Bonjour à tous !

Eh oui, nous voilà de retour, Pilgrim67 (Nathalie Bleger) et moi (Nicolina), pour une nouvelle histoire qui se trouve être la suite d' « Un fils de passage ».

Comme notre histoire précédente s'est terminée un peu difficilement, nous avons après près de trois ans d'absence, voulu donner vie à nouveau à nos anciens personnages, mais aussi à de nouveaux que vous allez découvrir dès le premier chapitre.

L'histoire sera postée hebdomadairement le dimanche sauf cas exceptionnel. ^^

A noter que mis à part les deux premiers chapitres que j'ai écrit, les chapitres impairs sont écrits par Pilgrim et les chapitres pairs par moi (Nicolina)

Nous espérons que cette nouvelle histoire vous plaira.

Bonne lecture à tous et à toutes !

A partir d'un portrait

JOSHUA

Chapitre 1

-Je ne suis pas certain, dis-je en faisant la moue. T'es sûr que tu veux en prendre ?

-Encore une fois, tu doutes de tes talents, Josh. Et bien sûr que je veux en prendre.

-Ne m'appelle pas Josh, mon prénom c'est Joshua, je n'ai jamais aimé les diminutifs, tu le sais bien, Gabriella.

-Je sais, je sais, dit ma meilleure amie en tirant la langue avec malice.

Je la vois s'évertuer à choisir plusieurs photos et quelques dessins que j'ai réalisés. Mais, je ne suis pas très sûr de vouloir qu'elle les expose. Pourtant, c'est ce que pourrait espérer tout artiste, pouvoir gagner de l'argent avec ses œuvres. Je dois avouer que ça ne m'a jamais effleuré lorsque j'étais jeune, même si on m'a souvent dit que j'avais du talent. Je me suis laissé convaincre, quand Gabriella a ouvert sa galerie d'exposition, mais aujourd'hui, encore, je ne sais toujours pas si je dois suivre cette voie.

-Dépêche-toi, lui dis-je. J'ai un rendez-vous pour un boulot.

-Un boulot ? Pour quoi faire ? demande-t-elle comme si j'avais dit la pire bêtise de ma vie. Tu n'en as pas besoin, puisque que tu vas gagner beaucoup d'argent avec tes chefs d'œuvre.

-Arrête de raconter n'importe quoi, dis-je. Tu espères trop de moi. Et même si ça arrivait un jour, pour le moment, j'ai besoin d'un vrai travail.

-Tu es trop dur avec toi-même Joshua, tu as du talent et je sais que tes photos et tes peintures vont faire un malheur.

-Ne parie pas trop là-dessus, dis-je en rangeant quelques vieilles diapos.

-Justement si, dit-elle en faisant la moue. C'est aussi mon gagne-pain, je te signale. Je crois beaucoup en toi. Si tu réussis, ce sera tout bénéf pour moi.

-Alors en fait, c'est pour toi, que tu fais tout ça. En fait, t'es une fille vénale.

-Pas du tout, c'est pour toi que je le fais, mais si l'argent suit derrière, y'a pas de mal, non ?

Je la regarde en biais avant de retourner à mon rangement. Elle, continue de chercher parmi mes photos et mes toiles, mes dessins et mes croquis. Il y en a une pièce entière, il faut dire que je dessine et je photographie depuis que je suis tout petit et j'ai accumulé pas mal d'œuvres.

-Au fait, tu postules pour quoi au juste ?

-Pour être illustrateur dans une maison d'édition.

-Laquelle ?

-Les éditions Gregor, tu connais ?

-Bien sûr que je connais, c'est une maison d'édition qui marche super bien. Il parait que le patron est super mignon, d'ailleurs, même si on ne le voit pas beaucoup. Alors, tu vas aller vendre tes talents là-bas, ils auront de la chance de t'avoir.

-Attends, ce n'est pas encore fait. Je ne fais que passer un entretien pour l'instant. Ce n'est pas évident que je sois pris.

-Tu vas leur montrer ce que tu sais faire ?

-Oui, bien entendu, dis-je. J'ai déjà prévu un book. Mais bon, je ne suis pas très sûr de moi.

-C'est toute l'histoire de ta vie, ça, ricane Gabriella.

-Vas-y, moque-toi.

Nous restons silencieux un moment, et je m'arrête quelques instants, en tombant sur de vieilles photos que j'ai pris quand j'étais à la fac. Ça remonte à loin maintenant. Gabriella et moi étions étudiants en art à la Sorbonne. A l'époque, je dessinais et je photographiais tout ce que je voyais.

-Oh ! C'est qui lui ? Il me dit quelque chose, dit Gabriella au-dessus de mon épaule.

