Chapitre 4 : Gay Chapel Las Vegas

Camille était déçu. Et c'était peu dire. Le terme n'était même pas approprié, c'était bien au-delà. Mêlé à de l'incompréhension. Cela faisait plus d'un an que Léandro lui avait glissé ces quelques mots. Avait-il mal interprété ? Pourtant, il y avait cru dur comme fer. Ou bien son homme avait peut-être aussitôt regretté cette proposition… peut-être, oui.

Il les avait bien entendu ces mots « Je t'emmènerai à la Gay Chapel Las Vegas… ». Pourtant depuis, plus rien. Plus aucune allusion à un quelconque engagement. Oh, Léandro était toujours aussi empressé avec lui. Ils nourrissaient leur passion, à chaque instant, dans chaque endroit. Camille sourit en se rappelant la dernière fois qu'ils avaient failli se faire prendre sur le fait… par sa mère. Comble de l'embarras.

Puis il revint au sujet premier et son sourire s'effaça. Il ne pensait pas que c'était une question de sentiments qui se seraient estompés. Ils s'aimaient toujours à la folie et ne pouvaient passer du temps loin l'un de l'autre. Les retrouvailles étaient toujours aussi torrides, autant que son homme.

Il aurait pu, il aurait dû avoir le courage de lui en parler. Mais pour une quelconque raison, il n'y arrivait pas. Chaque fois, il se motivait et chaque fois, il abandonnait dès que son compagnon le scrutait de ses beaux yeux ténébreux.

« Camille ? »

Anthony était sur le pas de la porte de son petit bureau et venait de le sortir de ses pensées. Il leva la tête vers lui sans répondre, les yeux encore un peu vagues.

« Ça va ? »

« Ouais, ouais... t'inquiète. »

« Ok »

Anthony ne semblait pas réellement convaincu mais après tout si le Chef ne voulait pas lui en parler, il n'était pas des amis intimes, non plus…

« On t'attend »

« J'arrive »

Quelques jours plus tard, il contempla Léandro sans trop savoir comment réagir. Devait-il se réjouir ou pleurer ?

« Tu n'es pas heureux de venir avec moi, agapi mou ? »

« Hum… si, bien sûr… mais le resto, l'équipe… »

« Bah Anthony est là, il est parfaitement capable de prendre la relève pour quelques jours. Et puis tes parents ne sont pas loin s'il a besoin »

Le Grec venait de lui proposer, d'une façon assez anodine, de l'accompagner à Las Vegas. Une proposition que Camille attendait depuis plusieurs mois, mais dans d'autres conditions. Pas un mot sur leur union… Un simple voyage d'affaires pour Léandro et d'agrément pour lui.

C'était sans aucun doute le moment de glisser un mot sur ce qu'il avait sur le cœur… mais il ne put s'y résoudre. Encore une fois, il se tut et décrocha un sourire forcé avant d'avaler une gorgée de ce merveilleux vin qui ferait passer la pilule.

« Tu as besoin de vacances, Camille. Tu travailles trop et trop dur »

« C'est grâce à cela que le resto marche si bien »

Sans le vouloir, son ton s'était fait un peu plus agressif. Son amant fit alors un signe avec les mains dans l'espoir d'atténuer la tension.

« Je le sais, agapi mou, je le sais. Mais tu dois aussi t'accorder un peu de temps. Je ne te trouve pas dans ton assiette en ce moment »

« Je vais me coucher. Tu as raison, je suis vraiment fatigué. Bonne nuit chéri »

Il se leva, jetant sa serviette près de son assiette qu'il avait à peine touchée. Passa devant son compagnon toujours assis qui l'empêcha de passer, d'un bras à sa taille, et l'attira sur ses genoux. Avant de lui chiper un tendre baiser.

« Repose-toi bien mon amour… Je débarrasse et je te rejoins, d'accord ? »

« Ok »

24 juin. Vol et atterrissage réussi. Chambre d'hôtel grand luxe, spacieuse et divine. La salle de bain était à tomber. Un petit cocktail de bienvenue et une large coupe de fruits frais les attendait dans le petit salon attenant.

Il savait que Léandro voyait grand standing mais il n'avait jamais réalisé jusqu'à quel point, n'ayant jamais eu l'occasion de l'accompagner durant ses voyages.

« Messieurs, nous vous souhaitons un excellent séjour et toutes nos félicitations »

Camille tourna la tête, interpelé par la fin de la phrase. Il observa son homme donner un généreux pourboire à l'employé et la porte se referma.

« Nos félicitations ? Tu as une nouvelle à m'annoncer ? Tu as eu une proposition dans ton travail ? »

Le Grec lui sourit et avança de façon féline jusqu'à lui. Se pencha pour lui prendre la main et le tira jusque dans ses bras.

« Non… il doit vouloir nous féliciter pour le titanesque orgasme que nous allons bientôt ressentir »

Et avant que Camille ne puisse ajouter quoique ce soit, il se fit emporter dans un langoureux baiser qui le laissa complètement émoustillé. Son Grec en profitant pour laisser ses mains se promener sur son corps, il se trouva vite dans un état d'excitation avancée. Et ne trouva rien à redire de se faire pousser sur le lit, à l'entière merci de son amant.

