Bonjour à tous ! Récemment, j'ai participé à un stage de conte et voilà ce qui est en sorti.

Bien sûr c'est un conte et il est ici sous forme écrite, sans la parole et la gestuelle du conteur. Laissez-vous portez par l'imaginaire et j'espère que cela vous plaira ! Bonne lecture à tous :)


La Plage de Lion

Bonjour, je suis Ariane et je suis originaire de Basse-Normandie. Et s'il y a une chose que j'aime de là d'où je viens, c'est une plage. Mais pas n'importe quelle plage : la plage de Lion sur Mer. Cette plage, je l'aime, c'est là où je vais quand tout va trop vite, quand il me faut me recentrer ou prendre du recul. C'est une plage médicament en sorte.

Cette plage je l'aime en hiver, quand il fait gris et qu'il y a du vent.

Imaginez...

Sur la digue, légèrement en hauteur par rapport à cette plage, j'ai les mains sur la rambarde en béton peinte en blanche, je respire cet air marin plein d'embruns. Le vent emmêle mes cheveux, en bruit de fond les vagues et les oiseaux. Il n'y a personne, sinon moi et la plage.

La mer est d'un bleu-gris-vert alternant avec des moutons blancs au large. Sur ma droite, la plage n'en finit pas alors que sur ma gauche s'étend une falaise d'un jaune crayeux surplombée par des champs.

Allons, descendons ! Ah, il est là. Qui ça ? Mais Celui qui Sait ! Il m'attend toujours à cet endroit, au pied de cet escalier déglingué par la marée.

La mer est basse, j'aime quand la mer est basse : des roches plates et des galets sont découverts et des flaques se créent. C'est plein de vie les flaques ! Approchons. Avec Celui qui Sait, on observe.

Je regarde des boules rouge foncé.

- « Des anémones » me dit-il.

- « Des anémones », je répète.

- « Appuie dessus » m'invite-t-il et je m'exécute avec douceur. De l'eau en jaillit ! C'est très drôle, allez encore une fois, et jaillit et rejaillit de l'eau ! Rapidement, il n'y a plus d'eau de l'anémone.

- « Oups, cassée... » je marmonne.

Mais, non ne vous inquiétez pas, Celui qui Sait me dit que l'anémone se rechargera à la prochaine marée haute !

Alors, je continue : une autre, une autre et une autre encore ! Je pourrais passer des heures à faire ça.

Tenez regardez celle-ci, elle est plus rose et elle a des tentacules ! Eh, elle agrippe mon doigt avant de disparaître dans son tube. C'est vraiment amusant.

Je vous avais dit que c'était plein de vie une flaque.

Celui qui Sait m'indique un amas vert d'apparence gélatineuse.

- « Qu'est-ce, Celui qui Sait ? »

- « Des algues. » répond-il.

Des algues ? Hmmm, la texture est plus qu'étrange sous les doigts, ça glisse, ça louvoie, ça s'accroche aux rochers hors de l'eau comme de la salade trop cuite.

Celui qui Sait se redresse et je lève les yeux avec lui. Mes yeux accrochent les oiseaux, ils volent et jouent dans le vent. Je demande à Celui qui Sait quelle espèce d'oiseau est-ce. Ce sont des mouettes. Des mouettes, c'est joli comme mot, non ? C'est doux dans la bouche. Des mouettes.

Elles jouent à se poursuivre, à faire des cercles et des descente en piquet. J'observe le ballet des mouettes sur fond de mer et de falaise.

Tiens, la falaise justement, approchons-nous. Elle est jaune pâle et elle est trouée de cavités plus ou moins profondes. Celui qui Sait les appelle des Confessionnaux.

Comme dans les églises ? Exactement ! Mais alors pour confesser quoi ? Je me le demande bien. Et si on allait voir ?

Un pas.

Comment ça c'est dangereux, Celui qui Sait ? Ce ne sont que des trous dans une falaise !

Un autre pas.

- « Tu ne sais pas ce qui t'attend » me prévient-il. Mais qu'en-ai-je à faire ? Moi je veux aller voir, je veux savoir ! Pas vous ?

Encore un autre pas.

- « Très bien, je t'accompagne, mais tu assumeras seule ce que tu trouveras. »

Même pas peur !

Sous mes doigts, la roche est rugueuse et sous mes pieds, le sable crisse. Nous nous enfonçons et la lumière diminue, mais pas complètement. Pourquoi vois-je encore, si loin dans la falaise ?

- « C'est grâce aux ligies » dit Celui qui Sait d'une voix lointaine et il me désigne des choses luminescentes sur les parois.

Regardez-moi ces espèces de... de quoi ? Beerk ! Ça ressemble à de gros cloportes transparents et phosphorescents. Selon Celui qui Sait dont la voix se fait de plus en plus ténue :

- « Les ligies capturent la lumière du soleil pour la transporter au centre de la Terre. »

Attendez, au centre de la Terre a-t-il dit ? Jules Verne avait donc vu juste ? Aurais-je découvert un passage vers le centre de la Terre ? Serait-ce pour cela que les Confessionnaux sont réputés dangereux ? Pour en éloigner les gens ?

Est-ce pour cela, Celui qui Sait ? EST-CE POUR CELA ? Mais ma question reste sans réponse. Celui qui Sait a disparu, je suis seule au milieu d'un Confessionnal, entourée de ligies lumineuses !

Les mains sur les parois, je tente de revenir en arrière, mais les ligies sont de plus en plus nombreuses, elles grimpent sur mes bras, mes jambes, partout, ça grouille !

Celui qui Sait, où es-tu ?

Je suis submergée et tout disparaît, je m'affale.

Le silence.

Petit à petit, je reprends le contrôle de mes sens. L'odeur du sable : salée. L'odeur de la roche : sèche. La texture du sable : il crisse, il glisse entre mes doigts, je le laisse filer. Autour de moi, la paroi est rugueuse, je sens le grain de la pierre. Yeux ouverts ou yeux fermés, je ne vois rien. Il fait un noir d'encre. Où sont passées les ligies ? Où sont-elles ?

- « Celui qui Sait ? « Je crie son nom.

Étonnamment, je ne suis pas trop effrayée. Je sais où me diriger pour sortir. JE LE SAIS !

J'avance en trébuchant, surtout au début. Je cherche Celui qui Sait au détour d'un couloir. Je crie son nom, encore.

Tenez, la lumière pointe au loin. Suivez-moi, on va sortir d'ici.

Je suis éblouie par l'éclat du jour, bien qu'il fasse gris. La mer est toujours là, gris-bleu-vert alternant avec du blanc au large. Le flaques aussi, ainsi que les mouettes. Je tourne sur moi-même : plage, mer, falaise plage, mer, falaise. Mais Celui qui Sait n'est plus là. Il ne sera plus jamais là sur cette plage, ça y est, je comprend. Je le sais.

Je sais, mais je me sens seule.

Cette plage dont je sais tout à présent n'est plus attirante. Pas sans Celui qui Sait.

Mais... tenez quelqu'un au loin sur la digue. Je souris, peut-être est-ce quelqu'un qui ne sait pas ?


Alors ? Vous sentez-vous changés après cette lecture. Allez-vous le conter à votre tour ? Conter votre lieu ? N'hésitez pas à réagir dans les reviews !

Laku-san.