Petit mot : Bonjour/Bonsoir ! Me voici avec le dernier chapitre de ce premier tome ! Il reste un petit épilogue, car vous le comprendrez, l'aventure est loin d'être terminée. Tout un lot de mystères reste encore à éclaircir, sans parler de la vie sentimentale de nos chers héros. Je tiens à préciser que je n'ai pas encore commencé à écrire le tome 2 (ce n'est pas bien !) mais cela va venir. J'écris pas mal de choses à côté bien que je ne poste quasiment rien (que voulez-vous, la flemme me colle à la peau comme une sangsue…), et disons que je varie (j'essaie) beaucoup les thèmes.
Pour l'heure, je suis très émue de vous laissez découvrir ce dernier chapitre, en espérant que ce premier tome vous ai plu.
Je répète (avant qu'on ne me cri dessus) qu'il y a un prologue et qu'à partir de celui-ci, la logique du tome 2 viendra. J'espère que la fin de ce chapitre ne vous dégoûtera pas et que la suite fera partie de votre pile à lire.
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre 32
Si j'avais cru assister à ça un jour, je n'y aurais jamais cru. Malgré ça, j'avais conscience d'avoir les yeux grands ouverts et les sensations qui électrisaient mon corps ne pouvaient que soutenir l'hypothèse que je ne dormais ni ne rêvais. Laurie était bel et bien sur moi, ondulant les hanches de manière probante, qui ne laissait nulle place au doute quant à ses intentions.
J'étais captivé.
Son visage était en partie ombré mais je devinai l'expression qui s'y peignait. Ses cheveux longs bougeaient au même rythme cadencé que ses hanches. Ses mains tièdes, dont le bout des doigts étaient plus froids, prenaient appuie sur mon ventre, consciencieux de garder son équilibre pendant qu'il nous chauffait. Seules nos respirations s'ébruitaient dans la pièce, ainsi que le frottement de nos deux tissus.
Si j'avais pu me contenir un minimum jusque là, je ne pus tenir très longtemps. Jouer avec Laurie était une chose. Assouvir ses pulsions en était une autre. J'avais comme le pressentiment que j'avais mal jugé. Que peut-être, Laurie n'était pas si prude que cela mais qu'autre chose se cachait. C'était actuellement le cadet de mes soucis. Il était là, frictionnant son sexe gonflé contre le mien, avec pour horrible barrière nos sous-vêtements. Ce n'était pas tolérable !
D'un mouvement autoritaire, je saisis l'un de ses bras et le tirai à moi, le déséquilibrant. Il partit en avant et manqua d'embrasser mon torse brûlant.
« Qu'est-ce que… »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que ma seconde main s'empressa d'ôter mon boxer gênant. Mes jambes se mêlèrent aux siennes un instant avant de reprendre leur place. Mon sexe délivré de sa prison de tissu, je ne pus apprécier la brève seconde de soulagement car déjà, mon désir pulsait dans cette partie de mon corps. J'avais plus chaud que la normale et ce n'était pas que dû à la chaleur corporelle de Laurie. Je profitai d'ailleurs de son agitation pour reprendre le contrôle.
Je tirai un peu plus sur son bras alors qu'il venait de comprendre ce que j'avais fait, et capturai ses lèvres sans demander son avis. Il n'y répondit pas tout de suite, mais en sentant mon premier coup de rein, il se reprit et redevint dominateur. Sa langue batailla contre la mienne, se mêlant et se démêlant. Il était particulièrement bon de le sentir si près de moi. Bon de le sentir contre moi. Son haleine légèrement aromatisé de réglisse ne me permettait pas de le confondre avec quiconque. Il était accro à cette connerie. Il en bouffait d'une à plusieurs fois par jour, ce qui me rendait dingue. À croire qu'il était un petit rongeur qui se faisait les dents dessus. Sauf qu'il n'avait rien d'un lapin. Il était un lion, fier et fort. Et il le faisait bien savoir en ce moment même.
L'une de ses mains parcouru mon torse, découvrant mes formes plus dessinées que les siennes. Elle était avide de découverte, joueuse et douce. Elle me donnait des frissons. Lorsque son pouce effleura l'un de mes tétons, une fine vague de plaisir me fit durcir. Je ne pus me retenir de grogner contre ses lèvres ravageuses. Mes doigts remontèrent le long de son bras, le faisait se coucher directement sur moi. C'était la première fois que je sentais sa peau contre la mienne. Plus de distance, plus de vêtement. Juste lui sur moi. Sa peau contre la mienne. Sa chaleur se confondant à la mienne. Je m'en délectais sans honte, savourant cette sensation grisante. Il était à moi et jamais plus personne d'autre ne l'aurait. Jamais.
Ma main arriva dans son dos que je me mis à caresser. Nos lèvres se quittèrent légèrement pour que nous ne mourussions pas asphyxiés puis vinrent se goûter en de multiples reprises. Laurie était toujours aussi silencieux bien que je sentais sa respiration plus erratique. Son ventre se gonflait et se vidait contre le mien, son poitrail collé au mien par la sueur qui commençait à recouvrir ma peau beaucoup plus rougeoyante que la sienne. J'aurais adoré voir le contraste entre nos deux corps à la lumière du jour. Je ne doutais pas qu'il fasse encore jour dehors mais Laurie gardait toujours ses rideaux fermés, qu'importait l'heure. Ainsi, nous étions dans cette pénombre qui rendait nos actes plus ombreux et secrets.
Je profitai de l'inattention de mon compagnon pour glisser ma seconde main là où elle n'avait jamais pu aller : sous le sous-vêtement de Laurie. Pour mon plus grand étonnement, mais aussi ma plus intense joie, il ne réagit pas. Je posai à plat ma main sur sa croupe rebondit. Sa queue, droite comme un i, reposait contre mon bas-ventre, non loin de la mienne qui ne demandait qu'à passer à l'action. Je ne fis pas trainer les choses en longueur, mais ne me précipitai pas plus. Ma main cajola un petit peu ses fesses, glissant progressivement vers ce qui m'intéressait le plus. Même si Laurie ne disait rien, je savais qu'il avait conscience de ce qui se passait. Sa respiration était devenue beaucoup plus raide et ses baisers plus irréguliers, moins concentrés.
Lorsque que mon index glissa jusqu'à l'entrée de son intimité, il cessa tout mouvement. J'en fis de même tandis que nos souffles raisonnaient contre les murs de la chambre. Tout avait été mis en suspend. Je ne lui avais pas fait mal, je n'avais encore rien fait.
