'endroit attaqué et je me redresse en retenant un énième soupire.
— Ce n'était pas la peine de me frapper.
— Alors cesse de soupirer.
Gniagniagnia… j'évite de lui tirer la langue, il serait capable de me frapper de nouveau. Je rajuste deux trois mèches et me redresse de tout mon long. Un coup d'œil de Romain et un froncement sourcil plus tard et je me rends compte que ma cravate est de travers. Bon d'accord. Je me retourne, je tire un peu la chemise, remet la cravate, redresse le col, voilà. Un nouveau demi-tour sur moi-même et Romain semble apprécier ce qu'il voit. Ça m'évitera de me prendre un coup de pied aux fesses direction le vestiaire pour me rhabiller correctement. Je reprends ma place au comptoir d'accueil, un sourire aux lèvres. Au bout de quelques minutes, je réfrène un bâillement. Adieu sourire forcé.
— C'est bon, tu peux t'asseoir.
Repéré. Enfin, c'est mieux que rien. Je me laisse tomber de nouveau sur la chaise à côté de Romain qui tape frénétiquement sur le clavier devant lui. Je penche la tête pour regarder, il y a de longues listes de noms avec des numéros attribués juste en face. Vivement que tous ces gens arrivent que ça fasse un peu de mouvement.
— Ils avaient besoin de réserver la moitié de l'hôtel ?
— C'est un séminaire avec à peu près 300 Personnes qui se déplacent. Oui, je pense qu'ils avaient besoin de réserver la moitié de l'hôtel.
— Mouais… en attendant nous on s'em…
— Alexander !
Je me tends, remonte mes épaules et ma colonne vertébrale et rentre la tête dans les épaules. Ça, ce n'était pas Romain. Trop féminin. Intonation claire. Prénom prononcé en entier. Bien articulé avec un appuie sur le er de la fin. Ce ne peut-être qu'une personne.
— Tiens, bonjour Betsy.
— Bonjour Romain. Tout est prêt ?
— Oui, les chambres sont prêtes. Le personnel de service m'a dit que tout était en ordre pour eux et à la restauration aussi. Nous attendons juste les clients.
— Bien, bien.
Betsy prend une chaise et s'assoit de l'autre côté de Romain pour vérifier avec lui la liste des noms et des chambres. Je jette un coup d'œil au couple et lève les yeux au ciel. Betsy est une femme formidable, autoritaire, stricte, directe mais formidable. Elle est plutôt grande, un bon mètre soixante-dix en ballerine, soixante-quinze quand elle met ses escarpins Prada à talon aiguilles, des cheveux bruns remontés en une queue de cheval haute toujours bien tirée et pas une mèche qui dépasse. Son mascara souligne des yeux chocolat et rehausse une plantation de cils plutôt généreuse. Elle se maquille toujours avec légèreté. Pas de poudre trop voyante : un léger gris, rose ou beige, une touche sur les joues et un rouge à lèvre soft. Du côté vestimentaire, elle porte un tailleur jupe ou pantalon, chemisier blanc avec un gilet qui encadre sa poitrine. Elle a plutôt de jolies formes. En tout cas, elle sait parfaitement jouer de son charme. Ce pourquoi, c'est elle notre chef et pas une autre personne.
À côté, il y a Romain, son second. Il s'occupe de l'accueil et de la gestion des équipes quand Betsy a trop de travail administratif à faire. Ils se sont parfaitement bien trouvés. Très à cheval sur le règlement, tout doit toujours être parfait, dans le temps, limite chronométré. On pourrait presque croire qu'ils sont frère et sœur si Romain n'était pas châtain presque roux, n'avait pas de petites taches de rousseur sur les pommettes et que ses yeux n'étaient pas aussi clairs. Il porte le costume imposé par l'hôtel, pantalon droit, chemise blanche et veste noire. Ce que je porte moi aussi. Sauf que moi, j'ai l'impression d'être complètement coincé dedans. Mon mètre quatre-vingt n'est pas véritablement un atout niveau vestimentaire. Mes jambes trop longues me donnent l'impression d'être perché en haut d'échasse. Enfin, à part mon langage un peu fleuri quand je ne fais pas attention, il parait que je suis plutôt mignon. Un grand blondinet aux yeux bleus, parait que ça plait à tout le monde ? Non ? Bon c'est sûr que si j'avais un peu plus de muscles et de poids, ce ne serait pas un luxe.
