Comme d'habitude, écrit yaoi sans prétention aucune, réponse au défis de cette très aimée (et très absente, à notre grand malheur) LadySade qui s'étalera sur deux chapitres. Attention au langage châtier, à la présence d'un lemon et rappelons que le yaoi traite d'une relation sexuelle entre deux personnages masculins! Bonne lecture.
Ezrael le merveilleux commençait à en avoir plus qu'assez des greluches plantureuses qu'il embauchait depuis qu'il brûlait les planches des plus grands casinos du monde entier. Elles étaient toutes plus belles les unes que les autres, grandes et fines, minces ou toutes en courbes aguicheuses, blanches, noires... Du moment qu'elles étaient belles, qu'elles lui plaisaient et que le public les aimait, il les prenait sous son aile et les incluait dans ses spectacles. Mais la gratitude ne semblait pas les étouffer, à ces belles oies : l'une avait vendu son spectacle à son rival, une autre s'était révélée être une voleuse, et la dernière venait de le planter comme un idiot la veille de la représentation, pour un vieux magnat du pétrole qui lui assurerait une confortable retraite jusqu'à ce qu'elle perde sa beauté et sa jeunesse, et soit remplacée par une autre.
Il les payait bien, pourtant, ces filles. Elles étaient cajolées par le public, lui-même les choyait, mais cela ne leur suffisait jamais... Elles voulaient ses faveurs, ses secrets, sa liberté, elles voulaient toujours lui arracher ce qu'il ne pourrait jamais leur offrir, et lorsqu'il leur apparaissait qu'elles n'auraient pas ce qu'elles désiraient le plus, elles se vengeaient de la pire façon qui soit: en usant de sournoiserie féminine.
Aussi, ce jour-là, les auditions ne se passeraient pas comme à l'accoutumée. Ezrael avait troqué ses habituels costumes de scène, visant à impressionner les jeunes femmes, contre un jean noir qui moulait ses longues jambes fines et musclées. Une simple chemise blanche ayant connue des jours meilleurs remplaçait les soieries hautes en couleurs, et ses longs cheveux noirs cachaient à demi ses célèbres yeux d'un bleu cristallin. Sa beauté, sans mise en scène, sans costume, était plus vraie, sans charme superflu... Et pour cause, en ce jour, ce n'était pas une femme qu'il allait choisir, qu'il allait charmer, mais un homme!
L'annonce avait été passée comme les fois précédentes : dans un célèbre magasine traitant de la magie. Oh, pas un de ces torchons qui tentent toujours de percer les trucs et de ridiculiser les magiciens, non, mais dans un bel ouvrage de qualité répertoriant les spectacles, les nouveautés et les nouveaux (ou anciens noms) qu'il fallait connaître. Tout passionné de magie connaissait l'Illusion's World, et si les femmes connaissaient l'astuce, les hommes, eux, n'épluchaient certainement pas les annonces d'assistanat à moins d'être réellement motivés! Cela expliquait sans doute le peu de monde qui attendait son bon vouloir. Quatre pauvres jeunes hommes se tenaient sur la scène, l'air mal à l'aise. Le premier, un roux malingre à l'air revêche se tenait droit comme un i, le défiant du regard. Physiquement, il ne ferait pas l'affaire, trop sec, pas assez charismatique, car c'était cela aussi, le monde de la magie: un monde d'illusion et d'apparences. Mais Ezrael lui reconnaissait un certain mérite, car les autres semblaient dans leurs petits souliers. Un brun détonnait, immense et magnifique, mais le magicien ne pouvait se permettre d'avoir un assistant le dépassant d'une tête, question de fierté. Restaient les deux autres...
- Numéro un, numéro quatre, merci d'être venus, vous ne correspondez pas. Passez voir Sarah, loge treize, elle vous dédommagera pour le trajet et le temps perdu. Numéro deux et trois, nom, prénom, âge. Ordonna-t-il.
Les deux s'en allèrent en pestant, mais rapidement. Le brun lui jeta un regard rempli d'incompréhension, n'ayant sans doute pas l'habitude de se faire refouler. Qu'importe, Ezrael reporta son attention sur les hommes restants. Le premier, châtain, devait faire la même taille que lui. Le teint blanc, sans défaut, il lui sourit, dévoilant des dents d'une blancheur éclatante où un petit diamant étincela. Mauvais point pour lui, décida le magicien. Il s'avança, faussement sûr de lui et s'inclina en une révérence un peu grotesque. Il avait bon goût, avec sa chemise parfaitement amidonnée, parfaitement repassée... Dommage que l'étiquette du prix de son veston soit toujours accrochée à celui-ci. Négligence, cela ne pardonnait pas, un autre mauvais point. Ses yeux, par contre, d'un vert lumineux captaient le regard. Il était beau, un peu banal, mais savait se mettre en valeur.
-Pétrarque Julius, vingt-cinq ans. Annonça-t-il d'une voix forte, au timbre grave. Encore un bon point pour lui.
-Merci. Numéro trois ?
