Vacances Roumaines quand le chasseur se laisse attendrir...
La Roumanie, un hôtel 3 étoiles, une chambre luxueuse et un lit occupé par deux jeunes hommes qui venaient de faire l'amour pour la première fois. Samuel était assis, le dos appuyé à la tête de lit alors que Clément s'était allongé tout contre lui, son visage reposant sur la hanche du plus jeune et qu'il caressait lentement son tatouage. C'était un de ces moments privilégié de calme et de douceur après la tempête et les deux jeunes hommes l'appréciaient à sa juste valeur. Le sportif rompit le premier le silence en chuchotant :
- Tu l'as depuis longtemps.
- Non, ça fait à peine six mois. Je voulais en avoir un depuis pas mal de temps et le lendemain de mes dix-huit ans, j'étais chez le tatoueur.
- Ça t'as fait mal ?
- Un peu... beaucoup en fait, rigola Sam en jouant avec les cheveux courts de son amant.
- Ça veut dire quoi ?
- C'est japonais... Ça représente un kanji et des hiraganas qui se prononcent Iwanu ga hana.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Tu es bien curieux, dis-donc...
- Allez dis-moi...
Clément releva le visage pour regarder son amant et ce dernier se sentit céder face à ce regard vert d'eau. Ses doigts descendirent jusqu'à la nuque du sportif qu'il caressa tendrement avant de répondre d'une voix basse un peu lointaine :
- « Les mots qu'on n'a pas prononcés sont les fleurs du silence. »
Le plus âgé fronça les sourcils en réfléchissant, un air méditatif sur le visage, à la signification profonde de cette phrase. Son expression se fit moqueuse et Samuel demanda, légèrement sur la défensive :
- Quoi ?
- Rien... C'est juste que si ça veut dire qu'il vaut mieux se taire, tu nous as fait un fatal échec tout à l'heure.
- Je me suis déjà excusé pour ça. Je sais que je n'aurais pas dû te parler comme ça. Je ne suis pas aussi... impulsif d'habitude. J'ai appris à me taire depuis longtemps.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Et bah pourquoi t'as appris à te taire ?
- Parce que... et toi alors pourquoi t'es aussi curieux ?
Clément reposa sa tête sur le côté du ventre du plus jeune, ses doigts reprenant leur danse sur un épiderme qu'il voyait avec ravissement se couvrir de chair de poule. Il prit son temps avant de répondre doucement :
- Parce que j'ai envie de te connaître, c'est tout.
Et bam ! Le cœur de Samuel chavira un peu plus. Il ferma les yeux se raccrochant à leur départ pour ne pas succomber complètement à ces paroles aussi belles que vénéneuses. Il était déstabilisé par le naturel de Clément, par cette façon simple qu'il avait de dire ce qu'il avait dans la tête. Il aurait aimé être comme lui, pouvoir dire clairement et naturellement les choses, mais il savait que ce genre d'attitude était à double tranchant. Tôt ou tard certaines paroles dites sans réfléchir blesseraient quelqu'un ou lui reviendraient en pleine figure avec les intérêts. Un sourire d'une tristesse infinie étira les lèvres de Samuel en songeant à ce qu'il aurait pu être si... tellement de si... Clément bougea doucement, embrassant la peau fine au dessus du nombril avant de relever à nouveau le visage. Il surprit cette étrange expression mélancolique et son cœur se serra. Il avait bien compris qu'un jeune homme plus fragile se cachait sous ces allures de mec culotté et sûr de lui et il aurait aimé en apprendre davantage sur cet homme qui venait de lui prendre sa virginité. Cependant, Sam gardait les lèvres closes et c'est un peu déçu que le sportif reprit :
- Tu ne veux pas me parler...
Ce n'était pas une question, mais bien une affirmation qui fit mal au plus jeune. Il se figea une demi-seconde ayant peur de voir Clément le repousser et partir. Cependant, le sportif embrassa une nouvelle fois son ventre et quelque chose en lui céda. Samuel ne savait même plus quelle avait été la dernière fois où une personne lui avait montré tant de tendresse et de douceur. Même Alex n'avait pas eu de gestes aussi affectueux. Non, son ex le voyait pour parler, boire un verre, sortir, baiser, mais il n'y avait jamais eu ce genre de complicité entre eux. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé, d'avoir voulu de l'amour de sa part, mais avec le recul Sam savait qu'il s'était fourvoyé depuis le début avec le footballeur. Ce qu'il avait pris pour une relation amoureuse, n'avait été rien d'autre qu'un simulacre. S'il l'avait ignoré, il l'aurait compris aujourd'hui avec cette vidéo ignoble. Rejetant ce souvenir angoissant, Samuel se pencha et embrassa la tempe de Clément avant de reprendre lentement :
- Ce n'est pas que je ne veux pas te parler, c'est qu'il n'y a pas grand chose à dire.
- Et ça te gêne de m'en parler...
- Pas vraiment... mais il n'y a pas de quoi se vanter d'avoir eu un père violent et une mère inexistante.
La main du sportif s'arrêta net de le caresser et Sam enferma sur le champ son cœur à double tour. Il avait eu envie de partager un peu de lui avec cet homme tendre qui semblait sincèrement s'intéresser à lui, mais il avait l'impression d'avoir fait une énorme erreur tactique. Il s'attendait à voir son amant se foutre de lui ou au pire à se casser. Peu importait, en fait, il savait qu'il serait blessé alors il fit taire ce cœur un peu trop sensible malgré les apparences et se contenta d'attendre. Clément prit appui sur son coude et se redressa pour regarder plus franchement son amant. Son visage avait perdu toute trace d'amusement ou de moquerie en entendant la réponse de Samuel. Il l'observa de longues secondes le plus jeune avant de répliquer :
- Ils ne voulaient pas de toi pour agir comme ça ?
Samuel soupira intérieurement en voyant que le sportif n'avait vraiment aucune intention de le rejeter. Cependant, son premier réflexe fut de lui demander d'arrêter de poser des questions tant il avait peur de voir cette crainte se réaliser. Il ne voulait pas que ses confidences entraînent le même dégoût chez cet homme spécial que celui qu'il voyait sur le visage de son père à chaque fois qu'ils se croisaient. Le jeune homme secoua la tête, l'émotion lui étreignant douloureusement la gorge à cette simple pensée. Plutôt crever que de voir Clément le regarder avec cette même aversion. Ce dernier s'assit complètement en voyant son amant se faire plus fébrile. Il eut l'impression que Samuel était au bord des larmes et il sentit une bouffée de rage l'envahir envers ces parents indignes. Clément prit doucement le plus jeune dans ses bras, l'enlaçant farouchement alors que Sam cachait son visage contre son torse. Putain ! À quoi ça servait de mettre un gosse au monde si c'était pour le faire souffrir, hein ? Pourquoi s'acharner sur un être sans défense, alors qu'un enfant avait avant tout besoin d'amour ? Ce n'était pourtant pas dur et ça ne coûtait rien, si ce n'est un peu de temps... Non, il ne comprenait vraiment pas ce besoin de se reproduire pour ne pas assumer derrière et il en savait quelque chose entre son père qui s'était barré et sa mère qui enchainait les mecs sans se préoccuper de ce qu'il en pensait.
La caresse le long de son dos fit frissonner Samuel. Il se sentait étrangement bien malgré les émotions que faisaient ressortir les questions de son amant. Il caressa ses avant-bras, tournant le visage vers l'extérieur. Ce n'était pas de songer à ses parents qui le mettait dans cet état, non il avait fait une croix sur eux il y avait bien longtemps. Il leur en voulait terriblement de tout ce qu'ils lui avaient fait subir. Une haine profondément ancrée en lui, mais il avait arrêté de chercher leur accord, leur chaleur et leur amour. De tout cela, il y en avait pour son petit frère mais pas pour lui. Il ressentit le besoin d'en parler alors que Clément le soutenait et le maintenait au creux de ses bras. Ce fut plus fort que lui, comme une entité propre qui eut soudain le besoin de s'exprimer... et son amant lui avait prouvé qu'il était là, présent... même si ce n'était que pour une nuit. Alors il voulait en profiter. De toute façon ça ne porterait pas à conséquences. Demain ils se sépareraient, entrainant leurs secrets chacun de leur côté, alors... D'une voix basse, Samuel répondit enfin :
- Ils voulaient un enfant, mais pas d'un comme moi.
- Comment ça ? T'es intelligent, sympa, bien élevé, qu'est-ce qu'ils voulaient de plus ?
- Bien élevé... ouais, bah c'est à ma grand-mère que je le dois pas à eux. Et ils voulaient peut-être d'une fille qui ressemble à une fille ou d'un garçon qui ressemble à un garçon.
- Arrête ! Tu peux pas rejeter un gosse à cause de ça.
- Faut croire que si. Dès tout petit mon père m'a traité de gonzesse, de chialeuse ou de pisseuse. Je ne me rappelle pas d'une insulte au masculin sortant de sa bouche. J'ai appris très vite qu'il ne fallait mieux pas parler et encore moins pleurer quand il était là. Même l'indifférence de ma mère était moins douloureuse.
- C'est pour ça ton tatouage alors...
- Oui. Les mots que l'on n'a pas prononcés sont les fleurs du silence... comme ça je me souviens qu'il vaut mieux se taire pour ne pas attirer l'attention, ou ne pas blesser l'autre.
- Et il te frappait ?
- Hmmm... ça endurcit le caractère il paraît... il n'a pas tort, en un sens. Je le déteste comme personne. Ça doit être ça, être dur, pour lui.
- Dis pas ça. Tu vaux mieux que ça. Le laisse pas t'empoisonner comme ça.
- Je ne le laisse rien faire du tout et de toute façon, c'est fini. En septembre, je vais à la fac et je déménage. Ils sont prêt à payer tous les frais si ça veut dire ne plus me voir... Ça serait con de ne pas en profiter.
- Tu vas faire quoi comme étude ?
- Médecine. J'aimerai être chirurgien spécialisé pour les enfants.
- La vache ! Rien que ça ?
- Je sais que je vise haut, mais on verra ce que ça donnera. Je pourrais toujours revoir mes exigences à la baisse si je n'y arrive pas, mais c'est ce que je veux faire.
- Et ils sont pas satisfaits avec ça ?
- Je ne le fais pas pour mes parents. J'en ai rien à foutre de ce qu'ils pensent. Et puis je pourrais bien finir éboueur que je récolterais le même mépris de leur part ! Je vaux rien à leurs yeux, que je termine médecin ou pas, alors... rien à foutre. Je veux le faire pour ma grand-mère, pour qu'elle soit fière de moi.
- Tu as l'air proche d'elle.
- C'est elle qui m'a élevé jusqu'à mes sept ans et puis elle est morte. Retour à la case départ chez mes parents. C'était une sacrée femme ! Tu l'aurais vu tenir tête à mon paternel quand il voulait me mettre une dérouillée parce que j'avais fait une connerie. Elle me mettait derrière son dos et gardait les poings sur les hanches jusqu'à ce qu'il se casse. Elle était impressionnante.
Clément baissa le visage pour voir celui du plus jeune, mais ne vit qu'une masse de cheveux noirs. Il pouvait imaginer l'expression heureuse de son amant alors qu'il parlait de sa grand-mère. L'amour qu'il ressentait pour cette femme qui l'avait élevé se percevait jusque dans sa voix. Ému, le sportif releva la tête de Samuel, d'une main sous son menton et inclina son visage pour venir l'embrasser doucement. À cet instant, il aurait aimé avoir plus qu'une seule nuit à partager avec lui. Il commençait tout juste à apercevoir le gamin qui se cachait derrière cette frange rebelle, à comprendre le jeune homme fragile et pourtant si fort qu'il tenait entre ses bras. Il aurait aimé avoir plus de temps pour lui donner cette tendresse qui lui avait manqué. Pas de l'amour, mais de l'affection, de la douceur, et pourquoi pas devenir un soutien pour lui. Quelqu'un sur qui il pourrait compter en cas de coups durs. Un ami sincère qui ne le jugerait pas et l'acceptait tel qu'il était. Il relâcha doucement ces lèvres carmines avant de demander doucement :
- Tu habites où ?
- En Vendée, à la Roche-sur-Yon, et toi ?
- Granville en Normandie.
Samuel hocha la tête refusant d'écouter la plainte sourde de son cœur qui résonna jusque dans son ventre qui se crispa. Il eut un sourire triste en songeant que les probabilités avaient encore parlées. Il le savait qu'après ce trek, ils ne se reverraient plus, ce n'était pas une surprise en soi. Cela faisait juste mal d'y penser maintenant alors qu'il était dans les bras de son amant. Un silence se fit et Clément en profita pour s'installer plus confortablement, disposant un oreiller contre la tête de lit avant de s'y appuyer, entrainant le plus jeune contre lui. Il avait du mal à le laisser partir, à le lâcher maintenant qu'il connaissait les secrets de son enfance. C'était complètement con, parce qu'il savait bien qu'une seule nuit ne changerait rien à toute une vie d'insultes, de coups et d'indifférence. Cependant, il voulait juste être lui et donner ce qu'il avait à ce p'tit mec, le temps qu'ils seraient ensemble. Une pensée lui traversa alors la tête et le sportif demanda :
- C'est à cause de tes parents que t'étais aussi énervé cet après midi ?
Samuel fronça les sourcils cherchant à quoi le plus âgé faisait allusion. Bien sûr qu'il se souvenait de son coup de sang et des conséquences sur Clément mais il ne comprenait pas ce que ses parents venaient faire dans ce schmilblick. Il releva le visage, ses yeux à demi fermés lui donnant l'air plus que jamais d'un asiatique perdu en Roumanie et demanda :
- Je comprends pas pourquoi tu parles de mes parents.
- Bah tu as reçu un coup de téléphone et après tu avais l'air malade. Et je ne te parle pas de la suite qui aurait mieux fait d'être « une fleur du silence ».
Le ton rieur de Clément ne parvint pas à détendre la brutale crispation de son amant. Il fut étonné par la violence de sa réaction et il le dévisagea surpris. Samuel respirait rapidement,pris de panique en comprenant le raisonnement de son amant. Il ne voulait pas lui mentir et lui dire que c'étaient bien ses parents qui l'avaient appelé, mais il ne se voyait pas lui parler de la raison de son comportement. Il avait trop honte et puis le risque que Clément soit écœuré par son comportement et par ce qu'il avait fait était encore plus grand, plus réel avec cette putain de vidéo. Samuel secoua négativement la tête et répondit d'une voix à peine audible :
- Non, c'étaient pas eux, mais je veux pas en parler.
- Pourquoi ? Je pourrais peut-être t'aider.
- M'aider ? ricana amèrement Samuel en se redressant pour mettre un peu de distance entre eux, je ne vois pas comment.
- Bah raconte-moi et on verra bien.
