SURPRISE c'était pas le dernier chapitre. CECI est le dernier chapitre. Pour de vrai. C'est la fin, ça y est.
Le titre aussi est important pour celui-là, mais c'est plus un mystère à chercher pour vous krr krr.


50 : ET LA LANTERNE

Il n'y eut de Jolt plus la moindre trace, à l'exception d'une petite éclaboussure de son sang par terre. Force ne pouvait plus en détacher ses yeux. Le sang n'était jamais comme on le montrait à la télé, d'un rouge sombre, aviné. Le sang était écarlate. Il coulait sur votre peau comme une encre étrangère, dont le seul lien avec vous était la vive douleur qu'on vous avait infligé.

PETIT CHAT, PETIT CHAT, OUBLIE TA MORALE
LES FORTS DÉFINISSENT LE BIEN ET LE MAL

Le regard de Force finit par s'arracher à ce sang qui aurait pu être sien. Il ressentait la vive douleur. Ses yeux poignardèrent Lefebvre ; celui-ci lâcha son arme. Il tremblait comme une feuille, maintenant. Il put à peine lever le bras vers Force, à peine balbutier un ordre.

L'un des agents toujours armé fit l'erreur de bouger. Force se jeta sur lui. L'impact seul l'assomma malgré son gilet pare-balles. Dans sa chute, Force frappa sa cage thoracique et elle craqua, son bras entier traversa sa poitrine.

Oh, il y eut du sang. L'agent le plus proche eut un mouvement de recul. Trop lent. Force attrapa sa jambe et en tirant dessus, le renversa. Un pied sur sa hanche, les deux mains à son genou, il tira. Ce ne fut même pas dur. L'homme hurla, ses os se brisèrent, se disloquèrent, cédèrent, puis les tendons, les cartilages, et sa peau se déchira. Sa jambe partit, Force la lança sur Lefebvre.

Tout le monde cria, se tordit d'horreur en essayant de fuir. Mais Force n'avait qu'à bondir sur eux. Ils étaient tous trop lents, trop fragiles. Il avait été fait de telle manière que tuer était aisé pour lui. Détruire était facile. Aucun humain n'avait de considération pour un insecte gênant. Combien tuaient des araignées juste parce qu'elles se trouvaient là ? C'était facile, et on entendait jamais les petites bêtes fragiles hurler de douleur.

Force tua, sans entendre les petites bêtes. Il décidait. Il déterminait où était la limite. Car c'était lui, le plus puissant. Il arracha d'autres membres, il écrasa une tête avec le pied. Partout dans le sol et les piliers en ciment du parking, on pouvait voir des fissures laissées par ses coups, les blocs entiers arrachés et réduits en poussières. Détruire était facile. Tuer était aisé. Bientôt quatre cadavres démembrer s'empilèrent. Leur sang avait noyé celui de Jolt.

Lefebvre et la femme, Lava Jenkins, en avait profité pour essayer de s'enfuir, mais Force savait où ils étaient. Ils cherchaient à prendre l'ascenseur en ce moment même. Les portes se fermaient, qu'à cela ne tienne. Il prit les escaliers et les monta quatre à quatre, il revint au rez-de-chaussée en même temps qu'eux. Ils avaient appelé à l'aide, Force fonça seulement dans le tas. Il commença par écraser, briser, arracher les os et organes des agents autour de lui, balançant leurs restes sur les suivants ou à travers le verre des cloisons.

Quand des murs se dressèrent devant lui, il les perfora. Il n'entendait plus ni les cris ni les coup de feu, il ne sentait plus la douleur. Personne ne parvenait à l'arrêter, personne ne le blessait assez pour même seulement gagner du temps.

Ses victimes fuyaient devant lui. Mais il ne les laissait pas faire. Il n'avait plus de pitié pour ceux et celles qui avaient voulu jouer contre lui. Juste parce qu'il s'était montré humble, parce qu'il n'avait pas fait étale de tout son pouvoir, ils avaient cherché à prendre l'ascendant sur lui. Chacun d'eux.

Maintenant chacun d'eux payait d'une once de sang, de chair, de cris et de désespoir, jusqu'à ce que mort s'en suivre violemment.

À force de destruction, les étages commencèrent à s'écrouler. Le verre explosa sous des éboulements de béton et d'acier. Ceux qui n'étaient pas morts hurlèrent à nouveau. Agents, employés, même quelques rares clients. Le sillon de mort que semait Force derrière lui n'avait plus de limite, car c'était lui qui décidait. Les lois n'étaient que des mots, seule la violence était réelle. La douleur. Le vainqueur dictait les règles, et ceux qui voulaient vivre les suivaient, jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour les renverser.