-C'est un ancien étudiant de la Sorbonne.

-Ah bon ? Il s'appelle comment ?

-Aucune idée, dis-je avec un haussement d'épaule.

-C'est vrai que tu prenais pas mal de photo à l'époque, mais tu as l'air d'en avoir pas mal de lui. Il te plaisait, on dirait.

Je ne réponds rien et rougis. C'est vrai qu'il me plaisait à l'époque et je n'ai jamais osé lui parler. Il avait l'air plutôt discret, je crois qu'il était étranger, car à plusieurs reprises, j'avais remarqué son accent particulier. Anglais ou peut-être Américain, je ne sais pas. Il avait les cheveux blonds et de magnifiques yeux bleus, mais je n'ai jamais su comment il s'appelait. Je ne faisais que l'observer de loin, discrètement. Ça me rend nostalgique de penser au passé. Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Un jour, il a disparu brusquement, et je ne l'ai plus jamais revu. Je regarde la pendule. Il va être bientôt l'heure que je parte.

-Excuse-moi, mais je vais devoir y aller.

-Je peux rester ? demande Gabriella. Je n'ai pas fini de choisir.

-Oui, aucun problème, mais n'oublie pas de tout ranger avant de partir.

-Si ça se trouve, je serai encore là quand tu reviendras.

Je me lève. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit encore là à mon retour. Elle passe tout son temps chez moi, alors qu'elle habite normalement sur Paris. Mais, elle a pris l'habitude de prendre le train pour venir me voir régulièrement. Ça n'a jamais eu l'air de la déranger tout ce trajet, mais je crois que c'est parce qu'elle se sent seule là-bas. Quant à moi, j'ai préféré m'installer dans une petite ville, je suis au calme et il y a de beaux paysages à photographier et à peindre.

Je referme la porte derrière moi, jetant un dernier coup d'œil à Gabriella qui continue de regarder mes œuvres avec sérieux. Je ne suis pas sûr que ce qu'elle fait soit très utile, mais bon, si je ne la laissais pas faire, elle me harcèlerait sans cesse. Je descends les quatre escaliers qui me séparent de l'entrée de mon immeuble avant de me rendre à pied au lieu de mon rendez-vous. La maison d'édition n'est pas très loin de chez moi, c'est aussi pour ça que j'ai proposé ma candidature. Je dois avouer que je ne pensais pas décrocher un rendez-vous. J'avais envoyé mon C.V. avec quelques-unes de mes œuvres, mais sans être certain d'avoir une réponse.

J'arrive devant l'immeuble et prends une profonde inspiration avant de rentrer. J'approche de l'accueil et je sens que je suis nerveux. Je n'ai jamais aimé ce genre de choses, mais je sais que c'est pour mon bien. Il faut bien que je gagne ma vie.

-J'ai rendez-vous avec Monsieur Raphaël Gregor, à onze heures, dis-je.

-Oui, attendez un instant, je vais le prévenir de votre arrivée.

J'attends un moment avant que la jeune femme de l'accueil m'indique à quel étage je dois aller. Je prends l'ascenseur et je sens que la tension monte encore d'un cran. Je me demande si je ne devrais pas faire demi-tour. J'arrive au cinquième étage et me retrouve dans un petit hall d'attente. Je m'assois sur l'un des fauteuils. De là où je suis, je peux lire le nom de celui que je suis venu voir. A vrai dire, je connais déjà cet homme, même si lui ne me connait pas. Il avait fait la une des journaux à une époque. Il était étudiant à la Sorbonne comme moi, mais en archéologie, et il avait eu des problèmes avec l'un des professeurs. Ça avait fait grand bruit à l'époque. Finalement, il abandonné l'archéologie pour être éditeur. Et puisque la maison d'édition porte son nom, j'imagine que c'est son père qui doit en être le propriétaire. La porte s'ouvre brusquement et me fait sortir de mes pensées.

-Monsieur Marvel ? demande le jeune homme qui vient de sortir du bureau.

-Oui, c'est moi, dis-je en me levant brusquement.

Je le dévisage, plus que je ne le devrais, mais ce qui m'interpelle avant même ses origines qui sont sans aucun doute japonaise, c'est son bandeau sur son œil droit et surtout la couleur de son œil gauche. Doré, une couleur que je n'avais jamais vu avant. Je détourne le regard, pour ne pas me montrer trop intrusif, avant de me dire que la blessure à son œil date de l'époque de la fac. Il me tend la main avec un sourire et je la serre, en me demandant, si je ne transpire pas trop. J'ai l'impression d'avoir les mains moites. Il me laisse entrer, et n'a pas l'air d'être mal à l'aise, lui. Il a sûrement l'habitude. Il m'invite à m'asseoir et commence à me poser des questions. Je réponds laconiquement, mais ne m'étale pas. Je lui montre mes œuvres et fais tomber quelques feuilles par terre. Je me sens gauche, alors que je suis plutôt adroit en temps normal.