Le plus jeune se pencha pour saisir la couette qu'il rabattit sur lui. Il avait froid soudainement et surtout il avait beaucoup plus de mal à se montrer nu, alors que ce sujet dégueulasse était abordé. Il s'installa, s'appuyant à la tête de lit, tout en pliant ses jambes qu'il ramena contre lui et entoura de ses bras. Il ne savait pas comment réagir à cette seconde précise. Il sentait un certain énervement naître face à la curiosité de Clément, de la frustration à voir ce sujet là abordé, mais il ne voulait pas laisser ces émotions s'exprimer de peur de mettre un terme à cette nuit. Parce qu'il voulait ce second round dont avait parlé le sportif tout à l'heure, même s'il ne se voyait pas baiser avec la honte qui l'habitait à cet instant. Mais merde quoi ! Est-ce qu'il en posait des questions aussi ! Ça n'aurait pas été plus simple de rester sur des sujets plus anodins moins personnels ? En même temps, ça lui avait fait du bien de lui parler de ses parents et surtout de sa grand-mère. Samuel n'abordait jamais ces sujets là d'habitude. Par pudeur, mais aussi parce qu'il n'était pas suffisamment proche d'une seule personne pour se confier, tout simplement. Le besoin de continuer à parler le saisit mais il ne voulait pas que Clément... Il inspira profondément et chuchota tout bas :
- Si je t'en parle, tu vas me trouver dégoûtant.
- Pourquoi tu voudrais que je pense cela ? Il n'y a rien de dégoûtant en toi !
- Mais c'est... j'ai fait quelque chose de dégueulasse et...
Samuel hésita à continuer, submergé par le doute et Clément en fronça les sourcils. Il n'aimait pas voir ce p'tit mec dans cet état. Il en avait assez bavé pour ne pas en subir davantage et savoir qu'il se trouvait dégoûtant serra le ventre du sportif. Il se rapprocha doucement et se pencha en avant sans le toucher, cherchant son regard du sien. Samuel lui jeta un coup d'œil par en dessous, son menton posé sur ses genoux. La honte le submergeait totalement alors que son cœur cherchait à s'enfuir de sa poitrine. Il ne s'était jamais confié à ce point à quelqu'un et il avait peur de la réaction de son amant. Il savait qu'il ne serait qu'un peu plus cassé si jamais Clément réagissait mal. Il secoua une nouvelle fois la tête de droite à gauche et murmura :
- Lâche l'affaire, c'est rien.
- C'est pas rien. Tu ne serais pas dans cet état si c'était rien. Alors dis-moi... je te promets que je vais pas te trouver dégoutant ou je sais pas quoi.
- Promis ? Tu vas pas partir en me traitant de...
La voix de Samuel s'éteignit douloureusement sur cette insulte qui n'avait jamais réussi à quitter les limbes de sa mémoire, empoisonnant chacune de ses rencontres. Clément lui caressa tendrement la joue et l'encouragea doucement d'une voix basse et chaude :
- De quoi ? De quoi tu as peur ? Moi, je ne connais que le Sam que j'ai découvert pendant ce trek et cette nuit. Pourquoi tu veux que je change d'avis comme ça ?
- Parce que c'est sale ce que j'ai fait.
- D'accord c'est sale, mais ça fait partie de ton passé. Tu ne le fais plus maintenant, si ?
Le plus jeune secoua fébrilement la tête, signifiant ainsi sa réponse négative. Le sportif eut un sourire doux et reprit :
- Bah alors tu vois ? T'as pas à avoir peur de ma réaction, tu te fais déjà assez de mal comme ça pour pas que j'en rajoute.
- C'est sur internet. Ce que j'ai fait... ça circule sur internet et... et j'ai aucun moyen pour arrêter ça.
- Ok... c'est...des photos ou une vidéo alors, c'est ça ?
Samuel ferma les yeux désespérément et il sentit son estomac faire un nœud désagréable au fond de lui. La gorge nouée, il finit par lâcher :
- Ils m'ont filmé pendant que je suçais un mec. Et... on voit mon visage en gros plan. On ne voit que moi. Moi et cette putain de bite et... et... c'est dégueulasse. On voit mon visage avec du sperme plein la gueule et... je sais pas comment faire pour retirer ça de sur le net. Si mon père voit ça, je suis mort... il... je sais pas... et...
Les paroles précipitées et décousues du plus jeune se terminèrent dans un gémissement plaintif alors qu'il enfouissait son visage entre ses genoux, se cachant, incapable d'affronter le regard de cet homme qui s'infiltrait plus profondément en lui à chaque minute qui passait. Il avait tellement honte de ce qu'il avait fait. Il se trouvait tellement pitoyable d'avoir été jusque-là pour récolter quelques miettes d'affection qui n'étaient même pas sincère au final. Les larmes le noyait alors que les sanglots l'étouffaient. Il ne pouvait plus rien faire, à part attendre ce claquement de porte qu'il redoutait par dessus tout. Clément sentit son ventre se liquéfier sous ce déluge de paroles , de larmes et d'émotions. Sa gorge se serra face à la détresse de son amant et il réagit instinctivement. Son bras vint attraper l'épaule du plus jeune et il le ramena contre lui. La distance qui les séparait encore ne lui permettait pas de l'étreindre, mais il fut soulagé de sentir le visage de Sam se nicher dans son cou.
D'un mouvement brutal, le sportif fit glisser le corps frêle alors qu'il ouvrait grand les jambes pour le coincer tout contre lui, l'entourant de tous ses membres, bien au chaud au creux de ses bras. Il posa son menton dans l'épaisse chevelure noire et ne bougea plus, apportant juste son soutien, sa force et sa tendresse pour bercer le désespoir de Samuel. Une colère froide l'animait en comprenant peu à peu les paroles du plus jeune. Une sex-tape... en soi rien de bien méchant ni d'original. C'était à la mode et il fallait voir le nombre de vidéos de ce genre qui circulaient sur le net. Ouais, en théorie, ce n'était rien de méchant, car à partir du moment où l'un des participants ne donnait pas son consentement pour la diffusion, ça devenait clairement un délit, une atteinte à l'intégrité de l'autre. C'était dégueulasse mais pas de la façon dont l'entendait Sam. Il avait le droit de sucer qui il voulait. Non, la faute revenait à cet enculé qui avait filmé et qui avait balancé la vidéo sur le net. D'ailleurs... Clément se rappela des premiers mots du jeune homme « ils m'ont filmé ». Putain ! Et en plus ils étaient plusieurs, ces bâtards ! Sentant, Samuel se calmer contre lui, le sportif demanda d'une voix qu'il essaya de contenir :
- T'as dit « ils m'ont filmé », c'est qui ces bâtards qui ont fait ça ?
Samuel se troubla devant le ton dur qu'avait utilisé Clément. Il releva un visage défait et encore empli de larmes et fut choqué de voir une expression aussi fermée, aussi colérique sur les traits de son partenaire. Il sentit une pointe de peur face à ce visage qu'il ne connaissait pas et murmura piteusement :
- Mon... mon ex et son pote. Je... Mon ex, il... je voulais juste qu'il m'aime et... il m'a convaincu que si je suçais son pote... il voulait rompre et j'ai pensé que si je le faisais, il resterait avec moi. Mais je pensais pas... je savais pas qu'il filmait pendant que... je le faisais. C'est un mec avec qui j'allais au lycée qui m'a appelé tout à l'heure. Ils ont reçu un mail de mon ex avec le lien.
- Le connard ! Tu crois que c'est ton ex qui a balancé la vidéo sur le net ?
- Je ne vois pas qui ça pourrait être d'autre. On était que tous les trois et la vidéo a été prise de côté. Celui que je... c'est pas lui qui a pu la prendre.
- Bah on va aller le voir, ce bâtard. On va récupérer l'original, effacer les copies et enlever la vidéo du site où elle est stockée.
Samuel eut un rire amer et un rien hystérique avant de s'essuyer rageusement les yeux tout en répliquant :
- Bien sûr je vais aller voir un mec qui fait deux têtes de plus que moi, le menacer avec ma tronche de tueur et, mort de trouille, il va faire ce que je lui demande ! On ne doit pas vivre dans le même monde, parce dans le mien, il va simplement me claquer la porte au nez au mieux, me mettre une beigne au pire.
- J'ai pas dit « tu », mais « on ». Celui qui va faire sa tête de tueur et le menacer, ce sera moi. Toi, tu te contenteras d'effacer cette merde.
Samuel se redressa violemment, esquivant d'un cheveu le menton du sportif avant de le dévisager presque méchamment et de demander froidement :
- Et pourquoi tu ferais ça ?
- Parce que c'est dégueulasse ce qu'il a fait. Ça se fait trop pas et que j'ai envie de lui mettre mon poing dans la gueule pour ce qu'il t'a fait.
- Mais... mais on n'est rien l'un pour l'autre ! Pourquoi tu te ferais chier à te taper je sais pas combien de bornes pour m'aider ? Et puis tu veux le faire quand, hein ? Demain ? Dans une semaine ? Quand t'auras le temps ? Fais pas de promesse que tu pourras pas tenir. C'est toi qui es dégueulasse sur ce coup là !
Samuel se dégagea vivement, sa colère explosant face à la désinvolture de Clément. Il mettait son âme à nue, partageait avec lui son secret le plus honteux et voilà ce qu'il récoltait ? Une réaction digne du sportif je m'en foutiste au possible ! Qu'il ferme sa grande bouche au lieu de balancer ce genre de promesse dans le vent qui lui faisait plus de mal que de bien. D'un mouvement rageur, le plus jeune se leva et ramassa son boxer sous le regard médusé de son amant. Ce dernier réagit au quart de tour et lui saisit violemment le poignet, faisant grimacer Sam sous la prise douloureuse. Cependant, le sportif ne relâcha pas sa poigne et répliqua vivement :
- Quand est-ce que je t'ai fais croire que c'était des paroles en l'air ? Je le pense, putain ! On y va demain. On prend l'avion, on rentre sur Panam et de là on va chez toi. On s'occupe de ton connard d'ex et je repars chez moi. Qu'est-ce qui te parait irréalisable là-dedans ?
Le plus jeune se troubla face au visage déterminé de Clément et ses paroles véhémentes. Il cligna plusieurs fois des yeux, ayant peur de croire, d'avoir confiance en sa proposition. Il ferma les yeux, cherchant un argument à opposer à ce plan qui lui paraissait presque trop parfait et finit simplement par demander en ancrant son regard noir dans celui de son amant :
- Mais pourquoi tu ferais ça ?
Clément relâcha le poignet qu'il avait malmené, l'amenant à ses lèvres pour embrasser la marque rouge qui apparaissait et répondit doucement :
- Parce que c'est toi, et que je veux pas qu'on te fasse de mal. C'est tout.
Oh Gosh ! Et il lui disait « c'est tout », comme ça, comme si c'était naturel alors que lui n'avait pas l'habitude qu'on se préoccupe ainsi de lui. Le plus jeune ferma à nouveau les yeux, l'émotion lui étreignant le ventre. Il baissa la tête, vaincu et sa main laissa retomber son sous vêtement, alors qu'il venait trouver refuge contre le torse de Clément. Il se sentit vulnérable tandis que les bras musclés se refermaient autour de lui et le serraient fort. Samuel refoula les larmes qui menaçaient à nouveau face à cette protection, cette chaleur qu'il avait toujours désirée. Et merde ! Il avait fallu que ce soit ce mec qu'il pensait être un imbécile fini qui lui donne tout ce qu'il avait toujours désiré. Cet homme peu commun qui vivait à plus de quatre cents kilomètres de chez lui... Un sentiment de frustration sans nom le saisit, mais il lutta pour ne pas se laisser envahir par ce genre de pensées alors qu'il avait encore toute une nuit devant lui. Le plus jeune sentit la cage thoracique de son amant se soulever tandis qu'il soupirait longuement avant qu'il ne lui demande, inquiet :
- Ça va aller ?
Samuel plongea son regard d'un noir sans fond dans celui du sportif et hocha la tête faiblement. Ses mains se firent tendres alors qu'il caressait le creux de ses reins, puis il répondit d'une voix à peine distincte :
- Tu n'es pas obligé de faire tout ça, juste parce qu'on a couché ensemble.
- T'es une sacrée tête de mule, tu le sais ça ? Je t'ai dit que je le ferai alors on ne reviens pas là dessus. Et je t'interdis de penser que c'est parce que je me sens obligé.
- D'accord...
Le petit sourire à peine esquissé de Samuel fit chavirer le cœur du plus âgé. Il savait qu'il avait pris la bonne décision en lui apportant son aide. Il avait beau avoir eu la preuve que son amant était bel et bien un homme, il ne pouvait s'empêcher de le trouver... fragile et adorable. Quelque chose en lui s'éveillait à son contact et lui donnait envie de le protéger. Peut-être parce que Sam était celui qui lui avait ouvert la porte à de nouveaux plaisirs. Non, c'était plus trouble que ça, plus viscéral aussi et il n'arriva pas à nommer ce qu'il ressentait. Ses pensées se désorganisèrent peu à peu alors que les doigts du plus jeune couraient le long de son échine, effleurant sa peau doucement. Clément pencha la tête et vint voler le souffle de Samuel. Il n'avait aucune arrière-pensées à cette seconde précise, il avait juste suivit son instinct et il l'embrassait doucement. Cependant, les lèvres de Samuel se firent plus gourmandes, sa langue plus vorace et leur baiser s'intensifia les entraînant à nouveau vers un territoire plus charnel.
Samuel avait les yeux fermés et profitait pleinement de leurs caresses. Il n'avait plus envie de réfléchir, de penser à son passé et encore moins envie d'en parler. Il n'avait qu'une seule volonté : profiter de cet homme. Il aurait été fou de passer leur seule nuit à discuter de ses parents ou de ses problèmes. Non, à cet instant, il avait juste besoin d'oublier tout le reste et de se concentrer uniquement sur Clément. Juste sur lui. Juste sur eux. Le désir se diffusa lentement dans leurs corps, doux et chaud. Clément n'attendit pas comme tout à l'heure pour noyer son amant sous ses caresses. Ses mains se perdirent littéralement sur ce corps frêle dont il avait fait l'intime connaissance un peu plus tôt. Il saisit les hanches de Sam, avançant doucement afin de faire reculer son amant jusqu'à leur lit sans rompre leur baiser. L'étudiant noua ses mains derrière le cou de Clément juste avant de se laisser tomber dans un petit rire qui se perdit contre les lèvres du sportif. Ce dernier se réceptionna sur les mains, la peur d'écraser ce corps délicat le faisant réagir dès qu'il se sentit partir en avant.
Clément frissonna en sentant son amant sous lui. Il chercha le regard de Samuel du sien, et surprit son petit air amusé. Son rythme cardiaque s'emballa devant ces grands yeux noirs qui le dévisageaient avec espièglerie. Il lui rendit son sourire, heureux de le voir à nouveau détendu et serein et non plus en larmes et paniqué. Il se pencha et vint à nouveau prendre ces lèvres qui n'attendaient que lui. Son sexe se gonfla tandis que l'excitation montait crescendo. Clément se sentait beaucoup plus à l'aise maintenant. Il savait à quoi s'attendre et il n'avait plus aucune appréhension, plus aucune crainte quant à la suite des événements. Il connaissait la douceur et la prévenance de son amant. Alors, même s'il savait qu'il allait devoir supporter ce moment désagréable qu'était la pénétration, peu lui importait car un plaisir sans commune mesure l'attendait au bout du chemin. Le sportif se remit debout afin de monter sur le lit et de s'y allonger, aussitôt rejoint par le plus jeune qui se colla à lui et le caressa du bout des doigts, redessinant ses muscles en souriant.