Mais personne n'était plus fort. Si le sang de l'ennemi faisait office de mesure, Force remportait haut la main. Il en était couvert.

Cet apocalypse en pleine chute libre qui s'écrasait sur les faibles rappelait presque celui qui avait tant effrayer Force, la pluie de saccage dans la maison de Jolt. Il n'y avait plus rien pour l'inquiéter, pour le toucher. Même sa rage était calme. Il ne faisait que tuer, tout tuer sur son passage, tout arracher. Réduire en miette tout ce qui se trouvait devant lui et décapiter quiconque l'approchait.

Partout, il n'y avait plus que ravage. Les câbles électriques arrachés créaient des flammes entre eux, la poussière des plafonds effondrés se mêlait aux marres de sang. Et Force était couvert de tout ça. Ses mains, ses bras, plus haut que les coudes, même son visage. Rouge et gris, collants des larmes d'autres tombées jusque dans ses yeux. Littéralement. Il pleurait le sang de quelqu'un d'autre, beaucoup d'autres, et chaque goute se perdait dans les océans sur ses joues.

Il voyait toujours, pourtant. Il continuait de marcher. Il voyait avec son esprit, il savait où aller. À l'extérieur des décombres, dans le parking partiellement effondré sur celui qui se trouvait juste en dessous, crevé ici et là par d'immenses trous dans le béton, il retrouva Lava Jenkins. Elle, contrairement à tous les autres, ne fuit pas.

Force s'immobilisa un instant devant la confiance qu'elle dégageait. Il venait de réduire à feu et à sang une portion de l'empire de Pollux, il avait tué en quelques dizaines de minutes tant et tant de personnes qu'il avait perdu le compte, et elle n'avait pas peur de lui. Il voulait qu'elle ait peur. Autrement, c'était lui qui était en danger.

— cES VioLenTs déLIcES oNt DE viOLeNTeS fiNs.

NON.

Force rugit de pure rage, et fondit vers elle. Il sentait déjà son visage entre ses doigts, sa peau se déchirer sous ses ongles.

Pourquoi ne bougea-t-elle pas ?

— CEs viOLenTs DéLicEs ONt dE ViOLentES FinS.

Cette fois, Force ne put plus continuer à bouger. Il se prit la tête dans les mains, mais tout valsait soudain autour de lui. Crier ne l'aida pas, il ne restait brusquement plus aucune prise sur la réalité. Il était déconnecté de ce qu'il voyait, de ce qu'il ressentait, il ne comprenait plus ses propres sens.

Ses deux genoux touchèrent terre.

Enfin, Lava s'approcha. Elle toucha son front, caressa sa joue jusqu'à son menton, et lui fit relever la tête. Dans les yeux pleins de sang de Force, il y avait deux cercles d'or.

— Le Roi vous invite au lac Laogai.

Tout le corps de Force se contracta. Tout en lui lutta. Il voulut se débattre, hurler, attaquer, s'enfuir... mais seule une plainte s'échappa de lui. Sa mâchoire s'ouvrit en dépit de lui-même.

— Quel... honneur d'accepter son invitation, entendit-il sa voix éraillée, lointaine, prononcer.

Il ne perdit pas connaissance, ce fut presque pire. Il ne put rien faire d'autre que rester immobile, sur ses genoux, prisonnier de son propre corps.

Sans même être capable de se souvenir clairement de ce qu'elle lui avait fait, il aurait préféré la tuer. Il aurait préféré mourir.

-o-

Que s'était-il passé ? Jolt avait mal. Il entendait crier, il sentait bouger. Il voyait l'intérieur d'une voiture, Satine téléphonait en conduisant. Il avait mal...

Il avait chaud. Son propre sang était brûlant et il en était couvert. Mais le monde semblait aller au ralenti. C'était comme si Jolt avait le choix de rester, ou de se laisser retomber. S'il lâchait prise, il n'aurait plus mal.

Quel était cet endroit ? Durant chaque battement de paupières, il était là, debout sur un sol miroir, sous un ciel noir infini.