-Je suis désolé, Monsieur Gregor. Je me sens un peu nerveux.

-Ne vous en faites pas, je ne mords pas, dit-il avec amusement. Alors, dites-moi, j'ai vu que vous aviez fait vos études à la Sorbonne.

-Oui, ça remonte à loin déjà.

-J'ai également fait mes études à la Sorbonne, dit-il d'un ton détendu. Si ça se trouve, on y est allé en même temps, vous avez à peu près mon âge, si j'ai bien lu votre C.V.

-Oui, c'est exact. A vrai dire… je sais qui vous êtes, ou plutôt j'ai entendu parler de vous. A cause de cette affaire, avec ce professeur… dis-je avec hésitation.

-Oh ! dit-il alors que son visage s'assombrit.

-Je suis désolé, je ne voulais pas rouvrir une vieille blessure.

-Ce n'est rien, je sais que l'histoire a fait le tour de la fac. Et si nous revenions à vos œuvres, vous avez l'air d'être polyvalent. Vous faites de la photographie également. Vous êtes très doué.

-Je ne sais pas si on peut dire ça, dis-je mal à l'aise.

Je dois avouer que je suis surpris qu'il ait pu reprendre contenance aussi rapidement, alors qu'il semblait contrarié de reparler du passé. J'aurais peut-être mieux fait de me taire, cela va peut-être me porter préjudice. Il continue de parler et me poser des questions et je me rends compte que son sourire est revenu sur son visage, ce qui me décontenance encore plus.

-Bien, je crois que nous avons fait le tour, dit-il. Je pense que vos références sont plus que satisfaisantes. Pour voir ce dont vous êtes capable, j'aimerais que vous me proposiez plusieurs illustrations pour cette œuvre.

Il me tend un paquet de feuilles et je me rends compte que c'est le synopsis d'un livre. Est-ce qu'il me propose déjà du travail ? Aussi rapidement ?

-Je… vous êtes sûr ? demandais-je surpris.

-Oui, disons que ce premier travail sera comme votre période d'essai. Si l'auteur accepte votre œuvre, nous pourrons envisager de vous donner d'autres œuvres à illustrer.

Je prends le synopsis et il me donne congé. Je le remercie, avant de sortir de son bureau, l'air hagard. J'ai encore du mal à croire à ce qui vient de se passer. Si je réussis à proposer quelque chose de bien, je serais certain de décrocher le boulot. C'est vraiment une aubaine, que je ne peux pas laisser passer. C'est le sourire aux lèvres que je rentre chez moi et découvre sans stupeur que Gabriella est toujours là. Elle a l'air d'avoir fait le tri, et a rangé tout ce qu'elle avait sorti.

-Ca y'est, déjà revenu ? Alors, ça s'est passé comment ?

-Bien, plus que bien. Pourtant, j'ai cru que ça allait tourner court. L'homme qui m'a fait passer l'entretien, c'est un ancien de ma fac et j'ai cru que je l'avais froissé, mais finalement, il m'a donné un travail à faire.

-C'est génial, dit Gabriella en venant me prendre dans ses bras pour me féliciter.

-Attends ! Ce n'est qu'un galop d'essai. Je dois lui présenter plusieurs illustrations. Si l'une d'elles est acceptée par l'auteur, je serai pris.

-Je suis sûr que tu vas y arriver, tu as du talent Joshua.

Je ne sais pas quoi dire, mais tout ce que je sais, c'est que je dois absolument me mettre au travail.

-Est-ce que tu as trouvé ton bonheur ? demandais-je.

-Oui, j'ai tout ce qu'il me faut. Et d'ailleurs, je vais de voir te laisser. J'espère que tu vas venir me voir pour la première, dit Gabriella avec enthousiasme. Je veux que ma star soit avec moi, le premier jour.

-Je ne sais pas trop, dis-je avec un air contrit. Tu sais que je n'aime pas trop me montrer en public et en plus, j'ai du travail maintenant, je ne sais pas si…

-Allez, s'il te plait ! dit ma meilleure amie. Ce n'est que pour une journée et te connaissant, tu vas t'y mettre dès ce soir, à ton projet. Fais-ça pour ta meilleure amie, qui va te rendre riche et célèbre.