« Laurie ? Ça va ? »
Je cherchai son regard dans l'obscurité et eus droit à quelque chose de confus mais emprunt de désir, ce qui me rassura grandement. Je ne voulais surtout pas le contraindre, ni même lui donner l'impression qu'il devait se forcer pour me contenter. S'il ne voulait pas, ou s'il ne pouvait pas aller plus loin, alors soit. Je serais évidemment plus que frustré, mais je préférais ça plutôt que de le blesser, que ce soit physiquement ou moralement.
Je devinai ses longs cils blonds papillonner plusieurs fois avant que sa voix rauque d'envie ne me réponde.
« Oui. Mais n'y va pas à sec. Je n'ai pas l'habitude. »
Il n'avait pas… ? Oh, est-ce que par hasard, Laurie m'aurait caché ça ?
« Dis-moi mon Laurie. »
Je retirai ma main pour mieux le dévêtir. Il n'opposa aucune résistance et leva même les hanches pour me faciliter les choses. Je le débarrassai donc de ce vêtement qui était de trop et reposai doucement ma main sur l'arrière de sa cuisse, non loin de la naissance de ses fesses. Je devinai, qu'ainsi dans le noir, Laurie était plus à l'aise. Je ne savais pas ce qu'il pensait de son corps, mais il avait une certaine pudeur qui m'amusait parfois. Mais ici, dans cette pénombre, nus tous les deux, il ne retira pas son corps du mien, ce qui me fit soupirer d'aise. Le sentir dans son plus simple appareil était comme un apaisement dont le poids venait de se lever sans même que je ne m'en rendisse compte. Je n'avais jamais eu de doute quant au fait qu'il était un homme. Je n'en avais pas eu non plus sur l'attachement qu'il me portait. Mais entre le savoir et avoir des faits concrets, il y avait un monde.
« Est-ce que par hasard, tu serais vierge de ce côté-là ? »
Ma voix c'était faite douce et calme. S'il ne voulait pas répondre, il en avait tous les droits. J'avais calmé ma respiration, craignant qu'il se sente acculé par mon désir assez envahissant. J'avais néanmoins la preuve contre mon bas-ventre qu'il était dans le même état que moi. Quoi que, légèrement plus fébrile depuis quelques secondes.
Lentement, je caressai sa cuisse sans jamais revenir à quelque chose de sexuelle. Il avait sans doute besoin de se sentir en sécurité et non pas contraint à quoi que ce soit, encore moins face à moi. Doucement, je le sentis se laisser aller contre moi. Son poids se fit plus lourd et ses muscles se décrispèrent un peu. Il nicha son visage dans mon cou et soupira.
« Je suis un homme Zack. J'ai pris. Je n'ai jamais laissé personne me prendre. »
La réponse était donc oui. J'étais presque touché par cet aveu et l'idée de savoir que j'allais peut-être être le premier me donnait des envies bien plus animales. Cependant, j'allais devoir les brider. Il n'était pas encore venu le moment où nous pourrions baiser comme des bêtes. Ce soir, je voulais que l'on fasse l'amour et rien d'autre.
D'un geste tendre, j'exerçai une pression dans son dos de mon autre main et embrassai son oreille.
« Je ferais attention dans ce cas. »
Inévitablement, cela réveilla le dominant qui sommeillait en lui. Il se redressa légèrement et planta son regard acéré dans le mien, affirmant avec force, comme si toute la fragilité qui l'avait étreint quelques instants plus tôt n'avait jamais existé.
« Je ne suis pas une chose qui risque de se casser à la moindre douleur ! Je peux supporter.
-Oui. Mais pas à sec. Pas avec ce que j'ai. »
Un coup de bassin lui fit comprendre de quoi je parlais. Si déjà le préparer sans lubrifiant n'allait pas être simple, le prendre avec mon artillerie le serait encore moins. Il me toisa un moment puis reprit d'un ton cassant.
« Et comment comptes-tu faire ? »
Je lâchai un rire qui le fit sourciller. Sa façon de dire les choses était amusante et son ignorance aussi. Pauvre petit blondie inexpérimenté.
« Là d'où je viens, je me débrouillais avec rien et aucun de mes partenaires ne s'est jamais plaint. »
Il claqua mon torse sans retenir sa force et ne cacha pas la colère qui brûlait dans son regard de glace.
« Je m'en fous de tes parties de jambes en l'air à Détroit. Je te demande comment tu vas faire maintenant. »
On ne pouvait décidément pas le changer. Il s'était abandonné quelques minutes à peine et le voilà repartit dans de grands discours. Je souris et faufilai ma main entre nos deux bassins, ayant une petite idée de la manière dont j'allais procéder.
« Eh bien, il existe des liquides naturelles qui sont très bien pour lubrifier. »
Tout en disant cela, je saisis nos deux verges entre mes doigts. Laurie se tendit de la tête aux pieds mais ne laissa toujours aucun son, aucun gémissement, même pas un soupire, passer ses lèvres. Lui qui avait une langue vulgaire quand il le voulait était particulièrement silencieux quand il s'agissait d'exprimer son désir.
Tout en commençant à nous caresser, je mimais le même geste dans son dos de mon autre main. Il était crispé de partout et sa tête au-dessus de la mienne, j'avais une très belle vue sur son visage. S'il n'exprimait pas vocalement son plaisir, son visage lui, était beaucoup plus parlant. Je me fis lent et las, attisant son impatience et son désir. Il reprit rapidement du poil de la bête et en passant mon pouce sur l'extrémité de son sexe, je pus constater qu'il suintait déjà. Tout comme moi.
Je pris le temps de jouer sur cette partie là de son membre, le décalottant avant d'en mesurer la sensibilité. Je le frôlai à peine que Laurie trembla de toute part. Mon autre main vint l'apaiser en de longues caresses le long de sa colonne vertébrale, remontant jusqu'à sa nuque. Je jouai ainsi entre les vas et viens de ma paume et le titillement de mes doigts. J'étais moi-même gonflé à bloc et je devais bien avouer que, peut-être, mes partenaires précédents avaient dû me sentir passer. Enfin, ils ne s'étaient jamais vraiment plaints. Ou peut-être après en fait.
Au bout d'un moment, je stoppai tout, jugeant mes doigts suffisamment coulants. Malgré ça, je pris un plaisir fou à faire frémir Laurie en cajolant ses testicules.
« Arrête…, dit-il d'une voix hachée. Met-le mais arrête ça. »
Je ricanai doucement puis vins placer mes doigts entre ses fesses.
« Ce serait plus facile et moins douloureux si tu écartais un peu plus les jambes.
-Demande-moi de m'ouvrir pendant que tu y es !