Le jeune homme s'avança, et Ezrael fronça les sourcils. Ce dernier l'avait moins attiré que les autres, il était d'une plus petite taille, un peu fluet... Mais il n'était pas banal, loin s'en fallait ! Ses cheveux blonds, presque blancs, étaient ébouriffés, mais soyeux, soignés. Son costume de soie violette était légèrement fané, lui conférant une allure d'un autre temps. Ses yeux, d'une teinte marron avoisinant l'orange seraient superbes une fois mis en valeur par les projecteurs et le maquillage. Il semblait irréel, avec sa peau pâle et ses traits fins, mais la terreur qui se lisait dans son regard le rendait beaucoup plus humain... et attachant. Il plongea en une gracieuse révérence qui rappela quelque chose au magicien, sans qu'il ne parvienne à s'en souvenir, et s'éclaircit la gorge.
-Yaneskova Ivanovitch Nikolaï, vingt-sept ans.
Le silence plana quelques instants, ou les deux hommes fixèrent le numéro trois, abasourdi. La famille Yaneskova avait longtemps fait parler d'elle dans le domaine de la magie. Cette famille de Russes blancs avait quitté l'aristocratie pour partir sur les routes, montant des spectacles plus glorieux les uns que les autres. Ezrael était l'un des meilleurs, mais il n'était jamais parvenu à recréer le faste, le luxe et la noblesse de cette famille qui gardait jalousement ses secrets! Ils ne se produisaient plus aujourd'hui. Ivan Yaneskova, dernier représentant de la noble famille, était décédé en laissant derrière lui une montagne de dettes, de maîtresses et de gamins, mais aucun, à la connaissance du brun, ne portait le nom de la très renommée famille.
-Quel est ton lien de parenté avec Ivan ? Je pensais qu'aucun de ses enfants ne portait son nom... et pourtant tu lui ressembles. Reconnu Ezreal, fixant le jeune homme dans les yeux.
Ce dernier tordit ses mains fines, aristocratiques, en un geste nerveux, mais élégant. Il semblait si maladroit, si mal à l'aise, et pourtant, il captait l'attention.
-Je suis le fils adoptif de feu Yvan, fils de son cousin Yakov. Expliqua-t-il.
-Tu as donc toujours vécu avec lui ?
-Depuis mes sept ans, oui. Je lui servais d'assistant, de secrétaire. Je vis depuis cet âge avec la branche bohémienne de la famille, mais n'étais pas destiné à ce monde. Expliqua-t-il sérieusement.
La décision d'Ezreal fut prise, sans qu'il ne demande à Julius ses qualifications, sans qu'il ne s'interroge sur le soudain retour d'un descendant d'une illustre famille. D'un claquement de doigts impérieux, il appela son secrétaire, jusque-là resté dans l'ombre.
-Voyez les termes du contrat avec Monsieur Yaneskova, Rob. Monsieur Pétrarque, je vous remercie. Loge treize.
Et sans un mot de plus, sûr de la réussite de sa sortie, sûr que ses ordres seraient respectés, il tourna les talons et quitta la pièce à grands pas.
Deux heures plus tard, on lui envoyait le jeune homme coiffé, maquillé d'un trait de khôl brun qui rendait son regard hypnotisant, et il se félicita de son choix en le découvrant. À eux deux, physiquement, ils retiendraient le regard des spectateurs, contraste du charismatique latin, charmeur et enjôleur contre le mystérieux blond au délicieux accent russe. Voilà qui était prometteur, parfait, même. L'homme en oubliait presque ses anciennes déconvenues.
-Bien, nous allons commencer. Voici les plans de la scène où nous jouerons demain, mémorise la, on verra ensuite ce que tu feras. Rien de bien compliqué : tu commenceras par me cadenasser, puis tu sortiras les serpents de leurs boites -à ce propos, n'hésite pas à les cajoler, le public adore, mais ces charmantes bêtes aussi- et ensuite, ce sera à toi de jouer : disparition, tranchoirs et épée, les classiques. Demain, c'est le centième anniversaire du cabaret du casino, il faut voir les choses de façon classique, mais en grand ! Je compte sur toi, mais je n'ai pas de crainte. Tu me présenteras au public, d'ailleurs, et nommes toi ! Ton nom suffit à émoustiller les connaisseurs.
Nikolaï semblait prêt à rendre l'âme, d'une pâleur extrême et l'air angoissé. Pour un jeune homme qui côtoyait le monde du spectacle depuis tout jeune, il paraissait étrangement mal à l'aise. Ezrael mit cela sur le compte du trac de devoir apprendre tant de choses en si peu de temps, et lui sourit avec chaleur, resplendissant. Il attrapa ses propres documents et les fourra dans les mains de son nouvel assistant, lui tapotant la tête en guise d'encouragement. Plus vite le jeune homme lui ferait confiance, plus vite il lui livrerait les secrets de sa famille. Pour une fois qu'il n'était pas dans le cas inverse, l'homme comptait bien en profiter ! Avec un sourire sensuel, il tourna les talons, conscient de son effet et, la main sur la poignée de porte, se retourna.
-Retiens le tout pour demain... Je viendrai te chercher à six heures, du matin bien sûr, pour la journée de répétition. Tâche de dormir, demain tu reprends les bonnes habitudes.
