Note de l'auteur : Ma première fiction originale longue. 49 chapitres écrits, bientôt la fin avec le 50ème en cours. Bonne lecture.

Sur ma route

Les motos ronronnaient, sillonnant la route, se suivant dans un cortège. Comme chaque année, ils allaient se retrouver pour quelques jours et c'était toujours un plaisir renouvelé de revoir ceux qui partageaient une même passion. A chaque fois, ils retrouvaient les mêmes têtes, mais de temps à autres se glissaient de nouveaux visages.

Ils attendaient tous ce moment de l'année avec impatience. Même si la vie faisait des siennes et que certains étaient absents, parfois définitivement, ils gardaient espoir de se voir année après année. Ne garder que le positif et le plaisir engendrés par cette rencontre.

Axel se retourna très brièvement vers celui qui s'accrochait désormais à l'arrière de sa moto, avant de reposer immédiatement son regard sur le long ruban d'asphalte qui s'étendait devant eux. Le vent emporta ses paroles aux oreilles du jeune homme assis contre lui.

« On est bientôt arrivé ! »

Axel sentit Valentin serrer un peu plus fort sa hanche de sa main, lui signifiant qu'il avait entendu. Son exaltation était à son comble. Sa machine et son mec.

En réalité, Valentin était heureux de pouvoir descendre de moto. Il allait enfin pouvoir soulager ses jambes et surtout sa vessie. Lui aussi adorait la sensation vertigineuse que lui procuraient le vent et la vitesse quand ils chevauchaient leurs engins. Mais après plusieurs heures, il n'aspirait plus qu'à se délasser.

Il aperçut Axel faire un signe à l'un des autres motards, qui lui répondit en levant le pouce. Puis la moto prit un virage et ralentit quelques mètres plus loin. Valentin poussa un soupir de soulagement. Ils étaient enfin arrivés. Ils passèrent l'entrée du camping dans lequel ils devaient séjourner.

La moto à l'arrêt, il retira aussitôt son casque puis descendit aussi prestement qu'il le put de l'engin. Le conducteur se retourna, interrogatif.

« Faut que j'aille pisser » lui expliqua le plus jeune, qui s'était penché vers son petit ami, lui effleurant les lèvres brièvement.

« Je vais à l'accueil. Tu me rejoins là ? »

« Ok »

Il en profita pour regarder un peu autour de lui. Ça avait l'air vraiment sympa, calme. Tout à fait ce dont il avait envie. Et cette odeur mêlée d'iode et de pins qui venait lui effleurer les narines faisaient remonter ses souvenirs à la surface. Il se revoyait avec son frère, Mathieu, pendant les vacances d'été à la mer. Ils étaient heureux.

Il ressortit des installations sanitaires peu de temps après et se hâta de rejoindre Axel et les autres. Pour l'instant, ils étaient huit. 4 autres devaient les rejoindre d'ici le soir même. Il s'agissait des potes d'Axel car lui même était une des fameuses nouvelles bouilles qui rejoignaient le groupe.

Il ne les connaissait pas beaucoup, ne les ayant vus que deux ou trois fois, mis à part Pierre, le meilleur ami d'Axel, et son compagnon Erwann., ainsi que deux filles qui devaient les rejoindre le jour-même. Erwann avait le même âge que lui. Ils s'entendaient bien tous les deux. Ils se complétaient : autant Valentin était réservé et rêveur, autant Erwann n'avait pas froid aux yeux et tenait difficilement en place.

« Valentin ! » répéta deux fois Axel.

« Hein ? » Valentin sortit de ses pensées.

« Emplacement 85. Tu montes ou tu veux y aller à pied ? ». Axel savait bien que Valentin avait besoin de se dégourdir les jambes. Il n'était pas encore très endurant sur une moto. Bingo. C'est qu'il le connaissait bien son homme. Il le regarda s'éloigner à pied, accompagné d'Erwann.

Les deux jeunes hommes prenaient tout leur temps, visitant au passage les installations diverses, jetant un coup d'œil au parc aquatique.

« Ça va être génial ! La piscine, la mer juste à côté. Putain, on va s'éclater » Erwann débordant d'énergie, comme toujours, venait de claquer gentiment le dos de son ami qui lui offrit un sourire timide en retour.

« Si tu le dis »

« Tiens, regarde les nanas là. Je crois que tu as encore fait des ravages sur ton passage. Quand elles vont comprendre… »

Valentin tourna la tête vers le point fixé par Erwann et put apercevoir effectivement trois à quatre jeunes filles, tout sourire, tenues légères de situation, pouffant de rire lorsqu'il croisa leurs regards. Il s'en détourna aussitôt, blasé, haussant les épaules.