Le sportif frémit sous ses attouchements aériens, son regard dévorant le corps de son amant. Il s'arrêta un court instant sur le tatouage dont il connaissait la signification douloureuse. Il ne résista pas à l'envie de se pencher pour l'embrasser, obligeant Samuel à se mettre sur le dos afin de le laisser faire. Il suivit les arabesques de sa langue, son souffle faisant frissonner l'étudiant qui le regardait faire en se mordillant la lèvre. Le plus jeune fondait littéralement sous cet hommage. Il amena une main dans la chevelure fauve qu'il caressa doucement, sa main descendant le long de la joue pour amener le visage de Clément à lui. Cependant, ce dernier se contenta de lui sourire avant de reprendre sa découverte du tatouage, suivant les lignes qui descendaient le long de l'aine du plus jeune. L'étudiant haleta sous les baisers et les coups de langue, son sexe durcissant de plus en plus alors que le sportif se rapprochait lentement mais surement de sa verge. Il sursauta quand il sentit les doigts de son amant se refermer autour de son érection, surpris par cette attaque qu'il n'avait pas vu venir tant il était concentré sur la bouche de Clément. Samuel n'en revenait pas... certes les caresses du sportif restaient maladroites, mais il... il le touchait sans plus d'hésitations et c'était... c'était trop bon !
Clément pouvait sentir la respiration de son amant s'accélérer alors qu'il tenait sa virilité au creux de sa paume. Il aimait avoir cette chair chaude et dure entre ses doigts. Le désir de Sam était bien visible, palpable et c'était une sensation bien différente que ce qu'il pouvait ressentir avec une femme. Il n'y avait aucun doute possible, aucune incertitude même infime quant au plaisir qu'il lui donnait. Il n'y avait pas de simulation possible entre deux hommes et cette pensée le rassurait et lui donnait un sentiment diffus de pouvoir. Clément ne se voyait pas comme quelqu'un de dominant, sinon jamais il n'aurait pu laisser Samuel le baiser. Cependant, être aux commandes, diriger les choses avec un autre homme, c'était quelque chose de grisant qui lui donnait toutes les audaces. Le sportif caressa cette verge érigée avec de plus en plus d'assurance, se mettant à genoux pour plus d'aisance.
L'étudiant perdait son souffle sous cette caresse. Habituellement, il ne se serait pas mis dans un tel état pour une simple branlette, mais là... c'était Clément et c'était tout. Il se mordit violemment la lèvre inférieure quand un pouce un peu trop audacieux caressa son gland, s'attardant sur le méat luisant de liquide séminal. Le plus jeune ferma les yeux de plaisir et se laissa aller à ses sensations. Il bougea doucement son bassin, accompagnant les doigts qui dansaient autour de lui, son ventre envahi de papillons de plus en plus agités. Samuel se détendit complétement alors que les lèvres du sportif revenaient butiner son aine, suivant le tracé du dessin gravé dans sa peau. Il se figea instantanément quand il sentit un souffle sur son sexe. Ça... ça...ce n'était pas prévu au programme ! Il ouvrit vivement les yeux et baissa la tête pour voir Clément sortir une langue curieuse et lécher rapidement son gland. Il lui sembla que des étincelles brulantes explosaient dans son ventre à cette vision bien plus qu'à la sensation beaucoup trop éphémère pour avoir été réellement excitante. Le souffle court, l'étudiant se redressa sur ses coudes et chuchota :
- Qu'est ce que tu fais ?
- J'ai... j'ai envie d'essayer ça aussi.
- T'es pas obligé...
- Mais j'en ai envie... même si ça va pas être super bon pour toi, j'l'ai jamais fait.
- Fais gaffe à tes dents, c'est tout.
- Je pourrais pas faire le truc avec ma gorge par contre.
- Tu fais ce que tu veux, c'est... au feeling. Te force pas, tu dois trouver ça agréable, toi aussi.
Inconsciemment, Samuel avança sa main et caressa du bout des doigts la joue de son amant et Clément inclina son visage pour rendre la caresse plus concrète. Oh shit... comment ce mec pouvait-il se donner ainsi sans ressentir aucune peur ? Le sportif suivait juste ses envies et son instinct sans se poser de questions, sans hésiter alors que lui... Le souffle de Clément, suivi de sa langue sur sa verge engorgée de sang, firent voler en éclat le cours de ses pensées et Samuel se laissa retomber sans plus opposer de résistance. Il prit presque plus de plaisir à sentir ces lèvres tâtonnantes et maladroites se refermer autour de lui qu'il en avait eu à le pénétrer. Cette fois, Clément dirigeait la caresse, l'initiait de son propre chef. Il n'était plus simplement passif, attendant le bon vouloir de l'étudiant et c'était cela qui rendait l'acte encore plus intense.
Le cœur battant et le ventre noué d'excitation, Clément commença à prendre le sexe du plus jeune en bouche. Il grimaça furtivement quand le goût du latex se fit présent sur ses papilles, gâchant cette première prise de contact. Cependant, il ne s'y attarda pas, préférant de loin se concentrer sur les sensations que lui apportaient cette chair épaisse entre ses lèvres. C'était... bizarre... Il écartait les mâchoires, exagérant presque le geste de peur de mal s'y prendre et de faire riper ses dents sur cette verge sensible. Petit à petit, le jeune homme se détendit et sa bouche enveloppa plus naturellement l'érection de Samuel. Il entama un léger mouvement de va et vient, sa langue se collant au sexe qui l'envahissait. Il ne put retenir le gémissement de désir qui venait du plus profond de son ventre quand un soubresaut de plaisir agita cette verge qu'il suçait. Enhardi, Clément le fit glisser un peu plus loin, un peu trop loin et le gland toucha sa glotte, provoquant un réflexe de haut le cœur. Il releva le visage, libérant l'étudiant en toussant presque et ce dernier eut un petit sourire tendre en murmurant :
- À mon tour.
- Mais je n'ai pas fini de...
- Je veux que tu m'embrasses.
Les reins du sportif s'enflammèrent à cette demande toute simple. Il observa quelques secondes ce visage trop fin, trop féminin aux joues délicieusement rougies et il succomba. Il s'allongea doucement sur Samuel, en prenant appui sur ses coudes et posa ses lèvres sur les siennes. La réponse du plus jeune ne se fit pas attendre et il plongea ses doigts dans la chevelure flamboyante, ouvrant la bouche pour recevoir cette complice de jeux qui vint se mêler à sa langue. Clément frémit face à l'intensité de ce baiser, passionné et enfiévré et son sexe en tressaillit d'impatience. Samuel bougea le bassin, cherchant à se libérer un peu de la pression exercée par le poids du sportif sur le bas de son corps. Il écarta enfin les jambes, les remontant le long des hanches de son amant. Ce dernier frissonna violemment en sentant les cuisses nerveuses de Samuel tout contre lui. Son excitation se fit plus impétueuse et il ne put se retenir de donner un coup de reins instinctif qui fit glisser leurs sexes l'un contre l'autre.
Samuel se perdait totalement dans ce baiser, dans cette chaleur qui émanait de leurs deux corps mêlés, mais cela ne lui suffisait pas. Il n'avait plus envie de se restreindre à un rôle qui ne convenait plus à la situation. Sa façon de réagir, son raisonnement avaient été mis à mal avec ce voyage en Roumanie. Il avait compris que sa vengeance ne rimait à rien et ne le mènerait nulle part. Les choses avaient changées et c'était à cause de cet homme... ou plutôt grâce à lui. Là, tout de suite,, Sam avait juste envie de suivre ses désirs. Il n'avait plus aucune raison de les refouler et de se retenir, surtout ici et maintenant. D'une brusque poussée, il déstabilisa Clément et réussit à le faire basculer sur le côté. Il lui suffit alors de prendre appui sur un genou, de soulever son corps puis de passer une jambe par dessus les cuisses de son amant. Le sportif sourit en voyant Sam le dominer, retrouvant avec un certain plaisir la place qu'il occupait deux heures plus tôt.
Samuel reposa ses fesses sur les jambes étendues de Clément se laissant cette fois totalement envahir par l'excitation. L'impatience l'animait tandis qu'il regardait autour d'eux, cherchant le flacon de lubrifiant dans les draps défaits. Il eut un sourire éblouissant en le trouvant et se pencha pour le saisir. Il frissonna violemment en sentant une paume chaude se poser dans le creux de ses reins et descendre lentement flattant la courbe de ses fesses. Il s'arrêta quelques secondes tendant sa croupe à cette paume caressante, son ventre se liquéfiant dans l'expectative brulante de ce qu'il espérait. Le plus jeune reprit sa place et saisit le poignet de son amant qu'il amena vers son ventre. Sa main tremblait fébrilement alors qu'il ouvrait le flacon et déposait du gel sur les doigts de Clément. Celui-ci fronça les sourcils, déstabilisé par les agissements de l'étudiant. Il ne comprenait pas où voulait en venir le plus jeune. Sachant que Sam n'était pas passif dans une relation sexuelle, est-ce que cela voulait dire qu'il attendait... qu'il attendait de lui qu'il se prépare tout seul ? Ouais, enfin... il voulait bien être ouvert d'esprit et tenter de nouveaux jeux, celui là lui semblait quand même un peu prématuré. Le sportif ne se voyait pas du tout en train de se doigter pour être honnête et il se sentit affreusement mal à l'aise.
Samuel ne souriait plus quand il reposa le flacon sur les draps. Son visage était grave, mais ses yeux étaient emplis d'un désir insoutenable. Il se redressa sur ses genoux et prit la main de Clément qu'il dirigea entre ses cuisses. Le sportif eut un sursaut de résistance, son cerveau n'arrivant pas à assimiler l'action. L'étudiant inclina la tête avec une moue légèrement contrariée, tout en se mordillant la lèvre de frustration. Le sportif se troubla, complétement perdu. Il avait peur de se méprendre et d'avoir un geste malvenu, alors il demanda d'une voix enrouée et hésitante :
- Mais je... je croyais que t'étais pas... passif.
Samuel retint de justesse un soupir de frustration. Il calma la tempête d'impatience qui faisait rage dans son ventre et préféra jouer le jeu de la provocation. Il tira gentiment sur le poignet de Clément l'amenant sous ses testicules, puis il fit glisser son index dans la paume frémissante avant de venir recueillir un peu de lubrifiant du bout de son doigt. Clément écarquilla les yeux en voyant Samuel se redresser un peu plus, ses jambes s'ouvrant largement. L'étudiant posa sa main libre derrière lui, sur le genou de son amant, tandis que son corps se cambrait vers l'arrière, dévoilant son intimité de façon indécente. Clément ne quitta pas des yeux la main fine qui s'insinua entre les cuisses ouvertes du plus jeune et il vit cet index lubrifié se glisser jusqu'à son anus impudiquement dévoilé. Clément déglutit difficilement quand son amant commença à masser lentement son entrée. Samuel se mit à bouger son bassin lascivement, son doigt flirtant outrageusement avec son anus. Un sourire vicieux apparut sur ses lèvres et il reprit enfin, sa réponse entrecoupée par un souffle alourdi de désir :
- Il aurait été... plus juste de... dire que je ne suis... pas passif avec... n'importe qui.
- Oh bordel... soupira bruyamment Clément, surexcité par cette scène : te sens pas obligé de faire ça pour me remercier.
Le désir de Samuel se trouva quelque peu refroidi par cette phrase. Il stoppa tout mouvement, redressant son dos en soupirant et marmonna entre ses dents :
- T'as raison, tu as le chic pour casser l'ambiance.
- Non, mais je ne veux pas que tu te forces ou...
- Mais merde ! J'ai l'air de me forcer ? Tu crois vraiment que je suis le genre à donner mon cul pour remercier le premier clampin venu ?
- Non, mais...
- Tais-toi, Clément. Je veux juste... j'ai envie de toi et je veux que tu me prennes.
Clément frissonna violemment à ces paroles chuchotées, son sexe tressaillant en réponse à cette supplique. Oh ! Bon Dieu ! Il avait fait une croix sur cette envie après l'avertissement de Samuel. Il y avait bien songé, il avait même énormément fantasmé sur cette possibilité, mais sans se faire la moindre illusion quant à sa réalisation. Et maintenant... oh bordel ! Les reins en feu, il vint poser sa main vierge de lubrifiant sur le ventre du plus jeune et le repoussa doucement, l'obligeant à reprendre sa position. Samuel soupira de contentement et obéit avec empressement. Cependant, il n'eut pas le temps faire le plus petit mouvement avec son index que le sportif amenait sa main tout contre la sienne et faisait glisser son doigt lubrifié sur celui de son amant. Une décharge électrique fit gémir l'étudiant alors que le geste initié par Clément amenait leurs deux index à se poser sur la peau sensible de son anus. Il accompagna le lent massage de son entrée en reprenant la danse langoureuse de son bassin.
Le plus âgé n'arrivait pas à détacher son regard de cette étoile brune qui s'ouvrait lentement sous leurs doigts. Il sentit son cœur battre plus vite encore, si c'était possible, quand Samuel fit glisser son index sur le sien avant d'appuyer doucement dessus pour l'introduire en lui. Clément en perdit son souffle alors qu'il voyait son doigt se faire avaler par ce corps brulant. Jamais il n'aurait pu imaginer l'intensité érotique d'un tel spectacle, ni les sensations qu'il retirait à pénétrer un corps masculin. C'était doux, et moelleux et chaud et... sexuel. C'était le mot qui tournait en boucle dans sa tête. Le corps de l'étudiant vint au devant de sa main, s'empalant de lui même sur son index alors qu'il restait tétanisé par cette nouveauté. La plainte gémie fit réagir Clément qui ramena son bras libre en arrière pour prendre appui dessus afin de se redresser légèrement. Il détacha enfin son regard du corps de son amant pour venir se perdre dans son regard sombre et éperdu d'envie. Son ventre n'aurait pu être plus crispé de désir et pourtant... pourtant il s'enflamma littéralement en voyant un Samuel aussi libéré et impudique.
Les poumons du plus jeune se vidèrent instantanément de leur oxygène quand il sentit la main de Clément se faire plus assurée, entamant un va et vient plus impétueux. Il gémit en se cambrant un peu plus. Il s'offrit entièrement en murmurant douloureusement :
- Plus... mets en un autre...
Clément accéda à cette requête et le pénétra de son majeur sans le lâcher du regard. Il fut surpris de la facilité avec laquelle il put pénétrer le corps de Samuel, mais cela ne fit que l'exciter davantage. Il continua de le préparer, ajoutant un troisième doigt qui rencontra cependant un peu plus de résistance. Il arrêta de bouger mais Samuel ne l'entendit pas de cette oreille. Il vint à la rencontre de sa main avec un sourire éthéré, son regard semblant perdu dans son monde de désirs. Le sexe du sportif frémit à cette vue, et c'est dans un gémissement impatient que Clément s'assit, enfonçant profondément ses doigts dans le corps de son amant qui émit une plainte sourde de plaisir. Samuel s'accrocha désespérément au cou du sportif alors que ses lèvres cherchaient déjà les siennes. Leurs dents s'entrechoquèrent alors que leur baiser se faisait affamé. Leurs langues ne dansaient plus, elles livraient bataille, se faisant agressives tandis que le besoin de l'autre se faisait plus fort.