-Hm… c'est assez tentant. »
Laurie devait vraiment être à des lieux d'ici car il ne répliqua pas. Il était attentif et transit de plaisir et de frustration. Je sentais son sexe frétiller contre le mien qui en demandait autant.
Avec une synchronisation habile, je levai les hanches et frottai mon propre membre contre le sien tandis que mon index passa la membrane fine de son intimité. Laurie tendit le cou, peut-être sous l'effet de l'intrusion, ou bien la friction de nos sexes gorgés de sang. Ou alors, pour les deux.
Faire progresser mon premier doigt fut assez facile. Laurie était chaud et terriblement serré. J'allais devoir y remédier même si imaginer ma queue ici, méchamment prisonnière de ses chairs, me faisait très envie.
Imposer mon majeur fut une autre histoire. Laurie se contracta brusquement, rendant l'intention douloureuse. Il ouvrit la bouche sous le coup mais aucun son n'en sortit pour autant. Je n'avais aucune idée de s'il faisait des efforts pour retenir sa voix ou s'il faisait réellement l'amour sans jamais souffler un son. Quoi qu'il en soit, il avait mal, et son corps me le faisait bien savoir.
« Détend toi chéri. Si tu te crispes, ça fera d'autant plus mal.
-J'aimerais bien t'y voir, dit-il d'une voix étranglée. Ce n'est pas toi qu'on écartèle. »
Ma main libre vint lui caresser le visage. Je repoussai ses cheveux humides de sueur et tentai de lui changer les idées avec douceur.
« Moins tu résisteras, plus facile se sera.
-Ta gueule. Ça fait mal. »
Oui, je pouvais comprendre que ça fasse mal. Mais il faisait preuve de mauvaise foi. Je sentais ses parois palpiter contre mon doigt, le deuxième n'ayant pu entrer après la contraction subite de ses muscles. Je ne forçai pas pour le moment, mais l'obligeai à venir m'embrasser. Il ne répondit pas vraiment mais au moins, il ne chercha pas à fuir. Je glissai alors ma main entre nos ventres et saisis sa queue qui avait perdu de son entrain. Lentement, je le remis d'aplomb et je le sentis enfin se détendre. Ses lèvres bougèrent mollement contre les miennes mais avec un peu de patience, il reprit de la vigueur.
Je pus amorcer une seconde tentative, et cette fois-ci, même si Laurie se contracta, je parvins à loger mon deuxième doigt. Je pouvais à peine les bouger. C'était si serré que je n'avais même pas idée de comment mon sexe rentrerait là-dedans. Pourtant, j'en mourrais d'envie.
À force de patience et de caresses, la balance entre plaisir et douleur s'équilibra. J'eus même l'agréable surprise de sentir Laurie bouger de lui-même. Un léger mouvement de bassin, mais un mouvement quand même. Je m'appliquai à l'élargir au maximum et lorsqu'il s'empala de lui-même sur mes doigts, je sus que je pouvais tenter le troisième. Là, mon amant se stoppa. Sauf qu'il était hors de question qu'il se fasse mal à me résister une nouvelle fois ! J'attrapai sa lèvre inférieure entre mes dents et tirai dessus pour attirer son attention.
« C'est par ici que ça se passe chéri. »
Une subtile caresse sur sa hampe et son attention était toute détournée de mon annulaire qui le pénétrait. Malgré tout, sa respiration se coupa et le tremblement de son corps me laissa imaginer la violence qu'il devait s'imposer pour lutter contre la douleur et l'envie de s'extraire de mon emprise. Cela dura une poignée de secondes avant que je ne puisse bouger légèrement. Il faisait des efforts et il serait récompenser.
En même temps que je nous caressasse, je jouai de mes doigts à l'intérieur. Dire que j'étais le premier à découvrir cette partie de lui, je n'en revenais pas. J'avais gagné le droit de prendre sa virginité de ce côté-là et j'en étais plus que fier.
Tâtant l'intérieur, je me mis à bouger aussi. J'étais à la recherche de quelque chose qui pourrait peut-être envoyer Laurie dans les étoiles. Les premiers mouvements furent un peu compliqués mais finalement, j'avais suffisamment assouplit ses muscles pour mouvoir ses doigts. C'était si satisfaisant. Je ne parvins pas à trouver ce que je cherchai mais Laurie semblait de plus en plus impatient. Son souffle était nettement plus court et ses hanches ondulaient presque à chaque coup. Je pouvais en conclure qu'il en voulait plus.
Sans crier gare, j'enlevai mes doigts, laissant en lui un vide qui lui valut sa première exclamation audible. Une plainte légèrement contenue, mais une vocalise qui me fit frissonner. Bon sang, sa voix était érotique à souhait ! J'avais plus qu'envie de l'entendre gémir pendant que ma chair se fondrait dans la sienne.
Plus que prêt, j'agrippai les épaules de mon partenaire pour tenter d'inverser les rôles. Il ne m'en laissa cependant pas l'occasion. Il plaqua ses mains sur mes propres épaules et inspira rapidement, comme si l'air lui manquait ou que ça lui demandait un certain effort.
« Une capote… Tu as un préservatif ? »
Pardon ? Il me demandait ça maintenant ? C'était du Laurie tout craché.
« Non, j'en ai pas. »
Son visage se déconfit à l'instant où il comprit mes mots. Il me lorgna les yeux grands ouverts, comme s'il ne me croyait pas. Ses bras tremblaient et son corps était presque aussi brûlant que le mien. L'idée même que nous puissions nous arrêter là semblait le foutre dans un état inexplicable.
Avant qu'il ne puisse paniquer ou me crier dessus, je posai ma main sur l'un de ses bras et le frottait tendrement. Contrairement à lui, j'avais anticipé.
« J'ai jamais couché avec de préservatif et je n'ai pas envie d'en mettre un pour toi.
-Quoi ? Tu crois vraiment que je vais te laisser me baiser sans rien alors que ta queue a trainé je ne sais où ?!
-Non. Bien sûr que non. »
Je continuai de lui caresser gentiment le bras, cherchant à l'apaiser. Mais visiblement, il avait perdu pied bien plus que je ne le pensais.
« Espèce de con ! Tu me mets dans cet état et après tu crois pouvoir la fourrer comme ça ? Que je ne dirais rien ? Qui sait quelle saloperie tu as pu chopper !
-Rien. Je n'ai rien choppé du tout. »
Mon ton calme tranchait avec sa panique flagrante. Il était frustré, au bord du précipice. Tout son corps hurlait qu'il voulait jouir. Et sans doute pas que d'un côté.
« Qu'est-ce que tu en sais ?!