Dans le noir complet, il pouvait voir une immense entité étrangement familière. Une immense personne, grande comme une planète dont il serait un astéroïde, un jeune homme aux cheveux d'or qui ressemblait à Pretty, et en particulier avec ses cercles d'or dans les yeux. Mais ses cercles étaient plus nombreux et plus complexes, hypnotiques. Il avait aussi une couronne d'or sur la tête, une épée d'or à sa taille, une lanterne d'or dans sa main droite et une montre à gousset dans la gauche, d'or elle aussi.

Il était assis en tailleur dans le vide infini, lui fit coucou de la main.

…Quel était cet endroit ?

— BLEEDING LAND, répondit Le Prince. LÀ OÙ LES MONDES DÉBORDENT.

— F…orce…

— PERDU. C'EST DÉCIDÉMENT FACILE DE L'AVEUGLER SI ON ENFONCE UNE LUMIÈRE STROBOSCOPIQUE DANS SON TROISIÈME ŒIL.

Jolt fut surpris par une sensation du monde réel. Quelque chose de tiède sur sa joue. Une larme. Le Prince se tourna lentement, pour lui faire face, et se pencha jusqu'à lui pour l'essuyer. Le bout de son doigt seul faisait presque la taille complète du visage de Jolt.

— ÇA VA ALLER, JOLT CURTIS. L'HISTOIRE N'EST PAS FINIE. IL Y A UN SECOND TOME.

— …Hein ?

La voiture freina soudain, et le força à rouvrir les yeux. Il sortit de Bleeding Land un instant.

— Il est en état de choc, il a perdu beaucoup de sang.

La portière arrière s'ouvrit. Jolt reconnu les yeux vairons du Sui Generis qui avait soigné Force, celui qui s'appelait Qilin.

— Ça va aller, dit-il.

Il commença quelque chose. Ce fut désagréable, Jolt se laissa repartir. De nouveau, il fut sur le sol miroir. Le Prince était toujours là.

— C'EST AMUSANT, dit-il. À TOI, JE N'AI FAIT AUCUN CADEAU, MAIS C'EST TOUJOURS TOI QUI ME TROUVES LE PREMIER.

— Cadeau…

— J'AI OFFERT CHAQUE OBJET D'OR À QUELQU'UN. DANS CETTE HISTOIRE, IL N'Y A QUE LE TROISIÈME ŒIL, LA COURONNE ET LA LANTERNE.

Jolt observa les yeux du Prince. Les cercles d'or...

Le Prince posa à nouveau le bout de son doigt sur le visage de Jolt.

— IL EST TEMPS DE PARTIR. ON SE REVERRA.

La première chose réelle que Jolt recommença à entendre fut la voix de Satine. Elle plaidait. Cette fois, la pièce ressemblait à l'intérieur d'un sous-marin. Une sorte de chambre, aménagée et même rapidement décorée. Il y avait un petit poster lumineux en guise de fenêtre, accroché près de la lourde porte coulissante.

Satine insistait. Elle disait que Jolt avait besoin d'assistance médicale, elle d'une planque, que désormais VitCore était tout autant à leurs trousses, qu'ils étaient les seuls à même d'aider. Une autre jeune femme lui répondit, expliquant qu'elle ne décidait rien, qu'elle avait réussi à organiser une audience avec les trois chefs, que c'était assez exceptionnel en soi de tous les réunir.

Jolt observait seulement le poster lumineux. Il était de mauvaise qualité, c'était une forêt mal imprimée. Et entre les arbres, un petit loup noir.

-o-

Force était semi conscient, attaché à un siège métallique par les chevilles et poignets. Une perfusion le reliait à une poche de sédatifs lourds, sur une perche à roulette à côté de lui. Lava Jenkins était dans la pièce. Elle lisait quelque chose sur un bloc-notes, assise en face de lui.

— C'était une réaction très violente, Force.

Ah, oui. Ils étaient en train de parler.

— C'est tout ce qui semblait naturel.

— Qu'avez-vous ressenti qui vous ai plongé dans un tel état de rage ? Vous avez tué 26 personnes - qu'on ai retrouvées. Et les dégâts s'élèvent à une petite fortune.

Force ne se souvenait pas.

— Mon... mon âge.

Les mots sortaient comme ça, il ne comprenait plus ce qu'il disait.

— Je me suis souvenu de mon âge, mon véritable âge. J'étais perdu, j'avais peur, je ne pouvais plus réfléchir... j'ai juste lâché prise.

Lava tourna la page de son bloc-notes.

— Et votre client du moment ?

Force la regarda sans comprendre. Il ne se souvenait d'aucun client particulier. Lava hocha la tête, se leva et quitta la pièce. Lefebvre l'attendait dans le couloir, un chaton gris tigré et un dossier jaune dans les bras.