À bout de souffle, le plus jeune brisa cette caresse violente et tendit son bras à l'aveugle à la recherche des préservatifs. Sa frustration explosa au bout de quelques secondes et il reporta son attention sur Clément, se redressant sur ses genoux pour se libérer de ses doigts. Il se retourna enfin, ses yeux explorant le lit dévasté avant de repérer l'emballage argenté. Il tendit vivement la main, attrapa un préservatif avant de l'ouvrir rapidement. Il ferma les yeux sous l'impatience qui le ravageait et Clément eut un petit rire en le voyant aussi fébrile. D'un geste assuré, celui-ci lui prit la protection de latex des doigts et la disposa sur son sexe sous les yeux avides de son amant. Une fois que ce fut fait, le sportif releva la tête mais il n'eut pas le temps d'émettre la moindre parole qu'une main se posa sur son torse. Samuel se colla à lui et le repoussa, le forçant à s'allonger en suivant le mouvement.
Un sourire lubrique étira les lèvres du plus jeune qui embrassa à nouveau son amant. Il se sentait bien à cet instant. Il n'avait pas été aussi excité, autant dans l'attente, depuis des mois et pourtant, tout au fond de lui, il se sentait étrangement serein. Il se redressa enfin, prenant appui sur ses genoux, dominant Clément de tout son corps. Il prit son temps pour s'installer, avant de saisir l'érection du sportif et de la maintenir pendant qu'il s'abaissait. Son corps vint à la rencontre de ce sexe bandé et il frémit en le sentant toucher son anus. L'étudiant n'eut pas la plus infime hésitation alors qu'il laissait Clément le pénétrer. Il n'y eut pas la moindre résistance tandis que le sportif glissait à l'intérieur de lui en un seul mouvement. Samuel eut un sanglot étranglé quand il se sentit dilaté au maximum, comblé comme il ne l'avait plus été depuis longtemps.
Clément n'en pouvait plus, le ventre tellement crispé par le désir et l'attente que cela en devenait douloureux. Il saisit plus durement qu'il ne l'aurait voulu les hanches de son amant et commença à bouger. Le mouvement sec fit gémir Samuel et ce simple son fit se tétaniser le sportif qui crut lui avoir fait mal. L'étudiant ancra son regard noir de besoin dans celui de son amant et lui répondit en ondulant du bassin. Il se pencha en avant, posant ses mains sur le torse musclé avant de relever ses fesses. Clément laissa échapper une plainte sourde tandis qu'il ressentait la friction de cet anneau de chair autour de son sexe, la fraicheur de l'air ambiant remplaçant la fournaise dans laquelle il se sentait si bien. Il vint saisir à pleines mains ces fesses indécentes, les pétrissant violemment avant de les ramener à lui, faisant s'empaler le plus jeune sur sa verge désireuse.
Les deux jeunes gens dansèrent pendant de longues minutes ce tango passionné, l'un s'esquivant alors que l'autre le ramenait à lui, sur lui, pour leur plus grand bonheur. Ils perdaient leurs souffles dans ces va et vient de faible amplitude et dans leurs baisers enfiévrés. Cependant, Samuel avait besoin de plus et il se redressa vivement, s'échappant de la poigne de son amant. Il rejeta ses bras en arrière et posa ses mains sur les genoux de son partenaire, les cuisses largement ouvertes, s'offrant complètement tout en gémissant :
- Bouge... autant que tu veux, aussi fort que...
Emporté par son excitation, Clément ne le laissa pas finir sa phrase et donna un brusque coup de reins, arrachant un faible cri au plus jeune. Laissant libre cours à ses envies, il saisit les hanches de l'étudiant et commença à le pilonner durement. Le sportif se lâchait totalement alors qu'il retrouvait avec plaisir ce rôle qu'il connaissait sur le bout des doigts. S'il avait apprécié être passif, il n'avait aucun doute quant à ses préférences. Il aimait se sentir prisonnier du corps de Samuel, il aimait cette chaleur moite et serrée qui lui donnait l'impression de ne plus vouloir le laisser partir. Il aimait être le responsable des gémissements et des cris de son amant. Oh putain ! Oui, il aimait voir son sexe apparaitre au creux de ces fesses avant de se faire à nouveau avaler avidement.
Perdant le contrôle, Clément renversa brusquement le plus jeune, son érection sortant brutalement du corps frêle. Il ne perdit pas une seconde pour rouler au dessus de Samuel et relever une de ses cuisses nerveuses. Il le pénétra d'une poussée violente, se rengainant complétement dans cette fournaise qui le rendait fou. La plainte sanglotée de l'étudiant lui fouetta les sangs et il se déhancha de plus belle. Le plus jeune souleva son bassin, le besoin le poussant à venir au devant de ce sexe qui le ravageait. Il s'accrocha aux épaules de son amant, le souffle lui manquant et il ne put que gémir quand Clément heurta brutalement sa prostate. Il chercha les lèvres du sportif et il se perdit dans ce baiser violent, dans cette étreinte sauvage, dans ce feu qui le dévorait vivant. Le brasier incandescent qui lui incendiait les reins ne faisait que croître, devenant insoutenable. Enfin, son plaisir explosa et il jouit longuement, son sexe laissant s'écouler son sperme en un long filet crémeux sans qu'il ait eu besoin d'une stimulation autre que le sexe de Clément en lui. Le sportif gémit sous les spasmes nerveux du corps de Samuel. Cependant, il était parti bien trop loin dans son plaisir pour comprendre quoi que ce soit et il bougea encore de longues secondes avant de sentir sa jouissance éclater au creux de son ventre. Il s'immobilisa dans un dernier coup de reins brutal, enfoui au plus profond de son amant tandis qu'il éjaculait longuement.
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Un gémissement rompit le silence bercé de souffles saccadés quand Clément se retira de l'intimité malmenée de son amant. Il prit appui sur ses coudes et regarda le visage de rougi de Samuel. Ce dernier avait les yeux clos sur une respiration rapide, haletante et le retour à la réalité fut brutal pour le sportif. Son ventre se crispa en songeant qu'il avait du faire mal à Samuel. Il y avait été comme un bourrin alors que son amant était... enfin son corps était... Et merde ! C'était bien la première fois qu'il perdait à ce point les pédales, mais le plus jeune avait été tellement... outch ! Ce show qu'il lui avait fait ! Clément caressa doucement la joue de son amant et demanda d'une voix basse et étrangement rauque :
- Ça va ? Je t'ai pas fait mal ?
Les yeux de l'étudiant papillonnèrent avant de s'ouvrir sur un regard un peu perdu, presque rêveur. Il eut un sourire doux qui plissa ses yeux encore embrumés et il hocha lentement la tête avant de répondre en chuchotant :
- Ça va carrément bien...
- T'es sur ? Parce que j'y ai...
Samuel ne le laissa pas finir, déposant sa bouche sur celle de son amant en un baiser tendre et complice. Il enlaça son cou avant de le faire doucement glisser contre lui afin de se libérer de ce poids qui l'étouffait. Il se blottit tout contre le corps de Clément dans un soupir satisfait et reprit :
- Je n'ai pas mal... enfin si un peu mais c'est pas grave. C'était juste... trop bon.
- Vrai ?
- Hmmmm... tu vas me prendre pour un débauché fini si je te dis que j'ai vraiment aimé ça ?
- Dans ce cas, on est deux ! C'était... phénoménal !
Samuel le regarda surpris avant d'avoir un petit sourire amusé. Il se redressa un peu puis croisa ses bras sur le torse du sportif, s'allongeant à moitié sur lui. Il suivit le tracé de sa mâchoire d'un index tendre avant de murmurer espiéglement :
- Phénoménal ? Rien que ça ?
Le plus âgé baissa les yeux pour observer le visage de son amant et répliqua sérieusement :
- Je ne m'étais jamais lâché comme ça. C'est dingue... j'aurai pu te faire mal et je ne m'en serai pas rendu compte.
- Ça n'a pas été le cas, alors déstresse. Et puis... ça fait toujours un peu mal au début, mais ça fait partie du jeu et c'est ce qui rend les choses excitantes aussi.
- Et ça fait longtemps que... non... laisse tomber.
Samuel releva la tête surpris par les hésitations inhabituelles de son amant. Il le regarda avec cette moue interrogative que Clément avait appris à connaître ces derniers jours, avant de demander :
- Que quoi ?
- Non, mais c'est intime et ça me regarde pas...
L'étudiant éclata d'un rire léger puis déposa un baiser léger sur le torse du sportif. Il relava enfin un visage au regard taquin alors qu'il reprenait :
- Tu ne crois pas qu'on a abordé pas mal de trucs intimes cette nuit ? Un de plus ou un de moins ne fera plus la différence.
Clément le regarda avant d'afficher une expression plus détendue et de lui offrir un magnifique sourire qui remua le cœur trop sensible de Samuel. Il reprit d'une voix légère :
- Ok, mais c'est toi qui l'auras voulu. Je me demandais... depuis combien de temps tu couchais avec des mecs.
- Ma première fois ? C'est ça ?
- C'était aussi avec un mec ? T'as toujours su que t'étais homo ?
- Bah ouais, je ne me suis pas dit un beau jour « tiens et si je me tapais une queue pour changer ! », rigola Samuel en se retournant sur le dos et en posant sa tête sur le torse de Clément.
- Bah c'est un peu ce qui m'est arrivé.
- Ouais mais toi, c'est plus de la curiosité. Moi, je suis comme ça. Je sais pas... c'est venu naturellement.
- Naturellement ?
- Hmmmm... j'étais en 5ème ou 4ème et... je sais pas comment t'expliquer ça, mais... toi tu as toujours regardé les filles et tu avais envie d'elles pas vrai ?
- À mort !
- Voilà c'est pareil pour moi. Je regardais les mecs, je pensais aux mecs, je fantasmais sur des mecs et j'étais juste « ami » avec les filles, rien de plus.
- Et ça t'as pas fait flipper ?
- Pourquoi j'aurais dû flipper ?
- Hé bien, je sais pas mais ça te rendait différent des autres...
- J'étais déjà différent des autres avec mon physique... Non, mais franchement regarde-moi, j'ai des gênes d'asiat', j'ai une carrure de crevette et un visage qui est tout sauf viril. Et puis, de toute façon, on m'avait déjà catalogué, alors... non, je n'avais pas de quoi flipper. C'était naturel, la suite logique des choses, je dirais.
- Et tes parents le savent ?
- Tu crois vraiment que je me suis pointé devant mon paternel pour lui dire : « papa t'as raison sur toute la ligne, j'suis pd ! ». Non, pas de coming out pour moi, je tiens à la vie.
Clément secoua la tête de droite à gauche, une nouvelle fois dépassé par le comportement des parents du plus jeune. L'amertume contenue dans la voix de Samuel lui tordit le ventre et il resserra son étreinte autour du corps délicat de son amant. Ce dernier eut un doux sourire et ferma les yeux de bien être. Il était bien là, allongé tout contre Clément, sa nuque sur son torse, et ses bras lui donnant cette impression d'être choyé. Il baissa son menton dans le creux du coude, embrassant la peau pâle qui le tenait bien au chaud, à l'abri des autres et du lendemain. Le sportif frissonna devant cette marque de tendresse et le lui rendit en embrassant son front dans un sourire. Il reprit enfin d'une voix douce :
- Et cette fameuse première fois alors ?
Un petit rire lui répondit avant que Samuel ne lui réplique :
- Ça t'intrigue, hein ?
- J'avoue... je ne m'imagine pas avoir ma toute première relation sexuelle avec un mec.
- Ouais mais je te l'ai dit c'est parce que t'es hétéro, c'est logique ! On n'a pas la même genre de partenaires, c'est tout. Parce que ma première fois était plus que normale : 16 ans avec le mec dont j'étais amoureux. Et toi ?
- 14 ans avec une fille plus âgée en colo. Rien de romantique ni de spectaculaire, rigola Clément qui continua son interrogatoire. Le mec dont tu parles c'est le bâtard de la vidéo ?
- Hmmm... Alex, une belle erreur et j'ai pas vraiment envie d'en parler.
- D'accord. Désolé d'avoir abordé le sujet..., murmura le sportif en caressant le ventre de son amant en un geste doux et réconfortant.
- Non, c'est pas grave... c'est juste que je ne suis pas fier de ce que j'ai fait.
- Tu l'as fait parce que tu l'aimais, y'a pas de quoi avoir honte. L'amour c'est une des plus belles motivations qui soit, je trouve.
- Il y a un grand romantique au cœur tendre qui se cache sous tout ce muscle, alors ?
Clément se renfrogna sous le léger rire moqueur. Il se tourna sur le côté rapidement roulant sur le plus jeune et lui cloua la bouche d'un baiser fiévreux. Une langue exigeante s'insinua entre les lèvres de Samuel qui soupira lascivement, se fondant entre les bras de son amant alors qu'il nouait ses mains à ses biceps. Le sportif mit fin à cette caresse et posa ses coudes de chaque côté de la tête de l'étudiant. Il se redressa enfin, ancrant son regard vert translucide dans celui de son amant, un petit sourire coquin sur les lèvres en demandant :
- Et au fait... t'es actif ou passif ?
De nouveau le rire de Samuel s'éleva dans la chambre, les enveloppant de chaleur et de complicité. Il eut un sourire un brin amusé et répondit :
- Ça ne marche pas comme ça, non plus. Il n'y a pas d'un côté les passifs et de l'autre les actifs comme chez les hétéros avec les femmes et les hommes. C'est plus... c'est moins net, je dirais. Il y a de tout et chacun fait le truc à sa sauce pour s'adapter à l'autre. Il y a des actifs et des passifs qui se cantonnent à un seul rôle mais en général c'est plus une question de partenaire, d'envie et de préférences.
- D'accord... et toi ta préférence ?
- En règle générale, je suis actif, mais je préfère de très loin être passif.
- Alors pourquoi tu es actif si tu préfères être en dessous ?
- J'étais pas en dessous tout à l'heure, il me semble, tenta d'esquiver Sam un peu gêné d'avouer les raisons de son comportement.
- Ouais, c'est une façon de parler... alors ?
- Alors... c'est une question de... principe ?
Clément fronça les sourcils ne comprenant pas ce qu'essayait de lui dire le plus jeune. Ce dernier soupira et reprit d'une voix hésitante :
- Je... tu sais mon ex...
- Alex, le bâtard...
- Ouais, rigola nerveusement Samuel avant de reprendre : quand il m'a quitté, il m'a reproché ce que... le truc avec son pote. Il a retourné les choses et... à l'entendre, c'était moi qui avait voulu tout ça. Il m'a dit... je n'avais couché qu'avec lui à ce moment là et...
Le silence se fit l'étudiant n'osant pas dire à haute voix ces mots qui l'avaient tant blessé. Il eut un sourire un peu forcé en regardant son amant, mais celui ci garda son expression renfrognée et insista :
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Il... « garage à bites », souffla le plus jeune en fermant les yeux.
Le souffle lui manqua quand Clément entendit l'insulte. Bien sûr, il l'avait déjà entendue, mais cela ne l'empêchait pas d'être choqué. Il ne pouvait qu'imaginer ce qu'avait dû ressentir ce p'tit mec sensible qui avait quoi à l'époque ? 16 ans ? Et c'était son premier partenaire, en plus. Sa confiance en lui avait dû en prendre un sacré coup... Le sportif sentit une colère sourde naître au fond de lui et il se fit la promesse de faire payer à ce bâtard le mal qu'il avait causé à ce jeune homme qui semblait au plus mal à cet instant. Clément baissa son visage et effleura les lèvres de Samuel en murmurant tout contre elles :
- Hey ! Tu sais que c'est pas vrai. Ce mec est un sinistre connard.
- Peut-être...