— Alex, va chercher les autres, ils ne vont pas tarder à arriver.
Je me déplie et quitte le comptoir pour me rendre vers les vestiaires. Je pousse la porte et découvre cinq personnes assises en train de discuter.
Il y a Maxence, petit brun à lunette, nez droit, yeux verts, le mètre soixante-cinq, c'est un très bon compagnon de soirée. Puis on trouve Christophe, c'est l'autre blond du groupe, sauf que lui, il utilise mieux son corps que moi. On pourrait même dire que c'est la caricature du surfer australien. D'ailleurs c'est comme ça que le charrie Catheline, notre belle rouquine du groupe. Elle est toute ronde, mais son sourire est magnifique. Il lui fait plisser les yeux et quand elle fait ça, on a juste envie de la prendre dans ses bras. Ensuite il y a Edouard, le pionnier du groupe. C'est le plus ancien et pourtant il n'a que la quarantaine mais on peut dire qu'il tient la forme. Il est presque aussi grand que moi, des cheveux bruns coupés à la militaire et il se tient toujours très droit. D'ailleurs, c'est le premier à me faire la réflexion que ce n'est pas parce que je suis grand que je ne dois pas me tenir droit. Et puis la dernière mais pas la moindre, Laura, la bombe de l'équipe. C'est la sœur de Betsy. Oui. Sœur, ressemblance, similitude. Laura est juste plus jeune, sinon on dirait des jumelles.
— Ils arrivent ? Demande Edouard.
J'hoche la tête. Je vois tout le monde se lever. Dans quelques minutes les séminaristes vont se présenter à l'accueil, chacun à notre tour nous allons prendre un groupe de personne pour les mener à leur chambre, s'enquérir de leur confort, s'assurer qu'ils ont tout ce qu'ils veulent. Et ensuite nous serons à leur écoute durant les trois jours qui suivront.
— J'espère que ce ne seront pas des radins.
— Maxence, au prorata du nombre de personne, tu doubleras ta paye dans tous les cas.
Christophe passe à côté de moi en souriant alors que Maxence lui emboîte le pas sautillant presque à l'idée du petit magot qu'il va se faire. Laura pose une main sur mon épaule et me sourit avant de quitter la salle suivit par Catheline et Edouard qui ferme la marche. Comme souvent. Je referme la porte derrière eux et les retrouve devant le comptoir pour les recommandations d'usages données par Romain. Je les écoute d'une oreille discrète, de toute manière, ce sont toujours les mêmes. À chaque fois que l'hôtel accueil un séminaire, c'est le bran le bas de combat. Quand notre activité reprend un rythme normal, cette euphorie retombe et on reprend simplement notre routine.
Betsy nous fait signe, elle a dû voir les premiers arrivants sur les caméras de surveillances. Et en effet, une dizaine de personnes arrivent en discutant. On s'installe autour du comptoir et Romain reprend sa place d'accueil. Si on ne savait pas que c'était un séminaire de biologie on l'aurait deviné. Ils ont tous la tête de médecin. Oui vous savez, lunettes, costumes, mallettes et paperasses. Limite s'ils pouvaient garder leur blouse blanche se serait pareille.
Un homme, la trentaine, description conforme à ce que j'ai dit plus haut se dirige droit sur Romain. Il a un sourire chaleureux avec de belles dents blanches. C'est pas possible d'avoir des dents aussi blanches.
— Bonjour, je suis le docteur Benjamin Berin. C'est moi qui organise ce séminaire.