-Je suis négatif. J'ai fait des testes à l'hôpital et j'ai récupéré les résultats hier. Je n'ai rien. Pas une seule cochonnerie. Si ce n'est tout ce que j'ai envie de te faire, mais ça c'est autre chose. »
Je lui souris alors que son visage semblait sur pause. Ses yeux suivirent les mieux, cherchant le mensonge qui s'y cachait. Il pouvait toujours chercher, il ne trouverait rien.
« Les résultats sont encore dans la poche de mon jean d'hier. Tu veux que je te les montre ? »
Certainement déchiré entre raison et envie, Laurie tourna la tête pour aviser ledit jean qui trônait par terre depuis la veille. Si cela pouvait le rassurer, je ne voyais pas d'inconvénient à m'arrêter une minute pour les lui montrer. Mais ensuite, plus de temps mort. J'en avais assez, et je voulais me satisfaire autant que le voir perdu dans son propre plaisir.
Il hésita une longue minute puis posa sur moi un regard que je ne lui avais jamais vu.
« Je te crois. »
Oh bordel de merde ! Il allait neiger dans le Sahara ! Laurie venait de dire la chose que j'avais toujours cherché à entendre : il me croyait. Il me faisait confiance au point de ne pas aller vérifier ! J'étais un homme comblé.
« Mais comment toi tu peux croire que je n'ai rien ? »
La question piège ! Facile, je le connaissais par cœur.
« Chéri, je te fais confiance depuis beaucoup plus longtemps que tu ne peux l'imaginer. Si tu me dis que tu n'as rien et au vu du scandale que tu allais me faire, je pense que tu n'as rien. Et puis, je suppose qu'à l'Institut, on t'a préservé. »
Normalement, il ne faut jamais vraiment croire quelqu'un qui disait ne rien avoir comme maladie sexuellement transmissible la première fois que l'on couchait avec. Sauf que cela faisait des mois que je le fréquentais, et si nous avions mis du temps à en arriver là, ce n'était pas pour tout foutre en l'air parce qu'il n'avait pas un petit papier qui me disait qu'il n'avait rien. Ma confiance était aveugle et j'avais risqué ma vie sur bien d'autres tableaux que le sexe. Laurie était la figure même de la pureté - si l'on regardait son visage et que l'on lui coupait le sifflet. On ne pouvait que le croire. Bien qu'en y réfléchissant, demander une capote en étant croyant était étrange. Enfin, il allait bien coucher avec moi, à partir de là, qu'est-ce que je m'en balançais de ses croyances !
Laurie se redressa alors, me sortant de mes pensées. Il prit appuie sur ses genoux, se dressant devant moi sans même cacher sa nudité et sa sublime érection. J'avais bien envie de la manger, mais j'en avais marre des préliminaires. Je voulais de l'action, du vrai !
« Je n'ai rien, tu peux me croire. »
Je le croyais volontiers.
« Par contre, c'est moi qui vais prendre les rênes maintenant. »
Pardon ?! Je ne pus m'interposer ou donner mon avis que Laurie me scotcha sur place. Je frémis de la racine des cheveux jusqu'au moindre orteil lorsque sa main glissa sur mon membre raide. Son pouce passa plusieurs fois sur mon gland avant de redescendre le long de ma hampe douloureuse. Je ne compris ce qu'il fit que lorsqu'il se mit en position pour… Quoi ?!
« Laurie…
-Chut. Ça va le faire. Si j'ai mal, se sera de ta faute. »
Quoi de ma faute ? Je ne lui avais pas demandé de s'empaler lui-même sur mon mat ! Et pourtant, c'est ce qu'il fit.
Je mordis fort mes lèvres en sentant le bout de mon gland buter contre son intimité dilaté. Il dût forcer un peu puis s'arrêter. Mon sexe était bien plus imposant que trois doigts et Laurie venait sans doute de le comprendre.
Je fis un certain effort pour garder les yeux ouverts et observer le spectacle sans en rater une miette. Un Laurie prenant de lui-même mon sexe en lui n'était clairement pas monnaie courante. Je ne l'avais même pas imaginé en rêve !
Il poursuivit son avancé, laissant le poids de son corps faire le gros du boulot. Ce qui n'en restait pas moins douloureux. Son visage était tordu de douleur et je devinai qu'il serrait les dents. Puisant dans les forces qu'il me restait, je me redressai un peu, suffisamment pour avoir accès à son propre membre. Là, je me mis à le caresser, l'aidant à supporter l'intrusion qu'il s'imposait lui-même.
Ce fut laborieux mais au final, Laurie parvint à me prendre quasiment en entier. Il était à bout de souffle et semblait loin. Très loin.
« Laurie… »
Je le laissai se reprendre un peu et m'étonnai à lâcher un gémissant lorsqu'il bougea. Il se retira puis redescendit doucement. Bon dieu que c'était bon. Il était si étroit, si chaud, si accueillant. Un havre de paix pour lequel j'aurais tué.
Il recommença lentement, me faisant mourir d'envie. Après quelques premiers mouvements excessivement lents et parfois maladroits, je constatai qu'il avait remis un pied sur Terre. Ses mains posées sur mon ventre, il accéléra le rythme, retombant plus lourdement sur mon sexe à bout. À chaque retombé, un son grave s'échappait de ma gorge, témoignant de l'appréciation de ce traitement. Mais malgré ça, je ne pouvais pas que rester passif. Impossible. Pas avec ce qui se tenait devant moi. La personne que je désirais était là, sur ma queue, à monter et descendre sans émettre le moindre gémissement. Pourtant, je savais qu'il prenait son pied. Tout son corps frissonnait de plaisir et son visage en était déformé.
Soudain, il retomba plus brutalement que les autres fois et je me sentis buter sur un petit renflement qui ne laissa pas mon adoré indifférent. Un bref son lui échappa, ce qui l'étonna lui-même. Il n'osa plus bouger durant quelques secondes avant de recommencer avec prudence. Le résultat fut le même. Il venait lui-même de trouver sa prostate qui déchargeait en lui une vague intense de plaisir.
Le sentant devenir fébrile, j'en profitai pour inverser les rôles. Je le saisis par les hanches et le plaquai sur le dos. Il ne protesta, ni ne résista. L'une de mes mains attrapa l'arrière de son genou et lui écarta le plus possible la jambe. Il était d'une souplesse à toute épreuve ! Ça me donnait de mauvaises idées pour les prochaines fois. Mais nous n'y étions pas encore. Mon autre main s'occupa de son sexe un peu délaissé et rapidement, j'amorçai des mouvements de pompe qui, dans un premier temps, avaient pour but de retrouver ce point magique qui faisait vocaliser mon bien aimé.