Une fois seul, Nikolaï prit une grande inspiration et fixa d'un air distrait le feuillet que son mentor lui avait remis. Il allait devoir passer la nuit à apprendre, et le brun devait en être parfaitement conscient, tout ceci n'était qu'une mise à l'épreuve... Il avait l'habitude de ces bizarreries, ces tests si désagréables qui avaient jalonné son enfance. Il se devait de réussir, mais cela faisait tellement de temps... Il se souvenait de son oncle, imposant, froid, charmeur. Pareil à cet homme en fait,
Ezrael le magnifique et Yvan semblaient le dominer du même piédestal. Il n'était pas fait pour être magicien, malgré ce que sa famille croyait, malgré le fait que la branche de l'aristocratie l'ait renié, là où les autres l'avaient accueilli comme l'un des leurs. Sauf Yvan, qui savait qui il était, ce qu'il était en réalité... Un fils de bonne famille ayant perdu au change, un pauvre gamin qui ne comprenait rien à la magie, mais qui s'était retrouvé dedans par un triste coup du sort. Mais demain, il allait faire face, il allait donner le meilleur de lui même. Oui, il prouverait à l'arrogant brun qui le mettait diablement mal à l'aise avec ses gestes charmeurs, ses yeux aguicheurs, qu'il était un meilleur assistant que tous les autres, qu'il deviendrait un jour un magicien digne du nom qu'il portait. En attendant, il avait du travail !
Ce fut à six heures tapantes qu'Ezrael arriva dans l'immense salle de cabaret du Palazzio, en costume léger. Il fut agréablement surpris de découvrir son jeune acolyte adossé à la porte arrière, le dossier à la main et la mine chiffonnée de sommeil.
-Nuit blanche ? Se gaussa le brun, en présentant son badge à l'agent de sécurité. Si ton travail me donne satisfaction, tu pourras partir te reposer, mais avant, va masquer ces cernes, tu fais peine à voir.
Nikolaï lui jeta un regard neutre, comme pour le narguer d'un « je sais ce que tu tentes de faire, et ça ne marche pas ». Lorsqu'il revient, il avait meilleure mine, et semblait plus réveillé, plus alerte. Ils allaient pouvoir se mettre sérieusement au travail, décida Ezrael en souriant, impatient de tester un descendant d'une aussi illustre famille. La représentation devait durer deux heures. C'était long, pour un spectacle de magie, mais cela permettait de montrer l'étendue de ses talents... Soit le public accrochait, soit il s'ennuyait et détestait.
-On y va ! Première partie, place toi comme indiqué sur le plan, et tente une présentation. La voix, haute et forte ! Les micros sont dispersés sur scène afin de ne pas nous gêner, il faut donc que tu parles assez fort pour que ta voix soit captée. On s'échauffe toujours la voix avant, on y va !
Et les ordres, conseils, directives, plurent sur le blond jusqu'à ce que le magicien soit satisfait. Nikolaï endura la faim, la migraine et l'envie de perfection du plus âgé sans broncher, tentant de faire de son mieux, toujours. Il apprit quelques secrets, quelques manipulations à faire, comment fonctionnaient certains appareils. Tout ce monde de trucage était fascinant, si bien qu'il oublia un temps sa nuit blanche, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de se reposer, puis de se préparer. Ezrael le congédia alors, lui attribuant une loge après s'être assuré que son costume était propre, amidonné et repassé, en plus d'être à son goût et coordonné au sien. Enfin, au prix de cinq heures de préparation acharnée, le russe pu s'allonger et s'endormir, la peur au ventre.
Contrairement au matin, Ezrael fut obligé d'aller réveiller son protégé. Il trouva ce dernier roulé en boule sur une causeuse poussée dans un coin. Le jeune homme dormait profondément, ses mèches presque blanches laissant entrapercevoir ses traits doux creusés de cernes. Mais le magicien n'avait pas le temps de plaindre son assistant. Celui-ci aurait dû être prêt, aurait dû se réveiller bien plus tôt et l'agacement, la colère même, fit fondre son masque charmeur, dévoilant une dureté inhabituelle, aussi belle qu'impitoyable. Sans attendre un instant de plus, il secoua sans ménagement le plus jeune, qui se réveilla dans un sursaut. Ils se fixèrent quelques instants,
Nikolaï ayant du mal à quitter l'état brumeux dans lequel il se trouvait. Lorsque finalement il reprit pied avec la réalité, il se précipita vers le cintre où l'attendait son costume et, mettant de côté sa pudeur, bafouillant des excuses incompréhensibles, entreprit de quitter son costume froissé. Ezrael n'en perdit pas une miette, détaillant le corps fin qui se dévêtait sans pudeur devant lui.
Les gestes saccadés, nerveux, Nikolaï devenait maladroit et c'est avec un soupir que son mentor le tira jusqu'à lui pour l'aider à boutonner les minuscules boutons de nacre de la chemise. Il laissa son regard vagabonder sur le torse imberbe, pâle et à peine dessiné de son assistant, appréciant du regard la douceur de ce corps d'homme si différent du sien, et de ceux de ses précédentes assistantes. Les deux n'étaient pas comparables bien sûr. Hormis, à la rigueur, ses traits fins et ses yeux de chat, Nikolaï n'avait rien d'une femme et pourtant... Décidant de ne plus y penser, Ezrael attrapa de quoi le maquiller tandis que le plus jeune enfilait prestement le pantalon à pinces.
Manquaient le veston de soie orange, les chaussures et le maquillage, et il serait prêt. Une couche de fond de teint, un peu de poudre, une pointe de khôl et Ezrael quitta la pièce, satisfait. Sa colère était retombée devant la bonne volonté de son acolyte, mais la tension qui l'habitait n'augurait rien de bon. Si le jeune homme ne voulait pas encourir son courroux, il avait intérêt à assurer !