- Non, pas peut-être ! Et même si tu couchais avec d'autres mecs en étant passif, qu'est-ce que ça peut foutre ! Tu fais ce que tu veux et ça ne fais pas de toi un « garages à bites » pour autant !
- je sais, mais... ça m'a vraiment fait mal et... je ne voulais pas devenir ce qu'il pensait.
- Et c'est pour ça que t'étais actif ?
- Je sais, c'est con...
- Non, c'est lui le con. Toi, tu devrais juste arrêter de te prendre la tête avec ce que ce bâtard t'as dit. T'es pas comme ça, tu le sais, alors vis tes envies point barre.
- Je les vis, sinon je ne serais pas là ce soir.
Clément répondit au petit sourire de son amant par un baiser doux et chaud. Il aimait le découvrir un peu plus à chaque discussion alors que Samuel était resté discret sur sa vie durant tout le trek. Il ne savait pas ce qui avait libéré sa parole, mais il en était heureux. Il poussa un gémissement en sentant les mains de Samuel se faire plus entreprenantes sur ses fesses. Il adorait ça aussi, que le plus jeune soit aussi libéré dans un lit. Il était soulagé que les paroles de l'autre connard ne l'ait pas complètement bloqué. Qu'il l'ait déjà choqué et blessé au point que Sam ne devienne qu'actif était amplement suffisant ! Cette pensée en amena une autre et Clément se figea brusquement, mettant fin au baiser brutalement. Il plongea son regard voilé d'étonnement dans celui de l'étudiant qui le regarda sans comprendre. Perturbé par ce comportement, une trouille familière au creux du ventre, Samuel demanda sur la défensive :
- Quoi ?
Le sportif ne répondit rien dans l'immédiat. Il songeait juste que son amant avait été uniquement actif depuis son premier mec... jusqu'à ce soir. Une bouffée d'orgueil envahi Clément en pensant qu'il était celui qui avait réconcilié Samuel avec ses envies même s'il n'en comprenait pas vraiment les raisons. Peut-être qu'il avait juste suffit d'un peu de tendresse, d'une oreille attentive et de compréhension. Il avait surtout l'impression que le jeune homme avait besoin d'être rassuré et il était heureux d'avoir été cet homme là, celui capable de lui redonner assez confiance en lui pour qu'il se libère enfin. Et cette idée engendra un sentiment diffus et trouble qui le rendit perplexe face à son incapacité à le nommer. Les doigts de Samuel qui s'enfonçaient petit à petit dans le bas de son dos ramena Clément à la réalité. Il ancra son regard dans celui noir et hésitant du plus jeune et vit le stress que son attitude inhabituelle avait engendré. Il le rassura d'un grand sourire tendre avant de répondre doucement :
- Je suis heureux de t'avoir rencontré...
Samuel perdit contenance face à cet aveu qu'il ne sut comment prendre. Son cœur s'enflamma mais sa tête resta froide. Une nuit. C'était ce à quoi leur histoire se résumait, une seule et unique nuit. Il ne devait pas se faire d'illusions ni nourrir de faux espoirs. Même si le sportif représentait tout ce qu'il avait toujours voulu. Même si demain il l'aidait à récupérer la vidéo et à remettre sa vie à l'endroit. Il n'y avait rien de possible entre eux. Ils habitaient à 400 kilomètres l'un de l'autre et surtout Clément était hétéro. Alors... il devait contenir son cœur de midinette et juste apprécier ce qui lui était offert à l'instant présent. Samuel offrit en retour un beau sourire sincère et doux alors qu'il se détendait sous le corps de son amant. D'un geste lent, il remonta ses genoux le long de cuisses du sportif, appréciant leur fermeté et le duvet de poils qui chatouilla la peau fine de l'intérieur de ses cuisses. Il croisa ses chevilles dans le bas du dos de Clément qui retenait son souffle et murmura d'une voix qui se fit coquine :
- Montre le moi alors, à quel point ça te rend heureux.
Clément eut un petit rire avant de venir à la rencontre de cette bouche lubrique. Leurs langues se trouvèrent encore une fois, tendres et joueuses. Leurs souffles se fit plus courts alors que leurs mains se promenaient sur leurs corps. Le sportif mit fin doucement au baiser et murmura contre les lèvres de Samuel :
- Je vais être plus doux cette fois.
- Fais ce que tu veux. Sois doux ou sois brutal, je prends tout.
Le sportif eut un bruit de gorge étranglé devant cette proposition qui lui fouetta les sangs. Il fondit sur la bouche de son amant et l'emprisonna de ses lèvres. Samuel gémit dans ce baiser, le cœur tambourinant entre ses côtes. Il n'avait que trop conscience des mots qu'il venait de chuchoter et il était soulagé que Clément n'en ait finalement pas comprit le sous-entendu implicite. Parce que, incontestablement, il voulait tout de son amant et pas seulement pour cette unique nuit. Oui, il était prêt à prendre toute sa force et sa tendresse, sa protection et sa douceur, son impétuosité et sa gentillesse... mais c'était mieux que Clément ne comprenne à quel point il le voulait. Leur relation devait rester telle qu'elle l'était, sinon Samuel savait qu'il perdrait son amant. Il se contenterait de ce que Clément était prêt à lui donner et chérirait ses souvenirs en secret, dans le fond de son cœur. C'était comme ça que les choses devaient se passer et il ne se faisait aucune illusions...
/
Il regardait les lumières à travers la fenêtre, se gavant du spectacle de cette ville endormie. Bucarest... Samuel en avait pris plein les yeux durant ces 10 jours et il prenait conscience que ce trek marquait un tournant dans sa vie. Il pensait jusqu'à présent que partir de chez ses parents marquerait le début de sa liberté mais il se rendait compte qu'il avait gagné une autre forme de libération avec ce voyage. Le jeune homme tourna la tête et observa son amant endormi. Oui, il repartirait de ce pays plus libre, plus serein aussi. Demain, avec l'aide de Clément, il pourrait enfin faire une croix sur son histoire douloureuse avec Alex. Ils allaient récupérer cette foutue vidéo et ensuite... Sam soupira en songeant qu'ensuite il devrait laisser partir Clément. Le point final à leur histoire serait posé et il devrait reprendre le cours de sa vie.
D'un mouvement lent, l'étudiant reporta son attention sur les lumières qui embellissaient cette ville encore plongée dans la nuit pour une heure tout au plus. Il ne savait plus trop qui avait dit : « il vaut mieux avoir aimé et perdu que de ne jamais avoir aimé du tout »... jusqu'à cette nuit, il avait trouvé cette phrase ridicule, car elle impliquait une souffrance inutile. Pour lui, cela lui paraissait logique que si tu n'as pas aimé tu ne souffres pas et tu ne connais pas le manque, mais maintenant... maintenant, il comprenait la signification de ces paroles. Il était heureux d'avoir rencontré Clément et d'avoir développé des sentiments forts pour lui. De l'amour ? Il lui aurait fallu un peu plus de temps pour en être certain, mais il ressentait cette énorme envie « de plus », cet irrépressible besoin « de tout ». Oui, c'était peut-être bien de l'amour... mais au final, peu importait puisque tout serait fini demain soir. Non, ce qui était vraiment important, c'était que maintenant il savait qu'il y avait sur Terre des hommes qui en valaient la peine. Grâce à son amant, Samuel savait maintenant ce qu'il voulait : un homme tendre, aimant, rassurant.
Un doux sourire flotta sur ses lèvres fines alors qu'il s'étirait. Une douleur lancinante se rappela à son bon souvenir quand il arqua le dos pour dénouer ses muscles. Ils y avaient été fort tout à l'heure, n'empêche, et cela avait quelque peu bloqué Clément. Le sportif avait préféré qu'ils échangent une nouvelle fois de rôle et Samuel n'aurait su dire si c'était vraiment par envie ou par peur de lui faire mal. Certes, Clément avait aimé, bien que la pénétration restait un moment qu'il n'appréciait pas outre mesure, mais il avait comme un doute. Le jeune homme se passa une main dans les cheveux, soupirant en voyant le ciel s'éclaircir peu à peu. En fait, peu lui importait qui avait tenu quel rôle, cette nuit avait été celle de Clément et il aurait fait n'importe quoi pour son plaisir, même si... même s'il aurait aimé le sentir encore une fois en lui. Une dernière fois avant leur séparation, mais il était trop tard pour cela et Samuel refusait d'emporter des regrets avec lui.
L'étudiant se détacha enfin de la vue hypnotique de Bucarest qui nimbait de lumière pour aller s'asseoir sur le lit. Il passa une main câline sur le dos musclé qui se soulevait au rythme d'une respiration lente et régulière. Samuel se pencha et déposa un baiser tendre sur la joue râpeuse de son amant avant de murmurer :
- Clément... Il est l'heure, réveille-toi.
Un grognement lui répondit, puis le sportif se retourna brusquement, tentant d'échapper à cet empêcheur de dormir peinard. Le plus jeune rigola faiblement alors qu'il revenait à l'attaque :
- Debout, il est cinq heure passée.
- Ouais... cinq minutes...
- Comme tu veux. Je vais aller prendre ma douche, mais... on doit être en bas pour prendre notre petit dej' à 6h00.
- Hmmmmm...
- Tu es dans MA chambre, Clément. Si tu te rendors, tu risques d'être... gêné en retournant à la tienne si tu croises quelqu'un d'autre.
- Merde...
Le sportif ouvrit un œil embrumé par le sommeil et regarda son amant. Il avait la tête vide et il aurait vraiment, mais alors vraiment apprécié dormir plus longtemps. Genre une petite dizaine d'heures, rien de plus. Il bailla bruyamment en s'étirant de tout son long, une douleur pulsant doucement au creux de ses fesses. Clément se frotta les yeux, attentifs à ce que lui disait son corps, mais aucune douleur ne le terrassa et il finit par s'asseoir avec précaution. Non, décidément rien d'insurmontable et pourtant... deux fois en moins de quelques heures. Il s'était fait baiser, sodomiser, enculer et bien d'autres synonymes encore mais son corps ne s'en trouvait pas changé pour autant. Il ne se trouvait pas différent. Le monde n'avait pas cessé de tourner, ni les hommes de courir après le temps qui passait. Un petit rire léger s'échappa de sa poitrine sous le regard un peu incrédule de Samuel qui finit par lui demander :
- Ça va ?
- Ouais, je suis claqué mais ça va impeccable. Et toi, ça va ?
- Pareil qu'une heure plus tôt, s'amusa l'étudiant en se relevant.
- Il reste combien de temps avant le petit dej' ?
Samuel qui sortait des affaires de son sac à dos, se retourna et attrapa son portable sur la table de chevet pour regarder l'heure avant de répondre :
- Une demie-heure.
- Ok. Je vais y aller, alors.
- Hmmmm... On se retrouve là bas.
Le sportif bloqua sur la réponse autant que sur l'attitude de son amant. Il le trouvait bizarrement distant après ce qu'ils avaient partagé cette nuit. Ne comprenant pas vraiment la raison d'un tel comportement, Clément attrapa le poignet fin de Samuel et le tira à lui. Ce dernier trébucha avant de s'affaler contre le torse musclé dans un hoquet de surprise. Il releva vivement le visage et tomba dans un regard vert d'eau interrogateur qui le remua. Un instant de silence passa entre eux tandis qu'ils se dévisageaient puis, le plus âgé demanda :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- De quoi ?
- Tu es distant. Alors, je répète, qu'est-ce qu'il y a ?
Samuel se troubla, se sentant mis à nu par ce regard perçant. Il détourna les yeux avant de soupirer. La tension quitta son corps et il se dégagea doucement de la prise que maintenait le sportif sur son poignet afin de s'asseoir correctement. Il finit par répondre à voix basse :
- Il n'y a rien. C'est juste... je ne veux pas rentrer c'est tout.
- Tu m'étonnes, mais tu sais que ça va aller ? Je ne vais pas te laisser tomber avec l'autre enfoiré...
Samuel le regarda avec une drôle d'expression que le sportif n'arriva pas à interpréter. Il lui semblait que le plus jeune cherchait à se cacher à nouveau. Il leva un sourcil interrogateur et Sam lui répondit par un sourire timide en hochant la tête. Comment l'étudiant aurait-il pu dire à son amant que la récupération de cette vidéo le stressait, mais que ce n'était pas la principale raison de son manque d'entrain à l'idée de rentrer en France. Certes, l'idée de revoir ses parents lui crispait le ventre mais savoir qu'il ne lui restait que quelques heures pour profiter de Clément lui nouait la gorge. Il aurait tellement aimé avoir plus de temps pour profiter de son amant, mais c'était impossible et il ressentait le besoin de se retrouver seul afin de pouvoir gérer ses émotions. Il eut un sourire triste avant de céder à une dernière envie et de demander doucement :
- Je peux t'embrasser une dernière fois ?
Clément resta interdit une micro seconde face à cette demande. Il se glissa jusqu'à son amant, retenant une grimace d'inconfort sous le tiraillement de ses fesses et vint caresser la joue pâle de Samuel. Il eut un tendre sourire en ancrant son regard dans les profondeurs insondables des prunelles de l'étudiant et répondit :
- Non... ce sera pas la dernière fois.
- Pourtant on se sépare ce soir.
- Peut être, mais je compte bien profiter encore un peu...
Ses dernière paroles s'échouèrent sur les lèvres du plus jeune alors qu'il l'embrassait déjà. Le cœur de Samuel se serra sous l'assaut tendre de son amant. S'il n'avait pas été aussi conscient de sa situation, il aurait pu se méprendre et voir un geste amoureux dans cette caresse, sauf que... il n'y avait pas d'amour entre eux, tout au plus de l'affection, du respect et un désir réciproque. Le sportif mit fin bien trop vite à ce baiser au gout de Sam qui en gémit de frustration. Un petit rire chaud et doux lui répondit et l'étudiant ouvrit les yeux avant de ronchonner :
- Allez vas-y avant qu'on te chope à trainer à poils dans les couloirs.
L'hilarité de Clément redoubla alors qu'il se levait et ramassait ses affaires restées au sol durant la nuit. Il commença à se vêtir suivi de près par Sam qui avait bien du mal à s'arracher à ce spectacle. L'étudiant retourna à la pêche aux fringues dans son sac quand il entendit la voix hésitante du sportif s'élever dans son dos :
- Tu... Je sais qu'on a couché ensemble et tout, mais on continue à...
Clément se troubla, les mots se bloquant dans sa gorge alors que son amant se tournait vers lui et le vrillait du regard. Il perdit toute contenance en comprenant à quel point son comportement pouvait être blessant et insultant. Il ouvrit la bouche pour essayer de se rattraper et d'expliquer qu'il ne reniait rien de ce qu'il s'était passé dans cette chambre, juste qu'il n'était pas du tout prêt à assumer quoique ce soit devant les autres, mais Samuel lui coupa la parole d'une voix lente :
- T'inquiète, rien n'a changé. Et je te rappelle que moi non plus je ne tiens pas à ce que mon homosexualité se sache. On fait comme si de rien n'était et c'est très bien comme ça.
Le sportif eut un drôle de ressenti à ces paroles. Il était soulagé et en même temps, il avait comme un arrière goût amer en entendant le ton utilisé. Comme si... comme si Samuel avait des regrets quant à la situation. Le plus jeune s'approcha rapidement de lui et déposa un baiser rapide sur ses lèvres, l'empêchant de poser la question qui lui brulait la langue. Quand il se recula, Samuel murmura en prenant ses vêtements :
- Je vais prendre ma douche et toi, dépêche toi !