Il ne me fallut pas bien longtemps et une fois sûr de sa position, je ne misai que là. Long et fort, je pilonnai Laurie qui en avait jeté la tête en arrière, la bouche résolument ouverte mais dont peu de gémissements franchissaient. Je renforçai mes assauts, synchronisant ma main alors que moi-même j'exprimai mon désir de manière chaotique. C'était à couper le souffle. Que ce soit la vision érotique de Laurie, son cul qui était tout bonnement à tomber, ou les rares gémissements lascifs qui lui échappaient, tout m'indiquait que le septième ciel était bien ici.
Une vague plus intense se fit sentir. Je savais ce que s'était et Laurie ne devait plus en être bien loin non plus. Je redoublai de vigueur, butant encore et encore contre ce qui pouvait faire vocaliser mon amant quand enfin, je vis les étoiles. Je ne pus m'empêcher de l'appeler tout en grondant d'extase. Mais pas seulement "Laurie". Non, son prénom m'échappa dans son ensemble.
« Lawrence ! »
Je pus presque croire qu'entendre son prénom entier avait déclenché sa propre jouissance car il suivit à ce même moment. Il se déversa en partie dans ma main et entre nos deux ventres alors que moi, je me répandais en lui en plusieurs longs jets.
Ereinté, la tension et l'euphorie retombant, je me laissai aller contre mon compagnon qui n'en fit aucun cas. Il était à bout de souffle et moi aussi. J'avais terriblement chaud mais je me sentais merveilleusement bien. Bien plus que je ne l'ai jamais été.
Je me retirai doucement de Laurie et glissai sur le côté pour ne pas l'étouffer davantage. Il semblait avoir du mal à s'en remettre et je le comprenais. Ça avait été intense et nous avions tellement trainé sur les préliminaires. Mais ça avait été nécessaire et je ne regrettai pas.
Je doutai qu'il apprécie de dormir dans tous ces liquides corporelles mais j'aurais été plus qu'étonné de le voir se lever pour aller dans la salle de bains. À mon avis, même demain matin, il n'allait pas pouvoir lever bien haut les jambes.
Perdu dans mes réflexions, j'en sortis lorsque deux perles océans s'entrechoquèrent avec les miennes violacées. Un sourire comblé s'étira sur mon visage et je cru même en voir un sur son visage.
« Je t'aime, soufflai-je du bout des lèvres. »
Je ne sus s'il m'avait entendu car déjà, ses yeux se fermaient. Je l'avais malmené mais il avait aimé. Il avait même gémi de manière forte lorsqu'il avait joui. Le plus beau des sons à mes oreilles.
Je passai un bras autour de son corps dénudé et le collait au mien malgré la chaleur. J'embrassai son front dont les cheveux étaient collés dessus à cause de la sueur et chuchotai, m'endormant à mon tour.
« Bonne nuit. »
Je me sentais affreusement bien. Comblé comme je ne l'avais été depuis longtemps. Comme si quelque chose en moi avait été remplit, là où je n'avais pas remarqué de trou. Pourtant, c'était la sensation que j'avais. Mon cœur tambourinait régulièrement contre ma poitrine. Il n'avait jamais été si serein depuis qu'il battait. Ce sentiment de plénitude, de calme, m'apaisait. J'étais à ma place. Je l'avais enfin trouvé, sans doute possible.
Sans ouvrir les yeux, je tâtai à côté de moi dans le lit, à la recherche de ma moitié. Contre toute attente, les draps étaient froids et le corps qui aurait dû se trouver à mes côtés n'y était pas. J'ouvris alors les yeux et constatai que j'étais seul alors que je n'aurais pas dû l'être. Je me redressai, jetai les draps en travers du lit et ne pris pas la peine de m'habiller, ne serait-ce qu'un minimum. J'étais légèrement fourbu mais je n'en fis aucun cas. Il y avait plus urgent.
Je me jetai littéralement dans le salon, scrutant à toute allure les alentours. Lorsque mes yeux affolés croisèrent le lagon des siens, j'expirai, sincèrement soulagé. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais coupé inconsciemment ma respiration. Il était là, assis sur le tabouret du bar, à grignoter l'un de ses insupportables bâtons de réglisse, des documents en main.
« Tu comptes rester à poils encore longtemps ou tu t'es découvert une passion pour le naturisme ? »
Il n'avait rien perdu de son humour sarcastique, c'était rassurant. Pas que j'avais crains qu'il le perdrait après ce qu'il s'était passé hier soir, mais qui sait comment il pu réagir. Laurie était parfois si imprévisible.
Rassuré, je fus étonné de voir les yeux de mon blondie quitter mon visage pour descendre plus bas. Oh ! Se rendait-il enfin compte du temps qu'il avait perdu à me repousser ?
Un sourire vainqueur étira mes lèvres. Je m'approchai lentement, certain de ce que je voyais.
« La vue te plait ? Tu as beau râler, tu sembles apprécier. »
Je m'arrêtai devant lui alors qu'il était en partie tourner pour me regarder. Ses yeux se reposèrent sur mon visage, toujours aussi sérieux.
« Je devais être fatigué hier. J'avais cru sentir quelque chose de plus gros. »
Aïe ! La pique d'enfer qu'il me lançait là. Ahuris, j'en perdis mes mots une seconde puis me repris en main.
« La revanche quand tu veux mon beau. »
Il arqua un sourcil et me lorgna d'un air altier avant de répondre comme le petit bourge qu'il paraissait parfois.
« Ça ira. Mon corps doit encore se remettre de ta baise brutale.
-Oh, tu l'as sentit passer ? C'est plutôt bon signe non ? ronronnai-je avec amusement.
-Si cela revient à me faire boiter quand je marche, alors oui, tu as réussi. »
Je posai un coude sur le comptoir et plantai mes yeux dans les siens, mon visage plus près.
« Désolé. Je ne voulais pas te faire mal. Et puis, je ne t'ai pas baisé. Je t'ai fait l'amour. »
J'avais parlé sur un ton tendre, pensant réellement ce que je lui disais. Il sembla me croire car son regard vacilla de manière imperceptible. Néanmoins, il lui était difficile de dire parfois des choses gentilles ou simplement vraies.
« Me faire l'amour… La prochaine fois, n'oublie pas que je ne suis pas une femme. Je n'ai pas eu si mal que ça. »
Je ris en l'entendant dire ça. Il était sérieux ? Il n'avait pas eu si mal alors que juste avant il m'avait avoué boiter ? Sans parler de son visage tordu de douleur la veille. Je m'en souvenais très bien. J'étais pourtant heureux. Il avait dit "la prochaine fois", ce qui signifiait qu'il avait aimé et que l'on pourrait recommencer. Je n'attendais que ça.