Le public fut ébloui par la vision des deux hommes présents sur scène. Là où les femmes attiraient le regard et la concupiscence, où le couple du beau magicien ténébreux avec sa superbe compagne déclenchait l'admiration, l'alliance contrastée entre le ténébreux argentin dont le sensuel regard bleu les transperçait et son opposé, d'une blancheur irréelle que tranchait ce regard si particulier, chaud et suave, était hypnotisant... Le public était fasciné par ce couple fantasmatique et aucun son ne vint perturber la présentation du célèbre Ezrael le magnifique. Toutefois, lorsque Nikolaï se présenta, une partie de la foule vibra d'excitation. L'attention était captée, ils les avaient dans la poche et tout ne pouvait que bien se passer, songea le brun en se préparant pour son premier numéro.
Mais il avait parlé trop vite. Une partie de l'équipement avait mal été installé par les techniciens, sans doute trop occupés avec ce centenaire à préparer, et Ezrael sentit l'angoisse le gagner de plus en plus. Il jouait sa carrière, et la négligence de l'équipe du cabaret allait tout foutre en l'air. Ils parvinrent tout de même à s'éviter l'humiliation générale, mais cela n'allait pas tarder, le magicien le sentait. Lorsqu'il se rendit compte que le lapin avait été laissé dans sa cage, aux côtés des colombes dans la salle arrière, le brun laissa tomber le charme et la sensualité pour retrouver son attitude autoritaire et froide, imposante et fascinante. Il haussa les sourcils lorsque Nikolaï avança vers lui et lui glissa quelques mots, assez bas pour que les micros ne les captent pas.
« Laissez-moi faire, faites comme si tout était prévu, comme si cela faisait partie du spectacle. »
Le russe avait conscience de l'étrangeté de ses paroles, et de leur audace, mais il espérait de tout son cœur que son patron saurait lui faire confiance. Sinon, ils allaient droit à la catastrophe. Il s'avança jusqu'au-devant de la scène et ferma les yeux, se remémorant les gestes emplis de grâce de son oncle, la fierté aristocratique de ses parents, et il sut ce qu'il devait faire.
Les rubans aux couleurs chatoyantes étaient cachés depuis le début du spectacle dans ses manches, il était temps qu'ils servent. Transcendé par ses souvenirs, le jeune homme les laissa glisser jusqu'au sol, et sentit bientôt Ezrael dans son dos qui l'aidait à s'en défaire. Ainsi donc, il lui accordait sa confiance. Ouvrant les yeux, il sourit au public avant de renverser la tête sur l'épaule de l'homme pour mimer un merci du bout des lèvres. Attrapant l'extrémité des soieries qu'il laissa pendre hors de la scène, devant le premier rang, Nikolaï les fit onduler, conscient de l'effet hypnotique qu'auraient bientôt ces couleurs chatoyantes sur le sol rouge du cabaret.
-Et maintenant, mesdames et messieurs... Laissez vous éblouir...
Ezrael aurait aimé se laisser éblouir, lui aussi, mais il se devait de mener la danse. Ou du moins d'en donner l'impression, se corrigea-t-il. Nikolaï semblait gérer la situation et faisait preuve d'un aplomb et d'un charisme digne de sa famille. L'argentin dut reconnaître qu'il ne lui arrivait pas à la cheville, et pourtant le blond lui offrait les honneurs. Il devait faire quelque chose, n'importe quoi, pour ne pas perdre la face devant le public, aussi se concentra-t-il, tentant de deviner ce que le jeune homme avait en tête. Au diable, le charme et les belles manières dont il faisait preuve d'ordinaire. Cette fois, la situation ne le permettait pas. Il se concentra, captant le regard du public autant que le blond, et imita ses gestes, leur donnant plus d'ampleur. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque les rubans aux nuances rouges, vertes, jaunes et bleues se muèrent sous leurs yeux en de superbes serpents qui sifflèrent et ondulèrent jusqu'au public qui, l'instant de surprise passée, éclata en une ovation monstrueuse. Une femme vêtue d'une robe du soir bleue se pencha pour toucher une bête, qui s'enroula autour de sa main, de son cou, avant de se changer en une étole d'un tissu fin et superbe... Ezrael commença à se sentir mal à l'aise... Il n'y avait pas de truc... Mais ce n'était pas possible!
Sentant l'angoisse le gagner, il respira profondément pour ne pas perdre la face. Il attendrait la fin du spectacle avant d'arracher la vérité à Nikolaï, sur qui il reporta son attention. Le jeune homme le désigna, et plongea en une gracieuse révérence, que le brun imita sous les hurlements de la foule. Mais tout cela ne faisait que commencer. Le blond attira son regard et, d'un geste discret, mima un applaudissement. Bien, il avait compris. Il fendit la scène, se plaçant face au public et laissa le silence, l'impatience s'installer. Dans cette ambiance électrique, le bruit de ses mains s'entrechoquant résonna comme le tonnerre, vite suivi d'un piaillement de la part de la femme à la robe bleue qui vit son étole s'élever dans la pièce et se muer en un superbe oiseau qui voleta avec grâce au-dessus de la fosse, bientôt rejoint par les serpents métamorphosés à leur tour. Le public oublia d'applaudir, d'ovationner l'exploit. Il voulait en voir davantage, tout comme le magicien.