Le plus jeune ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il se dirigeait déjà vers la salle de bain. Clément le regarda refermer la porte derrière lui en se demandant s'il avait bien interprété la dernière réaction de son amant. Il se gratta l'arrière de la tête, embêté de voir cette nuit se terminer sur une fausse note. Il finit quand même par s'habiller avant de quitter rapidement la chambre. Il serait toujours temps de se rattraper un peu plus tard dans la journée.
/
Le petit déjeuner avait été rapidement expédié dans une ambiance encore endormie. Le groupe avait dansé et profité de cette dernière soirée jusqu'à tard dans la nuit. Quelques questions furent posées quant à la disparition des deux amants mais Samuel joua sur son état pitoyable de la fin d'après midi et lors du dîner pour leur faire croire qu'il avait été malade et que Clément lui avait tenu compagnie une heure avant d'aller se coucher. Personne n'insista, le mensonge étant crédible sauf pour Alya qui garda un petit sourire amusé sur les lèvres pendant le repas.
Le départ fut enfin donné et c'est avec beaucoup moins d'enthousiasme que la veille que les jeunes allèrent chercher leurs affaires et se regroupèrent dans le hall. Le trajet dura une demie heure avant qu'ils n'arrivent à l'aéroport international Henri Caonda. Ils eurent amplement le temps de faire enregistrer leurs bagages et de vaquer un peu à travers les boutiques duty free avant de devoir embarquer. Samuel sentit un nœud se former au creux de son estomac alors qu'il traversait la passerelle d'embarquement. Il se força à avancer, la tête baissée sur la peine qu'il avait à quitter ce pays qu'il avait tant apprécié. Il songea qu'il n'aurait surement pas la possibilité de voyager à nouveau avant quelques années. Si tout se passait comme il le voulait, il serait bien trop occupé avec ses études en médecine pour avoir le temps de travailler à côté.
Clément suivait de près son amant, se doutant du stress qu'il devait ressentir. Certes, il se trompait sur les raisons du malaise du plus jeune, mais cela ne l'empêcha pas de rester auprès de lui. Ils eurent la chance de tomber sur une compagnie aérienne qui laissait le placement des sièges libres, et, sans vraiment se concerter, les deux jeunes hommes s'installèrent côte à côte. Clément ouvrit le compartiment à bagage placé au dessus de leur tête pour y ranger son sac en bandoulière qui contenait ses effets personnels et tendit la main pour prendre celui de l'étudiant. Ce dernier lui demanda d'attendre quelques secondes avant d'en sortir un livre policier qu'il voulait garder à porter de main. Le sportif se moqua gentiment de lui ce qui lui valu un ronchonnement de Samuel suivit d'un rire complice. Leur comportement n'avait rien de particulier, il s'inscrivait dans la continuité de ces quatre derniers jours. Cependant, Frédéric ne put s'empêcher d'éclater de rire en les regardant agir. Il enleva son manteau et se mit à l'aise pour le vol, tout en déclarant d'un ton moqueur :
- C'est dingue ! On pourrait vraiment vous prendre pour un couple, vue de dos. En fait, même de face tu pourrais faire illusion...
Clément referma brusquement le clapet du compartiment et se retourna le visage fermé, son air habituellement cabotin disparu. Ce ne fut pas seulement le ton utilisé qui l'énerva mais aussi le sous entendu qu'impliquait cette phrase. Cela le renvoya directement aux confidences échangées durant la nuit et aux insultes qui avaient bercé l'enfance de son amant. D'un ton froid, le sportif demanda sèchement :
- Et ça veut dire quoi au juste ?
- Mais rien, ça fait juste bizarre de vous voir aussi potes depuis quelques jours.
- Et donc, tu sous entends quoi pas là ? Explicite un peu ta pensée...
- Oh vas-y ! C'est bon là ! C'était juste une plaisanterie.
Frédéric se tortilla, mal à l'aise face à la colère visible du sportif. Il n'avait pas songé une seule seconde que sa boutade pouvait être aussi mal reçue. Il n'avait pas eu l'intention de blesser Samuel, c'était juste... juste une connerie qu'il avait dite sans réfléchir et il commençait à s'en mordre les doigts. Il détourna le regard, espérant le sujet clos, mais Clément lui répondit de cette même voix glaciale :
- Trop drôle, franchement... Et comment tu prendrais la blague si je te disais que de dos ta meuf ressemble à un camionneur ?
- Va te faire foutre ! J'te permets pas !
- C'est bizarre, tu te tords pas de rire ? Pourtant c'est le même genre de vannes pourries que celle que t'as balancé.
- C'était pas méchant, merde ! Pas besoin de me prendre la tête comme ça !
- Bien sûr... et si...
- T'as pas bientôt fini ?
La voix sèche de Samuel venait de résonner le coupant dans sa tirade et Clément se tourna vers son amant, surpris pas son ton. Il se troubla en le voyant les bras croisés en train de le fusiller du regard. Il leva un sourcil interrogateur et le plus jeune reprit sans cacher son agacement :
- Lâche-le. Pas besoin d'en faire un plat.
- Mais...
- Tu prends quel siège ?
Clément perdit contenance et ne put que montrer du menton le siège côté allée. Samuel se glissa entre les deux rangées, s'installa à côté du hublot et regarda le paysage par la fenêtre. Mal à l'aise, Clément suivit le mouvement, oubliant l'autre imbécile qui préféra jouer de prudence et se taire. Un mouvement attira l'attention de l'étudiant et il regarda Alya et Hélène prendre place sur les sièges devant eux, reprenant inconsciemment les places qu'ils avaient tous pris l'habitude d'occuper dans leur bus. Pensant que la tension était retombée, Clément se pencha et murmura à son amant :
- Qu'est ce qui t'as pris ? Je ne faisais que...
- Que quoi ? Prendre ma défense, c'est ça ? Tu me prends pour qui exactement ?
- Pardon ?
- J't'explique : t'es pas un preux chevalier et je ne suis une princesse en détresse. Je me suis toujours démerdé tout seul dans ce genre de situation, et je n'ai pas besoin de toi pour remettre ce genre de crétin à sa place.
Samuel se leva brusquement, visiblement bien énervé et passa difficilement devant Clément à cause de l'exiguïté de l'endroit. La tête haute, il se dirigea vers les toilettes avant de s'y enfermer. Alya le regarda faire, étonnée par son attitude avant de se retourner légèrement et de regarder d'un air blasé Clément. Ce dernier semblait statufié sur place, visiblement incapable de comprendre ce qu'il venait de se passer et la jeune femme lui dit tout bas :
- T'as pas été très fin sur ce coup là...
- Mais merde ! Qu'est-ce qu'il a à prendre la mouche comme ça ?
- T'as toujours pas compris ?
- Mais... J'ai rien fait de mal, là, si ?
- Techniquement parlant, tu n'as rien fait de mal, mais... ce n'était pas très malin de jouer à qui pisse le plus loin au détriment de la fierté de Sam.
Clément tiqua aux paroles d'Alya, les sourcils froncés. Il voulait bien reconnaître qu'il y avait peut-être été un peu fort pour une simple vanne, mais il avait réagit instinctivement. Il avait encore en mémoire les insultes dont le père de Samuel l'avait abreuvé et il avait pété un plomb après Frédéric. Ce n'était peut-être pas malin, mais il l'avait fait sans penser à mal. Cependant, il ne comprenait pas ce que venait faire cette histoire de fierté sur le tapis. Il reporta son attention sur la photographe en herbe et demanda :
- Sa fierté ?
- C'est un mec au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué. T'apprécierais toi qu'on t'enlève le plaisir de remettre en place un mec qui t'as manqué de respect ?
Un éclair de compréhension traversa le cerveau du sportif qui comprit enfin où voulait en venir Alya. Son expression se fit penaude et son amie reprit :
- Ouais, hein ? Avec ton attitude, c'est comme si tu avais donné raison à cet imbécile.
- Putain... c'était pas mon intention. J'ai juste voulu l'aider.
- Yep, mais à trop vouloir en faire...
Un coup de coude d'Hélène avertit Alya du retour de Samuel. Clément se leva pour laisser le plus jeune passer et la jeune marocaine leva les yeux pour regarder son ami reprendre sa place. Elle lui adressa un sourire amical auquel l'étudiant répondit d'un rictus un peu crispé. Il avait du mal à cacher qu'il était encore énervé suite au coup que venait de lui faire son amant. Il s'était senti bête quand Clément avait pris sa défense. Samuel avait des réponses toutes trouvées pour ce genre de sous entendus et il n'avait pas vraiment apprécié de voir Clément voler à sa rescousse. Il n'était pas du genre à se planquer derrière plus fort que lui ou à compter sur autrui pour le défendre. L'étudiant avait appris depuis bien longtemps à gérer ce genre de vannes et heureusement encore ! Sinon, il n'aurait jamais survécu au lycée. C'est pour cela que l'attitude de Clément l'avait froissé. Il avait eu l'impression que son amant le prenait pour quelqu'un de faible et de fragile. Il avait déjà eu un doute lorsque Clément avait préféré se faire pénétrer une seconde fois. Sam n'avait pas été certain que ce soit par envie que son amant choisisse cette position, mais plus par peur de lui faire du mal et il en avait eu la confirmation avec cette altercation. Un chuchotement le tira de ses pensées :
- Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser.
- Ce n'est pas le cas. Tu m'as énervé mais pas blessé non plus.
- Ouais, enfin ça revient au même je suis désolé.
Samuel ancra son regard dans celui du sportif avant de se pencher vers lui et de murmurer tout bas pour être sur que Clément soit le seul à entendre :
- Que les choses soient claires : je ne suis pas une faible femme. Tu me peux me frapper que je ne pleurerais pas, tu peux m'insulter que je ne m'effondrerais pas et... tu peux me baiser aussi fort et autant de fois que tu veux que je ne me casserai pas... est-ce clair ?
Clément écarquilla les yeux, surpris par les paroles de son amant. Malgré lui, il sentit son sexe gonfler légèrement face aux idées qui germaient dans son esprit et il ne put que hocher la tête. Avec un petit sourire en coin, Samuel se recala dans son fauteuil en murmurant :
- C'est bien, brave garçon.
- Va te faire voir...
Le ronchonnement de Clément lui valut un sourire un peu plus vicieux alors que les yeux de l'étudiant se mettaient à pétiller. Il ouvrit la bouche, mais le sportif lui coupa la parole en maugréant de plus belle :
- Non, c'est bon, je sais déjà ce que tu vas dire : « Avec plaisir »
Un petit rire lui répondit, allégeant significativement l'atmosphère. Clément eut un sourire satisfait en retrouvant un Samuel qu'il connaissait mieux et qu'il appréciait. Une voix sortant des hautparleurs leur demanda de boucler les départ était imminent.
/
Le voyage retour fut long. Très long. Après quatre heures de vol, l'avion atterrit enfin à l'Aéroport Charles de Gaulle. Chacun récupéra ses affaires, puis se fut l'heure des adieux. Si pour certains, comme Frédéric et Alison, se fut relativement facile de reprendre le chemin les menant jusqu'à chez eux, cela fut moins facile pour d'autres. Alya avait bien du mal à retenir ses larmes au moment de faire la bise à Samuel et ce fut, après maintes promesses de se contacter par téléphone ou mail qu'ils se quittèrent. Les deux jeunes hommes n'avaient pas vraiment le temps de s'attarder ayant moins de trente minutes pour attraper leur train en direction de la Vendée et ils furent soulagés quand ils prirent enfin place dans le wagon. Ils s'installèrent pour les six heures de route qui les attendaient, commençant à bavarder et à rigoler.
Au bout de deux heures, Clément commença à montrer des signes de fatigue et il finit par s'assoupir. Samuel l'observa quelques instants, avant de tourner son attention vers le paysage qui défilait à grande vitesse. Il avait bien son livre mais il n'avait pas la tête à se plonger dans l'intrigue. Non, son esprit était déjà en Vendée et il appréhendait ce qui allait suivre. L'étudiant doutait fortement qu'Alex lui rende sa vidéo avec le sourire et il ne voulait pas que Clément se retrouve dans une bagarre sordide. Il ne savait même pas comment ils allaient s'organiser. Ils devaient arriver aux alentour de 17h30 et ensuite ? Mal à l'aise rien qu'à l'idée d'aller chez son ex, Sam se tortilla sur son siège, le cœur battant beaucoup trop vite entre ses côtes. Le jeune homme ferma les yeux, essayant d'évacuer de son esprit les différents scénarios catastrophes qui lui venait en tête. Il restait un peu plus de trois heures de trajet et il sut d'avance qu'il allait trouver le temps très long avant d'arriver en Vendée.
/
Les deux jeunes hommes descendirent du train, un peu fourbu. Clément avait encore la tête à l'envers d'avoir dormi quatre heures, sans compter une raideur dans le cou qui lui faisait mal. Il suivait Samuel au radar, regardant autour de lui, un peu perdu. Sans qu'il ne comprenne pourquoi, ils se dirigèrent vers le guichet où il vit son amant prendre un fascicule d'horaires et le lui tendre. Clément prit le papier qu'il regarda d'un air bovin avant de relever les yeux et de soulever un sourcil interrogateur. Le plus jeune soupira en voyant son amant d'un air moqueur :
- Faut atterrir, là... ce sont les horaires retour en Normandie.
- Oh ouais... j'suis à l'ouest. On fait quoi là ?
- Bah déjà on regarde à quelle heure est ton train et puis on avise.
- J'ai la dalle. On se pose quelque part ?
L'étudiant eut un petit sourire avant de se diriger vers la sortie suivit d'un Clément qui fonctionnait au ralenti. Ils s'installèrent dans le premier bistrot venu et ils commencèrent à regarder le fascicule SNCF après avoir commandé un café. Samuel fut le premier à parler:
- Heu... il y a un problème là...
- Quoi ?
- Y'a plus de train pour la Normandie aujourd'hui.
- Ah ouais ?
- Oui, le dernier partait à 17h43 et le prochain est demain matin à 6h28.
- Ouais bah je ne me lève pas deux jours de suite à 5h00, c'est mort.
Samuel releva les yeux du papier déplié devant lui et observa le sportif, surpris. Il reprit lentement :
- Ça n'a pas l'air de te déranger de passer une nuit ici...
- Je reprends le taf que lundi matin à 5h. Donc, je peux bien passer mon samedi ici et repartir dimanche. Y'a des trains le dimanche ?
- Tu as envie de passer deux nuits ici ?
- De toute façon je ne suis pas à 24 heures près, non ? Enfin, à moins que ça te dérange...
- Non, non. Pas du tout. Je pensais juste que tu serais impatient de retrouver ta famille et tes amis.
- Comme je te l'ai dit je ne suis pas à une journée près. Par contre, j'imagine que ça va être chaud pour que tu m'héberges.
Le plus jeune eut un temps d'arrêt en imaginant la tête que ferait ses parents s'il invitait Clément chez lui. Il fut pris d'un fou rire nerveux avant de secouer négativement la tête et de répondre :
- Je suis désolé. Il n'y aurait eu que moi, je t'aurais invité, mais là...
- Non c'est bon, je vais me louer une chambre, c'est pas la ruine... mais... heu...
- Quoi ?