Romain lui rend son sourire, se présente et Betsy vient prendre la place. Je lève les yeux au ciel en la voyant faire son petit numéro de séductrice. Elle est aimable, sourit, limite aguicheuse. En une minute, il lui mange dans la main. Elle est trop forte. Elle présente l'équipe. On hoche la tête à nos noms. Et c'est reparti pour le blabla inutile. On est là pour les servir. On est tous assigné à un groupe de personne donc de bien retenir nos noms et ne pas hésiter à nous faire demander pour quoi que ce soit. Et bien sûr s'il y a le moindre problème, elle est là pour tout arranger.
Romain n'a plus qu'à tendre les clés et le ballet commence. Maxence débute les allers et retours que nous exécutons dès que quelques personnes de notre affectation arrivent. Ils ont parfaitement compris le principe de patienter un peu dans le hall en attendant qu'on vienne les chercher pour les mener à leur chambre. Il a été décidé ainsi pour que la gestion des clients soit plus simple.
J'emmène mon premier groupe. Trois hommes et une femme. Je les informe rapidement dans l'ascenseur, leur présentant les différentes options qui s'offrent à eux. Nous avons un spa ainsi qu'une piscine au sous-sol et au premier une salle de sport ouvert de 6h à minuit. Ils y ont accès sans frais supplémentaire. Le restaurant ouvre à 6h30 pour le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner se déroulent suivant le planning qu'y leur a été remis. Ils écoutent tout scrupuleusement. Limitent ils pourraient prendre des notes. J'installe la jeune femme puis les trois hommes. Les chambres ont l'air de leur plaire et de petits pourboires viennent remplir mes poches. Maxence doit être ravi si les siens sont aussi généreux que les miens. Je prends les escaliers pour redescendre. Et je pars attendre mon nouveau petit groupe. Romain discute avec une femme d'un certain âge. C'est Catheline qui l'accompagne à sa chambre. Comme une accalmie semble se profiler, je me laisser tomber sur la chaise.
— Tiens-toi droit !
— Oh c'est bon, y a plus personne.
— Alex, ce n'est pas parce qu'il n'y a plus personne que tu dois t'avachir. Tu vas froisser ta chemise.
— Gniagniagnia…
Je me redresse lorsque Laura arrive, un grand sourire aux lèvres. Elle lève le doigt en l'air pour signifier qu'elle vient de toucher le pactole. Elle s'accoude au comptoir et nous dévisage.
— Encore en train d'embêter Alex, Romain.
— Merci.
Romain soupire de lassitude.
— Je ne l'embête pas, je lui explique qu'il doit se tenir droit…
— … pour éviter de froisser sa chemise, d'avoir l'air avachi et de se casser le dos. Oui on sait Romain. Je ne compte plus les fois où je t'entends le lui répéter. Tout comme Betsy d'ailleurs. Tiens elle est où ?
Romain pianote rapidement sur son clavier se retenant de répondre à Laura concernant sa petite tirade. Il fait toujours ça quand il veut passer ses nerfs discrètement. Enfin discrètement, tout le monde a compri son petit manège depuis un moment.
— Elle s'assure que tout va bien. Léon vient d'appeler, on a un problème avec un des fournisseurs pour le restaurant.
— Aïe.
— Oui. Je n'aimerai pas être à la place de ce pauvre Alfredo, ça fait deux fois qu'il plante une commande ce mois-ci. Léon est plutôt accommodant mais Betsy...
— Toi tu connais bien ta sœur.
Laura se redresse, ajuste sa tenue et sourit.
— Comme tu viens de le dire mon cher Alex, c'est ma sœur.