Ce n'était plus un spectacle de magie, mais de la magie, tout simplement. Superbe et haute en couleurs, sans faute de goût, sans faux semblant. Personne ne pourrait jamais trouver le truc, songea Ezrael le magnifique, parce qu'il n'y en avait pas ! Et cela semblait impossible, irréel et, quelque part, effrayant.
Tout ne fut ensuite qu'un enchaînement d'irréalité, de poésie que Nikolaï réussit avec brio. Le jeune homme parvint à capter l'attention tout en se faisant oublier, laissant les rênes à son patron, et guida ce dernier à l'aide de regards, de petits gestes discrets qui étaient tout aussi fascinants aux yeux du public que le reste du spectacle. Ils vécurent un rêve d'une heure et demie où des ombres chinoises se mirent à danser, prirent vie pour revêtir la forme d'un chat, d'une panthère, d'un guépard, avant de s'évaporer au milieu d'une foulée.
Les ronds de fumée d'une cigarette se consolidèrent jusqu'à devenir un précieux bracelet d'argent ciselé qu'Ezrael offrit à l'épouse d'un des invités d'honneur. Une bulle de savon grandit et devint un fauteuil des plus confortables dans lequel vint s'asseoir le directeur du cabaret dont le visage fut caché par un carré de soie, et qui changea d'apparence chaque fois qu'Ezrael écarta le tissu. Les oiseaux parlèrent d'une voix humaine, aigüe et mélodieuse, chantant un conte russe qu'illustrèrent les flammes d'un bougeoir qui envahirent la scène pour former des images, un décor.
Le magicien remarqua bientôt que le front de Nikolaï se couvrait de sueur, qu'un de ses yeux avait pris la couleur des flammes qu'il domptait, lui conférant une allure étrange et inquiétante. Il semblait de moins en moins humain, comme s'il devenait lui-même une partie de cette magie qu'il créait. Il leur restait quelques minutes à tenir et ce serait fini, heureusement, songea le brun.
-Et maintenant, mesdames et messieurs... Le modeste assistant que je suis va reprendre sa forme originale, si vous le permettez. Mon maître, ici présent, m'a fait humain pour vous plaire ce soir, mais il est temps, l'heure à sonnée... maître.
« Maître »... Le russe était-il devenu fou ? L'idée d'être le propriétaire d'un tel homme ne déplaisait pourtant pas à Ezrael qui se sentait gagné par une fièvre qu'il ne s'expliquait pas. Il détailla avec admiration le jeune homme... Il avait tenté de le comparer à ses assistantes, à des femmes, à des humaines, mais Nikolaï n'était pas comme eux, il n'était pas même comme son oncle, et dieu seul savait ce qu'il était réellement. Il n'était comparable à rien de connu avec sa peau blême recouverte d'un voile d'or brillant, avec ses yeux verrons d'une couleur inhumaine au regard perçant et digne, fier de ce qu'il était, de ce qu'il faisait, criant au monde qu'il était le digne héritier de la famille Yaneskova. Le magicien ne voulait plus arracher au jeune homme ses secrets, il voulait les posséder, comme il voulait posséder l'homme qui captait toute l'attention, mais qui était assez humble pour ne pas en retirer les mérites. Il voulait s'approprier l'homme qui venait de sauver son spectacle, sa carrière, qui venait d'inscrire cette représentation dans l'histoire, de graver leurs noms dans les mémoires à jamais. Il le voulait. Pour lui faire payer ce qu'il était, pour lui faire payer son talent, pour faire taire la jalousie et l'envie qui le dévorait, et il ne le laisserait plus jamais partir.
Se concentrant, il vint cacher le jeune homme sous un drap doré. Une horloge invisible à leurs yeux sonna, d'un carillon glaçant et lourd qui raisonna à l'unisson de leur cœur, les douze coups annonçant la fin du spectacle. Lorsque le dernier résonna, Ezrael laissa tomber la soierie. Nikolaï avait disparu pensa-t-il d'abord avant de voir émerger un petit nez, une queue en pompon, deux oreilles pelucheuses et tombantes. La foule céda à la folie, criant, sifflant, applaudissant avec frénésie. Les regards étaient fous lorsqu'il se pencha pour ramasser le beau lapin nain à la blancheur de neige et aux yeux verrons aux reflets oranges et rouges.
-Mesdames et messieurs, ce fut un grand honneur pour moi d'être avec vous ce soir, je ne serai rien sans vous, mon cher public, mais il est temps pour moi de me retirer, je vous salue bien bas...
Ezrael s'inclina profondément, et, lorsqu'il se redressa, il se trouvait dans les coulisses. La scène était vide. Ébahi, il allait retourner saluer le public qui scandait son nom lorsque le lapin se tortilla dans ses bras et s'échappa. Il sauta en un bon gracieux pour atterrir un peu plus loin, et le magicien observa avec fascination la bête fermer les yeux, l'air concentré, et redevenir lentement son assistant... À quelques détails près : les oreilles tombantes étaient toujours là, tout comme la petite queue blanche en pompon, et ses yeux n'avaient pas retrouvé leur couleur d'origine. Le magicien ne se sentait plus lui-même. La colère envers le travail bâclé des techniciens l'habitait encore, plus forte que jamais, tout comme la jalousie de ne pouvoir faire ce que son assistant -son assistant que diable!- avait fait ce soir, mêlé à l'incompréhension, à la peur... Tout ce mélange d'émotions le rendait nerveux et à fleur de peau, et c'est sans pouvoir se contrôler qu'il attrapa le jeune homme-lapin et l'entraîna dans sa loge. Il tira le verrou derrière lui et plaqua Nikolaï contre le mur, approchant son visage du sien, bien décidé à lui soutirer des réponses.