Elle pose sa tête brune contre mon épaule et me regarde de ses grands yeux bleus. Je n'ai jamais pu lui dire non, quand elle fait cette tête-là. Elle sait qu'elle peut faire ce qu'elle veut de moi.

-C'est d'accord, dis-je.

-Super ! C'est dimanche, ne l'oublie pas, hein ?

-Je suis sûr que tu me le rappelleras, si j'oublie.

Elle me lance un grand sourire avant de prendre son butin, de me faire un bisou sur la joue et quitter mon appartement en trombe. Je regarde mon atelier, en me disant qu'il est temps que je me mette au travail. D'abord, lire le synopsis, après, je m'y mets et advienne que pourra.

Le dimanche suivant, je me rends comme promis à la galerie de Gabriella. Au moment où elle me voit, elle vient directement à ma rencontre et me serre dans ses bras.

-Ma star est là, dit-elle. Je suis contente que tu sois venue.

-Comme si j'avais eu le choix, dis-je.

-Oh ! Arrête de bougonner, dit-elle. Ce n'est pas une corvée non plus et puis dis-toi que c'est moi que tu viens voir.

-Oui, on va dire ça ! soupirais-je.

-Et ton boulot, tu en es où ?

-J'avance, je recule. J'ai fait plein d'essais, mais ça ne me satisfait pas pour le moment. J'ai pas encore trouvé le truc.

-Ah ! Les artistes, toujours insatisfaits. Mais, te connaissant, je sais que tu y arriveras.

-Mouais, j'en suis pas si sûr. Je me demande si ce Raphaël Gregor ne m'a pas piégé avec ce roman. Je n'arrive pas bien à saisir le style et le sujet de l'histoire.

-Ah oui, c'est à ce point ?

-Oui, dis-je un peu dépité.

-Allez, ça va aller, j'en suis sûre. Un petit jour de repos te fera du bien et je suis sûre que demain, tu auras trouvé l'idée du siècle.

-Je l'espère, dis-je.

-Bon, allez viens-voir tes œuvres. J'en ai bien pris soin, tu verras. Et j'ai bien pris soin de les exposer dans un ordre très précis.

Je la suis, elle a l'air très enthousiaste alors que moi, je suis nerveux à l'idée de voir mon travail exposé à la vue de tout le monde de cette façon. Il a l'air d'y avoir déjà un peu de monde et Gabriella commence à me présenter à plusieurs de ses connaissances. Quelques compliments fusent et je les remercie, mais je reste en retrait. Je n'aime pas me mettre en avant comme ça. A un moment donné, Gabriella s'éclipse et me laisse seul à la merci de tout. Je décide de faire le tour de la galerie, avant de tomber sur un portrait que j'avais oublié depuis longtemps. Où est-ce qu'elle a trouvé cette toile ? Je croyais l'avoir rangée au fond d'un placard ? Je pars à la recherche de Gabriella et la retrouve en compagnie d'un jeune homme bien habillé. J'ai l'impression que c'est un étranger.

-Oh ! Joshua, tu tombes bien, je voulais te présenter…

-Je peux te parler, la coupais-je en lui prenant le bras. Excusez-moi, Monsieur je vous la prends quelques instants.

L'homme semble surpris et Gabriella tente de m'arrêter, mais je l'emmène dans un coin de la galerie.

-Mais qu'est-ce qui te prend ? demande-t-elle.

-Quand je t'ai dit de prendre mes œuvres, je t'avais précisé, seulement celles dont les personnes m'ont donné leur accord pour les diffuser. Or, j'en ai vu qui ne devrait pas être exposée.

-Oh ! Tu parles de celle avec ce jeune homme blond qui était à la fac en même temps que nous.

-Oui, exactement. Pourquoi tu l'as exposé. Je t'ai dit que je ne le connaissais pas, et si jamais il découvre qu'on a utilisé son image, je vais avoir des problèmes.

-Je suis désolée, dit-elle. Mais ce portrait était tellement beau. J'avais même hésité à prendre les photos, parce qu'elles étaient magnifiques. Ce sont les meilleures photos que tu as prises, tu as capté sa beauté sur l'instant et j'ai pensé en voyant ce portrait, qu'il reflétait tout ton talent. On voit que tu as mis du cœur dans cette réalisation.

-C'est peut-être vrai, mais, il n'empêche que ce tableau ne doit pas rester là.

-Oui, oui, bon. Je ne peux pas le retirer comme ça d'un seul coup. Laisse-moi la fin de matinée pour le faire, cet après-midi, il n'y sera plus, promis.

Je grimace, mais je sais qu'elle le fera. Ce qui m'embête, c'est qu'il reste toute la matinée ici.

