En attendant la suite de M&S (qui est prête ! mais que je n'ai pas eu le temps de faire corriger) je poste ici le prologue et le premier chapitre de la fiction Chasseur d'Ombre. La suite est là aussi déjà écrite (quelques chapitres d'avance) et des illustrations sont disponibles sur le site (dans mon profil). Bonne lecture :3


Prologue

Araël avança avec difficulté. Son corps, ensanglanté, était courbaturé et ses membres lui paraissaient inhabituellement lourds. Le résultat d'une chasse particulièrement difficile ajouté à la perte de sang due à sa blessure ne lui réussissait pas. Tremblant, il repoussa la lourde plaque de pierre lui bloquant le chemin afin de pouvoir se glisser derrière le bâtiment en ruine qu'il venait de quitter. Le bruit assourdissant que fit la roche en atterrissant sur le sol le fit grogner de mécontentement. Il repoussa péniblement quelques mèches de cheveux tout en réfléchissant. Comment allait-il s'en sortir ? C'est à peine s'il tenait debout. Ses plaies encore fraîches le faisaient souffrir autant qu'elles l'affaiblissaient. Le jeune homme devait se retenir au mur pour ne pas tomber par terre.

Le lycan qu'il poursuivait ne l'avait pas loupé. De longues entailles parcouraient sa peau depuis son épaule droite jusqu'à son poignet. Il enleva sa veste en cuir en grognant de douleur et la posa sur son bras pour cacher ses blessures à la vue de tous avant de se faufiler entre des planches afin d'atterrir dans une petite ruelle jouxtant la grande rue commerçante de San Francisco. Il jeta un coup d'œil derrière lui pour être sûr que personne ne le suivait mais le bâtiment délabré était désespérément vide. Bien, au moins le jeune homme avait réussi à semer ses poursuivants même s'il avait dû épuiser toute son énergie magique pour cela.

Il était tombé dans le piège comme un débutant. Il chassait ce genre de créature depuis des années maintenant mais, cette nuit, il ne s'était pas montré assez prudent !

En voulant tourner au coin de la rue, Araël, dont les jambes commençaient à faiblir sérieusement, trébucha et ne put garder son équilibre que grâce à un corps chaud contre lui. Un corps chaud ? Le jeune homme releva la tête avant de déglutir. Devant lui se tenait un homme brun aux cheveux noirs et vermeilles faisant au moins une tête de plus que lui et dont les iris d'un rouge bordeaux profond luisaient dans l'obscurité. Des yeux qu'Araël identifia rapidement : ceux d'un démon. L'avait-on retrouvé ? Pourtant cet homme en face de lui ne lui disait rien… Et démons et lycans ne faisaient pas bon ménage aux dernières nouvelles.

Le démon, sans doute attiré par l'odeur de son sang, affichait un sourire suffisant fier d'avoir attrapé sa proie. Son pouce caressa brutalement ses lèvres tandis que l'homme se penchait pour le soustraire à la vue de la foule. Il murmura à son oreille d'un ton possessif :

—Je t'ai eu.

Araël ancra son regard doré dans celui de l'inconnu. Il frissonna en sentant son étreinte se resserrer autour de lui et laissa un gémissement de douleur lui échapper. Du liquide chaud coula contre son bras. Ses blessures se rappelaient à lui. Putain, fut la première pensée du jeune homme. C'était bien sa chance ! Comme s'il n'avait pas perdu assez de sang comme ça ! Son instinct de survie était-il à ce point mauvais pour l'avoir fait se diriger en plein sur ce genre de créature ?

Les démons avaient une certaine réputation. Il valait mieux ne jamais en croiser un si l'on tenait à la vie. Allait-il le tuer ?

Sans force, il lui était impossible de le repousser, ce qui fit sourire son vis-à-vis. La lueur qui dansait au fond de son regard lubrique ne présageait rien de bon. C'était un démon après tout. Araël ouvrit la bouche pour parler mais les lèvres de l'inconnu se posèrent sur les siennes, l'empêchant de s'exprimer. Trop faible, Araël ne put que subir. Le baiser était doux et chaud, déstabilisant le jeune homme qui se surprit presque à regretter que le démon se contente de cette chaste étreinte. Les démons étaient pourtant réputés pour leur passion et leur sang chaud. Ils faisaient de torrides amants et d'excellentes maîtresses.

Les passants s'écartèrent avec une moue dégoûtée, les prenant sans doute pour un couple un peu trop impudique. Au bout de quelques minutes, l'homme le lâcha enfin et passa à nouveau son pouce sur ses lèvres, satisfait de sa réaction. Araël détourna la tête avec une moue dégouté mais son cœur battait à une allure folle, trahissant son trouble.

— Bien, on va être un bon garçon, n'est-ce pas ?

Araël tenta de se défaire de son étreinte mais la perte de sang, associé à la retombée de l'adrénaline, lui fit perdre connaissance.