-C'était quoi ces putains de trucs ! S'écria-t-il. Ezrael le magnifique avait complètement disparu, laissant place à un homme au regard glacial plein de haine, l'air tourmenté par les passions qui l'assaillaient. Il était ténébreux, plus beau et plus froid que jamais, et le jeune russe déglutit, peu rassuré.
-Je devais faire quelque chose, je n'avais pas le choix ! J'ai sauvé le spectacle, ne me posez pas de questions je vous en prie, je ne veux pas avoir à vous mentir... vous ne deviez même pas voir tout ça, personne ne le devait ! Couina le blond, ses oreilles s'agitant durant son discours.
Le magicien ne sembla pas s'émouvoir de ses suppliques et l'attrapa violemment par les cheveux qu'il tira furieusement. Jamais Nikolaï n'avait connu pareille douleur et humiliation, et les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'il tentait de se débattre. Une main vint mettre fin à sa tentative de fuite lorsqu'elle se resserra en une poigne forte sur sa gorge, et le blond sentit la panique le gagner. La magie décuplait les émotions, exacerbait la folie et le brun, furieux, cédait au furor. Il se laissait dépasser par ce qu'il ressentait, par son incapacité à comprendre, par sa colère et s'il ne parvenait à reprendre le dessus il risquait fort de faire quelque chose qu'il regretterait par la suite... Et que le russe n'apprécierait pas du tout ! Il fallait le calmer, détourner son attention, sa passion afin qu'elle ne fasse plus briller son regard d'une telle lueur meurtrière.
Le blond ne réfléchit plus, laissant son instinct prendre le dessus. Ezrael n'était plus capable de réfléchir, il fallait donc qu'il oublie toute tentative de le raisonner... Mais il pouvait changer cette passion destructrice pour une passion plus... charnelle. Mieux valait servir d'exutoire plutôt que de se retrouver six pieds sous terre ! Il attira l'homme contre lui, faisant sauter quelques boutons de la précieuse chemise dans sa précipitation, et écrasa ses lèvres contre les siennes.
Sa panique gagna en intensité lorsque, sous le coup de la surprise, son agresseur re-serra un peu plus son étreinte, lui coupant complètement la respiration. Puis, progressivement, sa main se fit plus douce, pour ne se contenter que d'effleurer seulement la peau meurtrie, puis de l'empoigner sans violence afin d'approfondir le baiser. Celui-ci fut ravageur, à la hauteur de la fureur de son employeur, et laissa Nikolaï les joues rouges, pantois. Le jeune homme ne s'était pas attendu à ressentir un quelconque plaisir dans ce baiser, mais il dut reconnaître que l'expérience n'avait rien eu de désagréable, bien au contraire. Lui-même ne devait pas maîtriser les effets de la magie aussi bien qu'il le pensait.
Ce fut une morsure dans le cou particulièrement vicieuse et agréable qui le fit revenir à l'instant présent, et le blond ne put retenir un gémissement de plaisir. Il tenta, pour faire bonne mesure, de s'éloigner un peu du brun, qui ne l'entendit pas ainsi et planta son regard bleu, plein de concupiscence dans celui de son assistant. Nikolaï dut s'avouer vaincu devant le charme explicite du plus vieux qui, voyant le blond baisser les yeux, s'empara de ses lèvres, le plaquant un peu plus contre le mur pour se serrer contre lui. Tout ne fut plus que plaisir brut pour les deux hommes, morsures, grognements. Ils ne se contrôlaient plus. Le plus jeune laissa échapper un gémissement sonore lorsque l'autre laissa sa main vagabonder vers la queue soyeuse qu'il n'était parvenu à faire disparaitre. La transformation en lapin était une première pour Nikolaï -après tout, qui aurait eu envie de se transformer en petite bête à fourrure et à longues oreilles alors qu'il était possible de voler?- aussi fut-il surpris par l'intensité de la sensation. Il laissa sa tête retomber sur l'épaule de l'argentin tandis que celui-ci entreprenait d'une main de le déshabiller tout en cajolant de l'autre l'adorable pompon.
La tâche n'était pas aisée, compte tenu de la multitude de minuscules boutons de nacre qui fermait la chemise et le veston, et le blond sourit, taquin, en approchant ses lèvres de l'oreille de son partenaire. Il y susurra des paroles enjôleuses et câlines et, alors que les mouvements d'Ezrael se faisaient plus désordonnés, plus pressés sur sa chemise, il laissa ses dents effleurer la chair tendre du lobe, avant de les y planter. Le feulement de plaisir qui en résultat le fit sourire et recommencer. Mal lui en prit, la délicate chemise fut brutalement ouverte, envoyant voler les boutons aux quatre coins de la pièce, et la main cajoleuse se fit pinçante, lui arrachant un sifflement.
-Tiens-toi bien! Lui ordonna le brun d'une voix rauque tout remontant sa main sous la chemise martyrisée.