Je lui souris et embrassai ses lèvres par surprise. Le léger rougissement de ses pommettes me fit comprendre que quelque chose avait changé. Quelque chose de très important, aussi bien pour lui que pour moi.
« Au lieu de sourire comme un béta, va mettre quelque chose sur tes fesses.
-Quoi mes fesses ? Elles sont très bien, et je suis sûr que tu les adores. »
Il leva les yeux au ciel, exaspéré. Je ne me lassais pas de l'embêter. C'était si divertissant, et facile.
Je retournai un instant dans la chambre et attrapai un boxer propre pour me diriger ensuite vers la salle de bains. Laurie l'avait utilisé avant de se mettre au travail, c'était obligé. Il était celui qui avait le plus pris. Que ce soit de moi ou de lui-même.
Une douche rapide suffit amplement, tout comme je décrétai que mon sous-vêtement serait mon seul habit de la journée. Je crevais de chaud, et plus question de me cacher maintenant que Laurie savait presque tout de moi. Lorsque je revins dans la pièce principale, Laurie n'avait pas bougé de place. Je fis le tour du bar pour me servir un café et me calai en face de lui pour le regarder. Cela ne sembla pas le déranger. Du moins, jusqu'à un certain point.
« Tu comptes me fixer encore longtemps ?
-Autant qu'il te plaira chéri. »
Il soupira légèrement et posa ses yeux sur moi. Encore une fois, je le surpris en train de me relooker, ce qui fit gonfler mon ego.
« Tu ne pourrais pas t'habiller comme tout le monde ?
-Et te priver d'une si belle vu ? Non, je suis d'humeur généreuse. Vas-y, fais-toi plaisir et mate. »
J'écartai les bras tout en disant ça et me mit à rire lorsqu'il secoua la tête, dépité. Il retourna à ses documents et je poursuivis mon petit déjeuner de manière sereine.
Ma tasse fini, je me retournai pour la mettre dans l'évier et fis la vaisselle.
« Zack ?
-Oui, qu'est-ce qu'il y a ? »
Il y eu un temps de pause, comme une hésitation. Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule et me ravisai bien vite. Quand Laurie avait cette expression, le mieux était de le laisser prendre son temps plutôt que de le braquer en le toisant.
« Ta cicatrice ne te fait pas mal ? »
Ma cicatrice ? Oh, celle de mon dos.
« Non. Enfin, elle tire un peu mais je suppose que c'est normal. »
Un silence me répondit. J'étais touché de l'attention. Il était rare que Laurie s'inquiète ouvertement, et qu'il le fasse après nos ébats l'était encore plus. Je ne pus empêcher mes lèvres de se retrousser en un sourire charmé. J'étais heureux à cet instant. Je pouvais le dire, je n'avais jamais été plus heureux que maintenant.
Ma vaisselle terminée, je m'essuyai les mains et vins me placer à côté de mon blondie pour regarder ce qui retenait tant son attention sur ses bouts de papier. Rapidement, mon humeur s'envola et un sérieux que j'avais acquit ici pris la relève.
« Dis-moi Laurie chéri. Tu veux bien m'expliquer le rapport entre l'USA compagnies master et l'affaire du Tueur au sang noir ? »
Il ne releva pas le surnom. Pour cause, il était redevenu aussi sérieux que moi. Il posa ses papiers sur le comptoir et leva la tête pour me regarder et me répondre.
« Tu te souviens à qui appartenait Jörmungand avant que Néo ne l'ait en sa possession ? »
Cette affaire commençait à remonter mais certains détails étaient inoubliables.
« Oui. À une femme soit disant morte par accident.
-Leyla Brown. »
Je n'étais pas certain d'apprécier la suite de l'histoire.
« Elle travaillait pour l'USA compagnies master.
-Quoi ? »
Laurie attrapa sa poignée de documents et descendit de son perchoir pour se diriger vers le canapé, là où son précieux ordinateur et la plupart de sa paperasse reposait sur la table basse. Je le suivis sans un mot et m'assis à ses côtés.
« Elle y travaillait depuis une dizaine d'années. Cette entreprise s'est étendue à l'internationale, et elle a des points relais un peu partout dans le monde. Mais il y a quelque chose qui cloche. »
Cette affaire était un véritable sac de nœuds. Il y avait peu de chance pour que Labrador se soit penché à ce sujet. Selon moi, il s'était concentré sur le Tueur au sang noir et personne d'autre. Pourquoi diable Laurie n'en faisait-il pas autant ?
« Si le sang noir a réellement des propriétés, Leyla Brown n'a pas pu mourir d'un accident.
-Peut-être que le sang noir ne protège pas de tout. Difficile de soigner un corps réduit en lambeaux s'il a été disloqué, ou même de réparer une cervelle si celle-ci c'est prise une balle.
-Peut-être mais mon intuition me dit que cette histoire d'accident ne colle pas. »
Ça j'étais bien d'accord. Arnaud nous avait bien dit qu'elle était "officiellement" décédée d'un accident. Il avait refusé de donner la cause officieuse.
« Et puis, il n'y a pas que ça. »
Il ouvrit son PC portable et se mit à pianoter dessus tout en parlant.
« L'USA compagnies master semble avoir des intérêts détournés.
-Comment ça ?
-Les hauts responsables sont quasiment tous pour la tuerie du Tueur au sang noir. Leurs activités, lorsque l'on trafique un peu les codes d'accès à leur serveur... »
Tout en disant ça, Laurie se pencha un peu plus sur son écran. Ses doigts filèrent sur son clavier sur lequel il spammait parfois quelques touches. Après une minute à cliqueter ainsi, il se redressa et tourna l'écran dans ma direction.
« Vont dans le sens du Tueur au sang noir. »
Je plissai les yeux, scrutant les différentes courbes qui étaient affichées. À vrai dire, je n'y comprenais pas grand-chose. Mais Laurie savait. Il savait que je ne pouvais pas comprendre ce genre de document tout comme il savait ce qu'il avançait.
« À chaque nouvelle polémique, l'USA compagnies master augmente son profit en jouant de la donnée "Tueur au sang noir". Je ne sais pas concrètement comment ils font, mais ils sont clairement impliqués dans tout ça. »
Je bifurquai mes yeux vers son visage et croisai les siens, brûlant de vérité et de Justice.
« Tu penses à quoi ?