Elle m'envoie un baiser avant de se tourner vers Maxence et Edouard qui nous rejoignent. J'en profite pour jeter un coup d'œil à l'écran d'ordinateur. Les noms surlignés sont ceux qui sont arrivés. Ils en restent encore pas mal. Ah tiens, justement, voilà un petit groupe qui arrive, va falloir reprendre son poste.
oOo
Les gens se succèdent les uns après les autres. J'ai l'impression que ça n'en finira jamais. Et le pire, c'est que la liste des noms surlignés ne prend même pas le pas sur celle qui ne l'est pas. C'en est attristant. Romain c'est absenté. Il avait besoin de se dégourdir les jambes. Je ne sais pas comment il fait pour rester assis, pendant des heures, derrière cet ordinateur. Me voilà donc assigné à la gestion des arrivées. Bonheur suprême ! Je donne la clé à une nouvelle personne et Edouard l'accompagne au petit groupe qui patiente. Ils disparaissent tous dans l'ascenseur et me voilà seul. Le hall est vide. Personne pour me voir, un soupire peut enfin passer mes lèvres. Pas un petit souffle. Non. Celui qui vous détend. Celui qui vient du font de votre estomac faisant contracter tous les muscles pour sortir. Que cette journée prenne enfin fin. Je vais vraiment bénir le verre que je prendrais ensuite. Ou peut-être les deux.
Le téléphone sonne, je décroche, déclame avec le sourire la phrase que tout bon standardiste ce doit de connaître.
— Hôtel Aqua Blue Bonjour, Alexander à votre service – Ah oui, en effet, oui c'est bien l'hôtel pour le séminaire – comment ça vous vous êtes perdus… vous me dites que vous êtes où ? Oui oui, veuillez patienter, je me renseigne sur l'itinéraire que vous devez emprunter.
Je mets en attente et soupire. Comme si je savais où était la rue des pinsons par rapport à l'hôtel. Je tapote sur l'ordinateur pour trouver l'itinéraire. Bon d'accord, maintenant un stylo. Et merde. Stylo de merde ! Je me penche pour le ramasser et me cogne partout. Bon ok. Je suis vraiment trop grand pour faire ce genre de chose. Je me lève de ma chaise et c'est à quatre pattes que je m'en vais à la recherche du stylo qui a bien évidemment roulé sous le comptoir. J'aurai pu prendre un autre stylo. Mais c'est qu'il n'y a pas d'autre stylo. Vous avez déjà tenu un comptoir ? Les stylos sont une denrée rare. Ils disparaissent comme les cacahuètes sur un bar. Ah le voilà enfin.
— Bonjour ?
Je me redresse et aïe. On respire, doucement. Je me redresse.
— Vous allez bien ?
— Oui oui. Excusez-moi. Juste une seconde.
Je note rapidement l'itinéraire et reprend la conversation téléphonique. On me remercie chaleureusement avant de raccrocher. Je fais de même et relève la tête avec le sourire.
— Que puis-je pour vous ?
— Alexander ?
— Oui c'est bien le nom sur mon badge.
— Non. Alexander. C'est moi, Thomas. Thomas Lens.
Mes yeux doivent s'agrandir comme des soucoupes et ma bouche doit rester ouverte me donnant l'allure d'un parfait ahurit. Romain trouve bien sûr ce moment pour revenir.
— Alexander, je crois que le client te parle.
Je sors de ma léthargie. Je me lève, me tourne vers Romain, lui met le crayon dans la main et quitte le comptoir.
— Alex', ce n'est pas l'heure de ta pause.
— Ça le sera.
— Alex, Betsy va crier.
Je fais un mouvement de la main et rentre dans notre vestiaire. Je me laisse tomber sur le banc, la tête entre les mains. Génial. Mon ex fait partie des invités aux séminaires.
Je n'arrive pas à y croire. Ce con prétentieux est un imminent biologiste… Quand je l'ai quitté, c'était un simple scientifique. Il faisait sa thèse pour décrocher son doctorat et une subvention. Ne pensait qu'aux poissons, aux coraux, et aux coquillages. Je passe une main dans mes cheveux. On a passé deux ans ensemble. Ma relation la plus durable. Celle qui aurait dû durer si ce con n'avait pas préféré ses fichus poissons à moi.
