Je Traîne
Quand je veux arracher ce carcan qui m'enchaîne
Quand je veux sentir le feu brûler dans mes veines
Alors je me mets à courir jusqu'à en perdre l'haleine
Car ce besoin est gravé dans chacun de mes gènes
À chaque foulée délester un peu de ma haine
À chaque bouffée d'air un afflux d'oxygène
Ce n'est que comme ça que je me sens pleine
Quand je vois défiler les nuances vertes de la plaine
Quand je sens sur moi l'ombre de l'immense chêne
Quand mes pieds heurtent le sol et que j'égrène
Les secondes qui filent au rythme de ma peine
Pas une hésitation, jamais je ne freine
Je pousse sur les muscles à une vitesse effrén-
Ee, avec toute ma force, je dégaine
Les enjambées comme des coups que j'assène
À tous ces regrets, ces peurs si vaines
Briser ces chaînes qui me retiennent
Écraser la douleur qui me gangrène
Laisser enfin couler ces larmes qui me gênent
Comme glisse sous les ponts l'eau de la Seine
Un catharsis, vider mon âme, qu'elle soit plus saine
Tuer dans l'œuf la frustration comme de la mauvaise graine
La joie de vivre, en moi, se fait reine
Chaque pas, plus loin que l'horizon, m'entraîne
Dans une quiétude que le vent de printemps amène
Ce soir, seule la forêt sera ma scène
Loin de tout, loin de la vie quotidienne
Loin des constants problèmes de la vie humaine
Le soleil couchant à travers les arbres est mon aubaine
Sur ce chemin, sur cette route, cette nuit, je traîne