- Tu restes avec moi ou tu dois rentrer chez tes parents ?
Samuel mit quelques secondes à réagir, son cœur faisant un drôle de looping dans sa poitrine. Il rigola en reposant sa tasse vide sur la table et répliqua :
- T'as quand même une drôle de façon d'inviter quelqu'un...
- Ok, je reformule : ça te dit de rester avec moi jusqu'à ce que je parte dimanche ?
- Avec plaisir, mais il faut quand même que je repasse chez moi pour aller chercher des fringues.
- C'est bon on a ce qu'il faut pour tenir deux jours de plus !
- Parle pour toi ! Hors de question que je mette le même teeshirt deux jours de suite.
- Oh ça va... tu vas pas faire ta chochotte pour si peu.
- Si toi, tu aimes sentir le fauve, ça te regarde, mais ce n'est pas mon cas.
- Ok, ok on passe chez toi, ensuite on va voir l'autre bâtard et après on est tranquille.
La bonne humeur de Samuel se flétrit instantanément à l'évocation de son ex. Autant, il savait pouvoir gérer ses parents, autant une peur sournoise s'infiltrait en lui rien qu'à l'idée de devoir faire face à cet ancien amant qui l'avait tant blessé. Il baissa la tête et plongea les yeux dans sa tasse de café, cherchant à éviter le regard du sportif. Clément ne fut pas dupe deux secondes et il tendit sa main pour recouvrir celle du plus jeune en un geste réconfortant. Il pencha la tête en avant et reprit d'une voix douce :
- Tu sais que ça va aller, pas vrai ?
- J'ai des doutes, chuchota Sam, angoissé en levant le visage vers son amant : il ne va pas nous rendre la vidéo comme ça, non plus.
- Peut-être pas, mais s'il faut que je lui mette une baffe pour l'aider à comprendre certaines choses, je le ferai avec plaisir.
L'étudiant le dévisagea en fronçant les sourcils, plus étonné qu'il ne l'aurait cru par cette tirade. Il demanda enfin :
- Je ne te pensais pas bagarreur.
- Je ne le suis pas du tout... je suis plus un adepte du « faire l'amour, pas la guerre », mais lui je t'assure que je vais aimer lui faire la guerre, rigola le sportif, fier de son jeu de mots.
- Je ne veux pas que ça se termine en... en baston. Je ne veux pas que tu sois blessé.
- Je ne le serai pas, promis.
Clément lui fit un clin d'œil, son visage débordant de confiance. Il comprenait la peur de Samuel, mais en ce qui le concernait, il n'avait pas peur de donner ou prendre un coup. Il avait la carrure pour affronter une telle situation et surtout, il voulait aider son amant à récupérer cette saloperie. Il n'avait pas besoin de s'appesantir trois siècles sur les raisons qui le poussaient à agir ainsi, la principale étant que ce qu'avait fait Alex était tout simplement immoral et dégueulasse. Ragaillardi par le café, Clément finit par donner le signal de départ et il suivit le plus jeune qui le guida au travers les rues de la Roche-sur-Yon. Ils durent prendre un bus pour aller jusqu'au domicile de Samuel et le sportif en profita pour questionner un peu son amant sur sa ville. Ce fut avec un plaisir évident que Sam lui montra le lycée où il avait passé une partie de sa scolarité, ainsi que différents endroits qui avaient jalonnés sa vie.
Ce fut avec un nœud d'angoisse au ventre que l'étudiant descendit du bus, suivit de près par Clément. Il remonta un peu la rue, avant de s'arrêter face à une grande maison bourgeoise. Ils remontèrent l'allée qui les menait à la porte d'entrée et Samuel entendit un léger sifflement appréciateur filtrer des lèvres de Clément qui le fit grimacer. Ouais, ses vieux avaient du fric, mais ça n'en faisait pas pour autant des gens meilleurs. Nerveux, le plus jeune se tourna vers son amant et marmonna :
- Tu le prendrais mal si je te demandais d'attendre dehors ?
Clément ne sut quoi répondre à une telle requête. Il était quelque peu vexé que Samuel le tienne ainsi à l'écart de sa maison, mais il se rappela très vite les relations, ou plutôt le manque de relation qu'il y avait avec sa famille. Il plongea son regard dans celui, angoissé, du plus jeune et répondit calmement :
- Non, ça ne me dérange pas. Je t'attends là, vas-y.
- Je me dépêche.
Samuel n'attendit pas de réponse et se détourna. Il ouvrit la porte et se faufila à l'intérieur en essayant de se faire le plus discret possible. S'il avait espéré pouvoir récupérer ses affaires sans rencontrer âme qui vive, il se trompa lourdement. Son père était assis dans le canapé du salon, en train de lire son journal. Samuel eut un temps d'arrêt en voyant son géniteur baisser un coin de son journal pour regarder qui arrivait. Les cheveux grisonnants et le visage sévère, son paternel le jaugea dédaigneusement, prenant son temps pour le dévisager. Une moue à peine voilée de dégoût recouvrit ses traits alors qu'il reportait son attention sur ce qu'il lisait tout en demandant d'une voix froide :
- Tu étais où ?
L'étudiant ne perdit pas de temps à répondre, cette question à elle seule témoignant de l'indifférence de son géniteur à son égard. Où il était ? Franchement... où il était ? Dix jours qu'il se trouvait en Roumanie et personne ne s'en était souvenu ou s'était inquiété de sa disparition... La gorge nouée, il traça sa route jusqu'à sa chambre, à l'étage. Il entendit son père le suivre sans émettre une parole et il en ferma les yeux d'appréhension. Il lança une brève prière pour que la situation ne dégénère pas, alors que Clément l'attendait dehors. Il ne voulait pas avoir à se présenter devant lui avec des marques fraîches de coups... D'un geste rapide, le jeune homme déposa son sac à dos sur le lit et le vida fébrilement. Il voulait juste en finir au plus vite. Il n'allait prendre que deux changes et partir d'ici auss...
- Je t'ai posé une question.
La voix froide de son père claqua dans son dos et le jeune homme en frissonna. Rien qu'à cette intonation, il savait que son géniteur était en colère et ce n'était pas bon signe. Samuel décida de faire profil bas dans l'espoir d'éviter que la situation ne dérape et répondit le plus calmement possible alors qu'il ouvrait la porte de son armoire :
- Tu sais où j'étais. Je vous ai parlé plusieurs fois de mon voyage en Roumanie.
Un reniflement méprisant se fit entendre, mais il n'y prêta pas attention. L'étudiant se retourna, ne voyant pas cette chambre impersonnelle où trois cartons s'empilaient dans un coin. Trois cartons, c'était à cela que se résumait sa vie ici. Il avait emballé ses affaires avant son départ, ainsi il ne lui restait plus qu'à attendre la date où la cité universitaire ouvrirait ses portes pour qu'il puisse y emménager. Soit encore neuf jours à patienter. Neuf longues journées et autant de nuits. Samuel fourrait ses vêtements à l'arrache dans son sac, pressé de fuir cette atmosphère pesante qui ne laissait rien présager de bon. Il se raidit en entendant son paternel reprendre :
- La Roumanie, hein ? Et tu fais quoi maintenant ?
Samuel remit sa trousse de toilette dans sa valise en réfléchissant à un mensonge avant de répondre précipitamment :
- Un ami m'a invité à passer deux jours chez lui.
- Quelle est votre relation ?
- C'est un ami.
Il n'entendit pas son géniteur s'approcher rapidement de lui et lui saisir le poignet, le tordant entre ses doigts pour l'obliger à le regarder. Le visage de son paternel était déformée par une colère à peine contenue et il cracha d'un ton menaçant :
- Que je n'entende rien de suspect sur toi ou tu le regretteras...
Samuel aurait voulu lui dire qu'il n'en avait rien à foutre de la réputation de celui qui portait le nom de « père » sur son état civil mais il retint ses paroles. Au lieu de cela il baissa le visage et ferma les yeux. L'étudiant se répéta en boucle dans sa tête cette phrase qui était devenu son mantra et l'empêchait de craquer. « Iwanu ga hana ». Se taire et baisser la tête. Se taire pour ne pas déclencher les coups. Se taire et continuer d'avancer. La prise sur son poignet se relâcha brutalement et il grimaça face à la douleur. Sans un mot, il attrapa son sac et le ferma rapidement sous le regard haineux de son géniteur. Samuel savait ce que son paternel imaginait, le dégoût inscrit sur son visage ne laissait planer aucun doute sur le contenu de ses pensées. Cependant, il garda les lèvres closes malgré la rage qui lui tordait le ventre. Oh putain ! Ce qu'il aurait aimé lui hurler qu'il avait raison, qu'il était pd et qu'il avait un sacré kilométrage de bites à son compteur ! Il n'avait pas honte de ce qu'il était, pas honte d'aimer les hommes. Non, la seule chose dont il avait honte c'étaient d'avoir des parents comme les siens.
La haine lui brulant les entrailles, le jeune homme préféra fuir la pièce avant de dire le mot de trop, la phrase qui fermerait les portes de son avenir. Il descendit les escaliers quatre à quatre, son paternel sur les talons qu'il entendit reprendre :
- Et ta chambre ? Quand est-ce que tu nous débarrasses de toutes tes merdes ?
- J'ai déjà emballé ce que j'emporte. Tu peux mettre le reste à la poubelle.
Samuel ouvrit la porte, soulagé de voir cette scène se terminer. Ses yeux accrochèrent le regard chaleureux de son amant et il sentit sa respiration se bloquer quand la voix de son geniteur résonna fortement derrière lui, rageusement :
- C'est toi que j'aurai du balancer aux ordures, il y a dix huit ans, espe...
Le jeune homme claqua la porte derrière lui et continuer d'avancer, le visage baissé et rouge de honte. Sans un mot, il passa devant un Clément abasourdi et refit le chemin inverse vers l'arrêt de bus. Les larmes menaçaient, mais il les refoula bravement. Avait-il déjà eut aussi honte de toute sa vie ? Peut-être, oui, quand il avait été obligé de sécher les cours de sport pour ne pas afficher les contusions qui couvraient son corps, mais ça n'avait rien eut à voir avec... ça. Personne, à part sa grand mère, n'avait entendu ni vu les agissements de son père à son encontre. Il n'invitait jamais personne chez lui, évitant ainsi de donner un quelconque prétexte à la colère de son paternel. Il avait stupidement pensé que laisser Clément attendre dehors suffirait à le tenir éloigné de toute cette merde, mais il s'était bien planté pour le coup.
- Ça va ?
Samuel ne bougea pas en entendant la voix inquiète de son amant. Comment cela pouvait-il aller ? Un rictus amer plissa sa bouche et il se contenta de hocher la tête. Clément se rapprocha un peu plus de lui et murmura doucement :
- Si tu veux en parler, je suis là.
- Je ne veux pas en parler et de toute façon, il n'y a rien à dire.
- Comme tu veux.
Le bus arriva dans cette ambiance tendue et Samuel en soupira de soulagement. Il n'avait qu'une envie fuir cette banlieue qu'il détestait, cette maison qu'il haïssait. Sans un mot, il monta dans le véhicule et s'installa, Clément le suivant sans un mot. Le plus jeune baissa la tête et fixa son attention sur le sol. Il ne vit pas la main qui se rapprochait discrètement de la sienne et se poser sur ses doigts. Son cœur fit un bond avant de se serrer face à cette marque de soutien silencieuse. Il retourna sa main, sa paume venant épouser celle de Clément qu'il caressa lentement de son pouce. L'étudiant finit par relever le visage et regarda son amant. Un sourire sincère le frappa de plein fouet, l'inondant de chaleur. Sa réponse fut hésitante alors qu'un sourire timide étirait ses lèvres. Il sentit sa respiration se faire de moins en moins oppressée, alors qu'il évacuait son géniteur de ses pensées. Ce n'était pas le moment de penser à sa vie ni de s'apitoyer sur son sort. Clément était là, avec lui et il ne voulait pas gâcher cela.
/
Samuel leva la tête et regarda l'immeuble qui se dressait face à eux. Quelque part sur cette façade, il y avait la fenêtre de l'appart de son ex... cela lui faisait bizarre en plus de l'appréhension qui lui étreignait le ventre. Il n'était jamais venu ici et pour cause, Alex avait eu son bac un peu moins de six mois après leur séparation et maintenant il était à la fac. Le plus jeune n'en avait tellement plus rien à faire de ce mec, qu'il ne savait pas s'il avait eu sa première année de droit ou s'il avait repiqué et il s'en foutait pour être honnête. Pour l'instant, seul ce qui allait se passer le tourmentait et il jeta un coup d'oeil anxieux à son amant. Clément n'avait pas le même genre de préoccupation loin de là. Il offrit un sourire réconfortant en s'adossant au mur de l'immeuble et Samuel l'observa, un rien dubitatif en demandant :
- Et maintenant on fait quoi ? On sonne ?
- Tu penses vraiment qu'il va t'ouvrir ?
- Je ne crois pas...
- Bon, bah tu cherches son nom et son numéro d'appart sur l'interphone et on attend que quelqu'un ouvre la porte.
Samuel le dévisagea encore quelques secondes avant de faire la recherche adéquate sur l'interphone électronique. Il fit défiler les noms sur le petit écran avant de trouver celui de son ex ainsi que le numéro de son appartement. Une fois cela fait, il n'arriva pas à attendre aussi patiemment que Clément. Il ne put s'empêcher de faire les cent pas en se mordillant l'ongle du pouce, son angoisse grimpant au fil des minutes qui s'égrenaient. Au bout d'un quart d'heure, Un couple de personnes âgées sortirent du bâtiment et d'un geste rapide, le sportif retint la porte avant qu'elle ne se referme. Avec un grand sourire, il l'ouvrit complètement, se penchant en une sorte de révérence pour laisser passer le plus jeune. Samuel secoua la tête de droite à gauche en passant devant lui avec un soupir excédé. Il marmonna amèrement :
- On dirait vraiment que t'en as rien à foutre.
- Nope, c'est pas ça. Je sais juste qu'on va récupérer ce qu'on est venu chercher et qu'il va pouvoir aller se faire foutre.
L'étudiant secoua une nouvelle fois ses mèches brunes en appuyant sur le bouton d'appel de l'ascenseur. Clément le suivit et les portes se refermèrent derrière eux alors qu'il demandait :
- Quel étage alors ?
- 8éme, appart 805.
- Comment tu veux faire ?
- J'en sais rien, en fait...
- Tu veux essayer de lui demander gentiment ou je le chope direct ?
- Non ! On n'est pas là pour chercher les ennuis, d'accord ?
- Les ennuis, c'est lui qui les a semés, alors qu'il s'étonne pas de ce qu'il va récolter.
- Je ne veux pas que ça parte en couille, ok ? je... je vais lui parler en premier.
- Comme tu veux. Je resterai juste à côté, alors stresse pas.
Samuel sursauta quand la sonnette de l'ascenseur retentit leur indiquant qu'ils étaient arrivés. Oh putain ! Stresse pas que lui sortait Clément, mais bien sûr, finger in the nose ! Le jeune homme sentit sa respiration s'accélérer alors qu'il sortait de l'ascenseur et avançait dans le couloir. Son ventre lui faisait mal tellement il était angoissé et il chercha du réconfort en se saisissant des doigts de son amant. Sa main moite se colla à la paume de Clément qui lui rendit doucement son étreinte. Le jeune homme avait envie de faire demi-tour mais le souvenir de son visage sali de sperme lui emplit la tête. Il n'avait pas le choix... il était hors de question que cette saloperie continue de circuler ainsi. Samuel s'arrêta face à la porte portant le numéro 805 et s'apprêta à frapper contre le panneau de bois. Il retint cependant son geste quand il comprit que la musique et les rires qu'il entendait résonner faiblement dans le couloir provenait de chez son ex. Il recula précipitamment, comme s'il venait de se bruler et buta contre Clément qui ronchonna :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Y'a du monde chez lui.