-Je n'en suis pas certain, dit-il en reportant son attention sur son écran. Mais il se pourrait que ce soit les supérieurs de Leyla Brown qui l'aient assassiné. »
Ouah ! Alors ça, pour de l'info, s'en est une. Un peu grosse quand même et qui méritait des explications et surtout de gros arguments.
« Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
-Le simple fait qu'ils aient un engouement spécial pour le Tueur au sang noir. Je ne sais toujours pas ce qui fait que le sang noir tue ou guérit son possesseur, mais il n'y a aucun doute sur le fait qu'il est d'une puissance inimaginable. Et même inhumaine. »
Ça, c'était certain. Au vu de la créature de laquelle le sang venait, ça n'avait rien d'humain !
« Mais pourquoi ? Je ne comprends pas. »
Laurie soupira puis ferma son ordinateur pour s'enfoncer dans le dossier du canapé. Il semblait de nouveau las face à mon manque de perspicacité.
« Pour le pouvoir Zack. Seulement pour le pouvoir. S'ils ont découverts que Leyla Brown possédait les mêmes facultés que le Tueur au sang noir, ils avaient mille raisons de vouloir les lui prendre. Ils ont pu essayer de la manipuler, la piéger, ou lui voler le sang noir. Je n'en sais rien. Nous n'en savons que trop peu sur l'humaine de Jörmungand. Et personne ne nous dit qu'avoir une telle force en sa possession n'a pas de contrepartie.
-Comme des effets secondaires ?
-Par exemple. Ou des contraintes. Il est probable que je fasse fausse route, comme il l'est que je sois sur la bonne voie. La seule chose dont je suis certain, c'est que l'USA compagnies master est suspecte. Elle a un rôle, même minime, à jouer dans tout ça, et si ce n'est pas auprès du vrai Tueur au sang noir, alors elle peut nous permettre de comprendre comment un ragnarök et son humain font pour… faire ce qu'ils font. »
Je suivais son raisonnement. Il n'était pas simple ni très clair mais je voyais l'idée.
« Et… comment on fait pour confirmer ça ? »
Là, les yeux de Laurie se mirent à briller. Il avait une idée en tête qui n'allait sans doute pas me plaire.
« On attrape Nicolas Chevalier. »
Nicolas ? Oui, forcément. Venant de Laurie, ce n'était plus étonnant. Attraper le Tueur au sang noir serait faire d'une pierre deux coups. Non seulement on aurait l'assassin du siècle qui est aussi celui de Labrador, mais en plus on aurait sous la main un parfait spécimen de tandem ragnarök/humain. Quoi de mieux pour tout comprendre. Enfin… c'était plus facile à dire qu'à faire.
Les jours s'écoulèrent jusqu'à fin juin. Je continuais mes leçons avec Nicolas tout en cherchant encore des indices ou des failles exploitables. Ce qui fut clairement mission impossible. Depuis la fois où nous avions été trop loin, il était d'une prudence extrême et j'essayais de l'imiter.
Je brouillais les pistes en sortant avec Harry, et maintenait ma couverture en fêtant avec mes potes de fac leur réussite. Sophie, Alice, Justin et Tony avaient tous quatre réussi à valider leur année et passaient ensemble au niveau supérieur. Quant à Harry, il attendait encore les réponses pour ses différents masters. Il m'avait assuré continuer à être ami avec moi, même s'il devait partir de Londres pour ses études. Je lui avais fait comprendre que je comprenais et qu'il en était de même pour moi.
Maintenant que mon dos était guéri, Tony voulait absolument m'emmener faire du sport avec lui, ce que j'aurais souhaité aussi faire mais je n'avais clairement pas le temps de jouer avec ce qui m'attendait. Nous piétinions avec Laurie et s'en était harassant. Que ce soit au sujet de Nicolas ou bien sur Leyla Brown. Laurie refusait de contacter Néo pour le cuisiner à ce sujet, et la seule fois où j'avais essayé, j'avais bien cru que mon blondie allait me faire sauter la cervelle. Je savais pourtant depuis longtemps que Néo était un sujet sensible, mais je n'apprenais pas toujours très bien de mes erreurs.
Une fois, j'avais surpris Laurie en pleine conversation téléphonique, et savoir qu'il s'agissait de Sisyphe à l'autre bout ne m'avait pas plu. Mon mécontentement avait fait s'énerver mon compagnon qui n'avait pas compris ma réaction. Je m'étais peut-être emporté avant de savoir de quoi il en retournait. Un peu après, calmé tous les deux, il m'avait expliqué qu'il avait un gros souci avec son propre messager et qu'il avait mis Sisyphe sur le coup. Il n'avait pas voulu m'en dire plus, affirmant que ça n'avait strictement rien à voir avec l'enquête. Sauf que moi, je m'en foutais à la base de cette enquête à deux balles. Tout ce qui m'importait, c'est tout ce qui touchait à lui, de près ou de loin. Et si ce Shin était son messager, alors ça m'intéressait.
Laurie ne l'avait pas entendu de cette oreille là et finalement, après une longue dispute éreintante, nous nous étions comme qui dirait, réconcilier sur l'oreiller. Une très bonne méthode selon moi. Laurie avait encore du mal avec mon côté très tactile mais maintenant que tout était clair entre nous, je n'allais pas me refuser ces petits plaisirs.
Ce soir même, nous nous étions ouvert l'appétit en inaugurant le canapé. Bon sang, coucher avec Laurie en plein jour était un véritable régale pour les yeux. Il n'avait eu de cesse de cacher son visage et même s'il était très en retenu sur sa voix, ses expressions faciales étaient à tomber.
Allongé sur le sofa, toujours à poils, j'entendis la porte de la salle de bains s'ouvrir, s'en suivit d'une voix encore tremblante dû au choc qu'avait eu son corps dix minutes auparavant.
« La douche est libre.
-Ok. »
Je me levai, légèrement engourdit et me dirigeai vers la salle de bains. En passant, mes yeux passèrent de bas en haut le corps svelte de mon amant, dont les cheveux dorés dégoulinaient encore un peu sur ses épaules. Je me penchai vers lui et embrassai chastement le bout de ses lèvres.
« Tu sens bon.
-Va te laver avant de bander de nouveau. »
Je ris alors que lui était sérieux. Peut-être que j'y avais été trop fort. Durant l'acte, il ne s'était pas plaint.
« C'est en t'entendant dire ça que je durcis. »
L'écho d'une claque retentit alors. Je posai une main sur ma fesse gauche, presque choqué par ce que Laurie venait de faire.
« Tu m'as claqué le cul ?
-Je te corrige pour tes bêtises, articula-t-il.
