Un petit mot de l'auteure : Deuxième rédaction de cinquième ! Les consignes étaient d'inventer une histoire à partir d'une mini BD. Voilà ce que ça a donné :)
/!\ ATTENTION /!\ présence de guimauverie guimauvement guimauve mais pas trop quand même (faut pas pousser mémé dans les orties) ! Vous êtes prévenus ! Car comme (presque) toutes les histoires qui commencent par "Il était une fois", ça finit avec "Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" !
LA PRINCESSE DU CHÂTEAU
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Il était une fois, un lointain royaume gouverné par un roi qui avait toutes les qualités pour l'être. Le monarque était veuf et avait une fille aussi belle que le jour... mais qui était pourvue d'un caractère de cochon. Pas du tout la princesse sage et réfléchie dont on rêve car ses activités préférées étaient d'enfreindre les règles à tout va et faire tourner les gardes en bourrique.
Un jour, alors que son père lui avait interdit toute sortie à l'extérieur du château, elle désobéit – ce qui n'était pas la première fois – et fila en douce de l'imposante demeure royale. Mais le roi avait commis la grave erreur de ne rien dire à sa fille du danger qui rôdait depuis quelques jours aux alentours.
Alors qu'elle foulait joyeusement l'herbe haute du champ qu'elle traversait, ne se souciant guère de salir sa – trop longue à son goût – robe royale rouge cramoisi – au diable sa gouvernante qui piquerait une crise d'hystérie si elle voyait ce que subissait le beau tissu précieux de soie, la princesse trébucha sur quelque chose alors qu'elle admirait les fleurs multicolores environnantes. Elle poussa un juron grossier – sa gouvernante se serait évanouie si la jeune fille l'avait prononcé devant elle – et se releva avant de contempler sa robe couverte de boue et d'éclater de rire. Elle regretta bien vite sa réaction lorsque la chose qui l'avait faite tomber s'anima.
Une monstrueuse créature surgit alors des hautes herbes en rugissant sa colère – on lui avait quand même marché sur ce qui lui servait de queue ! La jeune fille voulut crier mais sa voix s'étrangla dans sa gorge oppressée par la peur.
La créature en question avait la taille d'un gros lion, possédait quatre pattes aux griffes prêtes à déchiqueter tout ce qui pouvait leur tomber dessous, une queue au bout touffu, des ailes de chauve-souris jaunes dans le dos, la crête d'un coq, une gueule de dragon, une longue langue fourchue et des yeux de reptile couleur rouge sang. On aurait dit le croisement entre un iguane géant et une hyène. D'ailleurs, elle regardait la princesse comme un chat qui s'apprêtait à sauter sur sa proie... ce qu'elle fit.
La jeune fille s'écroula sous le poids de la bête en hurlant de terreur. Elle réussit tant de bien que de mal à se dégager après s'être sauvagement débattue et avoir par miracle évité les coups mortels de griffes et de crocs. Une fois libre, elle se rua dans la sombre forêt, seule échappatoire qui se présentait à elle, et pressa le pas lorsqu'elle entendit les pas lourds et les rugissements de la bête qui la poursuivait. À bout de souffle, elle se cacha derrière un imposant tronc d'arbre, tentant de retrouver un rythme cardiaque normal afin de ne pas mourir d'une crise avant, et s'évanouit.
Elle rêva qu'un prince charmant arrivait sur son beau cheval blanc pour la sauver. Après tout, cela arrivait toujours dans les contes de fées qu'elle lisait. Sauf que là, dans la vraie vie, le prince en question n'avait pas dû lire les mêmes histoires qu'elle parce qu'il n'y avait pas l'ombre d'un vaillant chevalier prêt à la secourir.
Ça arrangeait beaucoup la bête, d'ailleurs. Trois enfants tendres et délicieux, une paysanne qui sentait bon les fleurs des champs, un gros bonhomme grassouillet et maintenant une princesse qui avait l'air vraiment appétissante ! Décidément, c'était son jour de chance ! Elle regretta presque qu'un prince bien pimenté ne vienne pas mettre son petit grain de sel... Et maudit bien vite sa dernière pensée. Ses crocs étaient sur le point de se refermer sur le cou fin et délicat de la jeune fille lorsqu'elle sentit une douleur au cœur. Elle baissa les yeux vers son poitrail où était fiché une flèche puis s'écroula en poussant un ultime rugissement.
Évidemment, c'était un prince qui passait par là – comme par hasard – et avait par chance emporté son arc et son carquois de chasse. Après s'être assuré que la bête était bien morte, il aperçut la princesse allongée au pied de l'arbre et s'en approcha. Voyant qu'elle était inconsciente, il la secoua légèrement, en vain : la belle ne se réveilla point.
Aux grands maux les grands remèdes : il lui donna une gifle magistrale. La jeune fille se réveilla immédiatement, et, sachant trop bien pourquoi sa joue la brûlait – son caractère lui en avait valu des belles de la part de sa gouvernante qui la considérait comme sa fille – elle donna instinctivement un gros coup de boule en pleine tête à l'inconnu qui l'avait sauvée à son insu.