Ses ongles coururent sur la peau tendre du blond, lui arrachant un murmure appréciateur qui fut vite bâillonné par un baiser. Il leur fallait être discret, malgré leur envie de laisser libre court à leur folie. Qu'importe, les gestes valaient mieux que les paroles, et Nikolaï entreprit de le prouver en déshabillant son employeur. Trop de vêtements, trop d'envie, pas assez de patience pour que son costume soit mieux traité que le sien: il envoya paitre ses bonnes manières et déchira un pan de soie dans la précipitation. Le grondement qui en résultat lui arracha un gloussement qui ne fut pas au gout du brun: attrapant ses poignets, il le tint immobile d'une main tandis que l'autre venait se perdre dans ses cheveux blonds, les empoignant, avant de venir câliner les oreilles sensibles. Jamais le russe n'avait connu pareille sensation, de gêne, d'enivrement, de plaisir, et c'est en oubliant tout complexe qu'il supplia son patron d'accélérer la cadence. Sa demande fut bientôt exaucée et le jeune russe se retrouva bien vite nu, seulement couvert de sa chemise déchirée, impatient et excité comme jamais il ne l'avait été.
Ezrael laissa descendre une main chatouilleuse le long du torse de son assistant, ne s'attardant qu'à peine, et glissa une main câline et impétueuse sur le membre du blond qui laissa échapper un bruyant gémissement. Pantelant, il abandonna toute résistance pour se concentrer sur les sensations que cette main, douce et forte, lui faisait ressentir. La magie décuplait les sensations, et il haletait déjà, perdu dans les méandres du plaisir. Il retint son souffle lorsque le brun lui infligea une vicieuse morsure dans le cou, et oublia toute retenue lorsque ce fut au tour d'un mamelon d'être maltraité. Il profita de l'inattention du magicien pour libérer ses mains et l'une d'elle glissa dans les cheveux du brun, le poussant à descendre, à continuer son chemin de baisers et de morsures plus bas, toujours plus bas... Mais ce n'était pas à lui de mener la danse, il n'était qu'un exutoire, et Ezrael le punit en l'abandonnant, rouge, pantelant et frustré.
D'une pression sur les épaules, le plus âgé le mit à genoux, et un sourire aussi cruel qu'attirant vint fleurir sur ses lèvres alors qu'il saisissait les oreilles pelucheuses pour que le blond lève la tête vers lui.
- Déshabille-moi.
Le russe n'hésita que quelques secondes avant de se saisir de la fermeture éclair du pantalon à pinces et de faire descendre lentement celle-ci, coulant un regard suave -et étrange, compte tenu de la nouvelle couleur de ses yeux- à son employeur. Ce dernier se débarrassa de sa chemise déchirée et sourit devant la soumission, si excitante, de l'homme à ses pieds. Nikolai était l'incarnation de la luxure, ainsi agenouillé à ses pieds, son corps fin et pâle affreusement tentant avec ses pectoraux légèrement dessinés qui se soulevaient au rythme de sa respiration haletante, ses joues rouges et ce regard... Ce regard. La colère du brun l'avait quitté, mais l'envie de faire payer le plus jeune était toujours bien présente, et le voir ainsi lui donnait mille idées de tortures délicieuses. Il vint caresser doucement la joue du russe, ses cheveux, ses oreilles, qu'il saisit une fois de plus pour le redresser assez pour s'emparer de sa bouche, qu'il mordit sans délicatesse. Un glapissement échappa au blond qui le foudroya du regard, portant une main fine à ses lèvres meurtries. L'autre l'observa avec un sourire goguenard, le dominant de toute sa taille, nu et magnifique. La lumière tamisée de la loge jouait sur les pleins et les déliés de son corps, assombrissant un peu plus la peau déjà mâte alors que les ombres s'accrochaient aux muscles afin de perfectionner la beauté de cet homme dont le regard bleu, devenu presque gris, ne lâchait plus celui de son condisciple. Il s'avança vers celui-ci, d'un pas, de deux, l'acculant contre le mur sans se départir de ce sourire sardonique que Nikolai ne pouvait s'empêcher de trouver excitant.
- Suce.
Cet ordre, cru, vulgaire, aurait dû révolter le jeune russe, mais celui-ci, tout aussi perdu que le brun, s'exécuta. Il enroula doucement une main caressante à la base de l'appendice du magicien, et en approcha une langue coquine. S'il obéissait et se soumettait volontiers aux demandes de son patron, jouer n'était pas exclu, aussi ne s'amusa-t-il qu'à lécher lentement le membre érigé, serrant et relâchant sa main au gré de ses caprices.
Un grognement monta dans la gorge de l'argentin qui, en ayant assez de ce tourment, attrapa encore une fois les oreilles pelucheuses qui allait si bien au plus jeune pour bloquer ses mouvements, et s'enfonça sans plus de cérémonie dans la bouche du blond. Ce dernier fit mine de protester, n'étant pas habitué à ce genre de traitement, mais une simple secousse sur ses oreilles le fit capituler. Il enroula sa langue autour de la verge, aspirant doucement tandis que celle-ci se frayait un chemin dans sa bouche, écartelant ses lèvres, malmenant sa gorge. Il allait protester lorsqu'il releva les yeux vers l'homme au dessus de lui, et son excitation s'en retrouva décuplée. Le visage tendu par le plaisir, Ezrael le fixait, la respiration déjà haletante, le regard fou de plaisir tandis qu'il empoignait les cheveux blonds pour en accélérer la cadence.
