Bonjour!

Tout petit texte inspiré par une photo... Yaoï à qui veut bien le voir comme ça.

Je vous préviens, c'est pas gai! Mais bon, pas triste non plus, juste un fragment de vie... Dédicacé aux gens qui comptent...

Bonne lecture!


La Mort m'invite à danser

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Ce soir, je suis un dandy. Et ce soir, je vous invite Ma Dame à nous découvrir. Ce soir, j'entame ma première danse avec vous, qui voulez me charmer, à qui je voudrais résister. Mais je ne le puis.

« Qui êtes-vous ?

- Je suis la Mort. »

Ce soir, j'entame une valse avec une nouvelle amante. Et je tourne et tourne et tourne.

Ce soir, vous me tendez la main, vous êtes là, vous m'avez pris dans vos bras. Je vous ai vu venir, simple goutte de sang, photos de mon intérieur, je vous ai vu, tel un morceau de corail. Vous étiez petite, vous onduliez dans le liquide de ma vessie. Le mot interdit. Diagnostic foudroyant.

Le choc passé, j'ai décidé de vous regarder dans les yeux.

Ce soir, je vous ai résisté, coups de bistouri, scalpel sous la lumière électrique. Vous avez disparu, pour un instant.

Comme un pied de nez, le médecin annonce que tout s'est bien passé. Notre rendez-vous est annulé. Traitement chimique, je vous ai éloignée.

J'ai gagné mais j'en sors tout abîmé, le corps meurtri, le cerveau troué. Et je traîne ma carcasse plus qu'elle ne me supporte.

Et je vogue sur un bateau, tout le temps. Ma tête tourne, mes yeux ne m'appartiennent plus, ils n'arrivent plus à fixer l'horizon. Je suis sur un galion aux voiles déchirées par la tempête, un capitaine au corps traître.

Examens, on me dit que je fabule, puis non, il y a quelque chose, énigme pour la science... alors j'attends... Je vous guette Ma Dame, êtes-vous encore là, tout près ? Tout compte fait, non. Je n'en sais rien, pas de diagnostic.

Et pendant ce temps, toi tu es là, une caresse sur ma main, une larme partagée, un rire qui nous emporte, quelques lignes sur un texto.

J'ai maigri, tu me dis que je suis beau, je grossis, tu me dis que j'ai bonne mine. Tu m'embrasses, tu m'enlaces, doucement, précautionneusement. Je suis devenu fragile. Le temps va trop vite et je tourne au ralentis.

Je ne t'en parle pas, je ne veux pas te faire pleurer, encore. Mais moi, j'y pense...

La mort m'attend...

On lui a tous donné rendez-vous, sauf que je suis parti en avance. Elle se languit de cette valse, elle décrépit. Elle est la fille assise que personne n'invite. Et je l'ignore car je préfère tes bras.

La mort m'attend...

Vous m'attendrez Ma Dame, le temps qu'il faudra, je ne suis pas assez vieux pour vous suivre, je veux encore des années à vivre. Je ne peux pas le laisser, vous comprenez ?

La mort m'attend...

Petite sorcière, ne fait pas ta mégère, je vous dis que je viendrai vous retrouver... plus tard. Cessez de frapper, tambouriner, je ne vous ouvrirai pas.

Ange ou démon
derrière la porte qu'importe, devant de la porte, il y a toi.

Je t'aime, tu m'aimes, nous nous aimons. Toi tu es là et on vit, à deux à l'heure. Tu travailles et je m'ennuie alors je couche des mots, sur un écran. Ceux qui font rire, pleurer, ceux qui donnent envie d'aimer.

Les amis se sont barrés, je suis trop lent pour suivre le tourbillon de leur vie. Alors j'écris et je t'attends.

On fait des projets, un simple resto, un voyage, j'acquiesce en souriant, comme si je voulais le faire, pouvais le faire. Mais ce n'est pas si simple...

La mort m'attend...

Et pour sûr, je la contrarie. Si mon corps traîne, ma tête frétille, je rêve de Paris, de Londres, de New-York, de Calédonie. Je veux le Paradis mais sur cette Terre, pas dans les cieux.

Je viendrai avec toi ? Tu le veux, l'exige, te fâche. Et j'ai juste envie de te frapper, te cogner, te repousser car tu ne comprends pas. Mes frustrations, mes ambitions...

Ma Dame, je vous envie votre patience à m'attendre, moi qui suis juste impatient de vivre. Revenez plus tard, mon carnet de bal est complet.

Car il y a toi, qui me tiens dans tes bras, amant, ami, toute ma vie. Laisse-moi juste m'écrouler, histoire que tu m'aides à me relever. Laisse-moi rêver, pleurer, sourire à nouveau, me moquer, de toi et des autres.

Voilà, j'ai juste couché ces mots, ceux que je ne te dis pas, il est encore tôt, viens avec moi sur mon bateau. La vue y est trouble, tout tangue, mais on y voit mieux ce qui est beau. Je ne veux pas de ta pitié, ni ta tristesse, je te veux toi, dans mes bras, l'oreille bercée par un air d'harmonica.

« Ta gueule... et embrasse-moi ! »

FIN


Pour faire simple, voyez ça comme la chronique d'une infirmière qui a le vague à l'âme...