Un petit mot de l'auteure : Oh ! Une autre rédaction !
Rencontre dangereuse
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La neige tombait. Les flocons voletaient au gré du vent.
Derrière la fenêtre de ma chambre, j'admirais le paysage recouvert d'un épais manteau blanc. Il était tard mais je ne parvenais pas à trouver le sommeil malgré mes paupières lourdes et mes bâillements répétitifs.
Les minuscules étoiles de neige continuaient leur danse aérienne. Elles virevoltaient, montaient, descendaient, luttaient pour pouvoir rester éternellement dans les airs, bien qu'elles finissent toujours par se poser docilement sur le sol déjà maculé de leurs semblables.
Soudain, j'écrasai mon visage contre la vitre froide, m'apercevant que le brouillard s'était subitement levé sans que je ne m'en rende compte, absorbée par la gracieuse chorégraphie des flocons de neige. Je saisis la poignée et ouvris la fenêtre sans vraiment être consciente de mon geste, sans vraiment être maîtresse de moi-même. L'air glacé s'engouffra dans la pièce chaude mais je n'y prêtai pas attention car j'étais captivée par l'étrange vision qui s'offrait à moi.
Une silhouette se dessinait petit à petit dans le paysage brumeux et je me penchai dangereusement vers l'extérieur afin de mieux distinguer l'inconnu, qui s'avérait être une inconnue.
Grande, silhouette élancée, port altier, la démarche digne d'un mannequin, la peau pâle comme la craie, des longues mains fines aux doigts délicats, des petits pieds nus immaculés et vêtue d'une sorte de kimono tout aussi blanc, un châle laiteux peu épais reposait sur ses frêles épaules droites. Ce fut surtout la beauté de son visage qui me frappa : la forme triangulaire de son minois parfait encadré par ses longs cheveux argentés flottants au vent, ses lèvres ivoire formaient une mince ligne droite impeccable, son nez droit et pointu, ses sourcils peu épais s'étirant jusqu'à ses tempes, ses yeux clairs et limpides comme l'eau pure en forme d'amande bien enfoncés dans leurs orbites avec des longs cils noirs complétaient la beauté céleste de l'inconnue. On aurait dit une déesse.
Le contact douloureux et froid d'une épine en fer me ramena brusquement à la réalité. Je me rendis compte que j'étais sur le point se sauter de la fenêtre au risque de m'écraser sur le sol enneigé trois bons mètres plus bas. Je fis un bond en arrière et m'empressai de refermer l'ouverture par laquelle le froid se faufilait avec rapidité.
Je vis la femme se dissiper peu à peu puis disparaître complètement comme un mirage en même temps que le brouillard. Soulagée par le départ de l'inconnue, je me glissai dans mon lit et trouvai enfin le sommeil.
Cependant, j'ignorais que la femme était la Mort elle-même qui avait failli m'emmener. Et je ne me doutais pour rien au monde qu'elle recommencerait. Elle attendrait autant de temps qu'il le faudrait, tapie dans les Ténèbres, le moment venu.
Celui pour me tuer.