« Ouais, elles peuvent toujours rêver, si ça peut leur faire plaisir »

« Han han, tu veux que je t'aide à leur faire comprendre tout de suite ? » Tout en parlant, Erwann s'était approché dangereusement de lui et avait passé son bras autour de son épaule. Mais son regard était plus que rieur. Valentin ne s'y trompa pas et joua le jeu. Il était comme ça, Erwann, bon vivant, dynamique, joueur. Il prenait la vie avec joie et insouciance. Alors de temps en temps Valentin le suivait, parce qu'il savait que ce n'était pas sérieux et que la légèreté lui faisait du bien et le soulageait parfois.

Il le laissa donc l'arrêter, l'enlacer plus intimement. Erwann posa sa bouche sur sa joue, puis se coula contre son cou, ses mains descendant sur ses fesses. Ces gestes étant déjà plus qu'équivoques, il assena le dernier coup en remontant poser sa bouche sur celle de son ami. Valentin le sentait retenir son rire et eut bien du mal à faire de même. Mais les exclamations étouffées et indignées des filles derrière eux lui firent passer ses bras autour du cou d'Erwann pour appuyer la comédie.

Erwann se redressa et jeta un œil par-dessus l'épaule de Valentin et lui chuchota à l'oreille.

« C'est bon, je crois que là, avec le regard noir qu'elles me lancent, je pense qu'elles ont compris que tu n'es pas intéressé et moi non plus »

Il le relâcha et regarda une moto qui arrivait.

« Ce n'est pas Christèle et Anaïs, là ? » demanda-t-il en les pointant du doigt, alors que l'on pouvait voir deux jolies blondes, les cheveux au vent, avançant quasiment au pas.

A présent, la moto passait à côté d'eux. Elle ralentit jusqu'à s'arrêter à côté d'eux. Une deuxième moto qui les suivait fit de même.

« Erwann ! Valentin ! » Christèle venait de hurler en descendant rapidement de la machine.

« Christèle » lui répondit sur le même ton Erwann.

Ils s'étreignaient, s'embrassaient, sautaient sur place, complètement immatures. Ils s'étaient bien trouvé ces deux là, le même caractère explosif et entraînant de bonne humeur.

Anaïs fit la bise à Valentin pour le saluer en lui souriant tendrement. Elle, c'était la grande sœur qu'il n'avait pas, qui l'avait pris sous son aile dès qu'il avait fait sa rencontre.

« Ça va chef ? Alors, à ce que je vois, on commence les vacances en beauté ? C'était quoi ce roulage de pelle au milieu du camping ? » Anaïs souriait de leurs bêtises. Elle était habituée avec Erwann. Il n'en loupait pas une.

« Roh, Anaïs, on a le droit de s'amuser un peu ! Il faut bien faire fuir les jeunes filles en mal d'amour ». Erwann venait de lui répondre en déposant deux bisous sur ses joues.

Christèle les interrompit :

« Euh, j'en profite pour vous présenter Hugo, un ami. Nous lui avons proposé de venir avec nous cette année et je suis très contente qu'il ait accepté »

Elle s'était approchée du motard qui se tenait un peu en retrait pour les laisser à leurs retrouvailles.

« Donc, le zigoto là, c'est Erwann et à côté, le timide, Valentin ».

Valentin le regarda retirer lentement son casque, le cœur battant. Il ne savait pourquoi, dès qu'il avait posé les yeux sur sa silhouette, du slim au blouson de cuir, il s'était senti troublé. Il reçut un choc émotionnel quand il découvrit enfin le visage de l'inconnu, quand les yeux de ce dernier croisèrent les siens.

Ce qu'il ne savait pas, par manque d'expérience, c'est qu'Hugo était tout autant troublé par la vision de ce jeune homme si sexy et qui ne le savait même pas apparemment. Il était plus jeune que lui, il semblait sortir avec l'autre joyeux énergumène, mais qu'importe il était terriblement attiré par lui.

« Salut » Il tendit la main à Erwann, le plus près de lui, puis à Valentin, gardant son contact sur la paume de sa main. « Enchanté Valentin »

Tous deux sans le savoir sentirent une chaleur soudaine remonter leur bras. Valentin trembla légèrement et tenta de ne rien laisser paraître de son trouble ce qui était plus que difficile pour ce jeune homme nature qui ne savait pas cacher facilement ses émotions et ses sentiments.

Christèle les fit revenir rapidement à la réalité.

« Bon, c'est pas tout ça, mais il y a encore la toile à monter. Je suis crevée et j'ai envie d'une douche, Anaïs. On y va ? »

« Oui tout de suite chérie. »

« Vous êtes à quel emplacement ? Je suis au 84 » demanda Erwann.

« Le 86 et Hugo est à côté de nous au 87 »

« Super, on va être tous ensemble. Antoine et Romain sont juste en face de nous et à côté d'eux, Marine et Agathe»

« Il ne manque plus que Nicolas »

« Ouais, mais d'après Romain, il ne peut venir que demain. Accompagné ou pas ? »

« Oh ben, avec Mr le bourreau des cœurs, il faut s'attendre à tout » rigola Anaïs.

à suivre…