Je me remémorais parfaitement cette scène. L'hôtel ou je travaillais en tant qu'étudiant en stage était une petite bâtisse deux étoiles mais sur une route très fréquentée et du coup, il y avait énormément de travail. Ce soir là encore plus que les autres mais j'avais réussi à sortir en avance pour retrouver Thomas au restaurant. Cela faisait deux ans que nous étions ensemble. Je me souviens de ce que je portais : un smoking bas prix loué au blanchisseur de l'hôtel, j'avais même acheté un cadeau. Tout était merveilleux. On s'est retrouvé dans notre restaurant, une pizzeria familiale et chaleureuse ou nous nous étions rencontrés. On pouvait dire que tous les clichés étaient réunis au même endroit. Une fois assis, la commande passée, il a pris un air un peu pompeux et je me suis dit qu'il allait m'annoncer quelque chose de fabuleux.
— Alex, ça fait deux ans qu'on est ensemble et te rencontrer a été l'un des plus beaux moments de ma vie. Nos carrières sont différentes et voilà. Je vais partir étudier la flore sous-marine aux Bahamas et j'aimerai que tu m'accompagnes.
J'en suis resté bouche-bé. L'accompagner aux Bahamas. À l'autre bout du monde. Et en égoïste que je suis, je lui ai simplement répondu :
— Et moi ?
— Quoi toi ?
— Et bien et moi ? Ma carrière ? Mes études ? Ma vie ? Je dois tout plaquer pour te suivre au bout du monde pour que tu puisses étudier tes poissons.
— Des coraux plus justement. Je ne t'oblige à rien. Je te propose de m'accompagner pendant un an et demi.
— Et pendant un an et demi j'abandonne tout.
Il y a eu un gros blanc et je suis parti avant l'arrivée de la pizza en laissant son cadeau devant lui. On ne s'est jamais revu. J'ai pensé qu'il viendrait frapper à la porte de mon appartement, ou bien qu'il viendrait sur mon lieu de travail. Au lieu de ça, deux semaines plus tard j'ai appris qu'il était parti. Sans un mot, un mail, un texto, rien. Ce con.
Et le pire dans tout ça c'est que je me suis dit que c'était de ma faute pendant des mois. Que je n'aurai pas dû le laisser partir, j'aurai du aller avec lui, tout plaquer. Et après avoir dû retaper mes examens pour cause de dépression, on m'a mis un coup de pied aux fesses.
La porte claque et me fait tourner la tête. Betsy se tient dans l'encadrement, le visage fermé, les lèvres pincées et je suis sûr qu'elle pourrait mitrailler quelqu'un du regard.
— Alexander, on peut savoir pourquoi tu as quitté ton…
Elle se stoppe en plein élan et je vois juste son visage se détendre avant que tout ne se brouille. Merde, je pleure. Ce con arrive encore à me faire pleurer après quatre ans de séparation.
Betsy vient s'asseoir à côté de moi. Elle n'est pas du genre câlin. Et puis franchement, un grand garçon comme moi, réconforté par une femme ? On aura tout vu. Depuis quand je pleure pour une relation terminée depuis un moment. Je me trouve bien stupide d'un coup. C'est assez pitoyable.
— Tu veux prendre le reste de ta journée ?
— Non. C'est bon.
Je me lève, me passe un grand coup d'eau sur le visage avant de m'essuyer. Fuir devant l'ennemi, jamais !
— Je reprends dans cinq minutes.
J'entends juste la porte se refermer. Ah Betsy ! Elle est ce qu'elle est, mais toujours présente pour nous. Et puis, me proposer de prendre congé a dû la tuer, si j'avais dit oui, je pense que mon heure serait venu.
Je me regarde dans la glace au-dessus du petit lavabo de nos vestiaires. Je ne suis presque pas rouge. D'ici cinq minutes ce sera passé. Je repose la serviette, vais à mon casier pour en sortir une barre de céréale. Ça creuse les petites crises.
Bon Alex', les amourettes de fac c'est terminé ! Tu es un homme ! Un vrai ! Tu as un boulot à faire ! Des sous à gagner ! Montre-lui que tu es fier de ce que tu es devenu !
Ouais on va y aller avec de l'autosuggestion.
Un tour vers la glace, ça va. Je quitte le vestiaire et retrouve Romain au comptoir. Il me regarde comme si j'avais une tête d'Alien. Je lui souris et m'avachit devant lui.