-Bordel, qu'est ce que tu m'as fait? grogna-t-il en se déhanchant lentement.
Jamais plaisir n'avait revêtu pareille intensité. Il avait, tout au long de sa vie, couché avec pas mal de femmes, et quelques hommes, mais jamais au grand jamais une pipe -aussi bien exécutée soit- elle- ne l'avait fait se sentir ainsi, au bord du précipice tout en ne pouvant l'atteindre. Nikolai ne pouvait certes pas répondre à la question, mais il le gratifia d'un coup de langue particulièrement appuyé tout en joignant une main à sa bouche. Son redoublement d'ardeur obligea Ezrael a freiner la danse, et c'est sans ménagement qu'il l'écarta de lui. Il l'aida toutefois à se relever, tout en arrachant au passage les vêtements restants. Acculé contre le mur, le blond se laissa faire tout en parcourant de ses doigts le visage aux traits fins, ne parvenant à détourner les yeux de ce regard incandescent, sombre et hypnotique. Un gémissement lui échappa lorsqu'Ezrael le ramena à l'instant présent en le plaquant un peu plus contre le mur tout en remontant une jambe afin d'avoir accès à son intimité. Il réclama un baiser -qu'il obtint très vite- alors qu'une main se faufilait entre eux.
-Accroche toi à moi, Nikolai, et prend tes responsabilités. lui ordonna le magicien tout en venant le taquiner d'un doigt inquisiteur, alors que le russe ouvrait complaisamment les jambes tout en obéissant.
Ce doigt, seulement lubrifié de salive, aurait du provoquer une gêne, une douleur, mais ce ne fut que le plaisir -un plaisir jusque-là inconnu- qui faucha le russe. Il rua pour approfondir ce contact, mais cela ne fit que déclencher l'hilarité de l'autre homme qui en profita pour le torturer un peu plus durant de longues minutes, rendant le plus jeune fou, tant il en souhaitait davantage. Mais le supplice dura, mesquin, tandis qu'Ezrael ne cessait de l'effleurer, de le tourmenter sans jamais toucher l'endroit qui, il le savait, lui procurerait un plaisir au delà des mots. Ses ruades, ses gémissements ne firent que redoubler le rire rauque de son tortionnaire, qui ralentit un peu plus ses mouvements.
- S'il te plait! Supplia le russe, tandis que la main libre du brun venait se perdre au niveau de sa queue.
L'argentin lui sourit, sûr de son charme, et ajouta un second doigt, faisant glapir le jeune homme qui ferma les yeux, se mordant la lèvre pour retenir ses gémissements. Un autre suivit bientôt, alors que le manège reprenait, ballet de mouvements trop lents, poussant le russe à, encore une fois, quémander d'avantage. Ses demandes les plus audacieuses et ses gémissements les plus prometteurs étaient récompensés par la stimulation d'un endroit qui le faisait crier à chaque passage, et colorait un peu plus son visage tandis que ses yeux se voilaient d'avantage. L'anneau fut suffisamment détendu au gout du plus âgé, qui retira les doigts inquisiteurs, récoltant un grognement mécontent. Le magicien lui assena une claque sur le derrière, amusé, et s'enfonça sans préambule entre les chairs tendres, arrachant un cri de plaisir à son acolyte, cloué contre le mur.
Tout ne fut ensuite que déchainement et folie. Nikolaï se fichait à présent de ce que les gens du casino passant à proximité pouvaient penser de ses cris. Il n'en avait que faire d'ailleurs, il n'avait pas même conscience d'émettre ces sons si lascifs. Tout allait trop vite, trop fort, il se sentait déjà sur le point de jouir, incapable d'aligner deux pensées cohérentes, et c'est sans le vouloir qu'il supplia Ezrael de lui en donner plus. Il accéda à sa requête en dérobant sa bouche avant de commencer à se mouvoir. Ses mouvement profonds et lents cédèrent la place à des déhanchements brutaux qui arrachèrent d'autres suppliques au plus jeune, dont il malmena les lèvres pour tenter d'étouffer sa voix. La tension montait, les deux hommes ne parvenaient à se retenir, rendus fous de désir, leur plaisir décuplé par la magie courant encore dans leurs veines. Le latin se sentit bientôt sur le point de se laisser aller et glissa une main taquine jusqu'au membre du russe, accompagnant ses mouvements de sa main alors qu'à chaque passage, sans relâche, il tapait ce point si particulier. C'en fut trop pour le russe qui se cambra brutalement en un gémissement sonore, se resserrant sur la verge du brun qui crut mourir de plaisir, et ne tarda pas à le rejoindre dans l'orgasme.
Les sentiments, tout comme les sensations, des deux magiciens s'étiolèrent et Ezrael se laissa tomber sur le russe, le clouant toujours contre le mur tout en parsemant le cou du plus jeune de baisers et de morsures.
-Ne t'imagine pas que j'en ai fini avec toi. ajouta-t-il bientôt, appuyant son membre de nouveau érigé contre la hanche de Nikolaï. Mais ne crois pas que tu vas t'en sortir comme ça, tu vas parler, je te l'assure.
Son sourire, séduisant et cru, promettait au blond autant de plaisir que de torture, et ce dernier déglutit comiquement devant ce spectacle, sentant le désir, plus doux, refaire surface.
A suivre... Des avis?