- Et alors ?
- Et alors on se casse. Je... on ne va débarquer comme ça, alors qu'il y a ses potes. C'est évident qu'il va faire son fier et ce n'est pas comme ça que je vais récupérer ce... la vidéo.
- Rien à foutre qu'il y ait du monde ! On est là, on y va, point barre !
- T'es con ou tu le fais exprés ? C'est obligé que ça tourne mal ! Allez, viens !
Samuel ne perdit pas son temps à essayer de convaincre plus longtemps Clément et fit demi-tour. Il appuya fébrilement sur le bouton d'appel de l'ascenseur, le coeur tambourinant comme un fou dans sa poitrine. À quoi s'était-il attendu un vendredi soir à 19h30 ? Il avait été trop con ! Clément s'approcha de lui en soupirant avant de marmonner :
- Donc on revient demain ?
- Ouais demain matin. On fait ça de bonne heure...
- Ok. C'est toi qui dit.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Samuel sentit son sang déserter son visage en voyant trois mecs d'une vingtaine d'années en sortir en rigolant. Il baissa rapidement le visage et fit un pas de côté, se cachant derrière l'épaule de son amant. Il ne les avait pas vu assez précisément pour les reconnaitre mais il ne voulait pas courir le moindre risque. Après tout, si lui les reconnaissait la réciprocité serait de mise et il ne voulait pas avoir à faire aux amis d'Alex. Les trois mecs passèrent à côté d'eux et Samuel poussa Clément à monter dans l'ascenseur. Une violente nausée menaçait de retourner son estomac suite à cet accès de peur supplémentaire et il sentit une sueur froide le recouvrir alors que les portes se refermaient sur eux. Clément ne se rendit compte de sa pâleur qu'une fois qu'ils furent sortis au grand jour et il demanda, l'air inquiet :
- Hey ! Tu es sûr que ça va ?
- Non, ça va pas.
- Tu veux qu'on aille s'asseoir quelque part ?
- Je veux... je veux aller me coucher. Je suis naze et...
- D'accord, d'accord. C'est normal on n'a pas beaucoup dormi, on a plus d'une dizaine d'heures de voyage dans les pattes et ça fait beaucoup d'émotions à gérer d'un coup. Allez viens.
/
Les deux jeunes hommes entrèrent dans le premier motel qu'ils rencontrèrent et louèrent une chambre sous le regard suspicieux de la réceptionniste. Cela troubla Clément, mais l'étudiant n'était plus en état de s'en préoccuper, d'autant plus qu'il était habitué à ce genre de regard depuis bien longtemps. Il avait juste eu peur que la femme ne leur demande de prendre deux chambres. Après tout, Samuel n'avait jamais été à l'hôtel avec un de ses amants et même s'il n'avait jamais entendu parler d'un fait divers annonçant que l'accès à un hôtel avait été interdit à deux homos, il n'aurait pas étonné de se faire refouler. Il n'était plus à ça prés aujourd'hui... cependant, rien de tout cela n'arriva et il attrapa la clef que lui tendait la réceptionniste avant de se diriger vers un nouvel ascenseur.
Dès qu'ils entrèrent dans leur chambre, le plus jeune alla s'enfermer dans la salle de bain sans un mot. Il se sentait sale après cette journée longue et épuisante. Surtout après la peur qu'il avait ressenti en voyant les trois étudiants sortir de l'ascenseur en fait. Samuel se glissa sous le jet d'eau chaude de la douche en refusant d'imaginer ce qu'il se serait passé si l'un d'entre eux l'avait reconnu. Un beau bordel à tous les coups. Et l'altercation avec son père... il avait fallu que Clément entende la dernière phrase de son géniteur. Heureusement, son amant n'en avait pas reparler. Et merde... ce n'était pas comme ça qu'il avait imaginé que leurs derniers jours ensemble se passeraient. Loin de là... et il commençait à regretter d'avoir accepté l'aide de Clément. Il aurait peut-être dû se débrouiller autrement pour récupérer la vidéo et juste garder un bon souvenir du sportif. Dans un long soupir le jeune homme commença à se laver, la tête pleine de questions.
Quand Sam revint dans la chambre, Clément l'attendait, assis sur le lit. Le sportif le regarda approcher avec un étrange mélange d'inquiétude et de tristesse sur le visage. Samuel s'arrêta à un pas de lui et lui caressa doucement la joue en murmurant :
- Je n'aurai pas dû te mêler à tout ça. Je suis désolé.
- Non... je suis heureux d'être là, mais je me sens... inutile.
- Qu'est ce que tu racontes ?
- Je n'ai rien pu faire avec ton père et pour l'instant c'est zéro avec l'autre connard.
Samuel soupira avant de faire reculer son amant sur le lit et de s'asseoir naturellement sur ses genoux. Il caressa doucement le cou du sportif avec un petit sourire triste et reprit lentement :
- Tu sais... y'a rien à faire en ce qui concerne mon paternel. C'est comme ça et je me suis fait une raison depuis longtemps. J'aurai préféré que tu n'assistes pas à tout ça ou plutôt que tu n'entendes pas ce qu'il a dit. C'est... comme ça.
- C'est dégueulasse.
- Peut-être... je m'en fous, maintenant... Et puis pour ce qui est d'Alex, on verra...
Clément stoppa sa main qui caressait distraitement la cuisse nerveuse de son amant et releva les yeux vers lui pour le dévisager. Il fronça les sourcils quand un méchant doute s'insinua en lui. Il marmonna sourdement :
- T'es pas en train de me dire que tu veux laisser tomber, n'est-ce pas ?
- Écoute, on a évité la catastrophe ce soir... c'est une mauvaise idée et je ne...
- Non ! Non, pas d'accord ! Je ne peux rien faire pour ton vieux, mais je ne suis pas venu ici pour rien !
Les mots du sportif crispèrent le ventre du plus jeune. Venir ici pour rien, hein ? Parce que lui comptait pour du beurre, peut-être ? Il voulut se relever mais Clément l'en empêcha en resserrant ses bras autour de lui. Inconscient du soudain mal-être de son amant, le sportif reprit doucement :
- Laisse-moi t'aider. Même si ça te parait insignifiant, je veux faire quelque chose pour toi...
- Mais...
Samuel relâcha la tension qui avait crispé son corps et se blottit contre le torse de Clément et soupira enfin :
- Ce n'est pas rien. Je n'ai pas l'habitude, c'est tout.
- De quoi ?
- De devoir compter sur quelqu'un d'autre pour m'aider. J'ai l'habitude de me débrouiller tout seul et ça me fait bizarre.
- Bah même si ce n'est que pour 48 heures, je suis là pour toi, d'accord ?
Le plus jeune frissonna en entendant ces paroles et il ne put que remercier son amant en l'embrassant. C'était loin d'être un baiser passionné et enfiévré comme la nuit dernière. C'était une caresse tendre et emplie des sentiments naissants qu'éprouvait Samuel. Il y mit lentement un terme avant de sourire doucement tout en caressant la joue de Clément. Ce dernier lui rendit son sourire et lui demanda :
- Tu veux qu'on aille manger ?
- Hmmm, mais on ne s'éternise pas, d'accord ? Je suis crevé et j'ai vraiment besoin de dormir.
- Ça marche. Allez go !
Une tape sur les fesses du plus jeune le fit se relever avec un petit rire et Sam finit de se préparer rapidement. Ils sortirent de l'hôtel sans un coup d'œil pour la réceptionniste qui les suivit du regard. Le plus jeune les emmena dans un petit bistrot où il avait ses habitudes et ils dinèrent tranquillement. Cela leur fit tout drôle de se retrouver en tête à tête après avoir passé plus d'une semaine en compagnie des autres membres de leur voyage. C'est naturellement que la conversation dévia sur leur trek et sur les amis qu'ils s'étaient faits et qu'ils comptaient recontacter. Samuel parla d'Alya qui habitait du côté d'Orléans et de son intention de la revoir. Ce n'était certes pas la porte à côté non plus, mais c'était toujours mieux que si elle avait habité Nice. Le jeune homme garda cependant le silence sur les photos prises par son amie. Il ne savait pas quelle serait la réaction de son amant s'il apprenait que quelqu'un avait deviné le secret de leur relation.
Une fois le repas avalé, Samuel sentit la fatigue se faire plus pesante et il demanda à Clément s'ils pouvaient rentrer. Ce dernier accepta et ils rentrèrent directement à leur hôtel. Le coucher fut un peu bizarre. Cela faisait trop « couple » que ce soit pour Clément ou pour Samuel. Ils se couchèrent chacun d'un côté du lit et un silence pesant recouvrit la pièce. Le malaise les empêcha de trouver le sommeil et ce fut le sportif qui craqua le premier. Il roula sur le côté et sans un mot vint se blottir contre son amant. Samuel se crispa un peu, pas vraiment d'humeur à faire des prouesses sexuelles ce soir. Non seulement il n'avait pas la tête à ça, mais en plus il était vraiment trop crevé pour réussir à ne serait-ce que bander. Néanmoins, il se détendit peu à peu en voyant que Clément n'avait aucunement l'intention d'aller plus loin et le plus jeune chercha une position plus confortable contre son amant. Le sommeil les emmena alors que leurs deux corps se tenaient chaud, collés l'un contre l'autre.
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Yop Pop !
Bon je serai rapide, parce que je suis à la bourre ! Alors, ils sont pas mignons tous les deux ? L'histoire avance et arrive à sa conclusion... plus qu'un chapitre et ces deux là se diront au revoir ou adieux ou à bientôt... qui sait ?
En ce qui concerne la progression de mes écrits, je suis retournée en Normandie. Bastien avait besoin de moi et moi de lui... Donc déjà 20 pages d'écrites et je ne suis pas sure d'en être à la moitié du chap... Donc encore un looooong chapitre de prévu lol
Je fais de gros gros bisous à ma Muse, à Yam, à Mimie et aussi à Yuiko. Et une pensée spéciale à Kwan, ma dessinatrice préférée;) Et un JOYEUX ANNIVERSAIRE à Miruru ! Et je me dépêche, je suis à la bourre xD
Bisous tout le monde !
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Reviews time !
Marie-Lou : Mais je ne suis pas d'accord ! Je ne dis rien de méchant sur Maxence ! Je l'adore, je dis juste qu'il y a des fois où ses réactions sont assez difficiles à mettre en mots vu que je suis loin d'acoir son caractère ^^''
Pour Samuel, sa vie n'est pas rose loin de là. Cependant, ce genre d'indifférence parentale, de mauvais traitement psychologique mais aussi physique, puisqu'il se prend des coups, existent, hélas. Il n'y a pas que des drames brutaux comme a pu vivre Bastien, mais aussi cette maltraitance quotidienne qui détruit ou du moins qui laisse des traces à vie. Néanmoins, Samuel est un jeune avec un mental fort. Il sait ce qu'il veut et il fait ce qu'il faut pour y arriver, quitte à baisser la tête le temps de ses études.
Merci pour tes compliments, ma peanuts;) Quant à Clément... mais il est attachant ! C'est un perso que j'adore, c'est juste qu'il merdouille comme tout un chacun. Il a le droit de faire un ou des faux pas, mais bon... le fait que ce soit au détriment de Bastien, ça vous reste en travers de la gorge lol Allez hauts les cœurs et apprécions son passé sans prendre en compte son futur:p
Bisous ma belle !
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Wrath23 : Tss tss tss non, non, non... vous êtes nombreuses à émettre l'idée que peut-être Sam pourrait apparaître dans BL, mais il n'est point prévu ce petit. C'est un perso créé vraiment dans le feu de l'action de VR et il ne fait absolument pas parti de la trame de BL. Alors, je le garde dans ma manche, on ne sait jamais... J'ai peut-être d'autres projets pour lui;) mais chuuut je n'en dis pas plus lol
C'est vrai toi, la Clément maniac tu ne sais plus qui choisir entre Bastien et Samuel ? Ma foi, quand on sait regarder d'un peu plus près, la solution saute aux yeux ! Comment ça, c'est facile de dire ça pour moi, vu que je suis l'auteuse ! Mais non ! C'est juste que... tu crois vraiment que je vais donner la solution de BL comme ça, au détour d'un chapitre de VR ? Mouhahahaha non, non, non tu vas encore patienter et te triturer les méninges avant d'arriver au dénouement. Mais ce qu'on aime, non ?;)
Merci pour tes encouragements et ta présence ! Gros bisous et à bientôt;)
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Lena : Oui, ils vont trop bien ensemble, Sam et Clément... mais ils vont aussi bien ensemble car c'est juste une amourette de vacances, qu'il n'y a rien de sérieux entre eux. Je ne sais pas comment cela se passerait entre eux dans le quotidien... surement qu'il y aurait des étincelles, car Samuel est loin d'être tout lisse et sympathique lol Quant à savoir avec qui Bastien va finir... qui vivra, verra lol
Oui, ma muse est monomaniaque, même si elle me laisse quand même une marge de manoeuvre. Le truc c'est qu'avoir une histoire longue (trèèèès longue ^^'') comme BL et une autre courte, c'est faisable pour mon petit cerveau. Mais alors avoir DEUX histoires longues... nope ça serait trop le bazar. Je suis une hystérique du détail, mais vraiment... pour moi, chaque petite phrase, chaque acte ou chaque pensée peut avoir des répercussions sur le long terme. Bastien est un perso avec une psychologie en béton armé (et je ne dis pas ça pour me vanter), BL a une trame complexe qui exploite aussi bien la destruction du viol que la reconstruction après un tel drame, l'amour, la famille et l'amitié, la vie professionnelle et la vie personnelle... c'est vraiment une histoire multi facette assez difficile à amener là où je veux... Et comme je ne sais PAS faire simple (la preuve avec cet OS qui est devenu une mini fic ^^'') je ne veux pas m'embarquer dans la rédaction d'une autre histoire qui deviendra de plus en plus compliquée, avec des persos qui ne m'obéiront pas... donc pour l'instant je reste sur BL et je m'amuse à côté;)
Merci pour tes compliments et ouiiiiiiii je sais que tu aimes Clément et je peux t'assurer qu'il finira heureux lui aussi. O %, quand, comment et avec qui, je garde le secret mais après avoir grandi, il trouvera le bonheur:D
Bah j'espère qu'on a pas la même muse parce que la mienne qu'est-ce qu'elle est chiante lol Mais comme elle m'inspire je lui passe ses quelques caprices:p 7 romans ! Je ne pourrais pas, c'est certain ! Je ne saurai plus lequel avancé, ni quel événements, rebondissements ou autre mettre dans quelle histoire. Je finirai perdue ! Mais, pareil que toi, il me manque du temps pour vraiment écrire comme je le veux, autant que je veux !
Allez je file, faut que je poste avant de me faire choper par des lectrices en manque lol
Bisous ma belle ! À bientôt;)
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Allez je file ! Bisous tout le monde !
AurElisa