— C'est Edouard qui a pris ton tour pour dépanner.
— Ok.
— Tu es sûr que ça va ?
— Oui môman !
— Je suis sérieux Alex, tu as une sale tête.
Je lui souris de toutes mes dents et me déplace quand j'entends des pas derrière moi. De nouveaux arrivants. On plaque le beau sourire habituel et on laisse Romain s'occuper de tout. Comme Edouard est en train de s'occuper de mon groupe, je prends le sien. On inversera ensuite, ce n'est pas grave. On est réparti par zone, on ne va pas commencer à devoir traverser tout l'hôtel juste pour une petite crise.
oOo
— Une bière pour notre cher Alex, un Whisky pour Edouard, un Gin pour nos deux superbes princesses et les tequilas pour nous, les vrais mecs.
Maxence pose les verres les uns après les autres comme s'il faisait le service. La serveuse hoche la tête de dépit avant de repartir avec son plateau. Elles ont l'habitude.
— Depuis quand boire une tequila fait de vous des hommes ? Sourit malicieusement Laura.
— Depuis que je l'ai décidé ma chère.
Tout le monde se met à rire et c'est relaxant. On rigole autour d'un verre fraîchement payé par nos pourboires gracieusement offert durant cette journée de dur labeur. D'ailleurs c'est partit, les ragots vont bons trains. Chacun parle de ses clients. Coincés, un peu trop scientifique, pincés, tirés à quatre épingle parfois même semblant un peu excentrique. Le vocabulaire s'étale sur la table mais personne ne parle de ma petite crise. C'est pour ça que j'apprécie mes collègues.
La soirée se déroule donc sans encombre. Laura et Edouard nous quittent les premiers puis c'est Catheline et enfin Christophe. Il ne reste plus que Maxence et moi. Mon compagnon de soirée boit une nouvelle gorgée de sa troisième téquila avant de me fixer. Il fronce son nez, remonte ses lunettes et soupire.
— Alex', personne ne voulait en parler, mais si tu veux…
— C'est bon Max', ne t'inquiète pas. J'ai eu un passage à vide.
Il pose sa main sur mon épaule et finit son verre.
— Dans ce cas, on ferait mieux de rentrer, demain sera une longue journée.
— M'en parle pas. Betsy va être remontée à bloc.
On rigole avant de payer notre note, un petit pourboire pour nos serveuses préférées et on rentre chacun chez soi. Je marche tranquillement le long du trottoir, je n'habite pas très loin de l'hôtel. Maxence a pris un taxi, lui à moins de chance, il doit traverser la moitié de la ville pour retrouver son petit appartement. Je lève les yeux vers le ciel, il est dégagé et on peut voir les étoiles parsemées la vaste étendue qui nous recouvre. Je chercher quelques constellations et souris en arrivant à en repérer une. J'hoche la tête de dépit. Regarder le ciel ne changera rien à ce qui va se passer demain. Je reprendrais mes fonctions, je me retrouverais nez à nez avec mon ex et la vie va continuer.
J'arrive devant mon immeuble, monte les deux étages et insère la clé dans la serrure. Un miaulement se fait entendre dès que je passe la porte. Je me baisse et attrape la boule de poile qui se faufile entre mes jambes. Un petit câlin et je la dépose sur le canapé en passant devant. Je me débarrasse de mes chaussures et de mon manteau, passe par la cuisine pour servir à dîner au fauve de la maison. Lys est une chatte toute blanche que Betsy m'a gentiment offert en me disant que j'avais besoin de compagnie. Je l'ai maudis de nombreuses journées avant de me laisser avoir par les miaulements, les câlins et ses grands yeux bleus. Le monstre se rue sur ses croquettes pendant que je vais prendre une douche. La journée a vraiment été longue. C'est délassé que je m'allonge sur mon lit, Lys vient se caler contre mon flan et je m'endors en la caressant.
Première journée terminée
A suivre tous les dimanches soirs sur mon site en attendant la publication par chapitre.