Le prince tomba net, assommé par le coup – la demoiselle avait la tête dure. Cette dernière se releva, épousseta sa robe malgré la boue séchée, arrangea un peu ses cheveux ébouriffés par sa course folle et se pencha sur celui qu'elle venait d'envoyer au pays des songes : des cheveux bruns noué sur sa nuque par un stupide ruban bleu foncé, un teint pâle, des lèvres minces, un nez droit, il était grand, pas vilain, et bien habillé – preuve qu'il était sûrement de la noblesse. Il semblait dormir paisiblement, tel un ange, même s'il était plutôt assommé qu'endormi comme en attestait la grosse bosse naissante sur son front.
Parce qu'il ne fallait pas le sous-estimer non plus, le prince se réveilla en réprimant un gémissement de douleur – attitude que la princesse trouva craquante. Lorsqu'il ouvrit ses yeux verts, il se perdit dans un magnifique un océan. Le peu d'esprits qui lui revinrent lui firent réaliser que c'était en fait la couleur des yeux de la jeune femme qu'il avait réveillée un peu plus tôt... et qui l'avait remercié en l'assommant d'un coup de tête virulent. Son cœur rata un battement lorsque les traits du ravissant petit minois qui lui faisait face se précisèrent : teint blanc pareille à la neige immaculée, petite bouche aux lèvres roses, nez fin, boucles blondes tombant sur les épaules frêles du petit corps mince et bien taillé, la princesse était d'une beauté incroyable – quand bien même sa robe fut salie.
Le prince se ressaisit et dit :
« Hum, navré de vous posez cette question si directement mais qui êtes-vous ?
- Je suis la fille du roi de ce pays à qui appartiennent ces terres ainsi que cette forêt et vous m'avez sauvé des griffes d'un monstre. Sans vous, je serais déjà dans son estomac alors je vous remercie. Et pardon de vous avoir assommé.
- Ce n'est rien. Et puis, je suis heureux d'avoir sauvé si belle demoiselle. Ah, et je me présente à mon tour car ce serait impoli de ma part : je suis le prince du pays voisin. »
La princesse leva les yeux au ciel. Ben tiens, comme par hasard, c'était le prince d'à côté et bien sûr pas celui de l'autre bout du monde.
« Maintenant que nous nous sommes présentés, vous voulez sans doute que je vous épouse, non ? Parce que je vous préviens tout de suite, je ne veux pas me marier si jeune et avec quelqu'un que je connais à peine. »
Même si vous semblez être toutefois intéressant, se retint-elle d'ajouter.
Le prince ouvrit des yeux ronds. Parbleu ! C'était bien la première fois qu'on lui sortait un discours comme cela ! Cette fille n'avait pas peur de parler franchement. Le jeune homme sourit : elle allait agréablement changer des minettes pourries-gâtées de la cour qui lui faisaient les yeux doux à la moindre occasion. Celle-ci, en plus d'être jolie, elle avait du caractère, ce qui plaisait bien au prince.
« Et bien, si vous le permettez, je vous ramène à la demeure de votre père. »
Et avant que la voleuse de son cœur ne proteste, il se mit debout, la souleva comme une plume et la hissa sur son cheval non pas blanc mais noir.
Quand à la princesse, elle se surprit elle-même de son attitude docile. Elle qui était si rebelle et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, elle n'avait pas protesté lorsque le prince l'avait fait monter sur son destrier. Au contraire, elle ressentait un étrange sentiment dont le nom était « amour » – ce qu'elle ignorait encore.
Une fois arrivés au château, le roi, qui s'était fait un sang d'encre lors de la disparition de sa fille, se jeta au cou de cette dernière, manquant de l'étouffer dans son étreinte musclée avant de se tourner vers celui qui lui avait ramené sa progéniture. Après que le prince se soit présenté, les deux jeunes gens racontèrent ce qui leur était arrivé.
Un grand sourire se dessina sur les lèvres du roi et il fit ce que la princesse redoutait : il donna sa main à son sauveur. Pour la forme et parce qu'elle avait une réputation à défendre, la promise se rebiffa et quitta la pièce. Son père, trop occupé à se confondre en excuses, ne remarqua pas le regard qu'elle jeta au prince qui, lui, ne le rata pas. Assurant le monarque qu'il lui pardonnait, il prit congé à son tour et sortit.
Un bout d'étoffe rouge et sale disparaissant au tournant du couloir lui indiqua le chemin à suivre. Il parcourut le hall au trot et à peine fut-il arrivé au tournant qu'il se fit plaqué contre le mur, les lèvres capturées par celles de son aimée. Envahi d'un sentiment de joie infinie, le prince répondit volontiers au baiser.
Quelques années plus tard – le prince avait voulu respecter le souhait de sa chère et tendre – ils se marièrent et les noces furent grandioses. Le roi en eut les larmes aux yeux, se rappelant le bonheur qui avait été le sien lorsqu'il avait épousé la femme de sa vie, la défunte reine dorénavant au ciel. Son vœu de marier sa fille étant exaucé, il en fit un autre : celui de vite devenir grand-père.
Quant aux mariés, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants – à la plus grande joie du monarque.
Fin