-Allez viens, je vais te présenter à un ami que j'ai rencontré en Angleterre. Tu as été très impoli avec lui, alors tu as intérêt à t'excuser.

Je grommelle et la suis de mauvaise grâce. Nous arrivons devant le jeune homme de tout à l'heure.

-Je suis désolée Oliver, c'était une urgence, dit Gabriella.

-Ce n'est rien, ne t'en fais pas.

-Sinon, eh bien, Oliver, je te présente l'un des artistes exposé dans cette galerie, Joshua Marvel, Joshua, voici Oliver Barnett.

-Enchanté, dit Oliver avec un accent anglais en me tendant la main.

-Enchanté et excusez-moi encore pour tout à l'heure.

-Aucun problème. Au fait, Gabriella, je voulais te présenter quelqu'un. Il s'agit de mon cousin, il a fait des études d'art et je me suis dit que ça lui plairait de voir ta galerie.

-Tu as bien fait, dit Gabriella.

-Oh ! Mais, attends, je dois le retrouver avant. Il doit être en train de traîner dans un coin.

Oliver nous emboite le pas, à la recherche de son cousin et bientôt il s'arrête, juste devant l'œuvre que je ne voulais pas voir exposée. Durant un instant, mon cœur manque un battement, quand je reconnais l'homme qui fixe mon œuvre avec tant d'intérêt. Des cheveux blonds, des yeux bleus, une posture noble, habillé d'un magnifique costume blanc. Il se tourne vers moi et me fixe un instant.

-Eh Arthur ! On t'a enfin retrouvé, je voulais te présenter Gabriella, la propriétaire de cette galerie.

-Je suis Arthur Barnett, enchanté de vous rencontrer, dit Arthur en faisant un baisemain à Gabriella qui se met soudainement à rougir. Vous avez une belle galerie.

-Enchantée aussi, glousse-t-elle. Et merci.

-C'est marrant, on dirait que c'est toi, sur ce portrait, dit Oliver. Je ne savais pas que tu avais posé pour une œuvre.

Tout le monde se tourne vers l'œuvre en question, sauf moi, qui change de couleur. Gabriella m'attrape le bras et je sens qu'elle est gênée.

-Oh heu… en fait, cette œuvre n'aurait pas dû être exposée, dit-elle. C'est une erreur.

-Oui, je n'ai pas donné mon autorisation pour que mon visage soit exposé et je ne me souviens pas non plus avoir posé pour quelqu'un.

Gabriella semble hésiter à donner mon nom, mais Arthur se tourne vers l'œuvre et je m'aperçois avec horreur, qu'elle a mis mon nom sur le panneau d'explication. Pas de doutes, je suis mort.

-Joshua Marvel, déchiffre-t-il.

-Oh ! Mais, c'est vous, s'exclame Oliver en me pointant du doigt.

Je me sens livide et je vois qu'Arthur me fixe d'un air inquisiteur. Il s'approche de moi semble chercher quelque chose.

-Je ne crois pas qu'on se soit déjà rencontré, dit-il.

-Heu non ! Pas vraiment, enfin, si, si on peut dire. On était dans les mêmes cours d'histoire de l'art à la fac, mais on ne s'est jamais côtoyé. A l'époque, je dessinais et je prenais en photo, tout ce que je pouvais pour m'entraîner. Je ne m'attendais pas à rencontrer un jour l'un des modèles que j'avais dessinés. Je vous assure que ce portrait, n'aurait jamais dû sortir de chez moi. Je n'expose jamais d'œuvres de personnes sans leur accord.

-Oh ! Ça aurait été dommage, dit Oliver. C'est vraiment très réussi. Il aurait été dommage de laisser une œuvre pareille dans un placard, tu ne penses pas Arthur ?

-Oui, c'est vrai, dit-il en passant de son œuvre à moi à plusieurs reprises.

-Vous avez du talent, continue Oliver.

-Mer… merci. C'est gentil. Mais, en fait, je comptais vraiment retirer cet œuvre, je ne voudrais pas vous faire du tort.

Je me sens complètement minable à cet instant. Je ne vois pas comment réparer une chose pareille. Je me tourne vers Gabriella et lui jette un regard noir. Je lui en veux un peu d'avoir fouillé au fond de mon placard, mais bon, ce qui est fait, est fait. J'espère juste qu'Arthur Barnett ne me poursuivra pas en justice pour avoir exposé son portrait sans son accord. En tout cas, on peut appeler ça le destin, mais je ne pensais pas que je le reverrais un jour.

A suivre !

Pilgrim et moi vous souhaitons de passer un bon réveillon de Noël !