— L'effacement commence à prendre effet... le problème est venu d'une incohérence, pas de l'amnésie elle-même

Elle lui tendit son bloc-notes, mais quand il le prit, ne lâcha pas.

— Après votre bavure, je suis surprise que vous soyez toujours en charge de ce spécimen.

Lefebvre le lui arracha des mains.

— Vous êtes certaines que ça ne craint rien ? Il est comme un animal...

— Et vous n'avez pas l'air très doué avec les bêtes. Ça ne craint rien, croyez-moi. Il ne se souvient pas de l'événement lui-même. Mais évitez de tirer sur son prochain amant, oui.

Lava s'en alla, Lefebvre entra. Force tourna mollement la tête vers lui, et croiser son regard fut assez pour que le supérieur sursaute. Il semblait être le seul à réaliser quel danger représentait ce monstre. Force reconnut immédiatement le nouveau chat. Lefebvre ne comprenait pas cette partie du traitement.

— Urgence, appela doucement Force depuis son siège.

Lefebvre lui lança l'animal sur les genoux, et prit soin de rester bien au loin.

— J'ai votre nouvelle affectation, agent Russel.

Il ne l'écoutait pas. Il était émerveillé par le chat déjà ronronnant, comme un enfant. Comme si ce monstre pouvait avoir ne serait-ce qu'un semblant d'âme.

Le supérieur décida d'agir comme tel, et claqua des doigts jusqu'à ce que les deux animaux le regarde.

— Vous devriez vous estimer heureux, Russel, qu'on vous autorise à nouveau sur le terrain. Après tout ce que vous avez fait, vous devriez vous estimez heureux d'être toujours parmi nous.

Si ça n'avait tenu qu'à lui... Force baissa la tête. Voilà qui était mieux.

— Voilà pourquoi personne ne veut de Sui Generis nulle part. Vous avez gravement nuit à l'image de toute votre race, avec votre comportement.

Il jeta le dossier par terre.

— Beaucoup de gens font beaucoup d'efforts pour soigner votre maladie tachez au moins de la garder sous contrôle.


FIN

BeCette fois, pour de vrai. C'est la catastrophe et personne n'a vraiment été sauvé. Mince...
Il va falloir un tome 2 complet pour arranger tout ça 8D

Plus sérieusement, voilà une sacrée grosse page de ma vie qui se tourne. J'ai enfin terminé Radical. Le tome 2 aura un autre titre, c'est pour ça que je parle du grand final de Radical. Ce sera "Spoiler-Spoiler (Radical T2)". Il n'est pas encore écrit, je vais tenter de faire le plan et de le commencer avec le prochain NaNo mais vu l'an dernier, je ne vous promets rien. J'ai aussi un nouveau projet que j'aimerais mener à bien, et aussi, cette saga est super compliquée à écrire. J'aimerais taper une histoire un peu plus simple, un peu plus axée sur les émotions, les relations, plus une romance en fait, et j'ai l'histoire parfaite pour ça. BREF. Qu'est-ce que vous avez pensé de Radical ? Est-ce que ça vous a plu ? Est-ce que la fin est une bonne fin pour vous ? Est-ce que vous attendez le T2 avec impatience maintenant ?

Pour moi, poster cette seconde (en vrai c'est la 6 ou 7e) version a été une incroyable expérience. Bizarrement, pas mal de gens ont été rabaissants et ce sont moqué de moi (?) mais j'ai aussi pu rencontrer d'incroyables personnes, qui ont vraiment cru en moi, en mon projet, en mes personnages, et qui encore maintenant me soutiennent et sont devenu:es mes ami:es. J'aimerais vraiment remercier Yume et Plurielles. J'ai adoré poster deux chapitres chaque semaine, et dialoguer avec vous tout du long, dispenser des petites exclusivités aux personnes qui commentaient, bref... j'ai hâte de recommencer.

Pour vous parler un peu de mon process, j'aime bien écrire tout et ensuite commencer à poster, en corrigeant petit à petit à mesure que je poste. Je vais donc faire ça, pour le prochain tome comme l'autre histoire plus facile que j'ai envie d'écrire.

Aussi, j'ai commencé un comic que je dessine moi-même et qui ai basé sur un rêve que j'ai fait, et je me dis que je vais peut-être tenter de le poster sur Wattpad, voir ce que ça donne /o/

Allez, sur ce, je vous quitte. C'était génial !

Wyatt out