-J'aime bien tes corrections, roucoulai-je alors. »
Il roula des yeux et s'éloigna en disant.
« Pizza ça te va ?
-Evidemment que ça me va. »
Je le vis attraper son portable et composer un numéro. Je ne m'y attardai pas et allai me décrasser. J'avais l'agréable sensation que Laurie s'ouvrait de plus en plus maintenant que nous étions plus intimes. Il s'offusquait beaucoup moins sur beaucoup de choses, comme me voir me balader en caleçon dans l'appartement. Peut-être parce que maintenant je me promenais à poils. Mais il n'y avait pas que ça. Là où la première fois il s'était contenté de me toucher les épaules et le crâne, il avait appris à toucher le reste de mon corps, même si certains gestes le mettaient encore mal à l'aise. Il n'était peut-être plus puceau depuis ses 18 ans, mais j'étais prêt à parier que son ou sa partenaire n'avait pas été quelqu'un de très dominant. Je pouvais presque dire qu'il s'agissait d'un il. Il était déjà tellement coincé avec un autre homme qu'il m'était impossible de l'imaginer avec une femme. Ou une adolescente plutôt en tenant compte de l'âge des faits.
Une fois lavé, je filai dans la chambre pour mettre des vêtements propres. Un bermuda et un débardeur faisant très bien l'affaire. Je revins dans la pièce principale et ne pus m'empêcher de venir embrasser la nuque offerte de mon compagnon, penché sur ses éternels documents. Il sursauta légèrement puis me fusilla du regard.
« Ne me prend pas à revers comme ça.
-Ah ? Il y a d'autres revers que tu aimes ? »
Il secoua la tête et laissa tomber. Il avait raison, à ce jeu là, c'était moi qui gagnais, pas lui. Sauf qu'il avait horreur de perdre donc autant faire comme si ce n'était pas un jeu.
« Je vais attendre le livreur au coin de la rue.
-D'acc'. Je vais sortir des verres et ranger ton bazar en attendant.
-Laisse mon bazar où il est, veux-tu.
-Je n'ai pas envie de manger avec l'enquête. J'en bouffe déjà assez, si tu vois ce que je veux dire. »
Il laissa couler puis partit mettre ses chaussures. Je m'activai dans mon coin, regroupant tous les papiers envahissants de mon très cher, avant de sortir de quoi boire avec les pizzas. J'avais fait acheter à Laurie des sodas et des choses plus fraiches afin de moins commander. Sachant qu'il craignait me voir en cuisine, il cuisinait beaucoup plus maintenant, ce qui était un régale pour mon palais.
Plaçant les verres sur la table, je faillis en lâcher un quand un énorme fracas accompagné de crissement de pneus, se firent entendre. Le bruit était beaucoup trop fort et trop net pour venir de loin. Je me précipitai à la fenêtre pour voir ce qui se passait quand je lâchai le verre que j'avais en main.
Les éclats du verre, le bruit brisé, la douleur des morceaux écorchant ma peau, et le saignement de cette perte, faisaient échos à la fissure de mon être.
« Non… »
Brusquement frappé par l'adrénaline, la peur grouillant dans mes viscères, je tournai les talons et couru vers la porte. Je sortis en trombe, ne prenant pas le temps de mettre des choses. Je ne le pouvais pas. Je ne pouvais pas perdre plus de temps.
Je manquai de tomber dans les escaliers et ne fis aucun commentaire sur mon pied écorché qui saignait. Il ne me faisait pas mal. Pas autant que ma poitrine.
Je descendis à toute allure les escaliers mais j'avais l'atroce impression qu'ils n'en finissaient pas. Quand enfin je vis le bout, j'allongeai mes foulées, me fichant pas mal sur quoi je pouvais marcher. J'avais vaguement la sensation que certaines choses me faisaient mal, mais je m'en contrebalançais.
Je courus dans la rue comme si ma vie en dépendait. Et elle en dépendait belle et bien. Je ne fis cas de la voiture encastrée dans le poteau plus loin. Ce qui m'importait était ailleurs, était par terre. Résolument et désespérément par terre.
Je m'y jetai, faisant abstraction de tout ce qui m'entourait.
« Laurie ! »
À genoux à côté de lui, je me mis à l'appeler, affolé. Ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas être vrai ! Pas lui ! Pas maintenant !
« Laurie. Bon sang répond-moi ! Laurie ! »
Il avait les yeux fermés et son corps, étendu là, me glaçait le sang.
Non, il était juste inconscient, rien de plus. Ce n'était pas lui que la voiture avait percuté. Ce n'était pas lui qui était rentré en collision avec. Il avait juste subit le souffle de l'impact, rien de plus. Rien de plus…
« Laurie ! »
Doucement, je lui saisis la tête pour le faire réagir quand quelque chose me coula sur la main. Effrayé, je m'obligeai à regarder.
« Non… Non, non, non ! »
Du sang. Il y avait du sang.
« Non ! Laurie ! Regarde-moi ! Laurie, allez ! Répond ! Laur' ! Laur' je suis là ! Laurie ! »
Désespéré, je le secouai, cherchant à le faire revenir à lui.
Mais rien.
Rien !
Il gardait les yeux fermés et ne répondait à aucun de mes appels.
Puis, je compris.
Je compris en voyant ses cheveux blonds se teinter d'une couleur qui ne lui allait pas : rouge.
Il saignait abondamment. L'arrière de sa tête était ensanglanté. Et il n'y avait pas que sa tête. Je devinais un bleu énorme se former sous l'une de ses clavicules.
Non. Ça ne pouvait pas être vrai. Ce. N'était. Pas. Vrai.
« Laurie. Bon sang Laurie. »
Ma voix tremblait comme tout mon corps alors que la situation faisait son petit chemin dans ma tête. Machinalement, je pris son corps et le serrai contre moi.
« Laurie répond-moi, s'il-te-plait. Laurie… je t'en supplie. Je t'en supplie regarde-moi. »
Sa tête bascula vers l'arrière, ne le ramenant pas à lui.
« Laurie… »
Mon cœur se serra. Il se serra si fort que je cru mourir. Il était déchiré. Inconsolable. Irréparable.
« Laurie… »
Les larmes qui s'échappèrent de mes yeux furent aussi froides que son sang était chaud. Cette chaleur qu'était la sienne, le quittait petit à petit, sans que je ne puisse rien faire. Et c'était le plus infâme : je ne pouvais rien faire.
« Laurie… »
Les passants autour. Les cris. Les sirènes. Rien de tout cela ne put couvrir le bruit de mon cœur en lambeau.
Seul.
Il battait seul.
Terriblement seul.
« LAURIE ! »