Etait-ce l'air de Vegas ? Leurs ébats avaient un goût de nouveauté pour Camille. Léandro semblait encore plus réceptif qu'habituellement, et guettait chacune de ses réactions avec attention. Il le faisait languir et les préliminaires semblaient ne plus finir. Leurs corps étaient moites et se collaient l'un à l'autre, accentuant l'effet de chaleur et de frissons à la fois. Il semblait au jeune homme qu'il n'aurait plus de voix à force de gémir et supplier qu'il en finisse de sa lente torture.

Léandro abandonna le sexe douloureusement dur de son amant pour venir titiller une énième fois les tétons devenus ultra-sensibles d'avoir déjà été sucés et mordillés. Tout le corps de Camille sa cambra dans un gémissement de plaisir et de mécontentement.

« Léandro… Viens… je n'en peux plus… Tu veux ma mort ? »

Ce dernier lui sourit. Il lui faisait l'amour sans un mot depuis le début et n'ouvrait la bouche que pour le tourmenter de ses lèvres et de sa langue. Il ne parla pas plus cette fois et replongea à l'assaut de la peau brûlante.

« Allez, ça suffit… » Camille fit un geste pour se soulager lui-même. «Et réponds-moi, merde » Il ne criait pas, il soufflait avec difficulté, plongé dans les méandres du désir.

Mécontent, le Grec trouva de quoi lui attacher les bras au-dessus de la tête. Puis il leva l'index comme s'il avait une autre idée et se précipita vers le minibar. Duquel il revint avec une canette glacée. Il la fit rouler sur Camille, s'attardant sur certaines zones plus sensibles, et le plus jeune se tordit de plus en plus, à la limite du sanglot.

Enfin, il faillit exploser lorsque son sexe se trouva emprisonné dans une chaleur moite. Il ne quitta pas des yeux la tête de son homme qui montait et descendait, à un rythme très lent. Beaucoup trop lent. Il n'en pouvait plus. Il allait réellement mourir de frustration. Et il aurait voulu toucher son amant en retour mais n'en avait pas le droit.

Puis vint le moment où son partenaire le fit se retourner sur les genoux. Un violent frisson le parcourut tout entier. Il avait un peu honte mais sentait qu'avec une telle préparation, Léandro pouvait le prendre immédiatement, sans aucune peine. Il dégoulinait de plaisir par tous les pores de la peau.

La fermeté avec laquelle le Grec s'introduisit en lui, s'accrochant à ses hanches, dans un râle viril, faillit le faire venir sur le champ. Il ne savait d'ailleurs pas comment il avait réussi à se maitriser jusque-là. Il ne s'en savait pas capable à ce point.

Un autre coup de rein. Puis plus rien. Il attendit mais rien. Il tourna la tête vers Léandro qui lui sourit malicieusement.

« Supplie-moi »

« Arrête de jouer »

Le brun fit mine de se retirer.

« Non ! Léandro, pitié… encore » s'écria Camille avant de laisser tomber sa tête entre ses mains toujours attachées, attendant la délivrance à ce supplice.

Souriant largement, celui-ci accéda à cette prière et entama des mouvements réguliers, tout en lui caressant les hanches et le bas du dos. Quand le frottement devint plus difficile à supporter, il accéléra, suscitant une litanie de plaintes étouffées.

Quand il sentit que leur orgasme n'était plus qu'une question de secondes, il se pencha complètement sur Camille, déposa un baiser sur son omoplate et lui souffla dans un rythme haché par le manque d'air :

« Veux-tu m'épouser ? »

La réponse se perdit dans un océan de contractions, de vertiges et de bien-être, mais il lui sembla distinguer vaguement un oui et des sanglots.

Camille retenait à grand peine son envie de pleurer. Il avait toujours trouvé ridicule de voir ces hommes qui pleuraient dans ces circonstances. Mais quand il tourna la tête vers l'assistance, que toute sa famille les couvait d'un regard bienveillant et attendri, que leurs amis leur souriaient si joyeusement, il ne put empêcher une goutte salée de s'échapper.

Ils se trouvaient face à face. Ses mains étaient dans celles de Léandro, tendues devant eux, dans une totale confiance. Ses yeux croisèrent de nouveau les prunelles brunes de son futur mari. Il ne savait comment il avait réussi à tout organiser dans son dos, à réunir tous ceux qui leur étaient chers et sur qui il comptait pour cet évènement… Ils étaient tous là, à la Gay Chapel Las Vegas, comme prévu il y a des mois. Il entendit Léandro promettre de le chérir, de l'aimer, de le combler. Il avait déjà amplement réussi. Il riait, les larmes aux yeux. Il était fou de bonheur. Dans quelques secondes, ils seraient unis pour toujours.

« You are husband… and husband. Amen »

FIN